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mardi 31 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 31 mars 2009 à 20:47 dans Journal
J'ai parlé à un certain nombre de baby et de papy blogueurs ; à un nombre plus grand encore de blogonautes, de blogophiles ou de blog'addicts : il y a toujours un moment où, parce que la journée est trop belle, parce que la vie est ailleurs, très loin au delà ou en deçà de l'écran, ils sont atteints par le blues du blog.
C'est quoi, cette nouvelle maladie ? C'est le moment où on se dit : quelle est la limite, quelle est l'étendue de cet écran, plein de mots qui ressemblent à autant de fourmis marchant droit sur la ligne ? Quelle est la profondeur de cette écriture sur "cristaux liquides" ? Au passage, tous admirent l'expression "cristaux liquides". Peut-on imaginer matériau plus poétique que ces cristaux, qui comme un sable limpide, fondent entre les doigts ?
N'empêche que, les blog'addicts que j'ai interrogé, les blogonautes en culottes courtes ou longues, à l'égal des blogophiles les plus fervents, ont des moments de doute. Qu'y a-t-il de réel dans cet échange, si mobile et rapide ? Qu'y a-t-il d'important, de fondamental dans la multiplicité de ces sites, de ces "spots" comme disent les surfers, où aller un moment butiner, surfer, dialoguer, critiquer, s'emporter, se rallier, se faire et se défaire ?
Les jours gagnent en longueur, les soirs en douceur, n'ai-je pas davantage à apprendre de ma fenêtre ouverte ?
J'ai une ébauche de réponse. Connaissez-vous à propos, la plus belle et la plus courte histoire juive ?
Shlomo se précipite dans la rue et se met à hurler en regardant de toutes parts : "J'ai une réponse ! Qui, qui, a une question ?"
Quelquefois, quand à la fin d'un exposé, l'orateur s'interrompt et demande "Qui a une question ?", je réponds comme Shlomo : "Nous n'avons que des réponses".
Je n'ai pas que des réponses. Mais j'en ai une. Le plus beau dans la chasse, ce n'est pas la prise, c'est l'attente. Le plus beau, dans tous les blogs du monde, dans toute les formes d'expression de l'homme, c'est la forêt de points d'interrogation qui lui fait ouvrir la fenêtre de son écran ou de son cahier.
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Par Michèle Delaunay,
mardi 31 mars 2009 à 09:19 dans Journal
Alain Juppé sur France-inter ce matin. Une heure entière qui finit à l'instant. Je me suis abstenue jusque-là du moindre commentaire sur l'avalanche médiatique qui a entouré ses "cerises en hiver", un sourire étant volontiers pris, de ma part, pour une insolence.
Moment de franc rire justement à sa réponse en trois étapes à la question simple : "Etes-vous favorable au bouclier fiscal ?". Première étape : "oui", un oui accompagné de l'antienne sarkozienne "dans un pays, il ne peut être question de prendre à quelqu'un plus de 50% de son revenu". Du Sarkozy dans le texte.
Demi-tour gauche, un instant plus tard, en pensant que l'on venait de parler d'une entreprise où le patron gagne 350 fois plus que l'employé : "Dans les cas de très hauts revenus, on peut concevoir des exceptions..". L'excellent inspecteur des finances qu'est Alain Juppé sait bien que les "gros chèques" au titre du bouclier fiscal ne concernent pas de très gros revenus mais de très gros patrimoines. Les exceptions seront donc rares. Insistance de Nicolas Demoran "Mais alors vous êtes comme Pierre Méhaignerie ?" .
L'excellent journaliste qu'est Nicolas Demoran sait bien que ce n'est pas cela que soutient Méhaignerie, Juppé aussi. Qu'à cela ne tienne, nouveau quart de tour à gauche "Oui, c'est cela, je suis comme Pierre Méhaignerie..".
C'est à dire exactement au contraire de ce qu'il disait en première partie de réponse. Tout le monde ainsi sera content et aura écouté ce qu'il voulait entendre. Même Nicolas Sarkozy.
Un de mes amis, facétieux, m'a confié son projet de créer une association "Un jour sans Juppé", sur le modèle d" "Un jour sans Sarko". Je l'ai encouragé d'un vieil adage : "Pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer".
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lundi 30 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 30 mars 2009 à 15:49 dans Journal
Faisant hier ma revue de presse, je tombe sur le classement des hôpitaux publié en novembre 2008 par le Nouvel Observateur et toujours présent sur son site.
J'y découvre que pour la pathologie dominante de mon Unité de Dermatologie Cancérologie, le mélanome, celle-ci est située sur un certain nombre de critères en deuxième position française (d'une liste de 200) ; ceci pour l'année 2007, année où, certains s'en souviennent, j'ai demandé ma mise en disponibilité pour rejoindre l'Assemblée nationale.
Cette Unité était "mon bébé", construite au cours des années et entreprise à une époque où la Cancérologie Cutanée paraissait une innovation et en tout cas ne connaissait pas d'autre exemple d'implantation hospitalière. Je l'ai confiée, un peu abruptement, au Dr Thomas Jouary qui était déjà parfaitement en mesure d'en assumer la responsabilité et destiné à me succéder.
Cette année 2007, nous l'avons donc partagée et c'est aussi pour rendre hommage à Thomas et à toute l'équipe qui chaque jour assument et poursuivent si bien la tâche, que je me suis permise ce court billet hospitalier.
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dimanche 29 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 29 mars 2009 à 23:15 dans Journal
Le grand Pierre Dac ne pensait pas si bien dire. Dès 1927, il avait trouvé un moyen infaillible de faire du vin rosé : greffer des rosiers sur les pieds de vigne.
La commission européenne, est moins poétique, mais tout aussi sacrilège et elle vient d'autoriser de faire du vin rosé en mélangeant du rouge et du blanc. La prochaine étape sera d'autoriser de mettre quelques gouttes de mercurochrome ou d'éosine (suivant "la robe" souhaitée) dans du vin blanc.
En quelque sorte, la commission légalise la fraude à l'échelle européenne.
Et le gouvernement français a entériné. Le vin rosé connait un certain engouement et se vend bien. Pourquoi, en plus, aurait-il besoin d'être bon et produit selon les règles de l'art ?
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jeudi 26 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 26 mars 2009 à 22:07 dans Journal
Rien, en effet, que j'aime autant que l'écriture de-ci, de-là, pour dire tout sur ce rien et rien sur ce grand Tout effrayant, qu'on aborde avec de grands airs, le plus souvent pour ne pas en dire grand chose.
Rentrée un peu moins tard que la moyenne des jours, j'ouvre mon ordi comme on ouvre un livre, en humant dans l'air de la journée le sujet de mon billet. La plénière du Conseil général, où l'illustre Yves d'Amecourt, Président du groupe UMP, a tancé le Conseil Général d'augmenter le taux d'imposition de 1% au lieu de recourir à l'emprunt ? Forfanterie ou innocence aux poches vides de la part d'un soutien sentencieux du gouvernement qui a créé les franchises médicales et doublé en un an la dette publique ?
La réponse aux deux questions est courte : dérisoire.
Alors quoi ? Mon gros chien, m'accueillant à la porte "with a wagging tail" ("queue battante") et me faisant souvenir de cette phrase (de qui ?) "One of the things you cannot buy for money is the wagging of a dog's tail". (Une des choses que l'argent ne peut acheter est le battement heureux de la queue de son chien"). On voit au passage que la traduction n'est pas chose simple. L'anglais est toujours plus ramassé, l'herbe y pousse entre les mots, là où il faut en Français une touche supplémentaire.
Mon chien va bien. A cinq mois, il pèse 25 kilos, ce que n'atteint pas un enfant en plusieurs années. Je partage sa vie depuis trois mois, et il m'enseigne chaque jour la rapidité du temps. La croissance d'un gros chien est comme un film en accéléré, et comme la conscience que l'on a du temps au fur et à mesure que l'on avance en âge. La petite boule attendrissante qui a fait en janvier sa première manif' décorée d'un auto-collant du MJS est aujourd'hui un valeureux berger que je signale délicatement à l'attention des aimables enquêteurs qui ne manqueront pas de se reconnaître dans mon propos.
Pourquoi pas en effet ? Mais de mon gros chien, si Dieu -titulaire du titre ou faisant fonction- nous prête vie, nous avons encore une petite quinzaine d'années à parler. Trois mandats de député. C'est raisonnable. Quoi vous raconter encore, de rien disant et pourtant de ne disant pas rien ?
J'ai demandé aujourd'hui (très poliment) par courrier l'autorisation au Maire de Bordeaux de financer avec mon FDAEC (pour les non initiés : Fonds d'Aide à l'Equipement des Communes mis par le Conseil Général à la disposition des communes) l'installation d'un jardin partagé au Grand Parc. C'est la très belle initiative des riverains de Saint Seurin qui m'a, non pas donné l'idée, j'en ai parlé plusieurs fois en Conseil Municipal, m'ai enhardi à demander cette autorisation à "mon" Maire.
Il faut que je vous dise en effet : je n'ai qu'un seul Maire, et je suis même en Gironde la seule de mon espèce. Quand Pascale Got ou Martine Faure (respectivement députées du Médoc et du Langonais) me disent : j'ai cent cinquante communes dans ma circonscription, je les envie presque, malgré le nombre de kilomètres entres les unes et les autres que cela suppose. Pour ma part, je n'en ai qu'une. Ma circonscription est la seule purement bordelaise et elle fut bien longtemps "la circonscription du Maire", comme on dit "le jardin du curé".
J'ai besoin deux fois de l'autorisation de mon Maire pour financer un jardin partagé : d'abord parce que je ne peux l'implanter que sur le terrain communal et ensuite parce que ce Maire a édicté des préceptes pour accepter le FDAEC qui permettent guère l'innovation.
J'espère du fond du coeur qu'il acceptera ma proposition : le Grand parc et sa forte population âgée, le quartier des Chartrons, chiche en espaces verts, ont besoin plus encore que Saint Seurin, de jardins partagés. Ils apporteront gaieté, échange, rencontre intergénérationnelle, plaisir de vie.
Là, vous vous dites : elle ne devait parler de rien, et voilà qu'elle nous parle de quelque chose d'important, qui lui tient légitimement à coeur et qui ne parait pas une mauvaise idée.
C'est vrai. En commençant mon billet, comme souvent, je ne savais pas où j'allais aller, ni même si j'irais très loin. J'avais tout simplement envie de parler et de dire, d'une manière différente, que la politique ce n'était pas que des choses moches ou compliquées, ou dissimulées, trafiquées ou faites pour l'intérêt d'un seul.
La politique, c'est la vie : la vie qu'il faut aider à ne pas gâcher parce qu'on en a qu'une et, qu'avec le temps, elle est de moins en moins longue.
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mercredi 25 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 25 mars 2009 à 08:35 dans Journal
Le XIV juillet 1789, le roi Louis XVI notait dans son journal "rien".
Même chose hier. Sous des dizaines de "je", d'incitations à la moralité des autres, d'annonces que demain on ferait quelque chose, pour aujourd'hui c'est "rien".
La France dévisse, le Président Sarkozy chasse.
Hier dans l'hémicycle, nous avons entendu son Ministre Woerth, à propos du bouclier fiscal "il n'est pas normal que des Français soient spoliés de plus de 50% de leurs revenus".
Ainsi, quand il s'agit des riches, l'impôt c'est de la "spoliation". Ce n'est ni de la contribution, ni de la redistribution, c'est de la spoliation.
Tout est dit.
Sait-il pourtant que, si l'on inclue l'impôt indirect, les bas revenus contribuent pour plus de 50%, parfois beaucoup plus ?
Mais justement : "les pauvres ne sont pas riches, mais ils sont nombreux", selon les mots mêmes du regretté Joseph Caillaux, "fondateur" de l'impôt.
Rien donc. Rien sur les stock options, les golden parachutes, les bas de laine d'or distribués à leurs patrons par les entreprises que nous aidons et qui licencient.
On y réfléchira, peut-être, en septembre. Si les petits poissons ne nous mangent pas en route.
NB: J'ai cosigné la proposition de loi socialiste visant à la suppression du bouclier fiscal (en discussion le 30 avril dans l'hémicycle). Voir l'excellent
Argumentaire socialiste sur le bouclier fiscal
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mardi 24 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 24 mars 2009 à 15:15 dans Journal
Ce sont les mots mêmes de Robert Badinter : « il y a en politique des moments de grâce, reconnaissons-le bien rares, où toutes les sensibilités se retrouvent, où toutes les dissensions sont dépassées ; de ces moments, on ne peut s’empêcher d’exprimer de la gratitude »
Ces mots s’adressaient tout à l'heure à Philippe Madrelle, Président du Conseil général qui a eu la très belle et heureuse idée de demander au Sénateur des Hauts-de-Seine de bien vouloir baptiser de son nom l’amphithéâtre du nouveau bâtiment de notre institution.
Ils s’adressent maintenant à Robert Badinter lui-même, de ma part et je crois de celle de tous les auditeurs présents : il nous a donné, par ses paroles, par le naturel, la conviction, la hauteur et en même temps la simplicité avec lesquels il les a prononcées un de ces rares moments de grâce.
Evocation du moment historique où a été votée au Sénat, à main levées, l’abolition de la peine de mort. Le vote n’avait rien d’acquis : deux ans auparavant un texte d’Alain Peyrefitte confirmant au contraire la peine de mort avait été voté par la même assemblée. L’éloquence de Badinter, mettant chacun en face de sa conscience, a fait tomber, petits groupes par petits groupes, les résistances des non-abolitionnistes. « Le troisième matin du débat, Robert Schuman est venu me voir : si le vote survient rapidement, il est acquis ». Badinter a demandé une suspension de séance, fait part de l’assurance de Schuman, demandé qu’on accélère les choses et que ne soit pas demandé un scrutin public. « A onze heures 58 –j’ai regardé la pendule- on a voté l’abolition ».
Je note ce moment d’histoire pour me souvenir de la manière dont il nous l’a fait partager. Evoquant ses liens avec l’Aquitaine, il a mis au premier rang Condorcet, auquel il a consacré à quatre mains avec sa femmes Elisabeth une très belle biographie, et les Girondins dont Condorcet était très proche. «Plusieurs étaient avocats, tous très éloquents, hommes de paix .. » . J’ai consacré plusieurs billets de ce blog aux Girondins, et je suis souvent émue à l’idée que, nous, députés PS de la Gironde, en sommes les successeurs.
« On connaît en politique des défaites et des victoires. Mais une seule chose compte quand, après l’une ou l’autre, on se retourne sur ce qu’on a fait, c’est d’avoir servi la République ».
C’est, sinon les mots exacts, mais en tout cas le sens du viatique que Robert Badinter nous a donné dans les derniers mots de son discours. Tous, nous en avons été émus et reconnaissants.
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dimanche 22 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 22 mars 2009 à 14:34 dans Journal
Il fait beau. Ciel léger, air du même métal et, devant mon nez, un pot de tulipes rouges, poussées droites et craquantes sur leur tige ; le monde n'est pas loin d'être parfait. J'ai envie de vous parler des fruits, des légumes et des fleurs.
Non, je ne ferai aucune forte déclaration, du genre "je ne mangerai plus de cerises en hiver". D'abord parce que vous devez en être rassasiés (pas des cerises...) et ensuite parce que je n'en ai jamais mangé. Paysanne depuis 60 générations, j'en ai gardé ce bon sens qu'on appelle "écologie" et qui me fait me réjouir d'un pot de tulipes au printemps plus que d'un plat de mets rares et exotiques.
Nous avons vécu hier, avec les habitants du quartier Saint Seurin, un moment de gaieté et de fraîcheur. A leur initiative, la Mairie a installé aux pourtours de la belle église du même nom, un mini-jardin partagé où poussent en bonne harmonie les salades de l'association Saint Bruno, les pensées du village Saint Seurin et les acanthes, les radis, les passiflores de quelques riverains amicaux et dépourvus de jardins.
Un vrai bonheur. Un planteur facétieux a installé dans sa mini-parcelle un terrain de footbal France-Italie où les joueurs sont remplacés par des bouchons colorés. Des tout-petits ont immédiatement compris l'enjeu et déplacé les bouchons pour faire pencher le score dans un sens ou dans l'autre. Ils étaient encore beaucoup trop jeunes pour être chauvins, et moi trop peu compétente pour suivre le match.
Le soleil, comme aujourd'hui, n'était pas chiche et le moindre bulbe paraissait destiné à devenir un potiron. Les initiateurs des lieux, M et Mme Perchais, tous les agriculteurs-de-petite-parcelle du quartier, étaient légitimement aux anges de voir petits et grands discuter en symbiose de la pousse des daturas ou des mérites comparés de la tomate romaine. Un jardin partagé, comme son nom l'indique, est un lieu idéal d'échange, de parole et de lien intergénérationnel. Un événement s'y passe tous les jours, d'autant plus grand qu'il est commenté, un marché noir de graines et de conseils de culture s'y met en place. Le bonheur.
Une ombre au tableau qui m'a laissée mal à l'aise. Alain Juppé est venu, avec son aéropage protecteur habituel, inaugurer le lieu qui se trouve à quelques mètres du domicile d'Hugues Martin. Celui-ci est apparu, avec son épouse Madeleine, mais s'est éclipsé dès l'arrivé d'AJ and Co. N'aurait-il pas été opportun que ce soit Hugues Martin, riverain du lieu depuis tant d'années, qui inaugure ce petit jardin ?
Très belle initiative, charmante réalisation. Ne boudons pas notre plaisir. Mon souhait est qu'ils puissent se généraliser à des quartiers plus sociaux, où le besoin en est encore plus grand.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 22 mars 2009 à 11:09 dans Journal
J'ai eu ce matin la faible de regarder l'émission "thé ou café" sur France 2 . Faiblesse, non pour la qualité de l'émission qui est agréable et alerte, mais pour les propos déloyaux qui y ont été tenus.
J'apparais brièvement dans cette émission. Quelques extraits d'une interview assez longue sur la personne et la pratique politique d'Alain Juppé. Il n'en est donné que de très brefs passages, choisis avec justesse, et rendant bien compte du ton souriant avec lequel je me suis exprimée, en accord avec le ton de l'émission elle-même. Stéphane Pusatéri apparait de la même manière, avec des propos qui ne sont pas davantage aggressifs.
On demande à Alain Juppé ce qu'il répond à nos remarques. De Stéphane Pusatéri, il décrête qu'il n'est qu'un "trublion", décrié par son entourage, mais consent à dire quelques mots de réaction. A mon sujet, il n'a qu'une phrase :
- "Quant à Mme Delaunay, allez-voir sur son site ce qu'elle dit d'Isabelle !"
Ton catégorique, jugement péremptoire laissant entendre qu'il n'y a rien à répondre à quelqu'un qui profère des invectives, voire des insanités, à l'encontre d' "Isabelle".
J'en suis restée pétrifiée, ne me souvenant pas le moins du monde d'avoir jamais parlé d'Isabelle Juppé en près de trois ans de blog et de billets quotidiens. Elle appartient (ou plutôt devrait appartenir) à la sphère privée d'Alain Juppé. La "pipolisation" n'étant pas mon fort, je n'ai rien à en dire.
Heureusement, la rubrique "recherche" de ce blog m'a aidée. J'ai en effet parlé une fois d'Isabelle Juppé, dans un billet (2 mars 2008) sur la place des femmes en politique et l'interrogation que constitue pour moi l'utilisation médiatique des épouses. I J ne constituait-là qu'un exemple qui n'avait rien de personnel. Elle venait de publier un livre (ce qui est par définition un acte public) et j'ai évoqué à son propos, en une ligne, la magistrale prescription de François Mauriac : "Ne jamais rien écrire d'insignifiant". Ceux qui ont lu cet important ouvrage jugeront.
Rien à voir donc avec l'insinuation calomnieuse de la petite phrase sifflante d'Alain Juppé. C'est décidément un standard de la pratique politique de l'UMP d'affirmer avec hauteur, d'avancer chiffres ou propos sans aucun rapport avec la réalité.
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samedi 21 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 21 mars 2009 à 23:30 dans Brèves
Ce matin, à la radio, Brice Hortefeux, commentant, mi-hautain, mi-goguenard, les manifestations du 19 mars :
"Je ne connais aucun autre pays qui manifeste contre la crise..."
Mais non, M. Hortefeux, ce n'est pas contre la crise, mais contre le gouvernement, votre gouvernement que nous manifestons.
Difficile début dans un ministère difficile dont, semble-t-il, il ne connait rien.
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jeudi 19 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 19 mars 2009 à 12:15 dans Journal
Le 13 septembre 2007, je recevais du Préfet de la région Aquitaine, une mise en garde "sur quelques pratiques et errements qui ont pu concerner des étrangers en situation irrégulière". Il attirait mon attention sur les peines qui peuvent s'appliquer à "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d'un étranger en France" par application de l'article 622.1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.
J'étais à l'époque (et au demeurant, toujours) coupable d'accompagner des étrangers me paraissant le mériter dans leurs démarches pour obtenir un permis de séjour, et je me proposais de pratiquer le parrainage républicain de l'un d'eux.
Il s'agissait d'un jeune Kurde, prénommé Bilal. Ceux qui ont vu le film "Welcome" sauront pourquoi je précise l'origine et le prénom de mon jeune homme..
L'histoire de Bilal, ce Bilal bordelais, est toujours en cours : il travaille et reçoit des renouvellement de permis de séjour tous les six mois que nous espérons parvenir à faire pérenniser, car c'est pour lui une épreuve bi-annuelle d'attendre le papier qui l'autorisera à continuer de travailler et de se faire soigner dans notre pays.
Comme beaucoup d'entre nous, j'ai été très choquée de découvrir qu'une loi de notre République pouvait instaurer un "délit d'humanité" et le groupe socialiste s'est mis au travail pour rédiger une proposition de loi modifiant cet article 622.1
Le film Welcome est sorti à point nommé : il rend sensible "les errements et les pratiques qui concernent les étrangers en situation irrégulière". Je reprends les mots du Préfet, mais bien sûr non pas à l'adresse de ceux qui les aident mais de ceux qui condamnent ces "aidants".
Nous avons visionné hier à l'Assemblée "Welcome" en présence du metteur en scène Frederic Lioret et présenté notre proposition de loi. Elle est écrite avec un parfait sens de la mesure et de la responsabilité de manière à ne pouvoir, en aucun cas, faciliter ou absoudre le vilain travail des passeurs ni de tous ceux qui font commerce de la détresse des migrants.
Espérons qu'à l'inverse de la plupart de nos propositions, elle viendra en discussion complète à l'Assemblée et pourra être signée par des députés de toutes sensibilités. Sur ce sujet, le consensus honorerait les députés de droite.
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mercredi 18 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 18 mars 2009 à 01:27 dans Journal
Le bouclier fiscal, mesure phare du sarkozysme triomphant, se fissure, ce qui n'est pas de très bonne augure pour un bouclier.
Vendredi dernier, en commission, le Président PS Didier Migaud a proposé de le "redéfinir" afin que le calcul du plafond de 50% prenne en compte l'ensemble des revenus, sans exonérer la part qui, soumise à déducations d'impôts diverses, lui échappe encore. C'était lui porter un premier coup, et aurait constituté une victoire très forte pour notre groupe, difficile à retoquer complètement dans l'hémicycle.
Hélàs, comme à l'habitude, branle-bas de combat à l'UMP, députés appelés en hâte par SMS en salle de commissions et le vote de cette "redéfinition" a été négatif à quelques voix.
Quelques uns des députés et sénateurs les moins obtus de la majorité ont pourtant bien pris conscience du cynisme d'une telle mesure en temps de crise : on demande des efforts supplémentaires aux Français, mais seuls les plus fortunés échappent à ces efforts du fait du bouclier. Pierre Méhaignerie, Gérard Larcher et une poignée d'autres ont demandé une "suspension" du bouclier.
Niet de l'imperatoir élyséen que nous a répercuté hier le Ministre Eric Woerth lors des questions d'actualité au gouvernement. A notre nouvelle interrogation "allez-vous supprimer le bouclier fiscal", le Ministre a répondu sans embages : "Non (nous l'attendions), parce que c'est une mesure de justice fiscale ". Là, nous n'avons pu échapper à un mouvement de surprise.
Explication de cette justice, conception Eric Woerth "c'est justice que dans notre pays personne ne puisse travailler plus d'un jour sur deux pour l'Etat".
Tollé sur nos bancs : Eric Woerth sait bien que les contribuables sous bouclier ne se lèvent pas chaque matin pour embaucher. Ils gèrent leurs patrimoines, leurs actions... Et d'ailleurs, Johny, non plus qu'aucun de ses semblables, s'est-il réinstallé en France ?
En effet, comment considérer comme "juste" une mesure
- qui met à l'abri de tout effort supplémentaire quand l'ensemble des Français y est au contraire appelé (par exemple pour le financement du RSA)
- qui touche pour l'immense majorité des cas des gros revenus avec des patrimoines plus gros encore.
- qui "rapporte" d'autant plus qu'on dépasse le plafond : les chèques de remboursement sont proportionnels à ce dépassement
Ce sont en France 23 176 personnes qui se sont partagés 221 849 413 euros. Le chiffre moyen de 16 613 euros par tête n'a pas de sens : la poignée de petits contribuables qui en bénéficie cache le fait que pour les plus riches l'enveloppe est beaucoup supérieure.
En Aquitaine, ils sont 499 à avoir empoché 5 212 048 euros.
Alain Juppé, lit-on à chaque page de tous les journaux d'Europe et de Navarre, cherche à se démarquer de Nicolas Sarkozy. Que ne rejoint-il Larcher et Méhaignerie ? Voilà une mesure parfaitement équitable, profitable au budget de l'Etat et surtout plus concrête que de gloser sur le sens de la rupture.
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lundi 16 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 16 mars 2009 à 12:58 dans Journal
Lermontov aurait dit "Un héros de notre temps". Les deux sont vrais pour Alain, héros et écrivain.
Trop ignoré des médias en ce moment et c'est injuste : radios, télés, et jusqu'à notre journal Sudouest, qui l'omettent sur leurs ondes ou dans leurs pages, alors qu'on devrait lui consacrer chaque jour des émissions et des éditions entières. Que fait donc Mme Albanel ? En plus du talent d'écrivain, Alain a une véritable pensée, un à propos, un retour sur soi et sur les puissants de ce temps sans complaisance qui force l'admiration.
A qui pense-t-il quand il écrit: "La psychologie de notre temps ne se relèvera point de son erreur principale qui est d'avoir trop cru les fous et les malades". A qui, en effet ?
A propos du même , il confesse: "On nous réconcilia, nous nous embrassâmes et, depuis ce temps-là, nous sommes ennemis mortels".
Plus loin, cette flèche acérée: "Si les locomotives étaient conduites par l'Etat, le machiniste aurait une femme sur les genoux".
(Alors là, quand même, cher Alain, vous y allez fort ! Il n'est pas donné à tout le monde de faire "people")
J'apprécie plus encore chez Alain, son optimisme, son désir affiché de "positive attitude", pas toujours évident au regard de l'actualité du temps. On sent qu'il se force un peu, que son tempérament naturel est plus atrabilaire. Et d'ailleurs, il l'avoue : "Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté". Et de la volonté, certes il en faut, même au grand écrivain qu'il est.
Même lucidité envers soi dans cette phrase : "Ce que j'appelle République, c'est plutôt une énergique résistance à l'esprit monarchique, d'ailleurs nécessaire partout". Et il sait de quoi il parle !
Commentant certaines de ses récentes déclarations, il en livre la raison: "Les temps sont courts à l'esprit qui pense, interminables à celui qui désire". Quel sens de la phrase, quelle justesse, pourquoi un tel homme ne nous a-t-il donné que quelques volumes, s'abîmant dans des activités tellement subsidiaires au regard de son talent ? Quand on pense qu'il a été jusqu'à gaspiller de nombreux mois à enseigner à des étudiants qui n'en demandaient pas tant !
Sur les déboires qu'il a subis dans sa fraîche maturité : "La ruse des gouvernants est vieille comme le monde, la ruse des gouvernés est bien jeune". Et certes, il n'oubliera pas cette ruse injuste qui l'a frappé "On a plus de croyance à 60 ans qu'à 6 ans, car on a de la mémoire''".
A tous ceux qui lui vantent un avenir parisien : "Ce n'est qu'en province que l'on apprend à se surveiller soi-même, à se surveiller et à ne dire que la moitié de ce que l'on peut dire". Mais plus loin, on se rassure en trouvant "L'idée d'un destin invincible est plutôt politique, j'entends propre à ceux qui tirent leur subsistance des hommes, et de plaire, et de persuader". Nous ne doutions guère, à vrai dire.
Un moment de lucidité pourtant dans cette phrase : "Je plains ceux qui ont l'air intelligent, c'est une promesse qu'on ne peut tenir".
Tout est dit.
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samedi 14 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 14 mars 2009 à 20:40 dans Journal
Brel, Bashung : même punition, même motif. Même drame : le cancer du poumon.
Autrefois, ils seraient morts de tuberculose, de syphilis, comme Kafka, comme Schubert, comme tant d'autres. Mais à ces maux, on ne pouvait rien. Au cancer du poumon, on peut non pas tout, mais beaucoup : éviter de l'avoir. Comment ? Tout le monde le sait, je n'ai pas besoin de dire davantage.
Les maladies comportementales remplacent par légions entières, les maladies infectieuses ou lésionnelles que le XXième siècle a guéries. Ces maladies sont évitables, comme le sont tant d'autres causes de mort, de violence, de souffrance. La drogue qui met le Mexique à feu et à sang et que Carlos Fuentes dénonce dans son dernier ouvrage. Bien d'autres.
Bashung, Brel, tous deux ont fait un disque, ont chanté, ont été fêtés entre deux chimiothérapies. Et même si leurs chansons n'en disent rien, écoutons "l'herbe entre les pavés", le silence entre les notes.
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vendredi 13 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
vendredi 13 mars 2009 à 16:29 dans Journal
Le 19 janvier 2009, les abonnés au Gaz de Bordeaux, recevaient de leur prestataire une lettre réconfortante, titrée en gros caractères "Votre facture de gaz n'augmente pas au 1er janvier 2009"
Et, poursuivant du même ton : "Pourtant le prix du gaz, lui, augmente de 7,9% au 1er janvier . Gaz de Bordeaux a pris la décision de vous accompagner, de vous soutenir et de défendre votre pouvoir d'achat".
Quel bon père de famille, ce "Gaz de Bordeaux", et avec ça, ayant plusieurs tours dans son sac...
Ces mêmes abonnés eurent en chaussant leurs lunettes la désagréable surprise de voir que le gaz n'augmentait pas en effet, mais que leur abonnement lui subissait une hausse de 82% !
Je m'en suis, comme beaucoup d'abonnés, émue et je me suis adressée à M Palau, Président du Conseil d'administration de GDB, organisme qui on le sait reste contrôlé par la municipalité.
Réponse tardive, mais longue. Un courrier de plusieurs pages est en général un courrier embarrassé.
L'explication est pourtant simple et ne manquera pas de convaincre les abonnés : si GDB a augmenté aussi radicalement augmenté l'abonnement, c'est qu'il a procédé à une restructuration tarifaire.
Jusque-là, tout le monde comprend.
Bien mieux "cette restructuration tarifaire résulte de la stricte application des recommandations exprimées par la Commission de Régulation de l'Energie." . Là où il y a de la rigueur, il ne peut y avoir que de la justice, n'est-il pas ?
Je passe sur un long paragraphe qui n'apporte pas d'élément décisif et qui est résumé ainsi "En d'autres termes, dans un souci de juste affectation des coûts, la CRE souhaite que l'abonnement gaz couvre l'ensmble des coûts fixes supportés éffectivement par les fournisseurs, y compris si un client ne consomme pas effectivement de gaz". Je vous le disais, il y a de la justice, au moins dans l'affectation des coûts.
Plus loin : "C'est donc cet ensemble d'éléments réglementaires qui expique que le niveau de l'abonnement mensuel du tarif 305 ait été porté de 15,33 E HT à 27,89 E HT"
Convaincus ?
Pas moi, et pour deux raisons :
- le courrier lénifiant envoyé par GDB le 19 janvier aurait dû être rédigé ainsi : le tarif de gaz ne va pas augmenter, mais votre abonnement va subir une hausse de 80 %
- la hausse en question, si du moins elle est justifiée, aurait due être annoncée par avance, être expliquée (et non tomber à la sauvette entre deux lignes pas toujours faciles à comprendre) et être progressive, tous les budgets ne pouvant l'amortir d'un seul coup.
Une association vient de se structurer ([email protected]) ; de même, tous peuvent réagir par le biais des associations de locataires ou des associations du cadre de vie telle que la CLCV.
Là comme ailleurs, il ne faut pas faire de promesses mensongères et il faut expliquer les décisions, si elles ont des justifications.
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jeudi 12 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 12 mars 2009 à 18:26 dans Journal
Nous organisons demain 13 MARS, à 18 heures 30
salle Quintin Loucheur, rue de la Béchade à Bordeaux
(en face de l'hôpital Charles Perrens, accès tram Pellegrin)
un débat public sur le projet de loi portant réforme de l'hôpital
avec la participation d'administratifs, de médecins hospitalo universitaires, de médecins libéraux et de soignants
Ce projet va radicalement modifier la structure du système de notre système de santé.
Service public hospitalier, accès aux soins, gouvernance des Agences Régionales de Santé, médecine ambulatoire : nous sommes tous concernés
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mercredi 11 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 11 mars 2009 à 22:45 dans Journal
Dans le train du retour à Bordeaux, je m’interroge sur le bilan des plus de cent heures de débat qui viennent de se terminer avec le vote de la loi de Mme Bachelot portant réforme de l’hôpital.
Je l’ai dit précédemment : très peu, voire pas, d’avancées, pourtant proposées et soutenues par des députés de gauche comme de droite, quand ces derniers n’étaient pas contraints de les retirer piteusement ou de voter contre ce qu’ils avaient eux-mêmes signé. Service public hospitalier, rôle de la communauté médicale dans la gournernance de l’hôpital et l’élaboration de son projet médical, régulation de la démographie médicale, prévention de l’obésité, ébauche d’une politique de lutte contre les addictions, nous n’avons obtenu que des évolutions minimes du texte, dont certaines (rôle de la commission médicale) ont été annulées par des amendements rectificatifs en profitant à 4 heures ce matin du petit nombre des derniers combattants.
Le « succès » le plus notable a été de contrecarrer les dispositions de la loi qui mettaient en danger la viticulture sans améliorer en quoi que ce soit la lutte contre l’alcoolisme compulsif des jeunes. De là à faire arborer à ce billet l'hommage que César rendait à lui-même, il y une marge mais je l’ai allègrement franchie : à l'heure tardive où j'écris, on ne résiste guère à un jeu de mots. De "vini", il fut beaucoup question mais à « vincere » nous avons été nombreux, et c’est tant mieux.
Bilan donc de ce volet de la loi :
- les dégustations gratuites ont échappé à la rigueur de la loi. Voyant la pression des députés, de droite comme de gauche et surtout l’émotion du monde viti-vinicole, le gouvernement a substitué à nos propres amendements un texte autorisant donc les stages d’œnologie et l’offre gratuite lors des foires et des fêtes traditionnelles. Ainsi l’initiative paraît venir du gouvernement alors que la batterie de nos amendements aurait pu satisfaire l’enjeu. Le subterfuge est habituel, nous y étions préparés.
- moins élégante, la manière dont a été acceptée la publicité sur internet à l’exception des sites destinés à la jeunesse ou au milieu sportif, ainsi que des publicités intrusives ; ceci par ailleurs dans les limites de la loi Evin concernant les autres médias. Les députés PS Girondins avaient déposé un amendement et un sous-amendement permettant d’assurer l’évolution de la loi dans le sens que nous souhaitions (je passe sur la technique de ces jeux d’amendements et sous-amendements). La Ministre a donné sa préférence à un amendement issu des rangs UMP, qui pourtant était venu après les nôtres, était moins complet et moins précis. Cela pour ne laisser en aucun cas la paternité de la modification aux rangs de la gauche.
A plusieurs reprises au cours de ces cent heures, la Ministre a appelé au consensus. De même, le Président de la République appelle à un soutien unanime quand les enjeux sont d’importance. Il a été démontré ce soir-là qu’il n’y avait de bon consensus qu’un consensus UMP et il n’a même pas été question d’une co-signature générale.
- Nous avons, de plus, voté à la quasi-unanimité l’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux mineurs. Cette interdiction a le mérite d’être simple. Elle n’est pas exempte de possibilités de contournements ou d’effets pervers, mais en tout état de cause, ils sont moins dangereux que l’absence de loi.
Nous avons regretté sur les bancs de gauche, l’absence tout au long de la discussion de la loi, article 24 compris, de nos deux collègues girondins UMP qui avaient exprimé avec nous, lors d’une matinée de rencontre des parlementaires avec les représentants du monde viti-vinicole, leur volonté de porter la bataille unanimement dans l’hémicycle. Je suis toujours prête à un front uni des sensibilités quand les enjeux sont importants et le permettent.
Il y a, au fronton des salles de réception de l’immeuble des grands vins de Bordeaux, une citation qui m’est chère : « Il y a une civilisation du vin. C’est celle où les hommes veulent se connaître afin de ne pas se combattre ». Dans la ville qui porte au plus haut cette civilisation, n'est-il pas temps d'en comprendre l'enseignement ?
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 11 mars 2009 à 12:25 dans Journal
La non inscription de Gilles Savary pose plusieurs problèmes de fond. C'est l'un d'eux que j'aborde ici : la contre publicité faite par le Parti Socialiste du travail, de l'engagement et, partant, de la compétence.
C'est pour moi une véritable blessure que cette contre pub' vienne du Parti Socialiste. Je parle du travail matin, midi et soir, et je relève parfois la nuit pour en rajouter un couplet. Je crois en sa force émancipatrice (le mot est ringard), thérapeutique et, dans le cas qui nous occupe, sur sa nécessité absolue quand il s'agit dans la situation actuelle de peser sur les enjeux politiques. L'enjeu européen n'est pas le moindre.
Le site rue 89 a analysé de manière très rigoureuse le travail des parlementaires européens, en ne le résumant pas à la présence dans l'hémicycle, laquelle est une présence au moment du vote, souvent faussée par rapport au travail réel en séance.
Il a donc été établi une pondération de plusieurs parametres : interventions en séance, questions, propositions de lois ou de directives, commissions..
La mise en parallèle du classement des socialistes et de la liste des éligibles est accablante.
Les quatre derniers des sortants socialistes sont en position rééligible, deux ont été promus comme têtes de liste.
Les quatre premiers sont renvoyés à leurs chères études (Carlotti, Lienemann, Savary, Ferrara)
Encore faut-il remarquer que l'excellent classement de Gilles Savary doit être examiné en tenant compte des deux campagnes électorales qu'il a dû mener : municipales de Talence où il était en mission pour solidifier la majorité PS à la CUB, puis élection cantonale pour regagner son siège de Conseiller général dont le Préfet l'avait automatiquement démissionné.
Maigre consolation : l'analyse de rue 89 a été consultée par près de 24000 visiteurs. Espérons encore que Martine Aubry en a été informée.
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 11 mars 2009 à 10:05 dans Journal
Ouverture de la journée de travail ce matin dans mon bureau de l'Assemblée. Fenêtre ouverte, "soleil par dessus le toit" comme dit le poête. J'ai la chance d'être entourée de silence : les bruits de Paris, roulements de voiture, klaxon, en ce moment une sirène d'ambulance, paraissent très loin , confus, et sont presque réconfortants.
La loi Hôpital qui nous a tenus plus d'un mois touche à sa fin, une grande partie des nuits comprise. Bilan : pas grand chose. Je veux dire, pas grande amélioration obtenue malgré des débats de qualité, très "pro", malgré une convergence initiale lors des commissions entre de nombreux députés de droite et de gauche. La Ministre "a mouillé sa chemise" me disait hier soir le Président de séance Rudy Salles : présente en totalité à chaque séance, prenant soin de répondre à toutes les interventions, avec beaucoup de courtoisie, le plus beau sourire de l'Assemblée, mais surtout beaucoup de sens politique. Dans le fond, elle n'a rien cédé, ni à la gauche, ni à la droite. Sur 2000 amendements en effets, 1500 venaient des rangs de la majorité. Beaucoup ont été retirés sur ordre, dont ceux de Bernard Debré, attaché lui aussi au service public hospitalier, les autres ont été "repoussés" ou "rejetés".
La nuance entre les deux termes, introduite par le rapporteur Jean Marie Rolland, échappait même aux plus chevronnés d'entre nous. C'est finalement Rudy Salles qui, avec un certain humour, difficile à transcrire, a expliqué : "A vrai dire, il n'y en a aucune". Puis après un moment d'intense réflexion a ajouté "on peut même dire que c'est pareil".
Cette difficulté à transcrire m'incite à parler d'un malentendu dont je tiens à m'expliquer jusque dans ce blog. Je l'ai fait auprès des intéressés de vive voix et par mail, mais comme il peut survenir à nouveau sur n'importe quel sujet, je préfère l'éclairer tout de suite.
Lors de mes interventions sur le possible transfert des missions de service public au privé, j'ai souvent pris l'exemple de deux services de chirurgie particulièrement performants, rentables et dont l'activité constitue à Bordeaux un des pôles d'excellence de notre CHU.
Mon propos avait un double but :
- démontrer que dans les conditions proposées par la loi le directeur de l'ARS (Agence Régionale de Santé), s'il était mal intentionné, pouvait réduire les moyens d'un de ces services et l'amener ainsi à la "carence" . Il a pour cela tout pouvoir.
- Il a tout pouvoir également pour constater cette carence et décider de transférer ce service et cette mission au secteur privé.
Le compte-rendu des débats, dans l'une des interventions, laisse croire que j'ai dit qu'à Bordeaux, la chirurgie du rachis n'était plus pratiquée. Alzheimer aurait frappé très fort de me faire croire à cette absence car je collaborais régulièrement jusqu'à il y a quelques mois avec cette équipe pour le dramatique problème des métastases du rachis.
Volée de bois vert d'un des médecins de cette équipe ; j'ai été très peinée qu'il puisse croire que j'avais oublié à ce point la réalité de la vie hospitalière et je m'en suis expliquée auprès de lui comme auprès de son chef de service.
Pourquoi j'en parle ici ? Pour rétablir la vérité, bien sûr, mais aussi parce qu'à la lecture des compte-rendus, on s'aperçoit de la distance qu'il y a entre l'expression orale, vive, allant du couroux à l'humour, et ce que la prise en sténo retranscrit. La plupart de mes collègues écrivent leurs interventions et donnent le document au service de la séance pour être sûrs d'avoir une formulation parfaite et fidèle. Pour ma part, hors les questions d'actualité, je préfère la vivacité de l'expression directe, mais j'en ai découvert à cette occasion les limites.
Merci à ceux qui lisent les compte-rendus des débats de tenir compte de cette distance entre le réel et l'écrit, la formulation plate et les mille tonalités de la parole.
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mardi 10 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 10 mars 2009 à 10:16 dans Journal
Je n'ai pas décoléré depuis cette nuit ; ce matin serait plus juste : la séance s'est terminée (à notre demande, la Ministre voulait poursuivre) à 3 heures 10 du matin. Avoir passé tant de temps, discuté tant d'amendements qui auraient dû s'imposer "sur l'ensemble de nos bancs" selon l'expression d'usage, nous avons assisté à une reculade en rase campagne ; cela fait lourdement douter du débat parlementaire.
Bilan concernant l'obésité : rien de chez rien. Les enfants vont pouvoir continuer à vider des sacs de chips devant la télé, et la télé continuer à leur en vanter les bienfaits. L'amendement Méhaignerie-Boyer, pourtant prudent au delà du raisonnable, si l'on peut oser cette expression paradoxale, a été penaudement retoqué (voir billet précédent). Sans Pierre Méhaignerie, auquel il tenait à coeur, il aurait d'ailleurs été retiré sans discussion.
Le comble a été qu'il serait passé aisément sans cette dérobade généralisée à l'exception d'un seul. Nous avions indiqué que nous le voterions sans exception, si les trois députés ump signataires n'avaient pas renié leur propre texte, il était accepté.
J'ai donné des exemples chiffrés de l'influence des pubs télés sur les goûts des enfants et les achats des parents. Cet amendement bien que trop prudent (il ne concernait pas les adolescents) constituait une vraie mesure de prévention. Eh bien, elle est passée par pertes et profits, sous prétexte d'une charte passée opportunément en février avec 4 "gros" de l'agro-alimentaire (dont Mac Do, qui n'a pas besoin de cela pour continuer à engraisser à la fois les jeunes et son bilan financier), tous les autres pourront continuer à remplir nos écrans de pizzas baveuses, d'acides gras trans convertis en pâtisseries collantes et autres barres chocolatées.
De la même manière, a été retoqué un amendement qui demandait que lors des visites de médecine scolaire, les enfants soient, une fois l'an, pesés et passés à la toise. Raison du refus : il ne faut pas stigmatiser les enfants qui ont tendance au surpoids !". Nous sommes en plein dans le principe "si non ne veut pas voir la fièvre, il faut casser le thermomêtre". Les députés de gauche sont restés sidérés sur leur banc.
Un dernier exemple concernant un aspect très différent et non moins grave, de l'obésité. Beaucoup d'études montrent que la grande obésité est la PREMIERE cause de discrimination à l'embauche. Nous avons demandé à ce que la Halde "conduise des travaux d'études et de recherches sur les discriminations à l'égard des personnes obèses". Révolutionnaire, n'est-il pas ? Et pourtant là aussi, refus. Motif : "j'ai rencontré le Président de la HALDE, il est tout à fait en accord avec mes préoccupations". Mondain mais insuffisant. Quel inconvénient y avait-il à adopter cet amendement dont l'ambition était déjà trop modeste si tout le monde était d'accord sur son principe.
Le bilan de la longue soirée d'hier est donc le vote (à l'unanimité) de l'interdiction de vente d'alcool et de tabac aux mineurs. Ceci sans autre mesure de prévention, sans politique d'éducation et d'information, sans aucune mesure à l'encontre des autres formes d'addiction. Un exemple supplémentaire de "la politique en kit" : on prend une pièce du puzzle, en sachant bien que si elle n'est pas encadrée d'une politique d'ensemble.
Résultats : les 15% de petits Aquitains en surpoids continueront à croître et prospérer.
21 commentaires
Par Michèle Delaunay,
mardi 10 mars 2009 à 00:43 dans Journal
En direct de l'Assemblée où nous débattons du volet santé publique de la loi "portant réforme de l'hôpital"
Après le chapitre concernant l'alcool, nous sommes entrés dans une série d'amendements destinés à lutter contre l'épidémie d'obésité, chez les enfants bien sûr, mais aussi chez les adultes puisque 80% des enfants obèses demeureront obèses.
Un amendement-clef arrive en discussion. Il prévoit que "les messages publicitaires télévisés ou radiodiffusés portant sur des boissons et des produits alimentaires manufacturés avec ajout de sucres, matières grasses ou édulcorant de synthèse, ne puissent être diffusés pendant des programmes qui sont qualifiés par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, d'émissions dont une partie importante du public est constituée d'enfants ou d'adolescents. Ces messages ne pourront être diffusés dans les quinze minutes qui précèdent ou suivent de tels programmes".
Rappelons que 60% des enfants regardent la télé tous les jours en rentrant de l'école, et que les 3/4 d'entre eux reconnaissent préférer les produits promus à la télévision plutôt que ceux qui ne sont l'objet d'aucune pub.
Quant aux parents, ils sont plus de 80% à acheter les produits "vus à la télé" et réclamés par les enfants.
L'amendement vient de la droite (nous en présentons un comparable) et a été excellemment exposé par le Président de la commission des affaires sociales, Pierre Méhaignerie.
Y a-t-il, devant la gravité des données, la moindre raison de ne pas voter cet amendement ?
Madame la Ministre DE LA SANTÉ, vient pourtant d'inviter au vote "non", sous prétexte d'une charte de bon comportement signée en février avec quelques unes des firmes agro-alimentaires. Mais en quoi cette charte serait-elle trahie si tous sont invités (à vrai dire même contraints) à suivre les dispositions que quelques-uns ont déjà adopté ?
En réalité "la charte" a été signée en février, alors même que la discussion sur la loi avait déjà commencé, pour essayer de détourner la Ministre et les députés de voter la loi, plus contraignante et surtout contraignante pour tous.
Eh bien, que croyez-vous qu'il arriva ?
Une fois encore, les députés de droite, ceux-là mêmes qui avaient proposé l'amendement, ont voté contre lui, à l'exception de Pierre Méhaignerie. Mme Boyer elle-même, responsable de la santé au groupe ump, auteur d'un rapport sur l'obésité largement médiatisé, s'est piteusement reniée, enlevant toute crédibilité future à ses travaux et à ses déclarations.
Le lobby agro-alimentaire a gagné. Obésité et diabète ont de beaux jours devant eux.
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samedi 7 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 7 mars 2009 à 23:45 dans Journal
Drôle de séance jeudi soir à l'Assemblée. Il était tard déjà et nous approchions de l'article 24 qui, en Bordelais comme dans toutes les régions vinicoles, a soulevé beaucoup d'émotion : il interdit les offres d'alcool gratuites ou au forfait.
En ligne de mire, les "open bars" et les soirées promotionnelles des alcooliers où l'on peut consommer à volonté et souvent, massivement ; mais, de facto, l'interdiction touchait les dégustations telles qu'on peut les faire dans les caves et lors des fêtes traditionnelles.
Les députés girondins étaient bien sûr en première ligne pour montrer qu'il s'agissait de deux problèmes radicalement différents. Je parle des députés girondins, en réalité seuls étaient présents les députés PS. Heureusement, il sont largement représentés dans notre département.
L'heure était tardive et de manière très malencontreuse, le Président de séance a décidé de réduire nos interventions de 5 minutes à 2 minutes. Pour ma part, je m'étais portée candidate pour laisser mon temps de parole à mes collègues de territoire directement viticoles. Mais non, la consigne a été de tous parler, en rang serré et à rythme soutenu.
Résultat : tout le monde a dû parler très vite. Venant presque en dernier, j'ai abrégé ce que je voulais dire, qui avait d'ailleurs été très bien exprimé par mes prédécesseurs girondins, mais j'ai attiré l'attention du Président sur le fait que ce "binge speaking", en toute hâte, allait bien mal avec ce que nous souhaitions soutenir : une tradition viti-vinicole multi-séculaire et une civilisation du vin qui est à l'inverse du "binge drinking" que nous condamnons.
Qu'est-ce en effet que le binge-drinking ? Je me permets de l'expliquer, pensant que les lecteurs du blog, comme son auteur, n'en sont pas coutumiers. C'est l'absorption rapide d'une grande quantité d'alcool fort, généralement d'un mélange d'alcools blancs avec prédominance de vodka. Le but du jeu, est d'obtenir une "cuite express", pour parvenir brutalement à un état quasi-comateux. On voit que le terme de "jeu" est d'ailleurs mal choisi et il arrive que "mort s'en suive" quand l'absorption a été trop importante, trop brutale et quelquefois accompagnée d'autres toxiques.
C'est un substitut de drogue, ou plutôt c'est bien affectivement une drogue. Le but recherché, le moyen, le risque sont les mêmes que pour les autres addictions chimiques. Le succès de ces pratiques vient de ce qu'il est plus facile de se procurer de la vodka que des drogues, moins cher, et il faut lutter contre ce nouveau drame avec tous moyens. Regrettons au passage, qu'à l'exception de l'alcool, aucune autre forme d'addiction ne soit envisagée dans la loi de mme Bachelot. C'est bien démontrer la force des lobbies qui sont derrière.
La culture du vin, telle que Bordeaux la représente et la promeut, est à l'opposé : consommation modérée, absorption lente, savourée avec des mets, recherche de partage et de convivialité. Les régions viti-vinicoles comme la nôtre ne sont pas des régions d'alcoolisme. Quant aux jeunes, ils consomment très peu de vin (moins de 5% de la consommation nationale). Avouons qu'ils ne "binge-drinkent" guère au château Margaux !
Je crois que nous avons bien soutenu le dossier : le gouvernement a présenté un amendement revu, faisant bien la part des choses et autorisant l'offre gratuite dans "les fêtes et foires traditionnelles" ainsi que lors des stages d'oenologie. Nous l'avons évidemment voté.
La bataille continue à partir de lundi 16 heures sur les autres articles sur le sujet.
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jeudi 5 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 5 mars 2009 à 22:41 dans Journal
Moment de détente dans l'hémicycle. Cent trente députés de l'ump se sont, nommément, mis ensemble pour signer un amendement qui reste pour moi une interrogation.
Cent trente députés nommés (une pleine page) c'est tout à fait exceptionnel ; le plus souvent, 10 à 15 qui ont vraiment travaillé à la rédaction sont cités par leur nom et l'on ajoute "et les députés socialistes de la commission ceci ou cela. Il faut une initiative de grande ampleur pour mériter une liste aussi large.
Dans les 130 députés, de vaillants secouristes, dévoués aux humbles actes de la santé de tous les jours tel Louis Giscard d'Estaing, qui n'a d'ailleurs pas apparu tout au long de la loi portant réforme de l'hôpital.
Cet amendement historique propose que l'accouchement soit l'occasion d'enseigner les soins de premiers secours.
En lisant le texte, une interrogation métaphysique m'a soulevée : qui s'agit-il d'enseigner, et surtout qui s'agit-il de secourir ? Le bébé, la parturiente, la sage femme ??
N'ayant pas trouvé de réponse, j'ai interrogé le groupe UMP dans l'hémicycle. Détaillant mon interrogation, j'ai entendu mes collègues PS derrière moi répondre dans un concert de rires : "Non, non, bien sûr, c'est le père !"
Des bancs de l'UMP, une voix de confrère a sussuré pudiquement : "soyons charitables, passons au suivant..."
Le B.A.BA du secourisme devra chercher meilleur champ d'application...
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 5 mars 2009 à 12:58 dans Journal
Je vous invite tous à signer la pétition pour la réintégration de Gilles Savary sur les listes européennes sous le lien suivant.
http://www.mesopinions.com/detail-petition.php?ID_PETITION=189d5128b1ec8649e7f62a30477865d5
Texte de la pétition
A l'attention de : Martine Aubry
Samedi 28 février, le Conseil National du Parti Socialiste a avalisé les listes pour l'élection au Parlement Européen du 7 juin prochain.
Encore une fois, la Gironde, et au-delà, la Région Aquitaine, n'est pas représentée dans les 3 premières places éligibles.
Département le plus peuplé de l'ensemble de la circonscription électorale du grand Sud Ouest, réservoir électoral de grande ampleur pour la Gauche, la Gironde est à nouveau oubliée par les instances nationales de notre Parti.
Le Parti Socialiste Girondin, 5ème fédération de France, qui a construit ses nombreuses et récentes victoires électorales dans l'unité, déplore que Gilles Savary ne figure pas sur la liste du grand Sud-Ouest, malgré le soutien unanime de l'ensemble de ses Parlementaires et le très large appui de son Conseil Fédéral. Sa désignation en position éligible aurait marqué la reconnaissance de son travail de fond à Bruxelles qui nous fait honneur et est reconnu bien au-delà des socialistes.
Considérant que la liste proposée ne respecte pas les équilibres territoriaux, la représentativité militante et ainsi,la logique électorale, la Fédération Socialiste de la Gironde a décidé en présence de nombreux parlementaires de ne pas organiser le scrutin de ratification de la liste adoptée par le Conseil national initialement prévu le 12 mars prochain.
En signant la pétition appelant la direction nationale à revoir sa copie en réintégrant Gilles Savary pour prendre en compte l'intérêt général du Parti socialiste au-delà de la seule addition des intérêts des motions, nous pouvons adresser un signe fort : notre volonté d'un fonctionnement respectueux des militants, une reconnaissance du travail unanimement reconnu et le respect des territoires.
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mercredi 4 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 4 mars 2009 à 16:20 dans Journal
Il y a en Lozère plus de vétérinaires que de médecins. Dans les beaux quartiers des belles villes, médecins et spécialistes sont en surnombre et doivent se concentrer sur des compétences particulières qui ne sont pas toutes utiles.
Où sont les mesures concrètes dans le projet de loi que nous discutons à l'Assemblée ? Lire la suite
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 4 mars 2009 à 10:07 dans Journal
La grogne à l'encontre de la liste européenne du PS dépasse de beaucoup la Gironde. A quoi bon décider de listes régionales si l'on parachute à tout va, selon les mouvements des vents ou, plus justement des courants ?
Une de nos députées m'a dit "ces listes sont significatives de l'attitude des partis vis à vis de l'Europe : la question n'est pas de donner une majorité au Parlement, mais de caser ou de recaser les pontes qui n'ont pas trouvé place ailleurs". Bruno Leroux arrive à la réunion des vice-Présidents de notre groupe : "Eh bien, mes amis, je suis heureux, nous avons vécu ce week-end un grand moment de rénovation !"
Espoir d'une éclaircie et d'une possible révision des listes ?
Dans la modeste mesure des faibles forces de nos petits bras, nous y travaillons tous. Chacune de vos réactions pèse de son poids.
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mardi 3 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 3 mars 2009 à 13:31 dans Journal
J’ai trouvé dans un des petits cahiers où mon père, souvent dans le train comme moi en ce moment, notait ce qui lui passait par la tête cette formule : « travaille à une société de simplicité et de rigueur »
L’impératif s’adressait sans doute à lui même ; il n’en avait d’ailleurs guère besoin.
On devrait aujourd’hui mettre la formule en entête de toute facture payée avec les deniers publics. Regardons en effet tranquillement les comptes du pays France. Le déficit de l’Etat (tout simplement la différence entre ses dépenses et ses revenus) sera présenté demain au Conseil des Ministres. Il dépassera 100 milliards d’euros.
Le chiffre a doublé en 6 mois. Lors de la présentation du PLF 2009 (Projet de Loi de Finances, j’emploie le sigle juste pour vous initier au jargon parlementaire), le gouvernement tablait sur 52 milliards. Depuis, Eric Woerth court derrière l’explosion des chiffres et, de rectification en rectification, arrive aujourd’hui à une multiplication par deux. En janvier, il annonçait 86,5 milliards, quinze de plus viennent de tomber sur son bureau.
Le déficit de la sécu suit le mouvement : annoncé à 8 milliards, il a lui aussi pratiquement doublé (15 milliards).
Les trous se succèdent et grandissent. En face de cela, l’ « Etat », à tous les niveaux de son fonctionnement (collectivités, fonctionnaires, élus…) doit s’astreindre à un régime de simplicité et de rigueur. Où est cet « Etat irréprochable » que promettait Nicolas Sarkozy pendant sa campagne quand le renouvellement de sa flotte aérienne nous coûte 350 millions d’euros et que le budget de l’Elysée croit en proportion de la dette ?
Je rêve d’un « Que choisir ? » notant les ministres, les maires, tous ceux qui manient et utilisent les deniers publics, à l’inverse de leurs dépenses. Nombre de conseillers dans les cabinets (ou plutôt enveloppe salariale consacrée à ces cabinets), frais de réception, budget de communication, évolution de ces paramêtres au cours des années….Tout cela est facile à connaître, et comme c’est le cas dans certains pays, devrait être public.
Démagogie ? Poujadisme ? En réalité, simplement, nécessité. Nous n’aurons jamais une Etat exemplaire s’il n’est d’abord transparent.
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lundi 2 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 2 mars 2009 à 21:30 dans Journal
A une écrasante majorité, le Conseil fédéral de la Gironde vient de décider de ne pas organiser le vote pour la liste socialiste pour les élections européennes.
Pourquoi organiser un vote qui ne serait qu'une parodie de démocratie ? La Gironde, département le plus peuplé de la région Sud-Ouest (Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon/Aquitaine) a exprimé préalablement aux décisions du bureau national, sa volonté de voir le Département représenté en position éligible, et cette représentation être portée par Gilles Savary.
Cette motion n'a reçu aucune réponse qui puisse être considérée comme telle.
Par vote, ce soir, en présence des élus et d'une grande partie des conseillers fédéraux (le parlement départemental du PS), nous avons décidé de ne pas organiser un vote qui ne serait qu'une parodie de démocratie.
Merci à notre Secrétaire fédéral, Ludovic Freygefond, d'avoir initié ce vote et de l'avoir contrôlé pour s'assurer que seuls les membres titulaires du Conseil s'étaient exprimé. La démocratie doit être rigoureuse, plus que jamais dans nos instances.
Porteuse, derrière Philippe Madrelle, au nom du département de la Gironde, et avec l'ensemble des élus présents, de cette décision, j'invite les militants à s'exprimer à l'occasion d'une pétition que nous mettrons très vite en ligne.
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dimanche 1 mars 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 1 mars 2009 à 16:07 dans Journal
En Afrique, le SIDA est une maladie majoritairement féminine (61,5% des cas) et sa contamination est très majoritairement hétérosexuelle, bien qu'il n'existe sur ce point aucune vraie statistique (nous en reparlerons).
C'est pour cela aussi que c'est une maladie éminemment politique.
Politique parce que les femmes restent en grande partie en dehors des campagnes de prévention, de l'accès aux soins et aux médicaments et surtout que les femmes atteintes sont touchées d'opprobre et bien souvent mises au ban de la famille et de la société. Elles sont plus pauvres, plus vulnérables, plus dépourvues de ressources légales et c'est pour les Africains un premier challenge d'aborder le problème sans tabous et avec pleine conscience de la gravité des enjeux.
Un handicap supplémentaire est la précocité de la fécondité chez les adolescentes. Un quart d'entre elles, entre l'âge de 15 et 19 ans, ont déjà commencé leur vie féconde et 17% ont déjà un enfant (statistique du Burkina mais approximativement partagée par les pays d'Afrique de l'ouest). Cette précocité de la fécondité chez les adolescentes s'explique par la sous-scolarisation des filles et la tradition nataliste des pays. Dans cette même tranche des 15-19 ans, 64% des filles (et 53% des garçons) n'ont jamais été à l'école.
Parmi ces très jeunes filles, 70% n'ont pas utilisé de préservatifs, avec le double risque que l'on conçoit. Quand la grossesse survient et qu'elle s'ajoute à un contexte de malnutrition aigüe, de carence énergétique chronique, d'insuffisance d'accès aux visites prénatales, elle constitue une importante cause de mortalité maternelle.
La scolarisation retarde l'entrée en vie féconde des adolescents et la lutte contre le SIDA passe par la mise en place d'une scolarisation pour tous et d'une éducation affective et sexuelle des filles et des garçons dans les programmes.
L'aspect le plus marquant de cette spécificité de genre du SIDA africain, est la stigmatisation et le risque de mise à l'écart des femmes atteintes. Sans ressources personnelles, sans éducation, ni emploi, elles sont souvent condamnées à une vie misérable. Ce risque diminue leur accès au dépistage et c'est un des arguments plaidant en faveur du dépistage obligatoire. S'il touche tout le monde, il aura plus de chance de concerner les femmes et la stigmatisation risque aussi d'être moindre.
Jusqu'à une période très récente, les femmes refusaient de parler de leur maladie et cela constituait un frein supplémentaire à la diffusion des messages de prévention et d'accès aux traitements. Cette barrière est en train d'être franchie, et j'ai été reçue dans une association où les femmes prennent la responsabilité de témoigner, d'accueillir d'autres femmes, d'aller dans les familles.
C'est peut-être la plus grande leçon du SIDA africain : le rôle-clef des femmes, la prise de conscience que rien n'est possible si leur statut n'évolue pas. D'année en année, nous voyons des lois se mettre en place dans un pays puis dans l'autre, des politiques spécifiques, des associations, des réseaux... Les femmes parlementaires ou élues de tout niveau font bouger les lignes, certainement plus rapidement que si l'infection n'avait pas été là pour brusquer les mentalités.
Dans un bel élan d'optimisme, il n'est pas ridicule de dire que le SIDA joue un rôle d'accélérateur dans l'évolution de la situation de la femme. Acceptons-en, pour le moins, l'augure.
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