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dimanche 31 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 31 mai 2009 à 13:42 dans Journal
Je trouve dans "le Monde" en date du 29 mai une raison d'espérer. Par les temps qui courent, cette heureuse circonstance n'est pas si fréquente que je ne me hâte de vous la faire partager.
Depuis des lustres, je reste saisie d'étonnement de ne voir aucune initiative d'envergure se mettre en place pour assurer à l'Afrique une énergie pas chère, alors qu'elle dispose en abondance -et même en excès- de la matière première la moins chère et la plus écologique : le soleil. Dans un billet précédent ("La revanche de l'Afrique"), je fantasmais sur la transformation de ce continent dès lors que l'on pourrait éclairer et climatiser les écoles, les universités et les hôpitaux, cuire et s'alimenter sans avoir besoin de déforester, amener l'eau, irriguer...
Pour cela, il "suffit" de panneaux solaires, de barrages sur les fleuves... Cela est techniquement à notre portée et révolutionnera l'avenir de ce continent. Un jour viendra (rêvons encore) où ce sera l'Afrique qui fournira son énergie à l'Europe. Des ingénieurs allemands ont ainsi calculé qu'en couvrant une partie du Sahara de panneaux solaires, on assurerait l'indépendance énergétique des deux continents.
Jean Louis Borloo devait annoncer (je n'en ai guère vu d'échos) lors de la réunion des ministres africains de l'environnement à Nairobi, une initiative sur l'énergie intitulée "Energizing Africa : from dream to reality".
Le jour où nous n'enverrons plus des pelotes de laine aux Africains (je caricature un peu) mais des projets techniquement viables, accompagnés, étudiés, Monsieur Besson n'aura plus besoin de calculer au millimètre ses quotas d'immigration. On pourra étudier, se soigner, produire en Afrique.
Il y a malheureusement un hiatus assez sévère entre les déclarations et les actes. De tels projets demandent des financement considérables (estimés par Jean Louis Borloo à 400 milliards d'euros sur 25 ans) et les crédits de co-développement de la France baissent régulièrement. L'aide publique française reste en deçà (0,28%) de son objectif de 0,51% du PIB. La formule "du rêve à la réalité" sonne durement en connaissance de ces chiffres.
Voilà pourtant un projet d'échelle européenne que la France aurait du porter en haut de la pile des dossiers lors de sa Présidence. Et inlassablement expliquer et promouvoir. Peut-être aurions-nous aujourd'hui, les uns et les autres, une plus grande envie de voter le 7 juin.
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 31 mai 2009 à 13:05 dans Brèves
Les clameurs des supporters girondins arrivent par houles jusqu'à mes fenêtres.
Curieusement, cela me donne l'impression de vivre très éloignée du monde.
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vendredi 29 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
vendredi 29 mai 2009 à 18:24 dans Journal
Les pauvres ne sont pas riches mais ils sont nombreux. Cette parole admirable du regretté Joseph Caillaux est plus que jamais d'actualité.
Elle est malheureusement incomplète : les pauvres sont aussi plus vulnérables, plus faciles à piéger, plus aisés à plumer.
En bref, que du bonheur ! Du moins pour ceux qui n'ont d'autre objectif que de s'enrichir. Dans ce groupe, toujours plus nombreux et fêté par la Sarkozie triomphante, les professionnels du jeu.
Ceux-là vont trouver la pleine expression de leur talent et de leurs ambitions avec les jeux en ligne. Plumer les pauvres, les vulnérables, les chômeurs en désespérance, les jeunes paumés de chez paumé, les vieux seuls au monde et surtout les vieilles, à leur domicile et à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, sans contrôle aucun, sans règles autres que l'alibi d'une "charte de bonne conduite", va être désormais non seulement possible mais recommandé. La publicité qui limite la promotion de l'alcool va être ouverte à larges vannes, au même titre qu'elle l'est pour les parfums ou les poudres à laver. Que du bonheur, vous dis-je !
N'y a-t-il personne qui s'émeuve ? Mais bien sûr que si !
Les maires ump des villes possédant un casino (Bordeaux est, de ce point de vue, parmi les mieux dotées) sont inquiets : cette ouverture des jeux en ligne ne va-t-elle pas minimiser la manne dont ils profitent ?
Pour répondre à cette angoissante question, ils viennent de se réunir en conclave, cherchant les palliations et les feintes possibles. Heureusement, il apparait que les jouer en ligne multiplie le désir/besoin de jouer aussi en "live". Si on a perdu a minuit sur son ordi, on n'en a que plus envie de perdre le lendemain en direct sur la machine à sous du casino voisin. Réconfortant, non ?
Et je ne vous ai pas tout dit : les pauvres sont nombreux, certes, mais -toutes les prévisions concordent- , ils le seront plus encore demain !
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jeudi 28 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 28 mai 2009 à 16:41 dans Journal
Qu'est-ce que c'est que cette désinformation à la noix, ces effets d'annonce, ces bourrages de crâne de veille d'élection ?
Des mots, plus familiers, voire plus vulgaires, sont venus sous les mignonnes petites touches de mon ordi, mais lui comme moi, avons conscience de représenter la fine fleur des Bordelais (ceux qui m'ont élue !), j'ai donc mis un bémol à ces vélléités.
Revenons au cartable. Depuis qu'il existe, le cartable est un outil pédagogique destiné à transporter du domicile à l'Ecole, le matériel, les livres permettant à l'écolier, quel que soit son niveau d'études, d'accomplir sa noble tâche : apprendre.
Dire qu'il n'y en pas de plus belle est une évidence, mais ce n'est pas le coeur du sujet. En tant qu'outil pédagogique, le cartable peut-être examiné par l'enseignant de manière à s'assurer qu'il contient les documents qu'il faut, rien de plus, rien de moins, qu'il n'est pas chargé comme une valise de cam et que ce qu'il contient correspond bien au programme du jour.
Darcos, du temps qu'il n'avait pas été totalement pris dans la tourmente médiatico-sécuritaire de l'ump', avait d'ailleurs largement bataillé contre le poids et la surcharge des cartables, invitant les enseignants à les examiner et à enseigner l'ordre et le juste choix de ce qui est nécessaire. Dans un collège de mon canton, on a instauré le partage du transport des livres : deux élèves, placés sur les bancs l'un à côté de l'autre, transportent à jour passé la moitié des livres indispensables. Tout cela n'a jamais justifié l'intervention du Chef de l'Etat.
Les médias nous rebattent aujourd'hui les oreilles des arbitrages sarkoziens pour assurer la sécurité à l'école. Juste après, ils clament que le PS est aujourd'hui en deçà de 19% dans les sondages en vue de l'élection européenne. Et chacun de gloser sur sa mauvaise campagne, ses hésitations...
Est-ce faire une bonne campagne de sortir de son chapeau la Turquie un jour, les mitraillettes cachées dans les cartables le lendemain et demain sans doute, quelque vieillard que l'on aura attaqué à son domicile ?
Est-ce être un citoyen que de se laisser laver la tête d'une sornette après l'autre ?
On sait, que pour des raisons aquitaines et girondines, cette campagne ne soulevait pas de ma part un féroce enthousiasme. Mon manque de goût à être un pigeon et à me laisser plumer m'a rendu intégralement cet enthousiasme.
Il faut aujourd'hui être sacrément forts pour rester libres.
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mercredi 27 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 27 mai 2009 à 21:16 dans Journal
C'est le super titre de Libé après l'amendement de Fréderic Lefèbvre "autorisant" le télé travail pendant les congés de maladie et de maternité. Quel homme ce Frédéric Lefèbvre qui veut éviter le moindre moment d'ennui aux patients entre deux perfusions ..
Ci-après le texte de mon interpellation au gouvernement lors des questions d'actualité. Lire la suite
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mardi 26 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 26 mai 2009 à 22:28 dans Brèves
Quels hommes exceptionnels que Frederic Lefèvre et Xavier Darcos !
Le premier, porte-parole de l'ump, si juste traducteur de la pensée et de l'idéologie progressiste de ce parti. L'autre, Ministre de l'Education, humaniste, tout en finesse et n'ignorant rien des aspirations de notre jeunesse.
A tel point que pour eux deux, je renoncerais volontiers à toutes les vélléités d'équité médiatique du CSA et leur ouvrirait l'antenne ad libitum...
Plus ils parlent, mieux on se porte. A peine ouvrent-ils la bouche que les voix tombent de l'arbre ump.
Qui a dit que la campagne du PS manquait de grands communicants ?
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lundi 25 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 25 mai 2009 à 23:55 dans Journal
Je vous ai déjà parlé de ma grand-mère. Femme d'avant-garde, elle était écologiste bien avant qu'Alain Juppé ne soit l'ébauche d'une promesse pour la France.
J'en ai une fois encore la confirmation ce soir: adepte du télé-travail, elle avait tout compris de ses bienfaits, longtemps avant le député Poisson, et jusqu'à l'éminent Frédéric Lefèvre, pourtant progressiste entre les progressistes en ce qui concerne les avancées sociales.
Télé-travail, ma grand-mère ? Et que bien sûr ! Travail à distance de toute entreprise pouvant l'informer, la protéger, la relier au monde, sans heures comptées, pour un chiche salaire, ma grand-mère faisait des broderies pour les jupons des bourgeoises du chef-lieu.
D'accord, ce n'était pas devant un écran mais une sorte de rond de jonc qui permettait de tenir "l'ouvrage" tendu. Parce qu'à l'époque, c'est ainsi qu'on disait "avoir un ouvrage dans les mains", et dès qu'on en avait fini de tous les autres travaux, on le prenait, on s'affairait pour quelques sous de plus. Travailler plus pour gagner un peu moins. Quand je vous disais que ma grand-mère avait déjà tout compris.
Pas tout pourtant : les congés payés, les congés de maternité, les congés pour accidents du travail, n'existaient pas, elle ne pouvait pas même deviner le surcroît de créativité que le grand Fréderic Lefèvre, voix de l'ump, a apporté hier au projet de loi Poisson que nous débattons à l'Assemblée.
"Cheveux longs, idées courtes", l'appelions-nous jusqu'alors. Quelle erreur ! Frédéric Lefèvre voit loin, mais malheureusement en arrière. Il a inventé hier le congé au travail. Oui, les salariés pourront désormais librement, gaiement, c'est-à-dire sur la base d'un joyeux et dynamique volontariat passer leurs congés devant leur ordi, à faire du travail à la tâche. Surcroît de factures qu'ils n'ont pu écluser jusque-là, fichiers clients et pourquoi pas centre d'appel entre deux pauses d'allaitement, ces salariés heureux pourront continuer à alimenter les actionnaires et à creuser le différentiel entre leur salaire et celui de leur patron.
Tout ça, ma grand-mère le connaissait, ordinateur en moins, mais elle ne pensait pas qu'après un siècle de luttes sociales, les députés ump en reviendraient à ces bonnes vieilles pratiques qui ont fait leur preuve une vingtaine de siècles durant.
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samedi 23 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 23 mai 2009 à 19:04 dans Journal
Un intense cafard me prend quelquefois à démêler les stratégies de l'un ou de l'autre dans la pratique politique. Ce n'est pas choses que l'on devrait confier, mais dans cette humeur désagréable, je n'ai jamais eu d'autre traitement que d'essayer de le mettre en lignes bien droites. Ce qui est écrit n'est pas résolu mais c'est au moins dominé.
Sarkozy manoeuvre pour raccrocher le vote d'extrème droite et divise la gauche à coup de Besancenot, avec consigne aux médias de lui faire la part belle. Dans notre parti, l'évidence de la stratégie du "coup d'après" est chaque jour plus claire.
Les Européennes dans tout cela ? L'enjeu de voir l'Europe changer de visage si une gauche responsable y était majoritaire ?
Que pouvais-je répondre ce matin au marché des Capucins à ceux qui refusaient les tracts concernant les prochaines élections ?
Je n'ai pas même été consolée du fait qu'ils les refusaient aux distributeurs de tous les partis. Ma "lettre de la députée" trouvait preneur, les tracts pour le vote européen étaient refusés bien souvent par ceux-là même qui avaient le plus besoin de cette Europe de gauche que nous essayons de promouvoir.
Insuffisamment. A quinze jours de l'élection, tout le monde devrait être sur les marchés. Le débat devrait animer les familles, le visage d'une Europe de services publics, où la connaissance remplacerait la consommation devrait attirer vers le vote. (Ou plutôt : où la promotion de la connaissance remplacerait la promotion de la consommation).
Pas facile tous les jours de vouloir croire à ce que l'on croit.
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jeudi 21 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 21 mai 2009 à 12:34 dans Journal
Ainsi, l'actuel gouvernement a inventé le bouclier fiscal pour les plus riches et met à mal, loi après loi, ce "bouclier social" qu'est le droit du travail.
Le premier est en airain. Au pire de la crise, il n'est pas question même de le suspendre. Les plus riches sont les plus riches et entendent n'en rien céder.
Le droit du travail, lui, se mue de bouclier en passoire. Un trou particulièrement conséquent risque de lui être fait dès lundi prochain avec la proposition de loi Poisson. Nous venons d'apprendre que, très habilement, elle commencerait d'être discutée lundi soir, puis reprise mercredi. La programmation n'est jamais innocente et quand on scinde les séances, c'est pour diluer l'intérêt, avec l'intention que cette loi pourtant gravissime passe inaperçue.
De quoi est-il question ?
La proposition la plus "originale et innovante" (sic l'ump) est la levée des conditions à la formation de groupement d'employeurs ; Ces conditions sont les suivantes :
-pas plus de deux employeurs dans un groupement
-pas plus de 300 salariés dans chaque entreprise groupée
-solidarité entre les employeurs en cas de déficit
La levée de ces trois conditions va permettre, sans la contrepartie que constituait la solidarité entre les employeurs,
- de réunir des grosses entreprises sans aucune légitimation (la légitimation actuelle est, par exemple, de permettre à deux entreprises petites ou moyennes d'embaucher ensemble un comptable)
- de permettre entre ces grosses entreprises le "prêt" de salarié, et donc d'installer une mobilité géographique, sans aucune limitation de distance, à ces salariés
- les salariés peuvent refuser, mais on sait dans le marché actuel de l'emploi que cela représentera pour eux bien souvent une mise en danger de leur emploi
- cette mesure pénalise particulièrement les femmes
En outre, la possibilité de groupement est étendue aux collectivités territoriales, si bien que le prêt de professeurs, évoquée par un commentateur du billet précédent, n'est pas loin.
Le prêt de salarié va constituer une sorte d'intérim organisé au bénéfice des entreprises, sans contrôle collectif car il relèvera purement du "gré à gré" dont on connait la portée quand il s'agit des relations entre patron et employé.
Cette proposition de loi risque de passer dans l'indifférence. Tout est fait pour cela. Or elle constitue une brèche considérable dans le droit du travail. Nous devons alerter, mobiliser, sensibiliser.
Le bouclier social, dont le droit du travail est une pièce maîtresse, est seul à soutenir tant soit peu aujourd'hui notre pacte social et à maintenir la consommation. Ce ne sont pas les mesures gouvernementales qui empêchent aujourd'hui notre pays de sombrer complètement, c'est ce bouclier social et, plus que jamais, nous devons le défendre contre les atteintes systématiques, ordonnées, que lui portent le gouvernement.
voir aussi le billet en date du 15 mai "le prêt de salarié"
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mercredi 20 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 20 mai 2009 à 12:00 dans Journal
Nous discutions hier au groupe socialiste de l'Assemblée du "prêt de salarié", qui deviendra bientôt la location de salarié, si l'on se fie au génie créatif des cerveaux ump, "la location de salarié" (voir billet du 13 mai).
Henri Emmanuelli nous a fait pleurer de rire, en commentant, goguenard :
"salariés loués, salariés loués, pas étonnant... Depuis que le temps qu'ils veulent le faire avec Dieu et qu'on nous casse les oreilles tous les dimanches avec : "Dieu soit loué !"
Sûr que vu comme ça, Mme Boutin ne peut qu'applaudir la loi que concoctent ses collègues ump.
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 20 mai 2009 à 08:00 dans Journal
Variante parlementaire d'un vers de Verlaine d'une pure et simple beauté. Mon bureau fait face à un grand mur blanc, surmonté ce matin d'une large bande d'argent presque phosporescent, fait d'un nuage poudreux où se réfléchit le soleil.
"Le ciel est par dessus le mur" est incontestablement moins beau que "le ciel est par dessus le toit". C'est la force des grands vers qu'on ne puisse y changer un mot, ni l'ordre des mots sans les affaiblir. C'est la force de l'inspirationde de trouver mieux et plus vite que la réflexion.
Mais sa faiblesse de manquer si souvent.
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mardi 19 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 19 mai 2009 à 11:51 dans Brèves
L'ex-Ministre Xavier Bertrand vient d'envoyer un courrier à tous les restaurateurs de France pour vanter les mérites du gouvernement qui a obtenu la baisse à 5,5% de la TVA sur la restauration.
Le titre du courrier est "promesse tenue". Un peu coûteux, cet envoi massif, mais enfin... Plus choquant, le fait que l'envers du courrier comporte un bulletin d'adhésion à l'UMP : une fois encore, la collusion entre l'action de l'exécutif et la fonction de chef de parti.
Et la preuve aussi, pour les restaurateurs, qu'on a rien sans rien.
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lundi 18 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 18 mai 2009 à 18:58 dans Journal
L'Assemblée a établi un classement des Députés de cette 13ème législature sur le double critère d'activité et d'assiduité. Ces deux critères sont eux mêmes appréciés sur un ensemble d'action faisant partie du baluchon parlementaire exigible d'un député qui veut assumer pleinement sa fonction : nombre de questions écrites, nombre de propositions de loi dont il est l'auteur, nombre de rapports, nombre d'interventions en séance, nombre d'interventions en commissions.
La députée de la deuxième circonscription, mon honorable pomme, est classée en tête des députés girondins avec un total de 183 points, devançant d'une courte tête (164 points), ma non moins honorable collègue et amie, Pascale Got, députée PS du Médoc.
Ce bon classement, ce travail assidu, je le devais à la confiance que m'ont fait les Bordelais en m'élisant, devant un candidat plutôt connu et expérimenté en politique.
Le PS se porte bien dans ce classement. L'ump, un peu moins et mon excellente collègue, Chantal Bourragué, fait une figure un peu pâle avec un très maigre 42 points (91 si l'on y ajoute les 49 propositions de loi d'autres députés UMP qu'elle a cosignées). Elle confie dans Sud Ouest qu'elle privilégie le travail en circonscription et, très opportunément, elle ne précise pas laquelle. Elle est en effet très fidèle à ma circonscription, où elle protège le Maire de Bordeaux, peu friand de pluralisme, de toute proximité fâcheuse.
Un peu taquine ? Oui, je ne voulais surtout pas donner à ce billet la noble allure de la bonne conscience.
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dimanche 17 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 17 mai 2009 à 12:26 dans Journal
La Ministre Roselyne Bachelot a scotché sur mon bureau la question écrite que je venais de lui écrire lui demandant de rayer de la liste des maladies psychiatriques la transsexualité.
On ne peut que s'en réjouir. Quelles qu'en soient les motivations et en restant vigilant sur les conséquences, voire les arrière-pensées de la Ministre, cette mesure est légitime.
Les Trans- ne sont pas des malades mais bien souvent des souffrants : l'indécision, l'inégalité d'un lieu à l'autre où les tient la loi, les difficultés de tous ordres à retrouver le genre qui est le leur, ne vont pas sans peines et sans efforts. Nous préparons à l'Assemblée Nationale à la rentrée un colloque pour sensibiliser les élus à tous les aspects de la question.
J'ai précédemment interrogé la Ministre sur l'inégalité de traitement appliquée à un trans voulant changer d'identité selon qu'il habite Paris ou Nancy. Ici trois expertises, très coûteuses lui sont obligatoirement imposées, ailleurs elles ne seront pas exigées. Dans tous les cas pourtant le chemin est "long, sablonneux, malaisé".
Je m'interrogeais sur les motivations de Mme Bachelot. On ne peut écarter qu'elle a saisi à point nommé la journée d'action contre l'homophobie pour dissiper un peu au regard de l'opinion les difficultés qu'elle rencontre pour faire voter sa loi.
Un autre aspect est plus important encore : si les troubles de l'identité de genre ne sont plus inscrits, du moins aux yeux de la loi, au LMD, le registre des affections psychiatriques, continueront-ils d'être pris en charge à 100%?
Il nous faut être très vigilants sur ce point : la prise en charge est exigible jusqu'au traitement chirurgical et hormonal qui conditionne en France le changement d'identité. Ce traitement est lourd pour le patient mais il est aussi très coûteux ; sans prise en charge, la plupart des trans ne pourront y subvenir.
Je m'interroge sur la poursuite de la prise en charge à 100% à distance de ce traitement, n'étant pas sur cela en complet accord avec les représentants trans que j'ai reçus à plusieurs reprises. Même après avoir rejoint leur identité, les trans ont besoin d'être accompagnés psychologiquement, mais si nous maintenons la couverture ALD (Affection de Longue Durée) n'est ce pas la reconnaissance implicite d'un état pathologique ?
Mme Bachelot a peut-être la même interrogation à ce sujet, et aussi un soupçon d'arrière-pensée dans une période où nous sommes enjoints de revoir à la baisse les ALD et leur prise en charge à 100%.
Tout cela ne se règle pas sans une réflexion profonde et posée. Celle-là même que mènent et que portent les trans eux mêmes.
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vendredi 15 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
vendredi 15 mai 2009 à 23:36 dans Journal
Cet après-midi, se tenait le Conseil d'administration du CHU. Le contexte le rendait particulièrement intéressant : les médecins y seraient-ils présents ? La position de la CME à l'égard de la loi serait-elle évoquée par son Président ? Et le Président du Conseil d'administration exprimerait-il de quelque façon son inquiétude pour le service public hospitalier, si cette inquiétude existe ?
Mais tout d'abord quelques mots sur mon CHU. Quarante-cinq ans de vie commune justifient ce pronom très possessif de part et d'autre. Le Centre Hospitalier de Bordeaux est à la fois Régional (CHR) et Universitaire (CHU), mais il est aussi l'hôpital de la ville, et à ce titre se doit de jouer son rôle de permanence d'accueil pour tout public, tous les jours et à tout heure. Il est, et ce n'est pas rien, le premier employeur de la région avec 13 292 personnes rémunérées chaque mois, dont 1897 médecins et 8121 soignants. Au passage signalons que dans toutes les catégories, les femmes l'emportent de beaucoup.
Il est fort de 3107 lits, distribués en trois pôles : Pellegrin (1421 lits), Groupe Sud (1262 lits) et Saint André, l'hôpital historique situé en centre ville (424 lits).
Quelles réponse aux trois questions que je posais en début de ce billet ?
Oui, les médecins étaient présents et cela constitue une singularité. Quelques jours plus tôt, ils s'étaient abstenus de participer au CA de Charles Perrens, comme à peu près partout en France, pour manifester leur rejet de la loi Bachelot. J'ai interrogé sur ce point le Président de la CME qui m'a dit que la communauté médicale ne participait pas aux commissions mais avait décidé d'être présente au CA. Je ne partage pas totalement cette logique.
Le Pr Dallay n'a pas fait état de la position de la CME, qui s'est exprimée contre la loi. Il me semble que cela aurait du faire partie des informations importantes données aux administrateurs.
Le Président Alain Juppé, qui cherche à marquer "sa" différence dans les médias avec le Président de la République n'a à aucun moment marqué son inquiétude pour ce que la loi fait peser d'incertitudes financières et malheureusement d'assurances en terme de maintien du service public. Il en aurait eu, à plusieurs reprises, l'occasion.
Pour ma part, j'ai voté, avec l'ensemble des syndicats contre le budget (compte financier 2008). Pour la première fois, il fait état d'un déficit de 2,2 millions d'euros. Déficit que l'on peut considérer comme faible (il représente une journée de fonctionnement de l'ensemble de l'établissement) au regard de ceux que l'on enregistre dans de nombreux hôpitaux, mais il marque les premiers signes ce que la loi va imposer.
D'abord parce que ce déficit est lié à une mauvaise évaluation de la T2A (tarification à l'activité). De nombreuses pathologies, comme par exemple les leucémies aigues, sont sous évaluées : plus on en soigne, plus on creuse le déficit. La généralisation de la T2A va mathématiquement aggraver la situation.
Ensuite parce que ce déficit est contenu grâce à un effort toujours plus grand demandé au personnel. J'ai pris l'exemple dans mon intervention des urgences de gynécologie obstétrique qui ont été ouvertes sans les moyens nécessaires. Demain, des services entiers risquent de ne plus pouvoir assumer leurs missions faute de moyens.
Les réprésentants syndicaux se sont exprimés dans le même sens, avec pondération et responsabilité. Nous aurions aimé voir les autres administrateurs, et en premier lieu le Président et les médecins, répondre à leur inquiétude.
Je donne les faits bruts, dans leur exactitude et sans les commenter. En est-il besoin ?
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Par Michèle Delaunay,
vendredi 15 mai 2009 à 17:50 dans Brèves
Je serai présente samedi 16 mai à 17h à l’IUT de journalisme (Place Ste Croix) aux côtés de responsables bordelais et nationaux de la CIMADE, du GISTI, du réseau DES PONTS, de PAS DES MURS et de SOS Racisme, pour une conférence-débat sur le thème :
"EUROPE ET IMMIGRATION : Entre politique sécuritaire et utilitaire, que reste-t-il du projet humaniste européen?".
Cette manifestation sera précédée d’une conférence de presse à 16h.
Venez nombreux !
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mercredi 13 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 13 mai 2009 à 14:09 dans Journal
Non, décidément, on n'arrête pas le progrès...
Nous examinons en ce moment en commission des affaires sociales une proposition de loi du député ump Poisson qui dépasse un peu le raisonnable.
Son principal article vise à étendre les groupements d'employeurs. Jusqu'alors, cette structure juridique ne pouvait réunir plus de deux employeurs et les entreprises concernées ne pouvaient avoir plus de 300 salariés. Cela concerne actuellement 35000 employés environ, principalement dans le monde rural.
Dit comme cela, on ne voit pas tout de suite le piège. A l'intérieur d'un groupement d'employeur, les salariés peuvent être "prêtés" d'une entreprise à l'autre. Les employés ont 15 jours pour accepter ou refuser ce prêt qui suppose non seulement une mobilité d'établissement à établissement, mais aussi une mobilité géographique.
Jusqu'alors la restriction à deux employeurs limitait généralement la distance géographique et, pour les petites entreprises, le prêt pouvait trouver une justification. Désormais, des entreprises distantes de plusieurs centaines de kilomètres peuvent se grouper. De plus, la justification qu'il pouvait y avoir à prêter une secrétaire en cas de coup de bourre de l'entreprise voisine, n'a plus de sens quand il s'agit d'une entreprise de 500 personnes où il y a, à l'évidence, plusieurs secrétaires et la possibilité d'embaucher.
Je suis intervenue pour savoir s'il n'y avait pas lieu à prévoir des limites géographiques au possibilité de prêt et si des dispositions particulières concernant les femmes, qui ont moins de facilités à la mobilité, étaient envisagées. Bien sûr que non ! Le député Poisson n'en voit pas l'objet.
Même chose sur les garanties exigibles qu'un refus du salarié, voire plusieurs, ne puisse en aucun cas être sanctionné. Mais, ma chère collègue, où allez-vous chercher ces drôles d'idées ?
Le prêt ne doit pas avoir (pour l'instant) de but directement lucratif : je vous prête monsieur Untel, mais c'est tant par mois, en plus de son salaire. Pour l'instant. La location, comme autrefois pour les moujiks, c'est pour la prochaine proposition de loi.
Même le Président de la commission Pierre Méhaignerie a manifesté son peu d'enthousiasme pour le terme "prêt" et proposé "convention de détachement. Mais pourquoi donc, mon cher collègue, c'est bien d'un prêt qu'il s'agit !
J'ajoute qu'en plus de nous, il y a quand même quelques députés ump qui ont exprimé que, dans la situation actuelle de l'emploi, le prêt de salarié n'était peut-être pas une urgence. Mais le vote a eu raison de leur folle impudence : la proposition de loi a été retenue.
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mardi 12 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mardi 12 mai 2009 à 17:09 dans Journal
Les concessions que parait faire la Ministre Roseline Bachelot en face de la gronde des hospitaliers ne sont pas rien, mais elles ne touchent pas la pièce maîtresse de la loi "portant réforme de l'hôpital" et le mettant, fondamentalement, en danger.
Même recul tactique de la part de Nicolas Sarkozy dans le discours qu'il vient de tenir à l'élysée devant le gratin du personnel hospitalier (médecins et administratifs). Plus question de "un seul pilote dans l'avion", ni d'une autre de ses citations "je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas gérer un hôpital comme n'importe quelle eprise". Le Président a fait patte douce, élargi le rôle des médecins dans la gouvernance et envisagé de rétablir les services au sein des CHU.
Mais la "fongibilité asymétrique", qui remet en cause le statut de l'hôpital public, en permettant le transfert de l'une ou l'autre de ses missions au secteur privé, il n'en a point été question. Tant que ce transfert pourra avoir lieu, sans que la garantie soit obtenue
- qu'une mission ne pourra être transférée sans être assortie d'un "socle de service public"
- qu'une mission transférée sera accomplie au tarif public (tarif sécurité sociale)
Je m'explique, en donnant un exemple :
- si la chirurgie de la main est transférée au secteur privé, elle ne pourra l'être sans que soient transférée avec elle les charges d'enseignement des étudiants de tous niveaux, la permanence des soins, l'urgence, l'accueil des bénéficiaires de la CMU ...
- de même, elle ne pourra être transférée sans l'assurance que les actes seront pratiqués au tarif public, ou pour le moins que les actes pratiqués en secteur II ne représenteront qu'une partie faible et strictement définie.
Sur le plan tactique, la gestion gouvernementale de la fronde hospitalière est sans défaut. Je ne veux pas faire offense à mes collègues hospitaliers, mais leur silence au moment de la bataille de la gauche à l'Assemblée n'a pas été sans signification. Aujourd'hui, le rapport de la commission Marescaux offre une porte de sortie très bienvenue pour ce qui concerne les CHU. Mais comment n'être pas abasourdi d'avoir présenté une loi portant réforme de l'hôpital sans attendre la remise de ce rapport concernant un des piliers de l'hospitalisation ?
Là comme ailleurs, l'esprit critique devient une condition de survie dans le marigot des stratégie, des "coups" et des manipulations.
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lundi 11 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 11 mai 2009 à 19:53 dans Journal
Je ne résiste pas... D'ordinaire, j'essaye de garder sur ce blog un peu de distance avec l'amusement ou la colère du moment. Mais là, carrément, je craque...
Sud Ouest du jour, que je lis un peu tard, rend compte des déclarations du Maire de Bordeaux au grand jury RTL. Les médias, c'est comme les poupées russes, l'une ressemble à l'autre et rend compte des mêmes paroles. Celles-ci le méritaient.
Je cite : "l'ex-Premier ministre n'a pas écarté, hier, l'hypothèse de se présenter à la présidentielle de 2012". L'avions-nous jamais imaginé ? Même au Parti Socialiste, il y en a qui "n'écartent rien" jusqu'en 2040. Alors...
Mais là où Juppé est plus fort que "les meilleurs d'entre nous", c'est qu'il confirme dans le même temps qu'il sera candidat aux législatives de la même année. Les deux élections se suivant d'environ un mois, ça c'est fort !
Plus fort que fort, c'est fort ! Coluche le disait déjà des lessives qui lavent plus blanc que blanc, et Paul Valéry, à sa manière, le disait aussi de la bêtise.
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Par Michèle Delaunay,
lundi 11 mai 2009 à 11:48 dans Vie cantonale
Connaissez-vous le dispositif d'aide à la création d'entreprise, joliment nommé CREAGIR ?
Deux fois joliment : la vraie signification du sigle est "créé en Gironde", puisque notre Département en est à l'origine, mais il est plus souvent entendu comme "créer et agir". Les deux sont plein de signification et justifiés.
CREAGIR a été mis en place par le département de la Gironde pour faciliter dans les zones fragiles la création, la transmission ou la reprise d'entreprises du secteur artisanal ou industriel, dès lorsque celle-ci conduit à une création d'emplois.
Dans la période qui est la nôtre, ce dispositif n'a jamais été aussi utile. Des quartiers se vident de leur commerce, Bordeaux se désindustrialise, sans parler de nombre de zones rurales. L'emploi doit être sauvé et soutenu.
Un million cinq cent mille euros a été inscrit pour ce programme pour 2009.
Pour bénéficier de l'aide CREAGIR, l'entreprise créée ou reprise doit
- avoir pour vocation l'une des activités suivantes : artisanat de production, industrie, commerce ambulant, services aux entreprises
- dans les zones de redynamisation urbaine, le commerce et les services aux personnes, en l'absence de concurrence locale
Les investissements éligibles concernent les investissements, les équipements, les travaux d'agencement, l'acquisition de véhicules professionnels ou utilitaires, les diagnostics techniques et économiques, les études préalables.
Le concours financier prend la forme d'une subvention d'investissement, dans certaines limites relativement au montant total d'investissements.
Je me tiens bien sûr à disposition des habitants du canton Grand Parc-Jardin public qui pourraient être concernés par cette aide.
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dimanche 10 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 10 mai 2009 à 16:54 dans Journal
Ce sont elles que la Ministre, Michèle Alliot-Marie, a célébrées dans son allocution, appelant chacun de nous à la vigilance car ces valeurs pouvaient, à tout moment, être mises en danger.
Elles l'étaient en effet, au moment même où la Ministre parlait, par elle-même, par le Maire de Bordeaux trônant à ses côtés, par les forces de l'ordre réprimant sans ménagement les manifestants, O combien responsables et pacifiques de RESF et aussi pour les raisons évoquées à l'occasion du billet précédent.
La République est universelle, apolitique, elle tient les citoyens pour égaux, n'en méprise aucun, les élève tous et aide à leur accomplissement.
Quel dommage que la qualité de la muséographie (comme on dit maintenant) qui a présidé à la composition et à l'aménagement des salles du Musée d'Aquitaine ait été terni par les erreurs, les faiblesses, les enfantillages de l'ordonnancement de la manifestation par la Municipalité.
J'ai parlé de la place donnée à Christiane Taubira, en tant qu'initiatrice de la loi du 10 mai 2001. Il en va de même de la place laissée aux élus de gauche qui oeuvrent depuis plus de dix ans à la mémoire de la Traite, à l'action de longue date du Conseil régional et à l'importance de son financement à la manifestation (137 000 euros).
Plus encore, de la place accordée aux noirs eux-mêmes et à leurs associations.
Pas un seul à la table de la conférence de presse ; pas un seul, autour de la Ministre, à la table d'honneur pour le bref repas qui a précédé son départ ; pas un seul dont l'action, ni le nom, n'ait été cité dans les discours officiels.
Pas un seul "sur la photo". Cette expression résume le message que l'on entend donner.
Pas non plus le chef de l'Etat. Le rejet de sa part de la candidature d'Alain Juppé à un poste de Ministre n'est sans doute pas indifférent à cette absence. Non que Nicolas Sarkozy n'ait manqué, mais le Président de la République, si.
Et d'ailleurs, l'esclavage, ici, maintenant, aujourd'hui, en fût-il question, sait-on le voir, le reconnaître, en adoucir les chaînes ? Un seul représentant de RESF et des associations de soutien aux sans papiers a-t-il été reçu par la Ministre ? Non, ils furent violemment éconduits, écartés, inquiétés.
Les valeurs universelles de la République, aujourd'hui, ce sont eux qui les défendaient.
voir aussi sur le sujet le dernier billet du blog d'Emmanuelle Ajon http://emmanuelle.ajon.over-blog.com/
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Par Michèle Delaunay,
dimanche 10 mai 2009 à 15:36 dans Journal
Les premières lignes de la loi du 10 mai 2001, à l'initiative de Christine Taubira, sont les suivantes :
"La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité".
Christiane Taubira était venue de Guyane pour être présente aujourd'hui à la commémoration nationale de la traite. Son nom n'a pas été cité par la Ministre Alliot-Marie dans son allocution ; n'a été cité que de manière anecdotique par le Maire de Bordeaux "les parlementaires présents" (dont Mme Taubira)" ; elle n'a pas été appelée à la table de presse (non plus qu'aucune personnalité noire) ; elle est arrivée à l'aéroport sans y être attendue, alors que M Tillinac bénéficiait d'un chauffeur et elle a toujours été tenue au deuxième rang des officiels. Et malgré tout cela, elle a su rester souriante et sereine, amicale à tous ceux qui l'approchaient et la remerciaient.
A aucun moment, son action à l'initiative de la loi, n'a été rappelée.
J'ai honte pour le Maire de Bordeaux, honte pour le gouvernement que représente Mme Alliot-Marie. Le drame est qu'à Bordeaux, en France, on ne sait plus à qui demander pardon, tant la politique est devenue partisane, médiocre, bricolée, travestie, selon les circonstances et les intérêts.
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samedi 9 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 9 mai 2009 à 17:55 dans Journal
Les titres de ces billets basculent dans l'originalité... Ce n'est pas, bien évidemment, sans quelque intention.
Tous, savez ce que représente ce 9 mai. Tous, et d'autres encore, avez été frappés de l'énergie avec laquelle les partis politiques se sont emparés de ce grand jour pour en montrer l'importance, le caractère symbolique, au lendemain du 8 mai. Toutes nos mairies, à commencer par celle de Bordeaux, toutes nos mairies de quartier à commencer par celle du Grand Parc où j'étais ce matin, étaient sans le moindre doute pavoisées pour le célébrer ...
Cette date marque en effet la journée de l'Europe et nous sommes à 4 semaines des élections européennes.
En réalité : silence radio, sur toutes les fréquences. Sarkozy est chez Carla et la coupe de la ligue bretonno-bretonnante occupe les esprits. Les frontons de nos bâtiments publics n'ont pas sourcillé, ni ajouté un oriflamme à leurs hampes.
A une notable et chaleureuse exception. Nous étions tout à l'heure nombreux autour de Gilles Savary pour un déjeuner débonnaire mais qui n'était pas moins signifiant. Gilles sait faire vivre l'Europe, en montrer la conditionnelle importance dans le siècle qui s'ouvre et, dès aujourd'hui, le privilège qu'il y a à être Européen.
A nous exprimer tout cela, il a quelque mérite, en ce jour où quelque parti que ce soit, de gauche, de droite ou du centre extrème, répond aux abonnés absents.
Les partis, oui, en effet. Les amis de Gilles, et ceux qui misent sur une Europe de liberté, de fraternitude et d'équilibre social, non ; ceux-là, étaient là et bien là.
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vendredi 8 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
vendredi 8 mai 2009 à 17:33 dans Journal
Après le jardin, l'ordi et une deuxième mi-temps d'après-midi studieuse, consacrée à des travaux de rédaction plutôt embêtants. Ce matin, nous commémorions au monument aux morts le 8 mai 45, jour de la capitulation de l'Allemagne et de la fin de la deuxième guerre mondiale en Europe. La guerre a continué trois mois encore au Japon avec les drames que l'on sait.
Je suis toujours admirative de la sobriété et de la rigueur de ces manifestations militaires. Pas de démonstration de force, quelques bataillons inter-armes, passés en revue par les autorités militaires. Sonnerie aux morts, Marseillaise, lectures du message du Secrétaire d'Etat Jean-Marie Bockel, salut aux anciens combattants dont les rangs se clairsèment après que ceux de 14 - 18 se sont épuisés.
Le tout prend moins d'une heure et a quelque chose d'immuable. La solennité est présente mais elle n'est pas pesante, elle ne fait pas dans l'excès ni le pathétique. Le nom des Bordelais morts pendant les deux guerres, couvrant les hauts murs du monument, suffisent.
Le temps a gardé tout le jour le sérieux, le gris voilé de cette célébration. Bordeaux est silencieux, comme recueilli. Je vais essayer de travailler à l'unisson.
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jeudi 7 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
jeudi 7 mai 2009 à 22:21 dans Journal
Est-ce maître Maurice Garçon ou Jean-Louis Tixier Vignancour, tous deux célébrités du barreau du temps que j'étais encore petite fille, qui avaient terminé une plaidoirie par cette phrase demeurée célèbre "Madame, quand on a été prostituée, c'est comme quand on a été ministre, on garde le titre toute sa vie !"
C'est de peu d'importance. Ce souvenir me revient juste pour dire "quand on a est médecin, on le reste en toutes circonstances". Et, en effet, cet après-midi, présidant le Conseil d'administration de l'hôpital Charles Perrens, c'est exactement ce que je ressentais.
Le corps médical avait décidé de ne pas siéger pour manifester son opposition à la loi Bachelot. Je suis de tout coeur et esprit avec cette opposition, même si je la trouve tardive : devais-je moi même présider ce Conseil d'administration ?
Je l'ai fait, car ce rôle vient en représentation du Président du Conseil général et au titre de cette institution. Nous avions des dossiers importants, parmi lesquels le budget prévisionnel et je voulais, comme le Directeur l'a fait lui-même, commenter cette absence médicale et l'impact de la loi sur notre hôpital.
Pour les non-Bordelais, Perrens est à la fois notre hôpital psychiatrique et fait partie du Centre Hospitalier Universitaire en abritant les services universitaires de cette spécialité : il est donc au coeur du raz de marée libéral que sous-tend et prépare la loi.
Nous avions un autre problème à évoquer : un adjoint au Maire de Bordeaux, conseiller général ump du territoire de Perrens, s'est exprimé dans le journal sud ouest en sa qualité d'administrateur de Perrens pour regretter "qu'on jette les malades à la rue au lieu de les hospitaliser".
L'article de Sud Ouest où ces propos sont rapportés concernait les drogués et les SDF d'un quartier de Bordeaux (cours Victor Hugo). Comme moi, l'ensemble du Conseil d'administration a vécu douloureusement :
- l'amalgame fait par l'adjoint entre malades mentaux, drogués et SDF. De tels amalgames, d'inspiration très sarkozienne, conduisent loin si on les prolonge, et ceci fut fait en d'autres périodes
- la mise en cause de Perrens, qui assure 24 h sur 24, chaque jour et chaque nuit de l'année, sa mission de service public. Chaque malade est reçu, à toute heure, si son état le justifie, par un médecin, et ce médecin, sans pression ni contrainte, décide médicalement soit de l'hospitaliser, soit de le suivre à titre externe. "Jeter à la rue" ne fait pas partie, jusque là, du vocabulaire, de la pratique, ni de l'éthique des hospitaliers.
Le Conseil d'administration unanime a adressé un droit de réponse à notre quotidien Sud Ouest.
Est-ce le premier effet de cette loi dont l'objet est de dissoudre le service public hospitalier, en hospices d'un côté à destination des pelés, des tondus et des dangereux, et en établissements privés pour les soins lucratifs de l'autre ?
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mercredi 6 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
mercredi 6 mai 2009 à 17:14 dans Journal
Non, non, c'est promis, je ne vais pas demander pardon à M Erdogan, Chef du gouvernement turc, mais... ce serait pleinement justifié !
Quel mépris, exprimé hier par Nicolas Sarkozy, envers ce pays ! Un processus est en cours avec l'Union Européenne pour examiner les conditions d'entrée de la Turquie dans l'Union, et voilà qu'il ferme la porte, tout seul dans son coin, à des fins purement électoralistes.
Le processus ne préjuge pas de l'entrée de la Turquie, encore moins de sa date. Encore faut-il le respecter, de même que le pays qui s'y est engagé et Nicolas Sarkozy a été doublement malencontreux dans sa déclaration.
Envers la Turquie. Envers les responsables de l'Union Européenne. N'est-ce pas lui qui présidait cette Union, il y a encore quelques mois. Il en fait désormais bien peu de cas.
Voilà une nouvelle ration d'excuses qui ne serait pas moins justifiée.
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lundi 4 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
lundi 4 mai 2009 à 19:12 dans Journal
Il y a dans le mouvement des gardiens de prison deux points qui méritent d'emblée mention :
- Contrairement à l'image hâtive que l'on pourrait avoir d'eux, les gardiens ne manifestent d'aucune façon en opposition aux détenus. Je viens de recevoir leurs représentants. Tous insistent sur le fait que la difficulté de leurs conditions de travail aggrave celle des détenus et qu'à l'inverse, un supplément de personnel permettrait de rendre la vie en prison plus conforme aux directives européennes et à la simple humanité.
- Les forces de l'ordre ont été dépêchées dans certaines maisons d'arrêt contre leur mouvement. Curieux pays où les forces de l'ordre interviennent contre les forces de l'ordre !
Aucun de ces deux points n'est anecdotique. Revenons sur le premier.
Dans chacune de mes visites à Gradignan, comme aux responsables de l'administration pénitentiaire, j'ai été frappée par le souci que tous avaient d'améliorer la situation des détenus et de pouvoir appliquer correctement les prescriptions européennes (encellulement individuel des condamnés, lien téléphonique avec les familles...), de même que de rendre possible des améliorations circonstancielles comme l'allongement du temps de promenade quand la chaleur de l'été rend insupportable la vie en cellule.
Le problème est que la moindre action positive correspond à un supplément de charge auxquels les gardiens et l'administration ne peuvent le plus souvent pas répondre.
Gradignan aujourd'hui abrite 760 détenus pour 400 places (et en plus 100 "PSE", c'est à dire condamnés sous bracelet électronique). L'ouverture de la prison de Mont-de-Marsan n'a permis que le transfert de 50 détenus, n'amenant aucunement le "désengorgement" promis par la Ministre Rachida Dati lors de sa visite il y a un an.
La mise à disposition d'un contact téléphonique pour les 300 condamnés (par opposition aux "prévenus") qui occupent le 4ème étage du bâtiment de Gradignan a obligé au transfert de trois personnes au courrier et au standard (définition pour chacun des numéros accessibles, contrôle...). Ces trois personnes manquent dans les autres postes.
Les gardiens sont contraints d'accepter les heures supplémentaires imposées par le manque de personnel. Ils en font en moyenne 20 à 25 heures par mois, s'ajoutant à leurs 157 heures réglementaires. Ils ne bénéficient d'un week-end entier qu'une fois par mois.
Ces quelques données pour montrer qu'en un an, malgré les promesses du gouvernement, l'agitation de la Ministre, les efforts du personnel, la prise de conscience de l'opinion et la mobilisation de beaucoup d'élus, parmi lesquels je me compte, la situation n'a guère progressé.
Et un nouvel été, rendant la détention, la promiscuité plus intolérables encore, la tension et le risque de violence plus preignants, approche. Nous sommes toujours au même point.
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dimanche 3 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
dimanche 3 mai 2009 à 20:14 dans Journal
Le défilé du 1er mai a convergé pour notre groupe de militants au miroir d'eau, le mal nommé. Manière, dirait le Maire de Bordeaux, de rendre hommage à son oeuvre. Manière en réalité de célébrer l'esprit malin qui a complètement détourné ce "miroir" de son objet. La lisse surface où la ville était censée se contempler, comme l'histoire du haut des pyramides, est devenue une piscine mono-moléculaire pour les pieds des enfants, les roues des skates et les pattes des chiens. On patauge, on déjeune, on bronze, on s'éclabousse sans façons, ni manières, dans un désordre social qui n'était sans doute pas inscrit dans la conception de Monsieur Corajoud.
J'ai employé intentionnellement, avec un peu de malignité, le mot "désordre" social. Une voisine de ma permanence m'a abordée il y a quelques jours: "Ces quais, décidément, ce n'est pas si mal, si ce n'était cette place de la bourse, défigurée... Avez-vous vu ce qui s'y passe ? Des vélos, des loubards, des gens déshabillés, vautrés ! On mange, on boit !"
C'est vrai qu'on boit un peu trop la nuit, mais ce n'est pas à l'instant le sujet. En bonne politique, j'essaye de trouver entre elle et moi, le meilleur dénominateur commun. Pour les apprentis en politique -que je suis encore, mais pas sur tout.. - je me permets un conseil éprouvé : il y a deux sujets qui passent partout et qui n'obligent à trahir aucun engagement de fond : la santé et les enfants.
Donc, j'embraye sur le second : "Mais c'est un bonheur pour les enfants ! Vous savez comme moi, combien ils aiment les jeux d'eau ! Quel spectacle ravissant de les voir jouer et taper de leurs petites mains quand ils soulèvent autour d'eux une broderie de gouttelettes !"
Comme d'habitude, ça marche. Quelle maman, même au coeur du XVIème (arrondissement, pas siècle), qui a vu son bambin taper dans l'eau de son bain, pourrait réfuter qu'il aime l'eau ?
J'apaise donc mon interlocutrice, qui entre-temps avait dénoncé les hordes descendant de la rive droite. Elle convient que les enfants sont heureux. Pour les adultes, il n'y a pas d'espoir de la convaincre, mais ce n'était pas l'objet de l'entretien.
Je reviens à notre pique-nique. Le temps n'était pas clément, le joyeux groupe de militants socialistes ("socialiiistes !" aurait dit ma voisine) était moins nombreux que s'il avait fait le temps de rêve de ce matin de dimanche. Mais le style y était ! Ma voisine aurait été contente.
Un de nos amis fêtait de cette manière débonnaire son cinquantième anniversaire. Un autre, de Caudéran, y venait dans cet esprit joyeux et frondeur que j'aime tant. Nous avons donc pique-niqué (en évoquant à plusieurs reprises soeur sourire et Dominique-nique-nique), sablé le champagne en l'honneur du cinquantenaire de notre ami. Quelques-uns (que je condamne, pour la forme) ont fumé un cigare. Une boite de caviar aquitain a été ouverte pour l'ensemble de la troupe.
Et nous avons décidé que l'an prochain, si le temps était plus clément, nous amènerions des chandeliers, comme les aristos pique-niquant avec valets et malles d'osier sur le terrain de course d'Ascott.
Chiche que ma voisine nous rejoindra...
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samedi 2 mai 2009
Par Michèle Delaunay,
samedi 2 mai 2009 à 19:16 dans Journal
Ceux qui ont partagé le défilé du 1er mai 2008 en ont tous convenu : la mobilisation, l'ardeur, l'atmosphère du 1er mai 2009 étaient multipliés par 10. Et ceci malgré le temps grisounet, la pluie qui toute une partie de la matinée a paru vouloir s'imposer, et le long weekend que ce vendredi férié ouvrait.
Tant mieux. Je ne suis jamais contente et j'aurais aimé une ville plus encore envahie, soulevée, aspirée dans un même élan.
J'aime assez les manifs. A ma manière à moi, sans doute, et pour cet "être ensemble" qui donne aux ciels les plus grisâtres, à l'asphalte le plus dur, une énergie particulière. La communauté des humains se retrouve pour faire quelque chose d'apparemment idiot : quelques kilomètres de marche entre un endroit où on n'a rien à faire vers un endroit où il n'y a rien à voir.
C'est cette vacuité apparente qui donne leur force aux manif's et aux défilés : on est là, sans utilité personnelle, sans curiosité particulière pour des rues, pour un trajet, habituellement toujours plus ou moins les mêmes. On est là, pour dire et pour être ensemble.
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