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dimanche 30 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 30 septembre 2007 à 11:52 dans Journal
Un des effets collatéraux les plus attristants de l'incendie de ma maison, a été la désertion des oiseaux. Qu'est-ce que cette maison, où on fait mine de nous tenir en amitié, de nous parler, de nous fournir en graines variées, et dans la réalité, ou on nous prépare où un gigantesque barbecue ? ...
Ils ont quitté, si l'on peut dire, le navire plusieurs semaines.
Très bonne nouvelle ces derniers jours ; l'un après l'autre, circonspects, timides et même carrément méfiants, ils se sont de nouveau approchés des petites coupelles pleines de grains que j'accroche savamment autour de la maison. Les graines de tournesol sont parmi leurs favorites, j'en ai fait une large provision.
Deux mésanges charbonnières, jaunes à casque noir, ont été les premières visiteuses. Après quelques voletis rapides, elles sont allées informer leur congénères. Des pics à ventre d'un bel orangé, façon modem, que je n'ai vu décrit dans un aucun livre, ont suivi, puis des moineaux ...
Et ce matin, un petit rouge gorge tout jeune, qui s'est installé tranquillement au milieu du bac de graines, pour signifier que ça y était, les oiseaux n'étaient plus fâchés, la confiance était revenue.
Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses qu'il faille hésiter à les partager largement.
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samedi 29 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 29 septembre 2007 à 10:53 dans Journal
Et si les chiffres, par les temps qui courrent, parlaient plus éloquemment que les paroles ?
Nicolas Sarkozy nous enfume chaque jour par un grand brouhaha de communiqués, relatant ses faits et gestes, eux-mêmes dictés par l'évènement du jour. Cent journalistes ont été recrutés par l'Elysée en CDD d'un an pour renifler le fil du temps et de l'opinion, et produire, produire encore, produire inlassablement, des communiqués capables de satisfaire l'un et l'autre, suivant la technique du "beaucoup de bruit pour rien".
Reste qu'il faut se souvenir de quelques chiffres. Dans les premières semaines de la législature, en juillet et en aout, nous avons voté dans l'urgence un certain nombre de lois, dont le "paquet fiscal".
Treize milliards d'euros à destination des plus riches. Peut-être davantage si un grand nombre d'heures supplémentaires sont réalisées et défiscalisées. En contrepartie, dans le quatrième volet de ce paquet fiscal, 25 millions sont attribués au Revenu de Solidarité Active de Martin Hirsch. Avec un peu d'esprit polémique, cela veut dire que Nicolas Sarkozy aime 600 fois plus les riches que les pauvres.
Grâce à ce même paquet fiscal, les 1000 contribuables les plus riches ont déjà reçu une petite enveloppe de 300 millions d'euros, en remboursement du "trop perçu" au regard du bouclier fiscal. C'est à dire une maisonnette de quatre ou cinq pièces pour chacun d'eux, qui en a pourtant en général plusieurs.
Depuis la semaine dernière nous connaissons le déficit de la Sécurité Sociale : 13 milliards d'euros aussi, le plus important que la Sécurité Sociale ait jamais connu depuis sa création. Pour en combler une part minuscule, les malades sont appelés à contribuer, et cela d'autant plus qu'ils sont davantage malades. Cinquante centimes d'euros par boite de médicament, consultation ou acte médical, acte de laboratoire.
Acte de laboratoire, veut dire pour chaque test éffectué, et non par exemple pour chaque prélèvement sanguin. Ainsi une prise de sang comportant une numération formule, un dosage de la CRP, des transaminases, des phosphatases... comme cela est très fréquent correspondra à une "franchise" d'autant de fois cinquante centimes qu'il y a de tests.
Ces "franchises" (on arrive mal à écrire ce nom si peu sincère) rapporteront par grand vent 800 millions d'euros. On aurait pu admettre, si leur montant avait été lié aux revenus, comme par exemple la CSG. Ce n'est évidemment pas le cas : "les pauvres ne sont pas riches mais ils sont nombreux" est un principe éternel du credo sarkozien.
Je pourrais vous faire toute une page de chiffres éloquents : la dette publique grimpant de 30%, le déficit du commerce extérieur, le tassement de la croissance...
Fariboles que tout cela. Le Président a dit, le Président veut, le Président décide... Qu'est-ce donc que ces chiffres qui n'obéissent pas à la volonté présidentielle ? Qu'en avons-nous à faire ! On les interdirait bientôt que nous ne devrions pas nous en étonner outre mesure.
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mercredi 26 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 26 septembre 2007 à 23:44 dans Journal
Sujet assez technique aujourd'hui à l'Assemblée : la ratification du Protocole de Londres relatif au protocole linguistique de dépôt de brevet européen. Cette seule phrase montre que nous sommes assez loin de la poésie romantique.
Peut-être pas si loin pourtant, puisque le sujet a déchaîné des passions : la ratification de ce protocole correspond-elle à un recul de la francophonie ? Au sein même de notre groupe et lors de deux réunions successives, les interventions ont été très argumentées et toutes intéressantes.
La question est celle-ci. Une demande de brevet comporte obligatoirement deux parties :
- les revendications définissant l'objet de la protection demandée, c'est à dire expliquant pourquoi l'objet du brevet est original, constitue un progrès ou une innovation et pourquoi la "paternité" doit en être désormais reconnue au déposant. C'est la partie juridique essentielle du brevet.
- la description (éventuellement accompagnée de dessins) expose l'état antérieur de la technique, le problème technique et la solution technique apportée (en quelque sorte, c'est le mode d'emploi).
Actuellement, l'obtention du brevet impose la traduction de l'intégralité de la demande (description et revendications) dans les trois langues officielles de l'office européen des brevets : français, anglais, allemand.
Pour diminuer le coût de la démarche (en particulier pour les PME), le protocole propose une simplification :
- pour les pays dont la langue est une des trois langues officielles, la totalité de la demande doit être disponible dans cette langue, et les revendications disponibles dans les trois langues
- pour les pays dont la langue n'est pas une des trois langues officielles, une langue officielle doit être désignée pour l'ensemble de la demande et le pays conserve le droit d'exiger une traduction des seules revendications dans les trois langues officielles.
Concrêtement, pour le français, cela signifie que les deux parties ne seront pas pour la totalité des brevets traduites ou rédigées dans notre langue. La première partie (revendications) le demeurera.
D'où le tollé des défenseurs rigides de la francophonie : c'est une régression, nous baissons les bras une fois de plus !
Très clairement, je n'étais pas de cet avis. C'est comme demander que toutes les publications scientifiques soient traduites en français. Nous savons, tout simplement, que si c'était le cas nous limiterions l'entrée des connaissances mais aussi la diffusion des travaux de nos scientifiques.
Défendre la francophonie, c'est l'enseigner, attirer des chercheurs et des étudiants sur notre territoire, défendre notre niveau technique et scientifique ; ce n'est pas s'arc bouter sur des problèmes de traduction qui pénalisent les utilisateurs comme les déposants de brevet.
Cette position l'a emporté dans notre groupe et nous avons voté ce texte, qui était d'ailleurs soutenu par les grandes instances scientifiques (CNRS, Inserm..). Je crois que c'est faire preuve à la fois de modernité et d'esprit d'ouverture. La vraie ouverture, celle de l'esprit et de l'attitude politique.
Je cite souvent un de mes amis "l'esprit est comme le parachute, il ne fonctionne que s'il est ouvert".
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mardi 25 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 25 septembre 2007 à 22:52 dans Journal
Je prolonge le billet précédent et les commentaires qui l'ont entouré en racontant tout simplement ma journée à l'Assemblée. D'abord parce que j'ai la flemme de faire autre chose sinon bavarder familièrement, comme quelqu'un qui rentre à la maison et raconte de ce qu'il a fait. Les comptes de la Sécu, les retraites, les prisons, tout cela je n'ai pas envie à cette heure de l'aborder de front.
Départ à l'aube chantante ce matin, réunion des vice présidents du groupe socialiste, puis réunion de l'ensemble du groupe. A l'heure du déjeuner, avec Charlotte, qui est depuis ce jour mon assistante parlementaire à Paris, nous avons mis en place notre bureau parisien, organisé le travail que désormais nous allons partager et commencé à écluser la tonne et demie de courrier que chaque député reçoit chaque semaine. Je suis chaque jour plus écologiste en voyant les corbeilles pleines à ras bord de tout ce qu'il faut jeter. J'ai clairement indiqué à Charlotte que la corbeille à papier me paraissait depuis que je suis députée l'instrument numéro un de la vie parlementaire. Dans la foulée, nous avons décidé d'en commander une deuxième...
Cette séance de travail, devant un somptueux café au lait droit sorti du distributeur, s'est poursuivie par la séance parlementaire tout court. Rachida Dati présentait le projet de loi instituant la mise en place d'un contrôleur des "lieux privatifs de liberté". Ce projet n'est pas le pire de tout ce qui nous a été présenté, d'autant que la loi a été largement amendée au Sénat.
Pendant le même temps, j'aurais due être à la commission affaires sociales et culturelles. Pardon rlj2 (un des commentateurs qui m'a fâchée très fort), je n'ai pas pu participer simultanément aux deux.
Pire que cela, j'ai du quitter la séance pour être partie prenante du groupe "retraites et plan de financement de la sécurité sociale". Le sujet n'est pas simple, nous auditionnions les responsables syndicaux de l'UNSA, syndicat majoritaire à la SNCF, sur les régimes spéciaux.
Bref passage au bureau pour finir d'écluser le courrier, départ comme un V2 rue de Solférino, qui comme chacun sait est non seulement une victoire de Napoléon mais le siège du parti socialiste. Réunion de la commission santé, toujours sur le PLFSS (plan de financement de la sécurité sociale). Il y a de quoi dire : le déficit est abyssal, jamais des chiffres aussi catastrophiques n'ont été atteints, il faut maintenant, non seulement dénoncer l'échec absolu du plan Douste-Blazy, les franchises, mais aussi PROPOSER. Et en la matière, ce n'est pas tout à fait rien.
Retour à l'Assemblée. Je viens d'aller grignoter des carottes rapées et du jambon (il ne restait plus rien d'autre) à la buvette. La séance se poursuit en ce moment même, ma collègue Martine Faure du langonnais vient d'y partir, je suis pour ma part rentrée pour ce moment de récréation que j'aime entre tous (faire le blog) et m'attaquer à mes mails.
J'ai appris plein de choses, la journée a été assez assez dense mais je l'espère pas tout à fait inutile. Ou du moins, son utilité dépendra de ce que je parviendrai à faire de ce que j'ai appris et de ce que j'ai moi-même versé dans le débat.
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dimanche 23 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 23 septembre 2007 à 12:11 dans Journal
Une discussion peu amène s'est élevée à la suite des billets consacrés à la loi "maîtrise de l'immigration". L'objet en est la présence des députés dans l'hémicycle, en particulier au moment des votes, et leur prise de parole.
Je tiens à y répondre avec rigueur, ne serait-ce que parce que j'ai été mise en cause, au demeurant avec une légère absence de mesure.
Il n'a échappé à personne que la gauche n'était pas majoritaire à l'Assemblée. Le groupe socialiste, républicain, citoyen compte 204 députés, le groupe "technique" associant communistes et verts une poignée supplémentaire, le modem 4 députés, tout le reste relevant de la droite de stricte obédience gouvernementale (UMP et "nouveau centre").
A notre arrivée à l'Assemblée, les trois nouvelles girondines (Pascale Got, Martine Faure et ma pomme) ont eu la même bonne idée que l'un des commentateurs et nous nous en sommes aussitôt ouvertes à Jean Marc Ayrault, président de notre groupe : ne pourrions-nous arriver massivement au moment du vote d'un amendement ou d'un texte qui nous tient à coeur et faire pencher ainsi par surprise le vote en notre faveur ?
Nous étions étonnées que personne n'ait eu cette idée lumineuse avant nous...
Malheureusement, si ; les députés socialistes malgré le peu de bien qu'en pensent Franck ou rlje2 (les commentateurs les plus vifs à notre encontre) ne sont pas si peu éclairés ou si paresseux. Non moins malheureusement, le député UMP n'est pas non plus un poussin du jour...
En cas d'équilibre incertain dans l'hémicycle, un Président de groupe peut aussitôt demander une interruption de séance. "Elle est de droit", lui est-il, répondu. Pendant cette interruption de séance, le même président rappelle ses troupes en proportion de ce qui risque de manquer au vote. Car contrairement à ce que pense nos contradicteurs, le député, de gauche comme de droite, n'est ni à la plage, ni aux folies bergères. Un très grand nombre est tout bonnement dans son bureau.
L'opération "surprise" n'a réussi qu'une fois au moment du PACS. Lors de cette nouvelle session parlementaire, nous l'avons emporté une fois également d'une voix, grâce au vote inattendu de députées UMP avec la minorité de gauche et nous avons fait ainsi passer un amendement.
Pour le vote de l'ensemble de la loi, la revue des troupes est plus vigilante encore. Si les socialistes avaient été plus nombreux, les UMP l'auraient été plus encore. C'est attristant de sentir en effet que notre présence est de peu d'effet : aucun amendement n'est retenu par la droite (ce serait pourtant cela l'ouverture !). De plus, comme je l'ai exprimé, la loi sur l'immigration, à laquelle personne ne croit, est d'abord un affichage médiatique auquel nous sommes contraints de prêter la main par notre présence et nos interventions.
Le problème de la prise de parole maintenant. Un des commentateurs n'accorde un satisfecit qu'au député communiste Braouzec. J'ai passé une bonne part des séances à côté de lui, nous avons totalement convergé sur le fait que cette loi est destiné à fixer l'électorat bien plus encore qu'à diminuer l'immigration de quelques milliers. Ses interventions ont été convenues mais bonnes, il a pleinement rempli son rôle.
Cela a été plus encore le cas de notre rapporteur, George Pau-Langevin. Remarquable nouvelle députée de Paris, la seule députée de couleur (elle est antillaise) élue sur le continent. J'aurais eu plaisir à ce que la lecture de Franck soit élargie à sa prestation. Non, Franck, le ou la socialiste n'est pas systématiquement un toquard nanti et paresseux !
On ne prend pas la parole librement dans l'hémicycle. Un rapporteur, des intervenants pour expliquer les votes, commenter les articles et présenter les amendements sont désignés au sein de la commission dont relève le texte de loi. Pour l'immigration, il s'agit de la commission des lois.
La seule parole libre est la réponse aux décisions du gouvernement après présentation des amendements, encore faut-il qu'il n'y ait qu'un intervenant par groupe. On peut aussi quelquefois présenter des amendements, même s'il n'appartiennent pas à sa commission, après accord du rapporteur, ce qui a été mon cas pour la loi sur l'immigration.
Donc, cher Franck, cher irlje2, cher Michel, ne pensez pas forcément qu'un député socialiste qui ne parle pas est forcément au Fouquets ou à la chasse aux papillons. Toute bonne critique demande une bonne connaissance de fond des règles et des pratiques.
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samedi 22 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 22 septembre 2007 à 14:08 dans Journal
.. et je l'espère, fin. Non, je ne parle pas des résultats de notre équipe, mais de notre "léger" différent avec l'organisation de la coupe du monde concernant les parkings de l'hôpital Charles Perrens et de l'Université mis à disposition gracieuse par nos établissements et facturés 21, 50 euros aux utilisateurs.
Réunion d'explication et de conciliation hier à notre demande (Charles Perrens). Déplacement de M Thobois, directeur général de l'organisation au plan national.
Je vous le fais en abrégé : la réunion a duré plus de deux heures. Nous avons eu transmission, de manière reconnaissons-le très tardive -ce qui ne va pas sans interrogations- de la répartition de nos places de parking et du budget de ce poste "parking" au plan notional. Il semble que toutes "nos" places n'aient pas été vendues à titre onéreux et que certaines aient été mises à disposition des personnes à mobilité réduite. Voilà qui aurait dû être précisé dès la convention si c'est en effet la réalité.
Nous avons obtenu que pour les deux matchs restant à jouer à Bordeaux
- aucune place du domaine hospitalier ou universitaire ne serait mise à disposition à titre onéreux
- que le contingent libéré par ce principe serait remis sous notre contrôle et que nous les mettrions nous mêmes à disposition du personnel hospitalier ou universitaire, des personnes handicapées et des journalistes accrédités.
Négociation très mesurée, puisque nous n'avons demandé aucun remboursement des sommes perçues par l'organisation pour les deux matchs précédentes mais que nous avons obtenu satisfaction sur le principe de base de notre action : la mise à disposition du domaine public pour le bien public.
Voilà. Je voulais donner ici l'actualité de cette question qui a fait l'objet de deux billets précédents et qui, fondamentalement, n'est pas insignifiante puisqu'elle pose la question de l'utilisation du domaine public et des dérives commerciales du sport.
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jeudi 20 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 20 septembre 2007 à 18:25 dans Journal
J'hésite à évoquer de nouveau le profond malaise que j'ai ressenti au cours des dernières 48 heures, où nous avons débattu à l'Assemblée du texte "maîtrise de l'immigration". Mais je n'ai qu'un court moment avant le Conseil Socialiste de ville, ma journée a été grandement occupée de cet art particulier qu'ont les hommes de donner de l'importance à ce qui n'en a pas, je reviens donc sur ces deux journées.
Le texte de la loi n'est pas innocent. Son but parait simple : limiter l'immigration au titre du regroupement familial. On peut discuter du sujet, il ne me parait pas dominer le dossier de l'immigration car il touche un nombre relativement réduit de personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ce qu'on oublie de dire et de répéter. Non vraiment, ce n'est pas l'urgence de ce début de siècle de priver de famille ceux qui ont un travail légal en France, non plus que ceux qui sont tout bonnement Français et ont commis le crime de lèse-Sarko d'épouser un étranger.
Bon d'accord, je suis un poil polèmique par cette dernière partie de phrase, ou du moins par sa formulation, car c'est la stricte réalité.
Le moyen de cette limitation est soi-disant la connaissance du français et des valeurs de la République. Ce qui a valu, en réponse à nos interventions, quelques belles envolées de M Mariani ou de députés UMP particulièrement éclairés "Mais alors, est-ce que vous n'aimez pas la langue française ? N'honorez-vous donc point les valeur de la République ?"
Quand on me prend ainsi, à la notable, ne le dites surtout à personne, j'ai envie de répondre "la langue française, je m'en fiche, la République, je m'en tape, tout ça c'est du flan !".
Ou encore, dans un registre tout différent, de monter d'un cran dans la notabilité, de citer Lamartine ou Paul Déroulède, au choix... Bon, passons.. Revenons à la loi.
Le moyen donc qu'a trouvé le ministre Hortefeux de maîtriser les "flux migratoires", c'est la connaissance du Français et des immortelles valeurs de la République, connaissance sanctionnée par un test, de nature non précisée.
C'est là que le député UMP (je parle du député UMP de référence) a débordé de propositions. L'un (M Mariani lui-même) a proposé de rédiger un opuscule sur les 100 valeurs clefs de la République et le moyen de les éprouver. Avec ma voisine de rang, nous n'avons été capables de trouver que trois questions vraiment pertinentes
1 - Quel est le nom du Président de la République ?
2 - Quel est le prénom de son épouse ?
3 - Où passent-ils leurs vacances ?
Même à cela, je ne suis pas sûre qu'une femme Burkinabe analphabète, ou un écolier d'Oulan Bator, ayant l'un et l'autre fait à leurs frais 1000 kms pour se rendre au Consulat le plus proche passer le test, sache répondre. Il faut mieux faire connaître la République.
Un autre député a proposé que langue française et valeurs de la République puissent être "testés" par une épreuve souveraine : la connaissance et la compréhension du premier couplet et du refrain de la Marseillaise.
Fulgurant ! J'avoue que la réponse à cette proposition a été ma seule part au débat. L'épouse burkinabe ou le petit oulan batorien de tout à l'heure seront en effet utilement testés en récitant et expliquant des phrases comme "qu'un sang impur abreuve nos sillons", ou encore "entendez vous mugir ces féroces soldats?"...
"L'étendard sanglant est levé", lui-même, est difficile à faire passer à nos propres enfants sans leur expliquer en deuxième semaine, et retour en troisième semaine, le contexte historique de ces mots. Reportez-vous au texte, il faut vraiment penser à Valmy et aux jeunes poitrines qui s'offraient aux baïonnettes ennemies pour comprendre et accepter.
Mais Valmy, c'est loin du Burkina et moi, je me suis laissée complètement dérouter de l'explication de mon malaise pendant ces deux jours.
Pourquoi donc : parce que le ministre lui-même ne croyait pas à ce texte, qui n'est qu'une sorte d'avoine donnée aux ânes pour fixer l'électorat de la droite de droite avant les municipales. L'arsenal législatif n'existe déjà que trop. Le regroupemement familial peut attendre des mois ou des années avant que l'on ait trouvé l'homme qui a vu l'homme qui sait quel papier il faut fournir en trois exemplaires tamponnés et certifiés par l'état civil local.
Parce que, je vous le disais tout à l'heure avec une familiarité qui ne m'honore pas : cette loi, c'est du flan médiatique.
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mercredi 19 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 19 septembre 2007 à 22:08 dans Journal
Une jolie histoire de députée rentrant sagement de l'Assemblée. Dans cette belle enceinte, à l'entrée de la bibliothèque il y a un tableau monumental représentant une séance dans l'hémicycle. Il est signé d'un peintre fort peu connu, curieusement une femme, Rosalie Decelle et daté de 1907.
Le sujet a attiré mon regard "Jaurès à la tribune, face à Clémenceau". Voyant mon intérêt, un des merveilleux huissiers de l'Assemblée s'est approchée de moi
-"C'est un tableau qui voyage beaucoup..."
Ses voyages ont été nombreux depuis 1907 mais de courte distance. Quant la gauche est majoritaire, elle l'installe dans le salon Colbert, salle prestigieuse où ont lieu les réunions du groupe majoritaire. Quand, au contraire, comme c'est malheureusement le cas en ce moment, la droite est majoritaire, elle le fait aussitôt porter dans l'antichambre de la bibliothèque, où il attend des jours meilleurs...
Comme nous.
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mardi 18 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 18 septembre 2007 à 18:43 dans Journal
Après avoir entendu le ministre Brice Hortefeux et Thierry Mariani, rapporteur de la loi "immigration maîtrisée", je suis de plus en plus convaincue que la loi qui nous est aujourd'hui proposée est en grande partie un leurre à visée électorale.
La loi comporte ce qu'il faut de provocant (l'amendement Mariani sur les tests ADN) pour enflammer la presse et faire très justement se soulever l'opposition. En réalité, cette loi n'a pas d'utilité nouvelle ; trois l'ont précédée depuis 2003, régissant à peu près les mêmes sujets et en particulier le problème des mariages de sujets français avec des étrangers. La pratique quotidienne nous montre que malheureusement l'arsenal législatif permet de durcir l'attidude de l'Etat au gré des gouvernements sans qu'il soit nécessaire de changer la loi. Les quotas fixés actuellement aux préfets le démontrent.
Le problème est me semble-t-il d'occuper l'opposition, en balançant devant elle ce chiffon rouge, comme le matador le fait devant les yeux du toro. Et plus encore de satisfaire l'opinion, en la divertissant là aussi des problèmes et des échecs réels de Sarkozy et des gouvernements précédents. Nous avons écouté aujourd'hui à plusieurs reprises ce leit motiv : 74 % des Français sont favorables à la limitation de l'immigration et donc favorables à cette loi.
Qui peut n'être pas favorable à la régulation, au contrôle de l'immigration, non plus que souhaiter que les personnes accueillies le soient dans des conditions décentes qui leur permettent de trouver leur place socialement et professionnellement ? C'est à cela que les Français répondent quand la question leur est posée.
Une autre raison m'amenant à croire que cette loi n'est qu'un leurre destiné à donner du grain à moudre à l'opinion, c'est le nombre relativement réduit des personnes concernées : les époux ou épouses étrangers de Français, les enfants de résidents légaux ou de Français d'origine étrangère. Il est difficile de donner un chiffre précis : probablement quelques milliers au regard des 300 à 400 000 étrangers irréguliers sur le territoire.
J'ai quitté la séance, qui reprend ce soir en nocturne, pour aller à une autre réunion. Je suis un peu mal assurée dans ce que je viens d'écrire mais il me semble que cette impression que la loi est utilisée à des fins autres que législatives gagne du terrain dans nos rangs.
54 commentaires
Par Michèle Delaunay,
mardi 18 septembre 2007 à 08:21 dans Journal
Je me mets au travail avec un vrai plaisir dans mon bureau tout blanc. Preuve s'il en était besoin que ce dont je rebats les oreilles de tout ce qui m'entoure est vrai: les conditions de travail sont aussi importantes que le temps de travail. Une école qui n'est pas claire, propre, bien éclairée, gaie ne donnera aux enfants "le goût de l'étude" (même l'expression "goût de l'étude" est maintenant un peu désuète quand elle serait si opportune dans ces temps où la finalité du travail est si durement mise en question).
Tout à l'heure je vais rejoindre le bureau des vice-présidents, puis la première séance du groupe socialiste. A quinze heures, ouverture de la nouvelle session extraordinaire avec la loi "Maîtrise de l'immigration, intégration, asile". L'intitulé des lois n'est jamais innocent et il n'est pas mauvais d'en analyser chaque mot.
Pour moi, cette loi a été bien introduite par le rappel à l'ordre que m'a adressé M le Préfet apprenant (par un courrier de ma part) que je m'appretais à célébrer un parrainage républicain. Savons-nous assez en effet que tout citoyen français qui "facilite l'entrée ou le séjour" d'un étranger en situation irrégulière" est passible d'une amende et d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans ? La simple aide, l'accompagnement d'un immigré dans cette épreuve qu'est de vivre, souvent de survivre, dans un pays qui n'est pas le sien et dont il a à apprendre la langue relèvera-t-elle bientôt dans les faits de la justice ?
J'ai fait trois parrainages républicains de personnes étrangères (les deux précédents, il s'agissait de fratries d'enfants). Jamais je n'avais reçu semblable rappel. La convocation des préfets par Sarkozy n'est sans doute pas pour rien dans ce durcissement.
Mesure d'intimidation sans doute pour les prochains élus, ou non élus, qui souhaiteraient parrainer. Quant à nous, nous demeurerons dans l'attitude de responsabilité et de mesure qui est la nôtre. Accompagner, soutenir, aider, ceux qui par leur travail, leur apprentissage du français, leur situation familiale ou leur santé, méritent qu'on les reçoive dans notre communauté de citoyens et de frères humains.
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lundi 17 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 17 septembre 2007 à 19:24 dans Journal
Fin de la journée parlementaire à la maison de la chimie. François Hollande au top pour son discours de clôture, très construit, très maîtrisé, limpide.
En première partie, le bilan des cinq mois de pouvoir sarkozien : croissance à plat, pouvoir d'achat amputé, crise financière, commerce extérieur en déficit de 35 milliards (allemagne : excédent de 125 milliards), isolement de plus en plus manifeste de la France sur la scène européenne. Tout cela exprimé sans excès ni caricature.
Ensuite une analyse de la situation politique proprement dite : un président omni-présent, pour qui gouverner c'est annoncer, et nommer un problème c'est déjà paraître le régler. Le gouvernement et le premier ministre effacés, alors qu'eux sont responsables devant le parlement. Tout affaiblissement du gouvernement est, de fait, un affaiblissement du parlement.
Enfin, ce que doit être notre attitude. Je me suis amusée de trouver dans les mots de Hollande, deux des trois parties de mon slogan législatif : soyons unis, soyons forts. Les municipales vont marquer toute la suite du quinquennat Sarkozy et nous devons montrer à cette occasion aux Français que nous sommes utiles : utiles localement, mais aussi utiles par notre volonté et de capacité de contenir les erreurs et les errements.
Pour finir et avec gravité, quelques mots sur les paroles mystérieuses de Kouchner laissant craindre une possible guerre avec l'Iran. Ou le ministre a des renseignements qui doivent être communiquées au Parlement, ou il doit s'expliquer sur ses paroles particulièrement hasardeuses, en considération de la guerre qui évolue comme on sait à la frontière même de l'Iran.
On peut juger de la qualité d'un discours à ce qu'on en a gardé, une fois qu'il est achevé. Celui là était précis et net, et il me semble que je pourrais le réécrire tout entier. Le sommet de la journée a pourtant été une courte intervention de Robert Badinter. Trois minutes de limpidité pour expliquer que le parti socialiste en tant que tel n'avait en aucun cas à aller plancher devant la commission Balladur sur les institutions. La tribune du Parti Socialiste, ce sont les Français et l'opinion publique, non une commission dont la finalité est de faire paraître consensuelles des modifications visant à permettre en particulier au Président de se rendre devant le parlement sans avoir à répondre devant lui. Paroles magistrales, sobres, prononcées sans aucun effet de voix ni de manches.
Puissions-nous comme vous en exprimez tous le souhait, retrouver une voix solide, signifiante et tournée vers cette réalité à laquelle nul ne peut échapper.
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Par Michèle Delaunay,
lundi 17 septembre 2007 à 14:44 dans Journal
Le bonheur... Grâce à mon wifi volant, m'éclipser d'un déjeuner un peu longuet juste pour aller clavarder un brin et parler de tout et de rien. Journée parlementaire de rentrée. Sénateurs et députés PS de tout poil, ou plutôt de toutes régions, qui parlent entre eux ... des prochaines élections municipales dans leur fief, tant il est vrai que nous sommes tous impliqués dans cette prochaine échéance qui peut être l'occasion de sonner l'état de grâce sarkozien et de réussir localement ce que nous n'avons pas réussi trois fois de suite globalement.
Discussion sur les municipales donc pendant le déjeuner. J'étais à une table nantaise où mon implication n'est pas directe, d'où ce petit "délit de fuite" pour aller consulter mes mails et déposer une carte postale sur l'écran du blog.
Le brouhaha des salles où plusieurs centaines de personnes mangent ensemble est à la fois rassurant et inquiétant. Je ne l'ai jamais aimé à la folie. Pour tout vous dire, je crois que je suis une vieille ourse sauvage et quelques uns des aspects de la vie parlementaire me demandent un léger effort d'urbanité. Mais tout cela n'est pas très dur et ne mérite pas une compassion excessive.
Juppé dans Sud Ouest ce matin parle de "reconquête" électorale. A vrai dire, nous aussi. Vous ai-je dit que nous avions dénommé ma permanence parlementaire "la maison de la reconquête socialiste" ? ...
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Par Michèle Delaunay,
lundi 17 septembre 2007 à 12:52 dans Journal
Journée parlementaire en direct de la maison de la chimie. Je ne suis pas si tôt rentrée en séance, qu'un journaliste m'aborde "Que pensez-vous de ce qu'a écrit Jospin à propos de Ségolène Royal et de sa candidature aux présidentielles.
J'en pense exactement ce que je pense de la masse de livres parus cette rentrée et concentrant notre énergie exclusivement à la flagellation interne. Combien je préfèrerais que nous la tournions vers l'extérieur, vers les enjeux dont chaque jour nous livre la gravité.
Le dommage est double : je suis sûre que les médias parleront bien davantage de ce couac littéraire que des travaux de la journée.
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dimanche 16 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 16 septembre 2007 à 15:26 dans Journal
Une mauvaise interprétation de ce que l'on appelle "cancers de cause externe" (ou "cancers exogènes") a conduit à penser que ces cancers étaient dus à l'environnement. De nombreux verts on suivi dans ce contresens le Pr Belpomme qui déclarait à tout va que "80% des cancerts étaient dus à l'environnement.
Plus de 80 % des cancers sont dus en effet à des causes extérieures, c'est à dire comme dirait M de La Palisse, des causes non internes à l'individu, au premier desquelles les facteurs génétiques et à un moindre degré hormonaux.
Un travail français de l'académie de médecine vient de confirmer ces données. En 2002, 278 000 nouveaux cas de cancer ont été découverts, et 150 000 décès par concer sont survenus. Ceci correspnd à une augmentation des cas de plus de 20% depuis 1980. Parmi les causes de cette augmentation, toutes ne sont pas fâcheuses : l'allongement de la vie, l'amélioration des moyens diagnostique. Pour nombre de cancers, l'augmentation de fréquence ne s'accompagne d'une augmentation de la mortalité.
Parmi les causes malheureusement avérées et indiscutables, le tabac est de très loin le premier. Beaucoup d'entre vous connaissent mon inaltérable faculté à casser les pieds à tous ceux que je vois une cigarette à la main (et plus de trois dans la journée). Un tiers des morts par cancer chez l'homme sont dus au tabac, et ce ne sont en aucun cas des morts enviables. Chez la femme, un cancer sur 10 est dû au tabac. La parité n'est pas une ambition dans tous les domaines.
Les cancers liés à la pollution de l'eau, de l'air ou de l'alimentation ne représentent que O,5 % de l'ensemble. On est très loin des 80% proclamés par certains.
Quelle est la bonne nouvelle dans cette suite de chiffres noirs : c'est qu'un nombre important de cancers sont évitables. Et ce sont souvent ceux que l'on guérit le moins bien.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 16 septembre 2007 à 10:18 dans Journal
Matin dans mon jardin en forme de champ de bataille. Les marrons tombent comme des boulets sur les morceaux de zinc, les poutres, les ferrailles encore accumulés. Plus loin, des sirènes d'ambulance ou voitures de pompiers, réveillant la ville et lui rappelant qu'elle est fragile. Hors cela, tout est tendresse, douce lumière, ombres chinoises des feuillages, petits cris de révolte des oiseaux qui voudraient qu'à cette heure l'espace sonore soit à eux seuls.
Un très beau poème a éclot en commentaire de mon dernier petit billet. Nous parlions hier avec Jean Mandouze, dans cette heure incertaine qu'on appelle curieusement "entre chiens et loups" du privilège que constitue la familiarité avec la nature et la connaissance de ses signess. Comme moi, Jean regarde le ciel, connait la course des heures, identifie les couleurs et les odeurs différentes des saisons. Beaucoup mieux que moi, car en sa qualité de marin il a parcouru des mers qu'aucune illumination troublait, il identifie les étoiles et les constellations présentes dans le ciel selon l'espace et le temps.
Ce priviligège de communion-conversation devrait être inscrit dans la liste des droits de l'homme et la LDH devrait veiller à son respect. Hier, à cette heure de chiens et de loups, un pourcentage considérable d'humains des villes étaient devant leur télé. Beaucoup avaient fait leurs achats dans des magasins sans fenêtre constamment éclairés à la lumière électrique quelle que soit l'heure et la saison. Entre les deux, ils avaient fait le chemin en voiture. Bref, ils ne pouvaient rien découvrir et savoir du jeu des ombres et des lumières sur les arbres et les façades, leur journée aurait pu se dérouler en mars comme en novembre, elle était, littéralement, artificielle.
C'est le cas bien sûr de beaucoup de mes journées aussi : auto, hosto, dodo hier ; train, bureaux et agitation quelconque aujourd'hui. Mais à la moindre halte, je regarde et je respire, je reprends pied et souffle.
Entre temps, les oiseaux ont eu raison des sirènes, la lumère arrive jusqu'à la petite table où j'ai installé mon ordi. Je voudrais que mon wifi volant transporte toutes ces bonnes ondes jusqu'à vous.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 16 septembre 2007 à 02:19 dans Journal
Parmi les moments que je préfère : la nuit, quand il fait doux, demeurer dans le noir, fenêtres ouvertes à écouter le silence.`
Et puis, au bout d'un moment, se relever, écrire deux lignes, comme si on rouvrait les yeux sur le monde et reprenait la conversation.
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samedi 15 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 15 septembre 2007 à 16:54 dans Journal
Mon jardin ressemble encore à Nuremberg après les bombardements, mais au moins peut-on y accéder, les 20 tonnes de papier brûlé et mouillé, de poutres et de gravats variés, ayant été enlevés, brouette par brouette, par une équipe particulièrement efficace d'une entreprise spécialisée dans cette tâche ingrate.
Doux soleil sur les moustaches roussies de mon marronier. Je reprends brièvement pied avant de repartir lundi pour la journée parlementaire du PS et l'ouverture d'une nouvelle session extraordinaire du parlement, inaugurée par une nouvelle loi sur l'immigritation visant à réduire les possibilités de regroupement familial.
Comme cela a déjà été largement annoncé dans la presse, une des mesures envisagées, votée par la majorité de droite de la commission des lois, est la possibilité de faire des tests ADN aux parents et aux enfants pour établir de manière certaine leur filiation.
La base du droit étant, selon un vieux principe hérité de Kant, que toute loi destinée à chacun puisse être applicable et bénéfique à tous, je me propose d'exprimer à notre assemblée mon assentiment à cette mesure, à la seule condition que tous les députés masculins de l'hémicycle, largement majoritaires comme on sait, acceptent et même expriment le souhait que chacun d'entre eux et leurs enfants bénéficient de ces mêmes test ADN.
Je ne doute pas de rencontrer l'adhésion totale de mes collègues masculins. Tous seront ainsi rassurés sur leur filiation et nous, confortés dans le caractère opportun de proposer ce même test aux candidats au regroupement familial.
Un petit rappel cependant à destination de mes honarables collègues masculins. Le droit romain était plus prudent que Nicolas Sarkozy quand il énonçait : "Mater sola certa"*.
- "La mère seule est certaine".
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vendredi 14 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 14 septembre 2007 à 09:26 dans Journal
Juste pour vous tenir au courant... Ce ne sont pas seulement les 250 places du parking de Perrens qui ont subi la transformation magique d'une mise à disposition gracieuse en une vente onéreuse. Le parking de l'Université a été traité selon le même procédé et également à l'insu du Président de l'Université, le pr Bégaud.
Alerté par l'écho que nous avons donné cette transformation du bitume en or, le Pr Bégaud a constaté que ses 1000 places avaient été elles aussi vendues 21 euros 50, sous prétexte de frais de gestion.
Mille deux cent cinquante places x 20 euros x 4 matchs = 100 000 euros de bénéfice.
On remarquera que j'ai arrondi les 21 euros 50 à 20 euros pour tenir compte des frais de gestion réels..
Nous demandons aujourd'hui par une lettre ouverte que cette vente cesse et que les places soient réellement mises à disposition gracieuse, sinon nous dénonçons la convention.
Ces mauvais comptes ne font pas pour autant du bon rugby.
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mercredi 12 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 12 septembre 2007 à 21:38 dans Journal
J'ai eu envie de titrer ce billet "Trop, c'est trop". Trop envahissante, excessive en effet la dérive commerciale du sport, qui atteint aujourd'hui "notre" rugby, longtemps épargné.
Coup de téléphone ce matin. "Ton hôpital loue des places de parking, un peu cher quand même...". Il m'a fallu quelques explications pour comprendre.
"Mon" hôpital, en l'occurence, c'est l'hôpital Charles Perrens, dont je préside le conseil d'administration, fonction que j'aime particulièrement. Perrens est situé à proximité du stade Chaban Delmas et à l'occasion des grands événements sportifs, nous mettons à disposition les parkings de l'hôpital pour faciliter la vie des spectateurs d'un soir.
Dans cet esprit, a été établie une convention avec le comité d'organisation de la coupe du monde de rugby. Les 250 places de stationnement de l'hôpital ont été ainsi mises à disposition de l'organisation, à titre gracieux. Par courtoisie, nous ont été offertes pour le personnel hospitalier 7 (je dis bien sept) tickets d'entrée.
Nous apprenons ce matin que chaque place de parking est louée 20 euros pour la durée du match. Habilement, les organisateurs n'appellent pas cela une "location", mais une "participation aux frais de gestion". Vingt euros multipliés par 250, voilà une gestion vraiment très coûteuse !
Ceci d'autant plus que les gardiens d'un soir des parkings sont des bénévoles, généreusement gratifiés d'un T shirt ... Admettons qu'il y a peut-être en plus un gardien de nuit professionnel, cela n'explique aucunement les 5000 euros empochés pour chaque match.
Cela m'a tellement choquée que j'en ai fait part à la presse. J'ai trouvé une oreille attentive : certains avaient eu à payer cette somme, simplement pour éxercer leur mêtier de journaliste et garer le véhicule contenant leur matériel. J'ai appris au passage que la simple retransmission radiophonique des 4 matchs où le France est engagée avait coûté à "Sud radio" (radio dont la diffusion n'est pas mondiale) 30 000 euros.
Revenons à Perrens. Mon indignation a deux motifs. La confiance de l'équipe hospitalière a été abusée. Nulle part, dans la convention que nous avons signé, il n'est question de location payante des places que nous mettions gracieusement à disposition. Perrens est un hôpital public, et il joue pleinement sa fonction de propriété de l'Etat en facilitant la vie des citoyens (en l'occurence les spectateurs du match) quand l'occasion lui en est donnée. Si nous avions eu connaissance de cette location à titre onéreux, nous aurions mis le terrain à disposition des structures publiques (mairie, conseil général...)
Le deuxième motif est la dérive commerciale du sport. A ce niveau, une part de commerce peut être considérée comme normale, par exemple pour les droits de télévision (le rugby est alors un spectacle comme un show télévisé ou un film), mais elle doit être limitée et contrôlée. Ici, on en est à vendre les terrains de l'hôpital public, les petits marchands ambulants de saucisses et de bière sont évincés car ils ne peuvent pas payer suffisamment l'emplacement, et bien d'autres choses qui m'ont été apprises aujourd'hui.
Une compétition sportive doit être un moment de fête, convivial et populaire; pas une arnaque à gogos, dont on fait monter les prix grâce à un matraquage médiatique qui passe la raison.
A donner raison à Churchill : "Cigars, whisky, NO SPORTS" !
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mardi 11 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 11 septembre 2007 à 17:37 dans Journal
Tout le monde se souvient du moment où il a appris l'attentat du 11 septembre contre les "twin towers". Pour moi, j'étais à l'hôpital dans mon bureau, en train d'écluser ma ration du jour de courrier médical. Mon ami Jean Mandouze m'a téléphoné pour me dire ce qu'il avait vu, par hasard, à la télévision. J'ai cru qu'il s'agissait d'une fiction, un peu comme celle qui a annoncé la fin du monde il y a déjà de très nombreuses années, et j'ai essayé de lui démontrer que c'était impossible.
C'était possible. Deux avions, mus par une force que l'on peut qualifier de diabolique, cette part diabolique en l'homme et au sein de la société qu'il compose, avaient percutés les tours pour les réduire en un cimetière de gravats.
Il m'a semblé qu'à partir de ce jour, personne ne pourrait plus vivre comme avant. Que c'était une interrogation tellement forte faite à notre société que personne ne dormirait plus sans avoir essayé de comprendre ce qui se passait. Une masse d'hommes suffisamment érigés contre une autre pour provoquer ce choc matériel et moral, cet événement susceptible de marquer un tournant dans l'évolution de nos civilisations.
Un jour en Conseil Municipal, à propos de l'augmentation aberrante du nombre de machines à sous au casino, et de ce que cela traduit d'imbécillité de notre société ("imbécille : qui progresse sans bâton, sans appui, sans direction"), j'ai évoqué cette interrogation et les réponses que nous devions y faire. La majorité municipale a répondu par un brouhaha de pupitres et de moqueries. Cela m'a beaucoup raidie dans mon attitude ultérieure. Pourquoi ne peut-on pas se poser ensemble les questions les plus graves ?
Aujourd'hui, nous n'avons apporté aucune réponse, et tout simplement nous ne nous sommes pas vraiment posé les questions décisives. Les Américains et ce Président, mieux fait pour diriger un ranch, que l'Etat le plus puissant et le plus menacé de la planète. Les héros du 11 septembre sont oubliés, les pompiers volontaires qui sont allés de leur propre chef sur les lieux "parce que c'était le devoir d'un Américain" sont morts d'avoir inhalés trop de fumées et de produits toxiques, s'il ne sont pas morts sur le moment. Personne n'en parle. Le 11 septembre est devenu un enjeu électoral pour le maire de New York.
Les Américains tout d'abord, mais nous pas davantage, qui creusons les inégalités sociales, qui magnifions les Zoros de la finance, au lieu de nous mettre tous en face de l'Unicité de notre condition et des enjeux de l'humanité, ce groupuscule d'animaux fragiles au regard de la nature, et plus encore d'eux-mêmes qui font partie de cette nature violente, mais avec comme seule supériorité de pouvoir le comprendre.
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lundi 10 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 10 septembre 2007 à 22:49 dans Journal
j'ai ce soir pour chacun de vous un message politique fort : n'achetez à aucun prix, même sous la contrainte, de live box vendue par m Orange. J'en ai présentement deux, l'une à la permanence, l'autre à la maison, les deux sont HS, moi aussi d'ailleurs, mes meilleurs amis et camarades sont à peu près dans le même état... Ces appareils sont une camelotte incroyable, dévoreuse de temps. Mis bout à bout, le temps passé par mon entourage et par moi à téléphoner, à attendre le technicien qui a vu le technicien qui sait où appeler pour savoir le numéro de la panne... nous serions depuis longtemps arrivés à Vladivostok à pied.
Toujours vendu par M Orange, je possède aussi un "business everywhere". C'est un petit morceau de plastique noir qui, habilement glissé dans la fente ad hoc, fait de mon ordi le centre du monde, capable de parler et d'entendre jusqu'à Vladivostok et au delà. Manque de chance, lui non plus ne fonctionne plus. "Erreur de modem, veuillez vérifier vos connexions".
C'est en ce moment Matthieu Rouveyre, le Barthez de la coupe du monde informatique, qui vérifie les connexions, avec un gros pli au milieu du front, qui lui donne l'air du Barthez des mauvais jours. Je squatte allègrement quant à moi son propre ordinateur, tellement j'étais en état de manque d'un petit billet du soir. Envie aussi un peu de me faire plaindre, comme les enfants qui pleurent pour le plaisir de pleurer.
Une histoire juste au vol. C'est Barthez qui m'y a fait penser. J'ai écouté dans le poste aujourd'hui une information consternante. Nicolas Sarkozy a demandé(exigé) que l'on donne lecture de la lettre de Guy Moquet aux joueurs de l'équipe de France de rugby juste avant d'aller sur le terrain. C'est affligeant et plus grave qu'il n'y parait. Quel rapport entre un match de la coupe du monde, occasion d'esprit sportif et de fête populaire, et l'exécution de ce jeune résistant plein de foi ? Cette volonté cachée de sacraliser et de nationaliser à l'extrème cet évènement pas grave et, je l'espère, plutôt sympa, qu'est un match de rugby est presque inquiétante. Le résultat a été, semble-t-il à la hauteur de l'exigence sarkozienne.
Mon Barthez, penché sur l'écran, continue ses recherches. Heureuses auspices, le pli sur son front a disparu.
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dimanche 9 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 9 septembre 2007 à 19:06 dans Journal
Moment de lecture dans mon jardin roussi par la proximité du feu et occupé de quelques dizaines de mêtres cubes de bouquins calcinés et de gravats. Décor peu engageant, dont j'essaye de m'abstraire en faveur du doux soleil d'automne.
Une interview de Catherine Camus, fille d'Albert, me tombe sous les lunettes. Catherine et son jumeau, Jean, sont nés en 1945. Elle avait 14 ans quand Camus et Michel Gallimard se tuèrent en Facel Véga sur la route de Lourmarin. Sur la route, à côté de Camus, le manuscrit du "Premier homme" dans une petite serviette de cuir Bordeaux.
En 1979, à la mort de sa mère, Catherine devint "ayant droit", c'est à dire détentrice des droits moraux et patrimoniaux de l'oeuvre de Camus. A propos de cette charge, qui l'occupe désormais toute entière, elle dit seulement
- "On devrait dire "ayant devoir"..."
Dans mon jardin de gravats, le mot sonne tellement juste.
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vendredi 7 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 7 septembre 2007 à 15:57 dans Journal
C'est avec une certaine gourmandise que je place ce billet après le tumulte qui a suivi les précédents... Nous avons eu à la Rochelle un atelier très intéressant, même s'il était un peu généraliste et philosophique.Le titre officiel était je crois "les rapports entre socialisme et individualisme". La question peut être posée autrement : y a-t-il un individualisme de gauche et un individualisme de droite? Comment concilier intérêt collectif et individualisme ?
La réponse est bien évidemment que la gauche et le socialisme ne négligent aucunement l'individu ; au contraire l'essence même du socialisme est de rendre possible l'épanouissement personnel de chacun dans sa singularité, et ceci dans la perspective de l'intérêt collectif.
La philosophe qui menait le débat et qui a publié un ouvrage sur le sujet a défini ainsi ce qu'est -ce que doit être- un individualisme de gauche :
- un individualisme de l'être et non pas un individualisme marchand, axé sur la consommation et le repli sur soi
- le respect de la singularité de l'être humain favorisant son apport particulier à la collectivité
- une culture du dissentiment et de la prise de parole. Le mot de "dissentiment", au contraire d'"assentiment", n'est pas usuel mais je le trouve en effet très signifiant. J'ai compris qu'il désignait ce que Camus appelait dans "L'homme révolté" "la capacité de dire non", en citant Sisyphe, remontant constamment son caillou en exemple.
- une attention à l'autre en tant qu'individu ayant des problèmes spécifiques, une souffrance spécifique..
Ces idées ne sont pas nouvelles (les idées ne sont jamais nouvelles), mais elles étaient bien remises dans l'actualité. J'ai pris la parole pour m'interroger sur l'absence d'un mot que l'on n'ose plus utiliser. Qu'est-ce qu'un individualisme de l'être plutôt qu'un individualisme de l'avoir ? Qu'est-ce qu'une prise en compte de "la grandeur et de la misère de l'homme" ?
Qu'est ce que l'apprentissage de son autonomie et de sa liberté ?
Eh bien, cela s'appelle depuis Montaigne, et au fond tant d'autres, l'humanisme. Et j'aimerais qu'on ose dire aujourd'hui que le socialisme est avant tout, un humanisme.
12 commentaires
Par Michèle Delaunay,
vendredi 7 septembre 2007 à 12:38 dans Journal
Non, ce titre n'a rien à voir avec le pénible épisode qui fait définitivement de moi la Jeanne d'Arc du Parti Socialiste, mais avec l'embrasement des commentaires consécutifs au billet "Municipales à Bordeaux".
Nous démontrons ce qui est je crois si délétère en notre sein : une passion immodérée du débat (et même du combat) interne, une capacité quasi-surnaturelle à nous nuire. Au passage, et exprimé sans aucune acrimonie, l'envol de ces commentaires montre que toute initiative personnelle était prématurée avant que nous n'ayons statué entre nous et, je l'espère, que nous soyons parvenu à un maximum d'accord.
Je n'ai jamais censuré les commentaires de ce blog. Chacun a pu constater qu'ils apparaissent aussitôt en ligne et dans leur entier. J'ai été obligée d'en soustraire un, trop désobligeant, à l'égard de l'un d'entre nous.
Je suis persuadée que nous souhaitons tous apporter le maximum et le meilleur à l'élection municipale qui approche. Chaque candidat potentiel ou éventuel (moi y compris bien évidemment) doit se demander non seulement si il est prêt et si il est légitime, mais si il apporte au Parti Socialiste et à la Gauche les meilleures chances de gagner. De gagner en 2008, pas en 2040. C'est un exercice d' honneté, de prise de distance par rapport à soi même, et il n'est pas obligatoirement facile. Chaque militant doit avoir la même perspective. pour éclairer son choix.
J'étais hier à la cérémonie d'investiture du Premier Président de la cour d'appel. Cérémonie très solennelle et très formelle dont chaque temps a une signification. Le discours du nouveau Président, Jean Nouvel, qui a clôturé la séance a été articulé autour de deux thêmes : l'indépendance et l'humilité. Ils me paraissent faire également bon office dans l'entreprise qui est la nôtre.
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mercredi 5 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 5 septembre 2007 à 12:12 dans Journal
L'intelligence et la discipline ne sont pas contradictoires. Concernant les élections municipales de Bordeaux, et la candidature socialiste, je trouve même qu'elle font excellent ménage.
La situation à Bordeaux est meilleure pour nous qu'elle ne l'a jamais été. Pour autant, cette élection va être extrèmement difficile. Elle exige de nous tous un grand sens de la responsabilité et de la stratégie. Nous devons être brillants, du premier au dernier jour.
Lors de nombreux entretiens à l'Assemblée, nous avons convenu avec François Hollande de ne pas nous exprimer de manière désordonnée. Alain Anziani nous l'a rappelé par une circulaire.
Un point, et ce sera le seul commentaire d'une manifestation qui a lieu ce jour. Il existe une règle d'or pour chaque élu : de ne pas organiser de manifestation publique sur le territoire où l'un de nous est élu, sans l'assentiment, de préférence même l'invitation, de cet élu. Si c'est le cas, l'élu du territoire ouvre la manifestation et accueille les participants.
Irais-je faire une réunion à Saint Laurent du Médoc sans que Pascale Got m'y accueille ? Réunirais-je des militants à la salle Bouscaillet sans que Philippe Dorthe m'y invite, ou à la salle Son Tay sans que Jacques Respaud m'y reçoive ?
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mardi 4 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 4 septembre 2007 à 10:58 dans Journal
On se souvient de la scène finale d' "Autant en emporte le vent" : Tara, brûlant et Vivian Leigh sur fond de flammes et de ciel rouge... Eh bien, nous avons joué hier un remake de cette scène grandiose en plein coeur de Bordeaux et une partie de ma maison, qui était pleine de livres, d'archives, de dossiers, de tout ce qu'on peut imaginer de plus gourmand pour l'appétit d'un feu est présentement réduite devant moi à un mur, un toit écroulé et un énorme tas de gravats.
J'ai hésité à appeler ce billet "Actualité brûlante au PS bordelais", ce qui, dans la période, n'aurait pas été sans susciter l'intérêt. Mais le feu n'a emporté que de grands morceaux de passé, l'avenir demeure.
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dimanche 2 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 2 septembre 2007 à 18:58 dans Journal
Je découvre au retour de la Rochelle que ce week-end a été un très beau week-end d'automne débutant et que je n'en ai rien su. Ce que nous donnons ici, nous le perdons là, et le temps est si court.
Parlons d'autre chose... S'il est possible, car ce blog finallement, qui va paraître en un petit livre dont le titre est plus qu'un aveu, parle-t-il d'autre chose ?
La Rochelle donc. Une université d'été sans excès d'éléphants, ce qui est plutôt une bonne chose. Les éléphants, c'est connu, prennent beaucoup de place, trop, dans le paysage. Un ça va, deux, trois... Au delà, bonjour les dégats ! Là, c'était trois et on a donc pu se raconter autre chose que des histoires d'éléphants. Je me souviens de ma première Université d'été. J'avais participé à des ateliers passionnants, écouté des interventions du meilleur niveau, la presse ne parlait que d'un sujet "Est-ce que Jospin viendra dîner ce soir ?". Je crois qu'il était finallement venu, pour ma part je ne m'en étais pas aperçue, mais j'avais été ahurie de constater que les journalistes et moi n'avions pas assisté à la même manifestation. Cette expérience curieuse s'est reproduite depuis à de multiples reprises.
Tout le monde nous mettait en garde : le moral au PS était en berne, l'ambiance à la déconfiture et à la déstabilisation. Comme souvent, cet excès d'affres et de malheurs a secrété des anticorps salutaires et l'atmosphère était plutôt positive. Aucun des militants présents n'avaient le coeur à "battre sa coulpe sur la poitrine des autres", selon la formule de Hollande. Regret donc de nos trois échecs successifs au présidentielles, interrogations, diagnostics, scanners, tomographies, tout l'arsenal du questionnement idéologique était déployé, mais d'excès de repentance, de flagellations distribuées à tout va, point. Et c'est franchement une bonne nouvelle.
Je dis et je répète que des pimpins qui sont volontaires pour s'enfermer dans l'atmosphère surchauffée de "l'encan", boire un mauvais, très mauvais pineau des Charentes comme une fête que l'on partage, ceci tout un week-end, dont la beauté a été cet été une denrée rare, ne peuvent pas être foncièrement mauvais.
Donc mes amis : "Peu quand je m'estime, beaucoup quand je me compare". Nous sommes certainement déconfits, mais les confits, les cramoisis, les sûrs d'eux, sont à tout prendre plutôt pires.
O bien sûr, nous en avons aussi quelques uns comme ça, qui se sentent appelés à de hautes destinées comme le fût Jeanne à Orléans, Hannibal à Carthage, Bonaparte à Arcole, Sarkozy à Neuilly... Toutes les villes ont leurs faiblesses. Rien de grave.
Discours de Royal, tout en réconfort. Discours de Hollande tout en encouragements à nous dépasser, ou plutôt à dépasser nos travers (nombreux) pour utiliser au contraire toutes nos forces, et elles ne sont pas minces, et elles sont de plus une force dans une société où ces qualités se raréfient : le dévouement militant, la sincérité et le désintéressement de tant d'engagements, la force de réflexion, l'expertise... .
Le soleil rase le sommet de mon marronier, dont les feuilles toutes brûlées par la maladie des marroniers semblent souffrir et appeler à l'aide. Les oiseaux se taisent. Brel en ferait une chanson "nous sommes un soir d'été"...
17 commentaires
Par Michèle Delaunay,
dimanche 2 septembre 2007 à 12:09 dans Journal
Hollande sans Royal. Il lui rend à l'instant hommage. Elle est partie "pour ne pas qu'on interprête chacun de ses regards, chacune de ses attitudes, pendant le discours de François".
Petit coup de pied à ceux qui "battent leur coulpe sur la poitrine des autres". Analyse de cette troisième défaite à l'élection présidentielle :
- incompréhension de la société
- nécessité d'une vision d'ensemble et de propositions concrête
- démonstration que nous avons non seulement la capacité et le désir de distribuer, mais celui de produire davantage
- défaut d'unité entre nous ; débat interne mais surtout combat commun (au passage je me réjouis que le sentiment d'overdose de débat interne soit généralement partagé ici)
Rénovation, vieux mot et vieilles recettes "ouvrir les portes et les fenêtres" ; créer un courant en opposition aux courants ; changer le logiciel du PS , et enfin changer le nom du Parti Socialiste... Mitterand appelé en renfort sur ce dernier point "quand on a le flambeau du socialisme, non seulement on le garde, mais on le porte". Tonnerre d'applaudissements. Il semble que le refus de ce changement de nom, largement exprimé dans les commentaires d'un billet précédent, soit très largement et très passionément partagé.
- le Parti Socialiste parle souvent une langue qui n'est comprise que de lui seul. Parler une langue que les Français comprennent.
Mettre le socialisme en phase avec les grands défis du monde. Hollande présente les trois sujets de forum qui vont s'ouvrir dans le marché :
1- les socialistes et le marché. Accepter le marché mais en préserver les domaines qui doivent lui échapper : la santé, l'éducation, la justice...
Ce n'est pas le marché qui pose aujourd'hui problème aux socialistes, mais la mondialisation. Les socialistes doivent porter un projet de croissance et de compétivité. Pas de mondialisation sans exigence de la redistribution et de la régulation.
2- le socialisme et l'individu ; permettre à chaque personne d'être reconnue comme telle ; montrer que le programme du parti socialiste n'est pas fait pour "tout le monde" mais pour chacun. Partir de l'individu pour justifier le collectif.
3- le socialisme et les valeurs
. la nation est un vivre ensemble pas une exclusion. Jaurès : "Le nationalisme c'est la haine des autres, la nation c'est l'amour des siens"
. le travail ; les socialistes sont pour une société du travail, de l'effort valorisé ; l'objectif n'est plus à la diminution du temps de travail, mais à sa programmation tout au long de la vie, à la prise en compte de la pénibilité.
"Ce ne sont pas les questions qui sont de gauche ou de droite, mais les réponses qui sont de gauche ou de droite".
A l'occasion du prochain congrès
- réécrire ce qui nous unit, en faire une charte fondamentale
- ce qui nous divise : respecter la règle majoritaire
Un parti organisé à l'image des institutions que nous voulons pour le pays :
- un éxécutif efficace (le bureau fédéral)
- un parlement écouté (le conseil fédéral)
- des citoyens actifs (les militants)
"Faire dans le parti ce que nous demandons ailleurs" (c'est à dire à l'échelon national)
Nous sommes dans l'opposition pour cinq ans
- en face d'une droite rassemblée comme elle ne l'a jamais été ; conservateurs, libéraux, nationalistes sont rassemblés dans une droite décomplexée, sacralisant l'argent, paraissant vouloir en finir avec les vestiges de la République (la progressivité de l'impôt, le droit du travail...)
- en face d'un omni-président, effaçant le gouvernement et les ministres dont plus personne ne sait le nom. Mais c'est en droit, le gouvernement qui est responsable devant le parlement. Fusion GDF-Suez sans concertation.
- la politique de la France ne se fait plus "à la corbeille", mais à la lecture des faits divers. Nicolas Sarkozy nomme les problèmes, c'est sa manière de les résoudre. Il se rend dans un super marché de bois d'Arcy pour résoudre le problème du pouvoir d'achat. C'est le sujet principal de la rentrée et le parti socialiste se doit de faire des propositions.
- changer la forme de notre communication. La raison en face de l'émotion à la Sarkozy.
- la réalité va s'imposer à l'état de grâce : dette publique ; déficit commercial 30 milliards d'euros ; 250 millions d'euros redistribués aux 1000 plus riches contribuables du pays ; le cynisme et l'hypocrisie de déclarer que les franchises médicales seront consacrées au plan Alzheimer ; augmentation de la TVA et de CRDS ; obligation à court terme d'une diminution drastique de la dette publique et d'une politique de rigueur
Face à la droite unie, il faut réunifier la gauche
- proposition de créer un comité de liaison de la gauche et de réagir ensemble à l'actualité politique ainsi qu'à l'anticiper
- à l'occasion du Grenelle de l'environnement, montrer ce que serait pour la politique de développement durable de la gauche
En final, un appel au Parti Socialisme d'en finir avec ses défauts et ses faiblesses, et de faire appel à ses formidables qualités : dévouement militant, engagements sincères, somme d'intelligence et d'expertise...
Standing ovation .
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 2 septembre 2007 à 10:39 dans Journal
En réalité, je suis une petite morpionne.. Je le suis installée en bordure des tables de presse, j'ai installé avantageusement mon ordinateur, pris l'air digne et affairé... et comme ça je peux raconter la Rochelle en direct !
En ce moment, Maxime Bono, maire de la Rochelle, introduit la séance de clôture de l'Université par une belle image "Regardez la Rochelle... Comme cette ville, nous devons être et la digue et la vague, et la résistance et la force..."
Salle archi bondée, applaudissements en salves nourries, à l'instant pour le premier fédéral de Charente maritime "ce sont les présents qui ont raison. Cette Université d'été est d'abord celle des militants.
Les "quatre vérités" qui structurent son discours :
- le pouvoir en place ne joue pas franc jeu.
- l'état de grâce ne sera qu'un été de grâce
- face à une droite qui cogne, la France on besoin d'une bonne gauche (comme on voit, ce premier fédéral a le goût des formules)
Zut, il y a une vérité qui m'a échappée, ou qui était contenue dans une autre...
Razzi Hamadi, chemise ouverte comme à l'habitude sur un torse bombé, voix tonitruante. Razzye est le Président du Mouvement des Jeunes Socialistes qui compte 10 000 adhérents entre 15 et 29 ans. Il annonce et il introduit le thême du prochain congrès du MJS qui aura lieu en Octobre à Bordeaux : "Droit d'inventaire, devoir d'inventer". Un peu long peut-être, quasi un discours de premier secrétaire...
Cambadélis, l'organisateur de l'Université d'été. Remerciements de rigueur. Incitation à retrouver la chaleur militante.
Hollande maintenant. J'attaque un nouveau billet pour mettre celui-ci en ligne en temps réel.
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samedi 1 septembre 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 1 septembre 2007 à 15:58 dans Journal
La Rochelle, université d'été, allant d'un atelier à l'autre, curieuse de m'instruire, de partager et de débattre. Je fais partie de ceux qui aiment cette "université d'été" justement pour cela, l'occasion d'apprendre, d'entendre la position d'experts, de bâtir des propositions. C'est à la Rochelle que j'ai fait la connaissance de Paulette Guinchard-Künstler à l'occasion d'un atelier où elle était intervenue sur la politique de l'âge de manière très remarquable. Nous y avons trouvé la base d'une vraie amitié et j'essairai de poursuivre son action dans ce domaine au parlement.
Retour à la Rochelle. Le thême est cette année "Diagnostic pour la rénovation". Tout ce que j'ai écouté est intéressant, mais je l'avoue un peu général pour mon goût. "Où va la gauche", "D'où vient-elle", me fait irrésistiblement penser à l'interrogation existentielle "D'où viens-je, où vais-je, et qu'est-ce qu'on mange à midi ?".
Rénovation, refondation, l'urgence est de nous ancrer dans la réalité de notre société. Je préfère entendre des experts parler des retraites que d'analyser le vote de gauche, du centre ou d'ailleurs : le vote sera ce que nous le ferons si nous faisons quelque chose. Depuis 2002, année de mon entrée au PS nous sommes dans le diagnostic. Combien de débats internes, quelquefois d'empoignades, pour bien diagnostiquer. Cinq ans après, nous diagnostiquons toujours.
En médecine, si on diagnostique cinq ans, le malade est mort à coup sûr.
Donc, il me tarde de faire, et d'être dans un parti en alerte, tentant de proposer des réponses concrêtes aux interrogations nouvelles de notre société. A chaque contestation de la politique sarkozienne, montrer ce que nous ferions et pourquoi.
Exemple. Car il ne suffit pas de dire, il faut essayer. Défiscalisation des intérêts d'emprunt pour l'achat de la résidence principale. Eh bien, pour moi, c'est oui, à la condition que cette défiscalisation soit sous condition de revenus et d'autre part qu'elle soit réservée aux primo-accédants (c'est à dire qu'en soient exclus ceux qui, déjà propriétaires, veulent acheter une maison plus grande).
Ceci pour que la mesure soit réellement une aide à l' accès à la propriété pour ceux qui sans cela n'y parviendraient pas ; et non, comme c'est le cas maintenant, la possibilité d'une niche fiscale de plus pour ceux qui n'en ont nullement besoin.
Ainsi, nous pourrons montrer "où va la gauche" et pourquoi elle essaye d'y aller.
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