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mardi 31 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 31 juillet 2007 à 19:30 dans Journal
Ouf, je vous retrouve et je retrouve le blog comme un compagnon familier avec lequel on vient converser. Vingt-quatre heures de séparation (mon "wanadoo volant" refuse obstinément ses services) qui s'achèvent enfin grâce à l'installation d'un vrai grand ordinateur dans mon bureau de l'Assemblée.
Trois jours à Paris pour un texte très important, improprement appelé "continuité du service public". Je lui consacrerai un billet tout à l'heure. Ma fenêtre est ouverte sur un grand mur blanc et au dessus un grand morceau de ciel d'un bleu pur. Au delà, on entend très confusément le rumeur de la ville, le roulement estompé des voitures. C'est très drôle d'être ici, à la fois à Paris, dans un des plus beaux bâtiments de la République, et pas à Paris, n'importe où quelque part dans le monde où se trouverait ce bâtiment.
Demain soir, je partirai sans avoir rien vu d'autre que mon bureau et le bâtiment principal de l'Assemblée qui se trouve de l'autre côté de la rue. Tout à l'heure, j'ai reçu une candidate au poste d'assistante parlementaire et je l'ai pilotée pour un bref tour des lieux. Je lui ai montré la collection de Marianne(s) dont les photographies viennent par groupes sur le photoblog.
Voilà, je voulais juste bavarder, dire comme on l'entend bien souvent dans les portables "je suis arrivée, je vais prendre le train", toutes ces choses rien-disantes qui sont juste là pour faire un signe, pour dire que nous sommes tous des humains, et tous un peu paumés quelque part dans un monde étrange dès qu'on se met à le regarder.
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lundi 30 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
lundi 30 juillet 2007 à 12:39 dans Journal
Un muscle mou qui travaille plus dur que tous les autres.
Qu'est donc ce drôle d'organe que tout aujourd'hui concourt à anesthésier, à endormir, à déjouer quand il faudrait au contraire le développer, l'entretenir, l'aguerrir, l'entourer de soins et de vigilance parce qu'à tout prendre, il reste le meilleur de nos outils ?
Le cerveau bien sûr. Il ne faut pas en faire toute une histoire : un organe comme un autre, juste un peu plus malin et plus complexe, qu'il il faut protéger de l' excès de tout ce qui n'a d'autre objet que de l'atrophier ou de l'anesthésier : la télé, les jeux stupides, les drogues, l'alcool, le grignotage toute la journée... A des degrés divers, tous ceux-là ont d'abord cette fonction, vider la tête, détourner la pensée d'elle-même.
Quand il y aura pour l'entretien de ce muscle autant de magasins, d'articles variés, de substances diverses, que pour tous les autres muscles, nous irons mieux. A quand un immense décathlon de la tête, un José Bové de la mal-bouffe intellectuelle ?
A vrai dire, pour ce dernier exemple, je me sens assez bien dans le rôle et je pose clairement ma candidature.
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dimanche 29 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 29 juillet 2007 à 14:59 dans Journal
Du jardinage -presque de l'agriculture, tellement mes efforts sont largement dispensés- au blog. Je m'approche du petit clavier fourbue et terrue comme au retour du binage des pommes de terre. "Terrue" n'existe pas, mais il me parait parfaitement appropriée à la situation. Les mots ainsi formés (chenu, ventru..) sont des mots plein de réalisme, légérement mais amicalement dépréciatifs. Terrue me parait digne d'accéder aux dictionnaires, pour le moins au dictionnaire des mots du jardin.
Il n'est en tout cas pas du tout le sujet de ce billet, comme le titre l'indique. En exposant les trois piliers de la loi de lutte contre la récidive (voir billet du 17 juillet), présentée à l'Assemblée par Rachida Dati, je m'étais réservée de parler plus tard du troisième, tant il est complexe et problématique. Ce troisième point, c'est l' injonction de soins : en cas de faute grave, si un expert déclare que le prévenu est atteint de "troubles", la loi impose automatiquement de le soigner. Le juge peut, s'il motive sa décision, écarter cette disposition, mais relativement à l'état précédent, la règle est inversée. C'était, précédemment, le juge qui décidait si l'expertise devait amener au soin et non s'il ne devait pas automatiquement y conduire.
On pressent l'ambiguïté de la situation déjà dans les termes : qu'est-ce que le soin ? De quelle nature est-il ? Qui va l'administrer ? Implique-t-il un traitement ? De quelle nature là-aussi ?
La loi ne répond pas sur ces points. On pense bien évidemment d'abord au suivi psychiatrique. On sait que le plupart des délinquants souffrent de troubles psychiques ou de véritables maladies psychiatriques. Doit-on faire entrer les drogués dans cette catégorie ? Et qu'en est-il des délinquants sexuels ?
Les psychiatres, qui se sont exprimés par la voix de la Fédération de psychiatrie, sont opposés à cette mesure d'injonction de soins. La base de leur opposition (je schématise) est qu'un traitement ou un suivi psychiatrique n'a la moindre chance de succès que s'il est volontaire ou pour le moins librement consenti. C'est aussi la base même de la médecine : les médecins proposent, ils ont même obligation de le faire ("mettre à disposition les moyens de la médecine"), ils n'imposent jamais, hors l'urgence vitale où ils se substituent au patient.
Le problème des délinquants sexuels est d'une complexité particulière : on sait qu'en France, la "castration chimique" (par des substance anti-hormonales) ne peut se faire que sur demande expresse du malade. Mais la loi, ici, n'exclut pas radicalement cette possibilité du cadre de l'injonction de soins.
On pourrait écrire des pages par les problèmes posés par cette article de loi. Très objectivement, Rachida Dati ne m'a pas parue en mesure de les affronter. Notre questionnement a été écarté sans trouver de réponse.
Un point encore, mais il est majeur : les psychiatres de service public manquent cruellement. Les psychiatres libéraux n'ont aucunement ni l'envie, ni d'ailleurs la formation, de pallier à ce type de prise en charge. Questionnée sur ce point Rachida Dati, a dit péremptoirement "je m'engage à ce qu'ils soient en nombre suffisant en 2008".
Il faut douze à quinze ans pour former un psychiatre... J'ai pris la parole , de manière un peu osée je l'avoue, pour dire, que pour obtenir le résultat annoncé par le ministre, je ne voyais que la reproduction des psychiatres entre eux.
Une fois encore, la charrue a été mise avant les boeufs (on remarque que je reviens habilement à un thême agricole). La prise en charge médicale devait être pensée, renforcée, avant la loi, pas le contraire. Et sur le plan des principes, il me semble que la décision du juge, adaptée à chaque cas, était plus opportune que la rigueur obligatoirement générale de la loi.
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vendredi 27 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 27 juillet 2007 à 10:16 dans Journal
Un nouvel épisode de "La politique racontée aux enfants" dont Nicolas Sarkozy est friand : il dément ce matin toute relation entre la libération des infirmières Bulgares et la signature dès le lendemain d'un protocole d'accord livrant aux libyens les clefs du nucléaire civil, et demain militaire.
Totalement incrédible. La décence aurait au moins voulu qu'on attende quelques jours entre la visite "paravent" de Cecilia et la démonstration de ce qu'a été la réalité de la transaction. Les Français sont décidément pris pour des gogos qui ne lisent que gala.. Les chancelleries européennes, Allemands, en tête sont dès aujourd'hui, moins crédules et dénoncent un accord "problématique" mettant de plus en cause les intérêts allemands ; un accord avait été précédemment signé entre ce pays et la Libye concernant le développement des énergies renouvelables.
Les grandes associations écologistes s'étranglent : il n'existe pas de réacteurs nucléaires capables de désaliner l'eau de mer. Car c'est pour ce louable motif que le petit Nicolas livrerait son réacteur. Décidément plus fort qu'Harry Potter car personne ne semble au courant de cette possibilité technique. Nicolas, oui, et le petit magicien, après avoir libéré les gentilles infirmières va irriguer le désert Libyen de bonne eau douce...
Joan Kathleen Rowling n'a qu'à bien se tenir : le petit Nicolas est encore plus fort et plus imaginatif que son petit Harry !
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jeudi 26 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 26 juillet 2007 à 14:48 dans Journal
L'Assemblée a donc voté hier à la majorité le texte de loi "libertés et responsabilités des Universités". Aucun des amendements présentés par l'opposition n'a été retenu et cela pose un problème véritable à l'encontre d'un pouvoir qui se targue d' "ouverture", mais aussi sur la place du parlement et le fonctionnement démocratique de nos institutions. J'y reviendrai.
Un des problèmes posés par ce texte est la place des enseignants, chercheurs ou toute autre fonction, recrutés par contrat, et non selon les lois de la fonction publique. Qu'une plus grande souplesse soit introduite dans ce type de recrutement est une bonne chose : il permet, dans des secteurs en panne, ou insuffisamment dynamiques, d'embaucher dans les labos des chercheurs prestigieux, en pointe dans leur domaine. Il permet également des recrutements hors des compétences habituelles de l'Université et l'on comprend par exemple qu'une Université qui a choisi d'assurer la propriété et l'entretien de ses bâtiments puisse avoir besoin d'un architecte.
Mauvais au contraire que nous n'ayons pas obtenu que ce type de recrutement soit encadré et limité à un pourcentage de la masse salariale. Il risque sans cela d'en accaparer une part prédominante, et disons le mot, ouvre la voie à la privatisation de l'Université. Si le recrutement des chercheurs issus de l'industrie ou des labos privés devient majoritaire , la recherche publique risque d'y perdre plus que son âme.
Je suis intervenue pour exprimer que cette possibilité de recrutement extérieur, dynamisante si elle concerne un nombre restreint de cas, devient délétère pour la dynamique interne de l'Université si Universitaires et chercheurs se voient régulièrement préférer pour occuper les postes les plus prestigieux des candidats venus d'ailleurs. Ils n'auront alors plus qu'à ronronner devant l'absence de toute perspective valorisante. A droite comme à gauche, des têtes ont opiné mais la proposition n'a pour autant pas été reçue. Elle ne mettait pourtant pas en cause l'esprit du texte et ne compromettait pas son objectif, au contraire, qui est de dynamiser nos Universités et notre recherche.
Voilà un exemple parmi bien d'autres dans ces trois jours de débat. Et une fois encore, une vraie interrogation sur notre rôle et nos possibilités d'action.
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mercredi 25 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 25 juillet 2007 à 10:23 dans Journal
Troisième jour ce mercredi du marathon universitaire : la loi pompeusement appelée "Libertés et responsabilités des Universités" est en examen devant l'Assemblée nationale après l'avoir été devant le sénat. Le mot d'"autonomie" suffirait ; liberté, au singulier comme au pluriel, me parait d'un ordre différent.
Ce n'est pas la pire des lois que nous examinons à marche forcée cet été. Réformer l'Université est un besoin unanimement ressenti et exprimé sur nos bancs. Mais une fois encore la précipitation amène à des surprises et à la constatation de graves insuffisances du texte.
Un exemple. Un des points majeurs de la loi est de renforcer les pouvoirs du Président des Universités. Il devient une sorte d' "omni-président", à l'exemple sans doute du Président de la République lui-même qui s'est mis en tête de s'occuper de tout, tous les jours et de préférence sous les yeux des caméras (François Hollande a eu à ce propos une formule percutante et pleine d'humour comme à l'habitude : "Nicolas Sarkozy, c'est le coup d'éclat permanent", parodiant ainsi le titre du pamphlet de François Mitterand "le coup d'Etat permanent").
Mais je reviens à mon Président des Universités : le voilà sommé d'être à la fois un VIP-VRP de l'Université avec la mission d'en assurer la promotion dans le monde, de contribuer à la dynamique de sa région et à l'insertion professionnelle des étudiants, d'animer les équipes scientifiques et d'être en outre un formidable gestionnaire. Un seul homme n'y suffit pas et François Bayrou a fait très justement remarquer que la répartition des pouvoirs dans les Universités américaines se faisait entre quatre personnes aux fonctions étanches : President, "Provost", "Dean" et "Chief financial officer". Cela a plus ou moins été reconnu par la ministre qui a indiqué que, pour pallier à la pléthore de cette fonction, elle "musclerait » les prérogatives des secrétaires généraux des Universités en matière de gestion.
Plus gravement encore, il n’a rien été prévu en cas de désaccord majeur entre le Président et son Conseil d’Administration. Le Président doit soumettre annuellement un rapport d’activité, déclinant les orientations politiques et scientifiques de l’Université : il n’a été prévu qu’une approbation de ce rapport. Alors pourquoi le soumettre, si seul le « quitus » est envisagé ?
Là aussi, sans doute, une contamination sarkozienne. Nous avons proposé un amendement prévoyant que le Président engage sa responsabillité et qu’en cas de désaccord majeur, et de vote d’au moins les deux tiers du Conseil, il doive remettre son mandat. Il est normal que cet homme omni potent et omni soit aussi responsable. Mais non, l’amendement a été rejeté et nous restons donc dans le flou.
Un autre sujet majeur sur lequel je suis intervenue, est la situation particulière des « Unités de Formation et de Recherche » des facultés de médecine. Les Universitaires des CHU sont des bi-appartenants : moitié médecins hospitaliers, moitié Universitaires, à la fois enseignants et chercheurs. C’est donc en réalité une triple appartenance, dont l’usage est obligatoirement différent selon qu’on est orthopédiste ou médecin nucléaire. Dans certaines spécialités, l’enseignement est d’abord un enseignement de technicité, et le rôle de beaucoup de nos chirurgiens est d’abord d’apprendre à leurs étudiants et à leurs internes à bien opérer et à acquérir de nouvelles techniques. Le malade se fiche un peu qu’il passe une partie de son temps dans un labo à trifougner sur des cellules ou des molécules pour remplir sa valence recherche.
Or les jeunes agrégatifs, bien conscients déjà que la "valence recherche" leur apporte d’avantage de chance de sélection que les meilleurs soins aux patients, ont très fortement tendance à privilégier cet aspect et à être moins présents dans les services . La loi conserve la double nomination des bi-appartenants par le ministère de l’Enseignement supérieur et par le ministère de la Santé. Mais prévoit que leur rôle universitaire soit intégré dans la politique de recherche de l’Université, elle-même décidée par le Président de l’Université. Il y a fort à craindre qu’on puisse imposer à l’orthopédiste que j’évoquais tout à l’heure des travaux très éloignés de sa spécialité et, plus gravement encore, que l’on détourne des postes très nécessaires sur le plan médical vers des activités de recherche portées par l’Université. En clair, que l’on puisse nommer un chimiste là où il faudrait en priorité un orthopédiste.
Voilà une réserve qui a d’ailleurs été exprimée également sur les bancs de la droite et ceux de la gauche. La pratique jugera et j’espère que nous conserverons un niveau élevé autant en chirurgie orthopédique qu’en médecine nucléaire ou en biologie moléculaire.
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mardi 24 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 24 juillet 2007 à 08:33 dans Journal
Qu'avons-nous besoin de ministres puisque nous avons Cecilia ? Et que comble de félicité Nicolas Sarkozy a plusieurs épouses, plusieurs enfants, plusieurs frères ... Qu'a-t-il eu besoin de former un ministère, il l'avait à la maison !
En face de moi, dans le train, une femme ouvre grand le Figaro du jour "Infirmières : Cecilia face à la surenchère Libyenne". Kouchner a parait-il déclaré "Qui mieux que l'épouse du Président peut traduire sa pensée, qui est plus proche de lui ?". Elémentaire, mon cher Bernard.
Tout cela fait penser aux familles saoudiennes, irakiennes qui se partagent ou partageaient les pouvoirs et les rentes. Même Louis XIV avait eu la sagesse de prendre dans le "commun" ses ministres, et "Monsieur frère du roi", comme la reine elle même n'avait guère de fonction autre que décorative ou protocolaire. Comme quoi il serait une erreur de penser que nous vivons dans une République monarchique.
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dimanche 22 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 22 juillet 2007 à 15:43 dans Journal
Première promenade de l'été. Pour quelques heures à Hossegor, où ce blog l'an passé a plus ou moins commencé à prendre forme. Depuis que je suis enfant, ces retours devant mon océan marquent le cycle des années, et immanquablement, dès la première marche le long de l’eau, l’inventaire se fait dans ma tête de ce qui a marqué l’année écoulée ou au contraire de ce qui l’a laissée uniforme et plate malgré des journées pleines et l’apparence de l’agitation. Un an, dans une vie qui est faite pour en contenir combien ? Un an d'une vie, et un jour celui où je ne reviendrai pas.
Beau temps fragile qui porte la marque presque insaisissable du gris brumeux et des accès de pluie des jours passés. Les matins sont ici ce que je connais de plus libre au monde. Chaque promeneur, devant l'éternité inviolée de ce décor, est le premier homme. Chaque promeneur ressent à la fois l'étonnement et l'inquiétude d'exister, dans une nature à la fois amicale, douce aux épaules, fraîche aux jambes et indifférente, sûre de sa constance, sûre d'être là bien longtemps après cette promenade et des milliers d'autres.
J'enregistre à l'instant sur mon petit dictaphone, ce que je transcrirai tout à l'heure sur l'ordi (et "tout à l'heure" sera devenu "à l'instant"). Ces petits morceaux décousus sont-ils compréhensibles ? Sans doute tenterai-je l'expérience quand je reviendrai pour un moment plus long d'utiliser un appareil plus contemporain et de verser l'enregistrement directement sur le blog. Il doit bien y avoir quelque manoeuvre magique qui me permette de faire un "audio-blog", à la façon dont mes jeunes coéquipiers de la campagne électorale ont introduit des "video-blog". On entendra alors derrière les paroles le petit "rouf-rouf" des vagues brisantes à mes pieds, le curieux sifflement du moindre souffle de vent dans le micro, ou par moment le petit cri d'un enfant sautant dans l'eau. C'est tout ce petit monde que je retrouve dans les cassettes quand je les retranscris et il n'est pas sans signifiance et sans interférence avec la parole qui les couvre en partie. C'est certainement une conversation que ces marches du matin, une conversation très longue dont personne, pas même moi, ne pourrait dire l'année où elle a été enregistrée. Les événements extérieurs en sont presque totalement absents et je pourrais sans doute copier ici une cassette "écrite" il y vingt ans sans que rien ne permette de la situer dans le temps.
C'est dimanche, au coeur de la saison, et pourtant la longue plage est encore presque déserte. Les plus beaux moments sont ici les plus préservés. Ce n'est guère qu'à partir de midi que les vacanciers descendent la dune pour accomplir leur devoir de bronzage. Il y a quelques personnes au monde auxquelles je voudrais livrer tous les secrets de ces heures. Plus profondément encore, je voudrais que tous les enfants du monde puissent y avoir accès et les découvrir eux-mêmes. C'est un luxe finalement assez simple de marcher devant soi, le long d'un horizon sans limites, à l'heure où la journée est encore largement ouverte aux attentes et à toutes les formes du possible. La journée, dans l'enfance, c'est la vie elle-même, et la découverte de cette "promesse de l'aube" qu'on fait dans la solitude, dans le silence, et jamais mieux que devant un horizon libre est une expérience essentielle au désir de s'accomplir.
En copiant ces morceaux de promenade quelques heures après les avoir enregistré, je ne sais aucunement s'ils ont la moindre cohérence. J'interromps en cours pour ouvrir mes dossiers "prison" et préparer la conférence de presse que je tiendrai demain pour attirer l'attention sur les mesures qui viennent d'être prises (la loi de lutte contre la récidive) et qui se préparent.
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jeudi 19 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 19 juillet 2007 à 10:27 dans Journal
Bernard Accoyer ce matin à France-inter. Le nom ne vous est sans doute pas encore familier : il n'a pas de véritable raison de le devenir.
Bernard Accoyer est le Président de l'Assemblée. Petit homme imbu de sa personne, regardant autour de lui si on le regarde, et surtout très absent. Je n'ai pas assisté à la totalité des séances mais il n'en a jusqu'alors présidé que deux : l'ouverture de la législature, et la présentation des deux ministres Christine Lagarde et Rachida Dati. Il a la troisième fonction de l'Etat, sans doute la plus belle résidence (l'hôtel de Lassay), un salaire sans doute décent, une plus grande assiduité ne serait pas fâcheuse.
Il parle ce matin d'un ton patelin et douceâtre que je déteste particulièrement. Et vante l' "ouverture", la choix de Nicolas Sarkozy de confier de hautes responsabilités à des "talents" issus des rangs de l'opposition.
Quelle ouverture en réalité ? Confier à des hommes de gauche le soin de faire, mot à mot, une politique de droite, est-ce cela l'ouverture ? Faire diversion quand on fait passer des lois socialement injustes ? Nicolas Sarkozy ne s'est d'ailleurs pas caché de ses intentions : ne pas laisser à l'opposition la chance de gagner du terrain, spécialement dans la perspective des municipales. "Vous m'en remercierez demain", a-t-il dit hier aux cadres de l'UMP.
Une fois encore, ne nous laissons pas abuser. Les leçons d'instruction civique d'autrefois devraient être aujourd'hui d'abord des leçons d'esprit critique vis à vis des media et de la politique de com' qui remplace aujourd'hui la politique.
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mercredi 18 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 18 juillet 2007 à 21:40 dans Journal
Le blog, mon gros tas de lecture, rendent le voyage en train presque trop court. C'est un moment de halte, à l'abri, et osons le mot, un moment heureux. Le ciel commence doucement à s'assombrir. De vagues conversations me parviennent à travers le couloir. On n'est jamais assez attentif aux petites, toutes petites choses de la vie.
Un écrivain raconte dans un livre (je ne me souviens du nom ni de l'un, ni de l'autre) une histoire assez touchante. Il est séparé de sa femme et réécoute les cassettes où il a dicté une partie de ses livres, du temps où ils vivaient ensemble. En fond sonore, le bruit des pas de sa femme, quelquefois une porte que l'on ferme ou l'éclat d'un objet que l'on heurte.
L'écrivain se souvient qu'alors, le moindre bruit l'énervait et qu'il en voulait à sa femme même de bouger. Réécoutant les cassettes, ce sont ces bruits minuscules qu'il cherche à discerner, et non sa voix ni les histoires qu'il racontait. Les petits bruits d'une vie enfuie.
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 18 juillet 2007 à 21:17 dans Brèves
Le contrôleur se penche vers moi et me dit tout le plaisir qu' "un certain soir" lui a fait mon élection.
-"Nous étions heureux, vous pouvez pas savoir !"
Oui, c'est vrai ça me fait plaisir. Je lui réponds que je vais essayer de confirmer dans les mois et les années à venir. Cela me ramène à la question posée dans le billet précédent : "que faire ?" pour que cette élection ait un impact sur la vie de ceux auxquels elle a fait plaisir ?
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 18 juillet 2007 à 21:12 dans Journal
Un mois déjà que les Bordelais m'ont élue pour les représenter et me voilà, une fois encore, dans le train de retour de l'Assemblée, chargée comme un âne de la masse de courrier, publications, documents divers que nous recevons quotidiennement. Il faudrait plusieurs vies pour tout lire. J'ai élagué avant le départ : à la poubelle la revue des pêcheurs de rivière, la documentation de la filière du bois... Tout cela est certainement très intéressant, mais la deuxième circonscription de Bordeaux n'est rurale et boisée qu'à la marge, je fais l'impasse. Les grosses poubelles débordantes qui s'entassent dans nos couloirs ne sont pas très dans le coup du développement durable. Que faire ?
Un mois déjà et j'ai l'impression d'avoir beaucoup appris du fonctionnement de l'Assemblée, des us et coutumes de mes collègues, du bâtiment lui-même qui est fort complexe car construit autour de plusieurs cours, ce qui amène à faire de nombreux tours avant de se retrouver d'où l'on est parti. C'est incontestablement un métier fort intéressant que celui de député à condition de bien le faire, de bosser les textes, de comprendre le sens de la loi, d'essayer de glisser son grain de sel.
L'austérité est bien sûr d'appartenir à la minorité. Sarkozy parle beaucoup d'ouverture mais il ne pratique pas la seule qui vaudrait : accepter, au moins de temps en temps, les amendements de l'opposition. J'ai été tout à fait frappée de la qualité de ce que nous avons proposé dans tous les domaines abordés dans ces quelques semaines. Beaucoup de propositions auraient constitué objectivement des améliorations de la loi. Toutes ont été rejetées sans autre forme de procès.
Là aussi, quoi faire ? Où faut-il agir ? Comment, en ce moment, mobiliser l'opinion publique sur les peines planchers, l' "excuse de minorité" ou l'injonction de soins aux délinquants ?Tout cela est austère, très austère, aucun fait divers (heureusement) ne l'illustre en ce moment et ne le porte à l'attention des media. Je m'attache à croire à la force d'essaimage d'internet et j'espère que ce blog y contribue tant soit peu.
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mardi 17 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 17 juillet 2007 à 18:43 dans Journal
Rachida Dati vient de présenter en séance plénière la loi "renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs". D'une voix timide et monocorde, lisant son texte avec application, très en deça de l'image de "dame de fer" que l'on donne d'elle. Elle a exprimé son émotion de s'exprimer à la tribune de l'assemblée et l'on conçoit bien ce qu'elle pouvait ressentir en connaissance de son parcours.
Cette loi comporte trois volets : l'établissement de peines planchers en cas de récidive, l'atténuation des dispositions en faveur des mineurs pour les jeunes de plus de 16 ans et l'injonction de soin après infraction sexuelle.
Les deux premiers volets de la loi ont des connexions : entre 2002 et 2005, l'augmentation du taux de récidive sanctionnée a dépassé 70 % ; 30% des mineurs condamnés récidivent dans les cinq ans ; 46 % des vols sont perpétrés par des jeunes de moins de 18 ans.
L'instauration d'une peine plancher limite, sinon supprime, le principe constitutionnel de l'individualité de la peine. Le recours en inconstitutionnalité posé par la gauche a été écarté sous prétexte que la peine plancher est différente selon qu'il s'agit d'une première récidive, ou d'une deuxième ou troisième ; également, parce qu'il existe des dispositions également graduelles pour que le juge puisse à titre exceptionnel prononcer une peine moindre. Pour une primo-récidive, ces exceptions sont les suivantes : des circonstances particulières, la personnalité du prévenu, des garanties d'insertion. Pour une récidive de rang plus élevé, l'adoucissement de la peine plancher devient extrèmement difficile et réduite à des "garanties exceptionnelles d'insertion".
Le vocabulaire juridique est un peu sec et l'explication de ces dispositions l'est aussi, mais n'enlève pas le grand intérêt qu'il y a à comprendre exactement de quoi il s'agit.
Deux faits indiscutables plaident contre les deux premiers volet de la loi. Toutes les études, dans les pays où des dispositions semblables ont été prises, montrent leur inefficacité. Aux Etats-Unis par exemple, le "tarif" des peines réservées aux mineurs a été élevé : leur taux d'incarcération est le plus élevé du monde.
Le pire est pourtant cette constatation : le plus grand générateur de récidive est la prison elle-même, et ce n'est ni en élevant le nombre de personnes, et a fortiori de jeunes, incarcérés, ni en augmentant la durée de leur incarcération que l'on limitera le risque de récidive. Dans l'état actuel, la prison est pratiquement inefficace en terme de réinsertion et de réadaption dans l'activité.
Alors que la prison a trois objectifs : mettre la société à l'abri des délinquants, dissuader, préparer la réinsertion, ce ne sont que 8,4% du budget de l'administration pénitentiaire qui sont consacrés au troisième et au plus important de ces rôles. Ceci alors que 40% des prisonniers ont moins de trente ans et qu'ils auront en sortant une vie à faire .
La droite a une fois encore stigmatisé l "angélisme" de la gauche. C'est faux. La sanction est légitime, mais il lui faut une double utilité : pour l'individu et pour la société. Quand une sanction -dans le cas l'emprisonnement- se révèle comme une école de la récidive, ni l'individu, ni la société, n'y trouvent leur compte.
La loi de Rachida Dati, proposée dans l'urgence, aurait du suivre et non précéder deux faits : la mise en place et l'extension de peines différentes de l'emprisonnement, le désengorgement des prisons.
La précipitation, la volonté affichée d'effets d'annonce font qu'aujourd'hui nous allons donner une mauvaise réponse à une vraie grave question.
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dimanche 15 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 15 juillet 2007 à 19:03 dans Journal
Une des joies de la vie politique est la diversité des contacts et des actions. Vendredi 13 juillet, l'une de ces occasions de rencontres et de réflexion a été "l'accueil des nouveaux citoyens".
Courte manifestation organisée à la Préfecture où le représentant du Préfet a remis, après un petit discours et une Marseillaise, les documents de citoyenneté française à 54 personnes d'origine très diverses qui avaient fait le choix de devenir Français et avaient rempli les conditions pour cela.
J'ai eu le plaisir de remettre moi-même ces documents aux femmes résidant à Bordeaux. Petits mots de félicitations et de bienvenue à chacune qui paraissaient très heureuses de cette nouvelle citoyenneté. L'une d'elles n'a pas manqué cependant de me faire m'interroger : une très jeune femme, engoncée dans une grande robe sans forme d'un gris de terre et le visage cerné d'un foulard serré, retombant très bas sur la robe.
On ne peut pas ne pas s'interroger : peut-on être française et subir une telle limitation de sa liberté ? Cette jeune femme, vêtue de manière si oppressante ne peut avoir pratiquement aucune activité professionnelle, ne peut marcher librement dans la rue, profiter du grand air, s'adonner à aucun sport...
La République Française est elle compatible avec cette acception de la condition de la femme ? Je ne pose aucunement la question en termes religieux. Si l'époux de cette jeune femme était également contraint, c'est en effet la question religieuse qui serait prédominante. Mais il n'en est rien : lui peut se promener, travailler librement. C'est donc bien en premier lieu l'égalité qui est en cause.
La réponse à la question n'est pas simple, on le sait bien. Si nous décrêtons que les femmes ne peuvent accéder à la nationalité française sans adopter nos us et coutumes, nous aggraverons encore la condition de ma jeune femme en gris et de ces semblables. Pourtant je crois que nous ne pouvons rester sans rien faire, ni dire.
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vendredi 13 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 13 juillet 2007 à 14:51 dans Journal
Nicolas Sarkozy n'est pas un poussin du jour, selon l'expression chère aux politiques. Ce n'est pas à vrai dire un scoop : nous n'avons eu que trop d'occasions de mesurer son habileté politique.
Elle touche aujourd'hui une sorte de sommet : pendant qu'on nous fait avaler à l'Assemblée les mesures les plus choquantes du programme présidentiel, Sarkozy fait diversion en utilisant Jack Lang, et comme le pare-feu est mince, il lance en même temps les projets de réforme institutionnelles.
Bien joué : les media suivent, et on n' entend parler que de l'un et des autres. Nos propositions d'amendement hier à l'Assemblée, toutes justifiées, notre révolte, nos démonstrations sont quasi-ignorées. Et pourtant ! Comment ne pas s'offusquer de cette promotion de la succession sur le travail, comment ne pas s'élever contre le fait que toutes les mesures sont l'occasion de créer des niches fiscales et des effets d'aubaines pour les plus aisés ! Quand les Français se réveilleront-ils ?
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Par Michèle Delaunay,
vendredi 13 juillet 2007 à 14:24 dans Journal
Quatre présidents en trente ans : Jacques Chaban-Delmas, Michel Sainte-Marie, Alain Juppé, Alain Rousset. Et depuis ce matin, un cinquième : Vincent Feltesse, maire de Blanquefort.
Un jeune président, élu pour les 18 mois qui nous séparent des élections municipales et qui rebattront les cartes, espérons-le plus que jamais en faveur de notre groupe. Vincent était seul candidat et Alain Juppé a déclaré avant l'élection qu'au nom des accords de cogestion, le groupe "communauté d'avenir" voterait pour le candidat socialiste.
Le score de Vincent est en effet excellent : 101 voix sur 120 votants (104 exprimés et 16 nuls). Devant ce jeune Président, de gros dossiers déjà empilés, en tête desquels le pont Bacalan-Bastide et le trajet de la future ligne du tramway.
Bravo Vincent !
Pour ma part, j'ai eu le plaisir de ce vote pour ma dernière séance à la Communauté Urbaine. Je vais démissionner de cette instance, et là encore, ce n'est pas sans un petit pincement de coeur. La CUB gère les dossiers décisifs pour la vie quotidienne des Bordelais et des habitants de l'agglomération. C'est un rôle difficile que celui de conseiller PS de Bordeaux, mais il n'en est pas moins passionnant.
Bon vent, Vincent, bon vent, Jacques, Daniel, Martine et demain Brigitte (Nabet) qui me remplacera.
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jeudi 12 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
jeudi 12 juillet 2007 à 22:36 dans Journal
Nous avons cet après-midi poursuivi l'examen des différents articles de la loi "Travail, emploi, pouvoir d'achat". L'un d'eux est relatif à la défiscalisation des revenus des étudiants jusqu'à concurrence de trois smic.
Cette mesure n'est pas totalement mauvaise : elle peut en effet aider l'effort de parents peu fortunés dans le financement des études de leurs enfants. Mais elle est très loin de répondre à l'ensemble des situations et à la paupérisation globale des étudiants.
Par ailleurs, elle n'est aucunement liée aux conditions de ressources des parents. De manière inconsciente, Louis Giscard d'Estaing, chauve, dégingandé et l'air pas fini de son père au même âge, n'a rendu que plus manifeste le caractère un peu aberrant de ce non-plafonnement.
Du ton inimitable d'un Séquano Nocéen authentique, LGE a pris la parole pour défendre le caractère formateur et pour tout dire fondateur du travail étudiant. Non pas le fait d'étudier, mais de s'adonner à des tâches bien souvent matérielles dans le but d'en retirer un revenu et de se confronter ainsi aux dures réalités du monde du travail.
-"Moi-même, alors que mon père quand j'étais à cet âge occupait la plus haute fonction de l'Etat, je m'honore d'avoir éffectué des stages rémunérés.."
Je cite la phrase mot pour mot. Le "Moâ même" était particulièrement réussi. On se doute qu'il a convaincu d'un coup les députés de la partie gauche de l'hémicycle qui n'ont bien sûr eu de cesse que de faire remarquer à LGE que s'il avait sans doute raison de s'en honorer, le fait que son père ne soit pas défiscalisé du montant de sa rémunération, ne l'avait pour autant nullement empêché de se former et de s'instruire, fût-ce dans l'âpre condition de salarié.
Car c'est en effet là le "hic" : la communauté nationale contribuera également aux études du petit Bolloré qu'à celles du fils du standardiste de l'une de ses 450 entreprises..
A propos, je ne vous ai pas dit ce qu'était un "Sequano nocéen". Eh bien, tout simplement, c'est un habitant de Neuilly-sur-Seine où les nécessiteux sont nombreux et leurs fils, à l’instar de LGE, hautement désireux d'être soutenus dans leur formation et leur édification personnelle.
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 12 juillet 2007 à 20:44 dans Journal
Premières prises de parole en séance plénière de l'Assemblée. Hier, en parole libre, en réponse au rapporteur général du Gouvernement, aujourd'hui pour présenter un amendement. Les deux sans crainte, ni émotion excessive : la médecine universitaire et ensuite Alain Juppé en Conseil muncipal m'ont excellement entrainé à ne pas craindre.
C'était hier à propos de ce que Christine Lagarde appelle la mesure phare de son TEPA (projet de loi Travail, Emploi, Pouvoir d'Achat) : l'extension et la défiscalisation des heures supplémentaires. Cette mesure est la plus coûteuse (au minimum 6 millions d'euros) et la plus défavorable du projet. On n'a pas fini d'en voir les conséquences sociales et on n'en verra jamais les conséquences sur l'emploi.
Mon intervention venait à la suite d'un amendement que nous présentions pour que les employés ne puissent pas être pénalisés en cas de refus d'éffectuer ces heures. La loi ne prévoit que des protections de détail : si le salarié a été prévenu trop tard, s'il a un empêchement majeur (santé ou impératif de formation) personnel ou familial. Notre amendement stipulant qu'il ne pouvait en aucun cas être sanctionné a été rejeté, comme tous les autres.
Ce rejet contrevient aux engagements de campagne de Nicolas Sarkozy qui étaient les suivants : je veux que quiconque voulant travailler plus pour gagner plus le puisse. Toute sa construction reposait sur cette libre volonté de la personne.
Or, il n'en est rien : le salarié ne peut ni refuser les heures supplémentaires, ni décider de se les voir attribuer. Il est commis d'office selon le choix de l'employeur et selon son carnet de commandes.
C’est le principe même de la promesse de Nicolas Sarkozy qui est contredit. Or la majorité UMP répète à toute occasion dans l’hémiciycle : nous avons été élu pour appliquer les engagements du Président de la République, et pour le faire rapidement. Suivent en général quelques paroles émouvantes sur le thême : en politique, il faut dire ce qu’on va faire, et faire ce qu’on a dit.
Ce fut l’objet de mon intervention de montrer qu’il en allait exactement du contraire. On se doute que seuls nos rangs ont applaudi.
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 12 juillet 2007 à 09:25 dans Brèves
Un petit mot avant d'entrer en séance... J'ai planté mon ordi dans mon nouveau bureau, ma nouvelle maison presque puisque j'ai choisi d'y dormir pour raison de commodité. Le sort m'a joué un tour : c'était à la précédente législature le bureau d'Eric Besson et je suis présentement entourée des cartons où j'ai amassé tout ce qu'il avait laissé sur place.
C'est rigolo d'avoir des pleins tiroirs de papier à lettres "Eric Besson, député, groupe socialiste". J'avais prié qu'on lui demande de déménager la semaine dernière. Il semble qu'il ne s'en soit pas donné la peine et que c'est la poubelle qui recueillera ces documents. J'ai aussi son ordinateur. Peut-être que comme celui du général Rondot, il recèle quelques secrets d'Etat ou de coulisses..
Voilà. C'était juste pour le plaisir d'un petit bavardage. La sonnerie alerte tout le bâtiment de la rentrée de la classe.
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mercredi 11 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 11 juillet 2007 à 19:29 dans Journal
C'est une Marie-Chantal américaine, ou du moins américanisée, qui nous a présenté hier le projet de loi "Travail, emploi, pouvoir d'achat" ; c'est elle aussi qui l'a défendu cet après-midi lors de la présentation des amendements.
Je devrais dire qui le défend, car la séance a lieu en ce moment-même, je m'en suis absentée avant que la sonnerie qui rythme les séances comme une cloche d'école ait résonné.
Cette Marie-Chantal c'est la ministre Christine Lagarde, dont j'attendais plus d'engagement, ou plutôt un engagement plus profond, mieux argumenté, alors qu'elle nous a servi une leçon de morale façon XIXème siècle, revisité à la mode de wall-street. Christine Lagarde a "bon air", selon une expression qui m'est chère : silhouette contemporaine, sourire plaisant, allure rapide, et avec le parti pris favorable que j'ai bien souvent à l'égard des femmes, j'espérais qu'elle nous présenterait le plat indigeste de cette loi avec la vivacité qu'elle parait dégager.
Au lieu de cela, une légitimation complètement hors de saison du travail. Les amis du blog savent que cette valeur ne m'est pas étrangère, que j'y crois au plus profond de mes fibres. Dans ma campagne de 2004, et alors que personne n'en parlait ainsi, le plus gros chapitre de mes documents était consacré au "travail, une valeur de gauche". Mais le travail qui me porte et que je veux porter est un travail qui émancipe, et un travail qui manifeste notre part dans le fonctionnement de la société. Ce n'est pas le travail de la période d'industrialisation du XIXème siècle, seul moyen d'accéder à des moyens de subsistance et si, j'ose dire, matière première du capitalisme débutant.
C'est ce travail-là que nous a servi Christine Lagarde, après un long bla-bla de condamnation de l'oisiveté "mère de tous les vices". Non, elle n'a pas utilisé la formule, mais c'était le sens de toute l'introduction de son exposé et elle a eu cette formule incroyable "on pense trop en France. Arrêtons de penser, relevons-nous les manches !"
Quel est donc ce travail qui est le contraire de la pensée ? Certainement pas le mien, qui en est la base, l'accompagnement et le prolongement.
Le travail de Christine Lagarde, c'est d'abord celui qui permet de produire plus. "Travailler plus pour produire plus", quel stimulant ! Plus grave encore, c'est celui qui parce qu'il produit plus, permet de gagner plus ! Le travail de Christine Lagarde ne permet pas de gagner plus parce qu'il permet d'avancer, de se former, d'apprendre, de réaliser. Non, c'est le sombre travail, la tache, qui grâce aux heures supplémentaires, permet d'améliorer la feuille de paye. Les travailleurs de Christine Lagarde sont des travailleurs payés à l'heure.
Pourquoi Marie-Chantal ? Parce que les exemples qu'elle a pris pour illustrer son projet de loi étaient tous issus de l'univers des Marie-Chantal contemporaines. De quoi s'émeut-elle? Des évadés fiscaux qu'on voit chaque vendredi sur les quais de l'eurostar quand ils rentrent de leur semaine à Londres. Qui veut-elle aider ? Et je garantis la vérité de ces exemples émouvants : les couples qui ayant acheté une maison de 800 000 euros et dont les héritiers ne doivent pas bourse délier. Mieux encore, ces mêmes héritiers, si leurs parents ont une maison d'un prix double (1 million 600 000 euros) qui grâce à elle n'auront à débourser pour hériter que 20 000 euros.
Pourquoi américaine ? Christine Lagarde était à la direction d'un cabinet d'avocats d'affaires à Chicago. Elle a l'assurance de métier, l'aisance un peu hautaine et jusqu'à l'élégance sobre des femmes en haut de l'échelle professsionnelle aux Etats-Unis. Elle n'a jamais été élue, jamais même confrontée au monde politique "de base" que nous représentons. Elle ne connait pas d'autres milieux que le sien. Où que l'on soit, c'est un des pires handicaps.
La loi sera votée, aucun de nos amendements probablement ne sera retenu. Treize milliards d'euros à la charge de l'Etat, qu'il faudra bien trouver quelque part.
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mardi 10 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 10 juillet 2007 à 11:03 dans Journal
Je renoue avec une tradition paternelle : écrire dans le train. Lui y a écrit la quasi-totalité de ses quatorze livres, moi j'essaye de déposer deux ou trois lignes sur le blog. En vérité, la technique ne s'est pas simplifiée. Mon père sortait ses petits cahiers de son gros cartable, moi j'essaye depuis un long moment de me connecter grâce à mon wanadoo volant, qui a jusqu'à maintenant refusé de répondre à mes sollicitations de moins en moins amicales. Autour de moi, ce ne sont qu'ordinateurs et gros dossiers. La parité est très loing d'être respectée et je perçois dans les rangs, à une seule exception près, que des chevelures masculines.
Remarques passionnantes, j'en conviens, mais qui sont loin de justifier fût-ce quelques lignes. On me pardonnera j'espère ce petit bla-bla rien disant, qui ressemble à ce qu'on écoute dans les téléphones portables "ça va ? Ca va ! Je suis à l'aéroport et je vais monter dans l'avion...". Je pèche moi aussi par excès de moyens de communications. Promis j'essaierai d'être plus substantielle lors de ma prochaine visite. Ce sera tout à l'heure à l'assemblée où nous affrontons le "paquet fiscal" qui coûtera au pays entre 11 et 13 milliards d'euros, sans retombées économiques prévisibles.
Les Allemands manifestent déjà leur mécontentement contre ces entorses au pacte de stabilité européen. Mme Merkel a émis hier des "réserves" contre la politique que Sarkozy est allé exposer lors de la réunion des ministres des finances européens. Je crois qu'on ne pourra pas longtemps amuser la galerie par des nominations et des débauchages : la réalité des mesures va s'imposer très vite.
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Par Michèle Delaunay,
mardi 10 juillet 2007 à 07:09 dans Journal
Un mot avant d'embarquer mon ordinateur dans le sac judicieusement inventé à cet effet. Nous partons tous les deux à Paris pour plusieurs journées de séance. je vais essayer de commencer à faire mon trou, d'intervenir de manière un peu plus assurée.
Le jour s'est levé tout doucement. Les journées sont presque au maximum de leur longueur. La vie n'est pas si mauvaise.
A tout à l'heure dans le train...
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dimanche 8 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 8 juillet 2007 à 22:34 dans Journal
La nuit tombe sur Bordeaux. Des chauves-souris croisent le faîte de mon marronier, encore visibles sur le bleu dense du ciel. La conversation avec la nature que permet la plus petite échappée sur elle, même au coeur de la ville, a toujours été pour moi un objet de rassurement. Le monde est là, autour de nous, éternellement "durable" et pour ceux qui ont appris à l'entendre, éternellement bavard. Tous les vieux lycéens que nous sommes ont dans l'oreille : "La nature est un temple où de vivants piliers, laissent parfois sortir de confuses paroles..."
La nature n'est pas un temple, mais un curieux mélange d'impassibilité et de confidences. Mille poètes l'ont dit avant moi, des millions d'hommes l'ont ressenti sans le dire. C'est et cela demeurera vrai pour des millions d'autres. On n'ose plus écrire le mot "durable", tellement il est usé, dévié, par son usage écologique. Mais cela au moins est durable.
Voilà. J'avais en ouvrant mon ordinateur pour écluser les mails de la journée, un peu d'angoisse. C'est presque toujours le cas quand je sens qu'après la nuit une semaine recommence et que j'examine ce qui la remplit. J'ai ouvert ma fenêtre pour cette échappée en direction du ciel, qui depuis tout à l'heure a encore foncé et où le marronier trône, sombre et majestueux, comme un dieu de la nuit. L'angoisse est moins présente, diluée dans ce petit morceau d'univers qui entoure chacun de nous dès qu'il lève la tête pour le regarder.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 8 juillet 2007 à 18:50 dans Journal
Philippe Madrelle a l'habitude de dire : "la campagne électorale commence le lendemain de la victoire". C'est un peu ce que tous avaient en tête aujourd'hui pour fêter la victoire de notre équipe aux élections législatives. L'année 2008 sera riche en élections, les Bordelais seront très mobilisés pour ce qui s'annonce comme "la mère des batailles".
Mais aujourd'hui ce dimanche était d'abord à la convivialité ; celle qui a présidé à ces huit mois de campagne où présidentielles et législatives se sont mélées. Toute l'équipe était là chalheureuse, mobilisée malgré la dérobade du temps qui nous a empêché de griller et de déjeuner sur l'herbe.
Une fois encore, merci à tous de votre engagement et... à demain !
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 8 juillet 2007 à 09:57 dans Vie cantonale
Cette semaine (celle qui se finit aujourd'hui), c'était la fête au Grand Parc ; pas la fête à neuneu, avec flons-flons, grand renfort de sono, bière et saucisses, mais une fête conviviale et culturelle autour de spectacles et avec la participation des habitants.
Je n'ai pu malheureusement participer qu'à deux d'entre eux. Cette initiative annuelle autour du centre social, des migrations culturelles de Guy Lenoir et d'autres partenaires est un exemple de culture vivante dans un quartier oublié de ce point de vue (et de bien d'autres) par la municipalité. J'y ai apporté la participation du Conseil Général, sous la forme d'un spectacle des "scènes d'été" et c'est un plaisir de voir que chaque année, la manifestation gagner en chaleur et en importance.
Bravo à tous !
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vendredi 6 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
vendredi 6 juillet 2007 à 00:12 dans Journal
Moment heureux pour le blog cet après-midi : il va accéder et, si j'ose dire, s'installer, se pérenniser dans la forme d'un livre. Cette suggestion, cette proposition, m'a été faite à plusieurs reprises dans le cours de cette année ; nous avons tout à l'heure jeté les bases de sa réalisation.
C'est une initiative assez nouvelle : aucun blog n'a été à ce jour publié, à l'exception de chroniques littéraires parues sur internet. Cette nouveauté n'est pas anodine. Elle fait le pont entre deux formes d'écriture assez différentes, le blog, écriture rapide, assez légère, souvent informelle, et l' "écrit" véritable, celui que l'on destine d'emblée à la publication. J'ai senti quotidiennement la différence. Ce que j'écrivais, le plus souvent le soir très tard, je le faisais presque comme une conversation, au fil non pas de la plume mais du trottin léger des touches de l'ordinateur. Pour revoir ces textes d'une année, j'ai demandé à en avoir un tirage papier, et rien que cela montre la différence entre les deux modes d'écriture. Pour envisager de livrer le blog à la publication, il faut d'abord que je le relise -et que je le corrige- sur le support papier.
Moment heureux donc de voir ces instants immatériels posés sur le fil des jours s'installer bientôt dans la matérialité de l'objet livre. Je vous raconterai. Le blog sera la matière du livre et le livre à son tour s'installera dans le blog...
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mercredi 4 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mercredi 4 juillet 2007 à 21:22 dans Journal
Dans le train, installée comme une reine, mon bel ordinateur et son "wifi volant" devant moi. Un "wifi volant" (appellation non déposée) est un mignon petit rectangle de plastique noir qui, judicieusement introduit dans la prise ad hoc de l'ordi, me relie avec le monde ; ça ne marche pas toujours bien, mais c'est quand même assez magique.
En face de moi, un monsieur balaise et peu engageant, le nez rivé sur ses dossiers...
A l'Assemblée, les choses sérieuses ont commencé. Je ne parle pas du discours de politique générale de François Fillon hier : j'ai dit le peu de souffle que j'y avais trouvé. La presse, Figaro compris, n'a pas été plus enthousiaste. Le Monde en date du 5 juillet "un discours sans fautes et sans relief" "du Sarko light". C'était aujourd'hui principalement du travail de commission, avec l'audition de Martin Hirsch sur le projet de "Revenu de Solidarité Active" qui est censé remplacer le RMI au terme d'une phase d'expériementation dans une dizaine de départements.
Après cela, la présentation par un rapporteur du gouvernement du projet de loi "Travail, chômage, pouvoir d'achat". Voilà un des éxercices clefs de la vie parlementaire. La commission concernée par le projet de loi, composée au prorata de la représentation de l'Assemblée elle-même, se réunit pour analyser la loi, présentée article par article par un "rapporteur". Auparavant, les groupes politiques ont convenu individuellement des amendements qu'ils souhaitaient déposer. Et l'on examine parallèlement les amendements les uns après les autres. Exercice très précis où il convient de peser les mots un par un pour éviter toute ambiguïté au texte.
J'ai écouté sagement pour me pénétrer de la démarche. La loi étudiée comporte l'extension et la défiscalisation des heures supplémentaires. Mesure inique, extrèmement coûteuse, sans aucune chance de répercussion positive sur l'emploi. Les salariés bien sûr ne choisiront pas de faire des heures supplémentaires qui seront à la discrétion de leur patron (et de son carnet de commande) ; au contraire, s'ils refusent de les faire sans raison "légitime", ils pourront être sanctionnés, voire licenciés. Ce point a été soigneusement passé sous silence pendant la campagne électorale. "Travailler plus pour gagner plus" n'est ainsi d'aucune façon laissé au choix de l'employé comme on l'a laissé entendre.
Les partenaires sociaux n'ont aucunement été consultés, contrairement là aussi aux annonces d'ouverture et de dialogue social. Tous, à l'exception de la CFTC, ont fait connaitre leur opposition au projet. Cela ne fait que renforcer la volonté du Gouvernement de le faire avaliser par le parlement dans l'urgence de ces quelques semaines d'été.
Tout cela est pour moi un nouveau mêtier. Nous avons été en plein accord avec Pascale Got, nouvelle députée du Médoc, pour ressentir qu'il était plus difficile de rompre avec l'ancien que d'en aborder un nouveau. Celui-là est sans aucun doute passionnant, et je me réjouis d'avoir la possibilité de cette "formation tout au long de la vie".
Je ne dis pas cela légèrement. Cela me conforte dans l'idée qu'une vie professionnelle peut-être évolutive et que mon âge n'est pas celui de la retraite mais peut-être d'une activité différente et nouveaux investissements.
Le train s'arrête à l'instant en gare de Poitiers et mon voisin s'apprête à descendre. Il fait bon, le voyage est calme et confortable. C'est bête à dire, mais je mesure ma chance de faire ce nouveau mêtier, de me sentir plus ou moins en bon état et capable de l'éxercer. Le vent se lève, il n'y a pas d'âge pour tenter de vivre.
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 4 juillet 2007 à 20:42 dans Journal
Brochette de dames sur un des bancs capitonné de rouge de l'Assemblée : Martine Faure, Pascale Got, Conchita Lacuey et moi. Martine Lignères-Cassou nous rejoint, attendant elle aussi de voter dans une des grandes urnes placées dans les antichambres.
François Hollande passe devant nous :
"Mais, Mesdames, puis-je vous signaler qu'il y a aussi des hommes dans cette Assemblée !"
Au regard de nombre où les femmes sont encore, la remarque ne manquait pas de saveur. Tout notre premier secrétaire est dans cette forme d'humour affable.
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mardi 3 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
mardi 3 juillet 2007 à 22:41 dans Journal
Une très belle phrase de Jacques Delors, que j'ai écrite sur la page de garde de mon agenda de l'Assemblée
"La chance aide parfois,
le courage souvent,
le goût de la vérité, toujours".
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Par Michèle Delaunay,
mardi 3 juillet 2007 à 21:59 dans Journal
Le vent de l'histoire n'a pas soufflé aujourd'hui entre les rangs de l'Assemblée. J'en suis plutôt triste car comme une bonne nouvelle petite députée, j'aurais aimé que dans cet hémicycle chargé d'histoire, on sente un élan, un engagement, une vision pour la République. J'aurais aimé pouvoir dire de François Fillon : sa vision n'est pas la mienne, mais au moins en a-t-il une, et elle a marqué cette journée.
Rien de cela. Le discours de politique générale du Premier Ministre, exercice important dans le fonctionnement de nos institutions, a été convenu, lu bien souvent comme s'il s'agissait du discours d'un autre. Son contenu a été sans surprises : le programme de Nicolas Sarkozy sans fioritures, ni agréments. On attendait la marque personnelle de Fillon. Ce discours était présenté comme sa chance d'exister relativement à "l'omni-Président". On espérait un espace d'individualité, où un Fillon réputé plus social que Sarkozy, aurait mis l'emphase sur ses choix, sa patte dans le pot commun.
Après avoir lu la veille au soir "le Monde", annonçant que Fillon s'était absenté trois jours pour préparer son texte et s'en pénétrer, on pouvait légitimement penser qu'il allait donner le plus profond de lui-même et qu'un souffle parcourerait les bancs. Je me souviens d'avoir entendu Fabius dans la même circonstance. J'étais dans ma voiture entre deux hôpitaux. Je me suis arrêtée pour ne rien perdre de ce qu'il disait : il était limpide, inspiré, précis. J'étais restée saisie de la qualité de l'exposé et de la nouveauté du discours. Tout à l'heure en le saluant, j'ai hésité à lui faire part de ce souvenir et je regrette de ne pas l'avoir fait. Timidité ou réserve, comme trop souvent.
A l'opposé, François Hollande a parlé avec beaucoup de force. Non, je ne suis pas partisane et je crois que l'avis à été général. Je n'aurais pour ma part pas demandé mieux que de trouver Fillon bon, convaincant et surtout convaincu. N'est-ce pas le moins qu'on puisse attendre d'un premier Ministre ? Mais non, ce grand oral a été sans souffle, sans portée, sans Histoire.
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dimanche 1 juillet 2007
Par Michèle Delaunay,
dimanche 1 juillet 2007 à 10:59 dans Journal
Le blog entre dans sa deuxième année, et le premier billet fût écrit par un dimanche de calme et de sérénité sur la ville, comme celui qui s'ouvre aujourd'hui. Je reprends le titre de ce billet pour fermer cette boucle d'une année d'un lien reconnaissable. Il n'apparait pas dans les archives comme le premier : je maniais à ce moment l'outil blog de manière un peu incertaine et j'ai enregistré le même jour (9 juillet 2006) les notes de la semaine antérieure.
C'est dimanche et je reviens un moment sur cet exercice du blog : même dans les jours de presse et de tourmente, c'est un plaisir et presque une nécessité. Bien souvent pourtant, j'ai commencé à écrire et je n'ai pas poursuivi. Les mots ne venaient pas ou ils tombaient à plat sur la ligne sans cette rapidité, cette légèreté qui montrent qu'ils prennent leur autonomie sur la volonté et sur l'effort. C'est une des grâces de l'écriture de ne jamais répondre aux ordres et, comme le désir, de n'en faire qu'à sa tête.
Maintenant comme il y a un an, la ville est silencieuse. L'activité des oiseaux l'emporte de beaucoup sur l'activité des hommes et une dizaine d'espèces au moins font valoir bruyamment leur droit à la diversité. J'ai cette chance incroyable de vivre dans un biotope (voilà qui fleure bon l'écologiste avertie) où les oiseaux ont compris que leurs droits naturels seraient respectés et disons-même un peu facilités par quelques graines et boules de graisse habilement disposés afin qu'ils viennent se présenter et se faire reconnaitre. Grâce à cette subtile politique, j'ai beacoup progressé au cours de cette année dans l'identification de mes visiteurs : geais bruyants mais avec sur les ailes des taches d'un bleu que l'on dirait choisi par un couturier, mésanges, bergeronnettes, rouges-gorges et rouges-queues à front blanc, moineaux sautillants, pinsons, et plus haut dans le ciel, ne descendant jamais jusqu'à nous martinets noirs et chauves-souris.
On le sait, mon année n'a pas été occupée tout à fait que de cela. Dès cet après-midi, je serai dans mon ébauche de permanence pour essayer d'étancher une table pointue de courrier.
Tssi-tssi, Tssi-tssi, dit la mésange à longue queue pour me rappeler à mes devoirs.
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