Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 8 janvier 2008

Un Grenelle génétiquement modifié

Quatre-vingt-six pour cent des Français souhaitent un moratoire sur les OGM. Le gouvernement, si prompt à saisir le moindre fait divers et à coller à la roue de l'opinion, a-t-il manqué cette information? ?

Ce moratoire peut être décidé et mis en oeuvre en appliquant la clause de sauvegarde européenne. Il ne concernera que le maïs Monsanto 810, seul autorisé à la culture. La clause de sauvegarde permet à un pays européenn d'interdire un organisme génétiquement modifié autorisé au plan communautaire, en justifiant cette mesure par un dossier scientifique étayé.

L'engagement de saisir ainsi l’Union Européenne est inscrit en toutes lettres dans les conclusions du Grenelle de l'environnement et a été confirmé devant l'Assemblée par le ministre Jean Louis Borloo.

Voir : http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/IMG/pdf/Fiche_7.pdf

Depuis, le Gouvernement a reculé en ne mettant en place qu'un arrêt de la vente des semences jusqu'au 6 février. En un mot : on pourra recommencer à vendre juste à temps pour commencer à semer !

Premier test de sincérité pour le Grenelle de l'environnement : il est malheureusement négatif . José Bové, comme nous tous, a cru en la parole donnée et sa démarche actuelle mérite d'être soutenue et relayée.

J'ai d'ores et déjà, en tant qu'élue et médecin hospitalo-universitaire, signé l'Appel pour la liberté et le droit de consommer et de produire sans OGM (www.stop-ogm.org ) .

dimanche 6 janvier 2008

Berlin

Un mot de Berlin où j'ai fait une courte virée autour du premier de l'an. Une certitude tout d'abord : les Berlinois ont eu beaucoup de malheur dans le siècle passé, mais ils ont eu une grande chance. Ne pas avoir Alain Juppé pour maire au moment de la réunification.

Berlin s'est une nouvelle fois reconstruite : des hectares entiers laissés vides, en particulier autour du terrible mur bâti en août 61, ne demandaient qu'à renaître et à exprimer l'avenir de la ville redevenue capitale. Innovations architecturales et immeubles solides se côtoient de manière assez équilibrée. Sous AJ , les Berlinois auraient risqué ce beau bric-à-brac de petits immeubles disparates qui fait du site exceptionnel de la rive droite de la Garonne une cité jardin digne des bords de la Midouze vers 1960.

(Pour ceux qui l'auraient oublié, la Midouze est le fleuve homérique, célébré dès la mythologie, qui traverse Mont-de-Marsan...)

Berlin donc. J'y suis allée beaucoup avant, peu avant, la chute du mur et maintenant. L'histoire, si formidablement présente à chaque coin de rue, donne l'impression de vouloir être effacée. Les plans ne portent plus ce fin pointillé qui indiquait l'emplacement du mur. Un seul mirador persiste, devenu mini-musée. Le "check-point charlie" est entouré de riants commerces..

Autre trace d'histoire, plus pregnante encore : la guerre et ses bombardements. Les restes, extraordinairement signifiants, de la "Kaiser-Wilhelm-Gedächtnis-Kirche", une haute dent creuse qui correspondait au clocher de l'église bombardée, étaient situés en secteur ouest, et je me souviens que lors de ma première visite, dans les années soixante, avec les "Jeunesses Européennes Fédéralistes" , ce monument nu, tragique, où le moindre nuage paraissait devoir se déchirer en lambeaux, m'avait grandement impressionnée. "La dent creuse" est toujours là, et une pancarte fait appel à souscription pour la réhabiliter. Mais elle est incluse dans un entourage si vivant (une place commerçante garnie de sapins de noël) que, ce jour-là au moins, la paix semblait s'être faite autour d'elle.

La différence d'atmosphère entre Berlin Ouest et Est demeure pourtant perceptible. Autour de "l'Ile aux musées", qui était située à l'est, des petits étals de pauvres marchandises venues de la Pologne toute proche racontent une histoire toute différente que les boutiques opulentes du Kurfürstendamm. Ce n'est plus bien sûr cette odeur de tourbe, utilisée alors pour le chauffage, ce maigre éclairage, ce silence qui m'avaient frappée lors de ma première visite à l'âge de 15 ans, juste une idée, une sorte de parfum discret d'une "civilisation" déjà lointaine...

jeudi 3 janvier 2008

1,1% : qui dit moins ?

Je viens de pondre une question écrite au gouvernement pour m'éffarer de la distance entre les promesses du candidat Sarkozy et la réalité en matière de petites retraites.

Au passage, les questions écrites sont des exercices, très formels dans leur présentation et leur rédaction, qui permettent aux députés d'interpeller les ministres responsables sur les sujets qui les touchent. Ils obtiennent une réponse... au bout d'un certain temps. Ce certain temps est plutôt long car aucune de la vingtaine de questions que j'ai rédigées n'ont encore reçu la moindre levée de sourcil. Pour ceux que le sujet intéresse, les questions écrites déjà publiées au journal officiel se trouvent sur le site de l'Assemblée.

Revenons-en à nos retraites : 1,1% d'augmentation en 2008 ! Moins que l'inflation, ce qui signifie une aggravation du pouvoir d'achat (on devrait dire de "l'impuissance d'achat") de la grande majorité des retraités.

Et encore cette pseudo-augmentation a t-elle été repoussée en 2008. Dès l'arrivée aux responsabilités de Nicolas Sarkozy, nous avons voté d'urgence le paquet fiscal et adressé aussitôt les chèques correspondants au personnes ayant plus gros patrimoines de notre pays. Ceux-ci ne pouvaient pas attendre. Les retraités, oui.

Le candidat Sarkozy avait promis une revalorisation du minimum vieillesse, et une augmentation significative du pouvoir d'achat pour ceux qui touchent une pension de retraite ou une pension de reversion.

Au lieu de cela : cette augmentation inférieure à la hausse des prix, qui est par ailleurs grevée par la mise en oeuvres des franchises médicales, lesquelles touchent particulièrement les personnes âgées ayant besoin de soins et de médicaments.

1,1% : pour une petite retraite, de quoi s'acheter une pantoufle. Pas la paire.

mardi 1 janvier 2008

Une très belle, grande et forte année 2008 !

Je ne sais si nous avons quelque prise sur le destin, mais chaque année, du fond du coeur, nous tentons l'entreprise ! J'adore faire des voeux, écrire des cartes, donner signe, dire "je pense à vous", en un mot, y croire une fois de plus.

Il y a en tout cas une part où nos voeux sont utiles : l'essentiel de nos joies et de nos ennuis vient des autres. "L'enfer, c'est les autres", mais quelquefois aussi le paradis, du moins des morceaux de paradis, et c'est le puzzle qu'on fait avec tous ces morceaux qui est vraiment le paradis. Mais ça, on ne l'explique jamais.

Aujourd'hui, je fais des voeux très simples, pour cette part qui vient de nous et sur laquelle nous pouvons quelque chose. Non, je ne vais pas vous faire le coup de Ségolène (qui, elle-même le tenait de quelqu'un d'autre) : "Aimez-vous les uns les autres !" . Mais seulement : "mettez-vous à la place les uns des autres", ça ira déjà mieux.

"Parce que la politique c'est d'abord se connaître, se comprendre et construire ensemble", alors je souhaite à tous les amis du blog beaucoup de bonne politique, et aux Bordelais la chance de construire quelque chose de beau et de nouveau !

lundi 31 décembre 2007

Voeux présidentiels

Finalement, je ne résiste pas... Je ne voulais pas commenter les voeux de Nicolas Sarkozy pour ne pas finir l'année en étant moi aussi le gogo, qui commente, qui suit, et qui en fin de compte obéit.

Pourtant. J'ai vu cette intervention de Berlin, sur France 24 où elle était présentée comme une manifestation de la "rupture", d'un nouveau style, plus proche des Français, plus spontané au motif que la diffusion se faisait en direct. Ce qui nous fait une belle jambe, si j'ose dire, et qui ne change quelque chose que pour Sarkozy lui-même, obligé à une concentration très grande pour lire son texte sur son "prompter". Ce qu'il a très bien fait, nul ne contestera à NS de mettre tout son art à bien maîtriser les médias.

Deux parties dans l'intervention. L'une, compassée et compassionnelle à souhait : s'adresser à tous les Français, ceux qui préparent la fête, ceux qui travaillent pour les autres ce soir, ceux qui sont seuls.. Rien d'autre que ce que nous avons entendu de tous les chefs d'Etat dans tous les pays du monde. J'attendais, puisqu'on nous avait annoncé une "rupture" qu'il parle de ceux qui le regardait en prison, de ceux qui ne regardaient pas parce qu'ils étaient dans la rue, des paumés de chez paumé, des extra-pauvres, des épuisés ... Non, comme tous les chefs d'Etat dans tous les pays , il s'en est tenu aux isolés et aux affligés "ordinaires". Qu'on ne se méprenne pas sur cet "ordinaire", je connais la mesure de cet isolement-là et de cette affliction-là. Seulement, il n'a pas transgressé les limites décentes du malheur.

Deuxième partie : un discours de candidat. Un bon discours, plein de promesses non-concrètes, d'injonctions à croire, d'explications sur la méthode, le sens, la direction... Et aussi de mise en évidence de sa personne et de son rôle si, par chance, on venait à l'élire : je ferai, je dirai, je ne tromperai pas, je ne trahirai pas... Je, Je, Je.

Normal, c'était ses voeux. Normal, et pourtant, il manquait ce parfum de rupture dont il veut (dont il a voulu serait plus juste) être porteur. Le discours était peut-être "en direct" mais il était formidablement convenu.

Au pouvoir, aurions-nous fait mieux ? J'ai cette faiblesse de toujours m'interroger là-dessus, mais de ne pas savoir toujours me répondre. Ici, pourtant, il me semble ... La matière en tout cas ne manque pas.

dimanche 30 décembre 2007

Helmut Schmidt, le Rhin, la paille ou la poutre dans l'oeil des médias

Pour prolonger le débat bien entamé à la suite des billets précédents, j'essaye d'extraire de ma mémoire une histoire qui m'a fait beaucoup rire, il y a quelque 25 ans...

Nous sommes en pleine crise pétrolière. L'Allemagne déplore le nombre élevé de ses chômeurs, la panne de la croissance, le pouvoir d'achat qui flanche... Vous voyez facilement le tableau. Le chancelier socialiste Helmut Schmidt (1974-82) veut marquer fortement l'opinion, et peut-être -qui sait ?- la détourner un peu de ses difficultés quotidiennes. Je pense que vous voyez toujours facilement...

Il convoque la presse au bord du Rhin, dans la capitale d'alors, Bonn. Les médias sont rassemblés, un peu surpris de cette convocation inopinée et inexpliquée. Rang de ministres le long de la rive. Helmut Schmidt arrive, donne quelques poignées de mains et, sans autre forme de procès, s'engage et marche sur les eaux. Arrivé au milieu du grand fleuve, le Rhin est large et majestueux à Bonn, il rebrousse chemin (si l'on peut dire), reprend sa marche sur les eaux et rejoint la rive.

Quelques poignées de mains encore, il remonte sans mot dire dans une Mercèdes noire ; le vice-chancelier Genscher s'engage dans sa roue, suivi des ministres, laissant le public médusé sur la rive, et les médias en proie aux affres de leurs engagements journalistique ...

Titres le lendemain dans la presse allemande :

Frankfurter Allgemeine (= "le Figaro") : "Crise en Allemagne : comme d'habitude, le Chancelier évite de se mouiller". On imagine la suite des commentaires : pas un mot des vrais problèmes, le Rhin ne résume pas à lui seul l'ampleur des difficultés du pays...

Bild (= "Match", mâtiné de "Gala") : Helmut Schmidt à deux doigts de se noyer. Sa femme et sa fille en pleurs". Photo des deux dames, prise à l'enterrement d'une tante éloignée, le tout sous un titre sur cinq colonnes "Bonn : le drame !".

Stuttgarter Zeitung (mi-chêvre, mi-chou, comme qui dirait Bayrouïste d'outre-Rhin) : "Schmidt marche sur le Rhin, mais fait demi-tour à mi-chemin !". Commentaire : oui, c'est pas mal, on n'a pas vu ça depuis longtemps, mais quand même, c'est bien du Schmidt de ne pas finir l'ouvrage et de s'arrêter en cours de route....

Passauer Neue Presse (="La Croix", en beaucoup plus vaticaniste, pardon pour "La Croix") : "Les eaux du Rhin s'ouvrent devant Schmidt !"

Frankfurter Rundschau (de gauche, pour contrebalancer l'autre Frankfurter) : "Schmidt : c'est possible !__". Commentaires : la volonté du chancelier a triomphé des prévisions pessimistes. On croyait l'Allemagne proche de sombrer. Le chancelier démontre au contraire sa capacité à garder la tête hors de l'eau...

Si il y avait une vraie presse d'opposition en France, je vous aurais raconté l'histoire version Sarko marchant sur le Nil...

samedi 29 décembre 2007

OpinionFabric

Je lis avec un intérêt particulier un chapitre du livre de Ségolène Royal "Ma plus belle histoire, c'est vous". Le titre n'est pas mon favori, remake tronqué d'une merveilleuse chanson de Barbara "Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous" que j'ai encore dans l'oreille rien qu'à écrire ces mots. Mais le livre lui-même est intéressant.

Le chapitre en question a trait aux sondages, à leurs questions inductrices de réponses, mais aussi à de nouvelles agences qui ne s'adressent plus à "un panel représentatif" mais à des interlocuteurs recrutés, payés et disponibles pour ce qu'on attend d'eux. C'est le cas d'une agence "OpinionWay", largement mise à contribution pendant la campagne présidentielle et depuis lors.

Replaçons-nous au moment du débat d'entre deux tours entre Ségolène et Sarkozy. Les jeux étaient pratiquement faits, l'enjeu était pourtant de montrer la capacité de la candidate, et la réalité de ce qu'elle portait. Je l'ai écouté, avec un certain nombre sans doute des lecteurs de ce blog, à la salle Son Tay, où Jacques Respaud avait eu la bonne idée de réunir les militants et sympathisants socialistes qui avaient plaisir à se retrouver et à discuter ensuite.

Le débat a été incontestablement à l'avantage de SR, malgré une colère un peu longue qui l'a désservie. Des sympathisants de droite m'ont dit simplement qu'ils l'avaient trouvée bonne et que Sarkozy avait à plusieurs reprises été mené, voire décontenancé.

Surprise le lendemain : un sondage d'OpinionWay, envoyé aux médias dans la nuit, proclamait NS plus convaincant sur tous les sujets essentiels, ne laissant à Ségolène que quelques bribes sur les sujets "de proximité" ou "de société". Rien de commun avec ce que nous avions écouté.

Gros titres des journaux, annonces des radios et télé, les uns et les autres embrayant, les chiffres publiés à dessein dans la nuit. Le but était atteint : le public était dérouté, les téléspectateurs de droite se reprenaient et pensaient qu'ils avaient eu tort de douter; ceux de gauche se mettaient à douter : eh, oui, finalement, elle a eu des moments faibles...

Tout ce chapitre est d'une grande justesse. Personne n'a intenté de procès à Ségolène : il n'y a pas matière. Elle ne dit pas qu'elle a été la meilleure, elle montre que cela ne pouvait changer le résultat. Son analyse nous aide à aiguiser, et aiguiser encore notre sens critique, et chaque jour, envers notre équipe, comme envers toute autre, a avoir notre propre jugement.

Quelqu'un que je connais dirait : à rester droits dans nos bottes. Disons, dans nos ballerines ou dans nos baskets...

vendredi 28 décembre 2007

"De quoi est né le socialisme ?"

Je viens de piquer dans le blog de bordeaux-avance une longue citation de Léon Blum que je ne résiste pas à transférer ici. Cela m'est l'occasion de saluer ce blog ami que je recommande à l'attention de tous.

Voici donc la réponse de Léon Blum.

Lire la suite

Bénazir

La "féminitude", malmenée à Paris, est au contraire grandie au Pakistan. Dramatiquement grandie, mais une fois encore c'est le courage des femmes qui vient d'être porté haut. Bénazir Bhutto, dans le journal "Die Welt" évoqué dans le billet précédent, est qualifiée de "femme sans peur", comme était le chevalier Bayard ("Tod einer Furchtlosen Frau").

Il est à craindre, qu'une fois encore aussi, la religion (Al Qaida ?) ne soit pas pour rien dans ce meurtre qui bouscule le fragile équilibre du Pakistan et risque de susciter une avalanche de nouveaux drames. Pourquoi, où que ce soit, personne ne rappelle que le principe même de toute religion devrait être de protéger et de soutenir la vie ? Pourquoi ces meurtres qui disqualifient non seulement ceux qui les commettent mais leur croyance ?

Est-ce qu'il n'y aura que des femmes pour le dire et essayer de l'imposer ? Peut-être est-ce pour cela que les pays de fanatisme tiennent tant à les museler en leur couvrant la tête et la bouche et en leur interdisant l'instruction ?

Féminitude

Je parcours la presse allemande. "Die Welt", grand journal de droite confirme ma comparaison avec la cour de Louis XIV, en titrant au dessus de la photo de Sarkozy à Louxor "Le petit roi soleil" ("Der kleine Sonnenkönig").

Klein, en effet...

Une raison supplémentaire pour moi de tristesse et d'irritation : cette aventure accrédite l'image de la femme choisie parce qu'elle est belle, séduite parce qu'il est puissant et se conduit comme les riches.

Ma féminitude en est choquée.

mercredi 26 décembre 2007

Droit de travailler et de résider en France : une question individuelle, pas un problème de quotas

J'ai parrainé récemment deux jeunes adultes, tous les deux désireux de participer à notre communauté nationale et parfaitement en mesure de le faire parce qu'ils parlent français et ont tous les deux un métier qu'ils pourront exercer dès le lendemain de leur permis de séjour.

Pour tous les deux, Monsieur le Préfet de la région Aquitaine a statué défavorablement. En ces temps de fête, où l'on célèbre l'esprit d'humanité et l'esprit tout court, j'en appelle à M le Préfet pour qu'il accorde à mes deux filleuls le droit de résider et de travailler en France.

Ci-après le communiqué envoyé à la presse, à la suite de la lettre écrite au Préfet.

Merci à chacun de vous de nous aider et d'écrire au Préfet ou de lui envoyer copie de ce communiqué.

Merci de vos réactions et de votre soutien.

Lire la suite

La cour

Se rendant à sa chasse de Rambouillet ou de Cluny, le roi Louis XIV avait l'habitude de distinguer l'un ou l'autre de ses ministres en le conviant à l'accompagner. Départ en grand équipage sous les regards de la cour. La distinction suprême était pour le ministre d'être admis dans le carrosse du Prince et de résider en son château ..

Tantôt c'était Montmorency, tantôt Colbert de Serigny, tantôt Louvois, voire de plus modestes gentilhommes..

C'est aujourd'hui Kouchner, qui après avoir fait office dernière roue de carrosse de la la politique étrangère française, est admis au service de la chaise du roi , en sa villégiature égyptienne.

Autre réminicence princière : on repeint les trottoirs des rues où passera le cortège de limousines, comme autrefois Potemkine faisait construire des villages de carton-pâte sur la route de Catherine de Russie...

Cela quand le choc de société où nous vivons impose l'exemplarité et la rigueur de comportement. Incompréhensible, affligeant. L'autisme sarkozien, le mépris où il tient sa fonction, dépassent la mesure.

lundi 24 décembre 2007

Noël aux oiseaux

Bon, j'ai promis en fin du précédent billet : passer un Noël sans Sarko et vous raconter une histoire où il ne soit pour rien.

Promis, donc fait, c'est ça la politique, du moins ça devrait...

Donc : j'essaye.

Une interrogation m'a taraudée toute la soirée : pourquoi les oiseaux ne sont-ils jamais associés à l'idée, ni à l'imagerie de Noël ?

L'interrogation m'est venue alors que j'écrivais des cartes de voeux plutôt gentilles (j'aime beaucoup écrire des cartes de voeux) et que les oiseaux se pressaient autour du mini-chalet suisse qui leur sert à la fois de centre social, de resto du coeur et de forum politique. Parce qu'entre nous, ils se mettent parfois des plumées mémorables pour avoir l'avantage en face d'une nouvelle livraison de graines de tournesol.

Donc, revenons à la métaphysique et à mon interrogation de la journée : pourquoi n'y a-t-il jamais aucun oiseau dans le ciel de tous les Bethléem(s) du monde ?

Imaginons un enfant qui pose la question à ses parents...

Réponse d'adulte culturé :
- "Mais mon chéri, parce qu'il fait très chaud en Galilée et qu'il n'y a pas beaucoup d'oiseaux dans les pays chauds ..."

- "Où c'est, Papa, la Galilée ?"

Désarroi de l'adulte culturé... D'abord, il n'est pas bien sûr que ce soit au nord d'Israël, pas loin du célébre lac de Génésareth que tout le monde connait, et puis expliquer Israël, et où est ce fichu lac, à un gamin entre 8 et 12, c'est pas de la tarte...

Heureusement, le gamin sort la tête de sa game boy, et sauve la situation :
-"Est-ce que c'est là qu'elle est née Carla Bruni ?"

Ouf, non c'est pas là qu'elle née, Carla Bruni, du moins d'après ce qu'en dit Closer, voilà au moins quelque chose auquel on peut répondre. -"Mais non, mon chéri, Carla Bruni, elle est née en Italie, à Turin..."

Donc, pour l'instant nous n'avons pas d'explication. Un autre adulte avance une hypothèse, plus marquée encore au coin de la raison: - "Mais tout simplement parce que c'est la nuit qu'est né le petit Jesus, et la nuit les oiseaux, ils dorment..."

Pour nous qui sommes des grandes personnes, nous savons que la question n'appelle pas de réponses simplistes, même si elles sont raisonnables. Pourquoi l'esprit, la liberté, la paix joyeuse qu'expriment les oiseaux ne sont-ils pas associés à l'idée de Noël ? Là, est la véritable question.

A la Pentecôte, oui, il y a bien un oiseau qui est censé incarner non seulement l'esprit, mais le Saint Esprit. Mais à Noël : un âne, un boeuf, quelques rois, des bergers, tous animaux et gens sympathiques, mais d'oiseaux, point.

Et pourtant, à la veille de Noël, mes oiseaux, dans un jardin ordinaire d'une ville ordinaire, n'ont jamais été aussi joyeux (gourmands aussi, mais même ça, c'est Noël), disposés à fêter l'éternelle célébration de la lumière et de ce prodige incroyable : les ténèbres n'ont jamais tout à fait raison, et au coeur de la nuit, les jours, bon an, mal an, petit pas à petit pas, année après année, recommencent à grandir...

- "Papa..."

- "Oui, mon chéri..."

- "La Galilée, c'est pas dans coin, à la télé , où tout le monde s'envoie des bombes et personne sait vraiment pourquoi..."

La Galilée, en effet, c'est plus ou moins par là. Les enfants aujourd'hui, ça sait des trucs qu'on s'imagine pas.

Quant à la réponse, nous ne l'avons toujours pas et je crois qu'on ne l'a toujours pas trouvée. On se dispute pour des bêtises, mais les questions vraiment importantes, tout le monde oublie de les poser.

Demain, peut-être... Et alors, les oiseaux, pas si bêtes, pourront voleter autour de la crèche comme autour de ma maison-aux-graines

-

L'anti-Sarkozy absolu

L'anti-Sarkozy absolu vient malheureusement de mourir. Signe des temps, car même parmi nos écrivains, qui mérite ce compliment entre les compliments ?

Julien Gracq est bien sûr celui-là : amateur de silence, comme d'autres le sont de bruit et d'agitation, d'une discrétion médiatique proche de la règle monacale, préférant la culture, la réflexion et l'intelligence à tous les opposés de ces mots.

Disneyland ? Connais pas ! Jean-Marie Bigard, emmené en visite à Benoit XIII pour représenter "les artistes français" ? L'idée même aurait fait frémir Julien Gracq : la vulgarité n'a jamais suffi pour être nommé artiste.

Julien Gracq est un écrivain difficile, et je ne dirais pas que je connais familièrement son oeuvre. Mais j'admire l'homme et ce qu'il représente de distance d' avec les fausses valeurs, de ce Dallas infiniment joué et rejoué à l'Elysée et de cette atmosphère de décadence et de fin d'un empire romain qui n'est depuis longtemps déjà plus un empire.

Bon, c'est promis, d'ici ce soir je ponds un billet plus en accord avec le calendrier...

		

dimanche 23 décembre 2007

La réponse de Montesquieu à Mouammar

Dans un précédent billet ("Mouammar et le baron de Secondat", 16 décembre), j'évoquais l'argument soulevé par Bernard Accoyer pour légitimer la visite de Kadafi à l'hôtel de Lassay :
- "N'oublions qu'il a lu Montesquieu !"

Plusieurs députés de la majorité avaient émis des doutes sur le fait que le guide libyen ait complètement assimilé la pensée de Montesquieu.

On en jugera avec cet extrait des "Lettres persanes"

Lette adressée à Usbek "Je tremble toujours qu'on ne parvienne à la fin à découvrir quelque secret qui fournisse une voie plus abrégée pour faire périr les hommes, détruire les peuples et les nations entières

Et la réponse dans la lettre suivante : "Tu crains, dis-tu, que l'on n'invente quelque manière de destruction plus cruelle que celle qui est en usage. Non. Si une fatale invention venait à se découvrir, elle serait bientôt prohibée par le droit des gens, et le consentement unanime des nations. Il n'est point de l'intérêt des princes de faire des conquêtes par de pareilles voies" .

Nous étions en 1717. On méditera si la citation est à charge ou à décharge de la visite du Président Libyen.