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vendredi 30 novembre 2007

Pouvoir d'achat : les propositions socialistes (1)

Premier billet sur ce sujet essentiel : le pouvoir d'achat des Français.

Essentiel en effet. Se rendre compte que malgré ses efforts, malgré le fait que l'on travaille, on doit toujours restreindre son budget, limiter l'un ou l'autre poste d'achat, et bien souvent les petites choses qui font l'agrément de la vie, est une épreuve réelle et va à l'inverse de ce qu'avait promis le candidat Sarkozy lors de l'élection présidentielle : être le Président du pouvoir d'achat.

Hier, une personne de la rue, lucide, m'a fait la remarque : "Remarquons qu'il n'avait pas dit s'il s'agissait d'être le Président de la hausse ou de la chute du pouvoir d'achat". Celui-là a compris. Il n'est pas le seul.

La droite prétend que ce n'est qu'une "impression" de baisse du pouvoir d'achat. Les chiffres sont malheureusement là : depuis deux mois la consommation des ménages a baissé chaque mois de deux points ; les dépenses "contraintes" (nourriture, logement, transports) représentent désormais 70% du revenu moyen. En dehors même des chiffres, toutes les conversations, tous les témoignages vont dans le même sens : l'un ne sort plus la voiture, l'autre ne chauffe plus toutes les pièces de sa maison, une autre s'interdit d'aller "en ville" et de regarder les boutiques ou les rayons modes des grands magasins car elle ne se permet désormais aucun achat dans ce domaine ...

Les propositions des parlementaires socialistes ont fait l'objet d'une proposition de loi, présentée hier 29 novembre à l'Assemblée et rejetée de parti pris par la majorité sans que ses différents points soient même examinés.

Voici l'essentiel de ces propositions parlementaires ; la précision "parlementaire" est importante : elle signifie que ne figurent que des mesures d'ordre législatif. D'autres, comme la revalorisation des petites pensions, l'augmentation du SMIC ou la convocation d'une conférence salariale avec les partenaires sociaux sont d'ordre réglementaire.

- Majorer la Prime pour l'emploi de 50% dès 2007 Ce complément de revenu est perçu par 9 millions de contribuables modestes. La majoration proposée représenterait l'équivalent d'un treizième mois, dont on mesure combien il serait bienvenu. Notons au passage que le coût de cette mesure d'équité est six fois inférieur à celui du "paquet fiscal" voté en juillet.

- Conditionner les exonération de cotisation sociale octroyées aux entreprises à l'augmentation des salaires Notre groupe aborde ici un pan d'un sujet souvent abordé ici : la responsabilité sociale des entreprises et le conditionnement des aides publiques à des avancées sociales.

Dans le même sens : instaurer un malus sur les entreprises qui abusent du travail à temps partiel et des emplois précaires

- indexer les loyers sur le taux d'inflation (et non sur le coût de la construction) On verra que cette mesure, balayée d'un revers de main le matin, a été reprise le soir même dans le discours de Sarkozy)

- Créer un véritable chèque transport pour les salariés. Ce dispositif, financé par les entrerpises, est bâti sur le principe de la contribution des employeurs à la carte orange en Ile de France. Le "chèque" transport apparaîtra sur le bulletin de salaire . La contribution sera exonérée de cotisations sociales pour les entreprises et d'impôt sur le revenu pour les bénéficiaires; il sera financé par un prélèvement sur les profits des compagnies pétrolières.

Voici les messures essentielles de ce projet parlementaire. On verra que l'une d'elle a été reprise, comme s'il en était l'auteur, par Nicolas Sarkozy. Comme il a repris deux mesures en faveur des nouveaux locataires (un mois d'avance, service public de la caution) qui étaient présentes dans le programme de Ségolène Royal. Président "coucou" qui fait un peu de son nid dans le nôtre : tant mieux, cela au moins est favorable, mais que n'en rend-il la paternité aux socialistes !

jeudi 29 novembre 2007

Levy-Strauss ! Books or pants ?

Pour célébrer l'anniversaire de Claude Levy-Srauss (99 ans aujourd'hui), cette histoire qu'il raconte dans un de ses livres en louant la concision de la langue anglaise autant que le niveau culturel des serveurs aux Etats-Unis.

Il est à New-York dans le bar d'un hôtel et commande je ne sais quelle boisson. Au moment de régler l'addition, il présente sa carte bleue que le serveur examine :
- Levy-Strauss ! Books or pants ? ("Les livres ou les pantalons ?")

Ce raccourci en effet fulgurant entre un de nos intellectuels les plus remarquables mais dont les livres ne se disputent pas sur les plages et le fabricant de blue-jeans m'a toujours beaucoup amusé.

Je m'en sers de prétexte pour parler de Claude, et lui souhaiter comme à l'écrivain Allemand Ernst Jünger, mort à 103 ans, d'écrire, de publier, de donner des interviews sans la moindre altération de son état de conscience et d'intelligence pendant beaucoup d'années encore.

mercredi 28 novembre 2007

Double vie...

Dans le train de nouveau, celui du retour de Paris, où j'atteris toujours un peu comme une bienheureuse après des journées remplies à ras bord. Trois heures devant moi avec dossiers et journaux, et bien sûr mon ordi, aussitôt déployé devant moi.

Moment de halte, malgré la vitesse qui en ce moment fait vibrer le train. Je ne rebranche pas le téléphone pour bien préserver la parenthèse entre vie parisienne et retour à Bordeaux. Je dis "vie parisienne", c'est un bien grand mot, je ne parviens jamais à sortir de l'Assemblée qui est un microcosme protégé, et certainement lui aussi un "ghetto" où parlementaires, assistants, personnel de l'Assemblée vivent au rythme des séances, des commissions et des groupes de travail. On marche à pas précipité dans les couloirs, échangeant sourires et signes de tête, tout le monde est toujours plus ou moins en retard pour arriver au point où à lieu sa réunion ou sa séance.

Mes assistantes, qui sont plutôt (heureusement) joyeuses et taquines parlent de "garde alternée" de la députée. Et comme les enfants en effet, je prépare mon cartable et mon gros sac avant de passer d'un domicile dans l'autre. Vaillament, comme les gamins.

Une vie un peu agitée au total, mais sans conteste pleine d'intérêt et que j'espère matérialiser positivement pour ceux qui m'en ont confié le mandat.

Violences, ghettos et drogue

Villiers-le-bel, Cergy, Ermont, Goussainville... Comment ne comprend-on pas que la question essentielle est la ghettoisation de notre société et de notre pays. Ghettos de pauvres, ghettos d'étrangers, ghettos de sans-emploi, et là-bas, plus loin, quelque part, ghettos de riches, "hauts-quartiers", codes d'accès, au propre et au figuré...

Je n'ai jamais compris pourquoi les gosses des banlieues n'allaient pas casser à Neuilly, plutôt que d'attaquer leur école, leur bibliothèque, la voiture de leurs parents. Mais c'est une autre histoire.

La première réponse aux problèmes des banlieues, c'est celle-là : arrêter de mettre de l'habitat social là où il n'y a que cela, créer des emplois sur tout le territoire et ne pas laisser s'élargir comme des flaques d'huile prêtes à s'enflammer la périphérie des grandes villes.

Un autre problème, et je suis sidérée de ne pas en entendre parler, c'est la drogue. Volonté (louable) de ne pas stigmatiser ? Crainte ? Sentiment d'impuissance ? Le fait est qu'on n'évoque pas son rôle à la fois dans la crise fondamentale des banlieues et dans leur capacité d'embrasement soudain.

On glisse quelque fois le mot "économie souterraine", sans dire même laquelle. Cette économie souterraine, ce sont les dealers, et d'abord ceux qui fournissent la drogue aux quartiers et qui embauchent des gamins pour la revendre et pour "contaminer" toute leur génération. Ces dealers vivent de la désespérance, de la vulnérabilité, de l'inactivité des enfants des banlieues. Ils n'ont aucunement intéret à ce que leur situation soit meilleure. Le malheur et la haine sont leur fond de commerce : la drogue les entretient et les démultiplie.

Le rôle de la drogue dans l'éclatement des violences est également évident. Tous les psychiatres, et en particulier ceux qui s'occupent d'enfants et d'adolescents, le savent et le disent sans être entendus : la consommation de drogue éxacerbe cette "perte de contrôle" qui est sans doute la marque de notre temps et génère la quasi-totalité des actes de violence des jeunes.

Nous avons bien sûr débattu hier à l'Assemblée des événements de Villiers le bel. La violence a changé de nature. Ce n'est plus un grand jeu vidéo, mais la volonté de tuer que les policiers ont rencontré. Il y a un niveau de désordre, dans les groupes comme dans la tête des individus, que n'atteint plus aucun résonnement.

Notre groupe a insisté sur deux points
-ouvrir tout de suite une enquête judiciaire sur la mort des deux jeunes gens
-remettre en place une police de proximité
Je reviendrai sur ces points.

mardi 27 novembre 2007

Femmes en politique

Dans le train vers Paris. Nous devisons avec mon voisin sur le "départ" de Cavada du modem. Il en était avec Bayrou la figure de prou et avait présidé aux assises du parti démocrate, qui ont abouti à la création du modem.

Triste image que ce ralliement à l'UMP pour cause de candidature. Un fait est remarquable : aucune femme n'a été piégée par ces ralliements, méprisants de l'électorat et de la conscience que l'on peut avoir de soi. On me rétorquera que les femmes sont, en politique, moins nombreuses que les hommes, et que le risque est donc statistiquement moindre.

La statistique n'est sans doute pas tout. Plus de conscience, plus d'engagement. Je le crois et je veux le croire.

Femmes en politique

Dans le train vers Paris. Nous devisons avec mon voisin sur le "départ" de Cavada du modem. Il en était avec Bayrou la figure de prou et avait présidé aux assises du parti démocrate, qui ont abouti à la création du modem.

Triste image que ce ralliement à l'UMP pour cause de candidature. Un fait est remarquable : aucune femme n'a été piégée par ces ralliements, méprisants de l'électorat et de la conscience que l'on peut avoir de soi. On me rétorquera que les femmes sont, en politique, moins nombreuses que les hommes, et que le risque est donc statistiquement moindre.

La statistique n'est sans doute pas tout. Plus de conscience, plus d'engagement. Je le crois et je veux le croire.

dimanche 25 novembre 2007

Hôpital Saint-André

Grande séance, ce matin, de déménagement, de mon bureau de l'hôpital Saint-André. On voit que j'ai mis à cet exercice peu d'empressement. Cinq mois que je suis élue et que le plus gros de mes dossiers, livres, documents divers demeurait dans ce bureau, juste à l'angle de la place de la République et du cours d'Albret.

Exercice peu agréable. J'ai "habité" plusieurs années l'hôpital Saint-André, et de toutes les maisons que j'ai quitté, ce n'est certainement pas la moins belle, ni la moins chargée d'histoire(s), au singulier comme au pluriel. Dans les couloirs aux hautes vitres, tout à l'heure, roulant mes livres comme on roule sa bosse, j'en ressentais à la fois le poids et la force et pour tout dire le caractère extraordinairement sacré.

Saint-André existe depuis le XVIe siècle. Il a traversé l'histoire de la médecine, qui est le noeud gordien de l'histoire des hommes. Hospice pour les miséreux pendant plusieurs siècles, il est devenu d'étapes en étapes le plus petit des établissements hospitaliers du CHU de Bordeaux, centré sur un pôle cancérologique de haut niveau. Entre ces deux situations, une révolution absolue, technique, sociale et culturelle, et pourtant Saint-André demeure "l'hôpital de Bordeaux" avec ce que cela suppose de tradition d'accueil de l'urgence et de la détresse. Je connais des endroits où couchent les SDF et dont on ne les dérange pas. Combien de fois aussi nous hospitalisons dans l'attente d'une situation sociale, pour faire passer un cap, ou pour faire un traitement avant même d'avoir trouvé la possibilité qu'il soit pris en charge.

Le matin, vers 9 heures, la petite cloche de la chapelle tinte sur la cour intérieure. Par ses hautes ouvertures alignées, elle ressemble à un cloître. C'est sans doute un des plus beaux endroits de Bordeaux. Ce n'est pas seulement l'architecture, bien que les proportions et l'ordonnance de l'ensemble soient très justes, mais l'atmosphère, et tout ce que l'on devine au-delà des travées dont chacune constituait autrefois une "salle". On dit aujourd'hui une Unité, il n'y a plus (heureusement) de salle commune et dans chacune les chambres individuelles se disposent le long d'un couloir central. Les moyens de soigner ont changé, mais l'attente y demeure la même, attente de la visite, attente des résultats du scanner, attente de la venue d'un proche, attente de partir, crainte de revenir.

Je suis partie, roulant mes caddies de paperasse, le coeur un peu serré. Le jour tombe, des gouttes s'écrasent devant ma fenêtre. Novembre n'est pas mon mois favori.

samedi 24 novembre 2007

Le pays aux deux langues

"Ma patrie, c'est la langue française", disait Camus. Les Belges, depuis des décennies, démontrent la profondeur du propos et la tension est aujourd'hui à son comble. De part et d'autre, on se dit que c'est cette fois sans retour, mais on se souvient aussi qu'on l'a pensé bien souvent depuis 30 ans (1977) qu'a été faite la partition de la Belgique en trois régions (Bruxelles, Wallonie et Flandre).

"Sans Bruxelles, il y a belle lurette que la séparation serait consommée", me disait un compagnon de train, fatigué de voir son pays s'épuiser en chicanes et en haines accumulées. Les Flamands se sentent humiliés d'être les moins nombreux jusque dans leur propre territoire, les Wallons n'en peuvent plus de voir la moindre parole en français sanctionnée, la moindre demande de traductions faire l'objet de tractations et de chicanes sans fins quand ils ont le malheur d'habiter du mauvais côté de la frontière linguistique.

Un sondage récent montrait que la majorité des Français étaient favorables à un rattachement de la Wallonie à notre territoire national. Comme mon Belge voyageur, j'ai envie de dire: "...et Bruxelles ?". En faire une ville européenne, créer pour elle un nouveau statut ?

C'est bien sûr aux Belges de décider. Une manifestation a eu lieu à Bruxelles le 18 novembre pour l'unité de la Belgique, pour réagir contre les partis flamands et francophones qui n'ont depuis cinq mois pas réusssi à se mettre d'accord sur un gouvernement. Cent quarante mille personnes ont signé une pétition sur internet allant dans ce même sens de l'unité. Il n'en reste que dix millions à convaincre..

Il y a du malheur partout. Heureusement, nous avons la langue française ...

jeudi 22 novembre 2007

Retenir le sable des jours

Une heure dans le noir à écouter la voix de Moravia et celle de Brel (France-Inter, tout simplement). J'avais besoin de m'isoler, de n'être plus rien qu'un animal qui a besoin de se remplir des autres. Et Moravia disant -cent ans déjà-, "je vis pour savoir pourquoi je vis", c'est déjà être deux, reprendre force, rallumer la lumière et rallumer l'ordi.

Journée pleine, c'est à dire sans trêve, et dont je ne sens que le vide. Pourtant, combien de contacts signifiants : avec ces parents d'élèves oeuvrant pour la mixité sociale dans leur école, avec cet avocat m'expliquant que si les stages en cabinet sont trop chers, n'en feront plus que ceux qui ont le "capital social" pour en trouver...

J'interromps les exemples de ces rencontres du jour pour dire un mot de celle que je viens de citer : j'ai fait une question écrite au gouvernement, en ma qualité de députée, l'interpellant le ministre du travail sur la faible rémunération des stagiaires (380 euros mensuels, à compter du premier jour du quatrième mois de stage). Les jeunes sont démobilisés, décridibilisés d'être payés sur l'ensemble de la période 30% du smic. Mais me dit mon avocat : nous n'avons aucune obligation de prendre des stagiaires, et pourtant le stage est obligatoire pour valider le diplôme. Si le coût du stage devient trop important, n'en trouveront plus que les fils de collègues, l'ami de l'ami, et ceux, comme je le disais, qui ont un "capital social" leur assurant des relations et leur ouvrant les portes nécessaires. Aujourd'hui, seulement 60 % des jeunes futurs avocats trouvent des stages...

C'est un sujet important, ne serait parce qu'il faut toujours s'interroger sur les multiples faces de chaque problème. Les contraires ne s'excluent pas. La démobilisation des jeunes est vraie, le risque de sélection par le piston l'est aussi. Tout cela, je l'entends.

Je reviens au vide des journées trop pleines. Aujourd'hui, à plusieurs reprises, on m'a interrogé sur le pourquoi du petit livre que nous allons présenter demain à la "Machine à lire" : une année de mon blog, l'éphéméride de cette année de campagne qui a changé la donne à Bordeaux. Mais pas tout à fait que cela : une année de vie dans une vie dont on ne sait jamais combien elle en compte.

Pourquoi ? Pourquoi aimer l'écriture comme une amie, comme une amie dont on voudrait qu'elle devienne familière d'un autre qui l'écoute dans le noir ? (Oui, quand on lit, on est toujours un peu dans le noir, seul avec un autre qui parle, comme moi tout à l'heure).

J'ai cherché, comme Hemingway le conseillait, la phrase la plus simple, la réponse la plus vraie : pour retenir un peu entre ses doigts le sable de chaque journée.

Ce soir encore. Combien encore ?

mercredi 21 novembre 2007

Une journée commence

Début de journée dans ma nouvelle maison : mon bureau, 3 rue Aristide Briand. Silencieux, blanc, lisse et ordonné. Même les piles de courrier sont droites et bien alignées, comme les cahiers d'une écolière studieuse.

En un mot, j'y suis bien. J'ai devancé l'appel du réveil pour travailler un moment dans ce calme. Paris est autour de nous, mais ne se fait pas entendre. Dans le couloir, premiers bruits, ceux de notre camériste indien vidant les poubelles de courriers et documents. Personne sait pourquoi il commence si tôt son travail, ni en ce moment comment il vient d'une banlieue sans doute éloignée. Nous échangeons plus de sourires que de paroles, le français demeure visiblement pour lui une langue très étrangère et je n'ai pas osé tenter quelques mots d'anglais.

Voilà. Une à une, les portes des députés vont s'ouvrir, les assistants vont arriver d'un pas toujours très décidé qui m'amuse. Petit monde studieux, majoritairement féminin et entièrement socialiste à cet étage, et disons-le sans réserve, très consciencieux. Amical aussi, et sans chichis.

Bonne journée !

mardi 20 novembre 2007

L'Ephémérité durable du blog | Invitation

Invitation à la Machine à lire | 23 novembre 2007 | 17h30

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Visite au centre de rétention administrative de Bordeaux

Hier 19, visite "surprise" au centre de rétention administrative, où sont "retenus" les étrangers en instance de reconduite à la frontière. Ces visites se font toujours sans prévenir à l'avance pour pouvoir en toute objectivité juger de l'état et de l'atmosphère des lieux.

Le centre de rétention de Bordeaux, se situe au sous-sol du nouvel hôtel de police. C'est un petit centre de 24 places, disposé autour d'un puits de jour au plafond grillagé, baptisé un peu généreusement "cour de promenade". Les six chambres de quatre lits chacune ne sont pas indignes. Les lieux de toilette (deux douches, deux wc, un lavabo double) sont sommaires et, ce matin-là, médiocrement entretenus.

La durée moyenne de séjour est de 15 jours. Le centre est plein, mais on n'y connait pas de surpopulation, au contraire de la prison. Il nous a été dit que les interpellations étaient interrompues quand le centre était plein.

Sauf à des occasions ponctuelles, où deux chambres peuvent être rendues indépendantes, le centre n'abrite que des sujets masculins, de nationalité variée, pour environ 50% africaine le jour de ma visite, et pour le reste, indienne, pakistanaise, turque, russe.

J'aurais aimé rencontré M Kébé Talibé, personne ivoirienne, dont la rétention vient d'être prolongée. Je m'étais entretenue avant d'entrer au centre avec sa compagne. Je donne à la suite de ce billet, la note qui m'a été transmise sur sa situation. On m'a dit que M Kébé venait d'être transféré pour une audience et je n'ai donc pu lui parler.

Je me suis entrenue avec plusieurs des personnes retenues. L'un d'eux, Algérien, est en France depuis 8 ans et demi, ainsi que ses quatre soeurs ; il travaillait, parle évidemment parfaitement français. Je me suis étonnée qu'il soit au centre de rétention, avec les étrangers nouvellement arrivés, et non assigné à résidence. La réponse a été bien sûr qu'il n'aurait pas été retrouvé à sa résidence, en ayant connaissance de sa possibilité de reconduite.

Une fois encore, cela me parait illustrer le fait que la "politique du chiffre" , imposée par le gouvernement, fait ignorer les situations individuelles, alors que chaque cas est un problème humain.

Dans le centre de rétention, une cellule d'isolement est en cours d'installation. Cela ne fera qu'augmenter le caractère carcéral de ce centre. Là la réponse a été qu'il fallait éviter que les "retenus" violents ou menaçant de se suicider aient à être transférés à Toulouse, dans un centre comportant ce aménagement. Pour les "suicidants", je ne comprends pas qu'ils ne soient pas orientés vers l'hôpital Charles Perrens, et je l'ai exprimé sans trouver là de réponse satisfaisante.

J'ai longuement parlé avec l'infirmier du centre, qui est un infirmier du CHU. J'ai particulièrement apprécié la manière dont il conçoit son rôle, qui est d'apporter non seulement du soin, mais de l'humanité, du lien, à des personnes en situation de stress, brutalement coupées de leur environnement, et dans l'incertitude et la crainte concernant leur avenir à court terme. Deux infirmiers se relayent au centre, assurant ainsi chaque jour, week end et fêtes compris, une présence de sept heures et demi. La nuit par contre, il n'y a pas de présence infirmière, et l'accès au soin doit passer par le gardien.

Un problème majeur est l'absence de mise à disposition d'un interprête pour les personnes ne parlant pas français. Cet accès est à leur charge ce qui limite leur accès aux procédures de recours de justice. Une fois encore, la bonne volonté supplée à la loi et les interprètes de la CIMADE ou de l'association Mana, apportent leur concours pour pallier à cette insuffisance du droit.

J'ai voulu que ce billet soit aussi objectif que possible et qu'il comporte tous les points qui m'ont principalement retenue. D'où l'austérité de son ton et de sa rédaction.

lundi 19 novembre 2007

Les parapluies de l'humour

Premier round de la journée ce matin avec l'inauguration du prolongement au Grand Parc de la ligne C du tramway. Concours de parapluies sous une pluie dégoulinante et froide de novembre. Un vrai plus pour la rive nord-est du Grand Parc (la rue Emile Counord et les bâtiments riverains) qui ne comble pas complétement les besoins de ce grand quartier, d'où notre souhait de voir maintenue la ligne 15 du bus, et ma proposition de la proroger de 6 mois dans ses horaires.

Dans un grand concours de public, Vincent Feltesse et Alain Juppé ont pris la parole entre deux rames. La cérémonie a été marquée par la pluie (désormais quasi de mise pour les inaugurations de tram du jeune Président de la CUB), une cohue sympathique mais aussi, comme toujours dans les manifestations publiques, par de jolies scènes de préséances. Le sommet d'humour involontairement atteint mérite le récit.

Arrivée d'Alain Juppé, puis de Vincent Feltesse. Comme il est de règle, les officiels se rassemblent, en grande partie pour figurer dans le champ des caméras et des objectifs des photographes. Préside normalement à cela, le protocole qui veut que tout ce beau monde (dont je fais partie) observe certaines règles de préséances, parmi lesquelles le rang des député(e)s. Nous étions deux ce matin dans ce même rang protocolaire qui devrait se manifester de manière bon enfant.

Nous nous trouvons ainsi, Chantal Bourragué et moi même, entourant le Maire. Première réflexion de Chantal, qui voulait m'évincer "nous (AJ et elle) sommes de la même majorité !". Je lui réponds, plutôt amène, que tout simplement cela n'entre pas en ligne de compte. Les députés en effet représentent les habitants de leur circonscription, sans distinction de parti ou de tendance. Leur seule prérogative vient d'avoir été élus.

Réponse de Chantal : "Mais moi, je l'entoure par amitié !". La réponse ne méritait pas de réponse, je demeure stoïque à mon avant-poste !

Juppé s'en mêle et m'apostrophe, un gros pli au travers du front : "Mais, Madame, c'est du scotch !"

Je pense qu'il voulait dire que je me scotchais à lui, ce qui n'est pas à vrai dire exactement mon ambition. Je lui réponds au plus simple : "Pas du scotch, Monsieur le Maire, du protocole !"

Le protocole UMP n'a pas encore intégré que la fonction de Maire et celle de député puissent être séparées. Dur apprentissage en effet, qu'Alain Juppé ne fait visiblement pas en zénitude.

- "Viens à côté de moi, Hugues, que je sois bien entouré !"

Et Hugues (Martin), toujours obédient, est venu protéger Alain J de proximités irritantes !

Je raconte cette histoire, dont chaque mot a été respecté, pour montrer à quel point la politique rend bête. Il est normal que le député soit à côté du maire, l'ennui est que le Maire depuis 60 ans était aussi le député, ça déforme la conception de la République.

Je voudrais dire un mot du protocole : il a un sens profond qui est celui du fonctionnement de la République, rien d'autre. Le Préfet représente l'Etat, le Maire la ville, le député la "représentation nationale".... Il va me falloir de gros efforts pour montrer qu'à Bordeaux , il ne doit rien avoir à faire avec l'amitié politique, la carrure d'Hugues ou l'irritabillité du Maire.

dimanche 18 novembre 2007

Energie solaire : la lumière venue d'Afrique

Dans un précédent billet, en date du 2 novembre ("La revanche de l'Afrique"), j'exprimais ma conviction que l'avenir de ce continent dépendait en grande partie de son accès à l'énergie solaire. La matière première est disponible à profusion, manquent les équipements en panneaux solaires et leur maintenance.

Un groupe d'ingénieurs allemands a la même intuition, avec une grande qualité en plus, ils l'ont transformée en un projet techniquement viable. Ils en ont convaincu un nombre suffisant de députés européens pour que se tienne à Bruxelles le 28 novembre un colloque sur le sujet.

Leur projet est de transformer le Sahara, disons une faible partie de ce territoire immense brûlé de soleil, en générateur d'électricité. "Le Monde" donne l'information aujourd'hui sous ce titre et commente "L'avenir de l'énergie dans les pays du Sud n'est pas l'atome mais le soleil".

"Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète, explique le physicien Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation). L'énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an. Cela représente une quantité d'énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l'électricité nécessaire à l'ensemble de l'humanité."

Le projet des ingénieurs allemands est d'abord d'irriguer en énergie solaire l'Afrique du nord puis de rendre le projet trans-méditerranéen et de perfuser l'Europe en électricité.

Pourquoi pas ? J'ai pensé pour ma part d'abord à l'Afrique elle-même. Pour quelques pays disposant de pétrole, combien en sont dépourvus et payent actuellement l'énergie à prix d'or ce qui les empèchent de puiser l'eau et d'irriguer selon leurs besoins, de climatiser là où c'est indispensable, de faire tourner les machines...Sans énergie abordable, l'Afrique ne prendra pas le tournant du développement autonome.

La nouvelle du projet allemand, tombée ce matin sur l'écran de mon ordi, via le Monde électronique a ensoleillé ma journée. Voilà une véritable information.

samedi 17 novembre 2007

Amendements and Co

Je disais hier soir (dans la nuit, en réalité) en commentaire du billet précédent que je n'étais pas moins fière en sortant de l'hémicycle que Bonaparte au pont d'Arcole. J'y avais remporté deux petites batailles, mais à l'aune des amendements de la gauche acceptés par la majorité UMP (rarissime), ces petites victoires comptent double.

La première est le vote à l'unanimité de l'amendement "Rousset-Delaunay" que, localement, nous appelons volontiers "amendement Utopia", car il va donner une belle bouffée d'oxygène à cet établissement culturel qui nous est cher. Il porte en effet le seuil d'exonération de la taxe professionnelle à 7500 entrées hebdomadaires pour les salles "art et essai", ce qui inclut utopia dans le dispositif.

Depuis ce matin, une interrogation se fait jour sur un point secondaire : le texte enregistré portait il aussi la mention "recherche" ? Cela ne change rien pour l'Utopia. Il y a eu hier à l'Assemblée un bug d'ordinateur : plusieurs amendements ont manqué à nos travaux, le nôtre au contraire a été présenté en trois versions. Cela n'est pas arrivé au cours de cette législature, c'est tombé sur nous hier. J'en fais mention ici par volonté de précision mais cela ne change pas le bénéfice obtenu.

Mon deuxième micro-Austerlitz a été le vote par notre groupe d'un amendement d'un député UMP (Garrigue) en direction des petites entreprises innovantes de moins de cinq ans d'âge. L'amendement stipulait que ces petites entreprises puissent bénéficier d'un crédit impôt recherche de 50% la première année, 40% la deuxième, 30% la 3ème jusqu'à la cinquième.

Cet amendement était vital pour de petites et jeunes entreprises en pleine expansion, sur lesquelles nous comptons beaucoup en particulier dans notre région, destinée à devenir la "biological valley" de la France. Ce beau terme est celui de la vallée de San Diego en Californie.

Je suis intervenue (après accord avec nos députés présents) pour dire que nous soutiendrions ce texte qui allait dans le sens de notre vision du soutien aux entreprises innovantes et à la recherche, et que nous disposions à le voter.

Le ministre Eric Woerth qui venait de déclarer qu'il ne "gagerait" pas cet amendement responsable d'un surcoût, a repris la parole pour dire qu'il s'en remettrait à la sagesse de l'Assemblée.

Nous avons voté à l'unanimité. Le Président a demandé s'il "gageait", et le ministre a confirmé que, devant ce vote unanime, il confirmait le "gage". Je crois que nous pouvons dire que l'amendement a été sauvé par notre vote et par mon intervention.

Qu'est ce que "gager" ? L'assemblée n'a pas le droit de proposer, ni de voter, un texte qui augment la dépense publique. Tout amendement doit être compris dans le budget, ou compensé par une économie faite ailleurs. Quand le ministre "gage", il s'engage à compenser, et l'amendement peut passer.

Une longue soirée après une longue journée (assez rébarbative : les derniers articles de la loi de finances, sur fond de "bug"), mais où j'ai eu l'impression de n'être pas inutile.

vendredi 16 novembre 2007

Amendement cinémas art et essai (ou "amendement Utopia")

L'amendement que je vais déposer tout à l'heure dans l'hémicycle, au nom d'Alain Rousset et au mien, s'inscrit dans le cadre de la politique de soutien de la production cinématographique et du réseau de salles indépendantes. On se doute que les Bordelais que nous sommes ont un peu en ligne de mire l'Utopia qui connait aujourd'hui des difficultés financières.

Cet amendement mérite quelques précisions. La loi dite "Loi Sueur" permet de faire bénéficier les salles "Art et essai", tout comme d'autres lieux culturels, d'une mesure d'exonération de la taxe professionnelle ; cet impôt est loin d'être négligeable puisqu'il représente par exemple pour l'Utopia à Bordeaux, une somme annuelle d'environ 100 000 euros.

A ce jour, ne sont concernées que les salles réalisant moins de 5000 entrées hebdomadaires, ce qui exclut un certain nombre de salles et d'exploitants qui font un travail de grande qualité et franchissent le seuil de 5000 entrées (ce qui est le cas pour l'Utopia).

Notre amendement vise donc à faire bénéficier de cette éxonération
'' -les établissements de spectacles cinématographiques qui (...) réalisent en moyenne hebdomadaire moins de 5000 entrées et bénéficient d'un classement "art et essai" au titre de l'année de référence.

- les établissements de spectacles cinématographiques qui (...) réalisent en moyenne hebdomadaire entre 5000 et 75000 entrées et bénéficient d'un classement "art et essai" et du label recherche au titre de l'année de référence'' ''

La proposition de relever le seuil à 7500 entrées permet à des établissements tels que l'Utopia de ne plus tomber sous le coup d'un seuil trop arbitraire tout en restant conforme à l'esprit global du législateur qui a fixé à 10 000 entrées hebdomadaires le seuil en deça duquel un exploitant de cinéma peut recevoir des subventions publiques.

Pour ne pas cependant ouvrir les portes aux multiplexes qui possèdent la mention "art et essai", nous demandons que les salles qui font entre 5000 et 7500 entrées disposent également du label recherche, classification plus éxigeante quant aux films projetés et qu'aucun multiplexe ne possède à ce jour.

La portée budgétaire de l'amendement est restreinte puisque la mesure ne concerne qu'une dizaine de salles ; il permet de ne plus sanctionner les salles art et essai, classées "recherche" qui font un travail militant tout en pratiquant des prix accessibles.

Le travail législatif est pointilleux et il doit être juridiquement et financièrement bordé. Cet amendement en donne une illustration.

jeudi 15 novembre 2007

ligne 15 : la suite de la suite

Salle bondée ce soir au Grand Parc, réunissant les usagers de la ligne 15, à l'initiative de l'association "Villages de ville". Consensus dépassant largement tendances, partis politiques et limites de quartiers, pour demander la conservation de la fréquence de passage. J'ai proposé que cette conservation à l'identique soit prorogée six mois, pour que nous puissions ensuite peser avec le poids de chiffres et de données objectives dans la politique des transports du deuxième canton.

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L'urgence politique du jour

La situation est difficile et risque de s'aggraver, mais il y a aujourd'hui à Bordeaux une urgence politique qui l'emporte sur toutes les autres : rentrer les crassulas ! Cette plante aux cent variétés (ce qui est évidemment symbolique de diversité culturelle) a été l'emblème de nos différentes campagnes électorales . Crassula ovata, "l'arbre de jade", a toujours figuré dignement dans l'entrée de nos permanences électorales, et il faut voir aussi dans cette présence un signe fort en faveur de l'écologie et de la défense de l'environnement. A titre personnel, les crassulas que j'élève sous la mère dans mon propre jardin (baptisé "centre européen du Crassula" par Gilles Savary), rejoignent régulièrement les maisons amies et c'est en direction de celles-ci que j'adresse un message d'alerte : il faut rentrer les crassulas avant ce soir car il y a un fort risque de gel.

Le crasssula est en effet bon-enfant : on peut le priver d'eau, le tailler en buisson, en arbre, voire même le bonsaïser, mais il a un ennemi absolu : le gel.

Un quart de degré au dessous de zéro, et le voilà réduit en une plante molle et noire, condamnée à une mort misérable.

J'en appelle donc à tous les foyers adoptifs qui ont ouverts leur porte et leur coeur à l'une ou l'autre espèce de crassula dont je couvre la Gironde. Ne prenez pas ce risque et ménagez dès aujourd'hui une positition à l'abri, de préférence bien éclairée, à votre crassula. Il vous le rendra en amitié et en généreux développement.

mercredi 14 novembre 2007

Ligne 15 : la suite

Le dossier de la ligne d'autobus numéro 15 est exemplaire autant de l'importance de la mobilisation des citoyens que de la nécessité de l'action réelle des politiques. Je tiens au courant, presque au jour le jour, les habitants du deuxième canton mais aussi tous les Bordelais et les habitants du Bouscat, de l'évolution du dossier.

Pour mémoire : la suppression de la ligne 15 a été envisagée à la suite de la mise en service (lundi prochain) de la ligne de tram. Qui dit quoi, qui fait quoi ? C'est l'objet de cette rubrique "ligne 15".

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L'Ephémérité durable du blog | le livre

En librairie le 16 novembre 2007

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"Travailler plus pour gagner tout court !"

Je recycle avec bonheur le slogan (inofficiel) de ma campagne législative : "travailler plus pour gagner tout court !". Ca n'a pas si mal marché...

Ca marche déjà assez bien côté campagne municipale. On chauffe les pneus... et les cerveaux. Lundi dernier 12 novembre, le rendu de l'Université d'automne du PS bordelais, organisé par Jacques Respaud. Rapports synthétiques, notes de travail, tout ça très pro, pour que la réunion soit dense.

Samedi prochain, mise en place des groupes de travail, ouverts aux Bordelais (et au delà) de tous poils et de toutes tendances. Il y a même, je dois le dire des femmes (nombreuses), des non encartés à quoi que ce soit (très nombreux aussi), des gens de tous les quartiers (je dis cela en écho au billet précédent..)

En un mot : un vrai grand projet pour le Bordeaux du XXIème siècle ! Nous avons déjà beaucoup engrangé, beaucoup produit nous-mêmes.

Au boulot !

Scoop

Sourire ce matin dans SO avec l'annonce de l'attelage de cinq messieurs pilotant le comité de soutien d'Alain Juppé et supposés représenter toute la diversité de notre grande cité.

Quatre UMP et, dangereuse ouverture, un Bayrouiste tendance nouveau centre (si on peut oser ce rapprochement). Fréquentable cependant : né à Caudéran, élevé et éduqué à Sainte-Marie de Grand Lebrun. Et sportif avec ça : il est assidu de Primerose que son frère dirige ! Week-ends au Cap Ferret, y'a pas de lézard.

Parité, ouverture, diversité culturelle, présideront à la campagne d'Alain J.

CQFD.

dimanche 11 novembre 2007

Ligne 15 : l'embellie

La vie politique est compliquée, quelquefois amusante, et certainement pas inutile. La défense de la ligne 15, désservant le vaste quartier du Grand Parc par huit arrêt distincts et le mettant à portée d'arbalète de l'hyper centre ville en est l'illustration. Je me permets de renvoyer au billet précédent sur le sujet ("Grand Parc : défense de la ligne 15") et à ses nombreux commentaires.

Rappelons une fois encore que c'est la CUB qui gère les déssertes d'autobus, le tram... Mais à Bordeaux comme ailleurs, sur ce sujet comme tous les autres problèmes communautaires, la CUB agit en concertation avec le Maire de la commune et ne va pas en opposition avec lui. Il en avait été ainsi du projet de suppression.

A l'approche de sa concrêtisation, je me suis adressée, autant par un courrier argumenté que par contact personnel, au Président Feltesse pour montrer combien le maintien était nécessaire à la pleine participation du Grand Parc au coeur de la ville et que l'on devait en outre tenir compte du nombre important de personnes pour lesquelles un surcroît de marche à pied et un transport non direct étaient réellement problématiques.

Vincent Maurin, conseiller municipal communiste de Bacalan, est également intervenu. Nul autre.

Brutalement, le Maire de Bordeaux a changé de position et s'est déclaré favorable au maintien. Nulle trace dans les archives de la CUB d'une levée de sourcil de sa part avant ce revirement.

Alors qu'elle en est la raison ? L'action des deux élus a été importante, mais plus encore celle des habitans du Grand Parc qui se sont élevés en bon ordre, non dans un intérêt communautariste, mais en prenant réellement compte des données objectives : nombre de déssertes au Grand Parc, temps de marche jusqu'à l'arrêt de tram pour de nombreux groupes d'habitation, pourcentage de la population âgée, absence de tout lieu culturel ou festif dans le quartier...

Le caractère ordonné, structuré, de cette démarche citoyenne est due à l'association "Villages de ville". Je n'ai pas voulu la citer, en dehors de ce blog, sur aucun document écrit, pour ne paraître d'aucune façon "récupérer" une association pleinement indépendante.

Restons vigilants. De nouvelles propositions vont être faites à l'initiative de la CUB mais la volte face de la Mairie de Bordeaux laisse bien augurer de leur accueil.

Bel exemple de la "Responsabilité Sociale des Citoyens", sujet bien souvent abordé dans ce blog. Il est à la fois l'essence et la finalité de la politique.

vendredi 9 novembre 2007

La Princesse aux petits pois

Pardon d'avoir un tout petit peu disparu..

Disparu est bien le mot : d'abord sous trois couches de couettes et trois de couverture (le nombre est précisément exact) pour cause d'éffervescence tropicale. C'était une sorte de version renouvelée de "La Princesse aux petits pois". Sauf que les petits pois étaient des parasites ouagadangais et qu'ils n'étaient pas dessous, mais dedans.

Quant à la Princesse, princesse ou pas, elle a survécu à de plus gros et de plus méchants ..

mardi 6 novembre 2007

Un nouvel ami dans la maison

J’adore cette phrase de Claude Roy : "un livre c’est un nouvel ami qui entre dans la maison". A vrai dire, j’aime beaucoup Claude Roy lui-même. Il est de ces écrivains qui donnent l’impression de les connaître depuis longtemps et d’être bien souvent en accord avec eux, autant pour de petites remarques que pour leur attitude générale devant la vie. Ce sont des « écrivains familiers ». Claude Roy était aussi un homme généreux, attachant et séduisant, ce qui ne gâte rien à la relation familière dont je parlais.

Hier dans ma permanence de la rue Saint Laurent, c’est un ami un peu particulier qui est entré : le livre composé à partir de la première année de mon blog. J’ai toujours envie de dire, par timidité sans doute, le « petit » livre, mais cela fâche beaucoup mes deux autres nouveaux amis, Jean-Luc Veissy et Dominique-Emmanuel Blanchard, mes éditeurs du « bord de l’eau », qui se sont portés en charge de la transformation d’un objet éphémère en un objet véritable, le livre.

« Il a de la main », m’a dit Jean-Luc en me donnant le premier volume. Je ne connaissais pas l’expression mais elle n’est pas sans justesse pour ce geste tout simple de prendre en mains un livre et d’y trouver une sorte d’avant-plaisir. Cela tient au poids, à la qualité du papier, au grain de la couverture, toutes choses qui ne sont pas in-importantes pour accueillir ces écrivains familiers dont je parlais.

J’ai râlé un peu sur la marge du texte, très réduite et qui donne l’impression d’aller chercher chaque début de ligne dans la pliure du texte. « Sans cela il aurait été trop gros et on ne l’aurait pas eu si bien en mains » a grogné Jean-Luc. J’ai rétrogradé prudemment : l’argument « d’avoir de la main » est irréfutable pour un livre !

Il y a bien longtemps que je n’avais pas accueilli cette sorte particulière de nouvel ami qui est un livre qu’on a écrit, et le dernier était un livre de médecine consacré à ma tumeur favorite, le mélanome. Pas un livre qu’on s’arrache sur les plages. On devrait pourtant car on y trouverait argument pour ne pas bronzer des heures idiot, ni mettre les enfants à cuire sur la plage comme de vulgaires bébés homards. Mais c’est une autre histoire, et presque une autre vie.

J’ai raconté ici pourquoi je publiais si peu. A un moment, cet effort (car c’en est un) de mener un manuscrit à la publication, ma paru inutile et vain. Le nombre de livres dans ma maison est accablant (bien que j’ai récemment assez bien réussi à transformer une bonne partie d’entre eux en un gigantesque autodafé). La masse de ce qui se publie chaque mois est également accablante et tant de livres ne sont pas ces amis dont je parlais, mais d’insignifiants récits dont on ne comprend ni la nécessité intérieure, ni la capacité à toucher et à atteindre cette familiarité qui signe la vraie écriture.

Alors pourquoi le blog/livre ? Sans doute pour retenir le sable d’une année que j’ai partagé avec beaucoup et dont le résultat le plus tangible (l’élection législative) est susceptible en elle-même et par ses prolongements de changer la donne à Bordeaux. Pour dire aussi cette familiarité que j’ai trouvé, que je trouve chaque jour, à écrire dans le blog (en ce moment même), et à essayer de la faire sentir et partager.

dimanche 4 novembre 2007

Récréation

A ma table de travail, sage comme une image dans le silence de la maison, je fais une petite excursion-récréation vers le blog.

J'aime beaucoup ces moments tranquilles où je sais que je n'ai pas à repartir le soir pour une quelconque réunion. Le temps m'appartient un petit moment, le monde parait ralentir, se poser, souffler lui aussi.

Je viens d'envoyer des mails à plusieurs amis, partenaires soit du petit livre qui va paraître, soit de la campagne municipale qui se met en place : tous étaient aussi à leur table de travail, les mains sur le clavier de l'ordi, et ils ont aussitôt répondu. C'est aussi une manière de faire clin d'oeil à ces travailleurs du dimanche et du silence, que j'écris ces trois lignes.

De l'autre côté de la grande vitre, le rouge gorge regarde sans façon ce drôle de grand oiseau trop bête pour avoir des ailes.

Le bal des oiseaux

Bonheur du dimanche matin, pour une fois sans "terrain" , ni manifestation. Un peu de remise en état et un peu de simple vague dans mon jardin, largement fréquenté par les oiseaux. Quatre espèces s'invitent de préférence dans la salle à manger en forme de mini-chalet suisse mise à leur disposition : la cytelle torchepot au long bec, la mésange charbonnière, le rouge gorge et de petites bergeronnettes brunes tachetées, couleur de feuilles mortes et qui se confondent avec elles quand elles marchent sur le sol.

Tout ce monde fait un bal continu et régulier entre les arbres et les abords de la maison. Au point que j'ose à peine ouvrir les volets pour ne pas déranger leur monde.

C'est une sorte d'ascèse d'aimer les oiseaux : ils savent certainement à peine que l'on existe, et s'ils le savent c'est davantage pour s'éloigner que pour s'approcher. Ils vivent pour vivre, rien d'autre, et nous faire oublier que le ciel est muet.

samedi 3 novembre 2007

La taxe des morts

Avant d'aborder le sujet, il faut que les choses soient bien claires entre nous : la mort, je n'y suis pas favorable. Et même je suis contre, carrément contre. Il faut avoir à l'occasion des opinions tranchées.

Les morts, c'est autre chose, et je dois même à la vérité de dire que la plupart des gens que j'estime et que j'aime en font partie : Montaigne, le bourru policé, Kafka, drôle et douloureux, Camus qui aimait si fort qu'on lui dise qu'il ressemblait à Bogart, et pas mal d'autres, plus ou moins connus, plus ou moins proches. Tous sont de ceux-là.

Le jour des morts n'est que le deuxième du mois de novembre, celui qui suit la Toussaint, qui est au contraire dans la tradition un jour de réjouïssance. Mais il me semble que tout le mois est marqué de cette tonalité. Novembre est le mois où on entre "pour de vrai" dans l'hiver, où une grande partie des feuilles des arbres sont à terre et où on met son chauffage en marche pour parer au froid qui s'installe. Autant de signes confus d'un deuil informulé que nous portons en nous.

Je ne sais comment je suis arrivée là. Je voulais en commençant ce billet parler d'un sujet infiniment concret : la TVA sur les obsèques. Le rapport est évident mais la tonalité du discours ne colle pas. Le taux de TVA est en effet, comme pour les restaurateurs, de 19,6%, ce qui correspond à une mâne financière non négligeable pour l'Etat puisqu'il y a bon an, mal an, 500 000 décès en France.

Les morts sont pourtant plus nombreux que les restaurateurs, mais on les sait "taisants". Et les vivants ne se mobilisent pas sur le sujet, qui bouscule ce mélange de crainte et de respect que nous avons en parlant de la mort.

Je m'interroge pourtant sur le taux de cette taxe. Avec un peu d'humour noir, on peut dire que la baisser ne fera pas "repartir les affaires". On ne mourra ni moins, ni davantage, et même le budget que les familles consacrent aux obsèques sera sans doute peu modifié. Mais on reste gêné par l'importance de cet impôt sur la mort.

vendredi 2 novembre 2007

La revanche de l'Afrique

La revanche de l'Afrique sur la dureté de la vie dans la majorité de son territoire, c'est l'énergie solaire. Utiliser le soleil qui déssèche la terre, tarit les cours d'eau, brûle la peau et rend tout effort épuisant, pour avoir de l'énergie à large disposition, est la seule perspective durable de développement de l'Afrique.

On ne le sait pas assez, tous les efforts des pays africains sont basés sur le pétrole, dont la quasi-totalité sont dépourvus. A Ouagadougou, puiser l'eau, faire de l'électricité, installer un climatiseur à l'hôpital, tout cela, c'est du pétrole.

Le renchérissement déjà énorme et inéluctablement croissant du pétrole va tarir un peu plus les forces de l'Afrique. Alors que l'énergie y est dispensée partout, à profusion, avec une intensité incroyable, sous la forme du soleil.

Avoir une énergie peu chère changera le visage de l'Afrique : les enfants pourront travailler dans des écoles climatisées, l'eau pourra être profondément puisée et irriguera les cultures, les moteurs tourneront...

Le problème n'est pas simple et très concrêtement, il est triple : le coût des panneaux solaires, leur installation de telle manière qu'ils ne soient pas déteriorés, leur maintenance. A Ouaga, nous avons dans notre petit groupe, jeté les bases d'un micro projet : installer un panneau solaire sur le toit d'un restaurant qui constitue la source de revenus d'un orphelinat. Avec moins de charges d'énergie, le restaurant aura plus de revenus et ceux qui y travaillent le feront dans de meilleures conditions.

Le problème n'est pas simple, mais c'est la clef du développement de l'Afrique.