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mercredi 30 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mercredi 30 juillet 2008 à 10:39 dans Journal
Franck de Bondt dans Sud Ouest a une très belle formule : "la Ministre de la Santé prétend donner un coup de balai dans les comptes de la sécu, mais elle ne fait que déplacer la poussière".
La taxation des mutuelles, présentée hier, pour essayer de combler le célèbre "trou" (5,9 milliards en 2007, 4,1 prévus en 2008) est un tour de passe-passe gouvernemental de plus. "Le patient ne doit en aucun cas être perdant : aucune de nos mesures ne porte sur les assurés" a assuré Eric Woerth, avec l'aplomb et la bonne conscience où il ne rivalise qu'avec Mme Lagarde.
Qui peut-être dupe ? Qui peut penser qu'assurances et mutuelles sont des sociétés philantropiques qui épongeront de bon coeur les 3 milliards d'euros qui vont leur être ponctionnés chaque année ? La réaction a été immédiate de leur part : la hausse des cotisations est inévitable et elle chiffre entre 12 et 16%.
Le gouvernement n'a fait ainsi que déplacer la taxation des ménages (et l'altération de leur pouvoir d'achat) de quelques mois, peut-être d'une année. Prudemment, l'augmentation à 23 euros au lieu de 22 du prix de la consultation médicale a été repoussé, la conjonction des deux mesures aurait été une pilule un peu trop grosse à avaler . Même le 30 juillet, quand les bagages des vacances sont déjà dans le coffre.
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lundi 28 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
lundi 28 juillet 2008 à 14:54 dans Journal
Dans ma fonction de Vice-Présidente en charge de la politique de l'âge, j'ai auditionné à l'Assemblée les représentantes des "Babas Yagas".
Baba Yagas : rien à voir avec baba cool, mais le rapprochement amuse l'oreille et attire l'attention. Mes baba yagas à moi sont formidablement dynamiques et se battent pour que soit enfin créée "la maison des babas yagas", regroupant une trentaine de dames d'un certain âge, refusant la maison de retraite autant que l'isolement.
Ces dames ont donc fait le projet d'un immeuble où chacune aurait son petit appartement et où des locaux communs les réuniraient. Au programme, solidarité, engagement, dynamisme. Elles en ont fait la preuve lors de notre rencontre. Elles cherchent aujourd'hui des financements pour soutenir ce projet coopératif, basé sur la cooptation et dont celles qui ont les moyens les plus faibles ne doivent pas être exclues.
Problème : nos structures sont peu innovantes et les institutions concernées, telles que le Conseil Général, ne savent pas trop où caser cette demande de soutien. Une démonstration absolue que nous ne répondrons aux problèmes de l'âge qu'en brisant les vieux schémas et en inventant tous les jours. "L'intelligence est la réponse nouvelle à la question nouvelle", me serinait ma Maman. Pour la politique, c'est encore plus vrai. Ou nous inventerons, ou nous raterons la marche du XXIème siècle.
Des femmes du Périgord ont une initiative assez proche. Elles ne veulent pas plus que mes babas yagas "être un jour prisonnières de structures souvent infantilisantes ou contraignantes". Elles ont donné à leur association le nom de "Lo Paratge" (le partage), ce qui me fait le plus grand plaisir : "Part'âge" est aussi le nom que j'avais donné au volet habitat du programme "Vill'âge" qui a fait partie de notre programme municipal en mars dernier. L'écho de la manifestation où il a été prèsenté a été suffisamment faible pour qu'une toute petite poignée seulement de Bordelais en soient informés.
Les femmes sont formidables. Espérons que nos Part'âgeuses trouveront l'appui financier susceptible d'accompagner leur projet, qui est d'abord un projet d'autonomie et de dignité durables.
Vous connaissez les "golden boys" qui s'enrichissent à la bourse ? Moi, je voudrais être comme elles et comme mes Babas Yagas, une "Silver girl" , bougeant les structures et les mentalités jusqu'à l'âge des cheveux blancs.
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dimanche 27 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
dimanche 27 juillet 2008 à 11:18 dans Journal
Les médias sont peu bavards concernant le fichier Edvige, permettant de ficher toute personne engagée dans une action publique, et ceci à partir de l'âge de 13 ans et sans limite de durée de conservation des renseignements collectés (voir aussi billet du 11 juillet).
La CNIL vient de donner son rapport : moins vigoureux qu'on serait en droit de l'exiger de cette institution, surtout quand on connait les difficultés faites au moindre chercheur qui enregistre des données. Pourquoi le gouvernement qui dispose des moyens les plus vastes en matière d'informatique et de recoupement de fichier, serait-il moins tenu que les citoyens de veiller à la préservation des libertés de chacun ?
Plus gravement encore, le Ministère de l'intérieur n'a pas fait grand cas de ses remarques : l'âge de 13 ans est conservé, les renseignements sur la santé et les préférences sexuelles ne seront notés qu'à titre exceptionnel (c'est justement cette exception qui inquiète : qui en décidera ? selon quels critères ?), le délai de conservation des fiches n'est pas remis en cause.
Ci-après mon communiqué à la presse après avoir reçu la note d'information de la CNIL suite à son rapport et à la maigre réponse du ministère de l'intérieur. Lire la suite
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vendredi 25 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
vendredi 25 juillet 2008 à 20:19 dans Journal
Sept cent policiers dans l'ensemble de la ville de Berlin pour la visite d'Obama, aucun contrôle de sécurité des visiteurs, si ce n'est à proximité stricte du podium où il a pris la parole.
Six cent (déclarés) à Bordeaux. Sans doute davantage. Pour qui, pour quoi ? Quelle grandiose avancée, obtenue par le Maire de Bordeaux, que ce maigre sommet de fond de vallée, dont il ne ressortira rien, pas davantage sur le plan international, national, que pour notre ville ou pour notre région ?
De quelle mauvaise farce sommes-nous les dindons ?
Après notre accueil du chef de l'Etat à Mérignac ce matin (voir billet précédent), un élu -de droite- disait : "Ah, nous nous sommes bien battus, et nous avons obtenu le départ de Santé Navale !"
Il s'agissait d'une déclaration privée, et d'un moment où, que l'on soit de droite, du milieu, de gauche ou d'ailleurs, on perçoit l'ineptie en même temps que la gravité de la situation : je n'en dirai bien évidemment pas l'auteur.
J'ai honte, plus souvent que supportable, de ce que chaque jour apporte de motifs de colère, de honte, de révolte. Je ne regarde, habituellement, jamais la télévision qui me colle un cafard de plomb. Ce soir, les informations régionales ont finalement rendu un compte assez juste de ce "sommet", à condition de lire entre chaque mot.
"A quoi ça sert et combien ça coûte ?". Ces deux interrogations sont, parait-il, la devise des Auvergnats. Née, au hasard des nominations paternelles, à Clermont-Ferrand, j'en endosse volontiers la vigoureuse simplicité. Entendre Alain Juppé se réjouir de se flon-flon plaçant Bordeaux au rang de métropole internationale m'a fait tourner le sang.
J'ai honte. Le mot est fort, mais je ne m'habituerai jamais. Honte d'entendre le Président de la République archi-nul en recevant Obama, qui avait l'air, en répondant, de l'excuser.
Le monde politique manque de petites pétroleuses, n'ayant pas peur de grand chose, dépourvues d'accès à toutes les formes de cynisme qui sont de mise pour avoir bonne allure dans ce monde d'apparences.
Je suis une espèce tardive (au moins dans son expression) et je crois un tout petit plant de cette variété indispensable à la survie du genre humain, lui-même indispensable à la survie de la planète : les non-obédients. Camus aurait dit : "les révoltés". Ayons la mesure de nos forces.
A certains moments, on s'interroge : faut-il que le genre humain, la planète, et deux ou trois autres choses que l'on croit universelles et définitives, survivent ?
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Par Michèle Delaunay,
vendredi 25 juillet 2008 à 14:41 dans Journal
"Quand on nous a dit de plomber les bouches d'égout, au prix que ça coûte, on a quand même arrêté les frais..."
Réflexion ce matin d'un agent de sécurité, sur le qui vive depuis des heures, recevant ordres contradictoires sur ordres contradictoires et pour tout dire, à la peine. C'est l'atmosphère générale qui prévaut autour de la visite de Nicolas Sarkozy et du sommetaillon euro-africain.
Une sélection de députés de la Gironde étaient invités ce matin à accueillir le Président sur le tarmac de l'aéroport. Nous nous retrouvons donc 5, au milieu des uniformes de préfet et de policiers en chef. L'avion présidentiel s'avance, le Président suivi du ministre Borloo descendent de l'énorme appareil fait pour au moins 80 passagers. Ma collègue Chantal Bourragué se précipite, au mépris de tout protocole, pour serrer l'auguste main et baiser l'auguste joue la première. Chère Chantal, une fois encore, puis-je vous rappeler que c'est le député du territoire qui a en toutes circonstances la préséance sur ses collègues ? Michel Sainte Marie, qui n'avait pas l'intention d'embrasser le Président, a pris la chose avec humour, et cependant avec réserve. En outre, c'était ici au Préfet de saluer le premier le Chef de l'Etat.
Plus étrange, pendant ce temps, Manuel Barroso, attendait tout seul, dans un des salons de l'aéroport. Attablé sagement avec pour seule compagnie une petite coupe contenant trois barres de Mars et un Bounty. J'ai l'air d'inventer, tellement la scène est décalée, mais c'est absolument vrai. Les horaires ayant changé plusieurs fois, il était arrivé avant Sarkozy, et on l'avait rangé là, en attendant que finisse l'accueil présidentiel. Une fois le cortège de voitures formé, la sienne s'est placée à la suite... A mon avis, il se souviendra de Bordeaux.
Dans la ville, débauche de forces de police, quartiers interdits, commerçants empêchés de lever leur rideau, rues bouclées dès l'aube chantante. Résultat : personne en ville. Le Président ayant manifesté le désir d'un bain de foule, on a convoqué en toute hâte par SMS les militants UMP pour faire nombre. Le résultat n'était, semble-t-il, pas à la hauteur d'une simple arrivée d'étape du tour de France.
Affligeant.
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jeudi 24 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
jeudi 24 juillet 2008 à 15:44 dans Journal
Nous venons de recevoir la confirmation de ce qui était officieux depuis deux ou trois semaines : le départ de santé navale et le regroupement du Service de Santé des Armées à Lyon-Bron.
Je me suis engagée dans ce dossier avec tous les moyens locaux et nationaux dont dispose une députée. Malheureusement, je n'ai pu obtenir du Maire de Bordeaux une action consensuelle, regroupant toutes les sensibilités et l'ensemble des élus, pour porter devant le gouvernement le beau dossier de Bordeaux et l'ambition de toute une ville.
C'est une coup dur et un grave échec pour notre ville.
ci-après le communiqué adressé à la presse. Lire la suite
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Par Michèle Delaunay,
jeudi 24 juillet 2008 à 10:16 dans Journal
Le regretté ministre de Catherine de Russie, Potemkine, avait lors des voyages de sa souveraine des initiatives qui ont inscrit son nom dans l'histoire.
Pour que la Grande Catherine II ait un voyage paisible et rassurant, il faisait repeindre les villages de Moujiks, il camouflait les plus misérables de fausses façades, et il convocait quelques paysans aux joues plus pleines que les autres pour se tenir sur le pas de ces isbas d'un jour
La chambre de Commerce et d'industrie de Bordeaux a retenu cette grande leçon.
Nicolas Ier (Sarkozy) va demain franchir les grilles de la dite chambre pour se rendre dans son grand hall. Pas longtemps puisque l'essentiel du sommet des chefs d'Etats Africains se tient à l'hôtel de Nenin, la résidence du Préfet, rue Vital Carles dont tous les magasins auront rideau fermé pour la circonstance par mesure de sécurité. Tout le monde sait que le commerçant Vital-Carlais se recrute dans la nébuleuse d'Al Quaida.
Retour à la CCI. L'auguste pas de l'auguste visiteur en franchira donc les grilles. Les voilà repeintes fébrilement en bleu et or ces derniers jours ! Les sols sont repolis, briqués, passés au brillant, tous les visiteurs écartés. Le Président de la CCI n'a lui même pas -me dit-on- de laisser passer.
La municipalité de Bordeaux a retenu les leçons de l'histoire.
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mardi 22 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mardi 22 juillet 2008 à 21:38 dans Journal
Pour qu'une jeune fille de mon âge, qui n'a pour raison personnelle de révolte que son cerveau et son instinct, ait envie de poser des bombes, il faut que la coupe soit vraiment pleine. Tous les jours, presque toutes les heures, apportent des motifs de colère et certains jours, seulement un peu plus...
Une de ces overdoses, est le "tribunal privé" convoqué par Mme Lagarde pour remettre Bernard Tapie à flôt financier. Paiement de son ralliement sarkozien, plus encore sans doute avance sur services bientôt rendus. Rendez-vous à l'un ou l'autre des prochains scrutins.
Facture : 395 millions à payer par le trésor public. Quarante seulement (!) iront en ligne directe dans la poche de Tapie, lourdement endetté comme on sait.
La facture connait une facturette de un million d'euros. C'est le montant des honoraires que l'Etat va verser aux trois "arbitres" réunis pour statuer sur l'affaire Tapie-Adidas-Crédit lyonnais. Soit 330 000 euros pour chacun. La justice publique est assez éloignée de ces tarifs.
Une goutte d'eau, qui me vaut ce débordement du vase.
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lundi 21 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
lundi 21 juillet 2008 à 23:22 dans Journal
Comme le disait le bon ministre Sully "Découpage et marchandage sont les deux mamelles de la France".
Découpage et marchandage ont en tout cas permis une voix de majorité pour la droite au Congrès de Versailles. Nul ne saura jamais exactement le prix de cette voix.
Politiquement, ce prix est très fort : l'engagement du Président de la République, usant de tous les arguments pour faire passer la réforme constitutionnelle, s'est soldé par une maigre victoire. Les visages, du côté de l'UMP et des radicaux en disaient long, au moment de la lecture des résultats du vote. La voix de Bernard Accoyer également, de même que la très brève salve d'applaudissements, comme forcés, qui ont précédé notre sortie de la salle du Congrès.
De notre côté, maigre défaîte, comme il y a en face une maigre victoire. Merci à Jack Lang de cette voix salvatrice pour l'UMP.
Moins spectaculaires, mais plus graves, les conditions du vote. Il s'agissait d'un scrutin public : chaque député est muni de trois cartes, rouge pour l'abstention, bleue pour le vote contre, blanche pour le vote pour, et il dépose l'une des trois cartes dans une urne transparente. Tout le monde ainsi peut connaitre son vote. Cela est la règle.
Aujourd'hui, cette transparence était doublée d'une sorte de mise en garde. Le nom du député était appelé, et son vote littéralement aboyé :
- Mme Delaunay, vote CONTRE !
Ceci de manière très spectaculaire et ostensible, de manière à dissuader les rares récalcitrants de droite qui auraient pu s'égarer au mépris des mises en garde du Président de la République.
Qu'on ne dise pas surtout qu'il en aurait été de même à gauche : Jack Lang a voté tranquillement, et ne sera pas moins tranquille demain dans nos rangs.
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dimanche 20 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
dimanche 20 juillet 2008 à 13:55 dans Journal
Là, d'accord, j'ai fait très fort avec le titre de ce billet, mais je n'ai pas pu résister !
J'aurais dû écrire : l'excès de télévision, ou son usage trop précoce, rend fou, stupide et aboulique, mais avouons que le message se dilue dans le nombre des mots. Ceux qui ont eu le mérite de suivre mes réunions publiques depuis 2004, ont eu les oreilles bassinées par inquiétude : personne ne parle des méfaits définitifs et gravissimes de la télévision, tout spécialement dans le jeune âge. Un biberon de pesticides est moins dangereux que des dizaines d'heures passées devant un écran aux images de plus en plus rapides, qui impactent définitivement le cerveau !
Toutes les études scientifiques concordent : le premier facteur de violence dans l'âge adulte, d'instabilité et de perte de contrôle, de mauvais résultats scolaires et professionnels, est l'abus de télévision dans le jeune âge.
"Le Monde 2" vient de consacrer 7 pages (dont 4 de photos) au sujet. Dossier incomplet, mais qui contribuera à alarmer parents et, je l'espère, responsables divers, sur la gravité du problème. L'écologie telle que je la conçois doit se préoccuper de l'homme avant même l'ours Balou, réintroduit à grand frais dans les Pyrénées.
Dans quel état rendrons nous la planète, mais surtout : dans quel état rendrons nous l'homme ?
Ci après une question écrite que j'ai adressée à Roselyne Bachelot. L'éxercice impose de ne s'adresse qu'à un ministre, mais tous en réalité sont concernés, et en particulier Xavier Darcos. Lire la suite
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samedi 19 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
samedi 19 juillet 2008 à 15:11 dans Journal
Lundi 21 juillet, le vote de la réforme constitutionnelle va se jouer à peu de voix. Il parait prévisible que Nicolas Sarkozy (c'est bien ainsi qu'il faut dire) va l'emporter d'une courte tête grâce à l'intense activité marchande qu'il développe à proximité du poteau final.
Le noeud du problème risque d'être le vote de la dizaine de députés du Parti Radical de Gauche. Actuellement inclus dans notre groupe politique à l'Assemblée (Socialiste, Radical et Citoyen), les députés radicaux paraissaient jusqu'alors bien décidés à suivre l'opinion dominante : n'ayant obtenu aucune avancée véritable, en particulier concernant le mode électoral du sénat, nous voterions contre la réforme.
Nicolas Sarkozy a ouvertement avancé l'argument qui tue : la constitution d'un groupe politique. Il faut actuellement 15 députés au minimum pour constituer un Groupe, ce qui est très important en matière de moyens alloués à l'Assemblée, de temps de parole et, disons-le, de titres ronflants : un Président de groupe, un vice-Président, un adjoint au Vice-Président, un attaché à l'adjoint... J'en rajoute un peu, mais dans un petit groupe, cela fait au moins 50% de l'éffectif qui sont parés d'un titre !
Sans vergogne, sans s'en cacher nullement, Sarkozy a promis la réduction du nombre minimum à 10 ... si les Radicaux votent "bien" et si la réforme passe. Le nombre exact de députés radicaux.
Tous les Présidents de quoi que ce soit, tous les partis politiques, de gauche, de droite ou du milieu, ont proposé, négocié, imaginé des arrangements... Mais un Président à ce point décomplexé dans la marchandisation politique, c'est très clairement une première mondiale.
Le gouvernement actuel et la politique qu'il mène resteront dans l'histoire (sans majuscules) sans doute pour cela : la monétarisation de toutes choses. Le mot est affreux, d'ailleurs concurrencé par "monétisation" qui n'est guère meilleur, mais la chose est pire et veut dire tout simplement que tout s'achète. Avec une nuance supplémentaire cependant : monétarisé ou monétisé, qui joue sur le double sens de "monnaie" (le second étant la petite monnaie) montre que tout peut s'acheter même à vil prix.
C'est ici clairement le cas.
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vendredi 18 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
vendredi 18 juillet 2008 à 07:14 dans Journal
Nous avons voté à deux heures cette nuit le texte "droit et devoirs des travailleurs pauvres". Belle (et épuisante !) résistance des députés socialistes, verts et communistes, avec reconnaissons-le quelques avancées obtenues : le smic comme plancher absolu de tout travail, le temps complet seul susceptible d'être comptabilisé dans "l'offre raisonnable d'emploi".
C'est une véritable épreuve de mener deux jours de suite un texte en continu. Séance nocturne mercredi et hier de 10 heures du matin à 2 heures le lendemain. Epreuve de tension physique dont on sort comme d'un voyage en deuxième classe en direction de l'Australie : jambes lourdes, articulations douloureuses et pieds gonflés. De séance extraordinaire en séance extraordinaire, il va bientôt falloir un entrainement de cosmonaute pour être députée.
Je quitte à l'instant mon bureau en direction de Bordeaux, où attend une journée pleine. J'ai incroyablement besoin de paix et de silence.
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mercredi 16 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mercredi 16 juillet 2008 à 21:08 dans Journal
Je vais entrer tout à l'heure en séance de nuit pour le texte "droits et devoirs des demandeurs d'emplois" (voir billet précédent). Les droits, pratiquement, se résument à une phrase "le service public de l'emploi s'engage à mettre en oeuvre toutes les actions jugées nécessaires pour faciliter le retour à l'emploi".
Voilà un énoncé qui ne peut que combler d'aise celui qui se trouve brutalement privé de son travail, de son revenu, de sa raison sociale . Où sont ici les actions que l'on peut considérer comme des "droits" ? Où sont les aides à la mobilité ? Où est le renforcement du service public de la petite enfance pour faciliter le travail des femmes ? Où sont les mesures incitatrices à l'emploi des plus de 55 ans ? Où est le développement de l'accompagnement et de l'accès à la formation ? Où est la moindre mesure qui pourrait servir à quelque chose ?
Dans le temps précis où nous débattons de ce projet de loi, 141 postes viennent d'être supprimés à l'ANPE en Ile de France. L'Unedic, dans le même temps, avoue n'avoir consommé que la moitié du budget dont elle dispose pour la formation et seulement 5% des demandeurs d'emploi ont bénéficié, de sa part, d'un programme de formation.
Le plus grave pourtant est que ce texte de loi est impuissant : il ne créera pas un seul emploi. Le demandeur d'emploi est contraint sous peine de suppression de ses allocations d'accepter dans l'année la deuxième "offre raisonnable d'emploi" qui lui est faite.
Imagine-t-on qu'alors qu'il vient de perdre un emploi pour lequel il est qualifié, deux vont se présenter en quelques mois dans la même qualification ?
Résultat, il sera contraint d'accepter une offre "non raisonnable" (au passage, depuis quand la "raison" fait partie du vocabulaire du droit ?), pour un salaire "au moins à la hauteur du revenu de remplacement". C'est à dire qu'il doit accepter n'importe quel travail pour ne pas gagner plus que son indemnité de base.
Ce texte va mathématiquement précipiter nombre de demandeurs d'emploi vers l'emploi précaire et le temps partiel. Et au passage fournir une main d'oeuvre bon marché aux secteurs d'activité en tension, secteurs où la politique sociale est déjà la plus faible.
C'est le contraire des principes du Grenelle de l'Insertion, c'est le contraire de la défense du pouvoir d'achat des Français. C'est la machine à fabriquer des travailleurs pauvres.
Je crois que l'on ne mesure pas la gravité des politiques menées aujourd'hui. Le catastrophisme n'est pas mon fort mais on ne peut pas manquer d' être frappé par l'inefficacité, autre que médiatique, de la gesticulation législative qui nous est imposée.
Nous allons entrer en séance défendre une quarantaine d'amendements mais nous savons que tout est fait (mot d'ordre dans les rangs UMP d'assurer une majorité dans l'hémicycle) pour que rien de significatif ne puisse être obtenu.
Disons-le tout carrément, ce soir j'ai le blues du député d'opposition, plus utile qu'un député de la majorité qui ne sert qu'à avaliser les textes qui arrivent devant ses lunettes, mais ne disposant pas d'outils suffisants pour parer à l'urgence de la situation.
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Par Michèle Delaunay,
mercredi 16 juillet 2008 à 07:04 dans Journal
Dans le train. Je pars batailler sur le texte "droits et devoirs des demandeurs d'emploi. Texte très intentionnellement placé au coeur de juillet, avec les augmentations du gaz et toutes les pilules amères que l'on espère voir se dissoudre dans la vague des départs en vacances. Le programme législatif de juillet a été édifiant de ce point de vue : loi de modernisation du dialogue social, service minimum à l'école...
On le devine, dans le texte que nous allons aborder à partir de cet après-midi, les droits sont réduits à leur plus simple expression, les devoirs remplissent les deux articles de la loi. Les devoirs et surtout les sanctions, transformant radicalement l'esprit même de l'ANPE, qui est de porter aide, conseil et propositions d'emploi à ceux qui ont perdu leur travail. Ils y trouveront désormais bien davantage sanctions, contrôles et annonces de réduction d'indemnités.
La loi malheureusement ne crée pas les emplois. L'ANPE est supposée faire dans une année "deux offres raisonnables d'emploi" avant que tombent les sanctions. La situation économique risque de rendre ces deux offres "raisonnables" bien différentes des souhaits et des compétences des demandeurs.
C'est sur tout cela que nous allons passer deux, voire trois journées à l'Assemblée. Je parle à la fois dans la discussion générale et pour présenter mes amendements.
Cela, dans un temps de pur été qui incite à fermer les cahiers et ranger les cartables.
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mardi 15 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mardi 15 juillet 2008 à 12:14 dans Journal
Le XIV juillet à Bordeaux a été marqué par un spectacle très fin, réservé aux amateurs et pour cela d'autant plus goûteux. En quelque sorte, comme à Avignon, le "off" du défilé traditionnel.
Brochette, non moins traditionnelle, d'officiels qui ouvrent la cérémonie en traversant la moitié de la place des Quinconces pour se rendre à l'estrade qui leur est réservée. Côté civils, Juppé, Rousset, Respaud et les deux députées du lieu, Mme Bourragué et moi. Côté militaires, Le Général Klein, le général Frère et quelques autres hauts gradés. Au milieu, le Préfet, qui comme on sait est un civil, mais porte un très bel uniforme et salue les troupes la main à la casquette comme les militaires.
C'est là qu'on a vu toute l'expression du talent de ma collègue députée, casaque turquoise, jupe à pois. Partie dans le gros de la troupe pour la traversée de la place, elle a remonté l'ensemble avec une maestria dignes des plus beaux jours de l'hippodrome de Vincennes. Au quart du chemin, elle avait rejoint Rousset, au deux tiers, elle l'avait dépassé !
Une épreuve était encore possible : la place des Quinconces appartient pour moitié à la première et à la deuxième circonscription, le protocole ne tranchait donc pas. Sa chaise serait-elle la plus proche du Seigneur (qui on imagine...) ou bien serait-ce la mienne ?
Je l'avais vue longtemps interroger l'ordonnateur de la cérémonie avant que celle-ci commence et peut-être avait-il fini par obtempérer. En tout cas, elle a gagné ! Sa place était plus centrale que la mienne. Son visage s'est détendu, avec cette satisfaction pleine de bénévolence des combats difficiles.
Le rapport pour les parieurs n'a pas été bon. Mme Bourragué est coutumière de ces belles échappées dans un rang d'officiels. Je ne suis en la matière qu'un outsider.
Mais je m'applique...
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lundi 14 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
lundi 14 juillet 2008 à 11:37 dans Journal
.. Où l'on ne peut s'empêcher d'imaginer ce que pensent toutes les Unités entrain de défiler. C'est bien sûr, en bonne Bordelaise, d'abord aux Services de Santé de la Marine, Bordeaux défilant aux côtés de ceux de Lyon, sans savoir lequel "mangerait" l'autre, que je pense. Saluons (à l'envers), au passage, l'absence de courage du gouvernement qui devait officialiser le 3 juillet le noms des sites militaires fermés. L'annonce a été repoussée à la fin du mois, c'est à dire après le 14, mais plus encore après le 21 juillet, pour que quelques élus de la majorité, attachés à leurs garnisons, ne se mêlent pas de voter "non" à la réforme constitutionnelle, lors du Congrès.
Petit serrement de coeur en écrivant cela.
Le divorce entre le Président de la République et l'armée n'est certainement pas le plus spectaculaire de ses séparations, mais c'est sans aucun doute le plus grave. Je ne suis pas dans la tête de Michèle Alliot-Marie, mais son absence ce matin, n'est peut-être pas tout à fait sans signification.
Pour alléger ce billet, je ne veux pas manquer de signaler un grave impair dans le défilé du 14 juillet. Le sang (bleu) de mon éminent collègue Charles Amédée de Courson n'a dû faire qu'un tour lors de l'accueil des officiels. Christian Poncelet, le non moins éminent Président du Sénat a fait le baise-mains à Mme Sarkozy. Où est l'impair ? Oui, elle est mariée, qui plus est au chef de l'Etat. Oui, elle était en tenue de ville parfaite (haut des épaules couvert...), oui, lui même était civilement vêtu... Mais, ON NE FAIT JAMAIS LE BAISE-MAINS EN PLEIN AIR. J'espère que chacun mesure la gravité du fait.
Hors cela, on ne peut qu'apprécier une parade qui a un sens profond et qui est parfaitement réalisée. La maîtrise que cet exercice suppose serait-elle, dans notre pays, généralisée à tous les compartiments du jeu, et d'abord à l'échelon gouvernemental, nous irions mieux.
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dimanche 13 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
dimanche 13 juillet 2008 à 15:57 dans Journal
Petit bla-bla de week-end, au milieu d'une maison en plein travaux, qui sent le plâtre et la peinture, et où j'ai dégagé juste l'espace qu'il faut à mon petit ordi. Le portable donne à l'écriture nomade une amplitude inégalée et je me transporte volontiers d'un point à un autre selon la lumière du jour, le bruit ou le silence, même quand je suis dans ma maison ou dans mon bureau. Mauriac, terrien s'il en est, transportait ainsi son cahier d'une table à l'autre et finissait souvent sur un coin de canapé ou au pied de la terrasse de Malagar, en écrivant sur ses genoux. Il ne faut jamais craindre de se fabriquer de grandes références.
Je me suis amusée beaucoup hier d'un tire-bouchon qui venait en réaction à mon billet d'humeur du 6 juillet ("Difficile à comprendre"). L'auteur n'en est pas très difficile à identifier et il râle contre le fait que j'ai râlé moi-même du choix d'un titre centré sur Juppé pour le papier rendant compte de ma première année de mandat. Seul les fidèles du blog et de Sud-Ouest tout à la fois comprendront. J'en parle pour me réjouir de l'interactivité entre les blogs et les médias traditionnels. Une sorte de démocratie participative tout à fait bienvenue dans l'univers médiatique.
Hier toujours, au marché du Grand Parc, une dame m'aborde avec ces belles paroles :
''Vous irez visiter, pour votre bienvenue,
Madame la baillive et madame l'élue
Deux vers de Tartuffe, avec lesquels, un peu moqueuse, elle saluait "Mme l'élue". Nous avons continué à converser entre l'étal des fruits et celui du charcutier. Quand la culture est intriquée de cette manière naturelle avec la vie, elle n'a rien de pédant, elle est au contraire un agrément continu, une sorte de liberté aérant toute chose. Ma mère possédait pleinement ce trésor, et je n'en ai en comparaison que des miettes. En ramassant des herbes dans le jardin, en faisant n'importe quelle tâche très quotidienne, il lui venait un vers ou une citation pas toujours complète mais qui donnait aussitôt une légèreté particulière, un souffle, une dimension à la moindre petite activité.
Merci, Mme C., de cette jolie et moqueuse citation...
Je retourne au petit bric à brac des choses à faire. La journée est légère, libre et parait vouloir se dégager tout à fait de la grisaille. A tout à l'heure.
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vendredi 11 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
vendredi 11 juillet 2008 à 11:14 dans Journal
Les personnes de plus de 13 ans, engagées de quelque manière dans la vie publique, sont susceptibles d'un fichage sans limitation de contenu ni de temps. Ci-après un communiqué du syndicat de la magistrature, auquel je n'ai rien à ajouter.
à diffuser. Lire la suite
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jeudi 10 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
jeudi 10 juillet 2008 à 15:57 dans Journal
Et si l'UMP était le seul parti à France où il n'y ait aucun imbécile, pas le moindre petit barbouzinet de banlieue, bref personne capable de faire un coup foireux ?
C'est en tout cas le sens des déclarations des dirigeants de la dite UMP qui qualifient de "pêtage de plomb" l'interrogation de Ségolène Royal sur la possibilité de coincidences entre la mise à sac de son appartement et ses propos à l'encontre du "clan Sarkozy".
On peut comprendre que Ségolène se lasse un peu de la fidélité des monte-en-l'air pour son appartement de Boulogne et de leur goût pour les ordinateurs qui s'y trouvent.
L'an dernier, le même jour exactement, ses ordinateurs chez elle, et le mien à l'Assemblée, nous avaient été dérobés. Le mien n'a jamais réémis depuis, ce qui exclut un vol pour usage et pour commerce. Pour le dire simplement, je pense comme elle qu'il y a des imbéciles partout, et que l'UMP n'en ait sans doute pas plus indemne que n'importe quel autre parti.
L'affaire mérite peut-être un ton moins badin.
D'abord, concernant Ségolène, parce que c'est le premier acte d'un procès bien orchestré en incompétence, tel que nous avons vécu un au moment de l'élection présidentielle. Les ténors de l'UMP ont entonné au même moment, presque avec les mêmes termes, le même cantique. "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose", disait Beaumarchais. Les "communiquants" d'aujourd'hui n'ont rien inventé.
Ensuite, parce que quand on ne peut plus exprimer une évidence sans être qualifiée de sorcière, on a fait un pas vers l'absolutisme. Que Ségolène s'interroge, nous le ferions aussi. Qu'elle réponde tranquillement que "le Président de la République n'est pour rien dans la libération d'Ingrid Bétancourt", tout le monde le sait. La noria médiatique qui s'est aussitôt déchainée est fort inquiétante.
Nous devons être d'une vigilance extrème, non pas sur l'écume des choses, intentionnellement agitée, mais sur le sens de cette agitation.
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mardi 8 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mardi 8 juillet 2008 à 18:15 dans Journal
Election ce matin à l'Assemblée du Président du groupe Socialiste, Radical et Citoyen. Soit dit tout à fait entre nous : une matinée bien mal occupée.
Pourquoi : parce que nous avons mieux à faire qu'à présenter au public des rivalités de personne.
Résumé des épisodes précédents : lors de son élection, en début de législature (juin dernier), Jean Marc Ayrault s'était engagé à remettre son mandat de Président au vote chaque année.
Dans la proximité du congrès, cela ne paraissait pas un impératif, et pour ma part j'étais de ceux qui pensaient que nous pouvions remettre l'affaire après novembre. Chose promise, chose due, il a souhaité faire comme il avait annoncé.
En fin de semaine dernière, surprise, Arnaud Montebourg (actuel premier vice-Président) décide de présenter sa candidature. Frisson gourmand dans les médias : est-ce un signe d'avant-congrès, qui va voter quoi, qui invectivera qui...
Ce matin donc, foule des grands jours à la porte de la salle de réunion de notre groupe. Mur de caméras et de micros, les députés se demandaient s'ils n'étaient pas de trop...
Soit dit entre nous : comme nous aimerions cette foule quand l'un ou l'autre défend auprès du groupe son projet de loi ou quand on essaye d'approfondir les lois de bioéthique ou la législation du travail !
Présentation des motifs des deux candidats, tous les deux un peu coincés. Arnaud soutenant qu'il était porteur d'un renouvellement et de l'image d'un monde qui change, Jean-Marc exprimant qu'il voulait poursuivre le travail (intense) de cette année.
Résultat des courses : Jean Marc 120 voix, Arnaud 57.
La signification du vote est claire : pour les députés du groupe SRC, la partition est plus importante que le jeu des solistes, l'action en face de la politique gouvernementale plus urgente que le renouvellement des mandats.
Le vote n'a pas été celui de l'immobilisme ; je crois qu'il a marqué la volonté de la majorité de concentrer nos forces sur la poursuite du travail du groupe au cours de cette première année de législature, et de voir ce travail prioritairement porté à la connaissance des français.
Français qui, avec raison, attendent de nous que nous nous inscrivions dans les réalités que dans les rivalités.
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Par Michèle Delaunay,
mardi 8 juillet 2008 à 17:29 dans Journal
en direct avec vous
A l’issue de ma première année de mandat, je tiendrai
Demain, mercredi 9 juillet, à partir de 12 h 45_
un "Chat" sur le site 20 minutes.fr
Actualité nationale et locale, action à l'Assemblée, situation politique, économique et sociale à Bordeaux, enjeux du Parti Socialiste : sur tous ces sujets, je répondrai en direct aux "chateurs"
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dimanche 6 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
dimanche 6 juillet 2008 à 16:31 dans Journal
A l'occasion de mon premier bilan de mandat, Sud-Ouest m'a consacré une demi-page. L'article est le concentré d'une heure d'interview, fort sympathique au demeurant, avec une très réelle qualité des questions posées, l'échange ayant été enregistré dans sa totalité.
Ce concentré, qui a coûté six heures de travail à Hervé Mathurin, n'est pas toujours facile à comprendre, et j'essaye ici d'en éclairer quelques phrases.
-Condition carcérale
"J'ai porté le dossier des conditions carcérales. Alain Rousset et moi, nous avons demandé de désserer l'étau de l'été. Avec notamment une grâce qui ne serait pas une grâce parce que le juge déciderait à la place du Président de la République"
Ecrit comme ça, évidemment, ça parait plutôt obscur ..
Traduction :
Le dossier de la condition carcérale et de la justice illustre bien le lien que doit faire constamment un député entre la politique nationale et son application locale. Je me suis battue à Paris contre la loi sur la récidive qui entraine mathématiquement une augmentation du nombre et de la durée des incarcérations. A Gradignan, le taux de surpopulation carcérale a atteint 211% . L'été, la chaleur dans les cellules, rend ces conditions inhumaines d'incarcération plus pénibles encore. Nous nous sommes rendus avec Alain Rousset au ministère pour demander des mesures d'urgence afin, en effet, de "désserer l'étau de l'été". Parmi celles-ci (promenades et parloirs plus longs, activités sportives...), j'ai proposé que le Président de la République qui se refuse aux traditionnelles "grâces présidentielles" du 14 juillet exprime aux juges, et en particulier aux juges d'application des peines, le souhait qu'en son nom, on privilégie les peines alternatives, les aménagements de peine et les libérations conditionnelles. Cette proposition laisserait la responsabilité aux juges (c'est à dire éviterait le côté "monarchique" de la grâce) et permettrait de réduire l'inhumaine surpopulation carcérale actuelle.
Il y a actuellement une volonté d'absolutisme sur cette ville et une stratégie de reprise en mains. j'en veux pour preuve le découpage des cantons"
Reconnaissons-le, là il faut carrément s'accrocher ! Ceux qui ont atteint le troisième paragraphe, doivent vraiment se demander "quel découpage ?".
Tentative de traduction là-aussi : le maire de Bordeaux a nommé des adjoints de quartier et redécoupé leurs territoires par strict décalquage des cantons urbains, c'est à dire des territoires des conseillers généraux. Son soucis est purement stratégique : regagner les cantons qu'il perd régulièrement, mais beaucoup plus gravement, rendre plus difficile encore la compréhension des citoyens du "qui fait quoi ?" "Pourquoi, et avec quelles compétences". C'est beaucoup plus grave qu'il n'y parait : cela méli-mélo ne peut que finir de désintéresser les citoyens à la politique !
Troisième exemple, mais là, pas d'inquiétude, aucun lecteur n'est parvenu jusqu'aux 2/3 de l'article !
A propos de l'opposition municipale : Alain Juppé ne prend jamais en compte les propositions. Même les aménagements de la place Tourny n'ont pas eu grâce à ses yeux. Ce n'était pas de la polique, ça ! Juppé, je ne lui demande pas d'entrer dans la Ligue révolutionnaire!"''
Là, le rédacteur a vraiment fait très fort ! Oui, c'est vrai, Alain Juppé , ne prend jamais en compte les propositions de l'opposition municipale. Et j'ai donné l'exemple d'une proposition qui n'a rien de politique, moins encore de subversif : dégager l'intendant Tourny du fatras de panneaux indicateurs et revoir l'aménagement très "bric à brac" de cette place emblématique. Et j'ai ajouté par plaisanterie, après explication, "personne ne demande à AJ d'entrer à la ligue révolutionnaire, mais seulement d'accepter des propositions positives !"
On le comprendra, j'ai émis quelques réserves auprès d'Hervé Mathurin sur ce papier dont il est l'auteur. La pire est pourtant le titre, mis dans ma bouche "Alain Juppé m'écarte de tout". Ce n'est certainement ni mes mots, ni l'idée force que j'ai essayé d'exprimer dans cet entretien d'une heure. Hervé Mathurin m'a répondu que c'était la liberté du journaliste. Alors ma liberté à moi, c'est de refuser que cela soit écrit entre guillemets et avec un pronom personnel.
Sous la photo "Pour Michèle Delaunay, il n'y a pas de distinction à faire entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé". Là aussi, entre guillemets. Oui, la politique d'Alain Juppé est à Bordeaux , et serait la même au plan national s'il n'en avait été écarté. Mais écrire la phrase ainsi, et la mettre dans ma bouche, est tout simplement une faute professionnelle.
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samedi 5 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
samedi 5 juillet 2008 à 16:56 dans Journal
Deux oiseaux rivalisent de beauté dans mon jardin ; tous les deux grands, l'un à peine un peu plus qu'un pigeon, l'autre sensiblement plus grand.
La pie, noire et blanche, parait habillée par Saint Laurent. Quand elle vole, un grand V blanc se dessine sur ses ailes noires, que curieusement on a envie de qualifier "noir de geai". Sur ce smoking d'apparat, deux faisceaux de plume d'un bleu marine profond. La classe.
Le geai fait plutôt dans des teintes douces : habit marron glacé, un peu rosé, et dessus une magnifique parure d'un bleu difficile à qualifier, plus vif que les porcelaines wedgwood, rare. J'ai un pull over un peu comme ça, mais je crains que ça ne suffise pas à vous faire voir le plumage du geai, tellement caractéristique.
Mes deux bellâtres ne sont pas des commensaux très agréables pour leurs congénères plus petits : il mangent volontiers les oeufs dans les nids, quelquefois même les oiseaux qui en sont juste sortis. Dans mon jardin, ils se disputent les escargots, qu'ils saisissent et dont ils vont casser la coquille sur la pierre d'un banc. J'ai mis plusieurs jours à comprendre ce qu'était ce cimetière quasi préhistorique.
Est-ce que la beauté chez les oiseaux donne des droits, comme l'argent chez les humains ? Je pense qu'on connait ma réponse. Les oiseaux n'ont sans doute ni méchanceté, ni gentillesse, ils se battent pour survivre.
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mercredi 2 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mercredi 2 juillet 2008 à 16:36 dans Journal
Je serais tout simplement très heureuse de votre présence à mon compte-rendu de mandat
demain jeudi 3 juillet, à 18 h 30
à la maison du combattant (de la combattante !)
97 rue Saint Genès à Bordeaux
un buffet de jardin, garanti libre d'OGM, nous réunira ensuite
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mardi 1 juillet 2008
Par Michèle Delaunay,
mardi 1 juillet 2008 à 21:03 dans Journal
Du plomb dans l'aile, mais pour la com', ça va bien !
Le parallèle avec la politique du gouvernement est flagrant : la défiscalisation de Robien fait contre elle l'unanimité des experts, mais, au diable l'avarice, les efforts et dépenses de communication n'ont jamais été aussi bon train !
Même topo pour la politique du pouvoir d'achat du gouvernement : échec absolu, entériné autant pas la célèbre "ménagère de plus de 50 ans" que par les Economistes, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières. (Dé)Raison de plus, d'investir 4,3 milllions d'euros dans la publicité télévisée. On prend vraiment les gens pour des zozos. Du genre "Votre pouvoir d'achat fléchit ?... Non, non, ce n'est pas parce que la politique du gouvernement est mauvaise, c'est que vous ne l'avez pas comprise !"
Je reviens au de Robien. Pas à l'élégant Ministre qui a vilipendé la méthode globale de lecture qui n'était plus utilisée par les enseignants depuis que j'étais moi même à l'école, mais à la mesure de défiscalisation qui l'a fait entrer dans la postérité microcosmique de la politique française contemporaine.
Les experts sont unanimes et les gogos qui se sont laissés prendre commencent à les suivre : le "de Robien" est en grande partie responsable de l'enchérissement du prix du foncier et de la hausse des loyers, et au passage aussi de la difficulté des bailleurs sociaux et des collectivités à élargir leur parc social.
En plus, et ce n'est pas le moindre, la mesure est à l'origine de milliers de constructions médiocres, qui ne trouvent aujourd'hui pas preneur et qui commencent de se clochardiser, si l'on peut utiliser ce mot pour un bâtiment.
Michel Duchène, adjoint du Maire de Bordeaux, avec son humour très fin dès qu'il aborde le domaine social, entérinait lors de notre séance plénière du Conseil Général du 29 juin, ce naufrage politique. Le retard en logements sociaux de Bordeaux était évoqué. Qu'à cela ne tienne ! Michel Duchène a la réponse : le logement de Robien va bientôt devenir un "logement social de fait", terme que la droite affectionne pour désigner les logements insalubres. Et ainsi, il pourra renflouer les mauvais chiffres bordelais.
En l'entendant, je me demandais s'il faisait de l'humour, de la provocation ou un accès aigu d'inconscience politique. Les trois, sans doute.
Pourquoi je parle du "de Robien" aujourd'hui plus qu'hier ? Parce que j'en ai ras l'ordinateur, comme plusieurs d'entre vous qui me l'ont signalé, des messages gouvernementaux "Transformez votre impôt en patrimoine !". Suit un baratin, sur tous les avantages de la mesure sur la facture que vous recevrez du Trésor public.
Oui, les gogos, sont bien en effet défiscalisés, mais ceux qui s'enrichissent réellement, et à destination desquels la mesure a été conçue, ce sont les promoteurs !
Ce n'est pas de pub dont nous avons besoin, mais d'un véritable dossier dans la presse de grande diffusion, d'une vraie information sur le sujet pour que cette disposition délétère, que Martin Hirsch a un moment espéré faire supprimer, avant de rentrer dans ses 22, soit séchée par désintérêt de ceux qui la nourrissent.
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