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samedi 31 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 31 mars 2007 à 23:31 dans Journal
Education, instruction, enseignement, école ... Bien sûr ces mots ne sont pas synonymes, et l'évolution des dénominations du ministère qui les régit l'a demontré au cours des décennies précédentes : de l' "Instruction Publique" à l' "Education nationale", puis à l' "Education" tout court, les idées ont évolué, les pratiques aussi, mais l'importance décisive du sujet n'a fait que grandir en ampleur.
Tous ces mots m'ont accompagnée, dans leur variété au cours de ma très riche journée d'aujourd'hui : ce matin au lycée Condorcet pour le "Forum des métiers", dans plusieurs conversations aujourd'hui et ce soir à l'occasion d'une rencontre de quartier. Il est tard, je ne parlerai que de la dernière rencontre.
Une enseignante (elle se reconnaitra et ajoutera si elle le souhaite son commentaire) m'a rappelée que Ségolène Royal lorsqu'elle était au ministère de l'Education avait avancé la proposition d'une "fête de rentrée scolaire". L'idée a fait son chemin dans la tête de mon interlocutrice et cette fête a lieu à chaque rentrée dans l'école maternelle dont elle est la directrice.
Aux premiers jours de la rentrée, dans ce quartier où la population est très mélangée, les parents sont invités à une fête de rentrée qui a lieu à 16 h 30, à la fin de la classe. Chacun apporte un panier de goûter, les enseignants composent des boissons fruitées, on dresse les tables, on se parle, on fait connaissance. Les enfants sont célébrés et fiers d'entrer dans ce beau lieu, de compter désormais parmi les écoliers et d'être admis, comme des grands, à apprendre, à partager, à être ensemble.
La fête se déroule toujours bien. Des liens se tissent entre les parents : l'un propose d'attendre l'enfant de l'autre le lundi, l'autre dit qu'il le fera volontiers le mardi, qui est son jour de congé.. On échange et on partage, tout le monde est valorisé et les enfants sont très fiers d'être au centre de tous ces projets et ces conversations.
Plus fiers encore de cette belle entrée en matière qui valorise "l'instruction". Ils ne l'oublieront pas : rentrer à l'école est une fête, aller à l'école une chance, l'école elle même un lieu où l'on compte.
L'idée, puis le récit de cette "fête de rentrée scolaire" m'ont rendue si réjouie que j'ai eu envie de la raconter à mon tour dès mon arrivée devant mon ordi. Dans cette seule journée, j'ai appris plusieurs de ces belles histoires vraies, simples et concrêtes, qui donnent envie de continuer..
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vendredi 30 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 30 mars 2007 à 14:12 dans Brèves
A la course entre la CUB et mon service, je croise dans la vitrine du point H de l'hôpital, le livre de François Bayrou, avantageusement exposé.
Son titre "Projet d'espoir" est décalqué mot contre mot sur "désirs d'avenir". Il est au demeurant bien peu inspiré, et même fautif : l'espoir ne peut faire l'objet d'un projet. Seule sa réalisation relève de cette démarche.
Bayrou, pourtant bon connaisseur du français, a dû comprendre que la réalisation risquait fort la panne en rase campagne.
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jeudi 29 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 29 mars 2007 à 22:00 dans Journal
L'expression est de Bertrand Delanoë lors de son récent meeting à Floirac. Quatre ouvrières d'Arena sont venues témoigner, au moment où elles perdaient leur emploi pour cause de délocalisation, de leur attachement à l'entreprise, de leur fierté, de leur plaisir à travailler ensemble depuis si longtemps. Mais aussi de leur salaire modeste et de cette brutale interruption dans leur vie que constitue la fermeture de l'entreprise Girondine.
Laure Manaudou, pourtant toute jeune et que l'on pourrait croire enivrée de la suite de ses victoires, leur a rendu hommage aujourd'hui. Elle porte le maillot Arena, et aujourd'hui, à sa manière, elle en a fait un drapeau.
Solidarité, solidarité féminine aussi très certainement, et je me réjouis qu'elle ait eu ce geste pour ces femmes moins chanceuses, mais comme elle, laborieuses, appliquées, volontaires.
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mardi 27 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 27 mars 2007 à 23:39 dans Journal
Une dame, très gentille et de bonne allure, m'a abordé ce soir "sur le terrain" alors que je me rendais, tracts en mains, sur le lieu de notre forum présidentiel, au coeur du Bordeaux. Je reparlerai du forum, je ne veux parler que de la dame. "Pourquoi ne nous donnez-vous plus de "notes de lecture" dans votre blog, pourquoi ne nous parlez-vous presque plus de littérature ?"
Et elle a ajouté "c'est ce que je préférais dans votre blog".
L'imparfait m'a fait une petit pincement au coeur. J'ai expliqué qu'au plus fort de la campagne présidentielle, le temps n'était peut-être pas à parler de belles-lettres. En écrivant cela, il me revient un vers très pompier de Lamartine, engagé dans l'action politique
''"Ami le temps n'est plus où j'écoutais mon âme
Se plaindre et s'alarmer comme une pauvre femme.."
On était quelque part autour de la révolution de 1848. Lamartine a fait de meilleurs vers ; à vrai dire, pas tant que ça, mais je me laisse encore mener là où je n'avais aucune intention d'aller... Cette dame, malgré sa dernière phrase, m'a fait le plus grand plaisir : j'adore raconter des histoires et parler de ceux qui en parlent, et je m'aperçois que je ne l'ai pas fait depuis des mois...
L'écrivain Franz Kafka était à la fois beau garçon (à l'exception d'oreilles trop décolées, façon Bayrou), drôle, spirituel et charismatique. Personne ou presque n'en a la moindre idée : c'est toujours une image sombre et inquiète que l'on donne de lui. Les gens sérieux et les experts en littérature ne regardent souvent qu'un côté du miroir et Kafka avait la gaieté, l'humour et la gentillesse des grands inquiets.
Mais je tourne un peu autour du pot : c'est difficile d'écrire une histoire sur Kafka. C'était un écrivain tellement incroyable, qu'on se sent un peu intimidé.
J'essaye pourtant... Kafka rencontre un jour dans un parc public une petite fille qui pleurait à chaudes larmes. La petite fille paraissait totalement désespérée. Kafka va vers elle et l'interroge : elle avait perdu sa poupée, la plus belle poupée qui soit et personne n'avait pu la retrouver.
-"Mais non, ta poupée n'est pas perdue.. Elle est juste partie en voyage, et d'ailleurs elle a écrit une lettre, tu ne dois pas t'inquiéter".
La petite fille le regarde, pas très convaincue :
-"tu l'as, la lettre ?.."
Non, Kafka, n'avait pas la lettre, mais il l'apporterait demain. Promis. Demain, ici, juste à la même heure.
Et Kafka rentra aussitôt chez lui et commença d'écrire la lettre. Avec la même application intense qu'il écrivait toute chose. Il fallait que la petite fille soit consolée par la beauté de l'histoire et que le mensonge devienne cette drôle de vérité qu'est la fiction romanesque.
La poupée écrivait qu'elle avait voulu voyager et qu'il lui fallait, à son âge, s'éloigner un peu de la famille aimante où elle vivait. Elle n'oubliait pas la petite fille, elle pensait à elle, elle lui écrirait tous les jours, mais c'était normal qu'elle découvre aussi un peu le monde. Rien que de très raisonnable, en effet, pour une poupée qui avait été très bien élevée.
Kafka courut le lendemain apporter la lettre à la petite fille. Chaque jour, pendant plusieurs semaines, il écrivit une nouvelle lettre et chaque jour donna rendez vous à la petite fille pour lui lire la lettre. Elle avait désormais complètement oublié la perte de sa poupée et elle n'était plus que fascinée par la relation que la poupée lui faisait de sa nouvelle vie, de toutes les personnes intéressantes qu'elle était amenée à connaître et de tous les enseignements qu'elle lui communiquait.
Après de nombreuses lettres, Kafka ressentit beaucoup d'angoisse à l'idée d'interrompre l'histoire et de devoir trouver une fin qui pourrait se prolonger sans blessure dans l'imagination de la petite fille. Il résolut de marier la poupée. D'abord, il présenta le jeune homme, puis il raconta le mariage et il expliqua qu'ils étaient tous les deux (la poupée et son jeune mari) bien loin, qu'ils pensaient très souvent à la petite fille, mais qu'ils devaient pour un temps, le temps d'avoir eux aussi une famille, renoncer à la voir.
Il ne faut surtout pas que cette histoire ait une morale parce qu'en réalité elle n'a pas vraiment de fin, ni de conclusion, comme toutes les histoires de Kafka, et sa vie même. C'est simplement une histoire merveilleuse à raconter au moment de s'endormir.
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lundi 26 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 26 mars 2007 à 13:37 dans Législatives 2007
Nicolas Sarkozy déclare ce matin, en abandonnant son poste de Ministre de l'intérieur, qu'il se sent "désormais libre d'aller vers les Français".
Libre ?
Mais que ne l'est-il depuis son entrée en campagne, quand tout le lui recommandait, et d'abord l'éthique élémentaire ?
Posons-nous la question, et plus encore, répondons-y.
Les réponses, car il y en a plusieurs, ne sont pas très honorables à son endroit.
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dimanche 25 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 25 mars 2007 à 12:15 dans Journal
Il y a les "brèves de comptoir" et maintenant les brèves de terrain. Pas toujours drôles, mais presque toujours instructives. Hier, entre les étals du vide-grenier de Bordeaux, beaucoup de rencontres plaisantes, d'autres un tantinet moins avenantes. Des "Merci Madame" pointus, quand nous proposions une invitation au meeting de Ségolène Royal. Le "Merci, Madâme", prononcé avec une légère césure entre "merci et madame" et une retombée très savante de la voix sur les deux dernières syllabes de "Madame", est très caractéristique de certains quartiers de Bordeaux. A sauvegarder sans hésiter au titre des langues régionales minoritaires.
Je ne m'offusque jamais, puisque la phrase est en réalité fort polie, mais connaissant mon monde, je n'hésite pas à répondre un peu du même ton et en particulier à prononcer "Madame Royale", en levant au contraire la voix sur les dernières syllabes, comme faisaient les courtisans en s'adressant à la fille ainée du roi Louis Louis XV qui était décorée de ce beau nom.
Bourdieu l'a dit déjà : la distinction est un art subtil et tout d'amusements*.
Devant un stand, même proposition d'invitation à un homme qui nous accueille au contraire fort bien. "Pour le le premier meeting de Sarkozy, nous étions 600, vous entendez bien 600 policiers, pour assurer sa sécurité ! On n'avait jamais vu ça. Sûr, qu'il n'aura pas les voix de tous les policiers..."
Ils étaient parait-il 60 autour de sa villa du Pyla pendant toute la durée de son séjour. Je n'ai pas vérifié cette information, si elle est juste, elle n'a pas besoin de commentaires.
Une amie, un poil morpionne comme le sont en général mes amies, m'a dit qu'elle n'avait jamais nagé au Pyla entourée de tant de garçons baraqués... Rien n'est jamais tout à fait mauvais !
Moins drôle : une dame d'une quarantaine m'interroge : "Et que ferez vous pour moi ? Si la réforme Fillon s'applique, mon mari arrivera un mois trop tard pour avoir ses trimestres. Il a commencé à quatorze ans et depuis il n'a pas cessé de décharger des camions. Il est cassé, je vous le dis cassé". La discussion s'est prolongée, nous avons bien montré que la pénibilité devait et serait prise en compte. En voyant l'adresse du blog, elle m'a fait promettre de l'écrire. C'est fait : la pénibilité du travail sera prise en compte.
D'autres rencontres (assez souvent) "Ah, Madame Delaunay ! Vous avez soigné ma belle-soeur en 1972.. Vous étiez interne, vous vous en souvenez ?". Je demande quand même "Vous voulez bien me rappeler son nom.." "Madame Lalanne, d'Hagetmau".
Madame Lalanne, d'Hagetmau, en 72 .. Mais bien sûr !
Le terrain, c'est chouette, chalheureux, détendu. De nombreuses images du photoblog en témoignent. Les "Merci, Madâme" étant de très loin minoritaires, nous en revenons avec une certaine lourdeur des pattes arrières mais toujours de bonne humeur.
Comme je mets toujours mes arrière pensées clairement en avant, j'ajoute : venez avec nous !
- C'est pas tout à fait ce que Bourdieu a dit, mais c'est ce qu'il a pensé.
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samedi 24 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 24 mars 2007 à 10:30 dans Brèves
Un week-end tout en micro-billets. Je crains que le programme "full campaign" de ce week-end ne me laisse guère le loisir d'autre chose. Il est amusant de noter à ce propos que l'anglais ne connait pas la jolie confusion de mots entre la campagne électorale ("campaign") et la verte campagne ("country"). Un week-end full country est en ce moment de l'ordre des ambitions inatteignables !
Le micro-billet est comme le micro-crédit : dans un cas l'absence de temps, dans l'autre l'absence de fonds..
Petit bavardage sans importance. Il m'est pourtant une consolation. Sarkozy pense à la présidence de la République en se rasant (à vrai dire tout le temps), en faisant à la hâte les choses de la vie, des mots me passent dans la tête, qui appellent de petites idées qui ne se fixent que si on les écrit.
Ce sont bien souvent les mots qui appellent les idées, et non le contraire. C'est pour ça qu'il faut les préserver, les garder dans leur variété et leurs finesses de sens. C'est pour ça que nos langues (dont personne ne parle dans aucune campagne, et jusque dans la constitution européenne, pourtant si concernée par la pluralité linguistique) sont si importantes.
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Par Michèle Delaunay,
samedi 24 mars 2007 à 08:51 dans Brèves
Il fait clair. Le soleil donne de nouveau des signes timides de sa venue.
La dernière année de sa vie, avec Dora Dymant, une jeune fille issue d'un shtetl polonais, Kakfa rêvait de tenir un restaurant à Tel Aviv. Il serait serveur, elle cuisinière...
Kafka est mort moins d'un an plus tard.
Comme les matins sont quelquefois inquiets.
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jeudi 22 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 22 mars 2007 à 23:11 dans Journal
Au coeur de la semaine de la santé mentale, nous avons tenu ce matin le Conseil d'Administration de l'hôpital Charles Perrens. Je suis présidente de ce Conseil d'administration et je ne le signale que pour exprimer combien j'apprécie cette fonction. La psychiatrie est une des plus belles spécialités de la médecine. Il y a dans l'immatérialité (apparente) de ses signes quelque chose de fascinant, et la rencontre des troubles du comportement, de l'intelligence, de tout ce qui fait que l'homme est homme et de la possibilité de soigner et de guérir prend une dimension particulière.
Ce que je dis là n'est peut être pas très clair. Toutes les maladies, le moindre petit signe, cachent un abime d'inconnu (une papule sur la peau, une tumeur dans le pancréas..) ; dans le plus petit signe comme dans le plus grave, il y a, malgré toutes les avancées de la science, plus de choses que nous ignorons que de choses que nous comprenons. Mais l'inconnu parait moins insondable quand on peut le toucher, le mesurer, l'analyser sous le microscope. Une part de la psychiatrie échappe à cette possibilité d'analyse, malgré les progrès de l'imagerie, de la pharmacologie et de tas d'autres beaux mots en -ie. Pourquoi un homme est-il emmuré dans son mutisme, pourquoi un autre perd-il le sens commun (comme on dit), pourquoi un autre encore sombre-t-il dans l'abime du cafard ???
Je ne voulais parler de rien de tout cela en commençant : l'écriture est une curieuse amie, qui vous emmène où elle veut et quelquefois vous plante en rase campagne sans possibilité d'aller plus loin.
Je reviens à Charles Perrens. Tout le monde ou presque sait que Perrens est "le Centre Hospitalier Spécialisé" en psychiatrie de Bordeaux, le plus important de la Gironde avec le CHS de Cadillac. Perrens fait aussi partie du Centre Hospitalier Régional et de l'Université de Bordeaux II par ses services hospitalo-universitaires.
Les "Oqos" ont soulevé au Conseil d'Administration une discussion de fond. Les Oqos ne sont pas une famille grecque immigrée qui poserait des problèmes au directeur en dansant le sirtaki devant ses bureaux. Les O.Q.O.S. sont un (de plus) de ces sigles imbécilles qui n'ont pas d'autre but que de planter le citoyen moyen et de lui rendre incompréhensibles les moindres rouages de l'administration. Les Oqos sont les Objectifs Quantifiés de l'Offre de Soin. En un mot les perspectives budgétaires des années à venir.
Pourquoi les Oqos sont-ils si importants ? Parce que si on les dépasse, l'établissement sera sanctionné (c'est à dire privé d'une fraction de ses moyens).
Les Oqos sont calculés sur l'activité en cours, en autorisant par pure générosité un volant d'augmentation annelle de +2,5%. J'espère que vous suivez... Je l'exprime autrement : si dans 4 ans, 10% de personnes en plus ont besoin de soins psychiatriques, l'hôpital verra ses moyens DIMINUER.
Vous croyez avoir mal lu et vous avez raison de ne pas comprendre du premier coup. Tout individu sensé penserait que si les besoins en psychiatrie augmentent, les moyens devront aller de pair.
Or les besoins en psychiatrie augmentent, et c'est d'ailleurs de cela que je voulais vous parler en commençant .
Ils augmentent
- parce que la population augmente à Bordeaux et en Gironde
- parce que des pathologies qui n'étaient autrefois pas prises en charge par la psychiatrie le sont aujourd'hui, en premier lieu desquelles l'anxiété et la dépression
- parce que certaines pathologies augmentent en fréquence en population constante : la dépression, certains troubles du comportement, les troubles psychiatriques infanto-juvéniles
Sur ces divers domaines, Perrens est en pointe et ses médecins y ont une expertise reconnue. Pour l'ensemble de ces raisons, nous avons voté contre les Oqos. Nous avons voté, pour l'exprimer autrement, contre une planification purement budgétaire de pathologies qui ont, pour certaines d'entre elles, une part sociétale que nous ne maitrisons pas.
On ne peut limiter les besoins de la psychiatrie (et de plusieurs autres spécialités) sans se donner parallèlement les moyens de la maîtrise et de la prévention de la part évitable des maladies qu'elle soigne.
Ce billet n'est pas "sexy", comme on dit volontiers maintenant. Plusieurs phrases sont quasi-imperméables à la première lecture. Mais j'ai essayé de ne pas tomber dans une simplification un peu raccoleuse.
Vivement que nous ayons un ministère de la Santé qui s'occupe vraiment de la santé, c'est à dire de la prévention, et pas seulement de la maladie, du déremboursement des médicaments et des honoraires des médecins
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 22 mars 2007 à 15:52 dans Journal
Hier soir à l'Athénée municipal de Bordeaux, Dominique Strauss-Kahn et Gilles Savary pour ajouter leur souffle et le poids de leur conviction à la double campagne
-présidentielle et législative- que nous menons à Bordeaux et dans la deuxième circonscription.
Double campagne pour un double enjeu puisque nous sommes, dans cette ville, affrontés au premier lieutenent de Nicolas Sarkozy, candidat non démenti au poste de vice-premier ministre à l'environnement. Il n'est pas exclu qu'Alain Juppé ne soit lieutenant qu'à son corps défendant, et que la situation inverse l'aurait satisfait davantage. Mais Nicolas Sarkozy l'avait annoncé, en parlant de ses concurrents au sein de l'UMP : "je les dévorerai tous". Il l'a fait.
Double enjeu aussi, parce que nous sommes dans une ville qui appartient depuis 60 ans à la droite. Est-ce que nous accepterons plus longtemps que NOTRE ville qui est aussi la ville de Montesquieu pulvérise tous les records dans le déséquilibre des pouvoirs ?
DSK, venu soutenir avec son exceptionnel talent pédagogique, la campagne présidentielle et ma candidature. Il s'est engagé avec beaucoup de chaleur sur la nécessité d'un équilibre des pouvoirs et d'une alternance à Bordeaux . Le journal Sud-Ouest n'a pas jugé nécessaire de rendre compte de cet engagement pour notre ville.. Ce fut la même chose à l'occasion de la visite de Bertrand Delanoë sur le terrain. Un journaliste était pourtant présent dans ce long périple que nous avons fait de Tourny à Saint Michel. Aucun écho dans les pages du journal. C'est pour moi une véritable interrogation.
Huit cent personnes étaient présentes hier pour écouter, partager, vivre ensemble ce tournant décisif de la campagne. Les indécis demeurent nombreux, tout va se jouer dans ces dernières semaines.
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mardi 20 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 20 mars 2007 à 14:06 dans Vie cantonale
Un rayon de soleil dans un monde de brutes, sous la forme d'une action des étudiants en médecine que le Conseil Général soutient : l'hôpital des nounours.
Pour acclimater les enfants au monde de l'hôpital, les étudiants ont ouvert une antenne de nounoursologie à l'Université. Médecine, chirurgie, toutes nos belles spécialités s'y déploient et les enfants peuvent amener leur nounours pour soigner tous les bobos qui les affligent. Sud-Ouest aujourd'hui illustre l'expérience d'une ravissante photographie : une jeune mère nounours, transformée en infirmière de bloc opératoire, veille sur un nounours rose aux mains de son chirurgien. Une autre, plutôt mère poule que mère ours, s'écrie les larmes aux yeux "Non, non, je ne veux pas voir cela..."
Une merveilleuse idée pour une action très utile. Vous vous doutez qu'en tant que déléguée à la santé au Conseil Général, je suis très satisfaite de cette forte action de santé publique !
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Par Michèle Delaunay,
mardi 20 mars 2007 à 08:41 dans Brèves
Nicolas Sarkozy annonce ce matin que, s'il est élu, il abrogera le décret de Robien sur l'enseignement qui vient d'être pris par son gouvernement. Un gouvernement où contre toute éthique il est toujours ministre de l'intérieur.
Le courage et la loyauté sont les premières d'un homme politique. Cette seule annonce disqualifie Nicolas Sarkozy. Que fait-il dans un gouvernement dont il se désolidarise ? Qui est-il pour désavouer Gilles de Robien, membre UDF de ce gouvernement, s'étant engagé quant à lui en faveur du candidat de l'UMP.
L'intelligence n'est qu'un outil. Tous les candidats en sont raisonnablement pourvus et c'est bien le minimum exigible. Le caractère au contraire est essentiel pour qualifier ou disqualifier quelqu'un pour une fonction qui, obligatoirement, comprendra plus d'épreuves que de facilités.
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lundi 19 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 19 mars 2007 à 13:54 dans Vie cantonale
Cela aurait pu finir comme "la tour infernale" le film américain terrifiant avec Steve Mc Queen et Paul Newman. Ce sont des Steve Mc Queen et Paul Newman anonymes, nos pompiers, qui ont évité que l'imbécillité de quatre gamins ne tourne à l'enfer. Résultat pourtant : plusieurs appartements dévastés au 120 et 122 boulevard Godard, des habitants choqués qui ont dû être expulsés de chez eux, quelques heures ou, pour certains, quelques jours.
Les faits : des matelas entreposés dans ce que l'on appelle dans ce type de bâtiment, une cave. En fait des celliers, situés au premier étage. De l'essence dessus et une allumette pour tromper l'ennui de ce dimanche grisâtre. On me dit, sur les lieux, qu'une vieille dame est morte, tellement choquée de la soudaineté de l'événement. D'autres que je viens d'aller voir, le sont encore, bloquées dans leurs appartements du 9ème ou du 10 ème étage par le non fonctionnement de l'ascenceur.
Une page d'un journal, un moment brutal pour des vies très nombreuses. Et toujours cette interrogation : comment faire pour que ces jeunes (très jeunes en l'occurence, entre 13 et 16 ans) utilisent leur énergie pour eux-mêmes et non contre leur proches et contre la société ?
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dimanche 18 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 18 mars 2007 à 09:16 dans Journal
Trois convives hier, au repas du soir. Le repas du samedi soir est à la maison, le plus souvent, un moment de récréation et de discussion. Trois convives donc, autour d'un repas "simple mais savoureux" où M. Picard, surgélateur agréé, est toujours d'une aide avisée et appréciée.
Trois convives autour de la table, de nationalité différente, que l'on devinera bientôt. La discussion commence au moment du fromage (c'est de très loin le plat que je réussis le mieux). Qui a dit: "La France, ce pays aux 400 fromages ..."?
La discussion enfle aussitôt : d'abord sur le nombre de fromages. Pas dans la réalité mais dans la citation : était-ce 300 , 400 ou 600 fromages ???
Plus gravement, le désaccord est total sur l'auteur de la citation. Premier courant : l'auteur est Churchill, qui aurait dit: "Un pays aux 400 fromages ne peut être défait ". Opposition frontale, qui se manifeste aussitôt : c'est de Gaulle, qui se serait exprimé dans les termes suivants : "Comment gouverner un pays qui produit 600 fromages !"
Prise entre les deux courants, Bayrou occasionnelle de l'art fromager, j'ai été dans l'instant incapable d'arbitrer.. Je penchais pour de Gaulle, mais sans sécurité suffisante pour être dogmatique. Nous n'avons pas tranché. Quand on est trois, la majorité est difficile.
La discussion est vite montée en puissance ; sur des sujets reconnaisons-le moins décisifs que les fromages, mais un poil importants quand-même : qui a décidé de l'anéantissement de notre flotte à Mers-el-Kébir ? Qui a donné l'ordre de bombarder Dresde, Churchill ou le général Harris ? Jusqu'à quel point les alliés sont-ils responsables de l'inutile anéantissemnt de la "poche de Royan" et des milliers de morts allemands qu'il a causé ???
Voilà. Je ne suis pas une fanatique des confidences, mais j'adore quand les conversations de repas embrassent le monde. Une amie proche, mère d'une nombreuse famille, m'a dit un jour, évoquant son couple et son mari "Nous avons veillé à ce qu'aux repas, nos enfants apprennent à se dégager du quotidien, pour s'ouvrir au monde".
Il n'y avait pas d'enfants à notre table de trois. Et pour être tout à fait honnêtes, nous n'avons pas définitivement résolus le problème du nombre de fromages "élevés" en France avec art et savoir. Pas vraiment davantage la part de responsabilité entre Harris et Churchill, mais nous étions tous les trois heureux d'avoir un instant partagé nos miettes d'histoire.
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samedi 17 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 17 mars 2007 à 17:20 dans Journal
Tous les médecins sont des médecins du monde : leur savoir et leur savoir faire sont internationaux et j'ai pu l'expérimenter au Burkina Faso comme (beaucoup plus ponctuellement) en Islande. Mais il y a des "Médecins du monde" plus internationaux que d'autres, plus engagés dans l'universelle bataille contre la maladie, la souffrance et la mort, et c'est en particulier la belle association qui porte ce nom.
J'ai rejoint hier l'équipe Girondinede "Médecins du Monde" qui portait à Bordeaux la campagne nationale de l'association en faveur de cinq engagements, que je tiens à citer :
- un seul système de couverture maladie pour toutes personne résidant en France (si l'on peut dire : universaliser vraiment la CMU, instaurée par le gouvernement Jospin)
- permanence et, là aussi, universalité de la prise en charge de TOUS les malades par nos hôpitaux
- lutte contre le saturnisme infantile (le saturnisme est l'intoxication par le plomb)
- répondre aux immenses besoins en santé mentale des personnes sans abri
- garantie de la non-expulsion et de l'accès aux soins des étrangers gravement malades.
Que veulent dire fondamentalement ces cinq propositions qui sont aussi, qui doivent être, cinq exigences ? Qu'une personne gravement malade n'a à justifier ni de son pays d'origine, ni de ses ressources, ni de sa situation sociale : elle est ce "frère humain" dont parlait Villon, qu'il s'agit seulement de soigner et d'aider. Les médecins le savent, mais les médecins ne peuvent pas tout.
J'ose à peine ajouter ici qu'ils ne peuvent pas tout, mais qu'ils sont bien souvent assez malins pour faire accepter beaucoup.. Jeune chef de clinique en dermato, j'ai soigné une jeune femme atteinte de lèpre. Une jeune portugaise issue d'un village, à l'époque très éloigné de la médecine (c'était dans les années 70). Nous avons fait venir toute sa famille, plus toutes les personnes du village qui semblaient à risque. Tout le monde a été soigné au CHU, certainement un peu en dehors des lois et réglementations de l'époque (le Portugal n'était pas dans l'Europe), mais là comme souvent, l'intelligence et la sollicitude ont eu raison des rigueurs de la loi.
Mon engagement, comme celui de tous ceux qui ont rejoint le bus de campagne de "Médecins du monde" est donc d'autant plus ferme pour que la loi se mette au service de ce joli couple que forment l'intelligence et la sollicitude. Et que les moyens soient donnés aux hôpitaux pour accueillir les malades graves sans distinction, pour que CMU et AME (assistance médicale aux étrangers) soient confondus et honorés..)
J'ai plaisanté avec l'équipe de "Médecins du monde" quand ils m'ont dit qu'ils étaient "a-politiques". Bien sûr que non ! Ils sont fondamentalement dans la politique. Qu'est-ce d'autre que la politique que l'engagement pour le bien général, pour le passage du "moi, je" au "nous ensemble"? Mais -et je les rejoins complètement là dessus- ils sont a-partisans, ils ne s'engagent en tant qu'association derrière, ni avec, aucun parti. C'est aux partis de les soutenir, pas l'inverse !
Comme je suis un peu morpionne sur les bords, j'ajoute que Bordeaux (la municipalité) est la seule grande ville qui ne subventionne pas "Médecins du monde"..
Vite, vite, il est encore temps, allez "voter" dans la grande urne qui est en face du musée des Beaux-Arts à Bordeaux , pour les cinq engagements que j'ai cité et que toute une équipe formidablement dynamique vous expliquera plus en détail si vous le souhaitez !
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Par Michèle Delaunay,
samedi 17 mars 2007 à 10:15 dans Brèves
Simone Veil accepterait-elle le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, proposé par Nicolas Sarkozy, juste après le ralliement de l'ancienne ministre UDF ?
Cette seule question explique ce qu'a été en réalité ce ralliement : un réglement de compte envers François Bayrou, et pas une adhésion à Sarkozy. Tous ces commentaires du moment le disent d'ailleurs : elle n'a insisté que sur ses raisons de porter ce coup à Bayrou, jamais son enthousiasme à l'égard de Sarkozy.
Beaucoup des "ralliements" de ces dernières semaines, au gré des sondages, m'ont fait penser à la phrase d'Edgard Faure. Tout le monde la connait, elle est en effet magistrale : "ce n'est pas la girouette qui change de direction, c'est le vent !".
Le problème que le vent des sondages en période électorale tourne vite.
7 commentaires
vendredi 16 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 16 mars 2007 à 00:55 dans Journal
un commentaire
jeudi 15 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 15 mars 2007 à 23:33 dans Journal
Ségolène Royal (antenne 2, ce soir) pour la première fois libérée des contraintes de l'apparence, ou plutôt de l'excès d'apparence, et de celui de l'exercice oratoire, parlant plus naturellement que dans ses précédentes prestations télévisées, maîtrisant parfaitement les dossiers, ne se laisssant pas dérouter du message qu'elle veut donner tout en répondant aux questions posées.
Les lecteurs de ce blog savent quelle méfiance, et quelle antipathie fondamentale, j'ai de la télévision. Ici, j'ai trouvé l'émission d'Arlette Chabot équilibrée, suffisamment incisive, suffisamment respectueuse, et donnant à chacun à la fois le temps de la question et celui de la réponse. Rien à voir avec la terreur précipitée et agressive des questionneurs de l'émission de TF1.
Tous les grands chapitres ont été abordés. Rapidement par définition, fortement grâce au travail de Ségolène. Je n'ai pas crainte à dire cela : le travail est une garantie de compétence. Ségolène Royal a appris a faire passer son message, les pièces fortes de son programme, sans dévier de sa route. Ce n'est pas aisé. Bravo !
Ceux qui ont suivi mes campagnes précédentes, ou seulement la suite de ces billets depuis maintenant 9 mois, ne seront pas étonnés de me voir réjouie de l'entendre proclamer que le travail est une valeur de gauche*, et sa dépréciation l'effet du précariat et de l'irrespect au sens le plus large de ce terme, ou encore de l'entendre parler de la prévention à la fois comme la première mesure de santé publique et comme une condition de pouvoir financer les soins.
Je m'éxerce une nouvelle fois au difficile exercice du commentaire instantané. Je suis heureuse que cette émission ne se soit pas perdue en vain commentaires sur la manière de réagir à François Bayrou, ou à l'attitude de tel ou tel. Chapeau aussi à Arlette Chabot d'avoir donné un bon exemple d'émission de service public. Plus resserrée sur l'essentiel, sans négliger les questions qui fâchent, comme le livre non encore publié d'Eric Besson. Le seul commentaire de Ségolène : il faut se placer dans l'intérêt général, et en ce qui la concerne, l'intérêt de la France. Que chacun dans son engagement, au niveau de son périmètre d'action, se situe ainsi sans fléchir.
- cf billet du 5 février 07
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mercredi 14 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 14 mars 2007 à 16:40 dans Journal
Soixant mille jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification. A Bordeaux 30% des jeunes sans emploi ; 40,7 % des entrants dans le RMI qui ont moins de 29 ans ; parmi les RMIstes, 56% qui ont le bac ou plus... Tant de chiffres inquiétants que nous avons examiné hier lors de notre forum "Education jeunesse" à l'Athénée municipal.
Ce thême constitue une des priorités du "pacte présidentiel" ; 25% des propositions touchent plus ou moins directement la jeunesse avec de très belle propositions, comme la carte santé jeunes, l'aide à la création d'entreprises, le prêt de 10 000 euros à taux zéro...
Les débats d'hier ont consacré une large part à l'allocation d'autonomie et d'entrée dans la vie active, allocation personnalisée, accordée aux jeunes pour les accompagner dans leur projet d'études ou d'installation.
Le principe de cette allocation est double : revoir le système actuel, à la fois obsolète et inégalitaire ; parier sur la responsabilité du jeune et son autonomie relativement à l'aide (ou l'absence de toute aide) parentale.
Le système actuel comprend deux volets : les bourses au mérite et la défiscalisation des enfants à charge.
Les bourses ont été mises en place à une période où il y avait en France 300 000 étudiants. Ils sont maintenant 2,3 millions ; c'est un système très sélectif, qui ne permet par exemple pratiquement pas le redoublement. Ce système est aujourd'hui trop restricitif.
La défiscalisation des enfants à charge est extrèmement inégalitaire : elle ne profite qu'aux familles soumises à l'impôt et elle est d'autant plus avantageuse que les parents payent un impôt -et donc ont des revenus- importants. Les familles non soumises à l'impôt, c'est à dire les moins riches, ne reçoivent aucun crédit d'impôt et donc aucune aide.
L'idée de l'allocation d'autonomie est donc de remplacer les aides existantes par une allocation versée directement au jeune, en échange d'un projet de professionnalisation, régulièrement suivi. Ce dernier point est important et correspond à l'esprit général du pacte présidentiel : pas de droit sans un devoir. Le devoir ici est l'engagement de suivre et d'être suivi dans son projet.
Le débat d'hier n'a pas éludé une difficulté : les modalités de prise en compte , ou de non prise en compte, des revenus des parents. Comme le nom de l'allocation l'indique, l'idée est que le jeune soit autonome, indépendant de ses parents et gère lui même son budget. Mais on ne peut balayer un point : le projet professionnel du fils de Bernard Arnaud n'a pas à être soutenu par l'impôt des aide-soignantes de mon service. Les modalités d'analyse de la contribution réelle des parents méritent précision.
Cette allocation d'autonomie remet un peu d'égalité sociale dans la volonté de réussite. Un jeune qui doit travailler chaque soir ou chaque week end pour financer ses études n'est pas à égalité avec celui qui est totalement défrayé par sa famille.
Sur ce point la discussion a été vive et intéressante. Les "jobs d'été" et tous les contacts qu'un jeune peut avoir avec le monde professionnel sont favorables. Pour ma part, je pense qu'il n'y a pas meilleur enseignement que savoir ce que représentent quatre heures de smic quand on bosse sur un toit ou à une caisse d'Auchan. Mais ce contact professionnel ne doit pas pénaliser la conduite des études.
Bien d'autres questions ont été posées hier, et nous nous sommes tous accordés sur la nécessité, autour de nous, avec tous ceux que nous approchons, de garder à la campagne électorale le niveau qui doit être le sien. La France va choisir son avenir aux prochains scrutins : gardons le débat au niveau des enjeux.
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dimanche 11 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 11 mars 2007 à 11:00 dans Journal
L'écrivain Leon Tolstoï, O combien prolixe, O combien écrivain, avouait que dès que venait la saison des moissons, il était irrésistiblement attiré par les champs et le travail avec ses paysans. On a des photos de lui, jusqu'à un âge avancé, charriant les gerbes au milieu d'un grand concours de moujiks, comme les propriétaires russes savaient alors en avoir.
Sa table de travail était désertée. Excusez du peu, le frais soleil de ce matin, vif et prometteur comme un fruit vert, a fait de moi dès le lever une adepte du grand Tolstoï. Ne manquaient que les hectares, les blés, les paysans courbés, et deux ou trois autres détails, comme d'avoir laissé le manuscrit d'Anna Karénine sur mon bureau... Mais l'ardeur était la même. J'ai roulé les pots de crassula, taillé, coupé, redressé, nettoyé, et me revoilà à ma table avec les statistiques concernant la jeunesse à examiner, interpréter et mettre en perspective avec les propositions du pacte présidentiel. Comme Tolstoï, j'ai assez fort envie de faire valoir mes droits au grand air, aux travaux sinon des champs des bouts de jardin et d'ajouter au pacte une 101ème proposition : donner au printemps la priorité à la campagne (la vraie, la verte) sur la campagne électorale. Une sorte de trève des jardiniers, reconnue par l'assurance sociale.
J'en ai parlé et ça va déjà mieux. Il n'y a meilleur traitement qu'un petit bout d'écriture. Ce n'est pas une remarque si légère. Je crois qu'une grande part des manifestations de violence sont dues à une insuffisante maîtrise des autres moyens d'expression. L'éducation, la culture, encore et toujours.
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samedi 10 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 10 mars 2007 à 18:41 dans Journal
Plus souvent, beaucoup plus souvent malheureusement, peine perdue que juste peine ! Et Ségolène Royal a le mérite d'aborder le problème dans sa campagne et de proclamer haut et fort que, pour les jeunes surtout, tout vaut moins mal que la prison.
Disons-le carrément : pour un politique, la prison, le vieillissement, la maladie et bien d'autres sujets, ne sont en aucun cas porteurs. Fait-on une réunion sur l'un de ces thêmes (les trois me tiennent particulièrement à coeur) que l'on dit aussitôt : tu vas faire fuir plutôt qu'attirer. Le mérite de Ségolène Royal est donc d'autant plus grand d'avoir mis le dossier sur la table.
Examinons les faits. Même au risque de paraître plutôt casse-pieds, j'aime bien que ces billets reposent sur des éléments précis, vérifiés, que chacun puisse utiliser pour sa réflexion.
. 54 950 détenus en France, pour une capacité de 47 473 places
. 70% des détenus vivent à plusieurs dans une cellule (chiffres 2002, les plus précis que j'ai trouvé à disposition)
. 30% sont des prévenus (en attente de jugement)
. 27,7% (près d'un tiers ) ont moins de 25 ans
. 45,9% (près de la moitié) ont moins de trente ans
. 74% (les trois quarts) ont moins de 40 ans
Qu'est-ce que cela veut dire : que la très grande majorité des détenus ont, en sortant, encore une vie à faire . Est-ce que la prison leur en donne (ou même leur en laisse) les moyens, ou est-ce qu'elle manque à la plus fondamentale de ses vocations ?
Quel est l'objet même de la prison. En réalité, il est triple :
- punir en proportion de la faute (c'est le côté "juste peine")
- mettre la société à l'abri d'un renouvellement du délit ou du crime
- permettre au délinquant de s'amender et de retrouver sa place dans la société
Ne discutons pas du premier aspect. Admettons-le, dans ce court billet au moins, comme "acceptable" , à la fois dans sa nature, et dans son caractère proportionnel. La discussion mérite pourtant d'être ouverte.
Le deuxième aspect est parfaitement rempli : le nombre d'évasions est minime, sinon infinitésimal. Oui, la société est à l'abri de l'individu incarcéré pendant le temps de son incarcération. Là aussi, un petit espace de discussion pourrait être ouvert.
Le troisième aspect est effroyablement insuffisant : le taux moyen de retour en prison est de 34% , ce qui veut dire qu'en réalité, le taux moyen de récidive ou en tout cas de nouvel acte délictueux est de près d'un sur deux, car tout acte délictueux ne ramène pas en prison .
Ce taux de 34% mérite analyse : il est de 23% pour les "primo délinquants", et de 61% pour ceux qui ont un cahier judiciaire chargé.
En un mot : Un quart de ceux qui vont pour la première fois en prison, y retourneront au lieu d'en être définitivement guéris, ou plutôt guéris de tout ce qui peut amener à y retourner. La prison n'est pas pour eux une "juste peine" mais elle est une peine absolument perdue, pour eux comme pour la société. Car même le deuxième objectif (se protéger) n'a aucun sens s'il n'est rempli que dans l'immédiat.
Et une peine extraordinairement coûteuse pour la société. Je ne discute pas même de ce budget mais de la part allouée à la réinsertion qui n'est que de 8% ; C'est un chiffre accablant.
Le "pacte présidentiel" du PS a le courage de poser le problème des alternatives à la prison, en particulier, mais non seulement, pour les mineurs. Le terme provocant d' "encadrement militaire" , a fait couler beaucoup d'encre. Mais; pour un jeune "mérite" la prison que préfère-t-on : l'encadrement de loubards chevronnés et de la mafia , ou celui des chasseurs alpins ou d'un escadron de gendarmerie ? Et encore y a-t-il beaucoup d'autres variantes, et je dis souvent qu'à condition d'un personnel suffisant pour servir de tuteurs, je suis prête à prendre des "sauvageons" (le mot est de Chevènement), dans un service de cancéro, de grands traumatisés ou de soins palliatifs. La fraternité et la responsabilité y sont vite compris.
Les documents électoraux sont toujours à la fois trop longs et trop courts. Attachons-nous au fond des choses, référons-nous aux documents de base (et en particulier à la version complète des cent propositions, disponible sur internet). Examinons les propositons, jugeons, réfléchissons. Une société se juge aussi à la réalité et à l'application du droit.
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Par Michèle Delaunay,
samedi 10 mars 2007 à 09:22 dans Journal
Matin-terrain qui me prive de commencer vraiment ce week-end par un billet qui ressemble à une respiration. "Sur le terrain" est une des expressions oblligées de toute période électorale. Elle reste valable (O combien) entre deux élections, où le terrain est le moyen de rencontrer les citoyens, de parler avec eux de manière détendue, de recevoir leurs doléances et quelquefois même, Eh oui, leur approbation et leurs encouragements.
Ce matin je vais inviter le public du centre ville, comme je viens de la faire pour vous tous dans le billet précédent, à notre "forum Michèle" autour de la jeunesse, le 13 mars. Près du quart des propositions du pacte présidentiel concernent la jeunesse et l'enfance, et toutes les interrogations qui se posent à eux -et donc à nous- y sont abordées. J'aimerais cette réunion soit une fois encore l'occasion de mettre en train ce "laboratoire d'idées" que doit être la politique...sur le terrain !
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Par Michèle Delaunay,
samedi 10 mars 2007 à 00:39 dans Journal
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vendredi 9 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 9 mars 2007 à 00:01 dans Journal
Unilatéralement, mais en tout cas résolument, nous avons déclaré ce 8 mars, non pas la journée, mais l'année des femmes ! En France, bien sûr d'abord, autour et à cause de la candidate socialiste.
Mais tout autant à Bordeaux, où deux candidates défendent la première et la deuxième circonscription (Beatrice Desaigues et moi), avec en plus aujourd'hui ma suppléante Emmanuelle Ajon. Nous formerons toutes les deux, à ma connaissance, le seul duo de dames (candidate-suppléante) en Gironde et elle est d'ores et déjà l'invitée permanente de ce blog.
Confidence pour confidence, je voulais la présenter aux lecteurs du blog le 8 mars. Et je me suis fortement dépéchée de rentrer du meeting de Bertrand Delanoe à Floirac et de la rencontre que nous avons eue ensuite avec lui.. Minuit vient de passer d'une minute, nous ne sommes déjà plus le 8 mais le 9 mars. Pas grave : n'ai-je pas déclaré en commençant ce billet que 2007 toute entière était l'année de la femme !
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mardi 6 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 6 mars 2007 à 23:49 dans Journal
Réunion militante ce soir dont le projet était de mettre en perspective la deuxième circonscription de Bordeaux et le pacte présidentiel de Ségolène Royal. C'est un exercice un peu technique, un peu fastidieux, mais d'un extrème intérêt : Bordeaux, et d'abord cette circonscription qui représente la majorité de la ville, démontrent la nécessité (j'allais dire l'impériosité, mais je crois que le mot n'existe pas !) des propositions du PS.
La deuxième circonscription ("Bordeaux deux rives") compte au dernier recensement 122 000 habitants, dont 46 945 habitants en âge d'activité . Dans cette "population active", le taux de chômage est de 19,3%, identique (et c'est une particularité) entre hommes et femmes.
Sur l'ensemble de Bordeaux (le chiffre n'est pas disponible par circonscriptions) , le nombre de bénéficiaires du RMI est de 11000(30% de la Gironde). Je reviendrai sur ces données (RMI, chômage dans un prochain billet).
Parmi les personnes ayant un emploi dans "Bordeaux deux rives", 25% ont un emploi à temps partiel.
Près de 90% des emplois sont dans le secteur tertiaire, et près de la moitié d'entre eux dans les collectivités territoriales (mairie, CUB...) et dans la santé (CHU en premier) .
Une seule entreprise est dans le "top ten" (les dix meilleures) parmi ses homologues en France : le casino ! Bravo !
Où est le dynamisme économique de cette ville ?
Les familles monoparentales représentent 17% des foyers (3654). Les "chefs de famille" en sont à 85% des femmes, et l'on imagine aisément leurs problèmes ; ce sont donc plus de 3000 femmes qui bien souvent "galèrent".
Sur 67 910 logements dans la circonscription, on compte 9259 logements vacants (13,6%) et 2962 personnes (13%) habitant des logements indignes (chambres d'hôtel, habitations de fortune, pièce sous louée ou prêtée)(hors SDF).
Je laisse ces chiffres (origine INSEE) à la réflexion de chacun. "Bordeaux deux rives" appartient à la droite depuis 62 ans. Elle s'approche de ce point de vue du record national de défaut d'alternance, de débat et de dialogue.
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lundi 5 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 5 mars 2007 à 21:20 dans Vie municipale (archives)
Conseil municipal cet après-midi. Alain Juppé à son meilleur, du moins à ce qu'il estime sans doute être son meilleur, puisque rien ni personne ne l'amènera à s'en lasser : l'imperméabilité au débat, même aux arguments les moins politiciens, les plus pondérés, et disons-le, le mépris.
Parmi beaucoup d'autres délibérations (ainsi nomme-t-on les rapports qui nous sont présentés, même si comme je viens de le dire, la "délibération" tourne souvent court) une demande d' extension du parc de machines à sous du casino. En présentant cette demande, l'adjoint Jean-Charles Bron a dit "qu'elle était depuis longtemps attendue". Par qui ? Pourquoi ? Par lui sans doute, je lui ai toutefois rappelé que la dernière augmentation du nombre de machines ne datait que d'aout 2006. On nous présente ainsi des fournées de 50 machines supplémentaires à peu près tous les ans...
Nous en sommes à 300 ! Remarquable ! Trois cent machines, disponibles pour le public de 9 heures du matin à deux heures du matin, voilà de quoi expliquer les 40 millions d'euros de bénéfices bruts annuels de ces sympathiques machines à plumer les plus vulnérables et les moins riches d'entre nous.
Voilà aussi qui nous met en deuxième position derrière Lyon, loin devant les places traditionnelles des casinos (Biarritz 220 , Enghien 200, Niederbronn 175). Dans ce domaine au moins, Bordeaux peut se vanter d'avoir distancé sa rivale Toulouse qui n'aura de casino que dans quelques mois !
Où se situe le mépris d'Alain Juppé ? Connaissant ma réprobation de cette extension, sachant que je l'argumenterais solidement, il a ostensiblement quitté la salle avant la délibération. "J'ai un coup de téléphone urgent...". Il n'avait pas de coup de téléphone, il est demeuré derrière le rideau qui mène à la salle où ses collaborateurs préparent ses fiches
.. et il est revenu dès la fin de mon intervention. Ce faisant, il lui a donné beaucoup de relief, car tous ont été choqués de son attitude.
J'ai exprimé en effet mon regret que ce "nouvel écologiste" n'ait appris de l'écologie que sa dimension environnementale, et rien du développement et de la santé durables. Réintroduire l'ours Balou ou défendre la pimprenelle des sous-bois, c'est bien, mais lutter contre les effets néfastes des comportements aberrants de l'homme sur l'homme lui même, les prévenir, c'est mieux. Alain Juppé n'est pas parvenu au chapitre II de l'écologie : l'écologie sociale et sociétale.
C'est d'autant plus regrettable que les études les plus décisives sur les dégats sociaux des machines à sous qui est un impôt sur les plus vulnérables, et sur leurs dégats humains viennent du Québec. J'ai proposé de les lui communiquer, Hugues Martin qui présidait à sa place quelques minutes a éludé.
Et pourtant, en effet, un seul chiffre : 43 % des joueurs de "bandits manchots" manifestent des signes de jeu pathologique, c'est à dire des signes d'addiction à des degrés divers de gravité mais toujours avec des conséquences financières, professionnelles, sociales et familiales.
Ce chapitre là, Alain Juppé se réserve sans doute de l'aborder à l'occasion d'un prochain séjour québecois. Mon intervention a été parfaitement sobre et argumentée, il n'a pas jugé nécessaire de l'écouter, moins encore de répondre. Il a raison par droit divin, et cela ne l'oblige pas même au simple respect de son opposition.
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samedi 3 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
samedi 3 mars 2007 à 23:13 dans Journal
J'ai un défaut fâcheux (que l'on peut aussi qualifier d'heureux) : considérer que le territoire où je me présente aux élections est le plus beau du monde. Pour mon canton (Grand Parc-Jardin public), ce n'est pas difficile à comprendre. J'y vis depuis plus de trente ans, j'en connais les rues, la diversité géographique et sociale, le voisinage du fleuve et l'étendue vers le nord de la ville..
Je crois que ce n'est pas plus difficile pour la deuxième circonscription de Bordeaux. Disons-le tout carrément, il n'y a pas un Bordelais sur 10 qui connait vraiment la différence entre une circonscription et un canton, et pas un Bordelais sur 100 qui connait les limites exactes des uns et des autres dans leur ville. Je dois dire bien honnêtement que j'avais au moment de ma première campagne quelques incertitudes sur le sujet...
Le deuxième canton est en lisière de la deuxième circonscription, mais il n'y est pas contenu. Rien qu'à dire ça, vous découragez la moitié des lecteurs (du blog), et sans doute plus de la moitié des électeurs (de chacun des territoires). Au passage, saluons comme un signe favorable la parenté évidente entre "lecteurs" et "électeurs". Dès que ce blog aura 123 000 lecteurs quotidiens (autant que d'électeurs dans la deuxième circonscription), mon élection comme députée de ce beau territoire sera quasi-assurée.
Un petit effort à faire encore...
Je reviens à mon chouette canton : Grand Parc-Jardin public. La partie nord du coeur de Bordeaux. Quand on le nomme de ces jolis noms de parc et de jardin, tout le monde comprend.
La deuxième circonscription quant à elle, c'est le coeur géographique et symbolique de Bordeaux. Le coeur géographique parce qu'il comprend ce que l'on appelle maintenant vilainement "l'hyper-centre", et le coeur symbolique parce qu'elle est joliment posée à cheval sur le fleuve : d'un côté la Bastide (7ème canton), de l'autre les 3ème, 5ème (St Michel) et la longue écharpe du 4ème canton, qui s'étend du fleuve à St Augustin.
Juste pour vous amuser, le 4ème canton, contient tous les hôpitaux de Bordeaux : St André, Pellegrin-Tripode, Perrens. C'est vous dire si c'est un super canton !
Je reviens là où je voulais en venir, si l'on peut s'exprimer ainsi : la circonscription où je suis candidate et où nous voterons les 10 et 17 juin . Elle mérite de s'appeler "Bordeaux, deux rives" pour les raisons géographiques et symboliques que j'ai dites).
Cette circonscription a aussi une importance historique. Je ne vous cacherai pas qu'elle a été un tantinet remaniée dans les décennies précédentes. Philippe Madrelle me rappelait qu'il avait fait campagne sur sa partie bastidienne, avant la configuration actuelle. Mais, à ces remaniements près, l'élément décisif est que cette circonscription appartient à la droite depuis 62 ans.
C'est long...
C'est long et peu conforme à l'esprit d'équilibre et de dialogue de cette ville. Le baron de Segondat, tout baron qu'il fût (Montesquieu dans le civil), ne démentirait pas ce propos.
Alors... Soyons unis, soyons forts, soyons libres... C'est vraiment possible de retrouver cette liberté, ce dialogue, cet équilibre dont Bordeaux a besoin comme de l'air du large sur son fleuve.
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Par Michèle Delaunay,
samedi 3 mars 2007 à 16:46 dans Journal
Juste un tout p'tit, tout p'tit billet avant de me mettre à bosser les dossiers du Conseil Municipal de lundi (5 mars). Juste pour raconter un peu ma vie, dont ne je doute pas qu'elle passionne chaque lecteur du blog.
Je viens de parcourir en guise de récréation, toute une série de commentaires aux billets précédents. De la même manière que les acteurs un peu cabotins disent "le public ce soir a du talent", je trouve nombre de ces commentaires formidables, plein d'idées, sympas ou grognons, mais en tout cas tout à fait dans l'optique de liberté et de partage de ce blog.
Tout cela veut dire que le débat à Bordeaux fermente, comme les raisins dans les cuves. Sur le terrain ce matin, et d'ailleurs tous les jours, même impression : devant ce monde qui change, quelquefois sans nous, la perception que nous devons y mettre non seulement notre nez, mais une main active, me réjouit et me réconforte.
Comme les vignerons de chez nous, j'ai en effet plutôt bon moral quand je perçois cette fermentation. Tout carrément, je voudrais que l'esprit critique l'emporte dans cette ville sur un légitisme de bon ton qui bien souvent me casse les pieds. Et tout ça me semble entrain de prendre corps.
Vite, vite, je me remets au boulot. C'était juste la récré.
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jeudi 1 mars 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 1 mars 2007 à 23:07 dans Journal
Je milite, depuis ma précédente campagne législative en 2004, pour une réglementation contraignante des produits (trop) gras et sucrés à la télévision. Dans un objectif de "santé durable" qui n'est que trop évident, mais au passage aussi parce que ce sont en règle des produits à valeur ajoutée démesurée qui grèvent les budgets les plus modestes. Quand je vois vendre une petite barre de Mars, ou produit équivalent, entre 1 et 2 euros, tout simplement ça me fait râler ! Il n'est que trop évident que les parents (nous tous) ont du mal à dire "non!" quand les enfants les réclament au sortir de l'école, en prenant le train...
Une enquête menée par l'UFC-Que Choisir montre, avant même qu'ils soient mis en vigueur, l'insuffisance des messages de prévention nutritionnelle que comporteront les publicitéés pour les produits gras et sucrés, et les sodas divers. Devant un public "représentatif", selon la formule consacrée, des publicités télévisées comportant la mention "pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé" ont été présentées avant que ce public soit interrogé.
Les résultats sont concluants : une personne sur deux n'a pas vu le message, et ceux qui l'ont vu pensent, pour deux tiers d'entre eux, que cela signifie que "le produit est équilibré" et qu'il contribue à une alimentation ni trop grasse, ni trop sucrée, ni trop salée. Pire encore, ce sont les personnes issues des catégories socio-professionnelles les plus défavorisées (celles qui sont les plus concernées par l'épidémie d'obésité) qui, soit négligent, soit interprètent le message le plus souvnetau contraire de son sens.
Cette démonstration n'était d'ailleurs pas à faire : les paquets de cigarette ont très longtemps comporté un message "fumer nuit gravement à votre santé", sans le moindre effet. En le constatant après de nombreuses années, on est passé au niveau supérieur en imposant "FUMER TUE", en lettres cinq fois plus grandes !
Les barres Mars, les pizzas et les patisseries industrielles ne tuent pas, du moins à court terme. Il faut, s'il l'on veut être efficace, tout simplement en en limiter la publicité : pas plus de 5 ou 10% du temps de publicité, quelle que soit la chaine, et jamais entre des émissions destinées aux enfants. Une fois encore, si l'on ne prend pas une mesure aussi simple, c'est parce que les intérets financiers qui sont en jeu sont trop importants.
Dans le même ordre d'idée, je viens d'être clouée de tristesse devant une page entière du Monde (ce jour, 1er mars). Une publicité pour les téléviseurs Hitachi ; l'image de deux enfants (environ six et deux ans), scotchés devant l'écran, fascinés, heureux, véhiculant l'idée - que la télé fait le bonheur des enfants - qu'ils sont (enfin !) sages quand ils la regardent et que les parents peuvent aller en paix...
A quand, à quand enfin, un CSA qui comprenne sa formidable responsabilité et qui ait envie de l'exercer ?
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 1 mars 2007 à 08:24 dans Journal
Un nouveau mois, un nouveau pas vers le printemps. Partout, en ville des signes avant-coureurs : petites feuilles des micocouliers déjà entrain de se desserrer cours d'Albret, tulipiers du japon dans les cours latérales de l'hôpital Saint-André, et sur chaque branche des bourgeons anonymes qui déforment leurs fines extrémités comme des rhumatismes.
Dans mon jardin, quelques uns de ces "daffodils" (les simples jonquilles) qui ont inspiré le plus célèbre poème anglais que tous les lycéens ont du traduire et apprendre :
''I wandered lonely as a cloud
'When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils
(...)
A poet could'nt but be gay,
In such a jocund company
(...)
Deux cents ans ont passé depuis qu'a été écrit "the daffodils". Ils ne poussent plus librement par champs entiers, au moins dans la campagne française, mais mon humeur demeure aussi fragile devant ces signes colorés du printemps. Facile à réjouir quand ils apparaissent, facile à assombrir quand ils s'éloignent et que les jours diminuent.
Ce printemps qui vient est chargé d'autres signes. Nous entrons non seulement dans une nouvelle saison mais dans une nouvelle monde et nos votes peuvent lui donner des directions bien différentes
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