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jeudi 29 janvier 2009

Le soleil se lève aussi

Pour la deuxième fois, j'utilise ce titre en deux ans de blog...

Il a un sens très fort. Hemingway l'a piqué à la bible, je le pique à Hemingway : la culture n'est qu'une balle qui passe de mains en mains, au travers du temps et de l'espace.

Cent mille personnes à Bordeaux ? Je ne sais qui aurait pu les compter, tellement la foule était dense, les rues pavées de têtes humaines, l'espace serré de personnes qui se parlaient naturellement, qui étaient heureuses d'être là et de montrer qu'elles comptaient, qu'elles étaient visibles, même aux yeux d'un Président retranché dans les arrière-cours du pouvoir, puisque, décemment, il ne pouvait être au Fouquet's pour célébrer l'hégémonie du petit club qu'il dirige.

Deux millions en France ? Plus encore ? Je ne sais pas. Je n'ai écouté dans cette journée, chargée comme le dos d'un mulet, aucune information, aucune estimation. Mais ce matin, ce matin qui a duré bien au delà du matin, nous étions nombreux, heureux d'être ensemble, heureux d'être si nombreux, et sûrs d'avoir beaucoup à faire ensemble dans les semaines et les mois à venir.

Dernière minute : 30.000 expulsions, c'est la honte !

Je serai aux côtés de l'association SOS Racisme lors de sa conférence de presse place saint Michel à Bordeaux (café brasserie "Le Passage") vendredi 30 janvier à 12h30. SOS Racisme présentera sa nouvelle campagne de sensibilisation intitulée "30.000 expulsions, c'est la honte", en référence au nombre d'expulsions d'étrangers sans papiers, si fièrement annoncé par le Ministre de l'immigration, passé comme actuel.

Je vous invite à vous joindre à nous, et à aller voir le clip de leur campagne: http://www.dailymotion.com/video/x80llr_un-chiffre-un-homme_news

Vous pouvez également lire et signer le manifeste "30.000 expulsions, c'est la honte" http://www.c-est-la-honte.com/

A demain!

mercredi 28 janvier 2009

Le bragart et le patart

Dans le journal les Echos, d'ordinaire moins facétieux, François Bayrou se voit habillé pour ce qu'il reste d'hiver.

Sous le récit de son vote de la motion de censure pour ravir la vedette aux socialistes et ramener sur lui les caméras qui l'oubliaient, le Béarnais se voit gratifié d'un proverbe de son pays "tiens, voilà qu'il veut faire le bragart sans en avoir le patart !"

En langue d'oïl, cela veut dire "faire le fier sans en avoir le sou", allusion à son maigre nombre de députés.

Planning familial : les député(e)s socialistes vont se battre

Le mouvement du Planning familial alerte à juste titre l'opinion sur la diminution des crédits alloués par l'Etat qui passent en une année de 2,6 millions d'euros à 1,5 millions d'euros. Près de 50% de baisse !

Avec cela, débrouillez-vous !

Résultat : un tiers des 70 associations départementales risquent de fermer.

Résultat : des milliers de jeunes gens -et surtout de jeunes filles- qui seront privés d'informations, de conseils personnalisés sur la sexualité, les maternités non désirées, accidentelles, les risques, les précautions... Des milliers de jeunes filles, bien souvent de milieux défavorisés ou peu ouverts aux problèmes de sexualité, laissées à elles seules, désemparées, revenant à des conduites, des prises de risque d'un autre âge. Quatre-cent cinquante mille personnes rencontrent chaque année les 1000 bénévoles ou les permanentes du planning.

Nous ne pouvons malheureusement pas aujourd'hui interpeller directement les ministres qui se partagent le dossier (santé, famille...) puisque nous avons décidé de laisser nos bancs vides jusqu'à ce qu'une ouverture nous soit proposée concernant la limitation du droit d'amendement et du temps de parole des parlementaires. Mais nous le ferons pas d'autres voies et surtout nous demandons dès aujourd'hui une mission d'information visant à démontrer la qualité et la nécessité du travail du Planning, et donc la nécessité de son bon financement.

Une raison de plus de manifester nombreux demain.

mardi 27 janvier 2009

La crise avant la crise

Le Gouvernement a beau jeu de mettre les difficultés du pays et celles des Français sur le dos de "la crise". Ces difficultés sont d'abord liées à la gestion calamiteuse des comptes publics depuis 2002, lourdement aggravée depuis juin 2007.

Ce billet, on s'en doute, sera plus riche en chiffres qu'en vers de Rimbaud. Il me parait important que chacun puisse disposer de données précises.

1- Le pays est aujourd'hui en récession et le vote en juin 2007 du "Paquet fiscal" (Fabius parle très justement du "boulet" fiscal) nous prive des marges de manoeuvre qui serait aujourd'hui nécessaires

Trois mesures de ce paquet fiscal ont plombé les comptes d'entrée de jeu : . la défiscalisation des heures supplémentaires . le renforcement du bouclier fiscal . la quasi suppression des droits de succession

L'ensemble correspond à une facture de 15 milliards d'euros. Il a eu l'effet exactement contraire à celui qu'annonçait Mme Lagarde ("le choc de croissance") : il a ruiné la chance d'éviter la décroissance.

2-A la fin de l'année 2001, le déficit du budget de l'Etat s'élevait à 32 milliards d'euros.

Pour 2009, le déficit de la loi de finance initiale a été fixé à 57,8 milliards. Le collectif budgétaire censé mettre en oeuvre le plan de relance vient de porter cet objectif à 79,3 milliards.

Désormais, les prévisions gouvernementale estiment le déficit de l'Etat à 86,5 milliards d'euros, son plus haut niveau depuis 8 ans.

En deux ans, le déficit du budget de l'Etat a plus que doublé. Le niveau de déficit de fin 2001 a été multiplié par 2,7. En 8 ans la droit n'a jamais retrouvé le niveau de déficit laissé par le gouvernement Jospin fin 2001.

3-Fin 2001, le déficit public correspondait à 1,6% du PIB

Un premier record de hausse a ensuite été atteint en 2003 avec 4,2% du PIB, suivi d'une relative stabilisation de 2005 à 2007 au dessous de la barre des 3%, comme exigé par la Communauté européenne.

Pour l'année 2008, le déficit repassera la barre communautaire et atteindra 3,2% du PIB

4- Alors que la dette publique avait baissé entre 97 et 2001, passant de 58,5% du PIB à 56,2%, elle n'a cessé depuis 6 ans de dépasser la limite européenne de 60%

En 2005, alors que Nicolas Sarkozy était ministre des finances, elle atteint le niveau record de 66,2% du PIB.

Pour 2008, elle dépassera 66%.

Pour 2009, le gouvernement table sur 69,1% mais la Commission Européenne avance 72,4% du PIB

5 - Le régime général de la Sécurité sociale était en excédent en 99, 2000 et 2001. Il ne l'a plus été depuis 7 ans, battant un record de durée dans le déficit.

En chiffre, le niveau de déficit le plus élevé a été atteint en lorsque Xavier Bertrand était Ministre de la Santé : 11,9 milliards d'euros.

Les lois et réformes accumulés n'ont apporté aucune solution durable et, depuis 2002, le déficit cumulé dépasse 67 milliards d'euros.

La dette sociale a atteint fin 2007, 129,8 milliards d'euros, soit 6,9% du PIB.

6 - Pour la 4ème fois en 4 mois, le déficit du budget de l'Etat pour 2009 a été revu à la hausse. Estimé à 52 milliards d'euros initialement, il a reçu la semaine dernière de la part de la ministre des finances une aggravation spectaculaire : 86,5 milliards d'euros.

Soit 34,5 milliards d'euros de plus que ce qui était programmé dans le budget initial que nous avons voté.

7- Au quatrième trimestre 2008, le PIB a reculé de -1,1% d'après les dernières estimations de la banque de France, ce qui devrait provoquer un demi point de déficit supplémentaire.

La commission européenne table sur un recul de - 1,8% du PIB français en 2009. Elle prévoit pour cette même année une dette publique de 72,4 % du PIB.

Le programme de stabilité du gouvernement est établi sur des chiffres radicalement différents (dette 69,1% du PIB en 2009).

Je livre ces chiffres très austères presque sans commentaires sinon tris remarques :

- avant comme pendant la crise, la gestion du budget de la France est également mauvaise. La droite censée savoir gérer alors que la gauche dépense montre qu'il en va tout autrement.

- La crise "venue d'ailleurs" n'est aucunement seule en cause dans l'aggravation de la situation du pays.

- les chiffres transmis par le gouvernement sont régulièrement caducs et la France perd aujourd'hui toute crédibilité au yeux des instances communautaires.

lundi 26 janvier 2009

Collège Cassignol : des nouvelles après la visite des experts de l'UNESCO

Les experts de l'UNESCO, sous la direction de M Francisco Bandarin, ont passé la semaine dernière trois jours dans notre ville. Le dossier essentiel était bien sûr celui du franchissement Bacalan-Bastide, mais après la destruction "catastrophique" du pont du Pertuis, les experts ont souhaité examiner le projet de reconstruction du Collège Cassignol.

Ce collège, trop exigü et mal conformé, doit être reconstruit pas le Conseil Général pour le confort des élèves et de leurs enseingnants. Un projet a été bouclé et je l'ai présenté aux habitants du quartier avec M Marois, vice-Président en charge de la jeunesse au Conseil Général.

Ce projet suppose la destruction de la façade ancienne d'un bâtiment de la rue Laroche qui est un ancien chai. Il a bien sûr reçu l'aval des responsables des bâtiments de France. Les architectes ont en effet considéré que, sans cette destruction, ils ne pouvaient offrir une structure suffisamment spacieuse, éclairée et aérée, pour le travail des enfants.

Informé de la visite des experts, le Conseil Général a souhaité attendre leur avis avant de lancer les premiers coups de pioche.

L'UNESCO n'a, à cette heure, émis aucun avis officiel. Mais mon entretien, particulièrement attentif de la part de M Bandarin, me laisse penser que cet avis ira en faveur d'une conservation de la façade afin de sauvegarder les marques de l'histoire viti-vinicole de notre ville.

Ce n'est pas une nouvelle légère : elle implique un retard du projet et un supplément de coûts en toutes hypothèses dans une période où le Conseil Général voit ses recettes diminuer fortement ; à la fois du fait de la crise économique (diminution par exemple des droits de mutation) et du fait de la non compensation en totalité par l'Etat des charges telles que le RMI et l'APA. Notre vice Président en charge des finances a en effet décidé de ne pas augmenter la part d'impôt revenant au Conseil Général, eu égard à la situation économique de nombreux foyer girondins.

Une des solutions possibles sera sans doute de rechercher un autre terrain. Mais cela suppose de le trouver, de faire un nouveau projet, satisfaisant pour tous.

La Conseillère générale va bien sûr continuer à se battre pour que ce projet aboutisse, mais un retard est désormais certain.

dimanche 25 janvier 2009

Pluie de glace sur Bordeaux

Pluie glaciale après la tempête. Je rentre à l'instant de l'aéroport de Merignac, accueillir le Président de la République venu constater les dégats de la tempête au Pian Médoc puis visiter la cellule de crise mise en place à la Préfecture.

Pour accueillir le Chef de l'Etat, au nom des élus de gauche, Philippe Madrelle, Alain Anziani et moi. Ceci en accord avec notre attachement aux principes républicains. Quand nous les évoquons, c'est d'abord que nous les pratiquons.

Une pluie glaciale tombait sur le tarmak. Le temps de converser avec le personnel de l'aéroport : ce sont bien 80 noeuds que les vents ont atteint à 4h 10 du matin, soit 4 fois plus que la force évoquée par les constructeurs du pont levant (voir billet précédent), et il me semble tout à fait légitime de manifester à ce propos ce motif supplémentaire d'inquiétude en face de ce projet.

J'ai interrogé hier un pilote du port sur ce sujet précis. Il a eu cette réponse laconique, qui va bien aux marins : "c'est vrai, mais qu'importe, puisque aucun bateau ne viendra à Bordeaux, s'il y a un pont levant".

Langage de marin. J'ai pu constater que s'il était laconique, il était toujours véridique. Oui, si le pont levant ne peut se lever, ni se baisser au delà de 20 noeuds, cela risque d'empêcher le passage des navires, et de retenir en aval ceux qui l'ont déjà franchi. Un jour et même une heure de retard d'un navire à quai coûte des sommes impressionnantes. Si impressionnantes qu'en effet, les armateurs ne prendront plus le risque.

Oui, wpn (un de mes commentateurs aux multiples pseudos), c'est une vraie inquiétude et, pour cela, j'ai demandé audience aux experts de l'Unesco, et à Francesco Bandarin qui m'a reçue longuement, étonné comme moi que la Mairie de Bordeaux n'ait pas jugé nécessire de m'associer aux visites des lieux, contrairement à ces règles républicaines que j'évoquais en commençant ce billet.

Une pluie de glace continue de tomber sur Bordeaux, comme dans la chanson de Barbara "il pleut sur Nantes". Hélas, à Bordeaux, cette pluie n'est pas faite que de gouttes bien réelles, elle est aussi faite de réalités politiques, qu'il nous apppartient de dissiper et de dissoudre.

samedi 24 janvier 2009

Vents et marées

La tempête qui en ce moment encore secoue et déchire les arbres de Bordeaux ne plaide guère en faveur du Pont Bacalan-Bastide.

Vents et tempêtes s'engouffrent en effet, avec une avidité particulière sur le couloir du fleuve, portant par exemple au moindre souffle, les bruits de la foire des Quinconces aux fenêtres des nouveaux habitants de la Bastide.

Les constructueurs ont indiqué en effet qu'ils ne mobiliseraient pas la partie levante du pont pour un vent de plus de 20 noeuds. Soit 36 kilomètres/heure.

Nous avons atteint cette nuit à Bordeaux 140 km/h...

jeudi 22 janvier 2009

La galette du canton Grand Parc-Jardin Public, c'est demain !

Vous nous ferez le plus grand plaisir de venir nombreux fêter la nouvelle année

à l'occasion de la Galette cantonale

Demain 18 heures, à la Mairie de quartier du Grand Parc, place de l'Europe

A demain !

Réserve parlementaire : la moutarde me monte délicatement au nez

Je suis d'une gentillesse affligeante, contrairement à l'image que le fan club ump'iste du Maire de Bordeaux tente de diffuser. Affligeante, sans doute mais non sans limites...

J'ai mis début 2008 à la disposition de ce même Maire, la totalité de ma première réserve parlementaire. Attitude inhabituelle quand les deux personnalités (le Maire et le député) ne sont pas du même bord politique. Au lieu de saluer cette disposition plutôt agréable de ma part, le Maire de Bordeaux n'a pas même pris le soin de répondre à ma proposition.

Je souhaitais en effet, pour faire le lien entre mon activité hospitalière et mon activité publique, contribuer au financement (pour un montant de 30 000 euros) de la rénovation de la façade de l'hôpital Saint André. Je répondais en cela au souhait de la communauté hospitalière de l' hôpital, et à l'exigence de donner à l'Hôpital public et à la Médecine un visage moins sombre que celui qu'offre en ce moment Saint André. Le cofinancement pouvait se situer dans un trio Mairie-CHU-députée, voire dans un quatuor associant l'Etat ou les fonds européens. Mon financement pouvait aussi amorcer les travaux, sous la forme du ravalement du grand porche ou de la façade de la place de la République.

Au passage, il contribuait aussi à l'embellissement de Bordeaux et à celui de la place de la République, dont la rénovation aura lieu inéluctablement après les travaux du Palais de justice.

Le silence du Maire se prolongeant, j'ai été contrainte, pour des raisons de délais, de l'attribuer à une collectivité territoriale sous peine de priver les Bordelais de son bénéfice.

J'ai demandé son versement au Conseil Général pour le financement d'un foyer de l'enfance à Eysines. En contrepartie, le Conseil Général de la Gironde financera un projet innovant d'informatisation en direction des personnes âgées en établissement de la deuxième circonscription . Ainsi, à l'euro près, les Bordelais recevront le bénéfice de ma réserve parlementaire, contrairement aux assertions dans la presse et dans son blog de l'adjoint de quartier Fabien Robert. Je suis d'autre part assez fière de ce projet que j'ai conçu avec l'aide de professionnels.

Au passage et juste pour le fun, l'hôpital Saint André ne correspond pas au territoire du-dit adjoint. Je l'invite à en regarder les limites sur une carte, comme il aurait dû le faire déjà au moment des élections cantonales. Il prévoyait alors des aménagements de places qui n'étaient ni sur le canton, ni dans les attributions d'un Conseiller général.

Il faut impérativement une charte éthique en politique, ne permettant pas de dire n'importe quoi à propos de n'importe où. J'invite aussi Fabien Robert à lire le discours d'investiture de Barack Obama :"Tant que nous nous occuperons de ces enfantillages, notre pays n'avancera pas d'un pas".

mercredi 21 janvier 2009

Moment de crise au Parlement (II)

Je reviens sur notre acte de résistance, hier soir au Parlement : il faut que chacun sache que ce qui s'est passé au parlement n'est que le paroxysme de ce qui se passe en ce moment à tous les niveaux (éducation, justice, médias ...) dans notre pays : passage en force et extinction des contre-pouvoirs.

Pardon de ce billet un peu pédagogique et détaillé.

L'ordre du jour amenait hier en séance l'article 13 de la loi organique : "article guillotine" permettant la modification du réglement intérieur de notre Assemblée dans le sens de la réduction du droit d'amendement et de la limitation du temps de parole des députés.

Le droit d' "amender" la loi, c'est à dire d'intervenir dans sa conception est un droit imprescriptible de chaque député. Non, bien sûr, en son nom propre mais au nom de ceux qu'il représente. Défendre le droit d'amendement et notre liberté de temps de parole, ce n'est pas défendre la possibilité de bla-bla-ter et de faire le beau dans l'hémicycle, mais tout s'implement d'éxercer le "mandat" qui nous a été confié par 120 à 150 000 Français pour faire la loi. "Notre droit d'amendement c'est votre liberté d'expression", peut dire chacun de nous.

Hier donc nous abordions cet article 13 avec la volonté de mener un débat de fond et de faire preuve d'ouverture. Dans cette perspective, Jean Marc Ayrault a proposé que chaque groupe politique puisse, annuellement, choisir 4 textes qui lui paraissent fondamentaux sur lesquels la limitation de temps de débat ne s'éxerce pas. Quatre textes par an, alors que le Gouvernement s'est réservé 8 possibilités par an de mettre en oeuvre l'article "49-3" qui lui permet de passer en force, c'était une proposition méritant attention et échanges sereins.

Au lieu de cela, le Président de l'Assemblée, a interrompu le débat : quatre orateurs seulement s'étaient exprimés (deux d'un côté, deux de l'autre) quand 18 étaient inscrits. Dix-huit prises de paroles n'avaient rien d'excessif sur un texte de cette importance. Le Président a au contraire signifié que l'Assemblée était suffisamment informée et demandé que l'on vote sur cette suffisante information, vote qui lui permettait de se soustraire au débat.

Nous ne l'avons pas accepté. Je passe là sur les détails de procédure nous permettant d'interrompre la séance. Revenus dans l'hémicycle, nous avons décidé de demeurer devant le perchoir, sans regagner nos places, manifestant ainsi que nous ne poursuivrions pas en l'état la discussion. Le vote n'avait pas eu lieu, Bernard Accoyer a passé outre, et commencé d'égréner le numéro de nos amendements ainsi que le nom du premier signataire de chacun, en ajoutant seulement "non défendu" avant de passer au suivant.

Attitude méprisante pour l'opposition et tout à fait au-dessous de la fonction de Président. Ce qui a soulevé l'indignation jusque dans la majorité. En face de moi, le député Grand, de l'Hérault criait "Chirac ne l'aurait pas supporté ! Jamais Chaban n'aurait fait cela ! Arrête-cela !".

Accoyer poursuivait, le nez dans sa liste... Nous avons entonné la Marseillaise, ce qui n'avait pas été le cas dans l'hémicycle depuis 1947. Avouons, que cela n'est pas un moment indifférent.

Accoyer a poursuivi ...

Nouvelle suspension de séance. Nous avons à l'unanimité décidé de n'être plus présents dans l'hémicycle sine die*.

Très belles interventions des deux anciens présidents de l'Assemblée, Fabius et Emmanuelli. Tous les deux très respectés pour la manière dont ils ont présidé, comme le sont aussi Chaban et Debré.

Fabius a démontré avec beaucoup de simplicité et de grandeur pourquoi l'article 13 était non seulement contraire à la Constitution mais contraire à la modification de la Constitution, que nous avons voté il y a quelques mois. (voir billet précédent).

Emmanuelli, a expliqué le sens politique de l' "obstruction" et rappelé que lors de sa Présidence, il avait demandé un temps de débat illimité pour l'opposition de l'époque (la droite et le RPR) au moment du vote pour le traité de Maastricht).

Le déroulé de cette séance est disponible en cliquant sur ce lien http://www.dailymotion.com/GroupeSRC/video/x83isy_1-crise-politique-article-13_news

Un très beau cours d'éducation civique sur l'exercice parlementaire.

  • c'est pour cela, qu'en ce moment même, Fillon et les ministres s'expriment devant un quart-de-cycle à l'occasion des questions d'actualité

Moment de crise au Parlement

Alors qu'Obama, symbole d'une démocratie rajeunie, vient d'être investi, nous venons de connaître à l'Assemblée un paroxysme de tension.

Nous en venions à l'article 13 de la loi organique nécessaire à la modification du réglement intérieur du Parlement. Cet article ouvre la porte à une limitation du droit d'amendement et du temps de parole des députés. La majorité UMP s'est rigidifiée alors même que le Président Jean Marc Ayrault faisait des propositions très modérées permettant, si j'ose dire, de limiter la limitation.

Il serait compliqué d'expliquer le détail des diverses procédures (rappels au réglement, interruptions de séance) qui ont amené au paroxysme de la crise, et notre groupe, suivi par le groupe GDR (Gauche Démocrate Républicaine) a décidé de quitter l'hémicycle et de ne pas siéger demain, laissant la place libre à la majorité que la moindre opposition gène au point qu'elle doive l'empêcher de s'exprimer.

Laurent Fabius a expliqué avant que nous sortions pourquoi cette limitation du droit d'amendement était à la fois anti-constitutionnelle (le droit d'amendement est imprescriptible), et pourquoi, ce qui est un comble, elle est contraire même à la révision constitutionnelle qui nous a valu le dernier Congrès de Versailles. On se souvient qu'elle n'est alors passée que d'une voix.

Moment de haute tenue. Fabius parle toujours posément mais sa voix monte crescendo de manière très convaincante, et l'hémicycle entier l'a écouté avec la sensation de vivre un moment républicain fort.

Véritable crise politique, qui, venant après tant de manquements aux droits de l'opposition, tant d'atteintes aux libertés, ne sera pas facilement résolue.

lundi 19 janvier 2009

CSV : Obama candidat

Non, d'accord, j'en rajoute un peu. Il a loupé l'heure du dépôt des candidatures. Dommage !

Ce billet s'adresse bien évidemment aux militants socialistes de Bordeaux. Nous avons beaucoup à faire ensemble, et le mot "ensemble" n'est certainement pas le moindre. Unis, nous rangeant derrière l'un quand il faut, derrière l'autre quand c'est nécessaire, concevant, élaborant, travaillant, en un mot remplissant le rôle de ce Conseil Socialiste de Ville (la dénomination est assez pimpin, nous devrons penser à la rendre plus percutante) jamais plus utile après la déclaration d'ouverture de campagne du Maire de Bordeaux.

Non, ce n'est pas un message crypté. Mes correspondants de l'Indre-et-Loire ou de l'Ile-et-Vilaine (pas si Vilaine que ça) seront peut-être un peu déroutés. Mais ils comptent aussi : beaucoup savent qu'une mairie de droite n'est pas une mairie de gauche, et qu'Obama, finalement, n'aurait pas eu tort de soutenir notre considérable entreprise à Bordeaux.

dimanche 18 janvier 2009

Les enseignements du franchissement Bacalan-Bastide

Les avatars du projet de pont Bacalan-Bastide sont pleins d'enseignements. Le premier d'entre eux est la réponse donnée au recours du front associatif, jeudi 15 janvier. Raison a été donnée aux associations sur plusieurs points, dont l'évaluation du coût du projet, son impact sur la vie maritime et les raccordements aux voies de circulation. L'enseignement numéro un est donc l'importance de l'action citoyenne et associative, quand elle est, comme dans le cas, documentée, étayée d'arguments et portée par une conviction forte.

On se souvient qu'initialement le Maire de Bordeaux était favorable à un tunnel et qu'il a changé en quelques heures de position pour porter, sans plus de concertation ni de discussion, le projet de pont levant. Le motif déclaré du revirement était le coût comparé des projets. Il n'en était bien sûr rien, comme le démontre la brutalité du changement : le Maire connaissait les jours d'avant comme les jours d'après les coûts et la manière dont ils étaient analysés. Il s'agissait d'un revirement politique comme il l'a d'ailleurs exprimé en aparté.

S'en est suivi une consultation inexistante des Bordelais, une totale absence de présentation du projet. Heureusement, à ce moment, Alain Rousset est arrivé à la tête de la CUB et a prolongé in extremis cette consultation-concertation. Il était je pense déjà trop tard, l'opinion n'avait pas été saisie de l'énormité du dossier et ne s'est pas sentie suffisamment concernée.

Le deuxième avatar concerne l'impact du projet sur le classement UNESCO et, plus important encore, sur ce qu'il signifie : l'impact paysager de cet édifice monumental. Alain Juppé n'a pas transmis la totalité du dossier et les experts de l'UNESCO ont demandé à l'Etat français un complément d'information. Ils se rendent à Bordeaux les 20, 21 et 22 janvier pour statuer. Aveu implicite de la municipalité sur l'insuffisance des documents transmis : une batterie d'architectes est consignée à la Mairie pour bâtir un dossier plus documenté et surtout tenter de le présenter sur son meilleur jour.

N'ayons pas de langue de bois : bien qu'ayant suivi de très près l'évolution du dossier et étant intervenue à plusieurs reprises en Conseil Municipal et Conseil de CUB, je l'ai peu évoqué dans ce blog comme dans la presse.

Pourquoi ? Très simplement, parce que je suis seule du groupe socialiste à être favorable à un projet de tunnel, et quand j'ai pris la parole dans l'un ou l'autre conseil, je l'ai fait à titre personnel. Je suis favorable au tunnel pour deux raisons : l'impact délétère du pont levant sur la circulation maritime (comme on le voit à Rouen où les armateurs refusent de faire passer leurs navires sous un édifice comparable) et l'impact paysager sur le Port de la lune. L'avenir comme le passé maritime de Bordeaux, l'inestimable Port de la lune sont deux des plus précieux trésors de notre ville; je pense qu'il y a une grande responsabilité à les compromettre.

Rappelons au passage que le Maire voulait détruire l'un et l'autre encore plus radicalement avec un projet de pont au droit des Quinconces : les Bordelais l'ont heureusement fait reculer.

Mes deux motifs de réserve au projet actuel de pont sont précisément les griefs principaux faits à son encontre par les instances : impact sur la vie maritime par le commissaire du gouvernement, impact paysager par l'UNESCO.

Un dernier enseignement est celui-ci : voilà une réalisation qui va durer plusieurs siècles, contrairement à une école, une voie de passage, un tramway... Les Bordelais doivent être consultés, impliqués ; ils doivent disposer d'une présentation en taille réduite de l'édifice sur le paysage. En face de ces plusieurs siècles, un retard de quelques mois est très regrettable mais il est sans proportion.

samedi 17 janvier 2009

L'exercice difficile de la République

La Démocratie, "le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres", est un art difficile. Nous le savons, nous le comprenons, nous en connaissons à la fois les limites et la grandeur.

Mais la République ! Cette grande fille de plus de deux cents ans d'âge, si bien codifiée, si rigoureuse dans sa définition comme dans son application, nous serions en droit de penser qu'il est simple de l'observer, d'en appliquer les règles en sachant qu'elles protègent chacun de nous.

A Bordeaux, la situation n'est pas simple. On parle souvent de "zones de non-droit" et bien sûr on pense d'abord aux banlieues ou aux territoires où une communauté a un rôle prépondérant et empêche l'application de la loi commune. C'est comme pour la délinquance, on pense d'abord aux loubards des cités, jamais à ceux des "cols blancs" et des places boursières.

Visite ce matin de Patrick Devedjian, nouveau Ministre de la relance (non seulement le ministre est nouveau mais le ministère). Il vient examiner ce matin plusieurs projets, parvenus à des degrés divers d'avancement, dont un bâtiment de la Benauge que je connais assez bien, pour l'avoir visité à l'appel de ses habitants "de pied en cave".

J'ai alerté plusieurs fois à son sujet la société Coligny qui le gère. Les caves sont salptéreuses, misérables, lieu de congrès de tous les rats de la Bastide, les appartements humides, malsains, impossibles à maintenir en bon état malgré les efforts des locataires. On se doute que je me suis réjouie qu'un Ministre visite ce bâtiment et prête pour ma part à soutenir le dossier de sa démolition/reconstruction, ce qui semblait être l'objet de la ministérielle visite.

Nous arrivons donc sur les lieux. J'ai la surprise de voir mon éminente collègue, Chantal Bourragué, députée de la circonscription Le Bouscat-Bruges-Bordeaux nord, très affairée d'occuper l'espace entre le Maire et le Ministre. Je lui manifeste ma surprise de la voir à la Benauge. Elle a alors ce mot décisif "Moi, je soutiens le gouvernement !". Chère Chantal, la légitimitié d'une ou d'un député, n'est pas de soutenir le gouvernement, mais de représenter les habitants de son territoire.

Je tente d'expliquer au Ministre dans les quelques minutes du trajet l'état de ces barres d'HLM. Il semble disposé à écouter les données très simples que je veux lui communiquer. Jusque-là, hors la présence en premier plan de Chantal Bourragué, tout semble normal. Et je reste persuadée que les objectifs de la municipalité et les miens sont assez proches : elle, faire payer à l'Etat ce qu'elle aurait dû prendre à sa charge, moi améliorer la situation des habitants de la Benauge, quel que soit le payeur.

Le Maire s'emporte quand il voit des caméras se fixer sur notre petit groupe. Je dois le dire, je n'ai jamais vu acte si discourtois et inélégant que le sien à ce moment. Il me bouscule, se plante devant moi, de sa frèle mais plus haute que la mienne silhouette, et me rend invisible aux caméras. A ce moment, il se retourne vers Muriel Parcelier, adjointe de quartier, avec un mot de victoire "Moi seul, peut le faire !"

Lui seul.. En effet, si j'avais été un élu masculin, j'aurais sans doute eu une réaction assez virile et physique. Mais cela n'est pas autorisé aux femmes, qui ne peuvent que constater l'inélégance de l'attitue et surtout le mépris d'un principe républicain fondamental : le député accueille les représentants du Gouvernement, et en sa qualité de représentant lui-même des habitants, lui exprime leurs besoins et leurs souhaits. S'il est tout fait normal que le Maire apporte son appui, celui-ci n'a en aucune façon vocation à l'écarter et moins encore à l'éliminer

Je passe sur d'autres réflexions d'AJ, faites à proximité de ma collaboratrice parlementaire que ses services n'ont pas présenté encore à son examen et qu'il n'avait pas identifiée. Imbibée des principes républicains dès son jeune âge, comme tout enfant normalement éduqué, elle est restée sidérée de ce qu'elle a entendu.

Pourquoi ? Pourquoi le Maire de Bordeaux, qui vient de se déclarer candidat aux élections législatives de 2012, ne sent-il pas qu'il déroge à sa fonction, à son ambition nationale, en méprisant ainsi le simple principe républicain qui nous unit et nous protège ?

jeudi 15 janvier 2009

AJ, déclarateur précoce pour les législatives 2012

Alain Juppé vient d'annoncer sa candidature aux élections législatives de 2012. Annonce surprenante, non seulement par son étonnante précocité mais parce qu'elle vient en rigoureuse contradiction avec ses déclarations, mille fois répétées, de s'en tenir désormais à sa seule fonction de Maire et de ne briguer aucun autre mandat électif (cf infra*).

Les Bordelais ne manqueront pas d'apprécier ce rapide changement de position. "Ce n'est pas la girouette, mais le vent qui tourne", disait le regretté Edgar Faure. Hélàs, ici, pas le moindre alizée qui puisse justifier cette déclaration qui a surpris même à droite.

« Bordeaux », dit-il, « a besoin d'un député qui a de l'influence ». Ancien Ministre de ce gouvernement, n'en a-t-il pas déjà dans la position qui est la sienne et ne peut-il mieux l'utiliser pour notre ville qui se vide de ses institutions et de ses entreprises ?

Pour ma part, je pense que Bordeaux a surtout besoin d'un député qui puisse se consacrer à son mandat et défendre l'ensemble des Bordelais, et en particulier tous ceux que la politique municipale comme par la politique gouvernementale laissent sur le côté. Vingt-cinq pour cent des Bordelais au dessous du seuil de pauvreté, 11000 RMIstes...

Voilà donc Alain Juppé, premier candidat déclaré de France pour une élection législative dont personne ne connaît encore le contexte, ni local, ni national.

Cher Alain, que sera notre pays dans 4 ans ? Et vous même, tout comme moi ?

Pour ma part, je pense qu'il y a aujourd'hui plus pressant que de penser à notre élection. Dans les rues à Bordeaux, est-ce cela qu'on nous demande ? Est-ce le sujet majeur d'inquiétude des Bordelais ?

Nous avons tous, je crois, la même réponse sur le sujet.

  • Quelques déclarations d'AJ, à l'occasion des dernières élection municipales__

« Alain Juppé a retenu une leçon : « Désormais, je ne me mettrai plus en situation de cumuler les mandats », assène-t-il. »

/Le Point, 27 septembre 2007/

« Je l'ai dit et je le ferai, j'ai compris le message que m'ont adressé les Bordelais au mois de juin dernier. Ils n'ont pas compris qu'en étant Maire je me présente pour être Député (...). J'ai enregistré cinq sur cinq et là, j'ai pris l'engagement formel, si je suis élu, d'être Maire de Bordeaux point à la ligne. »

/TV7, 21 février 2008, 2ème débat Rousset/Juppé/

« Naaba : Quelles leçons avez-vous tirées de votre échec lors des législatives qui vous serviront durant cette campagne municipale ?

Alain Juppé : Une leçon principale : aujourd'hui, les Bordelaises et les Bordelais ont envie d'un maire à plein temps (...), je serai un maire à plein temps sans aucun autre mandat électif. »

/Chat en direct sur le site du Monde, 4 janvier 2008/

mardi 13 janvier 2009

Santé et service public

La médecine nous occupe beaucoup à l'Assemblée à l'approche de la loi "Hôpital, patients, santé et territoires" ; audition aujourd'hui de l'anesthésiste Patrick Peloux, cet après-midi de Claude Evin, et ce soir à la fondation Terra Nova, première réunion du groupe de travail "Santé".

Je retiendrai de la journée la discussion que j'ai eu avec Claude Evin sur un fragment du projet de loi : celui qui prévoit la possibilité pour les établissements privés de santé (les cliniques) d'assurer des missions de service public.

Dit comme cela, cela parait plutôt favorable. Sauf que rien n'est précisé : quelles missions ? A quel tarif seront-elles assurées ? Qui en décidera ?

Il y a fort à craindre que cette fraction de service public ne puisse être très sélective (par exemple, ne concerner qu'une part des urgences, celle qui laisse augurer de soins ultérieurs) et laisser au contraire de côté les urgences liées à la précarité, au grand âge... Tout cela doit en tout cas être précisé.

Plus généralement, et cela a été l'objet de mon interrogation à Claude Evin, nous ne devons jamais oublier un principe. Il n'y a pas de médecine "libérale" par le seul fait que les actes médicaux sont financés par l'assurance maladie, c'est à dire pas des deniers publics. Pour cette raison, l'hospitalisation privée elle même n'est pas véritablement privée et doit assumer les charges liées à son financement public.

Pour ma part, je considère comme exigible que toute pratique médicale comporte une part obligatoire relevant d'un tarif public (que l'on appelle tarif opposable). Les médecins en secteur non conventionné devraient assurer une part d'activité en prix conventionné. De la même manière que les médecins hospitaliers peuvent d'ores et déjà bénéficier d'une fraction de leur activité en secteur privé.

Je n'ai pour ma part jamais eu de "secteur privé", mais en face de la fuite de nombreux médecins et chirurgiens des hôpitaux publics vers le privé, on ne peut méconnaître les effets de la disparité de revenus entre les deux modes d'activité, et cette part de privé dans le public, et de tarif public dans l'exercice privé amoindrirait les écarts.

Claude Evin en a convenu et m'a avoué qu'il avait défendu cette position lorsqu'il était ministre. Il y a près de 20 ans et ce n'est toujours pas le cas...

Les femmes, finalement, ça a de la gueule...

A l'occasion de la dernière promotion de la légion d'honneur, largement fournie en vedettes de show biz, trois femmes ont décliné la distinction qui leur était faite.

Deux journalistes politiques, tout d'abord, qui ont exprimé que leur refus était motivé par le souci d'indépendance, indispensable dans l'exercice de leur mêtier.

La troisième est Michèle Audin, mathématicienne, fille de Maurice Audin, qui a expliqué que Nicolas Sarkozoy n'avait pas cru bon de répondre à la lettre de sa mère lui demandant la vérité sur la mort de son mari pendant la guerre d'Algérie.

Curieux qu'il s'agisse de trois femmes...

dimanche 11 janvier 2009

Dix mille morts évitables chaque année ?

Les bras me sont tombés (l'expression est parmi mes favorites) en lisant tout à l'heure les déclarations du Pr Philippe Juvin, anesthésiste réanimateur dans le civil et par ailleurs Secrétaire national de l'UMP, en charge des questions de santé.

Cet excellent homme chiffre à 10 000 le nombre de décès dus à des erreurs médicales. Dix mille, ou treize mille, selon qu'on regarde l'interview proprement dit, ou l'article du journal. Trois mille morts, au jour d'aujourd'hui, c'est pas grand chose.

La chute brutale de mes bras ne tient pourtant pas à cette différence de chiffres. Elle tient à la confusion entre "erreurs médicales" et "événements indésirables graves". Le Pr sus-nommé, en réponse à la question "A combien chiffrez-vous les erreurs graves dans les hôpitaux français ?" répond tranquillement "Elles sont beaucoup plus nombreuses que les décès" (ouf !) et continue, non moins tranquillement: "De 300 000 à 500 000 événements indésirables graves se produisent chaque année".

Quel génocide ! Entre 300 et 500 000 erreurs graves chaque année ! J'invite tout Bordelais, en chemin vers l'hôpital Pellegrin ou l'hôpital Saint André, à rebrousser chemin illico... Le chemin vers l'hôpital est désormais plus dangereux que le chemin des dames en 14-18.

Que fait cet éminent professeur ump-iste ? Il confond, aidé peut-être par la rédaction de la journaliste, "erreurs médicales" et "événements indésirables graves".

Or ces deux-là sont à l'opposé.

Une erreur médicale n'est pas difficile à définir : elle existe dans tous les domaines. On se trompe. Mauvais diagnostic, mauvaise indication, mauvais choix thérapeutique, mauvais éxécution de l'acte, il n'y a malheureusement que trop de possibilités. Et pourtant, les erreurs médicales, sont probablement moins nombreuses que celles qui existent dans bien d'autres domaines, et heureusement.

"Les événements indésirables graves" sont d'un ordre tout à fait différent. En anglais : "serious adverse events", et reconnaissons que "adverse events" (évènement adverse) est beaucoup plus juste qu' "indésirable". Le premier événement indésirable, c'est la maladie elle-même, mais elle n'est pas un événement "adverse", mot issu du français que nous aurions parfaitement pu conserver.

Un "événement indésirable -ou adverse-", est un événement inattendu, im- ou peu prévisible, disproportionné. Il n'est aucunement en relation avec une "erreur" médicale. Il peut être lié avec un choix médical risqué, dont le patient est, en règle, informé (et de manière absolue dans le cadre des essais thérapeutiques), mais ce choix n'est pas une erreur, il est une volonté d'un traitement (ou d'une attitude diagnostique) nouvelle, ou récente, ou incertaine dans toutes ses composantes.

Bien souvent aussi, l' "EIG" (événement indésirable grave) survient alors que rien ne le laissait prévoir. La médecine n'est pas mathématique et le corps humain n'est pas une équation.

Les "EIG", ne sont pas évitables, comme le laisse croire l'éminent professeur umpiste. Il faut tendre à les réduire, et tous les médecins s'emploient à ce qu'ils soient enregistrés et analysés, mais penser que l'on pourra les éliminer n'est pas objectif.

Pourquoi je râle très fort ? Parce que l'actualité ne permet pas tout, fût-ce pour se faire connaitre ou soutenir les propos de notre vénéré Président sur l'hôpital. Non, il n'y a pas 10 000 morts évitables dans nos hôpitaux. Il y en a de manière certaine, mais ne jouons pas sur le sensationnel, dans ce domaine qui doit plus que tout autre en être préservé.

jeudi 8 janvier 2009

Quel âge a votre âge ?

J'ai lu dans une étude récente que la majorité des Français se sentai(en)t/croyai(en)t plus jeunes qu'ils n'étaient en réalité. L'étude, dont j'ai malheureusement oublié le détail, portait sur les Français de la deuxième moitié de la vie, congrégation à laquelle je m'honore d'appartenir, car cela suppose d'avoir franchi victorieusement bien des vicissitudes et contrariétés, et qui un jour viendra sera majoritaire, ce qui par contre n'est pas à souhaiter.

Plus junes qu'ils ne sont en réalité ? Par rapport à quoi ?

M'est avis c'est que ce sont les Français qui ont raison, pas l'institut de sondage, pas non plus ses critères d'appréciation. Nous nous trouvons aujourd'hui plus jeunes que notre âge, parce que c'est notre âge qui a changé. Et quand le sondeur pose la question, il se réfère à l'image que nous avons en esprit de 60, 70 ou 80 ans.

Quand le sondeur considère que "nous nous donnons 60 ans" alors que nous avons 70, c'est le sondeur qui se trompe. Pourquoi ? Parce que les 70 ans d'aujourd'hui ne sont pas même les 60 ans d'hier. Quand nous entendons les chiffres de notre âge, il nous vient à l'esprit l'état de nos parents ou grands-parents quand ils avaient ce chiffre. Et dans l'immense majorité des cas, cela n'est plus la réalité.

Quand j'étais stagiaire ou externe des hôpitaux, on renonçait à l'idée même de pratiquer une chimiothérapie dès l'âge de 70 ans. J'en ai, il y a peu de temps, pratiqué chez des patients de 90 ans. Exceptionnellement et non sans précaution, mais enfin c'est un baromêtre intéressant. Quand je regarde à l'Assemblée les portraits des honorables barbons qui nous ont précédé, j'ai un peu de mal à penser qu'ils étaient en grande majorité plus jeunes que moi. Sans remonter à Mathusalem, l'âge d'Edouard Herriot dans sa pleine gloire se développait entre celui de Vincent Peillon et de Jérome Cahuzac..

Un peu avant cela, quand Balzac voulait peindre les renoncements d'une femme mûre, il choisissait une femme de trente ans..

Ce ne sont donc pas les Français qui se croient plus jeunes que leur âge, mais leur âge qui a radicalement changé. Je n'hésite pas à dire que c'est le plus grand progrès du XXième siècle. Espérons que le XXIème ne le compromettra pas, ce qui n'est pas gagné si nous n'y prenons pas garde autant qu'à l'état de la planète.

Pour autant l'âge existe, il fait même notre variété et notre richesse. Tiens, osons le mot, notre diversité. Mais c'est comme pour l'informatique, la mondialisation et les nanotechnologies, si il faut vivre avec son âge, il faut vivre aussi avec son temps, c'est à dire l'âge de son temps. Et c'est plutôt une bonne nouvelle.

mardi 6 janvier 2009

Israël-Palestine : Bertrand Bloch est l'invité du blog

Israël-Palestine : la course vers l'abîme

Les bombardements quotidiens de populations civiles israéliennes par le Hamas, depuis des mois, la terreur qu’il engendre, ses buts de guerre affichés, sont inacceptables ; ceci ne légitime néanmoins en rien la violence israélienne actuelle qui ne peut que susciter que colère et indignation. Depuis la mort d’I. Rabin, Israël agit de la pire des façons en réponse aux défis qui sont les siens, la guerre avec ses ennemis mais aussi la paix. Au prétexte qu’ils ne disposent jamais du bon interlocuteur, les gouvernements israéliens n’ont eu de cesse de miner de l’intérieur la société civile palestinienne en cherchant ainsi à légitimer une violence et une guerre larvée qui tue et mutile en semant la haine sur son passage : (colonisation à outrance, restriction des libertés et humiliations, construction du mur, blocus de Gaza, appauvrissement). Il y a encore cinq ans, Israël affirmait qu’Arafat était la cause de tous ses maux. Arafat disparu, Israël n’a jamais donné à Mahmoud Abbas la place d’un interlocuteur légitime, contribuant ainsi à l’émergence des franges radicales du Hamas.

Alors même que chacun sait qu’aucune solution par les armes n’est possible, les drames qui se déroulent en Palestine illustrent à l’absurde l’impasse dans laquelle Israël s’est engagée avec ses soutiens inconditionnels (ceux que Tahar Ben Jelloun appelait si justement à l’ occasion de la guerre du Liban de 2006 « Les amis d’Israël qui le pousse vers l’abime » ). En réponse à un contexte international délétère, aux défis posés par le terrorisme international et l’islamisme, l’armée israélienne, sa population perdent leur âme, la considération de la communauté internationale et les valeurs démocratiques de leur pays, sans gagner une once de sécurité. La politique israélienne bien au contraire légitime les radicaux des deux bords (ultranationalistes israéliens et armée d’un coté ; islamistes/Iran de l’autre) au détriment de ceux, de plus en plus rares, qui en Israël et en Palestine tentent de maintenir un dialogue et un futur de coexistence. Ainsi, qui entend la désespérance et la vision de paix de Daniel Barenboïm et de son orchestre israélo-arabe, seul citoyen ayant la double nationalité israélienne et palestinienne ? Qui écoute aujourd’hui les propos de Leila Chahid qui il y a quelques années encore dialoguait a la télévision française avec Israël au nom de Y. Arafat ?

Isaac Rabin a été tué par les siens pour sa vision de faire accepter à son pays l’idée d’une paix respectueuse des aspirations légitimes du peuple palestinien, avec son pire ennemi d’alors, Yasser Arafat. A qui peut-on faire croire aujourd’hui qu’en discréditant systématiquement les revendications palestiniennes, qu’en tentant de délégitimer ceux qui combattent sa politique, qu’en niant les effets de la politique perverse de colonisation on sert aujourd’hui la cause d’Israël et de la paix ?

Les termes d’un accord d'Israël avec les Palestiniens, acceptables par les deux parties, sont connus maintenant depuis de nombreuses années. Ils imposent de la part d’Israël de considérer avant tout le peuple palestinien comme un partenaire respectable pour une paix juste, sans lui dicter sa conduite. Le retrait unilatéral de Gaza qui aurait pu être une occasion formidable de renouer les liens détruits n’a fait qu’exacerber la violence de part et d’autre. Il n’est pas acceptable de confondre la légitime aspiration des Israéliens à vivre en sécurité et l’acceptation d’une politique indigne.

Comment agir pour obtenir d’Israël qu’il tourne le dos à une politique mortifère ? Barack Obama, les nouveaux leaders israéliens, l’Europe si timorée, mais aussi les leaders palestiniens auront-ils le courage, le charisme et la vision nécessaires pour retrouver les chemins tracés par A. El Sadate, I Rabin, B. Clinton et Y. Arafat ?

lundi 5 janvier 2009

Que sont nos 500 000 logements devenus ?

Où sont, en effet, les 500 000 logements construits chaque année, qui étaient une promesse du Président de la République ?

Cette interrogation est l'occasion de quelques chiffres :

- Le déficit de logements est en France estimé à 1,5 millions, toutes catégories de logements confondus

- Depuis fin 2006, le nombre de logements nouveaux nécessaires chaque année est estimé à 500 000, d'où la promesse du Président qui, s'il n'est pas de parole, sait au moins compter..

- 430 000 ont été construits en 2007 , et en 2008 on table sur 320 à 350 000 logements neufs. Déficit relativement à la promesse présidentielle d'au moins 30%.

- De plus, et c'est le plus grave, les logements construits ne sont aucunement adaptés, en nature et en prix, à la demande. Dans les grandes villes, et dans les territoires de forte attraction, la situation devient dramatique pour les personnes à faibles ressources.

- Les prix des logements ont doublé depuis 2000, sans proportion avec l'augmentation des revenus et des salaires. Entre 1965 et 2001, il fallait en moyenne 2 ans et demi de revenus moyens d'un ménage pour acheter un bien immobilier. Il faut aujourd'hui plus de 4 ans.

- Les loyers ont suivi le même mouvement et pour qu'ils soient aujourd'hui dans une cohérence identique avec les revenus qu'en 2001la cohérence avec les revenus, il faudrait qu'ils baissent de 35%

Ces chiffres pour servir de base à la discussion de la loi Boutin qui va passer à l'Assemblée à la fin du mois. Elle est l'exemple même de la fausse réponse à une question majeure: le déficit de logements.

Déficit de logements, cela veut dire nécessité de l'augmentation des aides de l'Etat. Le projet de loi est tout le contraire. Il maquille en avancées sociales les baisses du financement de l'Etat. Du bluff sous un masque de bons sentitiments

dimanche 4 janvier 2009

Demain, la vie va commencer*

C'est en réalité demain que pour moi l'année va recommencer. Après une courte pause, mais si bien occupée et située à mille milles de ce que je fais d'habitude, c'est demain que cette année porteuse d'un chiffre qui ne m'évoque rien (je veux dire : rien qui la situe pour moi ni dans l'histoire ni dans ma vie) va recommencer.

Recommencer ? Oui, je crois que les années ne commencent jamais, qu'elles se perpétuent et que, pour autant, elles se renouvellent mais porteuses des traces, des marques, des cicatrices, laissées par les précédentes.

La question n'est pas mince, une fois encore. Le plus grand mythe de l'humanité est celui de "l'homme nouveau". Et au fond, c'est ce mythe que perpétuent, peu ou prou, bien ou mal, les "jours de l'an", les rentrées scolaires, les anniversaires où l'on entre dans "une année de plus", les remariages et toutes les formes de "nouveau départ" que l'on peut imaginer. Pour ma part, j'ai su très jeune que l'on n'était jamais nouveau, et je n'ai appris que beaucoup plus tard ce que cela pouvait bien vouloir dire.

Nos études médicales (le "nos" s'adressent aux étudiants prolongés qui ont aujourd'hui mon âge) ont été marquées du principe de l'homéostasie de Claude Bernard. Homéostasie, kézako ? Zako quelque chose de pas compliqué : un corps, un sujet, une matière tendent vers un point d'équilibre et cherchent toujours à la retrouver.

Ce qui, en sous-main, suppose que l'on revienne à cet état d'équilibre tel qu'on était avant de l'avoir quitté. Un truc un peu comme un élastique : on redevient celui que l'on fut et on reprend la même position.

Même pour les élastiques, c'est faux. Ils reviennent à leur position, mais un peu plus distendus, un peu plus fragiles, et pas guère capables de redevenir cet "élastique nouveau" qui correspondrait au mythe de l'homme nouveau.

Un autre physiologiste, d'outre-atlantique celui-là, a théorisé ce que je vous raconte très succintement et plus encore schématiquement. Ce pimpin, du nom de Cannon, a appelé cela le principe d' "allostasie". Non seulement, il n'y aurait pas de position d'équilibre, mais il serait impossible de revenir à un point que l'on a quitté dans le même état qu'on y était auparavant.

Il y a eu un moment de ma vie, où j'ai voulu écrire un roman dont l'héroïne s'appelerait "Allostasie", comme on s'appelle Anastasie, Mathilde ou, quand même plus StarAc', Samantha ou Britney. Allostasie vivrait une épreuve, un succès, un amour, mais ne reviendrait jamais à sa position d'équilibre. Ce qui entre nous n'est pas forcément mauvais. L'équilibre, s'il existe, constitue-t-il une garantie quelconque de faire le meilleur. Et si l'on cherche des preuves, dans l'art en particulier, c'est bien plutôt l'é-preuve et le déséquilibre, qui sont les plus productifs. Si l'on a, comme notre vénéré chef de l'Etat, la culture du résultat, Allostasie a de meilleures chances d'être ministre au prochain remaniement, que sa soeur ainée, Homéostasie.

Donc 2009, recommence demain pour moi. Ni vous, ni moi n'êtes sans coutures, peut-être même sans blessures, laissées par 2008 ; et en tout cas, pas sans inquiétudes. Comment faire le mieux, dès demain matin, en partant de ce nouveau point, pas tout à fait nouveau, mais pas tout à fait neutre, puisque nous avons pleinement conscience de devoir en faire le meilleur ?

Sur mes cartes de voeux, j'ai écrit à plusieurs reprises "Faisons ensemble que 2009 soit meilleure que 2008". Je l'écris à nouveau pour tous les visiteurs du blog.

Promis, dès demain matin, et même dès ce soir en vous en parlant, en cherchant votre appui en même temps qu'en vous donnant le mien, on va essayer.

  • "Demain, la vie va commencer" est -je crois- le titre d'une chanson de Johnny Hallyday ; encore un qui n'a pas lu les théories de Cannon, ou qui est passé complètement à côté..

samedi 3 janvier 2009

Vacance

Vacance, au singulier, qui est vide, qui est vacant. Et selon l'humeur, il s'agit d'une heureuse disposition, incitant à de nouvelles aventures et de nouvelles acquisitions, ou d'un sombre constat, du genre "du camembert dans la tête".

Ni l'un, ni l'autre mon général. Seulement, comme une bonne petite fonctionnaire que je ne suis pas, je me suis mise en vacances (au pluriel cette fois), et qu'avec un seul jour (hier), j'ai fabriqué des grandes vacances de 4 jours, où je m'occupe des "choses de la vie", des gens qui les entourent. "Les choses" étaient un beau titre de Georges Perec. J'entretiens avec elles un rapport irrégulier et souvent conflictuel, et elles me le rendent bien. Il y a "les choses" qui aident à vivre, bien que quelquefois pesantes, et les choses qui empêchent de vivre.

Les deux mon général... Aujourd'hui, je me suis occupée des livres, "aides à vivre" s'il en est, mais lourds à vivre quand il s'agit de les transporter, de les ordonner... Lourds, au sens propre.

Voilà, je voulais juste vous raconter un peu ma vie, espérant que vous ferez de même.