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jeudi 30 avril 2009

La revanche éternelle des riches contre les pauvres

C'est à une nouvelle scène de ce scénario, éternellement rejoué, que nous assistons aujourd'hui à l'Assemblée, à l'occasion de la deuxième séance d' "initiatives parlementaires" où nous déposons trois propositions de loi.

Trois propositions de justice sociale sont mises en débat :
1-Proposition "Hauts revenus et solidarité" centrée sur l'abrogation du bouclier fiscal, la suppression des stock options hors de certaines conditions, des parachutes dorés, et imposant la transparence des rémunérations des dirigeants d'entreprise ainsi que leur plafonnement entreprise par entreprise.

2- Proposition "augmentation des salaires et de protection des salariés et des chômeurs

3- Abrogation du "délit de solidarité"

Je reviendrai sur ces textes, tous et en particulier les premiers de haute actualité dans le contexte de crise qui est le nôtre : augmentation du chômage de 25 % en un an, et de 25% en trois mois pour les jeunes, perte d'un emploi par minute... Comment peut-on imaginer que l'effort qui est demandé aux Français, que la solidarité qui s'impose envers ceux qui sont touchés de plein fouet, puissent être compris et acceptés en dehors d'un contexte d'équité sociale ?

Comment peut-on imaginer que seuls les plus hauts patrimoines soient exemptés de tout effort ? Comment peut-on supporter qu'entre le salaire d'un dirigeant et celui d'un salarié au smic, il puisse y avoir un facteur 1000 ? Est-ce qu'il n'est pas de toute urgence de donner des signes de cette urgente obligation d'équité ?

Au lieu de répondre avec nous à ces interrogations, la majorité ump a consacré la matinée a faire feu d'arguties procédurières pour échapper au débat. Motion d'irrecevabilité présentée par Jean-François Copée, puis retirée, réservation de vote par le gouvernement, je n'explique pas le détail de ces procédures, l'objectif était de dédouaner les députés majoritaires du débat et de leur permettre de se soustraire au débat. Et de fait, la presque totalité d'entre eux ont quitté l'hémicycle avec un flegme méprisant qui ne peut que susciter en retour le mépris.

De fait, la majorité est en situation de faiblesse sur tous les sujets que nos propositions de loi abordent. Ils n'ont aucune réponse acceptable aux questions que je posais précédemment. Salaires de dirigeants d'entreprises bénéficiant d'aides publiques augmentant de 150 % quand on refuse une augmentation du smic de 0,3%, politique de défense du pré carré non seulement des riches, mais des très riches, elle ne peut ouvrir la bouche sans s'accuser.

Ainsi, nous débattons en face de quelques députés épars et de la Ministre, Mme Lagarde, laissée pratiquement seule face à nos questions et à nos propositions, ce qui manque sacrément de courage et d'élégance. Les options de la Ministre sont loin d'être les nôtres, mais elle répond face avec constance, sérieux et dignité.

Ce mépris d'un débat essentiel, concernant la base même de notre pacte social, a quelque chose d'insolent, de malsain, de décadent. Nous demeurons presque entre nous, sur les bancs de la gauche, nourrissant de l'expertise de beaucoup et de l'engagement de tous les présents, un débat que nous voulons au contraire respectueux de ceux qui souffrent et digne de ce que l'on doit attendre de la représentation nationale. Son contenu sera dès demain disponible sur le site de l'Assemblée et il m'apparaît que nous n'avons pas à en rougir.

mercredi 29 avril 2009

Défense de l'hôpital public

Hier, 75% des médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris étaient en grève, et un grand nombre manifestaient. Ce fait est sans précédent.

Nous avons auditionné ce soir à l'Assemblée trois des leaders de la fronde des hospitaliers. Trois médecins chefs de service de spécialités et de sensibilités différentes ; tous les trois attachés au service public hospitalier et décidés à le défendre.

Leurs inquiétudes, leurs arguments, sont ceux qui ont été développés dans maints billets de ce blog ; nous leur avons fait part de notre regret de ne pas les avoir vus mobilisés au cours des dernières semaines, quand nous étions sur le front à l'Assemblée. L'interrogation (voir billet précédent) demeure partiellement sans réponse. L'essentiel est aujourd'hui que notre bataille est totalement convergente. Il lui reste à être efficace.

Le premier pas est d'obtenir la levée de l'urgence. Petit cours abrégé de pratique parlementaire : la procédure d'urgence permet de ne faire qu'un passage des projets de loi dans chacune des assemblées. Pratiquement tous les textes sont désormais passés sous ce régime, sans la moindre justification. Si l'urgence est levée, le projet reviendra à l'Assemblée après son passage au Sénat et pourra être correctement revu et amendé.

L'objectif principal est en effet que le texte soit revu sur les points suivants : - abandon de la convergence tarifaire public-privé (c'est à dire définition de deux "ONDAM" différents pour le public et le privé, qui n'ont pas les mêmes charges)
- maintien des services, structure de base de l'hôpital, regroupés en département selon une logique médicale (spécialités complémentaires et synergiques) et non suivant une logique de gestion
- responsabilité du projet médical (détermination des pathologies méritant un effort particulier) rendue à la communauté médicale
- maintien du statut de service public hospitalier

Dans cet objectif, conforme à ce que nous avons défendu en séance (synthétiquement résumé ici), les médecins vont créer une association de défense du service public hospitalier et ont mis en balance leur démission massive s'il n'est pas atteinte.

Espérons que le gouvernement en prendra acte et en tirera conséquence.

Loi portant réforme de l'hôpital : pourquoi ce retard dans la prise de conscience des hospitaliers ?

C'est pour moi une véritable interrogation de voir hier défiler les hospitaliers, patrons en tête, quand nous aurions eu tellement besoin d'eux lors des 6 semaines où nous nous sommes battus contre la loi Bachelot à l'Assemblée.

Tous avaient connaissance de sa teneur, aisément lisible sur internet depuis des semaines. Nos débats, jour après jour, ont montré le danger de ce texte "portant réforme de l'hôpital" : non pas la "réforme", mais la dissolution à terme du service public hospitalier.

Eclatement du statut public en 13 missions, transférables à discrétion au secteur privé, introduction d'un paiement à l'acte au sein des services, déresponsabilisation des médecins qui ne seront plus même en charge du projet médical d'établissement, nous avons bataillé pied à pied. Ils le découvrent aujourd'hui.

Le Pr Bernard Debré, hospitalier et député ump, est le premier de ces découvreurs tardifs. En tête de cortège hier à Paris, il a retiré le mois dernier en séance tous les amendements qu'il avait déposé. Ces amendements témoignaient d'une vraie connaissance et d'un vrai soucis de l'hôpital : nous les aurions voté et ils seraient passé sans difficulté. Mais non : au moment où il pouvait l'emporter avec l'aide de nos votes et d'un certain nombre de médecins du centre et de droite, il s'est récusé, après une entrevue avec le chef de l'Etat, comme un petit garçon.

Aujourd'hui, il se flatte "de manifester pour l'hôpital pour la première fois depuis 1982 et s'amuse de se trouver aux côtés de Sud, de la CGT, de FO et de la CFDT. Il eût été plus efficace encore de voter avec les socialistes il y a un mois .

Où est la clef de cette prise de conscience tardive ?

Simple hypothèse : tout le monde se rend compte du risque considérable que fait courir cette loi. Demain, des secteurs entiers du soin risquent de ne pouvoir être accessibles qu'en secteur privé, c'est à dire à des tarifs bien supérieurs au tarif "opposable" pratiqué par l'hôpital. Les personnalités de droite qui manifestent aujourd'hui n'ont pas voulu déconsidérer la Ministre et son texte pendant le temps où nous étions au créneau.

Aujourd'hui, ils sont dans la rue pour influencer le sénat et laisser penser que, dans sa grande sagesse, la haute institution a écouté les revendications du monde hospitalier toutes sensibilités confondues. Et ainsi n'avoir ainsi pas à donner raison à la gauche et à sa bataille dans l'hémicycle.

Quand on s'interroge, c'est déjà qu'on se répond

Que dirait-on d'un pays où, le Parlement n'ayant pas voté selon le désir du Prince, le Prince représenterait le projet de loi jusqu'à ce que les députés obtempèrent ?

mardi 28 avril 2009

Quand tu seras grand, tu seras Président

Parmi les subtilités de nos lois et réglements, l’âge d’éligibilité à diverses fonctions. A quel âge peut on devenir Président de la République ? Député ? Sénateur ? Maire ?

J’attends vos réponses. Ainsi qu’à une autre question : ces âges sont-ils les mêmes comme on pourrait en bonne logique l’imaginer ? Ces âges sont-ils ceux de la majorité qui permet à chacun de voter ?

La réponse est non à ces deux questions. La logique n’a semble-t-il pas été convoquée lors de la détermination de ces majorités différentes.

Le plus précoce est le Maire : sitôt empochée sa carte d’électeur on peut se ceindre d’une écharpe de Maire.

La plus tardive ? Raisonnablement, vous pensez : le Président de la République. Pas du tout. La plus haute fonction de l’Etat peut être occupée par un jeunot de 23 ans. Même âge pour le député qui peut faire partie de la même promotion.

Le plus rassis est donc le sénateur : 30 ans minimum.Sans doute à cause de son fameux train peu propre à dépasser les autres.

Six de nos députés, autour de Gaëtan Gorce, ont mis sur le chantier une proposition de loi visant à harmoniser tous les âges d’éligibilité et la majorité électorale. Pourquoi pas ? Nous avons fait cependant remarquer en réunion de groupe SRC que le nombre de créneaux disponibles pour nos propositions n’étant pas grand, la préoccupation des Français en la matière non plus, il paraissait urgent de surseoir.

Pas d’excessive inquiétude : si, par mégarde, un accident malencontreux nous privait de Nicolas, Jean Sarkozy pourrait d’ores et déjà se porter candidat !

Ouf !

lundi 27 avril 2009

Vieilles, pauvres et seules

Les vieux sont bien souvent des vieilles, et les veufs des veuves.

Femmes ou hommes, les vieux sont aussi, souvent, trop souvent, pauvres. Ayons toujours à l'esprit qu'aujourd'hui, 660 000 personnes de plus de 65 ans vivent (?) avec 636 euros par mois.

Grâce au ciel, le gouvernement pense à elles ! Dans sa grande mansuétude, il a retardé la suppression de la demi-part fiscale pour les contribuables ayant élevé seul un enfant, à 2010.

Plus spectaculaire encore, il prévoit, depuis le dernier plan de financement de la sécurité sociale, "une majoration de la pension de réversion lorsque le conjoint survivant atteint l'âge mentionné au premier alinéa de l'article L351-8 et que la somme de ses avantages personnels de retraite et de réversion servis par les régimes légaux ou rendus légalement obligatoires, de base et complémentaires, français et étrangers, ainsi que par les régimes des organisations internationales, n'excède pas un plafond fixé par décret. La majoration est égale à un pourcentage fixé par décret de la pension de réversion".

En français, ça veut dire quoi ?

Première traduction : la pension de réversion pour les conjoints de plus de 65 ans est augmentée de 10%. Voilà qui est excellent, ou du moins qui le parait.

Approfondissons le décryptage :l'augmentation s'applique à condition d' "avantages personnels" inférieurs à.... 800 euros par mois !

Au total et en pratique : si vous avez plus de 65 ans, que vous êtes veuve (ou veuf), bénéficiaire d'une pension de réversion égale à la moitié de 800 euros, celle ci sera augmentée de 40 euros !

Spectaculaire, isn't it ?

Les crocodiles, Nicolas et le maroquinier

Les sondages nous apprennent que si les élections présidentielles avaient lieu dimanche prochain, Nicolas Sarkozy aurait des chances sérieuses d'être de nouveau élu.

Vingt-huit pour cent des Français se disent prêts à voter pour lui dès le premier tour.

Se rendent-ils compte, ces Français, qu'ils se mettent dans la position d'un crocodile entrant de son plein gré chez un maroquinier ?

dimanche 26 avril 2009

Grippe mexicaine : "Mais que fait l'Europe ?"

L'actualité n'a pas tardé à illustrer les propos que nous tenions lors de la récente réunion de "la Gauche européenne 33", le 17 avril. La santé pourrait et devrait être un des moteurs de l'idée européenne.

Après la vache folle, le SRAS, la grippe aviaire, le risque d'une nouvelle épidémie se profile aujourd'hui. Pas de panique, elle n'est ni proche, ni certaine, elle est tout simplement possible.

L'Europe peut être concernée. Comme le nuage de Tchernobyl, les agents infectieux n'en connaissent ni les frontières internes, ni les frontières externes. Mutants ou pas mutants, les virus n'ont rien à faire des accords de Schengen.

En la matière aussi, il y a une particularité qui mérite la plus grande attention : si un seul pays d'un ensemble n'applique pas strictement les mesures de vigilance et de protection, tous les efforts des autres sont inutiles. C'est la loi du maillon le plus faible d'une chaîne. Cette loi-là les virus la connaissent et l'appliquent. Si la grippe mexicaine franchit l'océan (et il suffit en théorie d'une personne infectée), tous les Européens auront partie liée avec cette chaîne. En un mot, ils seront d'abord des Européens, pas des Français, ni des Espagnols et leurs différents pays devront agir en même temps et au même niveau d'efficacité.

Au cours de ces dernières années, un dispositif d'alerte a été mis en oeuvre à l'échelon européen. Un embryon d'administration, insuffisant en personnel, en moyens et surtout en bases juridiques s'est mis en place depuis les épidémies -ou craintes d'épidémies- précédemment évoquées. Si une pandémie survenait, tout le monde tomberait à bras raccourcis sur l'Europe.

Mais personne, avant cela, ne songe à l'importance de cette structure, à la nécessité de la conforter dans ses actions dans le domaine. En ce "temps de l'Avant" des élections européennes, nul, j'en suis sûre ne met en avant ce moteur pour l'Union.

A preuve ce matin la chronique de Jean-Claude Guillebaud dans Sud Ouest dimanche ("l'Europe à reculons"). Il appelle de ses voeux, comme beaucoup d'entre nous, le discours mobilisateur, la personnalité, qui sauront redonner foi en l'Europe, montrer sa nécessité, son obligation face "aux périls du monde qui vient". Guillebaud évoque deux de ces grands enjeux: la crise financière, la migration des peuples venus du Sud.

Pas un mot des immenses enjeux de santé qui nous menacent et dont l'ensemble des Européens sont préoccupés. En tout cas qu'ils sont parfaitement à même de comprendre et de partager. Et mieux encore, de percevoir qu'ils sont égaux devant eux et qu'ils ne peuvent les aborder qu'unis.

vendredi 24 avril 2009

Des nouvelles d'ordi-mini

Le blog est une denrée doublement fragile. Il dépend de son auteur/propriétaire/seigneur et maître (quel mot choisir ?), pas toujours inspiré, quelquefois en panne sèche, quelquefois occupé de tout autre chose), et au moins autant, sinon plus, de la "machine".

La mienne, "machine", mon petit ordi bien aimé, beau comme une Ferrari, brillant et plat comme la ligne du couchant vue de nos rivages aquitains, a ses humeurs, ses besoins, comme toute chose qu'on aime.

Elle tousse depuis deux jours et donne de ces signes subtils qui appellent l'attention autant que l'affection. Je la conduis donc, à l'insu de mon plein gré comme du sien, chez le docteur des ordis. Diagnostic sans discussion : deux jours d'arrêt, pas d'invalidité à prévoir, la maladie parait bénigne.

Retour à la maison après ces deux jours de séparation : plus rien ne marche. La "machine" en tant que telle, si. Elle fait le même bruit, subtil et amical, son écran a toutes les couleurs de la mer aux premières heures du jour. Tout ça va bien, me rassure, m'apaise. Mais quand il s'agit d'entrer en contact avec le monde, plus rien. Mon ordi chéri, petit compagnon de mes aventures pas bien grandes, refuse tout rapport avec l'extérieur, l'étranger, l'universel.

Retour à l'hôpital. On me dit que c'est moi qui ne sait pas m'y prendre. Pendant des générations, on a pareillement accusés les parents d'enfants autistes : à tort. Je me rebelle donc et j'insiste : non, ce silence n'a rien à voir avec un conflit freudien, non plus qu'oedipien, non plus qu'avec une quelconque maladresse qu'une longue analyse pourrait soulager. Mon ordi, comme moi, a appris, en toutes choses, à faire la part de ces choses.

J'insiste donc. Mon ordi est revu, réconforté, ramené à la réalité, pas toujours exhaltante, mais sans laquelle, par définition, rien n'existe.

Je ramène ordi-mini à la maison. Tous les deux n'en menant pas large. Le week-end arrive, nous savons l'un et l'autre qu'en cas de rechute, nous allons ramer pas mal pour nous remettre sur les rails.

Ce billet est le test. S'imprimera, s'imprimera pas, dans le grand ciel virtuel de nos rencontres ?

mercredi 22 avril 2009

Overdose et dose léthale

Alain Juppé à Talence s'est permis de déclarer "Si le ridicule tuait, le Parti socialiste ne serait qu'un vaste cimetière".

Il n'a apparemment compté pour rien sa propre survie. Le festival de déclarations de candidatures à tout poste ministériel, voire européen (et pourquoi pas davantage si ce davantage existait) dont il nous a abreuvé depuis deux mois a dépassé pourtant la dose léthale. Matin, midi et soir, et souvent au coeur de la nuit, nous l'avons entendu (et lu) se déclarer "prêt à servir", "s'intéressant grandement aux problèmes européens, aux grandes questions de politique générale et, bien sûr, au développement durable". La passion la plus durable du Maire de Bordeaux a toujours été et demeure son destin national.

Las. De même que sa candidate, Sonia Dubourg-Lavroff, a été recalée sur la liste européenne (ce que je regrette, car j'apprécie SDL) au profit de la candidate giscardienne, le Maire de Bordeaux a dû se faire éconduire de ses prétentions parisiennes. Il y avait d'ailleurs fort à parier que l'enthousiasme sarkozien, sans parler de celui de Fillon, ne faisait pas déborder la Seine : pourquoi remettre en selle un rival déclaré ?

Demi-tour complet : sur le site du nouvel obs', le Maire de Bordeaux déclare qu'il n'a pas l'intention d'aller au gouvernement "pour une bonne raison : c'est que j'essaie en général de tenir mes engagements dans la vie politique".

Nous avons dû mal entendre. Mal entendre aussi, ou mal comprendre, sa candidature pour les législatives de 2012, qui était en effet une annonce ridicule, et donc mortelle. Et surtout contraire à ses engagements de mandat unique.

Les journalistes vraiment racontent n'importe quoi d'avoir fait courir des bruits si contraires à l'éthique politique du Maire.

lundi 20 avril 2009

La pipe de Tati et la cigarette de Camus

J'entends dans le poste qu'un publicitaire prudent a enlevé sa pipe de la bouche de Jacques Tati pour se conformer aux normes ambiantes (et justifiées) de lutte contre le tabagisme.

Trop, c'est trop, comme n'a pas dit Pierre Dac, mais il aurait pu et dû ! Tati n'est plus une personne, il est une silhouette, un style, un "look" dans notre patrimoine intellectuel. Devrait-on l'interdire d'imperméable au prétexte que l'on n'aime pas la pluie ?

Quelques-uns, qui me connaissent et qui m'ont sur le dos de temps en temps, savent que je n'ai guère qu'UN dogmatisme : la lutte contre l'asservissement tabagique. Pesticides, alcool, mal bouffe, humeur grincheuse, rien n'est si nocif sur de multiples plans que l'addiction au tabac. Mais imagine-t-on qu'un seul jeune décide de s'y adonner pour avoir vu la maigre silhouette de Tati et de son chien suivre de près celle d'une pipe, qui d'ailleurs n'émet jamais la moindre fumée. Une pipe stylisée, presque lunaire, une pipe qui ressemble à une béquille allant vers le ciel (et, dans le cas, c'est sans doute exactement cela).

Un jour, dans un milieu savant et littéraire, je me suis trouvée prise dans une discussion : devons-nous accepter que l'on prive le beau visage de Camus de sa cigarette ? La photo de Camus, col d'imperméable relevé (décidément, les imperméables...) et cigarette tombante entre les lèvres, a fait le tour du monde. Pour une "pub", mais une pub très chic, qui a rempli les devantures de librairies, la cigarette a été discrètement soustraite. Et pour avoir comparé les deux images, Camus n'en était pas moins beau, ni moins présent.Camus n'était pas mort depuis si longtemps que l'idée qu'il fumait (trop) n'aurait pu assimiler écriture, succès littéraire et tabac. J'ai été de ceux qui approuvaient la soustraction de la cigarette.

Bataille totalement différente pour Tati : qui peut imaginer sa silhouette maladroite comme un vecteur promotionnel du tabagisme des jeunes ?

Le tabac tue. Le ridicule, non. Décidément, ça devrait être l'inverse.

dimanche 19 avril 2009

Papa, c'est loin l'Europe ?

On connait la réponse : "Tais-toi, et rame..."

Eh bien, on est en plein dedans : l'Europe rame et tarde à faire envie. Nombreux sont ceux auxquels j'apprends qu'il y a dans 6 semaines des élections européennes. Les partis sont taisants, plus empêtrés d'eux-mêmes que de grands projets. On ne les a vraiment entendus qu'au moment de la composition des listes, moment de très petite gloire, à gauche comme à droite, si bien qu'on a voulu vite oublier.

Et pourtant ! Ce qui est fait autant que ce qui reste à faire devrait mobiliser les énergies. Nous parlions vendredi dernier avec la "Gauche européenne 33" de santé. J'avais intitulé l'exposé "De la santé en Europe à l'Europe de la santé" pour montrer qu'en ce domaine aussi, il y avait beaucoup à ramer. Et qu'en plus il manquait le rameur.

Le sujet est a priori austère : l'Europe a, en matière de santé, des "compétences" mais elle n'a aucun pouvoir. Elle ne peut que susciter, accompagner, soutenir. Elle ne peut pas contraindre. La santé demeure un domaine régalien des Etats, qui n'en font pas tous, loin de là, le meilleur usage. A preuve notre dernière loi "portant réforme de l'hôpital", dissolvant le service public quand jamais dans ce domaine il n'a été si nécessaire.

Par des moyens détournés, sous la pression des événements (par exemple, l'épidémie de vache folle) ou des mécanismes (par exemple, et surtout, l'engrenage consécutif au principe de mobilité des personnes et des biens), l'Europe a pourtant fait beaucoup de choses pour notre santé et pratiquement que des bonnes choses.

Vous séchez ? C'est normal : 95% des Français en font autant. Ils ne voient en l'Europe qu'une grosse machine à calculer libérale, capable de vendre au marché jusqu'à la pharmacie familiale. Et ils n'ont qu'à moitié tort : tant qu'il y aura en Europe une majorité de droite, il y aura une politique de droite. M de La Palisse n'aurait pas dit mieux, mais justement nos candidats aux élections européennes ne parlent guère de ce hobereau trop oublié.

A moitié tort, disais-je, car nous sommes en matière de santé, redevables à l'Europe de très belles avancées :
- la validité des diplômes pour toutes les professions de santé dans tout le territoire européen. Ce n'est pas totalement sans effets délétères, mais très majoritairement, les conséquences sont positives et font élever le niveau des professionnels et des études dans les pays les moins en pointe, sans aucunement le faire baisser dans les autres.
- la dispositive REACH de sécurité sanitaire : les industriels sont aujourd'hui obligés de démontrer l'innocuité des substances entrant dans leurs produits pour qu'ils puissent être mis sur le marché. Aucun pays n'aurait réussi à l'imposer tout seul : timidement, on tentait, ici ou là, de demander gentiment aux industriels de retirer les produits dont on avait démontré la toxicité. Cette "inversion de la preuve" est si révolutionnaire, que la dispositive REACH est attaquée de toutes parts...
- la mise en place d'une autorisation européenne de mise sur le marché (AMM) : elle ne concerne pas encore tous les médicaments, mais elle répond à une évidence : un gosier calabrais n'avale ni mieux, ni plus mal une pilule qu'un gosier finnois. C'est une image bien sûr, je veux dire que la toxicité comme les bénéfices des médicaments sont les mêmes ici ou là. Et le fait de présenter le dossier devant une administration au lieu de 27 accélère le processus et en diminue considérablement le coût.

Je pourrais continuer longuement, ce qui n'est pas l'objet d'un billet dans un blog. Pourtant, j'ai gardé en joker, la plus belle, la plus utile pour chacun de nous, des réalisations européennes en matière de santé.

Vous séchez encore ?

Alors là, franchement, c'est pas bien.

Ce petit "détail" qui change beaucoup de choses c'est celui-ci : avec votre simple carte vitale, et même vos simples papiers d'identité, si vous avez un infarctus à Innsbruck, un fracture du fémur à Fribourg, un panaris à Prague, un livedo à Lisbonne, une uvéïte à Uppsala ... vous serez remboursés de vos soins

- sans accord préalable pour tout ce qui est consultations, achat de médicaments.. - avec accord préalable pour tout ce qui impose une hospitalisation, en dehors de l'urgence

Ce léger détail a non seulement sauvé des vies, mais les a simplifiées dans des moments où ça fait du bien de faire simple et de faire vite. Il reste vrai que si vous avez une double fracture du bassin, doublée d'un état diabétique, sur fond d'insuffisance rénale, le tout compliqué d'impétigo, à Plovdiv, à Marsala ou à Vezprem, qui ne sont pas des hauts lieues de villégiature mais quand même, mieux vaut téléphoner à la maison de venir vous chercher dès l'urgence passée...

vendredi 17 avril 2009

Consult' à Bergonié

Les trombes d'eau qui sont tombées sur la ville ont retardé mes patients et je m'offre le luxe, un peu exotique en ce lieu, d'un minuscule billet. Ma salle de consultation est perchée au 4ème étage et ouvre largement sur Bordeaux sud et bordeaux est. Des toits, des flèches, quelques grands immeubles et au loin les doubles pointes de Sainte Marie de la Bastide.

Tout cela sous un ciel blanc de nuages, mou et, disons-le, légèrement cafardeux. Devant les fenêtres, court une piscine en zinc, où fréquemment des mésanges à longue queue viennent se baigner les pattes. Mais aujourd'hui, il n'y a que les gouttes et les bulles lourdes qu'elles soulèvent en tombant.

J'aime beaucoup Bergonié. C'est un de ces lieux où le sacré laïque parle à chaque coin de couloir et jusque dans les ascenceurs où l'on croise les malades qui se rendent à leurs soins. J'ai été interne ici en 1970 et j'y suis médecin consultant depuis 1972. C'est aujourd'hui mon seul lieu d'activité médicale, bien minime d'ailleurs et limitée à ma seule consultation deux fois par mois.

J'entends derrière la porte les voix des assistantes qui accueillent les arrivants. Fin de la récréation ; ça m'a fait plaisir de parler de "Bergo".

jeudi 16 avril 2009

Absentéïsme des députés : parole d'expert

Le projet de loi Hadopi a été rejeté en dernière lecture. Ce n'est ni la faute du texte (bancal, déjà dépassé et inapplicable), ni la faute des divisions de la droite, c'est la faute de ce vieux serpent de mer "l'absentéïsme-des-députés". Au passage, on en met une couche côté démagogie et anti-parlementarisme primaire. Même technique qu'avec le projet Balladur : "vos élus locaux vous coûtent trop cher".

La loi reviendra à l'Assemblée, contre tout principe démocratique, et, foi de Sarko, elle sera voté. Même si l'on doit pour cela menacer les députés récalcitrants comme ce fut le cas pour le dernier congrès de Versailles. Voilà, à coup sûr, une manière décisive de motiver les députés : balayer leur vote d'un revers de main et remettre le couvert.

Disons-les choses simplement : je ne suis pour ma part pas opposée à ce que l'activité des députés soit évaluée, comme c'est le cas au Parlement européen, ne serait-ce que pour montrer que la très grande majorité des députés travaille beaucoup. Pas non plus opposée que cette évaluation, si le résultat est médiocre, se traduise non pas par une "sanction" (le mot est en tous points malheureux) mais par une retenue sur indemnités. C'est là aussi le cas au Parlement européen : personne n'en est mort même si les députés les plus actifs n'en ont reçu aucune récompense.

Un point pourtant est essentiel : la définition des bases de l'évaluation. La présence aux séances n'est qu'un élément parmi d'autres. Pourquoi un député totalement non engagé sur un texte, sur lequel il n'a pas de compétence particulière et qui concerne pas ou peu son territoire, devrait-il être présent sans mot dire tout au long de 100 ou 150 heures de débats ? Il est impossible d'être à fond sur tous les textes et ce serait d'ailleurs contre-productif : il vaut mieux bien préparer ceux sur lequel on s'engage.

Doivent s'ajouter à cela : la présence en commission, la participation, voire la direction de groupes de travail, les auditions, les réunions thématiques, la participation à son groupe politique et le travail interne au parti. Ceci pour le seul travail parisien, auxquels s'ajoutent les rendez-vous et le courrier sur place. Et bien sûr, le travail en circonscription, que je ne détaille pas ici.

Est-ce à dire que les députés sont des anges, que tous travaillent également et constituent des moteurs de l'Assemblée ?

Que nenni, bien évidemment, mais ceux-là sont de très loin minoritaires et je n'ai aucune opposition à ce que les Français puissent au contraire apprécier le travail des plus nombreux.

Dire que la présence et le travail à l'Assemblée ruine tout avenir à la tête de notre pays, serait mensonge. Un expert en absentéïsme, constamment remarqué et brocardé pour cela, est aujourd'hui Chef de l'Etat. Alors que son groupe vient de déposer une motion de censure (25 mai 99), il déclare sentencieux "En démocratie, le Parlement est le lieu où s'exprime tous les différends !"

Le Ministre Kofi Yamgnane lui répond sobrement "Vous n'y êtes pas souvent !"

Las, notre honorable Président a oublié, outre son absentéïsme, que devaient en effet s'exprimer à l'Assemblée, jusque dans le vote, "les différends". Réduction du temps de parole et du droit d'amendement et maintenant distribution de mauvais points. Sarkoy sait, non seulement de quoi il parle, mais de quoi il veut que les autres se taisent.

mercredi 15 avril 2009

Grippe aviaire, vache folle, cancer, sida : mais que fait l'Europe ?

Voilà une bonne question !

Nous la poserons, avec quelques autres,

vendredi 17 avril, à 20 h 30

au Connemara, 18 cours d'Albret à Bordeaux

Remboursement des soins pour tous les Européens, validité des diplômes pour toutes les professions de santé, recherche, lutte contre les épidémies, collaborations transfrontalières, l'Europe est très impliquée dans la santé de chaque Européen, mais elle manque gravement à faire de la santé un sujet d'union et d'ambition commune.

Je vous invite à venir en débattre ensemble.

mardi 14 avril 2009

Pipolisation ou personnalisation ?

Ce sont bien souvent les commentateurs de ce blog qui en font l'actualité et l'énergie. Sous les pas du billet précédent est apparu, non pas un contre-sens, mais un sens à double entendement. La "personnalisation" flirte très fort avec la "pipolisation", mais elle ne lui est pas synonyme.

La première est, comme le disent Clem, Asse42, d'autres, inhérente au(x) régime(s) présidentiel(s) ; inhérente, probablement, à notre société d'images et de médias. Obama en est, non pas l'avatar, mais l'apogée. Comment pourrait-il en être autrement ? Physiquement, essentiellement, il représente par sa seule apparence, par sa seule personne, un tournant de l'histoire des Etats-Unis. Il le fait avec un exceptionnel talent, et si un psycho/démo/socio/ethno/anthropo/logue décortique un jour son image, on verra combien elle est transitionnelle en même temps que profondément US. Les Américains de pouvoir étaient autrefois (hier matin) des "WASPS" (White Anglo-Saxons Protestants). Ils sont aujourd'hui autorisés à être des "Black Cosmo-Saxons Protestants". Malgré son immense talent, Obama n'aurait pas pu changer tous les paramètres d'un seul coup, mais il a déjà fait beaucoup. L'allitération par contre est impossible. Les initiales BCSC ne sont promises à aucun succès !

Je me suis laissée éloigner, comme bien souvent, du corps de mon sujet. La "personnalisation", défendue par Asse42 à propos de Ségolène, répond en effet à une nécessité du temps, mais elle n'est pas nouvelle. Sans avoir besoin de s'enfoncer dans l'histoire, Pierre Mendès-France (avec parcimonie), de Gaulle (avec faste) l'ont utilisée et ils ont eu raison. Pour cela, ils ont marqué notre histoire et notre inconscient.

Elle connait aujourd'hui d'autres exigences. La prééminence de l'image impose aujourd'hui à celui/celle qui a du charisme d'être une star. Obama ressemblerait-il à Idi Amin Dada, il ne serait pas Président des Etats-Unis et il ne serait pas Obama. Il dit lui-même qu'il s'est fait une règle "de ressembler à celui que l'on croit qu'il est". Tout est dit, dominé, avoué. Oui, la personnalisation est nécessaire, même si elle est vulnérable et toujours menacée du culte de la personnalité ou de la grosse tête.

La pipolisation, j'oserais dire que ce sont les miettes de la personnalité, qu'on laisse volontairement tomber de la table pour les donner au peuple, pour fabriquer une image dont on puisse parler sur les marchés.

"Fabriquer" est bien le mot. Si la "personnalisation" ne peut pas vivre sans un fondement de vérité, la pipolisation n'en a rien à faire. C'est "le misérable petit tas de secrets" que dénonçait Malraux vendu à vil prix, et produit par un faussaire. Il s'agit de créer une image, de l'adoucir, de la rendre plus compliante aux circonstances et plus complaisante au public. C'est constamment, de la fausse monnaie et les femmes y sont toujours perdantes car elles y sont bien souvent utilisées selon des schémas réactionnaires qui ajoute au peu de goût que j'ai de ce mauvais commerce. Elles mêmes d'ailleurs, quand elles ont le premier rôle, s'en gardent avec prudence.

lundi 13 avril 2009

La pipolisation n'est pas mon fort

Je repense à un commentaire de "mon oeil" au billet précédent. En réalité, je n'y repense pas, la pensée a fait son chemin souterrain alors que j'étais occupée de beaucoup d'autres choses. Tant et si bien, m'y voilà.

Je déteste la "pipolisation" parce qu'elle est toujours, quelque part, instrumentalisation. Tel qui dit "Pierrette -ou Paulette, ou Denise- est si discrête, si dévouée aux autres (c'est à dire à moi)" instrumentalise une image de la femme fondamentalement réactionnaire, ringarde, à l'opposé de tout ce que je souhaite dans les liens d'affection, d'amour, de tout ce qu'on veut ou de tout ce qu'on peut.

L'image de l'homme est mieux préservée de ce point de vue. D'abord, parce qu'il y a moins de femmes "aux commandes", mais aussi peut-être parce qu'elles ont une sensibilité beaucoup plus grande dans ce domaine. Je n'ajouterai pas "comme dans bien d'autres" bien que cela soit venu sous mes doigts et qu'il m'arrive, avouons-le, de temps à autre de le penser. Angela Merkel a-t-elle jamais raconté sa flamme pour son Angelo ? Détaillé sa première rencontre avec lui, dans l'idée de casser son image de femme forte ? Et Angelo lui-même a-t-il jamais fait la récit de ses "jours heureux" au Budeskanler Amt (la résidence des chanceliers) ?

Jamais. Angelo ne s'appelle pas Angelo mais Joachim Sauer. Il ne porte pas le nom de Merkel. Il n'en a pas besoin. Il mène sa carrière scientifique indépendamment d'Angela, publie livres et articles sans référence aucune à sa chancelière. Il Existe.

Zapatero n'a pas besoin non plus de Zapatera. Pas besoin, plus justement, de la mettre en scène, de la faire vivre dans son orbite. Il n'y a guère qu'en France que l'on convoque les conjoints dans les campagnes électorales ou les déclarations de candidature. Ai-je besoin de citer des prénoms ?

La modernité de la vie politique, à tous les niveaux, impose la liberté, l'expression et la responsabilité personnelles. Homme ou Femme, quels que soient l'optique ou le regard, je bataillerai toujours pour cela.

Je reviens au titre de ce billet, décalqué de Valéry (Paul, pas Giscard) : "la bêtise n'est pas mon fort". Il me semble y avoir un lien très direct entre les deux formules.

Les journées babygros

Le luxe de trois journées babygros d'affilée n'a d'égal que leur brièveté : deux déjà sont passées et la troisième est saisie de la même hâte. Beau ou mauvais temps, les heures courent et les minutes ressemblent à des secondes. Toutes à la fois occupées et libres, c'est à dire occupées de nulle autre urgence que celle qu'on veut bien appeler telle.

La journée babygro se définit par l'excellent vêtement qui l'accompagne : doux, mou, confortable, généralement large, souvent fatigué par un long usage, insoucieux en tout cas de bonne apparence comme de minimale séduction. Le babygro est libertaire en même temps que casanier. A défaut de plaire, il sied, il entoure, il réchauffe, il réconforte.

Les esprits fins en même temps que géomètres qui honorent ce blog de leur fréquentation auront compris que le vêtement n'est ici que l'apparence d'une disposition de l'âme (rien de moins) assez éloignée des joutes, griefs, noirs desseins et autres médiocres divertissements que méprise le philosophe. Le battement sur le parquet de la queue du chien, les premières ponctuations rouges d'une aubépine trentenaire, le "merle moqueur" et la concurrence des moineaux autour d'une colonne de graines y trouvent meilleure grâce que les échos des gazettes. Avouons pourtant qu'ils n'en sont pas absents, mais qu'ils y sont reçus avec la distance qu'ils méritent.

Le petit trottinement guilleret des touches de l'ordinateur et, derrière lui, sa respiration rassurante vont bien à la fois avec la course et le calme des journées babygros. En réalité, la magie, c'est qu'on prend le temps de les entendre et de s'en réjouir comme d'une présence familière.

On voudrait que tout cela, non pas dure toujours, mais ne s'arrête que quand on le désire.

Un soleil attendrissant de fragilité répond à ce voeu. Je le rejoins dehors.

samedi 11 avril 2009

Education : l'alerte rouge !

Le classement des lycées publié par "Sud Ouest" dans son édition du 9 avril et par "L'Express" du 9 au 15 avril ne sonne peut-être pas le glas de l'Ecole publique mais constitue une alerte, une sorte de carton rouge, peut-être même une dernière chance, pour qui voudrait sauver les principes de l'éducation publique et républicaine.

Mais n'est-ce pas, au contraire, le propos de ce gouvernement de dissoudre ces principes et d'entériner désormais que, ce qui fut le ministère de l'instruction publique puis de l'éducation nationale, devienne définitivement celui de la ségrégation sociale et de l'inégalité des chances ?

Classement national des lycées : 16 établissements privés parmi les 20 premiers.
Classement girondin : 6 établissements privés parmi les 8 premiers.

Le classement prend en compte, non seulement le taux de réussite au bac mais la capacité à faire progresser les élèves et le caractère "sélectif ou accompagnateur des établissements". A ma connaissance, rien n'est dit de son recrutement social. Le jour où le lycée Saint Genès (quartier à 0% d'habitat social) sera situé aux Aubiers (100%), cela se saura. Ce n'est qu'à moitié une boutade : pourquoi ne pas implanter les établissements d'excellence dans les quartiers sociaux ?

Devant de telles données, que devrait faire un Ministre de l'Education, avec un grand "E", nommé par la République, héritier de Jules Ferry, dont on attend, non qu'il fasse du Jules Ferrry "dans le texte", mais qu'il applique le logiciel "Jules Ferry" aux données du XXIème siècle ?

Il devrait
- mettre les moyens humains là où ils sont indispensables : petite enfance, quartiers fragiles ..
- imposer une mixité scolaire intelligente, bien dosée, stimulante ; et ceci par des méthodes nouvelles (les enfants des Aubiers distribués dans trois ou quatre établissements différents plutôt que d'être concentrés dans un seul)
- mettre de l'élitisme républicain là où il n'y a plus qu'absentéisme, désintérêt, désespoir et décrochage. Et si les meilleurs profs (disons : les plus expérimentés, les plus désireux d'y aller), la meilleure section d'allemand étaient au lycée du Grand Parc ? Et si les écoles bilingues (comme ce fût le cas) étaient à Schweitzer et à Condorcet ? Et si, tant de possibles, tant d'inédits, tant d'impératifs !..
- rendre aux enseignants la force, le prestige, l'esprit pionnier des "hussards noirs de la République" ? Là aussi, en gardant le logiciel mais en changeant les données. Il y a tellement à inventer, non pas pour redonner la foi aux enseignants (la plupart l'ont gardée), mais pour leur redonner la visibilité et la force de cet enthousiasme.

Que constatons-nous en réalité ?

L'inverse ! Menaces sur l'école maternelle, régime maigreur pour les RASED, l'orientation, la médecine scolaire (liste non close), abolition de la carte scolaire sans mesures novatrices de substitution, suppression des options attractives dans les lycées "des quartiers", diminution des postes là où ils devraient être renforcés ...

J'étais hier à l'école maternelle des Menuts : parents mobilisés derrière leurs enseignants, enthousiasme, volonté de peser sur l'avenir, amour des enfants... Tout y était de ce qu'il faut sauver, de ce que notre pays, inquiet, attend, est prêt à écouter et à suivre.

L'Ecole et l'Hôpital constituent les piliers de la République. Les Français y sont légitimement attachés et, pour peu qu'on leur donne des signes, qu'on les y encourage, qu'on leur montre que c'est encore possible, prêts à les défendre. Il manque encore ce ferment capable de solidariser les Ecoles entre elles, tous les niveaux de l' "Ecole" (c'est à dire de l'Education et de l'enseignement) entre eux, les Enseignants aux parents d'élèves, les élèves aux étudiants... Entre les lignes du classement des lycées, il y a le ferment d'un mai 68 de l'éducation dont l'urgence est perceptible comme l'est le mois de mai au regard de la date d'aujourd'hui.

vendredi 10 avril 2009

Le poids des lois

Jean-Louis Debré n'est pas exactement un plaisantin mais il a résumé avec humour, ce matin sur France inter, l'inflation législative qui plombe complètement notre pays, ses administrations et noie les citoyens.

Evocant cette manie de plus en plus aigüe de répondre par un texte de loi au moindre évènement, il en a "pesé" les conséquences : il y a cinquante ans, le registre des textes de lois de l'année pesait 800 grammes ; aujourd'hui il pèse 5 kg !

A quoi bon cette inflation, puisque de nombreuses lois "ne passent pas à l'acte" : leurs décrets d'application ne sont toujours pas publiés quand la loi suivante vient les remplacer. Combien d'employés d'organismes divers, de citoyens, de justiciables se plaignent qu'ils ne savent plus où on en est des lois et reglements !

Jean Louis Debré a une explication : on légifère pour rassurer, pour calmer l'angoisse des Français et l'angoisse des politiques, "ce désespoir de n'avoir plus à espérer".

Ce qui avait commencé par un trait d'humour a débouché sur une interrogation très sombre sur l'état de notre pays.

jeudi 9 avril 2009

Bordeaux, ordre et absence de mesure

Bordeaux est une fois encore en pointe pour l'application des prescriptions sarkoziennes. Je crains qu'il n'y ait pas lieu de s'en réjouir.

Tout le monde a eu l'écho de la fâcheuse expérience d'une cycliste, rentrant tard à son domicile après avoir bu trois verres de vin. Ce petit écart était prévu et pour cela, elle n'avait pas pris son véhicule mais son vélo. Résultat : mise en garde à vue avec tous les inconvénients qui vont avec : déshabillage quasi-complet, fouille, attentes... Une autre Bordelaise a été tabassée et menottée pour avoir soutenu, avec bien d'autres, des squatteurs que les forces de l'ordre voulaient déloger. Tant d'autres, qui me content leurs mésaventures, sans proportion avec les fautes ou erreurs qui les ont causées.

Je crains que notre ville soit au-dessus de la honteuse moyenne nationale qui chiffre à 1% la proportion des Français ayant fait l'expérience de la garde à vue. Expérience humiliante quand elle ne répond pas avec justesse et mesure à ce qui y amène. Pour ma part, j'ai été -à ma connaissance- la seule députée recevant du Préfet un rappel des rigueurs de la loi et une mise en garde pour avoir aidé et parrainé des travailleurs sans papiers.

Le Directeur de la Sécurité publique, Albert Doutre, qui accompagne le Maire de Bordeaux à chaque conseil de quartier pour y faire état de son zèle et de ses résultats, explique que ces placements en garde à vue n'ont d'autre but que de permettre aux "gardés" de faire appel au secours d'un avocat.

Un avocat pour des fautes vénielles, n'entrainant ni risques, ni dommages, où sommes-nous ? En réalité, il s'agit tout bonnement d'excès de zèle pour complaire aux directives sarkoziennes et satisfaire au désir de résultats du Maire de Bordeaux. Les délits qui n'en sont pas sont les plus faciles à élucider et améliorent d'autant les statistiques locales, généreusement projetées, commentées lors des conseils de quartiers.

La répétition de ces excès a ému la Ligue des droits de l'Homme qui s'est résolue à mettre en place, conjointement avec le syndicat de la magistrature et celui des avocats, une commission qui peut être saisie par les citoyens qui s'estiment abusivement pénalisés. Elle enquête alors et publie le résultat de son enquête.

Espérons que cette commission aura au moins un rôle dissuasif et tempérera l'ardeur des amis de l'ordre mais pas de la mesure.

mardi 7 avril 2009

Vieillir est une chance !

Je présente demain au groupe Socialiste, Radical et Citoyen (SRC) le rapport d'étape et les propositions du groupe "Politique de l'âge" que je préside à l'Assemblée.

Dix-huit mois d'auditions et de réflexion qui ont d'abord été l'occasion de rencontres pétillantes, toujours gaies, novatrices, positives, bien loin de l'image que beaucoup se font de tout ce qui concerne les "âgés". Je ne peux citer tous ceux qui sont venus enrichir ce rapport. Je ne résiste pas cependant à saluer Geneviève Laroque, présidente de la société française de gérontologie, Thérése Clerc, Monique Bragard et Syzanne Goueffic, conceptrices de la maison des Babas Yagas, Jérome Pélissier, Jean MIchel Caudron, Annie de Vivie fondatrice d'Age-Village, Joëlle le Gall, Bernard Ennuyer, Jean Claude Henrard... Présidents de sociétés savantes, Professeurs, Sociologues, gérontologues ... Tous sont en réalité de dangereux révolutionnaires, bien décidés à faire bouger ce "tiers monde" que constituent les plus de 60 ans. Que ceux que je n'ai pas nommé me pardonnent : tous sont à ranger parmi ces activistes ; aucune de nos auditions, aucun de nos débats, n'a été ni ennuyeux, ni ténébreux. Qu'ils en soient remerciés en même temps qu'invités à poursuivre le travail avec nous.

Et pourquoi l'auraient-ils été ? Vieillir est une chance et c'est aussi un des objets de notre rapport de contribuer à envisager l'âge positivement. Certes, il ne va pas sans problèmes, ni sans questions, mais toutes les possibilités sont aujourd'hui ouvertes pour qu'il ne soit pas non plus sans réponses.

L'allongement de la vie a constitué la plus grand progrès du XXième siècle, il est aujourd'hui la défi politique majeur du XXIième. Un tiers de la population occidentale peut être considérée comme "âgée" mais pour la majorité d'entre eux, ces âgés se portent bien, sont actifs et décidés à la demeurer le plus tard possible. Les acquisitions techniques, au premier rang, desquelles l'informatique, sont là pour les aider à demeurer pleinement en prise avec leur temps.

La balle est dans le camp des politiques : à eux (à nous) d'innover et de trouver, à la question nouvelle de la révolution des âges, des réponses nouvelles. Tout à fait entre nous, je pense que c'est en premier lieu aux socialistes de se porter en tête de ce défi social, sociétal et humain. Nous défendions au cours des derniers siècles 'la veuve et l'orphelin"'. Tous les deux ont radicalement changé de visage mais ils n'ont pas moins besoin d'attention, de solidarité, d'échange et de partage.

La révolution des âges, il ne faut pas se suffire de l'analyser, il faut la faire. Elle a besoin d'un vocabulaire nouveau, de petites mesures qui ne paraissent pas grand chose mais qui peuvent changer la vie, de reglements, de lois, de défenseur(e)s des âgés, les uns et les autres capables de démonter que non, décidément, il n'y a pas plus jeune, plus moderne, plus progressiste que d'avancer en âge !

dimanche 5 avril 2009

On ne peut pas se passer de l'école maternelle

L'actualité va si vite, sans jamais dire où elle va, les journées se pressent si bien, que je n'ai pas eu encore loisir de parler de l'école maternelle plusieurs jours après la belle réunion qui a eu lieu le 30 mars à l'Athénée Municipal.

On connait les menaces que font peser le gouvernement et les idéologues de l'ump sur cette école : suppression de la "petite section" (les deux à trois ans) au profit de "jardins d'éveil" et demain, peut-être, suppression de la maternelle elle-même, fleuron de notre système éducatif, originalité pour une fois positive de la France au sein de l'Europe. "Peut-on se passer de l'école maternelle ?" constituait le thème de la réunion de l'Athénée. Rien qu'à poser la question, on en a le sang tourné.

Pourquoi ? Parce que la Maternelle, républicaine et gratuite, est à la fois un enjeu primordial d'éducation et d'acquisition des savoirs de base et un enjeu, plus que jamais décisif, d'équité sociale.

Médecins, neuro-scientifiques et pédagogues s'accordent tous pour dire que c'est au cours des premières années que tout se joue. Entre deux et cinq ans, le cerveau est comme une grande éponge qui se développe à la vitesse des acquisitions qui lui sont proposées : langage, formes et couleurs, sons et musique impriment l'écran avide des circonvolutions des jeunes enfants. Même chose pour le caractère qui se forme et qui s'arme à cet âge (et qui restera, qu'on le veuille ou non, notre meilleur outil pour toute la vie) ; même chose pour le développement physique, mais nous dépassons là le domaine de l'école sans toutefois lui être étranger. Ces trois années aussi constituent le temps privilégié pour dépister troubles et déficiences, et bien sûr pour y remédier.

La sociabilité se joue aussi à cet âge. L'entrée à la Maternelle, c'est pour tous les petits (et leur maman !) un but, une première étape vers le monde extérieur (être propre, découvrir qu'on n'est pas tout seuls et qu'il y a mieux à faire, même si on n'est pas d'accord, que de se taper dessus). Non, M. Darcos, les institutrices d'école maternelle ne sont pas là pour changer des couches mais pour instruire.

C'est au moins autant un enjeu d'équité sociale. Où les tout petits feront-ils l'acquisition du langage à égalité qu'ils soient issus des Aubiers où de l'avenue Carnot à Caudéran ? Qui leur apprendra la magie des mots, la magie des couleurs, les rudiments de la musique, qui mieux qu'une institutrice d'école maternelle bien formée ?

Au lieu de cela, l'ump, jamais en manque d'imagination en matière d'égalité des chances propose, des "jardins d'éveil", financés par les parents et les mairies, c'est à dire rompant le pacte de la gratuité républicaine.

L'école maternelle n'est pas obligatoire, mais une majorité d'enfants la fréquentent. Plus que jamais, au regard de la paupérisation de pans entiers de notre société, il faut se demander s'il ne faut pas faire évoluer son statut et envisager une obligation, plus souple que pour l'école primaire en matière d'horaires et d'assiduité, mais donnant au moins l'assurance que, où qu'ils habitent, milieu rural, banlieues, centres villes, quels que soient les moyens de leurs parents et la composition de leurs familles, tous les petits loulous qui porteront la France de demain, auront appris, joué, chanté, peint dans la même école maternelle, républicaine et gratuite.

vendredi 3 avril 2009

Bordeaux adultère

Pourquoi Bordeaux, la Gironde, sont-elles si marquées de littérature ?

Ce n'est pas d'ailleurs tellement le nombre d'écrivains qui y sont nés, ou qui y ont vécu : ce sont les liens entre eux, le tempo bordelais que l'on renifle autant entre les pages de leurs livres qu'entre les pavés des rues. Toutes les villes sans doute peuvent se prévaloir d'une belle brochette de plumitifs, et si je ne trouve pas d'exemple dans l'instant, si ce n'est Flaubert et Rouen, c'est parce que je connais ni suffisamment chaque ville, ni suffisamment la littérature.

Le lien quel est-il ? La rencontre du terroir et du vent du large. Bordeaux est assise sur un socle formidablement terrien : ses vignes, ses pins, son arrière-pays agricole. Une part de la mentalité bordelaise est liée au respect des hectares de terre et des traditions dont ils sont les vecteurs. Vous me voyez venir : je pense à Mauriac, qui partageait ce respect, mais qui savait comme personne en pointer les duretés et les souffrances.

Le vent du large, venu du port et du fleuve, balaye cet excès de matérialité. Quand Mauriac ou Michel Suffran remontent la rue Saint Rémi, il sentent entre les façades le souffle des quais et ils sont fondamentalement remués de l'antagonisme entre la pierre et cette eau, à quelques centaines de mêtres, qui ouvre Bordeaux sur le monde.

Sait-on que le domaine maritime remonte jusqu'au pont de pierre ? En aval, c'est à dire vers l'estuaire, Bordeaux est un port maritime.

Tous les écrivains bordelais ont reçu, comme un coup de grisou positif, cet appel du large. Pour certains, il l'emporte sur l'appel de la terre, sans pourtant l'effacer. Pour d'autres, il est comme une fenêtre, un rappel au désordre et à l'aventure. Je ne vais pas faire la liste de nos gloires passées, présentes et futures, mais toutes ont un pied dans la terre, un pied dans la mer, en proportion très variée. Dominante grand large pour Jean de la Ville Mirmont, Victor Ségalen. Dominante terre pour Mauriac (et encore je n'en suis pas si sûre), Suffran, Montaigne .. Ce dernier nommé d'ailleurs ne vaut pas dans la démonstration : Bordeaux alors n'était aucunement le port qu'il est devenu un siècle et demi plus tard.

Les Bordelais sont tous des écrivains ; peut-être pas tous (au contraire des Islandais, dont un sur deux a publié un livre !), mais tous ont dans leur fond de conscience le lien adultère de leur ville entre terre et rivages. Ne le dites à personne, eux-mêmes ne le savent pas, mais c'est pour cela qu'ils aiment "le bassin", ce "petit large" qui leur parle de là où ils n'ont pas pu aller.

Pour cela aussi, le port et la vie maritime de notre ville sont si importantes. Vecteurs d'économie dès aujourd'hui, plus encore demain pour cause de développement durable, mais surtout porteurs de l'équilibre séculaire de notre ville et de son talent.

Nous inaugurions en début de soirée "Les escales du livre" et toutes ces fortes pensées me sont venues sur le chemin qui m'y amenait. Est-ce que cette belle dénomination n'est pas une preuve ? La littérature à Bordeaux s'ennuie dans les "salons du livre", elle a besoin de sa part de large.

mercredi 1 avril 2009

Indiscrétion en direct du Conseil d'Etat

J'ouvre, après Sud Ouest, une rubrique sous ce titre d' "Indiscrétion". C'est un entretien, ce matin à l'Assemblée, qui m'y incite.

Une de mes collègues, UMP et sarkozienne (ce point n'est pas indifférent) mais avec laquelle j'ai noué des relations cordiales en commission car elle portait des amendements convergents aux nôtres sur la loi hôpital, m'a fait signe au sortir de l'ascenceur. Son époux est à la section "travaux publics" du Conseil d'Etat et il travaille en ce moment à la préparation d'un jugement qui ne sera pas sans conséquences pour notre ville.

Comme on sait, les terres inondables appartiennent, où qu'elles soient situées, à l'Etat et celui-ci réglemente de plein droit, dans le sens de l'interdiction, toute possibilité de construction sur les terres considérées comme telles. La définition d' "inondable" est toujours sujette à longs débats, le risque d'inondation pouvant être apprécié sur des antécédents très anciens si le Conseil d'Etat en décide ainsi.

C'est la cas dans l'affaire qui occupe actuellement cette vénérable institution. Il s'agit des rives droites de la Garonne où ont été construites au cours de ces dernières années le lotissement disparate que les Bordelais ne connaissent que trop. Le Directeur de l'Unesco Francesco Bandarin serait intervenu dans le dossier : il m'avait, lors de sa venue à Bordeaux, exprimé combien il trouvait cette réalisation catastrophique et dommageable pour le patrimoine. Ceci se comprend aisément. L'indiscrétion réside davantage dans le fait que Nicolas Sarkozy lui-même est intervenu pour que la notion d'inondabilité soit examinée de manière assez généreuse et en s'appuyant sur toutes les données historiques dont on dispose.

Au total : le Conseil d'Etat prépare un commandement à détruire des premières lignes de la rive droite de Bastide 1. Par égard pour ceux qui occupent déjà les résidences, un long délai d'exécution sera accordé, ce qui n'est pourtant pas dans les habitudes du Conseil, ordinairement long à la délibération mais prompt à commander l'exécution.

Ce sera bien sûr un choc pour notre ville, mais c'est finallement une vraie bonne nouvelle au regard de l'histoire. Notre siècle ferait piètre mine au regard du XVIIIème qui lui fait face.