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dimanche 31 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 31 décembre 2006 à 21:35 dans Journal
Je connais beaucoup de belles histoires, et ce soir parce que c'est un soir merveilleux (il n'est pas merveilleux parce qu'il est merveilleux, mais parce que nous avons le pouvoir de rendre merveilleux ce que nous voulons ou presque), je ne sais quelle histoire raconter...
Il y a celle de Scheherazade, que le prince avait fait venir le soir, pour lui raconter une histoire justement, mais qui savait (est-ce qu'elle savait ? comment avait-elle deviné ?) que le prince était cruel et qu'il la tuerait au matin dès qu'il connaitrait la fin de l'histoire .
Alors Scheherazade commença une histoire qui n'a jamais fini, et peut-être est-ce cette histoire que je continue de vous raconter..
Il y a l'histoire de Sniegorotchka, la princesse russe dont Rimsky-Korsakov a fait un opéra. Ou celle de Neigeline, le petit flocon de neige (c'était "une" flocon de neige) qui était tombée amoureuse du soleil. En fait, c'est la même histoire, c'est un de mes mythes préférés parmi les histoires faites pour raconter le soir : Neigeline, comme Sniegorotchka, s'est approchée de plus en plus du soleil, et elle s'est évanouie et quand on voit un peu de brume autour du soleil, ce sont toutes les neigelines du monde que l'on voit.
Il y a une histoire quand même un peu plus sérieuse, c'est celle des lapins. Parce que je suis non pas "un homme sérieux" comme celui du "Petit Prince" qui compte des chiffres du soir au matin mais quand même une femme sérieuse..
A vrai dire, même des histoires de lapin, il y en a plusieurs. Il y en a une très belle et très triste, dans un très petit et très beau livre qui s'appelle "Des souris et des hommes". Des souris, il n'y en a qu'une, mais des hommes, il y en a deux et c'est toute l'affaire. Et un de ces hommes, le plus fort, Lennie, tue la souris, et l'autre est obligé de le tuer à son tour parce qu'il sera trop malheureux s'il est mis dans une prison très laide où il n'y a pas de lapins à soigner et à nourrir. Car toute la vie qu'ils ont partagée, et cette vie était dure et pleine d'épreuves, le colosse innocent et très fort a demandé à son ami "Promets-moi qu'un jour on aura une maison.. " . Et chaque jour l'ami a promis. "Et que dans cette maison, il y aura des lapins, des tout petits lapins..". Et ce jour-là, parce qu'il va le tuer, il lui promet une fois encore : "Il y aura des lapins, et c'est toi qui t'en occuperas, qui les nourriras et qui les protègeras..".
Comme on voit, cette histoire n'est pas gaie. Toutes les belles histoires ne sont pas gaies, et peut-être que c'est même le contraire. Mais en tout cas, ce n'est pas une histoire pour attendre le premier de l'an.
La deuxième histoire des lapins est beaucoup plus contemporaine et c'est une histoire qu'on peut raconter quand on est une femme sérieuse, ce qui ne va pas sans obligations dans le monde des grandes personnes. Je la tiens d'un archevèque roumain, à vrai dire surtout connu pour avoir écrit un très beau livre avec un très beau titre "La vingt-cinquième heure".
C'était dans le civil (le civil, c'est pour les gens sérieux, le monde où on n'écrit pas de livres et où on ne raconte pas d'histoires), un homme très important qui représentait son pays dans le monde entier. Pour cette raison, on l'invite dans un pays étranger, je crois bien que c'était l'Amérique, mais pas l'Amérique de GWB, mais l'Amérique avec une grande belle majuscule, comme quand on dit "c'est son Amérique à lui".
Dans ce pays, en avance sur tous les autres pays, il visite un sous-marin atomique. Il examine les unes après les autres les salles de machines, les formidables computers, les écrans qui font des lumières partout, les manettes, les boutons rouges et secrets, le téléphone en liaison directe avec la Maison blanche et des tas d'autres maisons encore.. Il pose des questions savantes, on lui répond savamment, mais il n'écoute qu'à moitié, juste pour avoir l'air de tout comprendre et d'être impressionné.
A un moment, un officier, plus petit mais plus galonné que les autres et qui, sans ce détail, ne payerait pas de mine, l'attire dans son bureau. Le bureau est très grand, confirmation que l'officier à sa manière l'est aussi ; l'officier a compris que, malgré sa grande robe d'archevèque qu'il porte jusque dans les sous-marins, Virghil s'intéresse à des choses plus importantes que les téléphones rouges et les écrans de toutes les couleurs...
- "Venez, je vais vous montrer quelque chose que nous ne montrons à personne..."
Ils prennent tous les deux une petite cursive dérobée, une toute petite cursive, comme dans le sous-marin d'un tout petit pays. Au fond, un petit espace bien éclairé, et dedans une jolie petite cage avec dedans trois petits lapins blancs. Des lapins blancs comme dans les contes pour enfants, avec un poil doux et soyeux, des oreilles ourlées et doublées d'un fin velours rose, un petit nez rose aussi, sans cesse en mouvement, comme font les nez des lapins...
L'intérêt de Virghil Georghiu se ranime aussitôt
- "Mais que font-ils là ? A quoi servent-ils, dans un espace si étroitement compté ??"
Alors l'officier l'attire près de lui, pour que vraiment personne ne puisse les entendre, ni les micros secrets du KGB, ni de la Guépéou, ni de tous ces trucs méchants, ni même l'écouteur rouge du téléphone rouge avec la Maison blanche..
- Vous savez, bien avant que les hommes ou les machines perçoivent que l'air est vicié, que quelque chose de mauvais risque d'arriver dans l'atmosphère, les lapins sentent tout cela, et ils s'agitent... Il suffit de venir les voir; sans eux, nous ne saurions rien ou nous le saurions trop tard..
Et Virghil Georghiu a ajouté : "Les artistes sont comme les lapins blancs. C'est pour cela qu'ils sont sur terre..." .
J'aurais voulu qu'il ajoute, lui qui était poète et politique à la fois, que nous sommes tous, que nous devons être comme les lapins blancs ; c'est mon souhait pour nous tous ce soir.
Ainsi pourrons-nous déjouer la cruauté des princes et écrire notre propre histoire.
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samedi 30 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
samedi 30 décembre 2006 à 11:36 dans Journal
J'ouvre mon ordinateur ce matin sur le visage de Saddam Hussein entouré de cordes (la page abonnés du monde qui s'affiche fidèlement sur mon écran quand je l'ouvre) et j'en ai la poitrine serrée. Bien sûr, il y a là d'abord une réaction émotionnelle. La peine de mort m'a toujours révulsée et ce fut sans doute mon premier engagement à l'époque de l'exécution tant de fois différée de Caryl Chessman. Le (la) proviseur du lycée n'avait guère apprécié mon prosélytisme et j'avais échappé à des sanctions pour des raisons qui n'étaient pas toutes bonnes. Dans les lycées de filles à l'époque on était assez loin des mouvements de masse !
J'ai pris cette tangente car je ne suis pas sûre de ce que je pense de cette exécution et je n'ai rien voulu lire des commentaires qui accompagnaient la photo. Saddam est une personnalité aussi peu recommandable que possible, un dictateur qui a envoyé à la mort tant d'humains qui le méritaient bien moins que lui, qui a torturé... Incontestablement, qu'un dictateur puisse être condamné est un progrès du droit international.. Tout cela est vrai.
Non moins vrai, le fait que c'est un tribunal irakien qui a condamné Saddam, et pourtant cette exécution me fait horreur. Je sens qu'il y a là quelque chose qui n'est pas bien, qui n'est pas la justice que je voudrais, qui participe de cette carnavalisation du monde que je déteste . Et puis, cela irrésistiblement me fait penser à ces condamnés que l'on exécutait en place publique, que l'on amenait en charrette, auxquels on bandait les yeux devant le public amassé là depuis l'aube ... La place publique a pris la dimension du monde. Ce n'est pas plus horrible, mais c'est tout aussi horrible.
Je n'ai pas le courage de mettre cette photo qui m'a cueillie en début de matinée sur le photo blog, après mes sapins et mes images de fête. Demain, une nouvelle année commence. Que ce ne soit pas une année de barbarie.
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jeudi 28 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
jeudi 28 décembre 2006 à 13:10 dans Journal
Un exemple de ces enchainements aberrants produits par notre société. Il n'est ni le plus frappant, ni le plus aberrant, mais il est incontestablement de saison !
Les hivers sont moins froids et la neige plus rare. Nombreuses sont les stations dans tous nos massifs montagneux qui s'inquiètent : elles ont fait de lourds investissements, souvent au prix d'un endettement, embauché des saisonniers, et voient arriver la haute saison avec inquiétude. Réponse des plus entreprenantes : elles couvrent leurs pentes de neige artificielle pour ne pas décourager la venue des skieurs.
Monsieur le la Palisse ne dirait pas mieux : la neige artificielle n'est pas la neige naturelle ! Elle est grandement plus coûteuse mais elle est aussi rapidement plus dure et on la distribue, en raison de son coût sur des surfaces plus étroites, ramassant les skieurs sur des pistes réduites.
Résultat : le nombre et la gravité des accidents augmente. La dureté du sol, les bousculades en raison de l'affluence sur ces pistes réduites ont déjà fait leurs effets sur les pistes alpines : plusieurs morts et des traumatismes très lourds entrainant tétra- ou paraplégie. Les journaux allemands sont aujourd'hui plein de mises en garde : pas de ski sans casque, alerte aux secouristes... On prévoit dans le seul Tyrol, 17000 accidents graves pour les deux ou trois mois à venir.
Encore un exemple donc où l'on confie à la médecine (en l'occurence à la chirurgie orthopédique) ce que l'on ne sait/veut pas pallier autrement. Rien de critiquable dans le développement des stations de ski, dans les emplois qu'elles créent, malgré leur caractère saisonnier. Moins critiquable encore le fait que les skieurs soient infiniment plus nombreux que dans mon enfance.
Et pourtant, au lieu de dire : il n'y a pas de neige, mais vous pourrez marcher, faire beaucoup d'autres sports, on dit "mettez un casque" et on augmente le nombre d'orthopédistes dans les hôpitaux voisins des stations.
Je vais donner un autre exemple où l'aberration est beaucoup plus criante. Ceux qui me connaissent ne s'étonneront pas que j'aille le chercher dans le jeu. C'est un sujet que j'ai étudié plus que d'autres, mais surtout l'aberration y parait absolue.
L'addiction au jeu se développe en fonction de l'offre. Ce point qui parait simple est déterminant. Autrement dit, le nombre de cas pathologiques dépend en proportion directe du nombre machines à sous proposées et de l'amplitude horaire de leur mise à disposition. Je focalise d'emblée sur les machines à sous, car c'est de très loin le mode de jeu le plus addictogène. Elles se comportent exactement comme une drogue chimique, sans doute parce qu'en plus de l'enchainement jeu/espoir de gain/re-jeu s'ajoute une stimulation physique stressante elle-même génératrice de la sécrétion de neuro-médiateurs par le cerveau.
Tout homme sain d'esprit et ayant le sens du bien commun dirait : limitons le nombre de machines à sous et l'amplitude horaire, ne les plaçons pas à proximité des lieux où les cas de vulnérabilité sont les plus nombreux.
Là s'ajoute une notion nouvelle : la vulnérabilité ; elle est aggravée -tout cela est démontré par de nombreuses études issues des centres de recherche les plus prestigieux- par des conditions sociales difficiles, des tendances dépressives souvent liées à une estime altérée de soi, le chômage et/ou de faibles revenus...
Mais notre société n'est plus saine d'esprit, et les politiques qui peuvent (comme nous aussi d'ailleurs) influencer son cours ne savent pas édicter des règles simples. Cela commence pour l'environnement et nous connaissons des convertis récents au problème qui comme tous les convertis récents sont les plus grands prêcheurs. Ce n'est absolument pas le cas pour cette écologie centrée sur l'homme, cette "santé durable" , que je voudrais porter.
L'aberration vient maintenant : au lieu de prendre des mesures pour cette réduction du nombre et du temps de machines à sous, on demande aux chercheurs de chercher les facteurs de cette vulnérabilité. Les facteurs sociaux et sociétaux, on les connait, mais ils ne sont probablement qu'aggravants ou révélateurs. N'y aurait-il pas là-dessous quelque facteur génétique ?
Et l'on finance des instituts de recherche pour trouver le gène. On l'a d'ailleurs probablement trouvé, même s'il n'est probablement pas unique). Demain on financera d'autres instituts pour trouver la thérapie génique (remplacement ou destruction du gène coupable) permettant même quand on est pauvre et isolé de ne pas verser dans la dépendance. Dans l'intervalle, combien de suicides, de vies ruinées, d'hospitalisation en milieu psychiatrique que l'on aurait pu éviter.
C'est un résumé des aberrations de la société. Il pourrait être la base d'une parabole. Il suffit de diminuer l'offre pour diminuer le risque, mais diminuer l'offre c'est diminuer les profits des machines à sous .. Vision à courte vue. Les dégâts sont beaucoup plus coûteux que les profits et les personnes exclues du fait d'une addiction au jeu sont effroyablement coûteuses humainement mais aussi en terme strictement financier. Le raisonnement est le même pour la défense de l'environnement ; je n'ose pourtant espérer rallier ces nouveaux convertis dont je parlais.
Tiens, ce sera mon premier voeu de nouvel an !
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mardi 26 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mardi 26 décembre 2006 à 23:40 dans Journal
Bonne nouvelle : la mobilité sociale s'accroit. Très mauvaise nouvelle et véritable interrogation : elle le fait surtout en raison de l'accroissement de plus du double de la "mobilité descendante".
On ne résume pas un rapport de l'INSEE en quelques lignes, en piochant ici ou là quelques chiffres marquants. D'autant que je ne connais moi-même de ce rapport que le compte-rendu qui en a été fait dans nos quotidiens nationaux les plus nourris. Quelques lignes pourtant pour donner matière à la réflexion.
Le pourcentage des "déclassements sociaux" a plus que doublé depuis 1985. Ils pouvaient être considérés comme rares, voire accidentels depuis des décennies ; ils touchent actuellement 8% des cadres (9% si ce sont des femmes). Même doublement au sein des professions intermédiaires et chez ouvriers et employés où le chômage et l'inactivité pèsent lourd.
En un mot le descenseur social marche plus vite que l'ascenceur social. Non, celui-ci n'est pas totalement en panne mais il n'a que très rarement (presque accidentellement là-aussi) le caractère radical qu'il pouvait avoir dans les deux premiers tiers du siècle dernier. Les énarques, chefs d'entreprises, dirigeants de tous poils, issus de milieux modestes sont en pourcentage beaucoup plus rares qu'il y a cinquante ans.
L'ascenseur social fonctionne encore mais à petite vitesse, faisant gravir un niveau ou un portion de niveau et il s'explique d'abord par l'élévation générale des qualifications ; Un tiers des hommes ouvriers non qualifiés ont connu une promotion entre 98 et 2003 alors qu'ils n'étaient qu'un cinquième entre 1980 et 85. Là encore les chiffres féminins sont en retard.
C'est pour moi une interrogation fondamentale : pourquoi ce qui s'était continuellement élevé et accéléré au cours des deux siècles précédents, est-il aujourd'hui, partiellement au moins, en panne ? Les raisons "structurelles" , comme on dit, existent (nous sommes plus nombreux, nous vivons plus longtemps) mais elles ne suffisent certainement pas. Les raisons sont sans doute, dans un certain nombre de choix sociétaux aberrants qui ont dissocié, au moins en partie, le travail et la réussite.
Le rapport de l'INSEE ne concerne pas un autre aspect qui, lui aussi, me pose profondément question : celui de la mobilité sociale intergénérationnelle. Les gens de la génération de mes parents (ceux que je connaissais au moins) aidaient tous leurs parents à vivre, car leur situation était meilleure. Beaucoup de personnes de ma génération aident leurs enfants, parce qu'au contraire ceux-ci sont dans une situation plus difficile.
Là aussi, je n'ai que des morceaux de réponses, et des morceaux plus petits encore de solutions. L'enjeu est pourtant l'élan de nos sociétés.
Redevenir des pionniers : l'époque le justifie mais, très simplement, nous ne sommes pas à la hauteur des difficultés qu'elle nous oppose.
6 commentaires
Par Michèle Delaunay,
mardi 26 décembre 2006 à 13:35 dans Journal
Très bel exemple d'art "noelien" des années 60, l'étoile que je viens d'ajouter au photoblog guide les rois mages vers le Grand Parc sans doute depuis la création du quartier ! Dans ce même esprit de fidélité à l'architecture, on mettrait torchères et bougies place Tourny, ce qui au demeurant ne serait pas sans allure, à condition de débarrasser la place de la brocante de panneaux indicateurs qui obscurcissent la sublime perspective qui mène le regard du cours de Verdun au cours Clémenceau et encadre l'Intendant d'un bien piètre mobilier. J’ai essayé trois ans durant, sous la forme d’une « question écrite au Conseil Municipal » d’attirer l’attention de nos deux maires successifs sur ce piètre aménagement de la place Tourny. Sans résultat : ce que l’opposition propose est forcément sans intérêt. Pourtant, tiens, c’est une bonne idée, je vais essayer encore une fois… Je vous tiendrai au courant !
Retour à l'étoile qui sert, d'année en année, de décor de fête au centre commercial du Grand Parc. On conviendra qu'à moins d'être dans une vision historique des illuminations urbaines, elle guidera peut-être les rois mages, mais sans doute pas les chalands bordelais vers les commerçants du quartier. Pas plus que la réhabilitation "à la petite semaine" qui vient d'être faite de ce même centre commercial "Europe". Enseignes de plastique disjoint, graphisme disparate, matériaux médiocres, réalisation totalement dans l’esprit général de la gestion de notre municipalité : deux vitesses, deux classes, voire trois comme dans les trains d’autrefois.
Je donne à Michel Duchène les verges pour me faire battre. J’expliquerai tout à l’heure pourquoi. Défendre un quartier, vouloir que le meilleur et le plus innovant y soit réalisé pour qu’il avance du même pas que le monde autour de lui, voilà sans doute une vision critiquable d’une ville, et pourtant c’est la mienne !
J’intervenais vendredi dernier lors de la séance de la CUB (22 décembre) sur l’aménagement des berges du lac. Un nouveau quartier va naître et j’ai plaidé pour que sa réalisation aille de pair avec une requalification du quartier des Aubiers, pour qu’il n’y ait pas d’un côté un urbanisme marqué par l’âge et d’un autre des quartiers neufs, conçus pour une réelle mixité sociale. Mon amie Martine Diez a plaidé, dans le même esprit, pour une amélioration des communications entre les quartiers.
Que n’avais-je dit ? Michel Duchène, avec son style si particulier mi patelin, mi pernicieux, a aussitôt bondi « Mais Madame, ne stigmatisez pas les habitants du quartier des Aubiers, qui sont heureux d’habiter là où ils habitent ! Voilà bien une vision de la « gauche caviar » que de vouloir détruire un quartier qui convient parfaitement à ses habitants… ».
Je n’avais pas dit « détruire » mais « requalifier ». Cela suppose probablement quelques destructions/reconstructions, mais le manque de logement est trop hurlant à Bordeaux que nous commencions par cela. Mais qui ne reconnaîtra pas un fait : le quartier des Aubiers (habitat social 100%, à l’opposé de Saint Genès : 0%) n’est pas en l’état suffisamment attractif pour que la mixité sociale s’y impose naturellement. Nous n’avons pas les mêmes contacts avec Michel Duchène, élu du coeur bourgeois de Bordeaux (quartiers dont il m’a dit lui-même, car son style est tout différent hors micro : « on présenterait une chèvre de droite, elle serait élue dans le 3 ème canton ! »). Les personnes en quête de logement qui viennent me voir me disent : je ne veux pas aller aux Aubiers. Sans doute ont-elles en grande partie tort, mais c’est ainsi ; il faut requalifier les Aubiers. Droite cafard est bien pire que gauche caviar : l’une veut des ghettos, l’autre une action positive pour les quartiers qui ont le moins d’équipement, d’événements, d’illuminations…
Et cela me ramène une deuxième fois à l’étoile du Grand Parc. Pourquoi pas dans ce quartier des illuminations innovantes, mettant en valeur l’architecture des immeubles, apportant –c’est le cas de le dire- une nouvelle lumière, un nouveau regard sur ces hautes tours et ces « barres » (horrible mot) qui pourraient être si bien mises en valeur, comme on l’a fait par exemple dans le plan lumière de la ville de Lyon ?
Mais n’est-ce pas un de ces affreux représentants de la gauche qui administre la ville de Lyon ???
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lundi 25 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
lundi 25 décembre 2006 à 10:23 dans Journal
Des images merveilleuses, envoyées par des amis du blog, viennent de rejoindre mes sapins et mes lumières de noël sur le photo blog. Notre collection s'agrandit !
Si vous avez emmagasiné dans ces quelques heures, comme je vous le souhaite, des images de bonheur et de beauté, partageons-les (envoyez moi votre préférée sur mon mail privé : [email protected], en mettant la photo en pièce jointe ).
Très belle et bonne journée de noël !
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dimanche 24 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 24 décembre 2006 à 11:09 dans L'invité du blog
Deux (?) commentatrices du blog signent joliment "Missie et Rosa". La tentation était forte de poser négligemment la question "est-ce que Missie n'a pas un lien avec l'écrivain Colette ? ..." espérant que, soit Missie, soit l'une des Colette de ce blog raconterait l'histoire.
C'est fait ! Premier cadeau de noël de cette période où je voudrais que le blog vous apporte de toutes petites pépites de bonheur, j'invite dans cette rubrique le commentaire 45 du billet 14 du mois de décembre. Missie s'appelait en réalité Missy et même Mathilde de Morny, et était un personnage aussi original et fascinant que son duc de grand-père.
Mais laissons Colette raconter cette belle histoire de noël, qu'elle double d'une autre : sa rencontre avec l'écrivain Colette.. Lire la suite
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samedi 23 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
samedi 23 décembre 2006 à 23:39 dans Journal
Les commentaires des billets précédents démontrent, s'il en est besoin, combien la santé dans toutes les acceptions de ce terme est une sorte de noyau de l'atome de la politique. L'homme, son bien être, son "être bien" plus encore, est actuellement plus en péril que la planète. Ce soir, c'est pourtant sous un aspect différent que je veux l'évoquer, aspect qui a lui aussi une l'application immédiatement politique.
Tous ceux qui ont eu à donner des soins à des proches, plus encore à leurs parents, savent quelle transgression ils supposent. Je parle des simples (pas si simples) soins physiques : aider à la toilette, masser les pieds ou les jambes... Cette transgression est dans la pratique médicale ou soignante fondamentalement positive. Une fois réalisée, à condition qu'elle le soit avec pudeur, respect, attention, les rapports humains changent en profondeur.
C'est peut-être la raison pour laquelle le racisme, la discrimination, n'ont pas cours en milieu hospitalier, non plus sans doute que dans la pratique libérale du soin. Les malades établissent un lien d'un autre ordre avec qui les soigne et parallèlement toute personne engagée dans le soin mesure immédiatement sa participation à la communauté, elle ne se sent aucunement exclue, mais au contraire reconnue, respectée et, osons le mot aimée.
Voilà pourquoi je m'engage auprès du Conseil Régional et de chaque instance qu'il m'est donné d'approcher pour qu'une meilleure information sur les divers métiers de soignants soit faite dans les collèges et les lycées ayant une forte proportion d'élèves issus de l'immigration. Et bien sûr aussi pour que les formations qui y mènent soient financées et soutenues pour ces élèves. Pour utiliser un mot très en vogue, c'est une action "gagnant-gagnant" qui lutte contre la discrimination et le sentiment d'exclusion par les deux bouts : les soignants se sentent parfaitement reconnus, les soignés n'ont plus l'idée même de la discrimination.
Cela rejoint une autre de mes idées-force : l' "intégration", la lutte contre la discrimination passera prioritairement par les femmes et on sait que les soignants sont pour plus de 80 % des femmes. On est dans du gagnant-gagnant sur trois plans en même temps car on agit aussi sur les générations futures. Toutes les études montrent que les enfants d'une femme qui participe à la société et qui y est reconnue ont toutes les chances de s'y impliquer eux-aussi.
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jeudi 21 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
jeudi 21 décembre 2006 à 00:18 dans Journal
Longue journée cancérologique, auprès de ces "héros de notre temps" que sont les malades atteints de maladie grave. Nos traitements jugulent la douleur, soulagent modestement la fatigue, améliorent les taux de guérison et prolongent le temps de vie, mais j'oserais presque dire qu'ils aggravent ce long "chemin des dames" qu'est le voyage de scanners en traitements, sans paix ni cesse, des mois et des années durant.
On l'a compris, ce ne sera jamais le sujet de ce blog. C'est pourtant sa trame souterraine. Comme ce sera toujours l'objet de mes "campagnes" publiques, je parle des campagnes que l'on appelle électorales bien que le qualificatif soit fondamentalement erroné : la santé, et encore la santé, et de nouveau la santé ! . Parodiant je ne sais quel orateur, je pourrais dire : "il y a trois sujets politiques importants :
1- la santé
2- la santé
3- la santé
Qu'on ne s'inquiète pas : dans les six mois à venir, j'aurai le temps d'en rebattre les oreilles même à mes supporters les plus déterminés !
Ce soir deux réunions et maintenant mon rendez-vous avec le blog et ses lecteurs. Si je ne censure jamais rien, je ne souhaite bien sûr pas dire tout ce qui vient. Le blog, malgré la rubrique où j'enregistre ce billet, n'est pas un "journal", pas non plus de ces "carnets" où les écrivains, les penseurs, notent leurs idées au fur et à mesure, et qui sont généralement publiés après leur mort. De celà, je ne suis pas pressée à l'excès, et le fil de la vie m'intéresse plus que sa rupture.
Tout simplement, j'ai envie de dire : bonsoir, même si, je m'en aperçois à l'instant, la nuit, froide et piquante, est déjà largement entamée.
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mardi 19 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mardi 19 décembre 2006 à 00:35 dans Journal
Conseil municipal, pour plus de moitié consacré au budget 2007. Intervention de chaque adjoint à la suite du Maire et de Jean Paul Jauffret, adjoint aux finances. La parole m’est donnée en dernier, après tous les membres de l’opposition. Pas de problème, je tente seulement de mettre chaleur et conviction dans mes propos sur « la ville au quotidien », et d’exprimer mon souhait que notre ville soit conviviale, pratique et accessible pour tous. J’attire l’attention du maire sur la nécessité d’une politique moins pénalisante vis à vis de ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour leur travail (artisans, infirmières libérales et tant d’autres qui ont à se déplacer en différents points de la ville pas toujours désservis par les transports en commun), ou encore de ceux dont la mobilité est difficile. Je parle en particulier des personnes un peu agées proposant des mesures innovantes, comme des cartes de stationnement « vermeil » (à prix réduit) ou des « pass taxis ». Au contraire de ces propositions, ne figurent dans le budget du maire que potelets, hauts trottoirs faisant la fortune des carrossiers, caméras de surveillance.. Je mentionne aussi la fourrière et les procès-verbaux généreusement distribués même pour des stationnements non gênants dans des zones totalement dépourvues de parkings résidants. Je n’avais pas si tôt commencé que le maire m’a interrompue, je n’en sais plus la raison.
Même chose pour mes autres interventions. Il en faut davantage pour me déstabiliser. J’ai dans tous les cas repris calmement mon exposé.
Nous arrivons au-delà de 20 heures. Une des dernières délibérations traite de la « cession à Bordeaux Métropole Aménagement (B.M.A.) de l’immeuble 38 rue de Cursol » pour une « opération immobilière actuellement en cours d’étude », sans autre précision sur l’affectation de cet immeuble, ce que nous avons tous regretté. Comment peut-on délibérer sans être informé ? La parole est d’abord donnée aux autres membres de l’opposition, comme précédemment. J’interviens en dernier, rappelant en termes très posés les difficultés de stationnement du personnel soignant de l’hôpital Saint André, majoritairement féminin et astreint pour nombre d’entre eux à des horaires nocturnes. Nouvelle interruption, incompréhensible « Mais la communauté urbaine a supprimé ce stationnement ! le président de la CUB a reçu les syndicats sans même avertir le centre hospitalier… », toutes choses qui n’étaient pas directement dans le sujet. Je me suis permise d’émettre le souhait de pouvoir mener à bien mes interventions, comme mes autres collègues, d’autant que le temps en est minuté. Je n’avais pu exprimer encore ma demande d’envisager des possibilités de stationnement pour le personnel de Saint André dans cet immeuble de la rue de Cursol qui est à deux pas de l’hôpital.
Je n’ai pu parvenir à ma proposition, ni illégitime, ni en quoi que ce soit provocante. Le Maire, qui s’était absenté deux heures et qui était revenu plus tendu encore qu’au départ (il venait de dire à notre amie Brigitte Nabet qu’elle était « complètement à côté de la plaque ») a tourné en mayonnaise « Madame, je ne connais personne de votre arrogance ! j’ai présidé bien des instances, jamais, jamais…. » . Sa colère ne lui permettait pas d’aller au bout de ses phrases. Je n’avais été à aucun moment arrogante, parlant posément, l’appelant par son titre « Monsieur le Maire », comme je le fais toujours, suivant en cela les préceptes de Blaise Pascal, souverains en effet pour sauvegarder sa liberté en face des puissants.
Je l’avoue, j’étais interloquée. « Et d’ailleurs, et d’ailleurs, vous m’avez traité de colin froid dans votre blog, de colin froid !! Vous croyez que moi je n’ai pas souvent envie de vous appeler de noms… ». J’ai expliqué, posément encore, que je n’avais fait que citer Jean Hedern Allier, en parlant en effet dans le blog de « sa faconde de colin froid »* (ce qui est un poil différent et reconnaissons-le, assez juste). Je ne vois toujours pas là un crime de lèse-Juppé. Tout homme intelligent s’en serait amusé, m’en aurait parlé et m’aurait, en effet, répondu d’un mot du même niveau assez bénin de plaisanterie.
Cet épisode est affligeant. Je ne le rapporte que pour en consigner exactement les termes, qui, je l’espère seront rapportés tout aussi exactement dans le compte-rendu de séance. Jacques Respaud a très opportunément décidé que notre groupe quitte la séance, comme Juppé l’avait fait pour beaucoup moins à la CUB ? Nous sommes partis derechef au Conseil Général pour la séance nocturne du budget.
Je le dis simplement : ce matin, j’avais fait la visite de mes malades à l’hôpital : chacun avait à faire avec l’essentiel. Je demeure stupéfaite qu’Alain Juppé n’ait pas la moindre distance vis à vis de lui même. Il avait traité en son temps Gilles Savary de « connard » en s’étonnant qu’il s’en offusque.
De plus en plus certainement, je suis opposée au trop grand cumul des mandats dans le temps. Des années après l’autre, voire comme AJ, une vie entière en politique, font perdre le sens commun.
- voir billet 9 et 23 du mois de novembre
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dimanche 17 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 17 décembre 2006 à 10:14 dans Journal
Je n'étais pas cette nuit (cf billet précédent) trop d'humeur à poursuivre ma ire contre ce numéro spécial du Point "Que devons-nous attendre d'Alain Juppé ?" Il n'y est pas d'ailleurs répondu à la question, à moins que celle-ci soit, comme dans les livres d'Isabelle, "qu'aime-t-il au petit déjeuner ?" "dans quels bistrots aime-t-il trainer ?". Nous apprenons ainsi qu'il aime les plats roboratifs de la Gascogne (voir sur le même thême , et avec la même interrogation "portrait d'Alain Juppé en Bacchus"), qu'il se délècte de "sanquette" ... Affligeant. Ce que je voulais exprimer dans mon billet "à Shalimar", c'est combien je déteste cette politique "people", creuse et sans objet, combien elle me parait, au regard des enjeux de la politique, dérisoire et presque méprisable.
Pourtant il y a du contenu dans ce numéro spécial et que des bonnes nouvelles ! Bordeaux va bien, même très bien depuis qu'AJ est revenu. Il y a même UNE entreprise à Bordeaux qui "cartonne" et qui est proche de s'inscrire au "top ten" de ses congénères françaises.
Vous hésitez. Le choix n'est pourtant pas large après dix ans de politique d'Alain Juppé. Une seule peut y prétendre : le casino, bien sûr, grâce à la largesse des attributions municipales en machines à sous ! Bravo, ça c'est de la politique économique, ça c'est une vraie vision sociale ! Cet impôt sur les plus pauvres et les plus fragiles, n'est que l'application moderne d'un grand principe qui a fait ses preuves "les pauvres ne sont pas riches mais ils sont nombreux".
Encore doit-on à la vérité que sans l'intervention de l'Etat qui a retoqué le vote municipal nous aurions 450 machines à sous, à portée de vélo-moteur des Aubiers et du Grand Parc, et non seulement 250. Et là, c'est sûr Bordeaux serait au "top one" des villes croupières !
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samedi 16 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
samedi 16 décembre 2006 à 22:47 dans Journal
Multiple est la vie, unique est la mort. « Unique » a deux sens contraires : qui est particulière à chacun, qui est «une », la même pour tous, et ces deux sens sont également vrais.
J’ai déjà parlé dans ce blog (4ème billet de juillet) des deux chats Wifi et Wanadoo qui coulent, je j'espère, des jours tranquilles dans leurs familles d'accueil. N’habitent présentement à mon domicile que leurs parents âgés Gallimard et Shalimar. Galli va bien, merci de vous en préoccuper. Il a mis son épaisse fourrure d’hiver et il est à l’instant entrain de la lustrer dans un fauteuil, à proximité de mon meilleur radiateur. Galli s’il le pouvait acheterait du cachemire, ferait la semaine de quatre heures, et n’accepterait à la saison de la chasse que du faisan en terrine. Malgré ses origines pure gouttière, Galli, sans état d'âme, appartient à ce qu'on appelle en Allemagne "la fraction Toscane" de la gauche féline.
Shali est plus austère, mince, noir et élégant. Il n’a jamais vécu très en accord avec son nom, qui évoque l’Orient, Guerlain et le sillage d’une femme en robe du soir. Les yeux exorbités comme Kafka dans ses toutes dernières photos, épuisé comme lui, cherchant à se lever sans le pouvoir, il cherche l’air à côté de moi. En fin d’après-midi après l’avoir cherché un long moment, je l’ai sorti de sous un meuble où il était allé se cacher et je l’ai amené sur le tapis où il aime bien dormir. Il y reste, par égard pour moi, mais ce n’est pas l’habitude des chats de mourir en compagnie.
Nous avons tous les moyens de vaincre la douleur, déjà beaucoup moins de contrer la fatigue (la grande fatigue, celle qui empêche de tenir son rasoir ou qui fait reposer l’aspirateur avant de l’avoir mis en marche..), nous n’en avons presque pas du tout pour la difficulté à respirer. La cortisone a amené une brève cédation, mon attirail est prêt pour des thérapeutiques plus lourdes.
Comme Shali, j’attends. J ‘écris deux lignes, je vais vers lui, je reviens à l’ordi. Je repars lui gratter la tête et caresser son poil noir, qui n’est déjà plus si doux, un peu gras comme un poil que la langue ne peut plus lustrer. Il y a chez les chats aussi des degrés, des signes dans l’avant mort et ce sont toujours les mêmes.
On aura compris que je parle un peu de Shalimar comme Raimu parle de Pomponette dans "La femme du boulanger". Bien sûr, que c’est de la politique ! Cela devrait même être sa mesure permanente. Cela nous épargnerait bien des farces. A commencer par celle dont je voulais parler en rentrant ce soir : le numéro spécial du Point "Que faut-il attendre d'Alain Juppé". Ou encore celui de Match "Sarkozy, un destin en marche". Même objectivité journalistique, même équité démocratique, même farce dont nous sommmes les dindons.
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jeudi 14 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
jeudi 14 décembre 2006 à 10:59 dans L'invité du blog
Christophe ne m'en voudra pas : j'installe son commentaire au billet 33 "citoyenneté active" dans cette rubrique "l'invité du blog" de peur que la fuite des jours aidant, il passe inaperçu.
Il pose avec gaieté des questions graves. Manière aussi de prolonger un débat bien engagé dans ces dernières semaines où l'on peut encore inciter à s'inscrire sur les listes électorales (date limite : 31 decembre !) Lire la suite
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mardi 12 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mardi 12 décembre 2006 à 23:23 dans Journal
Cet après-midi, autour de Gerard, Janine, Odile... inlassables animateurs du Réseau Education Sans Frontière (RESF), parrainage républicain sur le parvis des droits de l'homme, à deux pas de la mairie de Bordeaux. Grand concours de media, grâce à Josiane Balasko, qui nous a fait l'amitié de se déplacer pour "marrainer" Karim, dont Matthieu Rouveyre a été le parrain.
Mes deux filleules à moi, Anna et Maria, 16 et 11 ans sont deux jeunes Bulgares appartenant à la minorité turcophone du pays. Elles s'expriment parfaitement en français et sont scolarisées à Bordeaux depuis 2001. Leur Maman est seule pour les élever. Toutes les trois ont reçu en octobre un avis de reconduction à la frontière, ce qui veut dire pour ces toutes jeunes filles la rupture avec leurs amis et camarades de classe, l'interruption de leurs études et, on ne peut l'exclure, un mariage forcé avec quelqu'un dont elles ne connaissent même plus très bien la langue (pour la plus jeune en tout cas).
Je n'ai pas envie d'en parler davantage, car je déteste le "pathos" et tout ce qui y ressemble. J'ai maintenant cinq filleules et j'espère aider à ce que leur vie ne soit pas gâchée. Mes valeurs sont simples, je les ai dites souvent ici: nous n'avons qu'une seule vie, une chacun, donnons-nous (à nous mêmes et entre nous) les moyens d'en faire le moins mal.
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Par Michèle Delaunay,
mardi 12 décembre 2006 à 13:28 dans Journal
J'évoquais dans le billet précédent un protocole de gauche et un protocole de droite. Je découvre qu'il y a aussi des calculatrices de droite (optimistes) et des calculatrices de gauche (franchement maussades).
Ces deux modèles sont en concurrence à l'Institut de l'entreprise (IDEP) qui évalue le coût des projets législatifs. Celui de l'UMP 47,3 milliards d'euros, celui du PS 57,22 milliards. Jusque-là on peut simplement penser que nous sommes plus ambitieux.
L'affaire se complique un peu quand on examine le coût de deux projets similaires, en l'occurence le service civique de 6 mois. Cinq cent millions d'euros quand il est de droite, 3,1 milliards d'euros quand il est de gauche ! Six fois plus, et pourtant dans les deux cas ce sont bien des euros !
Je n'avais pas tout à fait tort quand je m'interrogeais sur le sens où tournent les aiguilles des horloges pour notre municipalité UMP et pour nous ! (cf billet 22 de novembre)
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dimanche 10 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 10 décembre 2006 à 16:24 dans Journal
Le principe de ce blog, un tantinet politique sur les bords, n'est pas de rendre systématiquement hommage à la majorité municipale. Je le fais cependant volontiers quand elle atteint à l'excellence, ce qui fut le cas lors de la visite ministérielle au collège du Grand Parc.
Il faut dire qu'elle était représentée, en plus d'Alain Juppé lui-même, par deux de ses membres éminents, dont le récent lauréat du prix Jean Valleix : mon copain d'internat en médecine Jean-Marc Gaüzère.
Quelques esprits chagrins, mal informés ou retardés ne connaissent pas encore le prix Jean Valleix : il est décerné par la majorité municipale elle-même à celui qui, dans l'année, a montré le plus d'empressement et de talent à figurer aux côtés du maire (ou de toute autre grande personnalité) au milieu du champ des caméras et des objectifs photographiques. Ceci, bien sûr, en hommage à l'enseignement et à l'exemple de Jean Valleix.
Mon copain Gaü, comme nous l'appelions dans notre jeune temps commun, a exprimé ce jeudi tout son talent, quasi de manière permanente à la droite du maire, qui d'ailleurs le prenait par le bras dans les rares instants où il semblait s'en désolidariser. J'ai dû à un moment, m'autorisant de notre longue camaraderie d'étudiant, lui faire remarquer que ma carrure, ni ma taille ne pouvaient rivaliser avec les siennes, mais que représentant Philippe Madrelle dans cette manifestation, je me devais de n'être pas systématiquement reléguée en fin de peloton. Nous avons des relations cordiales : j'ai pu tenter quelques brèves intrusions entre la rangée d'épaules municipales ! Non sans effort, mais enfin, j'y suis parvenue !
Je ne sais si notre députée Chantal Bourragué a précédemment obtenu le prix Jean Valleix. Elle a longuement travaillé dans son sillage et a pris sa succession au Palais Bourbon. En ce qui concerne l'objet du prix, l'élève dépasse aujourd'hui le maître, et si par mégarde elle n'avait pas été jusque-là couronnée, ce serait pure injustice. Je ne le crois pas possible.
Contrairement à Jean Marc, Madame Bourragué n'a laissé strictement aucun interstice entre l'épaule droite de Gilles de Robien et l'épaule gauche d'Alain Juppé. Une très grande professionnelle. Un instant, j'ai voulu lui faire remarquer que le protocole, que je connais malheureusement assez bien, voulait que le Président du Conseil Général, dans un collège, soit puissance invitante, elle a eu ce mot superbe: "Mais vous êtes de l'opposition !". Il y a à Bordeaux, ville qui n'a pas connu l'alternance depuis 60 ans, un protocole de droite et un protocole de gauche, le premier réduisant le second au second plan justement !
Mon hommage à Jean Marc ne s'arrête pas là : du temps où Gilles Savary était le président de notre groupe municipal PS, nous décernions quant à nous un prix "brosse à reluire", distinguant celui qui dans l'année, et particulièrement au moment de la présentation du budget, rendait l'hommage le plus soutenu, en béton Bouygues authentique, au maire et à son action. Jean Marc obtint aussi ce prix, succédant en cela à Michel Duchène.
Tout cela pour avouer, que lors de cette visite, je me suis essayée à la compétition. A peine ai-je mérité un accessit, mais enfin, je progresse. Les photos prises par un jeune collégien de Clisthène lors de la conférence de presse en témoignent. J'aurais dû, en tant que représentante de Philippe Madrelle, être assise à la table ; ça, faut pas quand même trop demander.. Je le répète, dans une ville qui n'a pas connu l'alternance depuis plus d'un demi-siècle, on réécrit le protocole comme on a réécrit L'esprit des lois, à l'occasion des municipales anticipées.
Beaucoup de choses sont fondamentalement insignifiantes, ce qui ne veut pas dire qu'elles n'ont pas un sens. Celui de cette histoire ne vous échappera pas.
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samedi 9 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
samedi 9 décembre 2006 à 00:15 dans Journal
Multiple est la vie. Hier matin au congrès de psycho-onco, hier après-midi recevant au Grand Parc le ministre Gilles de Robien, aujourd’hui et demain aux Journées Dermatologiques de Paris . Multiple, la vie et la hiérarchie des intérêts et des importances. Ici le héros est un ministre, ici c’est un scientifique, ici encore un psychologue ou une aide-soignante. Sur la plage d’Hossegor, c’est un champion surfer et sur le terrain de footbal, c’est Zidane.
Hier donc, visite ministérielle dans « mes » collèges. Preuve sans conteste que Gilles de Robien lit assidûment mon blog. Je n’avais pas si tôt évoqué (billet 15 du mois de novembre) la qualité de l’enseignement au collège du Grand Parc qu’il n’a eu de cesse de venir le visiter ! Nous nous en sommes tous réjouis : quelques jours plus tôt en effet nous avions décidé au conseil d’administration de ce collège de mettre sur pied un groupe communication pour mieux le faire connaître et y soutenir la mixité scolaire. Voilà au moins un début de réalisation !
Hors cela, cette visite au galop a été prototypique de ce que peut être la comédie, non pas du pouvoir, mais de l’apparence du pouvoir. Jeu de coudes vigoureux pour être aux côtés du ministre, c’est à dire au milieu du champ des caméras. Jeu de coudes non moins vigoureux pour m’en écarter (« Vous êtes de l’opposition ! ») . Après la visite, nous avons bavardé, plaisanté, je dirais presque joué, avec les collégiens, heureux et détendus. J’en ai rapporté quelques photographies très gaies que je verse dans l’album de ce blog.
Changement complet de décor aujourd’hui. Quatre mille congressistes, majoritairement européens, pour les Journées Dermatologiques de Paris, vieille institution qui a su évoluer avec la dermatologie elle-même qui est aujourd’hui une spécialité étendue de la recherche cosmétologique jusqu’à la cancérologie pure et dure qui est mon domaine.
Ce bref billet, écrit l’ordinateur ouvert sur mes genoux (comme souvent), fait le lien entre ces mondes différents. J’aime cette écriture nomade, dans les interstices de la vie. Virginia Woolf disait « l’important ce ne sont pas les pavés, mais l’herbe qui pousse entre eux » . Trois mots, trois phrases entre des morceaux de vie.
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jeudi 7 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
jeudi 7 décembre 2006 à 13:38 dans Journal
Cette question, façon philosophe post-moderne, vient d'introduire le congrès de psycho-oncologie, ce matin à Arcachon. Enorme congrès de près d'un millier de participants, réunissant oncologues (cancérologues), psychiatres et psychologues travaillant en milieu cancérologique et personnalités du monde des sciences humaines. Atmosphère profondément réfléchie, en accord avec la gravité du sujet et sa dimension multiple.
J'avais eu la veille un long entretien avec l'épouse d'un malade. Appelons-la Florence. Je venais de lui donner de mauvaises nouvelles et elle me faisait partager son vécu des retours de chimio de son mari, des attentes de scanner, de la crainte de signes nouveaux... Ce chemin, plus difficile que tout autre, de ces héros de notre temps que sont les malades graves. Elle m'a dit "je ne sais pas si je fais bien, je n'étais pas préparée". Réflexion simple et profonde qui situe toute la thématique du congrès. Non seulement "qui est le proche ?" mais aussi "comment l'aider dans son rôle d'aidant ?".
Qui est le proche ? On emploie de plus en plus souvent le terme de "personne de confiance". Celle à qui on pourra parler, celle surtout à qui le malade souhaite que l'on parle, celle qui l'accompagne dans cette épreuve entre les épreuves qu'est la maladie grave. Les familles, c'est un poncif bien connu, ont évolué en quelques décennies plus qu'en plusieurs siècles (9% de divorces en 1965, 40% en 2005 ; ce n'est qu'un chiffre parmi beaucoup). Quatorze pour cent des français vivent seuls dont 5 millions de femmes de plus de 55 ans. Or cette tranche d'âge est celle de la plupart des cancers.
Ce proche quelquefois absent, est aussi bien souvent en difficulté, ne serait ce que matérielle, rendant son rôle d'aidant bien difficile. Et puis, il y a toutes les formes de vulnérabilité, ces "proches" qui le sont un moment et qui se détournent de la maladie, ces proches qui ne l'étaient pas et qu'une rencontre, une conversation, un moment de confiance, un geste, font découvrir ou reconnaitre comme proches.
L'importance de la question est évidente, et deux jours de congrès ne seront sans doute pas assez pour essayer d'en cerner la complexité et surtout d'améliorer cette aide aux aidants qui est aussi un des objets de la médecine, même s'il n'est identifié sous cette forme que depuis peu. Nous sommes ou serons tous les proches d'un être cher ou vulnérable. Un million de Français vivent, à l'instant où j'écris, en compagnie d'un cancer.
J'utilise le mot "compagnie" à dessein. Cette compagnie envahissante, souvent obsédante -une malade dit "ce colocataire permanent"- qui change la face du monde, le sens du calendrier, qui fait quelquefois que la moindre date, la moindre échéance, prennent une dimension de violence ("où serai-je, où en serai-je aux prochaines élections, à Pâques, aux vacances ?")
Je reviens au congrès. J'y étais ce matin avec une double casquette et je me réjouis de toutes les occasions qui me permettent de faire le lien entre ma profession d'élue et ma profession médicale, entre la vie que l'on qualifie de "publique", et ce privé entre les privés qui est le soin individuel que l'on porte à un patient. Le Conseil Général, hors de ses "compétences" (c'est à dire de ses obligations légales) a choisi de s'investir dans le domaine de la santé. Je n'y suis pas tout à fait étrangère et c'est une de mes fiertés.
J'ai donc ouvert ce congrès au nom de Philippe Madrelle que je représentais. La phrase est un peu bête en tant que telle mais quelquefois la présence des pouvoirs publics a une signification réelle. Nous soutenons financièrement cette manifestation mais plus encore nous rendons ainsi hommage à ceux qui oeuvrent dans ce domaine. Et c'est ce que j'ai exprimé, devant un amphithéatre bondé à la Présidente de la Société française de psycho-oncologie, Mme le dr Pelicier et au dr Jean Marie Dilhuidy, collègue de l'institut Bergonié, qui a eu l'initiative de la tenue en Gironde et la charge de cette grande réunion de savoir et de sollicitude.
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mardi 5 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
mardi 5 décembre 2006 à 22:28 dans Journal
Journées de haute intensité médicale, trouées, cet après-midi de deux heures de tractage citoyen, avec les jeunes du MJS.
Un homme politique m'a dit, à mes débuts dans le domaine, "la politique tanne le cuir". La cancérologie n'est pas en reste. Elle ne tanne pas le cuir, mais elle le fait d'une qualité toute particulière, indifférente à beaucoup de ce qui n'est pas essentiel et elle a sans doute fait de moi, plus que nature et contrairement parfois aux apparences, un(e) ours(e) solitaire et bougon(ne), qui s'interroge plus qu'elle ne se répond...
Rien à voir avec nos deux heures, cet après-midi, avec Etienne, Cedric, Nora, Jerome... Nous engagions, chacun à notre manière très différente, conversation ou bref échange avec nos interlocuteurs d'un instant. Les jeunes plus directs, moi plus "Bon Chic, Bonne Gauche" : " Bonsoir, êtes-vous incrit sur les listes électorales ??" . Notre propos était en effet d'inciter à s'inscrire et à voter, bref nous voulions donner envie de cette "citoyenneté active" dont je rabats les oreilles à tout ce qui bouge autour de moi !
Nous allons voter quatre fois cette année, et deux autres l'année prochaine. Tournant décisif pour le pays où il n'est pas moins décisif que chacun se sente concerné. Si je peux formuler un voeu dans ce bref billet : que chacun s'employe à diriger d'un mot et d'un geste amical et convaincant tous les électeurs rétifs en direction de leur mairie, et ceci avant le 31 décembre !
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dimanche 3 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
dimanche 3 décembre 2006 à 17:09 dans Journal
Rendez-vous huitres et amitié, ce matin au Colbert, comme chaque premier dimanche. Nous avons incité jeunes gens et nouveaux arrivants à s'inscrire sur les listes électorales pour cette année décisive. Le soleil, encourageant en début de matinée, nous a quitté avant même l'arrivée "sur le terrain". La pluie n'a pas tardé, et comme on voit sur les photos du jour (ci-contre), elle ne nous a pas découragé. Les socialistes savent se mouiller quand les circonstances le demandent !
....
J'ajoute un mot, deux heures plus tard, à ce billet. Maintenant je suis "au sec", dans le silence, lisant, étudiant pourrais-je même dire, un livre très remarquable de Paulette Guinchard Kunstler ("Mieux vivre la vieillesse") dont je rendrai compte dans le blog. Ces moments de calme absolu, me sont comptés, je ne les apprécie que davantage. "L'étude", je l'ai dit souvent, me parait toujours comme un privilège. Apprendre, travailler sans effort dans "un endroit propre et bien éclairé" *, se poser à défaut de se reposer, être au centre du monde par la seule conscience que l'on a du monde autour de soi, sont pour moi l'essentiel de ce qui fait le prix de la vie et de ce qu'on appelait autrefois (Montaigne, je crois) "le propre de l'homme"**. Moment très heureux donc, que je souhaite à tous en ce soir de dimanche de novembre , et dont je voudrais qu'il soit possible à tous également.
- c'est le titre d'une nouvelle d'Hemingway, très simple et que j'aime particulièrement pour cela
** je crois que la citation est "parce que ris est le propre de l'homme" mais je n'en suis pas sûre. Je ne vérifie jamais ce que je cite pour ne pas en brider la spontanéité. La "culture", mot qu'il ne faut pas hésiter à brutaliser, c'est ce qu'on en fait en soi même. Quand j'étais lycéenne, j'avais des notes incroyables en histoire et en français parce que je remplissais mes "devoirs" et mes "compositions" de citations de mon cru dont j'attribuais la paternité (à l'occasion la maternité) à des auteurs prolixes dont personne ne pouvait connaitre l'absolue complétude de l'oeuvre. Qui peut savoir ce qu'a dit Edouard Herriot en son temps sur la vie économique lyonnaise (ça c'était pour la composition de géo) ou jonathan Swift sur la vie des petits Irlandais de douze à 14 ans ?? N'allez-pas cafarder posteriori. Faute avouée...
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samedi 2 décembre 2006
Par Michèle Delaunay,
samedi 2 décembre 2006 à 17:17 dans Journal
Le blog a cinq mois. Le "baby-blog" de juillet-aout, dont les archives sont toujours consultables, va son chemin, "clavard" à loisir et, pour moi en tout cas, à plaisir. Beaucoup de commentaires me ravissent, et sans doute ne suis-je pas la seule, parce qu'ils en éveillent d'autres, que cette balle dont Blaise Pascal parlait, que l'on se lance en lui impliquant chaque fois une force ou une direction un peu différente, va sa course d'un bon train. Ainsi désignait-il les idées et cet art plus profond qu'il n'y parait qu'est la conversation et que nous avons décidé d'appeler ici "clavardage".
J'ai eu à l'occasion des billets précédents un plaisir particulier à tous les commentaires, sérieux ou légers, sur l'usage de la langue. Hier, un hommage à Alain Rey, coupable soit disant, de n'être plus assez jeune et interdit d'antenne pour cela. Sans doute n'est-ce qu'une vérité partielle et j'incite à "faire remonter" notre désir de voir sa chronique se prolonger sur France-inter. Cela aussi relève de la "socio-responsabilité" des citoyens.
M'attriste un peu dans le blog son "éphémérité". Le mot n'est pas tout à fait justement construit : le suffixe -ité indique un état durable (féminité, judéité... ) au contraire de ce qu'exprime "éphémère" ; mais c'est une fausse contradiction : la condition de l'homme n'est-elle pas durablement, éternellement, d'être éphémère ?
J'ai indiqué dans un billet de juillet que j'avais pensé prendre ces trois initiales fmr pour titrer et signer le blog ; ceci par analogie avec nrf et on a remarqué que les couleurs du blog étaient celles de la collection blanche de Gallimard et de cette "nrf" qui a si fort compté dans la vie culturelle française. Curieusement, un commentateur de bref passage a signé un jour FMR..
"Ephémérité" disais-je. Le blog est écrit et consulté au jour le jour. Trois pages sont vues en moyenne par lecteur à chaque visite (j'ai accès à des statistiques de fréquentation). Mais l'éphémérité qui me peine, c'est la venue de commentateurs qui disparaissent ensuite, alors que leurs paroles devenaient un des éléments constitutifs du blog. Madeleine, si fine et si sensible, Dantes, Frederic, d'autres, se sont évanouis dans la liquidité pâle qui constitue l'apparente matière de mon écran.
Ces petits mots que je dépose en douce, entre deux activités réputées plus sérieuses ou, plus souvent, au bas d'une journée, constituent pour moi comme un rendez-vous furtif, un petit morceau de temps volé, une connivence avec des amis, connus ou inconnus, pas toujours amis d'ailleurs, mais disposés à échanger et à discuter. Je dis souvent que mes idées ne m'intéressent pas trop, parce que justement je les connais, quelquefois de longue date, mais en trouver d'autres, venues d'ailleurs, déposées avec la même liberté sur cet écran qui nous devient commun, oui c'est un vrai grand plaisir.
Voilà, le soir approche, j'avais juste envie de clavarder dans le silence.
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Par Michèle Delaunay,
samedi 2 décembre 2006 à 12:59 dans Notes de lecture
L'intérêt des lecteurs du blog pour la pluralité linguistique (voir les commentaires du billet 21 de novembre "clavardage") m'incite à un hommage à Claude Hagège, éminent linguiste, défenseur de la diversité linguistique et de l'enseignement précoce des langues.
Ici, une note de lecture consécutive à l'édition en collection de poche de "l'enfant aux deux langues" Lire la suite
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