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dimanche 29 octobre 2006

Commedia sans arte

Le blog a pris presque 48 heures de vacances que j'ai vécues comme de longues et bienfaisantes vacances après la comédie d'Alain Juppé à la CUB (vendredi 27). Départ fanfaronnant après un mot maladroit du vert mérignacais Gerard Chaussé. Maladroit, en effet, mais rien de plus et que son auteur était prêt à retirer ("l'ancien maire, et "parait-il" le nouveau maire de Bordeaux"). Je ne suis pas sûre qu'Alain Juppé se serait battu en duel pour autant si la mode demeurait aux duels.

En réalité, celui qui a dit, dans sa conférence de presse de retour, "les Bordelais ne comprendraient pas de me croiser dans la rue et que je ne sois pas leur maire", n'a littéralement pas supporté d'être présent à la CUB et de n'en être pas le président. Désagrément aggravé par l'invitation d'Alain Rousset: "Cher ami, venez vous assoir à côté de moi...". C'est plus grave qu'il n'y parait et finit de me convaincre que l'on doit d'abord se battre sur le non cumul des mandats dans le temps. A n'avoir jamais exercé d'autre fonction que politique, AJ a perdu ce que je sais très difficilement qualifier autrement que : la capacité de se mettre à la place des autres et de relativiser ce qui le touche.

J'ai été, je l'avoue, choquée de la réaction démesurée à ce "parait-il" dont il était évident qu'il n'était qu'une formulation maladroite sans intention blessante. On aurait volontiers accepté qu'Alain Juppé demande à Gerard Chaussé de retirer ce mot, comme à plusieurs reprises nous l'avons fait (sans résultats) en Conseil Municipal contre des mots autrement plus injurieux de sa part. Je lis à l'instant dans Sud-Ouest d'hier qu'il a déclaré "n'avoir plus l'âge de se laisser offenser". Nous non plus (je parle de l'opposition municipale). Puisse-t-il enfin l'entendre et avoir la même sensibilité à notre égard qu'il en a pour lui-même. Puisse sa majorité se solidariser de toute offense, fût-elle à notre égard.

mercredi 25 octobre 2006

Faire bouger la gauche à Bordeaux

Le forum "faire bouger la gauche à Bordeaux" est alimenté chaque jour de nouvelles contributions. Sois sous forme de commentaires (voir ceux des billets 13 à 17, 19, 21, 23, 27 à 29) , soit sous forme de contribultions.

Aujourd'hui : Luc Trias

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mardi 24 octobre 2006

Rien qu'un mot (33)

Deuxième débat entre nos candidats. Plus alerte que le précédent, mais la sévérité de forme ne m'avait pas déplue. Beaucoup d'accords entre les trois et tant mieux. J'ai été génée au chapitre des violences de banlieue de l'absence quasi-totale de deux mots : la drogue, les femmes. La drogue et le commerce de la drogue, élément majeur de la gravité et de la difficulté de raisonner selon nos seuls fondamentaux. Le rôle des femmes. Ségolène a eu l'idée et l'envie d'en parler, quand on lui a fait préciser l'orthographe du mot "maire" après qu'elle a dit "le rôle des maires". Le rôle des femmes et bien sûr des mères est décisif. Dernier rempart d'autorité, dernière référence pour ces jeunes quand tout s'écroule. Mais du côté de l'ordre aussi : dans les débats de novembre dernier, aucune femme. Un ministre de la ville... ou de l'intérieur qui serait une femme sans aucun des signes habituels du pouvoir, qui se rendrait dans les banlieues et représenterait autrement l'autorité de l'Etat, l'ordre, la justice et la compréhension, serait mieux entendue et à son tour mieux comprise.

Ces débats sont une leçon de démocratie. Pourquoi ne pas les imaginer aussi à l'échelon régional ou local. Les journalistes sont intervenus davantage que dans le débat précédent mais sans jamais couper les candidats ou en tout cas les empêcher de s'exprimer. Ce qui n'a nui en rien à leur talent. Je suis heureuse que ce soit le PS qui ait eu l'initiative de cette évolution de la pratique médiatique des campagnes électorales.

Prise de terre

Première flaque rouge dans le mur couvert de vigne vecchii. Je mène, concurrement à ce blog, un "cahier de jardin" où je note les bonheurs et les deuils que la nature, le cycle des jours et des saisons, apporte à ce petit univers. Privilège entre les privilèges d'avoir un jardin, tout petit il y quelques mois, plus grand aujourd'hui ; privilège aussi de savoir lire les signes que font trois brins d'herbe qui poussent à force d'énergie entre les pavés, ou encore l'appel au large d'un branche fleurie qui s'élève malgré tout entre deux murs. C'est une de mes forces à moi de regarder et de savoir lire chacun de ces signes, de m'en réjouir mais aussi d'en porter le deuil quand les jours s'amenuisent, quand les hostas disparaissent et se confondent à la terre sombre, quand mon marronier, personnage éminent de ce blog, souffre et exige que je parle de lui.

Reste que le cahier de jardin n'en mène pas large, jamais victorieux d'aucune concurrence, dont celle de ces billets quotidiens. Petite revanche pour lui quand il déborde sur eux, que la politique, Juppé et des tas d'autres se font tout petits sous les grandes ramures ou les feuilles fragiles de mon univers intime.

J'ai appelé ce billet "prise de terre", parce qu'en allumant l'ordi, c'est l'idée qui m'est venue: si tous les appareils informatiques ou ménagers survivent aux tensions, aux changements de courant, aux caprices de l'EDF et d'autres sociétés siglées, c'est à cause de ces prises de terre, très laides d'ailleurs, mais qui font le même office que mon jardin et les feuilles rouges de mes vignes vecchii : me relier en prise directe à la terre profonde et à l'univers immense.

dimanche 22 octobre 2006

Logement : un droit opposable ? (31)

Sur le thême "logement et précarité" avait lieu hier au Grand Parc, un débat à l'initiative de la bibliothécaire du lieu, Dominique Dat, rayonnante d'intelligence et de compréhension des multiples facettes de son rôle d'animateur culturel du quartier.

Plusieurs intervenants. Le premier, Olivier Langlois, en charge du logement à "ATD quart monde" a très opportunément introduit le débat par les chiffres issus du rapport sur le mal logement de la fondation Abbé Pierre. - 3 millions 207 000 personnes en mal logement

dont . 85 000 SDF

. 934 000 sans logement personnel (cabanes, caravanes..)

. 2 187 000 sans logement décent (vétuste..)

Ces trois millions correspondent à 5% de la population française


- 5 millions 870 000 personnes hébergées chez un tiers

Au total : plus de 9 millions de personnes ayant un problème, grave à très grave, de logement ; soit un français sur 7.

Après la présentation de ces chiffres, Olivier Langlois a focalisé sa présentation sur la nécessité de faire du logement un droit opposable (susceptible de recours juridique), comme c'est le cas pour la scolarité et la justice. Economie pour la société au regard des chiffres suivants

- habitation en HLM à Paris : 178 euros par personne et par mois

- hébergement de secours en chambre d'hôtel : 660 euros (l'Etat loue chaque nuit à Paris 6000 chambres d'hôtel)

- accueil en CHRS 1050 euros

- placement d'un enfant du fait de l'absence de domicile de ses parents : 4500 euros (tous ces chiffres, par personne et par mois)


Je donne ces chiffres malgré leur austérité pour servir de base à la réflexion sur la question posée, à savoir le droit juridique (et non seulement le droit moral évident) au logement.

Pour dire le vrai, je n'ai pas de réponse dogmatique sur la question. En première analyse, ce droit opposable, c'est à dire "justiciable", parait difficile à concevoir et à mettre en place. Je vois davantage, un droit "programmatique", une obligation de moyens faite à l'Etat et aux collectivités pour garantir l'accès au logement. Les ambitions du plan d'habitation sont (20% de logement social) sont désormais insuffisantes au regard des besoins. Reste aussi à mettre en place des pénalités d'une autre importance que celles qui touchent actuellement les communes qui ne satisfont pas à ce taux ; et à ce que les hommes politiques n'aient pas comme première intention de dévier la loi, ce qui a été le cas d'Hugues Martin, faisant voter au parlement un amendement permettant de comptabiliser dans ces 20% l'accession à la propriété des ex-locataires de logements sociaux.

On s'étonnera peut-être que...la Suisse garantisse le droit au logement. En se référant aux textes, cette garantie parait davantage une facilitation de l'accès au logement qu'un droit opposable (http://www.admin.ch). Voilà en tout cas une question qu'il faut poser, où il faut entendre et voir le possible. Si nous ne faisons rien, rien ne se fera. C'est une règle universelle : "nous ne vivrons que ce que nous changerons". Une camarade et amie a cité ce soir cette phrase dans la petite réunion que nous avions à la Bastide. Elle me parait très juste.

Je reviendrai dans les billets suivants sur les thêmes du débat du Grand Parc, et sur cette question décisive du logement. Merci de vos contributions : bâtissons ensemble le programme législatif que nous porterons également ensemble dans la circonscription des deux rives (IIème circ.) en face d'Alain Juppé !

vendredi 20 octobre 2006

Le chameau de la place Gambetta (30)

Interview roboratif, sous la plume de Christian Seguin, dans Sud-Ouest de ce matin (édition locale du 20 octobre) L’interviewé, Olivier Besse, réalisateur et metteur en scène de son état, est un type formidable 1- parce qu’il pense la même chose que moi 2 – parce que je pense la même chose que lui. C’est pas si souvent qu’il ne faille en profiter.

La même chose que lui sur la conception générale du « relooking » de Bordeaux et son déficit en chaleur humaine et en vision esthétique. Je le disais récemment dans une réunion publique à la Bastide : on nous fabrique une ville d’énarque, doublée d’une ville de polytechnicien ; ce dernier étant particulièrement chargé du plan de circulation et de la formidable complication des trajets qui sont imposés aux automobilistes par un jeu subtil de sens interdits qui rompent les lignes droites au profit de lignes brisées et de labyrinthes que seul un polytechnicien peut concevoir. Geométrie très post euclidienne des formes, austérité des matériaux, avec quelques touches de gaieté comme ces grandes tombes noires qu’on a aligné place Pey Berland en guise de bancs sous des miradors de ciment supposés éclairer. Olivier Besse se prend à rêver qu’un jour les Bordelais se réveilleront avec l’idée de peindre la grisaille des pavés wilmotte. Dommage que nos « MJS » (les jeunes socialistes) qui ont réussi à égayer la campagne municipale n’y aient pas pensé les premiers. Quelques mètres de pavés revus aux couleurs des œuvres de Sonia Delaunay (je choisis au hasard) auraient montré, mieux qu’un long discours, la ville que nous voulons.

Que le génie ait épargné la rive droite est un faible mot. Faire dans ce site unique en Europe la cité des flots bleus, avec comme ligne architecturale, ce qu’on aurait pu concevoir dans les années 80 sur les rives de la midouze à Mont-de-Marsan (là aussi, je choisis au hasard). Le dialogue avec la façade du XVIIIème que les Bordelais appelaient de leurs vœux, en pensant par exemple au Guggenheim de Bilbao ou aux parois de miroir noir des buildings de Houston, tourne court et bien mal. Le XXIème siècle débutant à Bordeaux ne fera pas un gros chapitre dans les histoires de l’architecture urbaine.

Place de la victoire , une colonne napoléonienne attardée dont le rosé s’accorde bien mal au pierres des façades. Place Stalingrad, un lion supposé poster la modernité au seuil de la rive droite ; œuvre sans gaieté dont la couleur glacée a, reconnaissons-le, quelque chose à voir avec Stalingrad et les glaces qui ont emprisonné les chevaux du lac Ladoga. C’est à la suite de ces deux exemples qu’Olivier Besse suggère de poster un chameau place Gambetta, dans l’espoir qu’un jour une oasis, des jeux d’eau et des fontaines, des œuvres colorées ou mobiles viennent trouer cette ville minérale.

Olivier Besse constate, il n’est pas tout à fait isolé dans cette opinion , qu’il manque « un double humain au maire, quelqu’un de majeur sur le terrain du mal être ». Magnifique formule marquée de la patte de Christian Seguin. Je regrette souvent en conseil municipal que tous les textes proposés à nos délibérations soient également empreints de contentement de soi et d’une imperméabilité de béton au moindre questionnement, au moindre doute, sans parler de concevoir même qu’une solution différente puisse exister et mériter d’être écoutée. Ce « quelqu’un de majeur » sur le terrain de l’interrogation et de l’échange est radicalement absent des bancs de la majorité municipale.

Il manque en réalité plusieurs doubles au Maire. C’est sans doute à nous d’en jouer le rôle. Et c’est pour ça que rien n’est perdu.

mardi 17 octobre 2006

PS (29)

Le parti socialiste sort grandi de ce premier débat de nos trois candidats. Quelle initiative scabreuse pourtant que d'ouvrir largement les portes d'un débat prioritairement interne, même s'il est en réalité celui du pays. Voilà des prises de parole où chacun a pu s'exprimer sans invective, sans interruption, sans effet de manche inutile. Comme je regrette que cette chance ne nous ait pas été donnée en temps utile pour les municipales de Bordeaux !

Je ne suis pas une donneuse de note. J'apprécie et je l'ai manifesté les positions de Ségolène sur des domaines qui me sont chers. Un des piliers de ma campagne législative (gaussé à droite) a été en novembre 2004 : "le travail, une valeur de gauche". Nous devons nous battre sur les conditions de travail, et tout faire pour que cette valeur de gauche soit perçue, défendue, partagée comme telle. Nous reparlerons de ces enjeux nationaux.

J'ai mis en titre de ce court billet, les initiales du parti socialiste. Il m'a toujours amusé que ce soit aussi celles des deux mots latins que l'on met comme un repentir en bas des lettres. En réalité, c'est souvent le plus important que l'on dit dans ces post scriptum ! Le nom de notre parti est un des seuls qui a un sens. "Socialiste" est un mot qui a une signification interne, une sorte de noyau intérieur, même si la périphérie de l'atome doit être en permanence redéfinie avec l'évolution du monde. Les suites d'initiales qui se sont succédées pour désigner les partis de droite : MRP, UMP, UDR, RPF, UDF.. ont toujours sonné creux. On ne sait même plus en les alignant où mettre les lettres et peut-être me suis-je trompée et en ai-je oublié quelques uns. Ce soir, le parti socialiste sonnait plein.

Faire bouger les lignes

Je reviens à ma préoccupation principale (en dehors de mon métier qui chaque jour me ramène radicalement à un autre "ordre" au sens pascalien de ce terme) : réfléchir à ce qui peut faire bouger la gauche à Bordeaux. Plusieurs billets y ont été consacrés depuis le soir du scrutin ("être un laboratoire d'idées", "être plus visible et plus lisible..")*. De nombreux commentaires y ont été apportés qui font avancer le débat. Ce soir encore, un long coup de téléphone m'a fait part de la même préoccupation et j'ai prié mon interlocuteur de faire cet exercice de mise en forme que constitue l'écrit et de nous faire partager ses remarques sur le blog.

Un des axes majeurs est de mettre en place un partenariat véritable avec les verts. J'en parle ici de manière très préalable : par définition un partenariat est une démarche commune, et je souhaite que la pensée des uns et des autres chemine ensemble.

L'essentiel, est qu'ensemble nous sentons le besoin et nous avons l'ambition d'un nouveau modèle de société. Les uns comme les autres, nous sentons que notre monde occidental fait face à une interrogation essentielle qui est celle de son mode de développement, ainsi que des risques qu'encourrent l'homme tout autant que la planète.

Cette communauté d'interrogation, nous la retrouvons à maintes reprises sur les dossiers municipaux ou communautaires. Espaces verts, propreté, transports, machines à sous, logement, piscines... Nous renchérissons bien souvent les uns sur les autres dans un même soucis : les verts l'appellent "haute qualité environnementale" et moi "haute qualité de vie". Les deux se complètent et selon les dossiers, nous défendons soit le label HQE, soit le label HQV ! J'aurais volontiers proposé ce dernier sigle concernant le cruel besoin de Bordeaux en équipements de proximité si j'avais porté la campagne municipale. Juste en passant pour dire la faible épaisseur de nos différences sur ce type de dossier, les piscines en l'occurence : Pierre Hurmic veut un bassin d'été à la Bastide, j'en réclame au Grand Parc. En réalité : c'est bien de deux que nous avons besoin à Bordeaux !

Bien sûr, il y a des différences plus lourdes : le grand contournement en est l'exemple. Je pense qu'il est indispensable pour que le couloir rhodanien ne continue pas à drainer l'économie européenne, pour rééquilibrer l'Europe au profit de l'Ouest et du Sud, ambition plus que jamais nécessaire quand nos amis allemands se tournent au contraire vers l'est. Je ne veux pas que l'occident de notre Occident soit une réserve d'indiens dans cinquante ans, Pierre s'insurge pour que ce ne soit pas un musée des ponts et chaussées !

Nous nous retrouvons entièrement sur le transport maritime et fluvial. Avenir de Bordeaux que nous avons le devoir de repositionner au centre de l'arc atlantique, Avenir tout court, quand on songe à l'enchérissement inéluctable des énergies.

Un des commentateurs de ce blog disait : l'écologie n'est pas la cerise sur le gâteau. Au sens où je l'entends (c'est à dire ne concernant pas seulement l'environnement de l'homme, mais l'homme lui même), elle est la matière même du gâteau et l'épine dorsale de la politique.

C'est autour de cette épine dorsale que nous devons faire bouger les lignes de la gauche à Bordeaux.

  • voir aussi billets 13 à 17,19, 21 et 23 de ce mois d'octobre, ainsi que leurs commentaires

lundi 16 octobre 2006

Un mot juste comme ça (27)

Toute mon énergie de ce soir investie dans une entreprise homérique en même temps qu'héroïque : apprendre à dominer les cookies, les UMRL et tout un tas de trucs épatants qui sont supposés me permettre d'un doigt de glisser la bonne photo au bon moment dans ce fichu blog. Un enfant de quatre ans y aurait sans doute réussi depuis une demie-heure, mais ce modèle manque momentanément à la maison et je rame comme une grande que je suis malheureusement. Un ami chercheur avait ramené d'un laboratoire américain cette jolie pancarte "Unfortunately, your mother is not working in the lab, so you have to manage by yourself " (votre mère ne travaille malheureusement pas au labo, débrouillez-vous vous même !). Reste qu'avec l'informatique, il va falloir repeindre le panneau : "votre petit dernier est à la crèche, tirez-vous tout seul de ces fichues indications incompréhensibles !"

Dans la foulée, je tente une numérotation des billets par mois, pour pouvoir renvoyer à l'un ou à l'autre et permettre à ceux qui font des commentaires de s'y référer. Habitude de publication médicale sans doute.

C'était juste un mot pour me faire plaindre un tantinet.

dimanche 15 octobre 2006

Buzzati, enfin (26)

Enfin rééditées les œuvres de l’écrivain italien Dino Buzzati, dont l’étoile, de manière assez incompréhensible, a quelque peu pâli au cours de ces dix dernières années, grossièrement après qu’a commencé à être oublié le film tiré de son œuvre maîtresse « Le désert des Tartares ».

Et comme un bonheur ne vient jamais seul, avec les deux volumes des "Oeuvres" paraît aujourd'hui un recueil de nouvelles publiées dans le "Corriere della Sera" par celui qui était aussi un journaliste, demeuré fidèle jusqu'à la fin au grand quotidien milanais.


(voir aussi le billet précédent)

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En ce moment précis (25)

Il y a peu de phrases, peu parmi les petits textes de la littérature, qui m'aient marqué autant qu'une grosse poignée de lignes de l'écrivain Dino Buzzati. Un petit texte extrait du moins connu de ses ouvrages ("En ce moment précis"), composé pour l'essentiel de fragments de son journal et d'ébauches de nouvelles.

"Nous sommes déjà le 28 et je n'ai encore rien fait. (...) Mais alors que nous sommes arrêtés sur le bord du chemin, les heures, les jours, les mois et les années nous rejoignent un à un, et avec une abominable lenteur il nous dépassent, disparaissent au coin de la rue. Et puis le matin nous nous apercevons que nous sommes restés en arrière et nous nous lançons à leur poursuite.
A ce moment précis, pour parler simplement, finit la jeunesse".

Rien qu'à écrire après lui ces quelques phrases, j'ai le coeur serré. Buzzati avait (probablement) une quarantaine d'années quand il a écrit ce petit texte. Combien de fois, depuis un âge beaucoup plus jeune, y ai-je repensé ? Quand une journée approche de sa fin et que je l'ai occupée de mille choses qui en fait ne sont rien, quand une année finit, s'ajoute en même temps que se retranche, quand les feuilles de mon marronier tombent à terre, quand les jours raccourcissent... La jeunesse, de ce point de vue a fini tôt pour moi. Buzzati m'est devenu un frère d'inquiétude. Qu'on prenne cette phrase avec simplicité : je ne saurais le dire autrement.

La journée justement approche de sa fin, incitant aux confidences. Peu après la mort de Buzzati, j'ai fait le voyage jusqu'à Belluno dans les Dolomites (dont il parle souvent, il était grand amateur de montagne et d'escalade). Lui n'était plus là, mais sa porte m'a été ouverte familièrement par sa famille. Son chien à la fois aboyait dans le jardin et trônait sur les murs dans un grand dessin dont il était l'auteur. Nous avons parlé avec sa soeur du texte que je viens de citer. Elle m'a dit qu'il était la clef de toute sa vie et bien évidemment, de ses écrits.

La maison de Buzzati lui ressemble étonnamment : une maison basse, pas très grande, aux murs couverts de fresque très aristocratiques, le tout dans l'écrin des Alpes. Elle est située en dehors de la petite ville. En y allant, je n'en connaissais pas l'adresse. J'ai demandé à plusieurs reprises aux habitants. Tous m'ont dirigé vers le centre ville, ne comprenant pas bien pour quoi je demandais où se situait la "maison" de Buzzati puisqu'il s'agissait d'un garage. Et en effet, le commerce le plus imposant de Bellluno est le "garage Buzzati". J'ai eu un peu de mal à faire comprendre que ce n'était pas le Buzzati que je cherchais.

De très nombreuses années plus tôt, ma mère s'était mise dans l'idée de rendre visite au Maine Giraud. Elle était grande passionnée d'Alfred de Vigny et voulait, elle aussi, faire pélerinage en sa demeure. Nous avons interrogé tous les agriculteurs des environs "nous cherchons la maison d'Alfred de Vigny", pour ne recevoir que des "Devigny, ou Alfred, pour sûr, sont point de par là!", prononcés avec un accent charentais bien tassé. Plus tard, Le Maine Giraud a été vendu, morcelé, et "Alfred" je pense plus oublié encore dans les environs !

Je crois que j'ai raconté cette histoire pour me désserrer un peu le coeur. Ce beau dimanche après-midi, je l'ai passé dans les trois volumes de Buzzati qui viennent d'être réédités et que je signale en "notes de lecture". Les amis de nos amis sont nos amis, et c'est pourquoi je parle ce soir de Dino.

samedi 14 octobre 2006

Samedi soir (24)

Juste un point d'ordonnancement de ce blog après tout un après-midi occupé des "choses de la vie". On appelait cela autrefois "jouer son rôle de maîtresse de maison" ou simplement de femme "qui tient sa maison". Je pense que c'est tout autant un rôle de "servante" que de "maîtresse" de maison, et pour autant aussi, que c'est un rôle que j'aime bien et dont je suis très privée dans la densité de mon quotidien. Aller à Ikea pour chercher des objets qui aident à vivre, qui sont jolis, que nous sommes quelques millions sur terre à partager, c'est plutôt sympa !

Mais je reviens à l'objet de ce court billet : des commentaires très intéressants ont été donnés au cours des jours précédents sur tous les billets qui ont trait à notre désir de voir la gauche bouger à Bordeaux. Je renvois à plusieurs : "soir d'élection", "question de notoriété", "être un laboratoire d'idées", "visible et lisible"... . Il me semble que cela fait la matière de base d'un forum thématique sur ce sujet décisif pour les mois à venir. Dans l'immédiat, il me semble aussi qu'il pourrait être commode de numéroter les billets chaque mois* et de les référencer par thême. Mon habitude sans doute de la "biblio" dans les articles de médecine, et mon goût surtout des idées en ordre.

Merci de contribuer à cette base de forum. Je suis sûre qu'elle peut nous faire faire un pas en avant qui ne soit pas ce célébre pas "nous étions au bord du précipice et depuis, nous avons fait un pas en avant !"

  • ainsi ce billet est le 24ème du mois d'octobre (ce que je note par le chiffre 24 , entre parenthèses après le titre)

vendredi 13 octobre 2006

Mettre à jour, mettre au jour (23)

J'ai promis d'essayer chaque jour de réfléchir sur ce que doit être notre ambition pour la gauche, et surtout sur les moyens d'y satisfaire. Il est tout proche de minuit, je rentre d'une réunion très cordiale où nous avons en effet débattu autour de ce problème.

Je reviens sur deux mots lancés par Bertrand B. : visible et lisible. (cf billets précédents)

Il ajoutait : j'en ai assez de n'entendre parler dans les media que des problèmes internes au PS. Moi aussi. Donc n'y prêtons jamais la main en alimentant la chronique de ces disputes mais surtout portons une autre matière à la connaissance du public.

Cette matière existe. Dans chacune de nos réunions, des idées se font jour, des interventions apportent des éclairages ou des propositions. Seulement elles sont comme sable entre les doigts, personne n'en retient la substantifique moelle sous la forme ne serait-ce que de quelques lignes que nous pourrons nous transmettre, garder en mémoire ou au moins en archives, et si elles valent le coup, communiquer à la presse.

Visible, ce n'est pas que cela : est-ce que nous ne devrions pas plus souvent être à l'initiative d'actions concrêtes : échanges avec des étudiants ou des membres du PS de pays où les conditions de vie sont moins favorables que les nôtres, actions que l'on qualifie d'humanitaires (nos MJS l'ont fait)... Bien d'autres idées sont possibles. Nous en réalisons en réalité, telles que dernièrement les parrainages républicains de jeunes gens sous menace d'expulsion. Voilà encore un sujet qui méritera un billet et un forum.

Lisible : cela est un mot, paradoxalement, déjà moins simple. "Lisible" veut dire que notre message soit compris, perçu, transmis. Il doit être pour cela, non pas simple, mais pédagogique. Et souvent être assimilé à une seule personne. Je vais prendre un exemple qui parait n'avoir rien à faire ici : pour qu'un enfant d'un couple bi-national parle les deux langues des parents maternellement, il faut que ce soit le même parent qui lui parle chaque langue. Nous grandissons.. mais la base reste assez semblable : nul ne peut, pour être crédible, être expert en tout ; dix personnes qui représentent une pensée ne la multiplient pas dans le public, mais la divisent. Qu'on veuille bien y réfléchir.

Au total : nous devons être davantage présents, sur des idées bien clairement établies, portées non moins clairement, et bien souvent répétées. Nous exprimer régulièrement, de manière condensée, faire la synthèse de ce qui a été dominant dans un débat, mais aussi dans nos têtes sur chaque sujet.

Une mise à jour de la gauche à Bordeaux, doublée d'une mise au jour de sa réflexion et de son action.

mercredi 11 octobre 2006

Le peuple des fontaines

Je reviens de l'inauguration de l'expo de Michelle Coquet " Le peuple des fontaines" à la bibliothèque de la Benauge (rue Alexander Fleming). Des visages, des corps, des regards qui nous parlent après des siècles. Des couleurs qui semblent manipulées par l'artiste mais qui sont seulement l'effet des acides et des pluies sur la pierre et le bronze.
Marguerite Yourcenar a titré un de ses livres "Le temps, ce grand sculpteur". A ce grand sculpteur, il faut un regard d'artiste, qui saisisse en même temps l'éternité d'un geste, d'une attitude, d'un mouvement de lèvres et sa formidable modernité. Nous avons ri de trouver une réelle ressemblance entre un personnage du monument des Girondins (je ne dis pas lequel) et Dominique de Villepin ! Nous sommes restés saisis de la beauté de "La République" du même monument : elle devrait être exposée dans toutes les écoles, pour montrer ce qu'elle doit être, une force sereine, attentive et référentielle. Moment de bonheur. Ce n'est pas une formule : le bon-heur, c'est bien souvent d'abord une bonne-heure.

Visible et lisible (21)

La manière forte... Je mets le commentaire de Bertrand B. (à la suite dua billet "être un laboratoire d'idées", ce même jour) à la rubrique "l'invité du blog" pour que les lecteurs rapides puissent y réagir. Ce débat sur le rôle d'une gauche ouverte dans la politique bordelaise est essentiel. J'ose dire qu'il est l'objet principal de ce blog : être une parcelle de ce ferment qui fait qu'à un moment les cuves de vin se mettent à frémir, que leur température monte, et qu'à maturité, le vin devient le plus beau produit de notre région !

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Juste au vol (20)

Juste en passant très vite : je reçois à la suite des billets précédents (interrogations et propositions pour la gauche à Bordeaux) beaucoup de commentaires, objections, remarques .. , sur mon mail privé, toutes intéressantes, stimulantes, mais dont évidemment les lecteurs du blog n'ont pas connaissance ! Ce blog est et doit être un forum de propositions : merci d'intervenir directement sur le blog. Nous devons faire bouger les lignes, faire passer un grand souffle d'énergie sur cette ville. Et pourquoi pas, un tout petit peu au delà !

Au vol encore : un très chouette papier dans Libé (http://www.liberation.fr, ou mieux encore acheter le journal qu'on est entrain d'essayer de faire passer par profits et pertes) : "lettre ouverte des vieillards du PS". Nous sommes vraiment dans une époque formidable : la chose dont on peut assurer le plus fermement aujourd'hui qu'elle a de l'avenir, c'est la vieillesse ! Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je trouve ça très roboratif. Et je pars à l'hosto regonflée pour les quarante prochaines années.

Etre un laboratoire d'idées (19)

Je voudrais développer chaque jour quelques-uns des éléments qui me paraissent importants pour notre action à Bordeaux.

Le premier : être un laboratoire d'idées

Je vais commencer bien modestement et concrètement : devant chaque événement, devant chaque problème, grand ou petit, c'est une bonne règle de se demander : qu'est-ce qui ne va pas ? pourquoi ça ne va pas ? que puis-je y faire 1- en tant que groupe 2- à titre personnel ? La séquence des questions n'est pas indifférente. Cela prévient aussi de s'attarder aux drames où l'on ne peut vraiment rien : qu'un avion s'écrase dans le Kilimandjaro à la suite d'une erreur de pilotage, ni nous, ni je, n'y pouvons rien. Je le regrette mais je pense que mon énergie est mieux employée en direction de mes malades, qui risquent eux aussi tous les jours de se scratcher !

Nous passons beaucoup de temps au parti socialiste dans le débat interne. La désignation à la présidentielle va en être de nouveau l'occasion. C'est une bonne chose 1- si c'est une démarche positive (ce candidat apporte des solutions plus innovantes, et non pas "il ou elle a dit ça, c'est mauvais, c'est du neo-blairisme ou du chevenementisme attardé !" en s'appuyant sur des petites phrases reproduites -pas toujours bien- dans la presse), 2- si nous n'y passons pas tout notre temps. Je veux que nous ressortions de toutes nos réunions plus intellligents, plus instruits et plus forts. Avec des solutions à apporter, à exposer dans nos rencontres sur le terrain, et non pas avec une besace pleine de critiques sur les uns ou les autres d'entre nous. Nous sommes d'abord ensemble : nous ne devons critiquer l'une ou l'autre de nos actions que pour apporter aussitôt la proposition de remplacement.

Je reviens à une des phrases précédentes : ressortir des réunions plus intelligents, plus instruits et plus forts. J'ai beaucoup appris au Parti Socialiste : je veux apprendre davantage. Nous avons la chance d'un apport nouveau de militants. Les réunions de présentation nous ont fait apprécier leurs motivations, leur bagage très divers d'expériences professionnelles et personnelles. Profitons-en. Demandons à chacun de nous, nouveau ou pas, de bosser les sujets qui le "branchent" et/ou pour lesquels il a une expertise particulière, par exemple en raison de son job. Ecoutons-le plancher sur le sujet. Référons-nous à lui quand un dossier du Conseil municipal se présente. Quand une question d'actualité demande une réponse rapide, par exemple sous la forme d'un communiqué.

Au plan très local, que nos militants drainent les informations dans les quartiers, les groupes de parents d'élèves.., et déjà réfléchissent à une solution : le plan de circulation du quartier des trois pommes bleues est aberrant, j'ai discuté avec les riverains, il faut proposer cela. Boum, on fait un communiqué, on existe, on montre que nous faisons de la bonne politique.

Même chose au plan national : on apprend une mesure aberrante. Pourquoi est-elle aberrante ? Tout de suite des chiffres, des comparaisons, un dossier sur le sujet. Et re-boum, on se réunit à deux ou trois, on pond un communiqué ou une conf de presse suivant l'importance..

Je suis sûre que nous avons les forces pour cela ; pas assez d'organisation. Nos experts n'osent pas bien souvent se déclarer, ne sentent pas qu'ils sont en charge du dossier. Nous ne communiquons pas assez entre nous, et je voudrais d'ailleurs beaucoup que ce blog soit un des moyens de communication. Nous ne communiquons pas assez tout court. Mais ce dernier point méritera à lui seul un billet.

Voilà. A bientôt.

mardi 10 octobre 2006

Orthographe et calcul mental

Deux scientifiques ont fait une grande étude pour étudier les facteurs qui prédisent dans le jeune âge la réussite scolaire, et un bon cursus professionnel. Deux élements crèvent le plafond : être bon en calcul mental et connaître l'orthographe ! Cela parait si élémentaire, si évident (les grands-mères de nos grands-mères l'auraient dit) qu'ils ont appelé cela "la mémoire de travail". La formule est plus nouvelle que "connaître son orthographe", qu'utilisaient les vieux instituteurs.

Reste que c'est vrai ! Et que cela revient au facteur essentiel qui est en danger en l'état actuel de la société : la capacité d'attention, et d'une manière plus globale, la maîtrise de soi. Je reviens aux scientifiques. Un ouvrage magistral d'un Américain (Roy Baumeister), "Losing control", démontre comment et pourquoi "la perte du contrôle de soi est la pathologie sociale majeure du temps présent". Cette phrase est la première du livre, malheureusement non traduit en français. Jeux, tabac, télé, alcool, violence, tout à la fois causes et symptomes. Voilà un vrai sujet de vraie politique.

Je me rends compte que je dis de plus en plus souvent dans ces billets "j'y reviendrai", parce que je les écris vite et que je ne traite pas un sujet de manière aussi approfondie qu'il le mériterait. J'effleure. C'est le genre du blog : un jeu rapide de balles que l'on lance et renvoie. Merci à tous ceux qui jouent avec moi !

Question de notoriété (17)

Une lettre aux militants de Bordeaux (évoquée dans les commentaires du billet précédent) fait état du manque général de notoriété des élus municipaux PS, disant que le meilleur d'entre nous ne dépassait pas 5%.

Ne sachant à qui exactement est destinée la lettre, je suis obligée de rétablir dans ce blog les chiffres du sondage Sofres (celui qui a donné Juppé vainqueur à 54% et s'est avéré juste dans presque tous ses chiffres)

. Delaunay, bonne opinion 35%, notoriété 56% (et non 5 %!)

. Hurmic " 25% " 44%

. Respaud " 23% " 40%

Que ce manque de précision (et même un peu plus) est déplaisant ! Je me souviens de ceux qui disaient avant la désignation que les sondages ne devaient pas dicter notre choix. J'avais, dans celui qu'a diligenté par le parti socialiste, le double exactement de Jacques sur les deux critères évoqués. Je n'en ai pas fait état.

Soyons loyaux, soyons forts, soyons unis !

lundi 9 octobre 2006

Coup de grisou (16)

Coup de grisou intense après les résultats du scrutin municipal, que je n'arrive à extérioriser que ce soir. Hier, aujourd'hui (aujourd'hui à vrai dire j'étais à l'hosto, les enjeux sont d'un autre ordre), j'ai gardé "the stiff upper lip", "la lèvre supérieure raide" que recommandaient les militaires britanniques sur tous les terrains de bataille.

Eh bien, ce soir, tout simplement je suis tristou et cafardou. Disons-le tout de go, après avoir entendu presque chaque personne au centre social du Grand Parc (d'où je reviens), me dire que j'avais eu grand tort de me retirer de la candidature à la tête de liste ; parce que je m'interroge sur ce qu'aurait pu être mon apport si je ne l'avais pas fait. J'ai beaucoup souhaité -ce blog en porte la trace dans les archives des mois précédents- mener une liste d'union en face d'Alain Juppé. Je suis sûre que chacun comprend que je m'interroge.

Parce que, parce que.... Parce que sans doute je suis plus faite de questions que de réponses. C'est une de mes blagues favorites pourtant quand quelqu'un dit dans une salle de réunion "Avez-vous des questions ?" , je dis en écho "non, je n'ai que des réponses". Tout le monde reste médusé. La blague est plus profonde qu'il n'y parait.

Chaque candidat porte une campagne différente. L'important a été pour moi d'être aux côtés de Jacques, complémentaire, proche, amicale, attentive. Je sais, je sais maintenant, après quelques années, peu nombreuses, mais découpées dans la maturité de mon âge et de ma vie professionnelle, ce que je peux apporter au parti socialiste, et plus important à ce qu'on appelle la gauche. Je sais aussi que l'un et l'autre ne sont pas exempts de pesanteurs, de difficultés à être pleinement en prise sur le monde qui va à une vitesse inégalée au cours des siècles précédents. Nous devons en toutes choses nous situer en tête de la modernité. Relisant (souvent) Jean Jaurès, le resituant dans son siècle, je mesure chaque fois combien il était à l'avant des idées. A-t-il jamais été moins compris des mineurs de Carmeaux ?

Je ne suis ni Jean, ni Jeanne, ni Pierre, ni Paul. Je suis moi. Et je suis en politique pour que chacun puisse dire la même chose et sentir qu'il compte, qu'il a un rôle, qu'il doit le mener à son meilleur, et que les moyens doivent lui en être donnés.

Petit secret en effet, confidence entre les confidences : au pire d'un coup de grisou, se demander pourquoi on est là, qu'est-ce qu'on veut vraiment, le dire ou mieux encore l'écrire.

Ca marche. La plupart du temps.

Abstention

Alain Juppé a affirmé hier soir que le taux d'abstention était faible pour une élection municipale partielle. En réalité il est au contraire le "deuxième plus fort" des quatorze municipales partielles survenues depuis un an (villes de plus de 3500 habitants)

Le champion est Goussainville : 41 % de participation au lieu de 44 hier à Bordeaux . Mais tout proche de nous, à Gujan Mestras : 57%

Et rappelons Balkany se représentant après sa condamnation : 53%, Mellick à Béthune : 58%

Notre faible taux Bordelais confirme cette décrédibilisation du scrutin que j'évoquais dans le billet précédent.

Lendemain d'élection

Je rentre d'une "double-matinée", hôpital d'abord (où je retourne), Conseil général en deuxième mi-temps. Je dis cela pour expliquer la brièveté de cette première analyse.

Les résultats de ce scrutin sont avant tout pour moi l'objet d'interrogations.

1 - Comment faire mieux percevoir l'impérieux besoin où nous sommes d'une pratique républicaine ferme ? Dans le désordre de notre société, dans les enjeux du monde, la République doit être l'épine dorsale de l'action politique et de la vie citoyenne. Cela a été le sens de notre dénonciation des manquements d'Alain Juppé à cette règle, lui qui pourtant s'attribue un destin national et devrait avoir une double obligation de rigueur. Les Bordelais l'ont compris, mais ne l'ont pas traduit en votes. Beaucoup se sont dits "puisque les dés sont à ce point pipés, pourquoi nous déplacer ?".

C'est au demeurant une grosse responsabilité d'Alain Juppé d'avoir décrédibilisé ce scrutin municipal, pourtant le plus cher au coeur des citoyens. Jamais le taux d'abstention n'a été aussi fort dans une municipale à Bordeaux .

2 - Comment améliorer nos résultats ? Nous avons augmenté notre nombre de voix, gagné un siège mais nous n'avons pas contrecarré le bon pourcentage d'Alain Juppé. Donc comment progresser ?

Deux premières pistes de réflexion :

- consolider l'image du PS à Bordeaux. Pour cela un point décisif : bannir toute intervention publique tirant contre notre propre camp et condamner ceux qui en prennent le risque pour des intérêts qui leur sont personnels. Je plaide au PS pour la création d'un comité d'éthique susceptible de statuer sur ces interventions malencontreuses. Dans notre parti, comme dans notre pays, à Bordeaux comme ailleurs, personne ne se sauvera seul. Chaque pas fait en arrière pour le groupe fait reculer la position de chacun.

- être plus visibles dans nos prises de parole, dans nos actions. Je voudrais que chacun prenne en charge un sujet où il sait avoir de l'expertise, bosse les dossiers, en fasse le point dans nos réunions, s'exprime dans nos quotidiens. Je voudrais que nos sections s'ouvrent et reçoivent des experts extérieurs, organisent des rencontres et une fois encore en rendent compte dans les médias. Je vais casser les pieds à tout le monde : je crois qu'on ne travaille jamais assez.

Je suis déjà en retard pour repartir à l'hosto. Je le dis simplement : j'aimerais continuer à m'interroger, tellement j'en sens la nécessité pour nous tous. Les points que j'ai soulevé paraissent bien généraux. Ils ne sont pas sans rapport avec cette campagne.Il y en a bien d'autres. Nous ne ferons pas l'économie de la réflexion et de propositions.

Soir d'élection (13)

Au retour de cette soirée d'élection, je ne veux mettre sur le blog que les quelques mots que j'adresse à nos militants et à nos amis, déçus comme moi du résultat insuffisant de notre effort commun.

Notre déception du score de ce soir est évidente ; en quelques mots, essayons de tirer l’enseignement de ce scrutin. 1- Alain Juppé a pris une grosse responsabilité en provoquant cette élection. L’augmentation de l’abstention dans un scrutin municipal (le scrutin dont les citoyens sont le plus proche) répond à son déni de démocratie. Participer à décrédibiliser la politique n’est pas digne d’un homme qui s’attribue un destin national.

2- Le PS et la gauche progressent à chaque élection à Bordeaux. Nous aurons quant à nous (le PS) un 6ème élu municipal, Matthieu Rouveyre. Cette progression est un pas en avant, et j’espère la confirmer fortement à l’occasion des élections législatives en face d’Alain Juppé .

3- Cette progression ne doit pas nous autoriser à faire l’économie d’une interrogation pour l’avenir

a. Comment transformer en votes la conscience républicaine ébauchée par la réprobation de 65% des Bordelais de l'anticipation de l'élection et de la démission du conseil municipal ?

b. Comment rendre mieux lisible notre action de tous les jours et notre capacité de gestion ?

Bon courage à tous. Merci de votre action dans la campagne. Merci de votre investissement dans celles qui nous attendent

dimanche 8 octobre 2006

journée d'élection (mini suite)

je rentre brièvement dire bonsoir à mon ordinateur après une overdose de bureaux de vote. Entre 40 et 48% de votants à 19 heures, avec de très bons scores en particulier dans un bureau de vote qui m'est cher, à la Bastide. Au total : rien n'est impossible, mais rien n'est certain. L'air du soir est délicieux, les chasseurs de cèpes vont rentrer donner un coup d'épaule décisif (j'espère) au scrutin. Puissent-ils avoir fait bonne cueillette et en reporter la satisfaction sur notre liste.

On continue de se tenir au courant. Dernière ligne droite de ce premier tour ...

Journée d'élection

Journée d'élection... On se doute qu'il y a comme une légère tension dans nos rangs (dans les autres aussi !). On renifle, on scrute, on sent le vent. A 13 heures, 25% de participation à peu près partout, c'est à dire pratiquement autant dans les quartiers qualifiés de populaires et dans les ceux qui malheureusement ne le sont guère. La participation est meilleure que pour la législative partielle ; 50% de participation paraissent possible.

Au total : rien de décisif. Continuons de renifler : l'air est doux, ce n'est pas désagréable. Je rejoins Jacques pour un nouveau tour de bureau de votes (le premier ce matin dans mon canton, plus Albert Barraud, Malleret qui ont fait la différence aux législatives partielles.

On se tient au courant...

		

samedi 7 octobre 2006

Le mythe de la femme réelle

J'emprunte sans vergogne le titre d'un très plaisant article du journal "Le Monde" (daté de ce jour 7 octobre) qui vient de me tomber sous les lunettes. Il prolonge très à propos le débat qui s'est installé après le précédent billet ("des femmes dans la ville"). De bons auteurs (masculins) soutiennent que des femmes telles que Claudie Haigneré, Ségolène, Kate Moss" porteraient finalement préjudice à "la femme réelle". L'auteur de l'article*, qui est, elle une femme s'insurge sur le seul fait de poser la question et en pose une à son tour : imagine-t-oon une femme écrire dans le Monde que la médiatisation de l'astronaute Patrick Baudry, de Tom Cruise et de Nicolas Sarkozy nuit à la situation des hommes réels ?" A peine quelques femmes émergent-elles que certains hommes les trouvent trop visibles et s'inquiètent que cela puissent désservir leur cause. Derrière la sollicitude, une aggressivité un peu perfide.

Je cite un passage de l'article, qui ne rend pas compte du ton alerte de l'ensemble, mais qui complète bien le débat entamé dans le billet précédent : "les femmes occidentales sont loin d'être les égales des hommes, ne serait-ce que sur le plan économique et social (...). Dès lors, nous n'avons pas d'autres choix que d'être toutes des surfemmes. Il nous faut bien tenir l'équation complète : être femmes, êtres mères généralement, prendre la parole, prendre le risque d'une certaine fatigue, mais qui ne regarde que nous. Ce "mais qui ne regarde que nous" sera très profondément entendu par toutes mes petites camarades.

  • l'auteur de l'article, Sandrine Teiner, est la coordinatrice du "Livre noir de la condition des femmes".

vendredi 6 octobre 2006

Des femmes dans la ville

Très beau meeting de clôture, hier soir, de notre campagne de premier tour. Chaleureux, gai, fraternel, plein d'énergie. La politique comme on l'aime, la politique qui unit et qui donne de la force.

Je suis intervenue au nom des femmes et pour les femmes. Leur place est d'importance dans une élection municipale, et plus encore dans celle-ci. Pourquoi les femmes ? Je suis la première à trouver qu'elles sont avant tout "des hommes comme les autres", mais leur vie n'est pas la même que celle des hommes. On ne le dit pas assez : les femmes sont les premières utilisatrices de la ville. Ce sont elles qui font les courses, vont chercher les enfants à l'école, s'occupent des parents âgés, elles qui sont le plus nombreuses dans les transports en commun...

Elles aussi qui savent mieux que personne qu'un quartier sans commerce est un quartier mort. Elles qui dans une seule heure, généralement à la pause de midi, doivent acheter des tickets de cantine, aller à la poste chercher un formulaire et passer au pressing... et tant d'autres choses dans un temps toujours trop court. Plus que les hommes encore, elles mesurent que l'absence d'équipements publics, d'artisans, de commerces, détruit la qualité de vie dans une ville. C'est malheureusement le cas à Bordeaux dans nombre de quartiers, qui ont marché à reculons au cours de ces dix dernières années.

C'est d'abord pour les femmes que nous avons fait un axe fort de notre programme de la remise à niveau des quartiers laissés sur le côté pendans ces dix ans. Nous voulons dans chacun des grands quartiers une mairie annexe assortie d'une plate-forme de services publics ; nous voulons dans chacun les équipements sportifs, culturels et sociaux nécessaires à la vie et à la convivialité, ainsi qu'une maison des associations. Nous voulons soutenir le commerce et la création ou la modernisation des petites entreprises artisanales (en particulier par les fonds FISAC), au lieu de dépenser ce fonds en soutenant des fêtes à neu-neu (fête des grands-mères, de la rose, du soleil..) qui sont des feux de paille et dont les commerçants ne profitent pas réellement.

Je dis souvent que ce qui est bon pour les femmes est bon pour la société toute entière. C'est particulièrement vrai ici : une ville où le "besoin de quartier" est accompli est une ville où il fait bon vivre.

Pourquoi aussi parler spécialement aux femmes à l'occasion de cette élection municipale particulière que nous sommes entrain de vivre ? Sans doute l'ai-je déjà exprimé dans ce blog : à cause de leur vie multiple, de leur conscience particulière du temps (et en général du manque de temps !), les femmes ont un solide sens de la hiérarchie des valeurs. Je crois qu'elles sont porteuses de l'exigence d'une pratique politique nouvelle, plus simple, plus directement en prise avec les citoyens, plus rigoureuse aussi. Tout le contraire de ce que nous venons de vivre avec le choix monarchique d'Alain Juppé de dissoudre son conseil et de convoquer les électeurs aux urnes pour son seul intérêt.

Mon souhait est que les femmes (52% du corps électoral) se portent en tête pour manifester à Alain Juppé leur réprobation de cette pratique du passé, qu'aucun autre pays européen avancé n'accepterait. Et que leur vote nous assure un deuxième tour.

jeudi 5 octobre 2006

"Ma patrie, c'est la langue française" *

Rentrée solennelle de l’ « Alliance française », où je représentais Philippe Madrelle. Cette association fait un très beau travail de diffusion et d’enseignement du français et de la culture française. Elle est très connue à l’étranger, plus que dans nos murs où pourtant, spécialement à Bordeaux, elle est fort active. Ce n’est pas anodin, je cite quel fut l’objet de sa création en 1883 : « Association nationale pour la propagation de la langue française dans les colonies et à l’étranger ». J’y reviendrai…

Le français est parlé aujourd’hui par 175 Millions de « locuteurs », comme on dit savamment. En septième position des langues les plus parlées, loin derrière … le mandarin, utilisé par 1,3 milliards de Chinois ! Nous avons tous en tête l’hégémonie de l’anglais qui atteint moins de la moitié de ce chiffre et se situe en troisième position (la deuxième appartient à l’hindi, un milliard de locuteurs).

L’intérêt de ces chiffres est évident : ils mettent en perspective la position du monde occidental et la nôtre dans le monde. Ils sont issus du discours de l’actuel président, M Vialla, qui a mêlé très opportunément, dans cet exercice de style souvent creux qu’est un discours officiel humour, hommages et connaissances que l’on a envie de retenir et de noter.

Je crois, je crois très fort que la langue, les langues, leur rôle dans le partage et la cohésion des groupes, leur valeur à la fois d’identité et de prise de conscience de la diversité, sont plus que jamais essentiels. Un reproche que les plus féroces « nonistes » n’ont pas pensé à faire au traité de constitution européenne (appelons-le ainsi même s’il était bien plus un traité qu’une constitution) est de n’avoir nullement abordé la question des langues. L’enseignement mutuel des langues « voisines » est un des enjeux de notre Europe et cet engagement mérite de figurer dans une constitution prochaine. La langue française a aujourd’hui un statut tout différent d’il y a un ou deux siècles : elle n’a aucune prétention hégémonique et la défendre c’est défendre la diversité linguistique et donc la diversité culturelle sans laquelle notre terre ne sera plus que tristesse et désolation.

J’ai glissé en aparté au Président de l’Alliance française ce que je crois être un nouvel enjeu (et quel enjeu !) pour cette belle association. La langue est un facteur de partage. Je n’aime pas trop le mot « intégration », trop unilatéral. L’objet réel est de faire prendre conscience à tous de leur communauté de destin et de la nécessité d’œuvrer pour la communauté autant que de recevoir d’elle. Une langue commune, défendue ensemble, aimée ensemble est un ciment considérable. Je dis souvent de manière provocatrice que les « minorités visibles » sont en réalité des minorités audibles, maniant mal le français et transformant en violence ce qu’ils ne peuvent exprimer à l’égal des autres. Ce que l’on qualifie à tort de « racisme » est en réalité un problème social et éducatif. Je travaille à l’hôpital avec des soignants et des médecins de tous pays : nul racisme, au contraire, une sympathie naturelle à l’égard de ceux dont on se doute qu’ils ont peut-être fait un peu plus d’efforts que les autres.

Je reviens à mon Alliance française : elle doit se fixer un nouvel objectif. Enseigner et faire aimer la langue aux jeunes –et moins jeunes- issus de l’immigration. Appuyer l’effort de l’école, proposer des objectifs ambitieux (ateliers d’écriture, de communication, de journalisme…). Manière très élégante de « revisiter » son objectif d’il y a cent vingt ans.


  • "ma patrie, c'est la langue française" est une réponse d'Albert Camus que l'on interrogeait un peu perfidement dans le contexte de la guerre d'Algérie. Ce contexte n'est pas indifférent au sens de la phrase, ni à ma proposition dans ce texte.

mercredi 4 octobre 2006

Mieux qu'un long discours

L'invitée du blog est ici Odile Touzet, qui intervient en sa qualité de membre très actif du réseau éducation sans frontières.


Un chiffre fait en effet frémir...

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Prise en compte du vote blanc

Aujourd'hui : Mireille Menu, responsable associative

Une nouvelle fois, un lecteur (une lectrice !) manifeste sa volonté de voir le vote blanc pris en compte.

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Instantané de campagne

Tout petit instantané de campagne. Charmant. Fin d'après-midi, cours Portal. Trois messieurs dans un salon de coiffure masculin, deux qui officient et le troisième, très vieux monsieur à l'oeil malicieux, sur le fauteuil de coupe.

Toujours Bon Chic, Bonne Gauche "Puis-je me permettre de vous donner notre programme pour les élections municipales de dimanche.."

Gentillesse des deux artisans coiffeurs qui m'avaient reconnue et me font bon accueil. Le vieux monsieur prend l'air bougon : - Ben, je sais pas si j'irai voter... Ces politiques... Enfin, on verra.."

J'enfourche mon antienne favorite - C'est très important de voter. Si des hommes comme vous, qui savent l'importance du vote, s'abstiennent, que feront les jeunes? ... et bla, et bla..

Le vieux monsieur très malin ajoute : - Vous savez, je vote pour le front national

Ayant perçu un peu de malice dans son propos, j'embraye aussitôt - Vous savez la météo ne me dit rien qui vaille, je vous parle en médecin, une pneumonie est vite arrivée ! Et s'il venait à pleuvoir, n'allez pas vous fracturer les deux fémurs pour le bon plaisir d'Alain Juppé !

Comme je l'espérais, le vieux monsieur (les deux autres aussi) a ri de bon coeur. J'ose espérer qu'il ira voter dimanche...pour notre liste.

mardi 3 octobre 2006

j'embrasse pas ! Je...

Par les trois points de suspension, je fais basculer ce blog dans la licence. Petite revanche de femme, ces femmes dont on s'interrogeait, dans des temps très reculés et qui évidemment n'ont plus cours, "est-ce qu'elle...?". Le titre d'Isabelle Castéra, faisant ce matin dans "Sud-Ouest"* un portrait d'Alain Juppé est porteur d'une charmante fraction d'ambiguïté. Je ne lui reproche pas bien au contraire : il est grand temps que nous ayons un peu de cette désinvolture qui fût longtemps l'apanage des messieurs.

Je reviens au portrait. "Ses adversaires l'indiffèrent. "Pierre, Paul, Jacques ?", ironise-t-il". Je laisse cette phrase sans commentaire. Elle n'en serait qu'affaiblie. De la même manière, Alain Juppé avait traité Gilles Savary, alors chef de l'opposition à Bordeaux, d' "Olibrius", et refusé un débat avec lui, comme il vient de le faire avec les quatre autres candidats aux municipales actuelles.

Plus grave, et c'est en fait la raison de mon billet. Il se plaint que ses adversaires manifestent à son encontre des "attaques personnelles". Y en a-t-il eu aucune ? Que se permet-il d'appeler "attaques personnelles" ?

Est-ce que réclamer la transparence des comptes publics, exiger que les citoyens soient informés du coût d'un scrutin, vouloir qu'aucun candidat, comme la loi l'exige, n'utilise les moyens de la République à des fins de campagne électorale, est une attaque personnelle ?

Seul Louis XIV, disant "l'Etat, c'est moi !" pourrait répondre positivement. Défendre le respect et l'information des citoyens est tout le contraire. La défense d'un principe n'est l'attaque que de celui qui le bafoue.

  • Sud-Ouest, édition locale de Bordeaux du mardi 3 octobre.

lundi 2 octobre 2006

bonsoir

Je rentre tard d'un long meeting au Grand Parc, autour du député européen communiste Francis Wurz. Interventions et commentaires du public ont été nombreux, proches des réalités, sans tension. Peut-être est-ce la voix très calme de Francis Wurz qui a donné le ton, il n'y a eu ni aggressivité, ni interpellation mais au contraire une volonté véritable d'améliorer la vie de tous. J'ai accueilli public et orateurs en ma qualité d'élue territoriale. Le Grand Parc est l'exemple de la politique à deux vitesses des mandatures Juppé-Martin, et je n'ai eu qu'à faire la liste des équipements qui ont fermé pendant ces dix ans, et de ceux dont l'état est plus que médiocre. C'est le contraire que nous voulons pour nos quartiers.

Il est tard. Une journée de plus a été avalée sans que j'ai eu vraiment le temps d'en prendre conscience. Je cherche, comme souvent, comme presque tous les soirs, avant de quitter cette journée ce qui en a fait la substance. Je crois que c'est cette couleur calme et presque uniforme : à l'hôpital, il n'y avait pas de nouvelle catastrophique, les résultats des scanners étaient bons, aucun de ces drames qui poignent le coeur quelque souveraineté qu'on affiche. Tout à l'heure cette réunion un peu longue mais globalement cordiale. Alors pourquoi cette diffuse inquiétude, non violente elle aussi, ce regret à me séparer de la journée sans que quelque chose d'autre se passe ?

Je le sais bien en réalité mais cela paraîtra sans doute d'une certaine vanité, au double sens de ce terme (prétention et vacuité). Je n'ai rien fait non plus qui me satisfasse vraiment, dont je puisse dire que cela marque les heures passées ; dans ces lignes elles-mêmes, rien que je pourrais souligner si je le lisais. Je comprends si bien ceux qui ne sont pas contents d'eux-mêmes et si mal ceux qui le sont toujours.

Bonsoir, bonsoir à cette journée et à ceux qui en ont partagé avec moi quelques instants sur l'écran transparent de leur ordi.

L'égalité républicaine

L'invitée du blog est aujourd'hui Naïma Charai, conseillère régionale Elle s'exprime sur les discriminations, domaine où elle est engagée, auprès d'Alain Rousset

Merci à tous de participer à ce blog, non seulement par vos commentaires, mais sous la forme de cette "carte blanche" , consacrée à un sujet de votre choix un sujet de votre choix. Texte à envoyer à l'adresse du webmaster, ou directement à [email protected]

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dimanche 1 octobre 2006

Dimanche pré-électoral

Retour très tardif du marché du Colbert où nous êtions nombreux, dans l'air doré et tiède, à vouloir expliquer aux Bordelais que, non, malgré le titre de Sud-Ouest d'hier (j'y reviendrai) les élections n'étaient pas passées et qu'elles avaient bien lieu la semaine prochaine ! Repas "municipal" avec une grande partie de notre liste autour d'huitres, de saucisses chaudes et de fromage artisanal. Moment sympathique : beaucoup venaient nous parler, prenaient une chaise et partageaient un coup de vin blanc. La conversation tournait beaucoup autour du sondage publié hier.

J'ai hésité à en parler dans ce blog de dimanche. J'ai envie davantage de me réjouir de l'harmonie entre le bleu de Delft du ciel, la lumière douce, presque poudrée, et cette chaleur d'automne si particulière, si fragile qui donne envie de ne pas en laisser perdre un instant. Le journal d'hier est à côté de moi : au-dessus d'une grande photo d'Alain Juppé, un grand titre "Juppé à 54%" (sous entendu : Juppé passe à 54%). Plusieurs personnes nous ont dit, qu'un instant, elle s'étaient interrogées "est-ce que les élections sont passées ?". Ces personnes étaient éclairées, mais combien d'autres, plus incertaines sur les jours de scrutin, voyant de loin les piles de Sud-Ouest et les vitrines des buralistes, ont dû le penser vraiment ? La petite photo des autres candidats en cartouche confirme l'impression : c'est bien une première page de lendemain de scrutin.

Le chiffre qui interpelle, c'est que deux Bordelais sur trois pensent que la démission du conseil municipal n'était pas justifiée et que Juppé aurait du attendre la date normale du scrutin. On est réconforté, pour douter tout de suite après de la minceur de la sanction politique. J'écoutais ce matin citer à France-Culture cette belle phrase du Marquis de Sade "Français, encore un effort si vous voulez être républicains !". Je l'applique volontiers aux Bordelais. Puissent-ils faire cet effort dans les huit jours qui restent !

Je ne commenterai bien sûr pas l'ensemble du sondage, qui comprend en particulier l'indice de popularité et de bonne opinion des personnalités politiques bordelaises. Comment 25% des personnes interrogées peuvent-ils ne pas savoir qui est Alain Rousset, quand il s'exprime régulièrement à la télévision et que sa photo est largement dans notre quotidien régional ? J'ai des ébauches de réponse mais qui m'améneraient à trop de digressions, en particulier sur un de mes sujets favoris : la télé.

Dans les commentaires de Sud-Ouest (Dominique de Laage), je retiens un point très curieux. Comparant le résultat de notre liste tel que le donnent les 600 personnes sondées, aux résultats des élections municipales de 2001, il note notre probable progression par rapport au score de Gilles Savary. Mais curieusement, il n'attribue la concurrence des listes Teisseire et Karfa Diallo qu'à celle d'Hurmic ! En réalité six listes étaient présentes à gauche en 2001, et non trois comme aujourd'hui, et Savary a payé l'éparpillement des voix de gauche. Ce que 2002 a répété en pire. Nous avons péché de ne pas savoir l'interpréter dès 2001.

Voilà typiquement un billet de dimanche pré-électoral ! Pourtant l'air est si doux entre les fenêtres grandes ouvertes. La journée n'est pas très loin de finir alors que je voudrais qu'elle commence à peine. Qui, qui mettra à son programme un doublement de la durée des journées de dimanche, et des journées gratuites pour l'achat de trois barils de n'importe quoi. Qui en aura l'audace, en même temps que le pouvoir ?

Qui pourra répondre, à la demande, en apparence pas très socialiste, mais en réalité universelle, de Madame du Barry "s'il vous plait, encore une minute, Monsieur le Bourreau !" ?