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dimanche 24 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 24 septembre 2006 à 19:26 dans Journal
Je viens de répondre en hâte au commentaire fait par Marie au billet précédent. "Que le temps est court" disais-je en la quittant. Que le temps est court en effet, que les dimanches sont brefs ! Ce matin, tractage de notre programme municipal au marché du Colbert sous un soleil amical mais déjà marqué par l'automne. Beaucoup de contacts, une conversation fort intéressante sur la comptabilité du vote blanc, évoquée à plusieurs reprises dans ce blog.
Cet après-midi, avalé par "les choses de la vie". J'aurais dû écrire au féminin "cette après-midi" car ce fut une après-midi de femme, dans sa concrétude, qu'au demeurant j'aime bien et que je fais avec plaisir, avec ces qualités multi-séculaires des femmes qui m'interrogent chaque fois, mais je me retrouve très bête, presque en fin de journée, et la semaine qui attend et "mon cartable qui n'est pas prêt"...
Je l'ai dit déjà souvent : la vie des femmes est multiple et c'est leur force. Mais, de temps en temps, il arrive que les héroines soient fatiguées !
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vendredi 22 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
vendredi 22 septembre 2006 à 19:10 dans Journal
Dans cette rubrique, "l'invité du blog" propose à la réflexion des lecteurs du blog un sujet de son choix.
Aujourd'hui, Maxime Amblard, chercheur Lire la suite
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jeudi 21 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
jeudi 21 septembre 2006 à 22:48 dans Journal
Journée pour la plus grande part consacrée à la campagne municipale et à mon travail au Conseil Général. Je rentre tard et un peu lasse, de cette lassitude des petites contrariétés de trop quand la fatigue est déjà là : les trajets abscons imposés par le plan de circulation de la mairie qui font que, pour aller d'un point à un autre, il faut faire cinq fois la distance prévisible. La pluie qui a éclaté sur la ville au moment où je rentrais, me donnant l'allure et l'humeur d'un ballet O'cedar après un grand ménage de printemps. Au demeurant, ça va mieux rien que de le dire, l'écriture a la vertu magique de remettre en ordre l'importance des choses.
Campagne donc, dont un long moment au Grand Parc, qui s'est prolongé, très opportunément on va le voir, par un débat sur le logement à Bacalan. J'emmenais Jacques Respaud rencontrer les parents d'élèves à la sortie de l'école Condorcet, puis faire le tour des commerçants. Nous marchons dans le centre commercial. A cette heure (17 h environ), l'animation ne bat pas son plein, et d'ailleurs le fait-elle jamais ? L'entretien "à la petite semaine" de ce quartier par la municipalité le fait vivre bien au dessous de l'ambition qui a présidé à sa construction. Les commerces y sont excellents et pour plusieurs mériteraient que les Bordelais s'y pressent. Mais rien n'est fait pour cela et même la réhabilitation prévue parait plus cosmétique que structurelle.
Atmosphère donc : un parvis commercial tristounet, peu de chalands, une morosité certaine. Nous échangeons des paroles cordiales avec des habitants qui viennent spontanément vers nous en me reconnaissant. Une jeune femme d'une trentaine d'année, accompagnée d'une poussette et d'une petite fille en vêtement rose, prend volontiers notre document et entame la conversation sur sa difficulté à trouver un logement en accession à la propriété. Elle attend un deuxième enfant et elle parle avec une gravité triste qui me va au coeur: "nous avons deux salaires, peut-être pas des gros salaires, mais des salaires corrects... A Bordeaux, c'est impossible : nous avons tout examiné, aucune chance de trouver quelque chose qui ne soit ni trop petit, ni trop triste (c'est le mot qu'elle a utilisé). Peut-être que nous allons essayer de partir dans une autre ville, mais on est d'ici ..".
La conversation a duré tout un moment. Je ne la rapporte pas dans son entier, elle contenait pourtant une des clefs du blocage de notre société. Cette jeune femme, enceinte, dans un moment qui devrait être heureux et ouvert sur l'avenir, faisait l'expérience de l'impossibilité de franchir une barrière, quels que soient ses efforts. Il y a dix ou 20 ans, le logement social était le plus souvent un passage ; il apparait maintenant même aux couples qui ont deux mêtiers comme un horizon fermé. Le hiatus avec ce qu'on appelle "le parc privé" est trop grand, le prix de la moindre maison affichée dans les vitrines des agences permet de calculer qu'il faudrait toute une vie pour payer la plus petite d'entre elles.
Je disais dans un billet récent "nous n'avons chacun qu'une seule vie". Cette jeune femme voit la sienne déjà bien entamée et celle de ses deux enfants qui commence et elle bute sur un mur. Je sais qu'il n'y a pas de solutions simples , mais je sais qu'il y a urgence.
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mercredi 20 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mercredi 20 septembre 2006 à 21:12 dans Journal
Que la carte scolaire (l'affectation des élèves dans les établissements scolaires en fonction de leur lieu de résidence, sans autre distinction) soit un facteur de mixité sociale, pesonne n'en doute. Ou du moins : qu'elle l'ait été. François Dubet, sociologue expert en ce domaine, reconnaissait lui-même que s'il n'avait pas cherché à la contourner pour ses enfants, il comprendrait ceux qui auraient la tentation de le faire aujourd'hui.
Des études, comme celles dont rend compte Eric Maurin dans son petit livre "le ghetto français" montrent qu'elle est aussi un facteur de ghettoisation. Le mot n'est pas plaisant, la chose l'est encore moins. L'enchérissement du foncier dans les quartiers que déssert un collège ou un lycée de renom est un facteur de sélection sociale : le prix des loyers en écarte toujours davantage les enfants de modestes milieux.
Je veux seulement verser au dossier un exemple bordelais ahurissant. Le quartier des Aubiers, en majorité habité par des familles issues de l'immigration (et le plus souvent en plein dedans !), d'ethnies d'ailleurs très variées n'a pas, au sens territorial , de collège. Quatre autobus partent chaque matin des Aubiers pour emmener les élèves. Toute personne sensée aurait l'idée d'envoyer chacun des quatre autobus en direction d'un collège différent pour favoriser le mélange des enfants des Aubiers à tous les autres enfants bordelais.
"Elémentaire, mon cher Watson !" Mais "élémentaire" n'est pas "scolaire" : les quatre autobus se rendent au collège Edouard Vaillant, qui concentre chaque année davantage les enfants immigrés et où les familles du quartier refusent, chaque année davantage, d'envoyer leurs enfants. Ils contournent la carte scolaire du mieux qu'ils peuvent en les destinant à l'étude du russe, du chinois de pékin ou du javanais... Le chien se mord la queue, le processus s'entretient, la ghettoisation scolaire s'aggrave.
Même chose dans nos quartiers : on ne met à Bordeaux de logement social que là où il y en a déjà. Leur taux selon les quartiers s'échelonne de O%(Saint Genès) à 80 (Grand Parc) ou même 100% (Aubiers). Ecoles, lycées et collèges selon le saint principe de la carte scolaire se remplissent en conséquence. Le processus s'aggrave et s'entretient sans fin.
Je ne sais qui disait "fini le temps des mesurettes". Ou bien nous allons éffectivement à l'explosion. Qui aura la force de faire comprendre aux Français que personne ne se sauvera seul et que nous sommes liés par un destin commun ?
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 20 septembre 2006 à 20:39 dans Journal
Pêché à l'instant à la radio, dans ma voiture. Un écrivain, Xavier Cercas, a cette parole qui en dit long sur le rôle à la fois d'exutoire mais aussi de limitation de la littérature : "Si Cervantès n'avait pas écrit, il aurait été Don Quichotte"
Je laisse la phrase comme ça sans commentaire, parce que je la trouve très forte. C'est le genre de celles qui orne mes cahiers et que j'hésite à mettre sur le blog. Je le fais finallement, car cela un rapport avec la politique : on peut pas écrire vraiment et avoir une action publique.
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lundi 18 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
lundi 18 septembre 2006 à 16:20 dans Journal
« Parlons chiffres, mais parlons en vraiment » dit Alain Juppé dans son journal de campagne (voir ce blog en date du 16 septembre), et bien que ces billets, dénués du moindre souffle d’esprit, ne soient pas mes favoris, je reviens sur le sujet du financement des campagnes et des scrutins.
Sur son document électoral, AJ appelle les citoyens qui souhaitent soutenir sa campagne électorale à une souscription de
«Dix euros, 20 euros, ou plus » (barrer la bonne mention dans la petite case dessinée à cet effet et joindre le chèque).
Il est important (cela relève de l’éducation civique, trop oubliée, sinon ce que nous vivons à Bordeaux ne pourrait avoir lieu) que les citoyens comprennent à quoi servent ces souscriptions en faveur d’un candidat.
Chaque candidat a droit à un montant de dépenses maximum, calculé à la fois selon le type de scrutin et en fonction du nombre d’électeurs concerné
- ici (municipale anticipée), 200 000 euros pour le premier tour
- remboursés par l’Etat à hauteur de 50% de ce plafond
- soit 100 000 euros
Les dons des particuliers sont inclus dans le maximum de dépenses (ils ne permettent pas de l’outrepasser) , mais ils permettent au candidat de dépenser plus que la moitié de ce maximum sans bourse délier.
Autrement dit, dans le cas qui nous occupe, si le candidat reçois 20 000 euros de dons et souscriptions, il peut dépenser 120 000 euros sans avoir rien à financer de sa poche ni de celle de son parti.
A noter, que ces 20 000 euros ne sont défiscalisés pour chacun des souscripteurs qu’à hauteur de 60% alors que le remboursement de la moitié du plafond est à 100% (d'accord, c'est pas très poétique , mais c'est difficile à dire en alexandrins ..)
Pour la municipale anticipée, nous n’avons, grâce à Alain Juppé qui a fait pression sur l’autorité de l’Etat que quatre semaines de campagne.
Les dépenses d’Alain Juppé, comme celles de tous les autres candidats, devraient pouvoir se limiter aux cent mille euros remboursés par l’Etat !__
Cette somme est importante. Elle est largement suffisante.
Pour notre part, nous avons jugé décent de ne pas faire appel à un soutien financier de la part de nos militants et sympathisants. Simple question d’éthique. La somme allouée est suffisante, et donc elle suffit. Je tenais absolument à expliquer la différence de rigueur entre les deux démarches.
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dimanche 17 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 17 septembre 2006 à 16:21 dans Journal
Il y a dans le ciel comme un gros chagrin qui enfle. Madeleine, qui tout à l'heure commentiez mon premier billet du jour, c'est comme si vous aviez été écoutée. La tristesse, depuis ce début d'après-midi, est montée de la terre vers le ciel. L'atmosphère est gonflée de pleurs retenus et de confuse attente.
Ce n'est pas la matière d'un blog politique. Pourtant si. Je voulais prendre comme slogan de ma précédente campagne législative "la politique c'est la vie !". On m'a dit, presque unaniment, que cela pouvait être mal compris : la politique, c'est de dont on vit ; ou encore : c'est ma raison de vivre. J'ai rétrogradé prudemment mais je ne suis pas sûre d'avoir eu raison (comme on voit, je ne suis pas sûre souvent d'avoir raison ; mais, et c'est l'envers favorable, je ne suis pas non plus sûre d'avoir tort !). Je crois vraiment que la politique, c'est aussi l'attention à tout ce qui fait la vie, et même à sa fragilité. Pierre Ier de Serbie (dont je sais hors de cela absolument rien..) disait : "tous les hommes sont égaux en cela qu'ils n'ont qu'une seule vie".
Quoique ce Pierre Ier ait fait (je vais quand même aller vérifier quelque part, si je trouve, que ce n'était pas un affreux jojo, despotique, autocratique et autres qualités en -ique), je luis sais grâce de cette phrase, qu'au demeurant, j'ai peut-être enjolivée au fil du temps, tellement elle est mienne. Nous n'avons qu'une seule vie. Il n'y a pour aucun de session de septembre, de cours de rattrapage. Autant travailler à ce qu'on ne la rate pas trop, ni les autres, ni soi même ; c'est à dire à permettre à chacun les moyens de son autonomie sur tous les plans lui permettant de ne pas la rater. Après, si on a ces moyens, c'est la liberté de l'homme, même de rater, même de choisir de rater, et surtout d'avoir sa propre définition de ce qu'est "rater". Mais pouvoir choisir, avoir les moyens de choisir..
C'est assurément la première fois que je mets en ligne les moments de ma vie, les moments d'une journée ordinaire (un plus qu'ordinaire parce que plus libre, avec du temps pour moi), où je m'interromps des activités concrêtes qu'a tout un chacun, et les femmes un peu plus que les autres, pour poser les idées qui passent sur l'écran.
Je l'ai fait souvent à vrai dire, mais sur de braves cahiers ou des écrans pudiques qui n'étaient ouverts à personne.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 17 septembre 2006 à 13:20 dans Journal
Retour du marché du Colbert. Mon faible enthousiasme n'avait pas lieu d'être : partout un accueil cordial, pas une rebuffade, pas une main repoussant le document que je proposais. Au contraire, beaucoup sont venus spontanément me voir, à l'instant une passante est descendue de son vélo pour me parler, plusieurs regrettant qu'une femme ne soit à la tête de notre liste. J'explique alors mon attitude et je crois qu'elle est comprise.
Plusieurs personnes m'ont renouvelé la proposition faite il y a quelques semaines par un commentateur de ce blog : ne présenter aucune liste, manifester ainsi qu'à ce point de mépris de la démocratie, nous refusions d'être "utilisés". Chaque fois je répète que c'était donner 100% des voix à Juppé (même sur un très faible pourcentage de votants) et faire basculer la CUB.
D'autres m'ont très ouvertement manifesté qu'ils se comptaient dans les rangs de la droite, mais qu'ils étaient choqués de ce retour anticipé, illégitime quel que soit le jugement du tribunal administratif après le recours qui a été déposé. L' "esprit des lois" voudrait que ce qui est illégitime ne puisse être légal.
Toutes les listes étaient représentées sur le marché. Sonia Dubourg Lavroff (conseillère muncipale déléguée) m'a surprise et un peu déçue de reprendre l'antienne du site de Juppé : l'élection ne coûtera pas grand chose aux Bordelais, c'est l'Etat et donc l'ensemble des français qui devront payer. Si la facture est diluée, les principes doivent-ils l'être pour autant ?
Une chaleur humide remonte sur la ville, des chants d'oiseaux timides arrivent jusqu'à moi et dissipent la nostalgie qui monte imperceptiblement sur ce milieu de dimanche.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 17 septembre 2006 à 09:50 dans Journal
Silence absolu sur mon jardin où la lumière pénètre par petits pans découpés dans les frondaisons d'arbre. Longtemps j'ai essayé de sauver ces premières heures de dimanche pour quelques lignes, quelquefois une page ou deux, en réalité pour savoir ce qui me restait dans la tête après des semaines encombrées de trop de choses où la pensée n'avait guère à faire. C'est un exercice à la fois agréable et éprouvant : bien souvent je n'y trouvais que ma capacité à regarder et écouter le silence et le cours des saisons, comme ce matin exactement.
Mais rien que cela est un bonheur. La ville du dimanche est dans une sorte d'apnée qui la rend à sa fonction de décor amical. Il y a quelques mois encore, ma fenêtre s'ouvrait sur un mur et sur des pans de toit : même cela avait une personnalité, changeait selon les heures et les mois, même cela m'était devenu un spectacle que j'aimais retrouver de dimanche en dimanche, où j'aimais m'absorber un moment en guettant au loin un volet qui s'ouvrait, une voix qui appelait au départ, des signes étouffés d'une vie de dimanche.
Tout à l'heure, je rejoins Jacques et un groupe de nos camarades au marché du Colbert. Que le dieu des campagnes électorales me pardonne : ce n'est pas mon lieu et mon activité favoris. L'accueil n'y est pourtant pas désagréable et souvent même chaleureux. Mon côté BCBG (Bon chic, bonne Gauche) a raison des moins bien disposés. Mais voilà, je n'aliène pas d'un coeur très enthousiaste ces premières heures du dimanche.
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vendredi 15 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
vendredi 15 septembre 2006 à 22:24 dans Journal
Ouf, le billet précédent, tout en chiffres, m'a épuisée ! Je ne suis pas une femme de chiffres mais je tiens à la rigueur de ceux que l'on avance. Alain Juppé a appris au Canada la décontraction et le sirop d'érable, j'y ai rencontré la démocratie respectée et la transparence des comptes publics. Le prix des campagnes électorales intéresse les citoyens. Il devrait être systématiquement porté à leur connaissance.
Une gentille amie me téléphone à l'instant pour me signaler que le billet du 31 aout, auquel je fais référence, n'est plus en ligne: mais si, il faut aller dans la colonne de droite et consulter les archives du mois d'aout. Elle m'attrape de ne pas préciser les cinq listes qui sont en lice pour l'élection municipale : FN, LCR, PS-PC-MRG (la nôtre), UMP (juppé), Verts (Hurmic). J'ai voulu écrire dans l'ordre alphabétique, mais avouons qu'en l'occurence, il n'est guère plaisant.
"Si notre vie est moins qu'une journée..."
C'est un vers, le premier d'un poème, qui me vient souvent quand une journée s'achève et que la nuit menace d'en faire le procès.
tout simplement, bonsoir.
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Par Michèle Delaunay,
vendredi 15 septembre 2006 à 20:11 dans Journal
Sur son site électoral (carnet de campagne du 14 septembre), Alain Juppé est d’une mauvaise foi à couper à la scie égoïne dans sa réponse à mon évaluation du prix de la campagne et du scrutin qu’il a provoqué pour son seul bon plaisir.
Rappelons les chiffres que j’ai avancé et fait contrôler (voir billet « le vrai prix de la fausse campagne » en date du 31 aout):
600 000 euros, si quatre listes font au premier tour 5% des voix
Cinq sont à ma connaissance aujourd’hui en lice, quatre dont celle de Juppé lui-même sont à peu près assurées d’atteindre ce score, à moins que notre ex-maire n’ait donné le mot d’ordre d’un vote révolutionnaire (porté sur la partie adverse) à l’UMP. Chaque liste sera remboursée à hauteur de 100 000 euros, ce qui fait bien 400 000 euros, à ajouter aux frais fixes engagés par la mairie. Alain Juppé les chiffre à 152 000 euros par tour de scrutin ; j’avais eu communication de 200 000 ; meilleure joueuse que lui, je lui fais crédit de la différence. Total : 552 000 euros .
- Soixante dix mille euros s'ajoutent à cette somme, si deux listes vont au deuxième tour ;
Et si Juppé persiste dans ce vote révolutionnaire dont sa sous-évaluation laisse présager, on peut espérer que ces deux listes seront la nôtre et celle des verts.
On y ajoute les 152 000 euros de frais fixes pour ce deuxième tour, soit : 770 000 euros, pour le total des deux tours.
Mes chiffres étaient donc bons et confirmés par « Sud-Ouest » ce matin qui revient sur sa première appréciation de 312000 euros pour une évaluation plus juste située entre 500 000 et un million d’euros !
Dans ce même "carnet de campagne", Alain Juppé met en regard de la dépense les formidables économies dues au fait que les 47 conseillers municipaux démissionnaires ne seront pas payés pendant un mois et demi, oubliant que le travail ne sera pas fait non plus. Au demeurant, il chiffre cette économie à 111 000 euros, chiffre rondelet. Je reçois pour ma part 194 euros (net) par mois comme conseiller municipal. Nos indemnités ne sont apparemment pas toutes égales.
Il compte aussi sur des économies de secrétariat de 27 500 euros : sans doute des CDD embauchées uniquement pour cette période, car les secrétaires titulaires continueront à mon avis d’être payées. Le droit du travail est décidément bien malmené à la mairie de Bordeaux. Je ne veux croire qu’il chiffre ainsi les frais de papier et de timbres : les lettres en retard devront être faites après l’élection.
Mais enfin, comble du comble, que ce soit 600 000 ou davantage, Alain Juppé ne s’en offusque pas puisque ce ne seront pas les Bordelais qui payeront mais l’Etat !
L’Etat n’a qu’à payer, en effet ! Et c’est d’ailleurs pour l’application de ce principe qu’Alain Juppé a été condamné à un an d’inéligibilité . l’Etat a en effet financé les emplois fictifs de la mairie de Paris, tout comme il finance (légalement et légitimement) le RPR qui a remboursé 890 000 euros de dommages intérêts à l’issue du procés. L’Etat toujours donc, c’est à dire l’argent public et plus clairement encore, le contribuable. Je préfère dire : le citoyen.
Sur ses documents électoraux, AJ ose demande aux Bordelais de souscrire 10, 20 euros, ou plus, pour soutenir sa campagne, alors qu’il va en encaisser 100 000, ce qui est plus que suffisant pour une campagne de quatre semaines.
"Parlons chiffres, mais parlons en vraiment", dit-il, toujours sur son site. Et il qualifie de "degré zéro de la politique" de chipoter sur ce problème de coût de l'élection. Les zéros, c'est connu, ne valent que par l'endroit où ils sont placés. De toutes manières (je cite) "situons nous à un niveau plus élevé (...) Alain Juppé est un plus pour Bordeaux"...
C'est justement ce "plus" que je trouve grandement excessif pour à peine quelques mois de mandat.
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mercredi 13 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mercredi 13 septembre 2006 à 23:26 dans Journal
Angoisse, je ne sais pourquoi, de la nuit qui vient. Notre liste municipale vient d'être votée. Le vent se lève dans la touffeur d'une nuit presque tropicale, où chaleur et humidité donnaient tout à l'heure à l'Athénée* une atmosphère de cinéma de brousse. Pourquoi l'inquiétude, la grande, la vraie, l'inquiétude existentielle qui tient aussi mes patients éveillés, m'apparait-elle quelquefois presque matériellement ?
(*la salle de l'athénée municipal à Bordeaux)
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 13 septembre 2006 à 14:25 dans Journal
J’ai logé hier soir en douce dans nos documents électoraux, la phrase très percutante du philosophe Edgar Morin « Les femmes, ces agents secrets de la modernité ». En douce, je dis bien, et de manière anonyme pour que mes petites copines (et copains) qui m’ont entendu cent fois faire cette citation qui va à l’encontre de l’avis de beaucoup de politiques et analystes divers, ne me tombent pas sur le poil et ne donnent raison à ce que je revendique : j’ai beaucoup de suite dans peu d’idées. Le « peu d’idées » n’est pas flatteur au premier œil, mais là-aussi, j’assume. Je suis persuadée que chacun de nous vit sur un petit capital d’idées, ancré profond en lui comme des racines d’arbre, et que toute son existence dépend du développement qu’il leur donne. Même chose pour les écrivains : des œuvres entières sont construites sur une dizaine de fortes impressions et de sentiments profonds.
Pour les politiques, c’est plutôt bien : mieux vaut une dizaine d’idées auxquelles on croit profondément qu’une centaine au gré des modes, des conseillers en communication ou des « opportunités ». Donc, j’aime bien les politiques, et les hommes en général, qui ont une assise d’idées forgées à leur expérience de vie.
Je me suis pas mal éloignée des femmes : je l’ai dit déjà, j’écris très vite, au fil des petites touches de mon ordi et des touches, sans doute déjà plus rouillées, de ma pensée. Les diversions sont nombreuses. Montaigne déjà s’en plaignait. Excusez-moi du peu.
Retour aux femmes donc. Longtemps on a cru qu’elles perpétuaient les valeurs conservatrices, gardiennes –par force- du foyer, du buffet et de l’armoire à linge. Longtemps, elles n’ont eu d’autres choix, leur monde étant celui de la dépendance et de la soumission. Un livre vient de paraître, au titre provocant (« le lit, le pouvoir et la mort ») montrant combien les jeunes reines elles-mêmes devaient attendre la mort de leur époux pour donner leur mesure. Peu y parvenaient, grossesses et accouchements les fauchant plus sûrement que la chasse à courre.
Le travail, toujours lui, leur travail, a permis que les femmes soient ouvertes au monde. Et en effet, ce sont elles qui font bouger la société. Du foyer, qu’il ne faut pas négliger, à la marche du monde. Elles, qui ont décidé dans la première partie du siècle passé qu’il fallait « se mettre à l’électricité », installer le chauffage central, moderniser la vie intérieure de la maison, premier pas en direction de la parité domestique, condition de la parité réelle. Elles, qui aujourd’hui sont le ferment de l’ « intégration ». Je n’aime pas ce mot, mais si les populations d’origine immigrée participent aujourd’hui, et plus encore demain, à la marche commune de notre société, c’est et ce sera par les femmes. Notre action doit prioritairement les toucher et les concerner.
Entre le chauffage central et la vie des banlieues, j’ai sauté beaucoup d’étapes des batailles et du rôle des femmes. Ce n’est pas le propos ici et, plus concrêtement encore, je suis « hyper speed » comme disent les plus jeunes de mon équipe. Moi, je dis « speedou », les mots en « ou » ont une sonorité amicale qui me les fait aimer, et j’en invente à profusion.
Et donc, je retourne en hâte à l’hôpital. La vie des femmes est multiple, et c’est leur force.
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lundi 11 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
lundi 11 septembre 2006 à 23:43 dans Journal
L’intelligence n’est qu’un outil et je ne suis même pas sûre que ce soit le meilleur. Mais c’est une sorte de dénominateur nécessaire, de condition d’existence à des tas d’autres qualités, plus importantes humainement : le courage, la générosité.. . Courageux et idiot, c’est quelquefois presque dangereux, mais intelligent et pleutre, ce n’est rien.
Ce petit couplet sur l’intelligence m’est venu en voyant un article du Sud-Ouest du jour « Capucins : la halle aux candidats", illustré d’une photo d’Hugues Martin engoncé dans un T shirt "Bordeaux à cœur" discutant avec Pierre Hurmic.
Ni Pierre, ni Hugues Martin ne sont en cause. Mais qu’Alain Juppé, dont il est de bon ton de louer l’intelligence ait accepté de choisir ce slogan à la limite de la stupidité (Bordeaux à cœur : on pense immanquablement au camembert), qu’il en décore ses ex-coéquipiers démissionnaires, au point de leur donner l’allure de vieux nounours grisonnants et de soixante huitards très attardés dans le sentiment, est clairement la preuve que l’intelligence ne fonctionne quelquefois qu’à temps partiel, comme au demeurant une bonne part des travailleurs de ce pays, condamnés à ce statut peu valorisant.
« Bordeaux à cœur »… Sommes-nous devenus assez stupides pour gober un slogan aussi creux que mensonger ? Si Alain Juppé avait eu la moindre chance de devenir maire de Paris, croit-on qu’il n’aurait pas eu « Paris à cœur » ? Hugues Martin, auquel on demandait, à l’occasion d’un débat que nous avons mené l'un en face de l'autre sur TV7, "quelle était selon lui la meilleure raison de voter Martin : « Je suis le candidat de l’amour…. ». Apercevant en fond de studio, la mine soudainement déconfite de Michel Duchène, il s’était repris « de l’amour…des Bordelais ! ».
Aux Capucins donc, le juppéisme militant se porte avec T-shirt et gros cœur sur la poitrine.. J’essaye de le jouer plutôt gai, mais ça me rend terriblement triste.
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Par Michèle Delaunay,
lundi 11 septembre 2006 à 18:29 dans Journal
Le convenu de certains blogs politiques me sidère. Un blog n’est pas un site électoral. Bien que le mot ne soit pas (encore) dans le dictionnaire, essayons de le définir : c’est un mélange de journal et de forum de réflexion ; ceci sur un ton libre, quelque part entre le parlé et l’écrit pur et dur (celui des livres). Un échange proche de la conversation mais avec ce "plus", ce petit recul que donne la distance temporelle et spatiale, et le simple fait de transcrire la pensée en mots et en lettres. Cette situation intermédiaire entre l’écrit imprimé et la parole sont un des génies de la correspondance informatique : elle a la fluidité et la rapidité de la parole, sa liberté aussi, et pourtant ce début de gravité qu’a l’écrit, celui des lettres rares que l’on s’adressait, que l’on attendait jour après jour et que l’on gardait sur soi, quelquefois pendant des mois..
Pour tout dire, ce blog est pour moi un plaisir, une récréation, une respiration. J’ai la chance d’écrire facilement, comme il vient, et de dactylographier comme une vraie bonne secrétaire d’autrefois, au temps où les machines faisaient un bruit saccadé et non le doux cliquetis, presque primesautier, de mon clavier d'ordinateur. Ce fut un de mes acquis de jeune fille : j’étais partie tout un mois seule en vacances, avec un précis de dactylographie et la machine à écrire familiale. Après des jours entiers d’ « azertyuiop » au soleil, devant cet océan où j’écrivais encore cet été, mes doigts se sont mis à avoir de la mémoire et à travailler avec moi en vraie partenariat : chacun fait son boulot de son côté sans embêter l’autre. Azertyuiop est resté dans mon inconscient comme un petit personnage de bandes dessinées qui en fait voir aux grandes personnes et j’ai été contente de parler de lui à l’instant.
Retour au blog et à mon désir de le voir s’animer comme une maison amie où l’on s’arrête volontiers le temps d’un échange, d’un verre, d’une halte. Je n’y ai mis aucun filtre. Tarde seulement un peu le message d’accueil avec lequel je voudrais saluer les commentateurs. Il y a quelques mois, lisant une page d’Alain Juppé où il s’offusquait du salaire scandaleux des patrons d’entreprises, j’y étais allée d’un petit commentaire, rappelant qu’Hugues Martin au temps des législatives avait glosé ma profession de foi qui déplorait la dévalorisation du travail qu’entraine ce différentiel de salaire. Quand le salaire d’un patron équivaut à 500 smic (voire davantage), comment celui qui gagne justement le smic peut-il croire en la valeur de ce qu’il fait ? Le commentaire était on ne peut plus poli et bon genre mais je me suis méfiée : j’en ai envoyé copie à une journaliste de Sud Ouest.
Bien sûr, il n’y eut ni réponse, ni même apparition dans le blog de Juppé. Comme dans l’élection d’aujourd’hui : les dés étaient pipés, et les commentateurs sélectionnés, sinon commandités. Ce que nous devons apprendre, plus que jamais, à nos enfants et à tous les citoyens : l'esprit critique. Le cerveau, comme le parachute, ne marche que s'il est ouvert.
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dimanche 10 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 10 septembre 2006 à 15:26 dans L'invité du blog
Jean Mandouze inaugure la rubrique "l'invité du blog", ouverte à tous ceux qui voudront bien m'adresser sur le mail [email protected] une sorte de carte blanche à insérer dans le blog. Je souhaite beaucoup que ce blog où vous êtes déjà nombreux à avoir plaisir à vous retrouver devienne un véritable forum de réflexion et de propositions.
Merci de votre concours sous cette forme, comme de vos très nombreux commentaires. Lire la suite
3 commentaires
Par Michèle Delaunay,
dimanche 10 septembre 2006 à 10:54 dans Journal
Tractage et boitage sont les deux mamelles des campagnes électorales. En réalité, le premier n'est pas le mot juste. C'est d'abord une rencontre et un échange, la remise du tract ne fait que faciliter la parole.
De cette multiple rencontre avec tracts, en duo avec Jacques Respaud et avec une équipe particulièrement dynamique et amicale, je rapporte une série de photos, quelques-unes un peu facétieuses. Le moment le plus gai, a été la présentation à Alain Juppé d'un gigantesque chèque de 600 000 euros (façon téléthon) correspondant au coût de cette campagne "abracadabrantesque". De nombreux Bordelais l'avaient endossé en signifiant l'usage qu'ils préfèreraient faire de cette somme. Une responsable d'association, très motivée, enregistrée par FR3 a signifié combien elle trouverait infiniment plus opportun que la municipalité , comme l'Etat, qui laisse dépérir les petites associations, véritable moteur de la démocratie, leur attribuent ces 600 000 euros.
L'accueil du chèque par AJ a été plutôt frais. Avenant, Hugues Martin a tenté d'éloigner nos jeunes gens d'un tonitruant "foutez le camp" !
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mercredi 6 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mercredi 6 septembre 2006 à 18:27 dans Vie municipale (archives)
Je déroge une deuxième fois (voir billet sous le titre "à mes camarades, à mes amis) à ma volonté de ne pas inscrire sur ce blog la vie interne du parti socialiste : dans cette rubrique "vie municipale", je porte à la connaissance des non-militants -c'est ainsi que nous disons, la profession de foi-programme, dans une version légèrement abrégée, que j'ai adressée le 2 septembre, avant de me résoudre à retirer ma candidature. Lire la suite
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dimanche 3 septembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 3 septembre 2006 à 12:00 dans Notes de lecture
Robert Mc Liam Wilson ne répond plus, ni aux sollicitations amicales de son éditeur ni même aux coups de téléphone, épuisé sans doute d’avoir écrit « Les dépossédés »*. Non que le livre soit gros , 347 pages dont une petite centaine de photographies, non qu’il soit, tout au contraire, le fruit d’un effort énorme d’imagination . Il s’agit en effet d’un récit journalistique écrit avec sobrièté sur la vie des « gens de peu » de l’Angleterre thatcherienne des années 90. Mais ce journaliste est avant toute chose un écrivain et le récit très vite perd toute distance et s’écrit tout seul , presque sans le consentement de son auteur, à la première personne, puis dans un « nous » qui marque l’empathie et la proximité à l’égard de son sujet. Lire la suite
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