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vendredi 31 octobre 2008

Des moments politiques forts rue Saint Laurent*

Il y a des choses bien agréables dans la vie d'une députée...

Parmi celles-ci, une initiative qui me réjouit le coeur à chaque occasion : les goûters citoyens que j'organise régulièrement pour des classes ou des groupes d'enfants.

Aujourd'hui, c'était une vingtaine de jeunes du CALK**, entre onze et seize ans, venus interroger "leur" élue sur tous sujets tenant à la vie de la République.

Ces jeunes avaient auparavant visité l'Assemblée, dans le cadre d'une échappée parisienne dont ils avaient eu l'initiative avec leurs deux animateurs. Petites subventions publiques pour financer le voyage et le séjour de trois jours, mais surtout une tombola organisée et gérée par les jeunes eux-mêmes (vente des billets, quête des lots auprès des commerçants du quartier Saint Michel où le CALK est installé, et achat sur leurs fonds propres de trois gros lots, dont un four à micro-ondes.

Ilias, Susan, Moussa, Abdel (pardon à eux de ne pas les citer tous) ont passé l'élue à la question. "Est-ce qu'il faut faire des études pour devenir députée ?", "Pourquoi les gens s'interrompent-ils tous en séance à l'Assemblée ?" (ajoutant : "moi, ça m'a pas plu !"), "Est-ce que ça vous dérange pas qu'on dise du mal de la politique ?"..

Rien que des questions très sensées et dont les réponses ont demandé pas mal d'explications.

Ils ont compris une chose importante : la politique, ça les concerne ; et ce sera vraiment super, si l'un ou l'autre, à un moment ou un autre se dit "pourquoi pas moi ? J'ai quelque chose à dire et sûrement quelque chose à faire".

La relève est assurée !

  • on l'aura un peu compris : la rue saint-laurent à Bordeaux est le siège de ma permanence
  • Comité d'Animation Lafontaine Kléber à Bordeaux

Centres de rétention : annulation de l'appel d'offres du gouvernement

La Cimade, qui se définit elle-même comme une "association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile" était jusqu'alors seule habilitée à être présente dans les centres de rétention administrative pour les étrangers en situation irrégulière. Sa solidarité a due être considérée comme, en effet, trop active et le Ministre de l'immigration et de l'identité nationale a décidé d'ouvrir cette habilitation à d'autres associations.

Il a donc lancé un "appel d'offres" où les 30 centres de rétention seront répartis en 8 "lots". Le vocabulaire, identique à celui qu'on utilise pour les travaux de peinture dans les écoles ou la fourniture des sanitaires dans les administrations, fait quelque peu froid dans le dos.

Le tribunal administratif de Paris vient d'annuler cet appel d'offres.

La Cimade salue cette annulation, qui souligne l'incompatibilité du texte ministériel avec "la mise en oeuvre éffective d'une action de défense des droits et de la dignité des étrangers placés en rétention".

Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses....

jeudi 30 octobre 2008

Le parlement, juge et rédacteur de l'histoire

Dans le billet précédent, j'évoquais l'affligeante suite de "couacs" du gouvernement.

Le ministre Darcos, décidément bien inspiré en ce moment de ce point de vue, vient d'en commettre un nouveau. Espérons du moins que ce ne sera qu'un "couac", destiné soit au démenti, soit à l'oubli pudique.

Lors d'une audition avant-hier à la Assemblée Nationale, il a déclaré qu'il souhaitait que le parlement soit consulté sur le contenu des programmes d'histoire. Atterrant. Un pas de plus, et nous allons décider par décret de ce que l'on doit tenir pour la vérité historique.

Notre groupe s'est aussitôt alarmé et a élevé une protestation. Il y a des commissions des programmes, composées d'enseignants et non de politiques, qui sont missionnées pour cela. Ce n'est pas notre rôle.

Après les médailles en chocolat pour les bacheliers, la réécriture politique des manuels d'histoire.

mercredi 29 octobre 2008

Une politique de crâne d'oeuf

Le gouvernement enfile les perles : des mesures, droit tombées d'un crâne d'oeuf multi-breveté, et totalement déconnectées du simple bon sens.

Le souverain remède au suicide en prison (trois tentatives de plus ce week-end) ? La mise en place d'interphones dans les cellules. Ainsi, le détenu à bout de force de vivre dans des conditions humiliantes, pourra-t-il poliment prévenir de l'imminence de son acte. Ou, plus efficace encore, les gardiens pourront lui demander "alors, pas trop serré les draps ?"

Moins grave, mais aussi stupide : MAM donne ce matin "raison" à ceux qui défendaient le maintien du chiffre du département sur la plaque minéralogique. Enfin, presque... Le numéro du département pourra être conservé sur l'arrière de la voiture, mais dans un petit carré bleu totalement invisible, et surtout chacun pourra choisir le numéro de son coeur, 33 pour les médecins, 22 pour les flics, 5 pour les fans de Chanel.. Toutes les raisons, assez valables, de ceux qui voulaient le maintien, sont ignorées. La mesure n'a plus aucun sens.

Je ne veux pas appeler "mesures de crânes d'oeuf" tant d'autres trouvailles, pudiquement passées à la trappe, car certaines étaient graves, comme le parrainage des enfants de la shoah par les petits écoliers. La "taxe touillette" a fait, elle aussi, grand effet, promouvant Borloo à l'égal d'Al Gore pour sa vision écologique de l'univers. Et souvenons-nous de la vraie-fausse déclaration de Roselyne Bachelot sur le déremboursement des lunettes, de la suppression de la carte famille nombreuse, sitôt prononcée, sitôt ravalée...

A suivre... Le "couac" est comme le hoquet : une activité répétitive.

mardi 28 octobre 2008

Toilettes taboues

Un mien copain, lui-même nobelisable, édicte volontiers ce précepte "si les toilettes du labo sont bouchées, le boss n'aura jamais le Nobel".

Les toilettes n'ont pas d'influence que sur la santé et la productivité des labos : elles mettent en jeu la santé des humains eux-mêmes.

Un article du "Monde" paru ce jour, dont je ne résiste pas à me faire l'écho ose aborder le sujet, sous un titre démonstratif "L'accès aux toilettes, enjeu mondial de développement".

"Pour réduire la pauvreté dans le monde et améliorer la santé des déshérités, la méthode la plus simple est de construire des toilettes". Aujourd'hui , 2,5 milliards de personnes (un tiers de l'humanité) utilisent des latrines de fortune n'offrant aucune garantie contre le développement de maladies liées aux matières fécales. Et 1,2 milliards n'ont d'autre "petit endroit" que la vaste nature.

Les conséquences sanitaires pèsent lourd : 1,8 million de personnes meurent chaque année de maladies diarrhéiques pour leur grande majorité liées à des contaminations d'origine fécale ; 5000 enfants meurent chaque jour pour la même raison.

La question reste taboue. Pas un politique pour en faire un objet de discours ou de déclarations. Les Nations Unies ont cependant déclaré l'année 2008 "année de l'assainissement", avec l'objectif de diminuer par 2 le nombre de personnes n'ayant pas accès à des sanitaires d'ici 2015.

Montant de la facture 38 milliards de dollars. "Mais pour un dollar dépensé, 9 seraient réinjectés dans l'économie sous forme de productivité et d'amélioration de l'état sanitaire". (...) "L'objectif se traduirait par 3,2 milliards de jours travaillés en plus chaque année".

Conséquence particulièrement frappante : "Installer des toilettes à l'école, c'est aussi permettre à de nombreuses jeunes filles de poursuivre leurs études après leur puberté. Et 10% de femmes en plus maîtrisant la lecture, c'est 0,3% de croissance supplémentaire".

C'est aussi pour ces dernières phrases que j'ai voulu aborder le sujet. Mon copain prof' a bien raison de se préoccuper de l'état sanitaire de son labo .

lundi 27 octobre 2008

En direct : assemblée générale de motions à Bordeaux

Mes notes prises au fil des six prises de parole des orateurs présentant les motions (13 minutes chacun). J'ai centré sur le contenu des motions. Le constat, et en particulier l'analyse de la politique de Nicolas Sarkozy, nous réunit tous, j'ai donc donné la préférence aux propositions et aux idées-force.

1 - Harlem Désir (motion A)
-Notre devoir est de réussir ce congrès ; nous allons au-devant d’une période d’une très grande dureté ; nous venons de connaître l’échec d’un système
- plus que jamais les Français ont besoin d’un parti socialiste fort et audible au plan national
- le congrès doit déboucher sur un certain nombre de clarifications
un réformisme affirmé un parti résolument européen des alliances claires, ancrées à gauche un parti remis au travail autour de son chef, bâtissant une orientation nationale

Dès le lendemain du congrès, nous devons être en ordre de marche et au travail

Quelques grandes questions au cœur de la motion, face à 4 grandes crises : financière, économique, alimentaire, écologique - le développement durable, moteur de la croissance et du développement - le rôle de puissance publique - rénover les outils de la puissance publique et les formes de la politique sociale - la réaffirmation de notre engagement européen, avec les socialistes et sociaux-démocrates européens

Nous devons faire la clarté sur notre fonctionnement et redonner la force au parti socialiste Les militants doivent être des acteurs de la vie du parti et nous proposons un programme de travail précis

Le vote des militants le 6 novembre doit dégager une majorité claire et forte pour préparer notre victoire en 2012

2 – Philippe Plisson (motion B)
Je suis heureux d’être aux côtés d’orateurs pour lesquels j’ai de l’admiration. J’ai jusqu’alors signé des motions que je n’avais pas encore lues et je suis heureux aujourd’hui d’avoir contribué à la rédaction de ma motion

Le fond : depuis dix ans, en tant que vice-président au développement durable au Conseil Général, j’ai pris la mesure de l’urgence écologique. C’est cette problématique qui doit être au cœur de notre démarche.

Les causes de la dégradation de la planète sont les mêmes que celles qui ont causé la crise financière : le libéralisme sauvage, la consommation/production sauvage sans nécessité ni moralité.

C’est un moment historique pour le PS de prendre la mesure de la gravité de ces événements. Le parti a trop longtemps fait la révérence au libéralisme et, même au pouvoir, nous n’avons pas radicalement changé les choses.

L’élection présidentielle de 81 a été le plus beau jour de ma vie, avec mon mariage ; mais en 83, changement de programme. Nous devons aujourd’hui faire notre examen de conscience. Le libéralisme a été pour nous un dogme érigé en principe où nous avons perdu notre âme.

Nous prônons la rupture, mais nous en sommes encore à la religion de la croissance. Nous sommes dans un monde fini et les énergies fossiles ont été dilapidées. On se battra pour l’eau avant la fin du siècle. A cette anarchie économique et écologique, il faut opposer le retour de l’Etat. Nous devons avoir une ambition exemplaire pour un parti socialiste résolument écologique, conjuguant justice sociale et sauvegarde de la planète.

3- Benoit Hamon (motion C)
Le parti socialiste est beaucoup moqué par ceux qui font le petit murmure de la pensée dominante, alors que nous sommes la grande force d’opposition. Nous vivons un moment extraordinaire, où convergent plusieurs crises qui vont avoir des conséquences considérables pour ceux que nous voulons représenter dans l’espace public. Notre tache est de nous retourner vers les gens. Dans un monde qui change, il ne faut pas que la seule chose qui ne change pas, ce soit le parti socialiste. A l’exaspération sociale doit répondre un débouché politique.

La question n’est pas d’effacer les dettes de jeu des banquiers. Nous sommes dans un vrai renversement de cycle. Nous avons à craindre des charrettes de licenciements . Le sentiment de millions d’hommes et de femmes est que le seul ascenseur qu’ils peuvent prendre est un ascenseur qui descend.

L’imposture sarkozienne aura un prix : l’aggravation des conditions dans lesquelles les Français recevront de plein fouet les conséquences de la crise. Nous aussi, devons nous assurer d’un dispositif de crise.

Nos propositions : - constitution d’un pôle financier public, à côté du secteur bancaire privé - le libre-échange généralisé est directement responsable de la diminution des revenus salariaux ; il faut poser des restrictions européennes au libre-échange ; c’est ce que propose Barak Obama pour l’Amérique - Il faut indexer l’évolution des salaires sur celle des gains de productivité ; les salariés doivent profiter de la richesse produite

Notre responsabilité est d’incarner une gauche décomplexée. Il faut nous mettre d’accord sur un plan d’urgence sociale : baisses ciblées de TVA, bouclier logement, programme emploi-jeune, retour de l’autorisation administrative de licenciement. Après Reims , les Français doivent savoir que les socialistes sont de retour.

4 – Martine Aubry (motion D)
Ce congrès est tellement important dans ce contexte de fin du libéralisme. Le libéralisme est inefficace, créateur d’inégalités, générateur de violence. Nous vivons deux fois la crise libérale : celle de la politique sarkozienne et la crise financière.

On peut dès maintenant relancer le budget du logement, augmenter le smic, accompagner les entreprises qui augmentent les salaires si on veut vraiment relancer la croissance.

Il ne suffit pas de vouloir des mesures urgentes, nous devons retrouver la politique, mettre en place une nouvelle donne, sociale, économique et écologique.

L’essentiel pour nous : - que chaque homme puisse etre porté au plus haut de lui meme, et ça c’est l’accès au droit. Nous avons besoin de règles collectives mais nous devons personnaliser les réponses : compte-formation, bilan de compétence dès le licenciement, compte-temps tout au long de la vie, bonus à la pénibilité. - émanciper les territoires en soutenant les services publics - réarmer la puissance publique, fiscalité différentielle des entreprises en fonction des investissements et des accords salariaux - définir la politique industrielle grâce à la puissance publique - faire civilisation : retrouver l’enthousiasme des pères fondateurs de l’Europe - vivre ensemble, faire culture ; quand on est de gauche, nos valeurs ne s’arrêtent pas au coin de la rue. Le Réseau éducation sans frontières nous a donné un bel exemple.

Les Français sont malheureux dans l’individualisme. Nous devons ressortir de Reims en étant tous socialistes.

5 – Vincent Peillon (motion E) Plus les débats avancent avant ce congrès, plus j’ai l’impression que nous pouvons nourrir pour Reims un véritable espoir. Et pourtant nous avons eu des doutes, mais la crise financière passant par là, la tâche historique qui est la nôtre s’est imposée. Nous pouvons vivre un grand congrès capable d’ouvrir un nouveau cycle de la pensée socialiste.

L’enjeu de ce congrès est de faire que les socialistes, revenant au pouvoir, ne soient pas ensuite battus à la fin de la législature. Quand la droite revient, elle rogne, elle défait les réformes que nous avons mises en place.

Trois enjeux :
-la question de la croissance et la définition d’une stratégie économique ; la crise est peut-être une victoire du système capitaliste en réussissant à faire payer ses erreurs par les contribuables ; c’est en réalité de changer le modèle lui-même qu’il s’agit. Léon Blum disait « le socialisme c’est l’amour du lointain ». Il faut voir loin, ne pas agir pour nous, le nez sur les chaussures, mais agir à terme. Nous devons construire dans le cadre européen et multilatéral -la refondation républicaine, remettant la question de l’égalité au cœur de toutes les politiques publiques, à l’école, entre les générations, entre les territoires. -sortir du conservatisme ; la gauche a besoin de l’engagement de tous, elle a besoin de la démocratie jusqu’au bout.

Ce congrès doit être celui du rassemblement et de la fierté d’être socialiste

6 – Patrick Stora (motion F) Ce que m’ont appris les débats dans les sections ; qu’y avons nous évoqué : les militants à 20 euros, les alliances avec le MoDem… Mais l’essentiel ? quel projet devons nous bâtir ? Le capitalisme est un échec et la social-démocratie, censée le réguler a failli.

La motion F est socialiste, altermondialiste et écologiste
-socialiste : droit à un minimum de ressource en biens fondamentaux, droit à l’éducation, aux soins… -altermondialiste : refuser que les pays du Nord demandent toujours plus d’ouverture de marchés aux pays du Sud et poussent ces pays à une mono-agriculture qui les rend dépendants des pays du Nord ; lutter pour une véritable souveraineté alimentaire ; annuler la dette des pays du tiers-monde ; lutte contre l’évasion fiscale.
-écologiste : scénario mégawatt, sobriété et efficacité permettant de diviser par deux notre consommation d’énergie
-réduction par 4 de notre production de gaz à effet de serre ; sortie du nucléaire en 2035 parce que les réserves d’uranium vont s’épuiser et que le problème des déchets n’est pas résolu.
Nous devons, le 6 novembre, être non seulement décomplexés mais audacieux.

Pardon à ceux qui sont déjà gavés des motions du parti socialiste. Je trouve toujours intéressant de voir ce que les présentateurs mettent en exergue, quelle construction ils adoptent pour développer leur raisonnement. Globalement, une soirée d'une haute tenue, sans petites piques, sans attaques médiocres, autant de la part des présentateurs que du public.

Le médecin au coeur du contrat social

De tout temps, le médecin a été au coeur de l'humain, et cela reste fondamentalement vrai.

Il endosse aujourd'hui une responsabilité nouvelle. La fracture de santé qui s'élargit chaque jour davantage dans notre pays, les inégalités territoriales, l'enchérissement des médicaments et des techniques le placent aujourd'hui au coeur du contrat social.

Nous sommes aujourd'hui entrain de retrouver une situation que la deuxième partie du XXème siècle avait beaucoup atténuée et que l'on pouvait espérer voir disparaître : celle où la santé devient un marqueur social.

Il y a un siècle et au delà, les maladies de la malnutrition, la tuberculose, l'alcoolisme étaient -pour une part plus ou moins grande- des marqueurs de pauvreté. Aujourd'hui ces marqueurs ont changé mais ils gagnent continuellement en importance et en signification. L'obésité, le diabète "gras", le mauvais état bucco-dentaire des enfants (calculé sur le nombre de caries obturées) sont à leur tour des marqueurs sociaux, dont la prévalence est strictement en proportion inverse des revenus et du capital social. L'information, le suivi, l'accès au soin, en grande partie aux mains des médecins, les situent au coeur de cette problématique sociale et sanitaire. Nous ne sommes pas très loin du moment où les médecins devront être autant des militants -ou des missionnaires, selon le vocabulaire que l'on préfère- pour lutter contre cette fracture de santé.

Les inégalités territoriales de santé constituent un autre exemple. Des territoires entiers sont privés de spécialistes (le département de la Lozère par exemple n'a aucun urologue, alors que cette spécialité gagne chaque jour en importance du fait du vieillissement de la population), et demain -demain matin, en réalité- ces territoires seront privés de généralistes. Les "médecins de campagne" et beaucoup de médecins de quartiers, âgés, ne trouvent plus de successeur. Une de mes consoeurs de l'ordre national des médecins résume la situation ainsi : "demain, le médecin généraliste sera une médecin remplaçante", résumant en une seule formule deux faits : la médecine se féminise grandement, les médecins s'installent de plus en plus tard et, pendant une longue période, "font des remplacements".

Une troisième responsabilité, pas la moindre, tombe aujourd'hui aussi sur les épaules du médecin : le coût de la santé. Ou plus justement, le coût de la maladie, qu'il s'agisse des traitements ou des techniques. J'en donne souvent un exemple : quand j'ai commencé mes études, on détectait les métastases par un cliché pulmonaire (40 euros), au cours de ma spécialisation on s'est mis à pratiquer des scanners (400 euros), et aujourd'hui des Pet-scans (8000 euros).

L'exemple mériterait d'être expliqué et nuancé mais la proportion est juste : le coût des médicaments et des explorations innovantes correspond à une multiplication par 20 en quarante ans.

Le médecin doit aujourd'hui peser ses prescriptions à l'aune très précise de leur utilité. C'est une responsabilité considérable et pas toujours facile à comprendre. A l'hôpital, je devais expliquer pourquoi je ne signerais pas le bon de transport d'un patient valide : parce que le coût du remboursement obérait la prise en charge d'une chimiothérapie innovante ou d'un dispositif médical indispensable.

Les exemples pourraient être multipliés de cette "Responsabilité Sociale des Médecins". J'utilise des majuscules pour la mettre en parallèle de la "RSE" (Responsabilité Sociale des Entreprises).

Ce parallèle n'est pas une identité : la médecine n'est pas une entreprise, et la responsabilité n'en est que plus grande.

dimanche 26 octobre 2008

Qui n'a rien à cacher n'a rien à craindre

Avec cette phrase, que l'on a entendue encore récemment à l'occasion de la rébellion contre Edvige, on peut justifier tous les excès de la politique sécuritaire : écoutes téléphoniques, visites de comptes bancaires (Besancenot récemment), vidéo surveillance, punaises enregistreuses au mur des appartements, fouille de la mémoire des ordinateurs ... Nous ne sommes en la matière, certainement ni au bout de nos peines, ni au bout de nos surprises.

Le dernier né de la famille sécuritaire, sous un petit air médical qui glace, est un bel exemple d'imagination perverse . Il s'agit du "scanner qui déshabille", déjà en fonction dans certains aéroports européens. Au passage dans un portique, le voyageur est exposé complètement nu à l'examen du personnel de la sécurité aérienne.

Un de mes amis m'avait vendu comme précepte pour ne ressentir aucune crainte devant un notable quelconque "Imagine-le nu". Je n'ai jamais eu vraiment besoin de la mettre en pratique, mais la leçon n'est pas sans signification : déshabiller, mettre à nu, est un moyen de priver l'homme de sa dignité et de son intimité. Les prisonniers en savent quelque chose.

Il ne suffira donc bientôt plus, pour prendre un avion, d'enlever ses chaussures, d'ouvrir sa valise, de sortir son ordinateur de son enveloppe et le petit sachet contenant ses objets de toilette, ni de se prêter bras écartés à une fouille corporelle. Sans parler d'abandonner le modeste ciseau à ongles qui ne pourrait attenter qu'à à la vie d'une mouche (alors qu'un tesson de la bouteille de vin servie en première classe est beaucoup plus dangereuse). Toutes ces petites contraintes sont déjà des petites humiliations et pour peu que l'employé soit désagréable, elles rendent le voyage détestable.

Pourquoi s'arrêter d'ailleurs aéroports dans ce progrès continu du délire sécuritaire ? Un terroriste serait-il moins efficace dans un train ? Un wagon qui explose fait dérailler le train entier et en choisissant bien ses horaires, on peut aisément s'assurer plusieurs centaines de morts.

Pourquoi pas non plus à l'entrée des hôpitaux ? Le tripode de Bordeaux, avec ses quatorze étages, est de ce point de vue un objectif de choix. Les médecins pourraient au passage bénéficier des images du scanner qui déshabille qui leur épargnerait la charge d'examiner leurs malades un à un, dans l'intimité de leur chambre.

Revenons au fond du problème : l'Etat sécuritaire fait de ses citoyens des suspects et les traite comme des prisonniers que l'on va encelluler. La commission européenne vient d'autoriserla généralisation du "qui déshabille". Autorisé, pas imposé, mais on peut quand même se poser quelques questions et d'abord celle-ci : les membres de la commission n'ont-ils pas par hasard confondu "Europe sans frontières" et "Europe sans limites" ?

vendredi 24 octobre 2008

Un homme = 823 vaches

Mais pas n'importe quel homme ! Je prescris, comme un véritable anti-dépresseur, le commentaire 9, fait par Alain au billet précédent. Manière de bien entrer dans la journée tout en posant de bonnes questions.

Les voyages autour de la terre du Président de la République polluent à l'égal d'un troupeau d'honnêtes vaches laitières pendant une année. Encore Alain, dans sa comptabilité ne prend il pas en compte nombre de comportements collatéraux aussi absurdes que méprisants des réalités.

Lors de sa dernière venue à Bordeaux, Nicolas Sarkozy a bien sûr emprunté, presque tout seul hors service de sécurité, son avion personnel ... de 90 places. Pendant ce temps, sa voiture blindée arrivait de Paris sur une remorque de manière à lui faire parcourir en toute sécurité le trajet Mérignac-place de la Bourse et retour. Quand Sarkozy a repris l'avion, trois heures plus tard dans son avion jumbo, la voiture est remontée sur sa remorque ...

Avion jumbo, mais pas tout à fait assez ! J'ai dénoncé dans ce blog le coût insensé du renouvellement de la flotte présidentielle, c'est à dire des 6 avions gouvernementaux. Quand Nicolas Sarkozy est aller voir George Bush, il a été bluffé par son "air force one" et n'a eu de cesse d'en vouloir un aussi beau, aussi grand, aussi fort ! Coût total du caprice : 350 millions d'euros. Dans le budget de la défense, taillé comme on sait à la serpe, le renouvellement de la flotte était un des seuls chapitres sanctuarisés. Les militaires ont avalé avec grand peine l'énorme pilule. Qui en parle ?

La hausse du bilan carbone présidentiel sera à la mesure de la dépense. Ce n'est qu'un exemple de l'incroyable faul-culisme du discours écologique et de la distance entre la pratique et la recommandation, celle-ci toujours à destination des autres.

On s'empoigne ces jours-ci à l'Assemblée sur la taxation des sacs bio-dégradables. Dans le même temps, nos municipalités exigent que trois pelletées de feuilles mortes soient hermétiquement ensachées de plastique pour que "les déchets verts" puissent être acceptés par les services compétents, alors que les trois pelletées pourraient être si bénéfiquement compostées dans une déchetterie ad-hoc. "Leclerc" ne donne plus aux caisses de sacs plastiques, mais vend bien volontiers par rouleaux entiers des sacs poubelles.

Votre lierre déborde sur l'espace public, réjouissant toute la rue du volute de ses branches, tout en stockant un peu du CO2 sarkozien ? Tel l'agneau de La Fontaine, coupable d'avoir tondu un pré de toute la largeur de sa langue, il devra être abattu. Dans le même temps et pour l'affichage, on édifiera de toutes pièces, des murs végétaux entièrement artificiels pour plusieurs dizaines de milliers d'euros.

De quoi vous décourager de risquer six mois d'hospitalisation en service d'orthopédie pour avoir décidé de vous rendre à votre travail en vélo, dans le centre de Bordeaux.

Très bonne nouvelle : "contact" est de nouveau opérationnel.

Vous pouvez de nouveau m'envoyer un message par la rubrique contact de ce blog, sur la colonne droite.

Curieusement cette possibilité ne fonctionnait plus depuis quelques mois, et grâce à l'aide hautement experte de notre ami Matthieu Rouveyre, elle est de nouveau active. Pardon à tous ceux qui ont tenté de me joindre par cette voie pendant la période de panne.

Il n'en est rien encore pour la touche "news letter" : si vous souhaitez la recevoir il faut donc passer par la rubrique contact.

jeudi 23 octobre 2008

Projet "Hôpital, Patient, Santé, Territoires" : où est la prévention ?

Le projet de loi “HPST”, présenté par Roselyne Bachelot comme une réforme majeure de notre système de santé, ignore presque totalement la finalité même de ce système de santé : la santé de la population, qui est pour la majorité de ses déterminants, très en amont de la maladie et du soin.

Les deux piliers de la santé publique, prévention et dépistage, n'ont qu'une maigre part au projet de loi.

Décevant, fondamentalement, mais aussi au regard de la volonté de Nicolas Sarkozy de « passer d’une attitude purement curative à une culture de la prévention », affirmée dans son discours du 18 septembre 2008 sur la santé publique.

La prévention doit être au coeur, et non pas en marge, de notre système de santé, dans un temps où le développement épidémique des maladies sociétales et comportementales est en train de bouleverser la pratique médicale et, ce qui n'est pas négligeable en ces temps de rigueur, d'obérer les budgets publics.

Or, que trouvons-nous au chapitre de la prévention dans le plan de Roselyne Bachelot, distillé avec gourmandise sur tous les médias : la limitation de la vente d'alcool aux mineurs et l'interdiction des "cigarettes-bonbons", aromatisées et sucrées pour attirer et piéger les plus jeunes. Cela ne constitue pas un plan de santé publique.

- Aucune mesure sur la prévention de l'obésité et du diabète de type II alors même que Nicolas Sarkozy déclarait que "la politique de prevention doit être le fer de lance du combat contre l’obésité”. Il semble que, pour le gouvernement, la mise en place de la mission d’information sur l’obésité, présidée par Valérie Boyer, tienne lieu de politique. Le rapport de cette mission n’apporte au demeurant aucune proposition nouvelle.

- Aucune mesure sur la prévention des cancers évitables, des troubles du comportement, des addictions, de la perte de contrôle et des troubles de sommeil des enfants …

En matière de dépistage, aucune mesure concernant le dépistage précoce des maladies mentales, des maladies génétiques et métaboliques.. Mais c’est surtout en matière de dépistage des cancers et singulièrement du cancer du sein que l’on aurait attendu que cette loi organise, de manière audacieuse, la généralisation de ce dépistage.

J'aborderai en temps utile les autres chapitres de ce projet de loi. Je me suis portée candidate pour être rapporteur pour le groupe SRC de l'énorme volet "Hôpital" de ce texte : dans ce domaine, la réforme est nécessaire, mais elle ne se conçoit qu'avec les moyens de la mener à bien.

mardi 21 octobre 2008

Les chiffres font mal

Dix milliards et demi d'euros sont débloqués aujourd'hui, à valoir sur l'enveloppe d'aide de 40 milliards d'euros annoncés le 13 octobre. "Plan de soutien aux banques" dit Mme Lagarde, "soutien, pas sauvetage, nos banques vont bien globalement".

Nous connaissons tellement de secteurs qui vont mal, n'est-ce pas eux qu'il faudrait sauver en priorité ? J'y reviendrai.

Concernant cette "injection de capital de l'Etat", nous (la gauche) avons demandé à juste titre que le contenu de la seringue demeure dans le capital des banques après la crise afin que l'Etat puisse jouer un rôle régulateur et éviter qu'une crise semblable puisse se reproduire.

Sauf que... cette somme énorme n'entrera pas même dans le capital des banques, pas plus que les représentants de l'Etat n'entreront de ce fait dans leur conseil d'administration. Ces 10,6 milliards, c'est en quelque sorte de l'argent de poche qui n'entre pas dans le budget général.

Le président de la Fédération bancaire française, Georges Pauget, par ailleurs patron du Crédit agricole (principal bénéficiaire) déclare sans embages ni complexes : "Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l'Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d'un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements".

L'Etat doit financer et se taire.

En face de cela, considérons quelques chiffres issus du PLFSS (plan de financement de la sécurité sociale) que nous examinons en commission.

L'ensemble des CHU sont endettés à hauteur de 750 milliards d'euros, et la contrainte qui va peser sur eux va les mener à l'asphyxie. A l'inverse des banques, ce n'est bientôt pas de "soutien", mais de "sauvetage" qu'ils auront besoin.

A titre d'exemple, le gouvernement demande cette année aux hôpitaux de Paris, réunis sous le sigle APHP (Assistance Publique des hôpitaux de Paris) des économies à hauteur de 200 millions d'euros.

Pour donner idée de ce que représentent ces économies en terme d'offre et de qualité des soins, 100 millions d'euros d'économie correspondent à la suppression de 1500 emplois.

Le déficit pour cette année de la Sécurité Sociale est de 8 milliards (officiels) d'euros, en réalité sans doute davantage (14 ou 15 milliards) ; lesquels viendront s'ajouter à la dette de cet organisme, portant son montant à 145 milliards d'euros.

Qui s'agit-il de sauver ? Qui s'agit-il de soutenir ? Notre santé ou celle des banquiers ?

lundi 20 octobre 2008

Who is this guy ? (qui est cet homme ?)

On le sait de longue date, il n'y a meilleur pompier que le pyromane.

Tout, il connait tout. Le départ du feu, la manière de souffler sur la braise, les vents, le meilleur bois, et surtout le petit bois, celui qui fait en un tournemain belle grande flamme éphémère ;Plus encoez le moyen de se porter en tête des pompiers, de paraître habilité à donner ordres et conseils à ceux dont, la semaine précédente, il ignorait les préceptes, le pyromane excelle dans l'art du feu.

En matière de finances et d'économie, de libéralo-capitalisme, qui est cet homme ?

En anglais de Wall street : who is this guy ?

dimanche 19 octobre 2008

"La dernière génération du feu"

L'expression m'a percé le coeur ce matin au congrès de la FNACA, venant d'anciens combattants des deux dernières guerres (40-45) et Algérie, qui avaient tous essuyés le feu. De la "première génération", comme on sait, il ne reste aucun acteur vivant, Lazare Ponticelli, Italien d'origine ayant fermé la porte derrière lui il y a quelques mois. Il disait s'être battu "autant pour remercier la France qui l'avait accueilli que pour ne pas mourir de faim". Sobre raccourci que je trouve très fort.

Quant à la FNACA, kekcekça ?

Une modeste association de... 363 500 membres, dont 2000 étaient à Bordeaux pour un congrès national de trois pleines journées. Pour la séance de clôture, où je prenais la parole au nom de Philippe Madrelle et en mon nom propre, la grand amphithéâtre du Palais des Congrès était rempli au delà de sa capacité, et plusieurs salles équipées de caméras vidéos avaient du être ouvertes.

330 000 membres, tous apparemment très actifs et réunissant aisément 2000 personnes, voilà qui fait rêver n'importe quel parti politique ! L'association est née, en partie au moins, de l'initiative d'un jeune lieutenant en Algérie, Jean Jacques Servan-Schreiber. Peu après, elle devenait la "Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc, Tunisie".

Son but : "faire progresser les droits matériels et moraux de la troisième génération du feu". Côté droits matériels, ils réclament la revalorisation de la retraite du combattant, pour qu'elle atteigne le seuil européen de pauvreté. Le budget 2009 n'en porte pas trace, contrairement aux engagements du Président de la République.

Les intérêts moraux sont pour autant au devant de leurs préoccupations, et ceci dans un esprit qui m'a paru très éloigné de l'image plan-plan que l'on peut avoir des "anciens combattants", souvent taxés de ressasser leurs souvenirs plutôt que de regarder l'avenir.

Pourquoi y suis-je si sensible ? Nous sommes d'ailleurs beaucoup à l'être : dans quelle famille n'y a-t-il pas un père ou un grand-père mort à la guerre, une veuve de guerre et ses enfants "pupilles de la nation" ? Quelquefois, toute une fratrie, tombée pendant la guerre de 14-18.

Ce fut le cas dans ma famille, mais c'est autre chose qui a marqué dans mon esprit le poids et le prix de cette "troisième génération du feu". Mon père était le premier à être informé quand un jeune homme du département où nous habitions était tué en Algérie, et je l'entends reposer le téléphone "voilà un enfant tué à Philippeville". Ou à Bône, ou à Maringot... Et il contactait personnellement la famille.

J'ai appris comme ça le nom de toutes les villes d'Algérie. Elles étaient pour moi comme des lieux proches, presque familiers, où ils se passaient des événements dramatiques. Trente mille "enfants" sont morts ainsi entre 52 et 62 et ils étaient les compagnons des 2000 qui étaient présents au palais des congrès.

Une des revendications très fortes de la FNACA n'a rien de financier. L'association veut voir rétablie la réalité historique, à savoir la célébration de la paix en Algérie le 19 mars, jour du cessez-le-feu, et non, comme on le fait aujourd'hui le 5 décembre "qui n'a pour ceux qui étaient là-bas d'autre signification que d'être la saint Gérald".

Ils refusent au nom du devoir de mémoire, du drame particulier qu'ont connu chacune de ces "générations du feu", un "memorial day" à l'américaine, jour de célébration unique dans l'année de toutes les guerres et de tous les combattants. J'ai compris à les entendre qu'ils avaient raison et que chacune de ces journées rappelait ce que portent aujourd'hui les anciens combattants : la solidarité dans l'épreuve, la capacité de servir quelque chose qui les dépasse.

Dix jeunes gens sont morts en Afghanistan. Lors de ma dernière consultation à Bergonié, un jeune patient que je suis depuis plusieurs années est venu chercher auprès de moi l'autorisation de partir en mission de six mois dans les montagnes de ce pays. Sa maladie ne donne pas signe de récidive, le temps est maintenant long depuis l'opération, j'ai donné le feu vert qu'il souhaitait ardemment.

Et j'ai pensé que ces vertus que porte la FNACA traversaient le temps.

samedi 18 octobre 2008

Rendez-vous au marché

Petit soleil timide, air vif et piquant : le temps idéal pour rencontrer les Bordelais sur les marchés !

Le parti socialiste, dans son unité, ne peut rester silencieux sur toutes les interrogations que comporte la crise actuelle et ce qui va la suivre.

Je l'ai dit ici plusieurs fois. La crise financière confirme ce qui est au coeur même de la pensée socialiste : le besoin de régulation par l'Etat. La crise économique et sociale qu'elle porte en elle confirmera, s'il en était besoin, l'exigence de solidarité et l'urgence d'un nouveau modèle de société.

Je vous donne rendez-vous dans la demi-heure qui suit sur tous nos marchés : Capucins, Saint Michel, Grand Parc, Mériadeck (devant Auchan), Ornano Gavinies, La Bastide (devant Champion).

Nous devons être là, répondre aux inquiétudes et donner de la force pour l'avenir. Les leçons de cette crise, nous devons les porter ensemble afin que semblable catastrophe ne puisse plus se reproduire.

En un mot : nous ne voulons plus subir. Le gouvernement n'a pas su anticiper, au contraire il s'est précipité dans ce qui était entrain de couler, c'est à nous de le faire désormais.

vendredi 17 octobre 2008

A Bordeaux, Ségolène évite de se mouiller !

Oui, j'imagine assez bien les titres de la presse nationale ou de certains blogs si Ségolène, à Bordeaux, avait ouvert les eaux de la Garonne, entrainant derrière elle les employés de Ford et le peuple des militants socialistes...

"A Bordeaux, Ségolène Royal évite de se mouiller"

"Plus biblique que jamais, Royal se prend pour Moïse"

"Le programme économique vaseux de l'ex candidate socialiste "

"Avec Royal, le PS marche en eaux troubles"

"La motion Royal prend l'eau à Bordeaux"

Si on croit que j'éxagère, allez voir le titre de Libé hier soir...

Une 'indiscrétion" de Sud Ouest épingle Ségolène sur le fait qu'elle ait voyagé de Paris à Bordeaux en train de 2ème classe : "soucis d'économie ou volonté de se mêler au peuple ?" interroge le journal. J'ai partagé ce voyage avec elle et son équipe pour mettre la dernière main à son discours. Ambiance fort studieuse, Ségolène tenant compte de très près des avis et corrigeant par pages entières, ajoutant, modifiant. Avant cela, plusieurs voyageurs sont venus lui parler, un grand nombre l'ont salué d'un grand sourire.

Mon voisin d'en face lui a parlé longuement, et j'ai prolongé ensuite la conversation avec lui : il est le père âgé d'un enfant de 30 ans, handicapé cérébral (qui était présent), sa femme est en dialyse, sa fille a un cancer du sein (ils rentraient d'aller la voir à l'hôpital Foch) et 9 membres de sa famille sont morts de ce cancer. Cette longue attention, l'échange avec Ségolène, très attentive, ont certainement constitué pour lui un moment d'éclaircie. Je ne sais pas comment l'écrire pour ne pas tomber dans le pleurnichard.

Ségolène voyage toujours en train et en seconde. Est-ce plus mal que de voyager en avion classe affaire, attendre le départ de l'avion dans le salon VIP'S et arriver en toute dernière minute pour s'asseoir au premier rang ? Bilan carbone comme connaissance des conditions de vie des gens normaux, gagnent-ils davantage à l'une ou à l'autre attitude ?

jeudi 16 octobre 2008

Le socialisme est une idée neuve

Neuve comme ce qui est fondamental et, en tout cas, radicalement actualisée par la crise financière et la crise économique et sociale qui la suivra.

Ce vieux mot, pour lequel des hommes sont morts, au premier rang desquels Jean Jaurès, est aujourd'hui au coeur de l'actualité. Le monde financier, que l'on a laissé sans contrôle et sans règles, fait la démonstration par l'absurde de la nécessité des piliers du socialisme : la nécessité de la régulation par l'Etat, la suprématie du bien public sur les intérets particuliers.

Cette idée de l'actualisation brutale du socialisme a été hier au coeur du discours de Ségolène Royal à Parempuyre. Le mot lui-même de socialisme a été prononcé 22 fois. Avec raison : face à une droite "décomplexée", sachons être une gauche sûre d'elle.

Pour contrer la crise, il faut d'abord la comprendre : elle est née de l'excès de crédit pour pallier à l'insuffisance des salaires. Pour acheter une maison, les banques ont prêté en tablant sur la valeur du bien sans prendre en compte la faiblesse des revenus. De nombreuses maisons ont dû être vendues et le prix de l'immobilier a baissé. Les banques ont alors cherché à se débarrasser de ces crédits insolvables, joliment appelés "toxiques", se "contaminant" les unes les autres.

Six axes principaux :
- maintenir les "prises d'intérêt" de l'Etat dans le capital des banques pour qu'il puisse jouer durablement son rôle de régulation et empêcher que les mêmes causes ne produisent demain les mêmes effets.
- moraliser le système financier et lutter contre les paradis fiscaux en n'acceptant aucun investissement en provenance de ces "paradis"
- endiguer les rémunérations des mêtiers de la finance pour que l'élite des grandes écoles et des universités ne s'y précipitent plus, au détriment des mêtiers de recherche, d'innovation et d'investissement
- le contrôle des fonds d'investissement et des fonds de pension qui imposent des normes de rentabilité extravagants aux entreprises qui sont atteintes principalement par la réduction du nombre des salariés et les délocalisations
- l'abandon de la privatisation de la poste, qui est bien en effet une "banque postale" et qu'il serait plus que paradoxal de privatiser quand on nationalise partiellement les autres organismes bancaires

Un millier de militants (chiffre officiel) a participé à cette soirée. De très nombreux journalistes nationaux avaient fait le déplacement. Ségolène est une star, et ce n'est nullement une critique. C'est aussi grâce à cette qualité qu'elle renouvelle l'attrait de la politique.

mercredi 15 octobre 2008

Collège Cassignol : projet suspendu à l'avis de l'Unesco

Dans un billet d'actualités du canton Grand Parc-Jardin public en date du 6 octobre, j'exprimais mon inquiétude pour le projet de reconstruction du collège Cassignol.

Cette inquiétude, outre les problèmes financiers des collectivités que la crise aggrave, est due à l'hypothèque que fait peser sur la reconstruction l'avis de l'Unesco.

Mon erreur, en toute bonne foi, a été d'exprimer que la Mairie elle-même, avait manifesté sa volonté de suspendre la démolition à cet avis. Il n'en est rien. Le Maire est resté "taisant" sur ce point et le permis de démolir n'est pas remis en question par la demande de l'Unesco de visiter le site (sans précision de date) avant de s'exprimer.

J'ai mis plusieurs jours avant de recueillir très clairement l'avis des services et des élus sur l'impact de l'avis de l'Unesco sur le projet. En premier lieu, d'Alain Marois, vice-Président en charge de la jeunesse et des collèges.

Cet avis, que je partage, est celui-ci : nous attendrons le rapport des experts avant de lancer la démolition de la façade ancienne. Nous nous sommes rencontrés lundi avec Alain Marois et, en quelques minutes, nous avons rédigé un communiqué commun dans ce sens.

Le Conseil Général ne souhaite, en effet, pas prendre la responsabilité de remettre en cause le classement Unesco au cas où l'avis serait défavorable à la démolition. Alain Juppé a exprimé, au sujet de deux autres dossiers (Pont du Perthuis, pont Baccalan Bastide) qu'il était prêt à passer outre. Ce n'est certainement pas une attitude que nous voudrions prendre sans avoir l'avis de toutes les parties, dont la ville. Le patrimoine appartient à tous les Bordelais, et en aucun cas à une seule personne ou une seule institution.

Voilà, l'affaire n'est pas très compliquée, et j'en rends compte avec une totale exactitude comme je l'ai d'ailleurs fait lors du Conseil d'Administration du collège la semaine dernière.

mardi 14 octobre 2008

Quitte ou double ?

Ce soir, en deux heures, nous allons voter pour ou contre un budget supérieur à celui de la nation : 360 milliards d'euros.

il s'agit du "projet de loi de finances rectificatif pour le financement de l'économie, destiné à assurer la confiance dans le système bancaire et financier et à garantir le bon financement de l'économie française".

Qu'en termes tortueux ces choses-là sont dites ! Plus simplement : le financement du système bancaire.

C'est, une fois de plus, une décision difficile pour le Parti Socialiste.

En faveur du vote "pour" :
- la maison brûle, l'urgence impose d'éteindre le feu avant de s'interroger plus avant.
-c'est pour une fois une décision européenne et une vraie décision politique (dont il faut regretter qu'elle soit si tardive).

Mais d'autres éléments incitent à plus de réticence :
- voilà un financement considérable pour un système qui n'est pas le nôtre. Avons-nous raison de le consentir sans conditions, ni garanties ? Ce que nous voulons c'est éviter que pareille catastrophe soit de nouveau possible. Il faut donc que l'Etat, une fois la crise passée, garde ses prises d'intérêt et son droit de regard sur le système.
- Cette somme considérable ne servira, nous dit-on, qu'à servir de garantie. Les ministres répètent en choeur : les banques françaises sont saines et autres variantes sur le même thême. S'il ne s'agit que d'une caution, pourquoi a-t-on besoin de débloquer les fonds ?
- Cet argent est entièrement prélevé sur la dette qu'il viendra aggraver. Qui remboursera quoi et quand ?
- Et, avec raison, beaucoup autour de nous disent : on ne trouve pas dix millions d'euros quand il s'agit de financer un hôpital, on en trouve 300 milliards pour financer les banques !

Le sens de ces réticences est le suivant : le soutien du système bancaire est obligatoire mais il ne peut se faire sans contre partie, c'est à dire sans volonté de l'Etat d'assurer désormais un vrai rôle de contre pouvoir en face des marchés, et sans que l'argent investi ne serve de levier à ce rôle de régulateur. En entrant dans le capital des banques, l'Etat doit y exercer sa responsabilité.

Ce soir nous aurons à voter : pour, contre ou abtsention. Lors de la discussion de notre groupe, j'ai senti que je n'étais pas mûre pour éxercer la fonction de Premier Secrétaire car j'aurais eu grand mal à trancher.

C'est dommage, le matin, en me rasant, j'y pensais...

lundi 13 octobre 2008

L'oxygène du trottoir

Week end de bel automne, donnant des envies de bruns et de verts, de plantes follettes entre les pavés, de dais de verdure, de tous ces petits refuges que sait se ménager la nature dans la plus austère des villes.

Ce sont tous ces petits mystères que célèbre l'exposition de photographies présentée à la bibliothèque du Grand Parc. Titre inspiré, comme tout ce que touche la bibliothécaire Dominique Dat : "L'oxygène du trottoir". Un hymne à la biodiversité et au langage permanent de la nature, pour qui sait le voir et l'entendre, même si ce n'est qu'un petit chuchotement dans le brouhaha urbain.

Où l'on découvre qu'un fier escargot traversant une rue peut représenter la liberté aussi fort que l'étudiant de la place Tien Al Men devant les chars russes. Qu'un trèfle peut avoir le culot de pousser au beau milieu d'une plaque d'égout ou un tournesol entre deux rames de chemin de fer. Ou que le vol léger d'abutillons jaunes peut ridiculiser ces lourds potelets dont nos trottoirs se sont couverts.

Plus émouvant encore, une photographie présentée par les résidentes de la maison de retraite Maryse Bastié sous la houlette de Marina, leur animatrice : leur petit groupe abrité sous le dai de verdure d'un portail dans une rue de pierre. Les résidentes assistaient samedi à l'inauguration de l'expo et, avec raison, elles n'étaient pas peu fières de leur oeuvre qui raconte une très belle histoire.

Cette exposition est un appel a sauvegarder et à favoriser ces petites flaques de verdure au milieu de la ville. Les réglements municipaux permettent de faire autoritairement couper toute plantation qui montre son nez sur l'espace public. Arbres qui se courbent sur la chaussée, lierres, glycines, flaques rouges des vignes vecchii, tout cela devrait être coupé, rasé au cordeau comme la barbe de Moscovici ou le crâne de Laporte. Brr...

Outre l'apaisement qu'ils apportent à qui les découvre et les contemple, chacun de ces végétaux travaille en silence pour le développement durable, en stockant consciencieusement le CO2 de l'air ambiant.

Au propre et au figuré, ils sont notre oxygène.

dimanche 12 octobre 2008

Le Congrès vient-il à l'heure ?

Ce que suggérait le billet précédent -l'incongruité du congrès du Parti Socialiste au coeur de la crise- commence à émerger dans nos rangs. Je m'en ouvrais la semaine dernière à l'ancien secrétaire d'Etat Christian Paul ("Aubriste"), sa réponse fut péremptoire :"si tu veux voir continuer le hollandisme 25 ans, tu ne peux pas t'y prendre mieux ..."

Mon interrogation ne se situe pas sur ce terrain , elle est celle-ci : n'avons-nous pas, plus urgemment que de désigner un premier secrétaire, à envoyer un message d'unité et une réponse commune aux Français ?

Toutes les motions ont des fragments de réponse à la crise, mais toutes ont été rédigées avant le séïsme et n'apporte de réponse suffisante. Ne faut-il pas, comme je le proposais, se mettre autour d'une table pour une expression commune ? Je peux témoigner aussi que quand on réunit des socialistes de tous courants ou sous-courants pour parler d'un problème de fond, l'accord se fait et nul ne saurait repérer un delanoëiste canal historique d'un ou d'une ségoléno-royaliste de fraîche mouture. Ce fut le cas, en commission, pour débattre du RSA, de la loi "dynamisation du marché du travail", et bien d'autres.

Donc : sommes-nous à l'aise pour préparer un congrès, nous regarder en chiens de faïence alors que nous sommes fondamentalement sur la même ligne, par ces temps de bourrasque économique et financière ?

jeudi 9 octobre 2008

Ne pas subir

La crise que nous traversons (que nous allons essayer de traverser) est une interpellation presque aussi forte que l'ont été les attentats du 11 septembre.

Nous nous demandions alors : "comment peut-on sacrifier tant de vies -dont la sienne- , que signifie cette nouvelle forme de guerre ?"

Ce que je ressens aujourd'hui, c'est "comment en sommes-nous arrivés là, à ce point de fragilité ?"

Les deux questions sont différentes. Hier, une force extérieure, était intervenue. Aujourd'hui, l'agresseur est au sein même de notre société, nous en sommes (en tout cas je le sens ainsi) un peu tous responsables.

Pourquoi ? Parce que nous avons confié la majeure partie de nos biens entre les mains d'intérêts financiers. Notre épargne, bien sûr. Nos entreprises, nos usines, notre travail dans bien des cas.

Mais aussi l'éducation de nos enfants : quand des enfants passent trois fois plus de temps devant la télé qu'à l'école, n'est-ce pas remettre une grande partie de ce qu'ils apprennent à des éducateurs qui ne sont en réalité que des vendeurs ?

Nos choix, ce que nous consommons, les vêtements que nous portons sont décidés, non pour nous plaire, pour nous aller mieux, nous faire davantage de bien ou de plaisir, mais pour être à l'origine du maximum de profit. Pourquoi les vêtements n'ont-ils plus de plis, de fines coutures, pourquoi ne sont-ils plus que des variations sur le thème du sac : pour que la main-d'oeuvre soit réduite au minimum et la rentabilité portée au maximum. Pourquoi les tomates viennent de Hollande quand elle pourraient venir de Marmande : pas parce qu'elles sont meilleures, mais parce qu'à ce moment-là, il est plus rentable d'en apporter des tonnes chez nous.

Pourquoi vend-on davantage de barres Mars que de tablettes de chocolat toutes simples : parce que la valeur ajoutée est plus grande.

Même notre santé n'est pas loin d'être soumise à la même logique.

Et nous l'avons accepté.

Je n'ai pas honte de dire que je suis dans un état d'inquiétude et d'interrogation qui me fait voir en noir, très noir, ce qui n'est sans doute que gris moyen.

Hier, je disais que j'attendais du Parti Socialiste un élan très fort d'unité. Oui, je crois que c'est le moment de montrer que nous avons quelque chose à répondre à cette mise en cause fondamentale du fonctionnement de notre société. Oui, je voudrais que les chefs de file de nos six motions se retrouvent pour un document, un élan commun, pour manifester une vision commune de cette crise, pour donner à nous tous des raisons de croire et des raisons d'espérer.

Et avant toutes choses : des moyens de faire, et non pas de subir.

mercredi 8 octobre 2008

Un débat de cour d'école

Très maigre débat cet après-midi à l'Assemblée. Deux petites heures concédées par le gouvernement, et occupées pour l'essentiel de variations sur le thême "le gouvernement contrôle", les ministres sont réactifs, prennent les bonnes mesures, surtout le premier d'entre eux.

François Fillon n'a pourtant guère convaincu, jusque dans sa majorité. Pendant qu'il parlait, le CAC continuait de descendre et l'inquiétude de monter de toutes parts. Qu'on se rassure, un numéro vert va être mis à disposition des PME, où ils trouveront des informations 24 heures sur 24 ! Des informations, pas du crédit permettant de soutenir leurs investissements. La mesure de la crise, les vrais chiffres, le langage de la vérité, n'étaient pas au programme.

François Hollande, au nom de notre groupe, a été seul à être à la fois incisif ("cette crise, ce n'est pas un accident mais un système qui s'effondre. C'est la défaîte de ce que vous appelez la bataille idéologique") et à réclamer des mesures crédibles : un plan européen de sauvetage du système bancaire, le soutien de l'activité des PME à hauteur de la situation (le plan actuel se résume à 30 milliards d'euros pour l'ensemble des PME de toute l'Europe), toute la vérité de la part des banques sur le montant des crédits toxiques dont elles disposent, la non-revente des prises de participation de l'Etat dans les banques, la création d'un fonds national de garantie..

Ce ne sont que quelques notes au vol, écrites dans le train du retour. Je recommande la lecture du discours sur le site de l'Assemblée. Quand Hollande a fini de parler, reconnaissons que nous (la gauche, le PS surtout) avons été particulièrement minables. Pardon de ce mot, mais il est mérité.

Fillon avait été acclamé (à contre coeur) par sa majorité, la gauche aurait du à la fin du discours de Hollande, se lever comme un seul homme pour l'applaudir avec la même force. Quelques uns l'ont fait, j'ose dire à l' instigation du petit groupe, majoritairement féminin, où se situe ma place. Beaucoup étaient au contraire seulement occupés de regarder autour d'eux qui se levait (est-il dans ma motion ? Dans la motion de Hollande ? Que va-t-on penser si je me lève ?..).

Petit, très petit...

J'ai une vision tout à fait contraire de ce que le PS, empêtré dans son congrès, devrait faire en face de la gravité de la situation et du pays qui attend qu'à cette démonstration d'échec , on réponde unanimement et fortement.

RSA : pourquoi nous allons nous abstenir

Disons-le tout de go, je plaide à chaque occasion contre l'absention. Elle est bien souvent transparente, peu lisible, peu compréhensible pour des personnes en difficulté qui peuvent se dire "alors, les socialistes, ça leur est égal...". La rapidité des informations, la brièveté des messages aggrave le fait que les explications d'une abstention ne sont pas toujours reprises par les médias.

Dans le cas du RSA, les raisons de cette abstention sont importantes. Elles étaient esquissées dans le billet du 16 septembre "le travail, une valeur de gauche". Très schématiquement :

- ce dispositif améliorant les conditions financières du retour au travail, nous ne pouvons voter contre.

- la première raison ne nous permettant pas de voter pour, celle sur laquelle il est le plus aisé de communiquer, est le refus du gouvernement d'inclure tous les Français dans son financement ; en clair, de ne pas revoir le dispositif du bouclier fiscal. En l'état, les plus riches seront dispensés de participer à la solidarité.

- la deuxième, qui prend une acuité particulière dans la période de haute menace de chômage et de paupérisation qu'implique la crise financière, est le risque du dispositif RSA de constituer une trappe à temps partiels et à petits salaires. Structurellement, le complément de revenus apporté par le RSA aux temps partiels ou aux salaires les plus faibles va favoriser ces maigres emplois par les entreprises.

Vote solennel ce soir, à l'issue du débat sur la crise financière.

mardi 7 octobre 2008

Noël Forgeard convoqué à la rescousse du RSA

Lors de la séance des questions d'actualité, cet après-midi dans l'hémicycle, l'étrange et tragique défense de Martin Hirsch en face de la question du "bouclier fiscal".

Nous débattons en ce moment à l'Assemblée du financement du RSA. Une des exigences, conditionnelle, du groupe socialiste pour voter en faveur du dispositif est que personne ne soit exclu de son financement. Autrement dit : qu'il ne repose pas seulement sur la taxe de 1,1% sur les revenus de l'épargne, mais que les plus gros patrimoines, ceux que protége le "bouclier fiscal", participent également.

Le Président de notre groupe SRC, Jean Marc Ayrault, ayant, dans une intervention de la semaine passée, évoqué la possibilité que Noël Forgeard, parti en avril 2007 avec un parachute en platine massif de 8,4 millions d'euros, ne contribue pas au financement du RSA, Martin Hirsch a convoqué dans son bureau le dénommé Forgeard pour en avoir le coeur net.

Eh, bien, nous voilà tranquilles : Noël Forgeard, avec son pactole, n'est imposé qu'à 47,5% de ses revenus. Il est donc en deça du bouclier fiscal (50% des revenus) et contribuera donc, pour quelques fifrelins, au financement du RSA !

Martin Hirsch, avec son désarmant sourire, ne s'est pas rendu compte qu'il aggravait, O combien, notre raisonnement ! Si Noël Forgeard n'est pas assujeti à un impôt de plus de 50%, on peut aisément imaginer le montant des patrimoines qui bénéficie du fameux bouclier.

L'objet du débat était, dans cette période de crise suraigüe, de conditionner notre approbation, et cette "unité nationale" que le gouvernement réclame sans s'en donner les moyens, au retour à un impôt maximal fixé à 60% des revenus (ce qui était la situation avant le vote, il y a 15 mois, du "bouclier" à 50%).

Cette décision, au regard des efforts et des sacrifices qui vont être demandés aux classes moyennes ou modestes, serait plus symbolique que véritablement lourde à porter pour les très hauts patrimoines concernés.

La politique rend bête, fait perdre la mesure ordinaire, obscurcit le sens commun. Nous sommes tous restés abasourdis de la démonstration du Haut Commissaire et de son gouvernement.

Deux aspects de la crise financière

La crise des marchés pose en des termes complètement nouveaux deux mesures, prises ou programmées, du gouvernement.

- La première est celle de l'ouverture au marché du capital de la Poste. Qui oserait aujourd'hui prétendre que c'est le moyen souverain pour "recapitaliser" la Poste et lui permettre d'être compétitive vis à vis de ses concurrentes européennes ? C'est un des aspects majeurs de cette crise : elle bouscule jusqu'aux dogmes du capitalisme. Mon collègue et ami Philippe Plisson me disait sur la route (un peu longuette) qui nous menait vers l'Assemblée "On a voulu nous faire croire que le libéralisme était comme le cholestérol : il y en aurait un bon et un mauvais . La crise démontre aujourd'hui qu'il n'y en a qu'un et qu'il se plante !".

- la deuxième concerne l'ouverture à toutes les banques du livret A et l'incroyable proposition de Nicolas Sarkozy d'en vider les tiroirs pour renflouer les banques en péril. Pour mémoire, le livret A, c'est le financement du logement social. Dans la double crise financière et immobilière que nous vivons, il faut au contraire sanctuariser le capital du livret A pour qu'il ne soit pas tari par son ouverture à l'ensemble des organismes bancaires.

Dans toutes les mesures proposées, soyons très attentifs à ce qui est défense des épargnants (par ex les mesures prises indépendamment par l'Irlande) et soutien des actionnaires. Le premier risquant de servir de couverture au second.

Pénitence

Bloquée au sol dans l'avion avec la moitié des parlementaires girondins. Grève semble-t-il d'aiguilleurs du ciel qui filtrent les départs. Le manque d'enthousiasme avec lequel je prends l'avion trouve une fois encore confirmation.

Que font un sénateur et un député quand ils montent dans l'avion : ils parlent du parlement. Nous avons ainsi constaté la bonne tenue de la représentation girondine des femmes, au nombre de huit, principalement grâce au PS ; deux sénatrices : Françoise Cartron et Marie-Hélène Désegaulx, six députées : Chantal Bourragué, Conchita Lacuey, Martine Faure, Pascale Got et ma pomme. Très largement supérieur aux scores nationaux. Bravo la Gironde !

En dépit de cette constatation encourageante, nous nous sommes lamentées sur nos matinées de travail explosées par cette mise en pénitence de une heure dans l'avion arrêté. Je mesure devant l'écran de l'ordi, combien j'ai le cerveau encore embrumé et peu apte à "raconter de belles histoires". L'écriture est le plus formidable des baromêtres. La vitesse à laquelle viennent les mots, la rapidité des petits signes noirs sur les lignes disent mieux que des tests très fins à la fois la sincérité du propos et l'humeur. Je dis souvent que l'écriture est comme le désir : rien ne peut la forcer, rien ne peut vraiment la simuler. La volonté seule ne fera jamais une belle page.

La plupart des journaux autour de moi se replient, les paupières se ferment à demi pour transformer l'attente en somnolence.

Il semble que le départ s'annonce...

lundi 6 octobre 2008

Inquiétude pour le collège Cassignol

En direct du Conseil Général, où nous tenons une réunion sur les projets d'investissement, des informations préoccupantes pour le collège Cassignol, l'un des deux collèges du canton Grand Parc-Jardin public dont je suis l'élue.

Nous avons présenté récemment, avec le vice-Président Alain Marois, le projet d'installation du collège Cassignol sur son nouveau site. Celle-ci suppose de manière malheureusement obligatoire la démolition du bâtiment existant à l'emplacement du futur nouveau collège.

Ce bâtiment a en effet une façade XIXème, agréable sans être historique, qui est incompatible avec les exigences de clarté, d'isolation, d'aménagement global d'un collège moderne. La mairie de Bordeaux vient de nous faire savoir qu'elle refusait la démolition, par soucis du classement UNESCO. Tout à fait entre nous, d'autres projets mettent autrement gravement en péril le classement UNESCO que le collège Cassignol dont le projet est architecturalement très intéressant.

Résultat : projet suspendu aux avis et aux autorisations de la mairie et de l'UNESCO. Les deux ont, entre eux, quelques dossiers litigieux (pont du pertuis, pont Bacalan-Bastide..)

Ceci survient dans un contexte de crise financière qui va avoir de graves impacts sur les politiques du Conseil Général : diminution de recettes de 20 millions d'euros due à la chute des droits de mutation, difficultés majeures à emprunter du fait de la hausse des taux et de la vulnérabilité des organismes prêteurs, diminution des abondements de l'Etat qui ne prend en compte ni le vieillissement de la population. Les investissements du Conseil Général vont devoir être étalés dans le temps et certains peuvent être mis en péril.

dimanche 5 octobre 2008

Politique de l'âge

Dimanche, qui comme une grande part de la journée d'hier va être phagocyté par le rapport "politique de l'âge" que je dois présenter au Groupe SRC de l'Assemblée et, secondairement, à la presse. L'enjeu vaut l'effort.

Depuis quinze mois, le groupe de travail dont j'ai la charge en ma qualité de vice-présidente du groupe a auditionné experts variés, auteurs d'initiatives originales, financiers, directeurs de maisons de retraite, urbanistes ... sur cette question essentielle. Il est étrange qu'elle apparaisse si peu dans nos débats. Je l'ai dit déjà : lors de la présentation des motions au Conseil national, les mots de santé, âge, allongement de la vie, n'ont à aucun moment été présentés sauf pour le dernier par la motion Collomb-Royal.

Mon rapport est bâti en trois parties, ce qui n'a rien de très révolutionnaire : le constat, les rendus du large recueil d'informations et de propositions d'une année de travail, et les axes forts que le groupe socialiste portera à l'Assemblée et devant les Français. Ce que du moins nous leur proposerons.

Dans cette atmosphère difficile du Congrès, je crois plus que jamais au travail thématique : analyse, mise en phase de nos valeurs avec des données dont on n'avait pas même idée il y cinquante ans, et à partir de là, propositions.

Je me mets au boulot. Sûr que je reviendrai bavarder à un moment ou un autre sur le blog, en guise de récréation..

vendredi 3 octobre 2008

En France, une femme à chaque heure meurt (encore) du cancer du sein

Une fois n'est pas nécessairement coutume : plein accord avec Roselyne Bachelot pour faire de "la santé des femmes" une priorité , comme elle choisi de le faire pour son ministère.

N'hésitons pas à nous prendre pour la soeur de Napoléon : il n'est pas exclu qu'une intervention que j'ai faite à l'Assemblée en face d'elle, et où j'avais pris pour exemple d'économies budgétaires, le dépistage précoce du cancer du sein, ait été un tant soit peu pour quelque chose dans son investissement sur le sujet.

Commençons par cela, en ces temps de PLFSS et d'économies budgétaires : un cancer du sein opéré précocement par simple tumorectomie, ayant les plus grandes chances de ne pas connaître de récidives, coûte plusieurs centaines de fois moins cher qu'un cancer qui devient métastatique et qui, d'explorations en hospitalisations, de traitements coûteux en traitements de recherche, d'effets secondaires des traitements en traitements des complications du cancer lui-même, engage des dizaines de milliers d'euros qui auraient été, sur tous les plans, mieux occupés dans le traitement de plusieurs dizaines de cancers précoces.

Ma phrase est compliquée, même si elle est juste. Disons-le autrement : le coût d'un cancer compliqué évité assure le financement de centaines de dépistages !

Est-il besoin de parler du coût humain ? Le long chemin (souvent dix, vingt ans ou davantage) d'un cancer compliqué, sa pénibilité, l'effort surhumain qu'imposent résultats des examens et traitements aux patientes suffit à démontrer l'intérêt, l'urgence d'un dépistage généralisé.

Engagement de ma campagne électorale, cette généralisation est sans doute l'objectif majeur de mon mandat.

Aujourd'hui, les campagnes de dépistage, comme cet "octobre rose" qui a été lancé sur le plan national, touche principalement les femmes socialement, culturellement et cultuellement les mieux informées. Restent en grande partie en dehors du dépistage : les plus vieilles, les plus pauvres, les moins éduquées et celles que les normes religieuses ferment aux manifestations publiques et dont le suivi médical est limité.

A peine 55% de couverture par "le dépistage pour toutes" proposé gratuitement aux femmes entre 55 et 75 ans !

C'est donc une mesure d'équité sociale de généraliser ce dépistage.

Comment ? Actuellement la loi de santé publique ne permet de rendre obligatoire que les actes médicaux concernant les maladies contagieuses (en premier lieu : les vaccinations)

Si nous ne parvenons pas à bousculer ou à contourner cette barrière, nous allons dans le mur, humainement, socialement, financièrement. Suivi bucco dentaire des enfants, dépistage des cancers, accès aux soins, deviennent des marqueurs sociaux. Ils constituent une véritable nouvelle frontière.

Il faudra une aide très forte de l'opinion publique pour gagner cette bataille.

mercredi 1 octobre 2008

Proposition à la Municipalité de Bordeaux : mise à disposition de défibrillateurs dans les lieux publics

Soucieuse de la qualité de vie des Bordelais, je fais chaque mois une proposition à la municipalité de Bordeaux dans ses domaines de compétence.

Pour le mois de septembre, cette proposition concerne la santé publique et la prévention de la mort par arrêt cardiaque grâce à la mise à disposition de défibrillateurs automatiques.

Notre ville est en effet sous-équipée de ce point de vue, et en particulier les lieux sportifs et les mairies de quartier en sont dépourvus.

Ci-après le communiqué relatif à mon courrier au Maire de Bordeaux.

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