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mardi 30 janvier 2007

Une écologie Haute Qualité de Vie (H.Q.V.)

Ce dont nous allons débattre demain 31 janvier (Athénée municipal, 20h) "la qualité de vie et la santé au coeur du projet écologique" est en tout cas au coeur de ma réflexion et de ce que je voudrais apporter au débat présidentiel et à notre projet législatif.

Après des décennies de luttes sociales, de progrès médicaux, que constatons-nous ? Les hommes vivent plus longtemps et cela est un progrès considérable, social et médical, dont il nous reste à "transformer l'essai" et à faire que cette "espérance de vie" prolongée ne soit pas, pour une part non négligeable, une attente amoindrie de la mort.

Ce n'est pas notre sujet de l'instant.

En dehors de cela, deux versants : des maladies éradiquées, et quelles maladies ! (poliomyélite, diphtérie, croup, à un degré plus incomplet tuberculose, coqueluche...) . Des traitements décisifs, en particulier dans le champ des maladies mentales, renvoyant aux oubliettes toutes les images de ce qu'étaient autrefois "les asiles de fous" ou, plus tard, "les asiles psychiatriques".

Versant opposé : des maladies nouvelles ou des maladies en expansion "épidémique" alors que ce ne sont pas des maladies dues à des germes ou à des virus : dépression, drogue (addictions de tous ordres), troubles du comportement, obésité, hyperactivité...

Le champ des maladies mentales, codifié précisément, s'élargit au lieu de se restreindre sous l'effet des traitements et des études génétiques. Il concerne de plus en plus les enfants, autrefois très majoritairement protégés de ces troubles.

"Les troubles du comportement", graves ou plus anodins, sont plus nombreux et plus fréquents qu'autrefois. La souffrance, ce mot si beau et si terrible, gagne du terrain au lieu de le déserter.

Pourquoi ?

C'est notre responsabilité de nous interroger. De même que nous devons nous interroger sur le réchauffement de la planète, sur la disparition des espèces, nous devons nous poser une question simple "dans quel état rendrons nous l'homme ?" Et pas seulement "Dans quel état rendrons-nous la planète ?"

Comme Nicolas Hulot pour l'environnement, je veux porter cette question au jour. Pas pour être la mère fouettarde de comportements aberrants ou délétères, mais parce que, comme pour l'environnement, les citoyens sont responsables, doivent être informés, pour pouvoir comprendre et choisir.

Car il y a des réponses. Identifier en particulier l'exploitation commerciale de la vulnérabilité des personnes "mal dans leur peau", en difficultés, en crise, est un pas important. S'y opposer est un devoir politique.

L'évolution de l'attitude que nous avons à l'égard du tabagisme est exemplaire. La prise de conscience a lieu, des moyens législatifs sont mis en oeuvre.

Le tabac n'est pas un danger environnemental (rien de plus inoffensif qu'un champ de tabac !) mais un danger comportemental (le tabagisme). Nous avons compris, tardivement, qu'il faut agir.

Je vous invite très chaleureusement à ce forum participatif (demain, 20 h à l'Athénée municipal de Bordeaux). Et si, ensemble, nous définissions une nouvelle écologie , qui ne se satisfasse pas de critère "H.Q.E." (haute qualité environnementale) mais qui réclame aux municipalités, à l'Etat, à nous mêmes des critères "Haute Qualité de Vie"?

  • débat participatif : 31 janvier, athénée municipal de Bordeaux, 20 heures.

lundi 29 janvier 2007

Suffisants et communiants

Messe du souvenir de l'abbé Pierre. D'où j'arrive, gelée jusqu'aux moëlles, ce qui n'est rien au regard de l'hiver 54. Et il n'est pas mauvais que les faits bousculent jusqu'aux expressions toutes faites : le froid de la cathédrale de Bordeaux, après une longue journée et à l'issue du Conseil municipal, n'avait rien à voir avec celui qui a fait dire à l'Abbé "Mes amis, au secours, une femme est morte gelée cette nuit..."

Cette phrase a été citée de multiples fois ces derniers jours. Elle a été redite ce soir et je la trouve exemplaire. Seule une sincérité totale peut trouver des mots aussi justes. "Mes amis... " . C'est à la communauté des humains qu'il est fait appel, personne n'est culpabilisé d'avoir chaud, d'être chez soi. "Mes amis..."

Plusieurs textes de l'Abbé Pierre ont été lus par des compagnons d'Emmaüs. L'un m'a frappé, que je cite de mémoire et donc très imparfaitement " Le monde n'est pas séparé entre croyants et incroyants, mais entre "suffisants" et "communiants". "Suffisants", ceux qui se suffisent d'eux-mêmes, qui s'intéressent et ne croient qu'à eux-mêmes, ceux qui détournent le regard du malheur des autres. "Communiants", ceux qui partagent les joies et les malheurs des autres. Il y des suffisants parmis ceux qui croient, et des communiants parmi ceux qui ne croient pas".

Ma citation est maladroite, imparfaite et ne rend certainement pas la force du propos. Elle est exacte dans son sens, mais je serais heureuse que l'on m'apporte la version authentique, certainement beaucoup plus percutante. Le double sens du mot "suffisant" ("qui se suffit", mais aussi "qui est imbu de soi") est décisif ici. Cet abbé savait que "la langue ne ment pas".

Je me suis promis de n'avoir pas de langue de bois dans ce blog. J'aurais préféré une messe plus oecuménique, où tout homme de tout horizon se serait senti en "communion" (le même mot encore) avec l'Abbé.

Je rentre et je sens encore ce froid : cette cérémonie était une cérémonie catholique trop traditionnelle, où l'on s'est pressé à la table de communion, où je n'ai pas senti suffisamment l'universalité du message .

samedi 27 janvier 2007

Inégalités devant la santé : encore une fois, du simple au double (21)

Deux fois plus de petits mongoliens chez les femmes "sans profession" que chez les femmes informées et pour tout dire "de catégorie sociale supérieure".

Le fait brut est celui-là et rejoint, à point nommé si l'on peut dire, le billet consacré récemment aux "inégalités sociales de santé" (billet 16 de janvier). Cette proportion extrèmement frappante, choquante, est retrouvée : l'inégalité sociale devant la santé ne se chiffre pas en décimale, l'écart entre une personne pauvre et une personne "favorisée" va du simple au double.' Le chiffre le plus frappant, le plus formidablement injuste est celui de l'espérance de vie d'un bout à l'autre du monde : 40 ans ici, 80 là. Serions-nous nés au Burundi, combien parmi les lecteurs de ce blog seraient déjà morts?

Mais restons dans notre pays. Notre rayon d'action n'est pas si grand, même si notre conscience doit avoir de larges horizons.

Un rapport publié dans l' "American Journal of Public Health", du à une équipe française de l'INSERM, montre en chiffres "sonnants et trébuchants", l'inégalité entre les femmes pour le dépistage des enfants mongoliens. La "trisomie 21" qui est responsable de ce retard mental du développement de l'enfant, assorti d'anomalies physiques et d'un risque vital particulier, est dépistée et prévenue de manière très différente dans les divers milieux sociaux.

La loi est bien faite : un dépistage est proposé en France à toutes les femmes enceintes (dosage de marqueurs biologiques et échographie). En cas d'anomalies, une "amniocentèse" (ponction utérine de liquide amniotique) est proposée. Cette même amniocentèse est proposée systématiquement en cas de grossesse après 38 ans. Le risque de naissance d'un enfant trisomique est en effet plus élevé après cet âge, et l'amniocentèse permet le dépistage.

Regardons les chiffres avec un peu de précision ; 70% des foetus porteurs de l'anomalie sont dépistés avant la naissance. Ce bon chiffre est une moyenne : 84% chez les femmes cadres, 57% chez les femmes sans emploi. Même importante variation selon l'origine ethnique : 73 % des cas dépistés chez les femmes françaises d'origine, 55% chez les femmes originaires d'Afrique du nord.

Dans la période 83-2002, il y eu deux fois plus d'enfants trisomiques chez les femmes sans profession que chez les femmes de niveau social élevé.

Un point très frappant : lorsque le diagnostic de trisomie a été fait 5,5% des femmes poursuivent leur grossesse. Ce chiffre monte à 11% chez les femmes sans emploi, et entre 15 et 21% chez les femmes originaires d'Afrique du nord.

Une démonstration supplémentaire de l'enjeu qui est le nôtre : réduire les inégalités devant la santé, l'information, la prévention. Ce ne sont pas les médecins qui sont en cause (le dépistage est de qualité, les examens sont fiables..), c'est à l'action politique de se mettre en place.

Une fois encore : la maladie relève des médecins, la santé relève de la politique. Et si bien sûr la politique doit intervenir dans la maladie (remboursements, accès aux soins, hôpital..), la santé est d'abord un problème politique. Et une condition de pouvoir assumer les formidables coûts de maladie.

Une autre conclusion à ce rapport austère : l'importance de la responsabilité sociale des citoyens, chercheurs, scientifiques y compris. Avec ce raport, elle est parfaitement assumée.

L'Ecologie centrée sur l'Homme : débat participatif le 31 janvier à 20h00, Athénée municipal de Bordeaux

L'Ecologie centrée sur l'Homme : débat participatif le 31 janvier à 20h00, Athénée municipal de Bordeaux

Le Parti socialiste, le Parti Radical de Gauche, le Mouvement Républicain et Citoyen, Désirs d'avenir Gironde vous invitent à participer au projet présidentiel de Ségolène Royal

Mercredi 31 janvier 20h00

Athénée municipal de Bordeaux

La santé de l'Homme au coeur du projet écologique :
un enjeu pour 2007 !

L'activité humaine, nos choix de société ne menacent pas que la planète. Le devenir de nos enfants, notre qualité de vie, notre santé, sont mis en danger par des comportements excessifs et par leur exploitation commerciale. Réfléchissons et réagissons ensemble !

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ENTREE LIBRE ET GRATUITE

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Avec Michèle Delaunay, Médecin des Hôpitaux, Conseillère municipale socialiste, Conseillère générale de Bordeaux

Etienne Parin, Urbaniste

Anthony Peyron, Responsable de l'Union nationale lycéenne


O vous souhaitez obtenir des informations sur cette thématique ?
vous souhaitez rejoindre la campagne socialiste ?
Retournez ce courriel à l'adresse [email protected] avec vos coordonnées.

Sur l'Ecologie centrée sur l'Homme et sur bien d'autres sujets : www.michele-delaunay.net !


La parabole des trois sauvages

Un forum mondial a lieu à Paris. Scientifiques, politiques, écologues, sociologues, etho-ethnologues arrivent du monde entier. Les caméras sont braquées dans les entrées, CNN, France 24 émettent en direct sans interruption. Le service d'ordre a été doublé après l'annonce de la visite d'une star du football. Organisateurs, intervenants, tout le monde vit depuis des jours le téléphone portable vissé à l'oreille. Le public admis se déverse par tous les modes de communication imaginables. La ville est bloquée, les télés en alerte. Deux Pédégés qui viennent d'être élus par "world capital" "Plus gros revenus horaire du monde" sont attendus ...

L'éffervescence est à son comble. Dans les rues bloquées, les klaxons hurlent, des hélicoptères survolent la ville...

Tout d'un coup, sortis d'une bouche de métro apparaissent trois sauvages, habillés de peaux d'animaux, des colliers autour du cou comme dans les histoires de notre enfance, mais chacun avec un gros carnet et un crayon à la main...

- "Mais qu'est-ce que vous venez faire là ? Enfin, c'est pas possible, est-ce que vous vous rendez compte ?"

- "Ben, à vrai dire, c'est pas tellement qu'on y tenait. Déjà que c'est pas marrant tous les jours chez vous...Mais on a pensé qu'il fallait qu'on se dépèche si on ne voulait pas qu'il soit trop tard. Parce qu'avec la manière dont vous vivez, vous allez pas tarder à disparaître !

Alors on est venus pour prendre des notes, garder une trace..."

Bien sûr que j'ai une arrière-pensée en vous racontant cette histoire...

jeudi 25 janvier 2007

Espérance de vie

D'une longue journée qui finit à l'instant avec le forum participatif du Grand Parc "logement, développement solidaire", autour de Beatrice Desaigues, que retenir ? Tout est matière à développement, tout pourrait être l'objet de cette conversation du soir ou de la nuit qu'est pour moi le plus souvent le blog.

C'est ma longue visite à la maison de retraite terre-nègre que je vais essayer de déposer sur ces pages immatérielles dont je ne sais pas vraiment où elles logent entre mon écran et le vôtre. Essayer, car il y tellement d'éclairages possibles de ces deux heures, que déjà en choisir un est réduire la multiplicité de ce que j'éprouve toujours dans ces lieux, et peut-être d'autant plus que je m'y rends dans ma fonction publique.

La visite elle-même à Terre-nègre a quelque chose d'assez formel. Elle a lieu chaque année à l'occasion du "repas du Conseil Général" , un repas amélioré et de qualité offert par le Conseil Général. A cette occasion, le Conseiller Général du canton (Michel Duchène, qu'aujourd'hui nous avons attendu en vain) et moi "visitons" les résidents, le personnel et bien sûr les lieux que nous faisons de grands efforts pour réhabiliter.

C'est un exercice d'une grande délicatesse. Délicatesse intérieure d'abord, car dans la pratique, il est extrèmement simple : les personnes âgées sont toujours accueillantes, ont toujours quelque chose à dire, acceptent avec courtoisie même quand on leur dit des fadaises. Mais, justement... La difficulté vient du fait que j'aimerais passer le repas à une seule table, voire à côté d'une seule personne, parler vraiment, écouter vraiment ou du moins écouter longtemps. Il y a quatre cent résidents, plusieurs pavillons, on se doute que les échanges sont trop courts, même si bien évidemment je ne cherche pas à aller à toutes les tables pour souhaiter bon appétit ou demander si les huitres sont bonnes !

Des bribes de conversation s'amorcent : avec cette dame qui a travaillé trente-deux ans à Terre-nègre et qui finallement vient d'entrer pour y finir sa vie, avec cette autre que j'ai soignée il y 20 ans et qui est toute émerveillée que je la reconnaisse, avec ce collègue médecin qui se souvient de mon nom mais qui ne sait plus très bien pourquoi, avec, avec, avec...

Avec ce monsieur d'apparence très grognon, que je parviens à "entr'ouvrir". Il a eu une attaque, les pompiers l'ont amené là (sans doute a-t-il oublié les étapes intermédiaires), il me dit qu'il n'est pas fait pour être commandé, qu'il a toujours vécu à sa guise et qu'il espère qu'il va mourir bientôt. Avec cette dame très élégante qui me dit qu'elle est venue-là "pour arranger ses enfants". Elle n'en dit pas plus, mais on devine beaucoup.

Terre-nègre est une très grande maison, O combien nécessaire à Bordeaux, où les structures d'accueil manquent lourdement. Des niveaux très différents de condition physique et mentale s'y cotoyent. Moyenne d'âge 83 ans, proche de la moyenne générale des résidents de maison de retraite. Deux hectares au coeur de Bordeaux (à quelques mètres de FR3) et pourtant l'impression d'un univers déjà clos, dont on ne sortira plus.

Un résident, d'une sénilité étrangement lucide a répété trois fois en me regardant : "on y viendra tous, on y viendra tous.." . Il était seul à sa table : sans doute, ses sombres présages n'invitent pas à la convivialité.

L'âge, je veux dire la politique de l'âge, est ma préoccupation majeure. Nous n'avons toujours pas pris la dimension de l'ampleur des problèmes posés par l'augmentation continue de l'espérance de vie. Toutes les familles, toutes sans exception affrontent pourtant un aspect ou un autre de ces problèmes.

Je vais ne dire qu'un tout petit point que je voudrais apporter à Terre-nègre : un cyber café ! Il n'y a pas un ordinateur à disposition des résidents. Ils sont âgés, mais je suis sûre que beaucoup sont bien capables d'apprendre le minimum de gestes pour se connecter, avoir une adresse mail où ils pourront recevoir des messages et les photos de leurs petits enfants. Bien sûr il faut quelqu'un pour venir leur enseigner, leur montrer, les guider si nécessaire. Mais ce n'est pas plus bête qu'une animation autour des chansons de Pascal Sevran. Et avec le temps, de plus en plus de nouveaux résidents sauront se servir d'un ordinateur.

Nous devons inventer et investir très fort pour que l'espérance de vie reste une espérance de vie.

mercredi 24 janvier 2007

Le jeune vieillard et la belle Garonne

"Un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle", dit le sage. Eh, bien ce soir, c'est un jeune vieillard, plein d'énergie et de fougue qui est reparti pour un long chemin... La " bibliothèque franco-allemande" est née, dans le beau sillage du Goethe Institut, de l'Université Michel Montaigne, du Conseil Régional, de la ville de Bordeaux et du Conseil Général.

C'est le Conseil Général que je représentais ce soir pour un moment heureux. Beaucoup de Bordelais ont craint -et moi avec eux- que la belle histoire du Goethe Institut à Bordeaux s'arrête. Le gouvernement allemand a redistribué et élargi ses cartes culturelles à la Chine, à l'Inde et à l'Est de l'Europe. La bibliothèque du "Goethe" de Bordeaux a été menacée de fermeture et de liquidation.

Aujourd'hui elle renaît. Toutes les énergies qui ont été nécessaires étaient ce soir réunies. Nous étions trois dames pour dire notre plaisir que nos collectivités se soient rassemblées autour de l'Université pour réussir ce beau coup (Anne Castanet, Anne Marie Cocula et moi).

C'était sympa, chaleureux, sans réserves. Un ami a fait remarquer que c'est un Allemand qui a fait entrer Bordeaux au patrimoine poétique de l'humanité :

"Souffle le vent du nord-est,
mon préféré entre les vents
car il promet ardente inspiration
et aux marins bonne traversée

''Va donc maintenant et salue
la belle Garonne
et les jardins de Bordeaux
Là bas, où sur la rive escarpée
S'éloigne le sentier, où dans le fleuve
Profond tombe le ruisseau, mais au dessous
Veille aux lointains un noble couple
De Chênes et de peupliers argentés..''

Ce jeune vieillard qui ne mourra jamais s'appelait ce soir Hölderlin...

Inégalités sociales de santé (16)

Deux événements hier d'inégale importance. L'un a occupé tout l'espace médiatique et suscité une éffervescence absurde de commentaires, l'autre a été signalé brièvement par les radios ; aucun "politique" ne s'est fendu d'un commentaire. Le premier c'est bien sûr la phrase "Québecoise" de Ségolène. Un français peut-il exprimer autre chose que de la sympathie devant l'effort considérable de ce petit morceau de terre immergé dans la toute puissance anglo-saxonne pour conserver son identité et sa langue ?

Le deuxième est autrement fondamental : c'est la publication des rapports de l'institut de veille sanitaire sur "les inégalités sociales de santé en France". Les rapports sont austères ("la santé n'est pas sexy" , me dit-on toujours pour me mettre en garde d'en parler trop !) mais sans entrer dans leur détail, ils nous lancent à la figure une des réalités les plus dures de ce début de XXIème siècle : les écarts se creusent entre les plus pauvres et les plus instruits même dans le domaine de la santé. Ils se creusent au lieu de se réduire.

Beaucoup d'hommes se sont battus, ont milité, on écrit, pensé, parlé, fait effort pour défendre le "progrès". Et les écarts continuent de se creuser. A l'échelle de la planète, la durée de vie est du simple au double entre un Burundien et un Japonais (41 ans contre 82). La différence de PIB entre le pays le plus riche et le moins riche est plus grande qu'elle ne l'était au siècle dernier.

Du simple au double aussi en France, le pourcentage d'enfants obèses quand les parents sont ouvriers ou quand ils sont cadres, du simple au double le nombre de leurs caries dentaires...

Un point fondamental est que ce n'est pas la déficience de notre système de soins qui est en cause, mais celui de notre système de santé. L'accès à la santé est plus discriminant que le soin de la maladie.

Qu'est-ce que l'accès à la santé ? L'information, la prévention, l'accès à des conditions de vie non génératrices de maladie (logement, alimentation, activité physique, estime de soi..).

"La réduction des inégalités de santé est au coeur de la cohésion sociale" dit Martin Hirsch, en introduction de ses rapports. Parmi les "chances d'égalité" d'un enfant (mais aussi d'un adulte ou d'une personne âgée) sa condition physique vient en tête de toutes les autres. On appelait cela la "santé publique", je crois que c'est désormais de "santé sociale" qu'il faut parler : donner à chacun les moyens de son autonomie et de son développement.

Moi, finalement, je trouve ça assez "sexy" d'être bien dans sa peau....

lundi 22 janvier 2007

Une jolie histoire de l'abbé Pierre

Une jolie, très jolie histoire, que je dépose au mémorial de l'abbé Pierre.

"L'abbé", comme on l'appelait souvent dans les milieux politiques, demande audience au ministre Georgina Dufoy. L'audience est accordée, l'abbé expose brièvement le cas d'un homme dont il veut qu'il rejoigne sa communauté des compagnons d'Emmaüs. Malheureusement, l'homme est sous le coup d'une reconduite à la frontière...

Georgina, très encourageante "Monsieur l'abbé, si cet homme est recommandé par vous, vous vous doutez bien que nous allons faire notre possible. Comptez sur moi. Je vous tiens aussitôt au courant !"

L'abbé quitte le bureau en hochant la tête et Georgina confie le dossier à son directeur de cabinet (je tiens l'histoire de sa bouche)

Un semaine plus tard, le directeur de cabinet arrive assez penaud "Il s'agit d'un cas vraiment très fâcheux. Plusieurs vols à main armée, deux tentatives d'agression sur mineur, conduite en état d'ivresse.." Et il énumère une liste de forfaits peu susceptibles d'aménité ...

Georgina demande à l'abbé de revenir la voir

-"Monsieur l'abbé, votre confiance, j'en suis sûre, a été abusée.. Le cas de Monsieur X est au dessus de toutes possibilité de compréhension et même d'indulgence "

L'Abbé regarde Georgina : - "Madame la Ministre, vous vous doutez bien que si moi, un pauvre abbé, j'ai pris la liberté de vous déranger personnellement, d'abuser de votre temps, c'est que je savais que c'était un cas un peu délicat...

L'affaire finit bien : la cas "un peu délicat" a intégré les compagnons d'Emmaüs, dans la proximité de l'abbé Pierre et n'a plus franchi quelque frontière que ce soit...

L'abbé Pierre

La page informatique du monde ouvre ma journée avec la mort de l'abbé Pierre. Sa soutane, son béret, cette silhouette austère qui paraissaientt d'un autre temps ont ouvert et profondément marqué le temps que nous vivons, celui de la prise de conscience médiatique de la misère. L' abbé Pierre ne préchait pas du haut d'une chaire dans une cathédrale, mais dans le froid, suivi d' un micro et d'une caméra.

Il a gardé cette austérité de moyens qui a été pendant plus de cinquante ans la condition de sa force. Même dans les émissions à grand spectacle où il apparaissait quelquefois, il était ce petit abbé sans luxe, à la voix cassée, que l'on imaginait repartir dans le froid comme en 1954. Nous sommes tristes. Le monde est ce matin un peu plus désenchanté.

dimanche 21 janvier 2007

Ecologie : la défense des paysages (13)

"Le paysage ne nous appartient pas, nous le recevons et nous le transmettons, c'est tout". Cela a été l'objet de la première partie de mon intervention lors de la présentation de "la charte de l'écologie urbaine"*. Car c'est bien sûr vrai pour les villes, et vrai pour Bordeaux qui dispose d'un atout naturel incomparable : l'arc de son fleuve.

L'arc de son fleuve, sa double courbe, sa couleur mordorée et l'admirable écrin de pierre que le XVIIIème siècle a offert à sa rive gauche.

C'est bien davantage sur ce qui aura été apporté ou définitiment enlevé à la beauté de cet écrin que le temps jugera les mandatures d'Alain Juppé. Economiser les ramettes de papier, fermer la lumière en sortant des bureaux de la mairie, tout cela est bien et relève du simple bon sens. Respecter, magnifier le paysage, lui apporter la marque du XXIème siècle au plus créatif de son art et de ses moyens de construction, voilà qui est d'un autre ordre.

Je ne connais pas un Bordelais, mais ce blog est là aussi pour que la discussion s'engage, qui ne soit pas affligé de ce qui est déjà sorti de terre rive droite. Petit empilement de bâtiments sans envergure, loupés complets comme le millenium, où est l'ambition d'une ville, quelle marque laisserons nous d'un XXIème siècle pourtant O combien créatif en la matière ? Qui a vu le jeu de couleur des bâtiments de Houston, l'opéra de Sydney, l'intégration à son écrin vert de Vancouver, ne peut qu'être attristé de ce que nous réalisons à Bordeaux. Au moment même où nous demandons le classement de la ville au patrimoine de l'humanité.

Le décor de nuit n'est pas meilleur : voir briller au dessus de la Bastide l'énorme enseigne de la Banque Populaire, est comme un signe de ce qui domine à Bordeaux -comme ailleurs j'en ai peur- : la banque. De même, voir du haut du cours de Verdun, l'enseigne lumineuse verte de l'hôtel Ibis couronner l'Intendant Tourny nâvre tous ceux qui l'ont remarquée. Quoi de plus simple qu'un arrêté municipal astreignant la mise en place d'enseignes à des contraintes paysagères. Imaginez le Louvre dominé par une enseigne Mac'Do..

C'est pour ma part aussi pour cette volonté de respecter le paysage, que j'ai émis des réserves fortes au projet de pont Baccalan-Bastide. Nous n'avons pas même obtenu une exposition comportant une maquette de taille significative implantée sur le relief du territoire. Cela seul pourrait donner aux Bordelais une idée du rapport des volumes et de l'impact paysager de cet édifice considérable.

En 1998, lors d'une exposition semblable, les Bordelais ont découvert concrêtement ce que représentait le pont au droit des Quinconces que voulait imposer Alain Juppé. Et c'est à la suite de cette exposition qu'ils ont massivement rejeté le projet.

Sans doute la mairie de Bordeaux ne voulait pas renouveler l'expérience.

  • Conseil municipal du 15 janvier ; voir aussi "ma grand-mère, l'écologie et la bêtise durable". (janvier, 11)

mercredi 17 janvier 2007

"Il faut tenir !"

Le "Monde" et sa page électronique s'invitent décidément de manière régulière dans le blog. En ouvrant mon ordi à l'instant, les premiers mots de Ségolène Royal devant le bureau national du PS, transformé en conseil de campagne. La salle était pleine, discours, conseils et commentaires avaient commencé avant son arrivée . Trois mots : "il faut tenir !".

Tout est dit. Pas un mot des petits débats, des interrogations qui planaient ici ou là, un ordre simple, et pourrait-on s'amuser à dire, un ordre juste. En tout cas, un ordre, de ceux que l'on se fait à soi même volontiers par gros temps ou ciel de cafard.

Un micro avait été ouvert dans la salle, l'enregistrement a été transmis au journal "le Monde" qui en restitue l'essentiel. Elle a dit ce qu'il faut dire, fait ce qu'il faut faire : ne pas s'attarder, poser des actions, être soi.

Soyons nous-mêmes. Rien de moins et, si possible, un peu plus.

lundi 15 janvier 2007

Ma grand-mère, l'écologie et la bêtise durable

Ma grand-mère était une formidable écologiste et ne le savait pas. En réalité je suis de parti pris : mes deux grands-pères l'étaient aussi, comme leurs parents respectifs. Tous savaient qu'il faut une réserve de pluie quand on est agriculteur, qu'on éteint la chandelle quand on sort d'une pièce et qu'on couvre l'âtre pour la nuit. Tout ce monde, campagnard pourtant, aurait souscrit à "La charte de l'écologie urbaine" qui nous a été présentée aujourd'hui en Conseil Municipal par le premier écologiste de l'UMP, Alain Juppé.

Le vocabulaire est important, et permet d'habiller de vêtements nouveaux ce qui s'appelait autrefois tout simplement le bon sens. Les trente pages de cette charte ne contiennent à vrai dire aucune innovation. Nous avions sur notre banc la charte de la ville de Rennes près de dix ans plus tôt, les propositions qui nous sont faites aujourd'hui y étaient incluses. A Rennes comme à la municipalité de Bordeaux on va réduire désormais le nombre de milliers de ramettes de papier qu'on utilise dans les services, on luttera contre les fuites d'eau (c'est mon ami Gaüzère qui a souligné cette démarche innovante), on conseillera de rouler à pied ou en vélo... Excellent, aurait dit ma Grand-mère l'écologiste ! Excellent, mais certainement pas élémentaire puisque tout cela est "durable".

Ca, ma grand-mère n'y avait pas pensé : elle appelait économie ce qu'on appelle "développement", mais pas n'importe quel développement, celui qui est "durable". Ma grand-mère ne parlait pas anglais, et d'ailleurs ceux qui ont traduit le mot "sustainable", pas beaucoup mieux. D'accord "soutenable", traduction littérale de "sustainable" (qu'on peut porter sans risque, qu'on peut assumer) n'est pas bien compréhensible en français. Mais "durable" est carrément un contresens. Il y a dans le document municipal que nous a soumis Alain Juppé une phrase dont je cherche désespérément toujours le sens "il faut faire la ville durable sur elle même". Dessus, dessous, j'ai cherché, je n'ai pas trouvé ce qu'était une ville durable sur elle même et j'en appelle aux amis du blog. La bêtise durable, ça oui, je sais ce que c'est, et je garantis qu'elle est non seulement durable, mais éternelle.

Je ne suis pas restée en reste question "bon sens durable". Plusieurs pages du document municipal sont consacrées à la gestion des bâtiments. En éco-langue "comment faire qu'une maison ou un bâtiment soit durable sur lui même ?".

Bonne question... Pas un mot dans le doc, des ascenseurs de plusieurs tonnes pour élever d'un étage une pimprenelle d'un dizième de quintal. J'étais juste avant le conseil municipal dans un bâtiment public où personne ne savait où était l'escalier. Juré ! Et donc la pimprenelle, ça a été moi. Ma grand-mère n'aurait pas été contente.

Pas un mot non plus, du principal économiseur d'énergie que procure la construction la plus simple (type la maison de ma grand-mère) ou le bon sens le plus simple encore...

Vous brûlez ? Vous donnez votre langue au chat ?

Et bien cet économiseur d'énergie incroyablement efficace, c'est l'éco-volet ! Je n'ose pas dire "le volet", car j'aurais carrément l'air d'une pomme, d'une qui a rien compris à l'écologie durable. En ce moment même, on dépose des volets dans les bâtiments du Grand Parc malgré les alertes que j'ai faites à plusieurs reprises après la grande canicule. Ce soir encore, je suis passée devant plusieurs bâtiments publics, largement chauffés qui ne disposent d'aucun moyen d'obturer de vastes parois vitrées pendant les nuits d'hiver ou de protéger de la chaleur l'été.

J'ai donc demandé que le document comprenne un chapitre des bonnes pratiques de la construction et de la gestion des bâtiments incluant l'existence de volets et l'incitation à les fermer chaque soir. C'est moins cher que la géothermie, moins encombrant que les panneaux solaires, moins bruyant que les éoliennes, plus sûr que le bio-carburant 3/4 choux-raves, 1/4 jus de carottes. Et pour peu qu'on les prenne en bon bois de chez nous, c'est garanti durable.

Chiche, qu'avec des trucs comme ça, si Jacques Chirac était informé, il me nommerait moi aussi sa grande écologue. Et ma grand-mère avec moi.

dimanche 14 janvier 2007

Discours de Sarko, suite

Plus que jamais, il faut affirmer, réaffirmer et démontrer par les faits, les mesures prises, la négociation avec les forces syndicales : le travail est une valeur de gauche *. On a maintenant accès au texte écrit du discours de Nicolas Sarkozy et pas seulement aux notes prises par les journalistes. Il en donne la preuve.

Ses choix pour la "valorisation du travail" (la formule est décalquée de celle de Ségolène, au moins il sait lire) laissent pantois. Le premier exemple qu'il donne est le bouclier fiscal à 50%. Exemplaire, en effet, de la révalorisation, version UMP.

Mais qu'est-ce que "revaloriser le travail" ? A quoi est due cette "dévalorisation" fustigée par Sarkozy ?

Un premier point, dévastateur pour le moral de tous les travailleurs, c'est le différentiel des salaires. Que le PDG d'un grand groupe, avec ou sans stock options, puisse gagner 500 et jusqu'à 700 fois plus que son salarié au SMIC n'est pas acceptable. Qui en effet peut croire, peut accepter qu'une heure de la vie d'un homme vale 500 fois plus qu'une heure de la vie d'un autre ? Qui en effet peut demander au petit salarié de se retrousser les manches s'il sait que son travail est, à ce point, méprisé ? Rien n'a plus de valeur, la société vacille à être compréhensible.

Les exemples de cette dévaluation du travail ne sont pas à chercher dans les 35 heures, dont je n'ai pas été et dont je ne suis pas une fanatique. On y trouvera de petits éléments (mes infirmières devant trouver 10 minutes là, un quart d'heure ici pour arriver à absorber la diminution du temps de travail, alors qu'elles dépassent bien souvent leurs horaires, et qu'elles continuent de le faire).

Les exemples sont dans les conditions de travail et les bas salaires .

Ils sont dans cet irrespect du travail qui accompagne la politique de la droite, ou du moins que la politique de la droite ne cherche aucunement à freiner. Où est la valeur travail quand une jeune femme habitant Cenon a 20 heures de travail par semaine comme caissière à Auchan ; deux heures le matin, deux heures en milieu d'après-midi ? Où est le respect ?

Nous devrons nous battre sur les conditions de travail et le juste salaire. Oui, le travail est une valeur de gauche. Il a permis à l'ascenceur social de fonctionner, il a permis l'émancipation des femmes, il est notre place dans la société, comme le logement est notre place sur terre.

De l'amusement que j'évoquais dans le billet précédent, je suis passée en lisant le discours entier à ce fond de révolte qui est à l'intérieur de nombre d'entre nous. Nicolas Sarkozy parlant de morale et d'exemplarité dans l'exercice républicain.. Je n'aime jamais trop ces simplifications, mais Johny Hallyday, son ami, son soutien affiché, dont la fortune a été faite par les Français de tous niveaux qui achètent ses disques et qui délocalise cette fortune pour n'avoir rien à leur rendre...

nb : "Le travail, une valeur de gauche", était un des trois thêmes de ma campagne pour les élections législatives en 2004 (voir commentaire 4 du billet précédent)

Lui aussi a changé..

La page de garde du "Monde" électronique apparait sur mon ordinateur et me tient informée en temps réel et dans un bienfaisant silence du brouhaha du monde, le monde sans majuscule, le monde tout court, le monde immense.

Je n'ai pu m'empêcher de sourire en découvrant le leit-motif du discours d'investiture de Nicolas Sarkozy. "J'ai changé...". J'ai changé parce que j'ai connu le doute (incroyable !), l'épreuve personnelle (incroyable encore, je croyais qu'il ne devait plus en parler)...

Je passe sur toutes les raisons qui l'ont fait changer, qui tiennent une bonne page. Sans doute y avait-il à faire. La liste se conclut par une phrase que je laisse à votre méditation "la grandeur de l'homme, c'est son humanité". Ca c'est fort ! Le petit Nicolas a eu raison d'en appeler aux mânes du grand Blaise Pascal dans son introduction : trouver une raison de cette incontestable profondeur à la grandeur de l'homme, ça c'est la marque d'un vrai philosophe.

Tous ces hommes de l'UMP qui mettent toute leur énergie à nous convaincre qu'ils ont changé, ça ne me laisse pas sans interrogation : ou le besoin était bien grand, ou le changement est bien incertain.

La Galette du canton Grand Parc-Jardin Public

La grande salle de la mairie de quartier était pleine (220 à 250 personnes), l'atmosphère chaleureuse, et la galette bonne ! Une fête simple et amicale pour célébrer l'année nouvelle qui va être si décisive pour notre pays, notre ville et notre canton. Nous votons quatre fois en 2007, six dans les dix-huit mois qui viennent, et ceci déterminera la manière dont nous voulons véritablement entrer dans le XXIème siècle.

A Bordeaux, c'est à deux femmes qu'est confié un enjeu considérable : les élections législatives. Beatrice Desaigues qui était bien sûr présente à la Galette dans la première circonscription, et moi dans la seconde, la "circonscription des deux rives" qui englobe tout le centre de Bordeaux et la Bastide. Circonscription emblématique géographiquement, puisque elle est la seule purement bordelaise, emblématique politiquement puisqu' elle est détenue par la droite depuis 62 ans, et que la candidat de droite est Alain Juppé.

Si nous l'emportons, l'avenir de Bordeaux ne sera plus le même.

Nous avons échangé beaucoup de voeux mais aussi de volonté d'être à la hauteur de ces différents enjeux !

mardi 9 janvier 2007

La petite buvette du parc bordelais ...

... les bancs du Grand Parc (et de tant d'autres endroits), la porte fermée du cimetière, les arbres sciés du cours Victor Hugo... Tant de petites choses qui ne sont aucunement petites. Elles ont évoquées à la suite du billet précédent ou de billets plus lointains. Toutes sont importantes, et l'autorité publique (dans le cas le pouvoir municipal) les a dérobées à notre usage sans crier gare, sans concertation, ni information, juste comme ça, un beau matin...

Aucun de ces exemples n'est anodin ou anectotique. Je ne vais pas commencer par le Grand Parc, on me soupçonnerait d'être de parti pris, ce que je suis résolument. J'y reviendrai donc.

La condamnation d'une des portes latérales du cimetière de la Chartreuse parait un sujet politiquement peu porteur, comme l'est tout ce qui touche à la mort, mais qui me touche, moi, très fort et que je voudrais porter : le prix du transport des corps d'une ville à l'autre, le prix des inhumations, plus encore l'absence de cérémonie civile pour les funérailles. Je crois très important le parrainage républicain des enfants, mais pas moins la possibilité d'obsèques républicaines pour ceux qui en effet ont servi la République et que l'on ne souhaite enterrer religieusement (ou qui n'ont pas souhaité eux-mêmes l'être) .

Je me souviens des funérailles d'une de ces "hussards noirs de la République", une institutrice d'un village landais qui avait servi l'école pendant plus d'un demi-siècle. C'était en plein mois d'août, personne ne s'était déplacé, aucun cérémonial ne l'avait accompagnée, elle qui avant enseigné année après année, les principes, la grandeur et le service de la république ; les enfants de l'école du village n'avaient pas été réunis autour d'un discours simple et signifiant, disant à la fois la mission de l'enseignement et la réalité simple de la mort... J'en ai encore, en y repensant, le coeur et l'esprit bouleversés.

Je me suis largement écartée de la porte du cimetière de la Chartreuse. Sa condamnation par les services municipaux, pour cause déclarée d'économie de personnel, a rendu combien plus difficile, quelquefois même impossible, la visite de nombreuses personnes âgées à leur défunt. Et alourdi leur peine de ne pouvoir aller à "parler sur leur tombe" (car le silence des cimetières est plein de paroles).

J'avais promis, je reviens aux bancs du Grand Parc. Ils étaient le signe que ce Parc était un Parc, où l'on aime bavarder et ce retrouver et non une zone de droit restreint, pas tout à fait l'égal du reste de la ville et des autres espaces verts. "C'est pour la sécurité...". Est-ce aussi pour la sécurité que les éclairages ont été changé pour des phares de mirador, pour la sécurité aussi que les distributeurs de poches pour déjections canines sont absents du Grand Parc, alors qu'au jardin public; il y a des "allées du chien" (!). Est-ce que les enfants qui courrent dans les pelouses sont différents au Grand Parc et au Jardin Public ???

C'est aux petites choses autant (plus encore ?) qu'aux grandes qu'on juge de la politique d'une ville. Soyons-y très attentifs et même hypersensibles. Le regard que l'on porte à la vie quotidienne est le même que l'on porte à la société toute entière et à son avenir.

lundi 8 janvier 2007

Ethique

Un mot, avant que la course de l'actualité nous le fasse oublier. Comme beaucoup d'entre vous sans doute, j'ai été très choquée du "Un million d'euros pour la Corse" que Nicolas Sarkozy a apporté dans son bagage en allant visiter l'Ile.

N'est-il pas candidat déclaré et bientôt investi à l'élection présidentielle ? Qu'est-ce que ce mélange des genres ? Va-t-il faire le tour des départements avec une enveloppe pour chacun... que devra honorer le prochain gouvernement ?

Je plaide (à plusieurs reprises dans ce blog) pour que le PS s'honore de mettre en place en son sein un comité d'éthique pour sanctionner les manquements à l'esprit des lois et à la déontologie. A Bordeaux comme au plan national l'UMP n'est pas avare de ces manquements, mais la même exigence serait de mise dans nos rangs.

Espérons que Nicolas Sarkozy, dès son investiture, se retirera de son poste de ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, gardien de l'ordre, républicain et démocratique y compris.

samedi 6 janvier 2007

Filles et fils de don Quichotte (5)

La charge évocatrice des la littérature une fois encore démontrée... Don Quichotte, qui n'avait à ma connaissance qu'un ami (Sancho) et une vieille jument (ransinante) a maintenant des enfants, plus nombreux chaque jour.

Nombreux à Bordeaux en cette fin de matinée grisâtre et mollement pluvieuse. Les tentes ont poussé d'un coup, petits champignons ronds autour des dernières cabanes du marché de noël et du très beau manège des allées de Tourny. "Le peuple, c'est tout le monde", m'a dit Madeleine qui est une des voix de ce blog (je ne sais comment dire: commentatrice est faux, vos prises de paroles sont beaucoup que des commentaires). Le peuple, en effet c'est tout le monde, ceux que j'appelle les citoyens, ceux que je voudrais appeler tout simplement les humains, les frères humains, selon les mots de François Villon, aussi définitifs que ceux de Cervantès.

La force de l'action des enfants de don Quichotte, est double : faire prendre conscience de la profondeur du problème des pas/mal/ou trop chers/logés. Exercer une pression sur les pouvoirs publics, qui comme on le voit chaque jour ne bougent que sous l'action d'une forte poussée se conformant ainsi scrupuleusement au principe d'Archimède. Les petites tentes rondes font beaucoup plus qu'abriter, bien sommairement et bien insuffisamment, les SDDT (sans domiciles du tout) de nos villes.

Les paroles d'Hugues Martin (tiens, pourquoi Hugues Martin, où est Alain Juppé ?) dans Sud-Ouest ce matin m'ont sidérée. Il accuse le mouvement "de prendre en otage une population en difficulté"; "C'est indécent...".

"Indécent" est un de ses mots favoris. Indécent en effet de vouloir abriter, porter au grand jour la détresse de ceux qui n'ont plus un lieu, une place, un refuge et un rempart sur terre. Indécent, en effet, de ne pas se suffire des mesures municipales (quelles mesures ?), du repas "des plus démunis", une fois par an... Tout cela, ajoute-t-il "répond largement''aux besoins immédiats. Ce "largement" est une perle absolue, que ne paraissaient pas apprécier à sa juste valeur ceux qui étaient ce matin allées de Tourny, et qui mettaient leur prénom sur la tente qui allaient bien mal les abriter pour les jours à venir.

jeudi 4 janvier 2007

Initiative et responsabilité sociale des citoyens : le logement (4)

Je le reconnais, voilà un titre façon "le Monde" il y a une vingtaine d'années : austère et descriptif. Cette notion d'initiative et de responsabilité sociale des citoyens fait partie des quelques idées auxquelles je m'accroche. Les lecteurs du blog en ont déjà eu de nombreux échos.

L'actualité des mois précédents illustre grandement cette notion : de la réévaluation des pensions des "tirailleurs sénégalais" après le film "Indigène" à l'activisme de ces dernières 48 heures en faveur du logement, l'actualité politique est boostée par des initiatives et des actions citoyennes. Pour dire mieux, le gouvernement actuel ne fait d'avancées que sous la pression des citoyens et le relais de media. Un autre exemple est la conversion rapide des élus UMP -jusque dans notre ville- à un écologisme militant après le livre de Nicolas Hulot et le film d'Al Gore. Au passage : quand les politiques redeviendront-ils des montreurs de chemin plutôt que des suiveurs de media ?

Je m'éloigne de mon objet principal : le logement. Facteur numéro 1 de la "santé sociale", concrétisation de notre place sur terre, comme le métier concrétise notre place dans la société, le logement est entrain de devenir le facteur numéro 1 de la discrimination et de la souffrance sociale. Les villes, qui ont des été des lieux de rassemblement et de mélange se "ghettoisent". Autrefois la ségrégation sociale se manifestait principalement par l'étage d'habitation. L'étage "noble" était le premier, voir le second, le rez de chaussée était réservé aux services et aux commerces, les derniers étages aux "chambres de bonne". On était malgré tout proches. Où est maintenant la proximité entre des quartiers à 100% d'habitat social et des quartiers à 0% ; des villes entières comme Neuilly à 2,5% quand Nicolas Sarkozy en était le maire ?

Comment se sentir bien, se développer et s'instruire bien si l'on est un enfant, dans un appartement de 60 ou 80 m2 où l'on est cinq ou six personnes, avec une télé qui marche en permanence et un canapé devant faisant office de lieu de repas ???

Mais la discrimination majuscule, c'est bien sûr l'absence de logement. Une des visiteuses de ma permanence, en grande difficulté malgré sa formation et son intelligence, me disait il y a très peu : "je ne vais pas pouvoir maintenir mon appartement ? Mon fils est à l'école, que ferons-nous ?". L'expression "maintenir mon appartement" m'a marquée. C'est le dernier bastion permettant où s'accrocher.

La bataille du "droit opposable", si rondement menée sous l'effet de la concurrence Chirac-Villepin ne me laisse pas sans interrogations. Je ne parle pas de la concurrence en question : pour elle, je n'ai que des réponses.

Mon interrogation tient au mot "opposable" et à ce qu'il recouvre ou parait recouvrir, car je ne suis pas sûre qu'il soit clairement défini. Faire une procédure contre l'Etat, est-ce bien la clef du problème, ou plutôt est-ce la meilleure manière de le résoudre ? Le moyen de pression sur les pouvoirs publics est positif, nous en avons la preuve -et c'est pour cela que je suis partagée dans ma position-, mais son application n'est pas obligatoirement positive (quel logement ? quel hébergement? Où cela ?), ni rapide. Droit au logement n'est pas synonyme de droit à la procédure.

Il me semble que des mesures concrêtes telles que celles que vient de proposer Ségolène Royal dans ses voeux (service public de la caution, surtaxation des logements inoccupés, établissements immobiliers d'Etat...) constituent une réponse plus posée, plus réfléchie et somme toute plus positive . J'en appelle à vos avis, et à ceux qui autour de moi ont bien voulu constituer un groupe de travail et de propositions sur le sujet. Cette réflexion pragmatique est aussi de notre responsabilité sociale.

mercredi 3 janvier 2007

Responsabilité sociale des entreprises... au Royaume Uni

Burberry's, marque de grande tradition britannique même si elle est passée par bien des mains, délocalise en Chine. C'est son usine d'Ecosse -un comble pour la marque au tartan- qui fait les frais de cette délocalisation.

Jusqu'à nouvel ordre tout au moins. Le gouvernement britannique a convoqué les dirigeants au rapport. Pas en catimini, mais en séance publique devant le parlement. Ils ont à mon avis un peu de soucis à se faire pour préparer leurs arguments. L'église anglicane fait de même, et avec des arguments quant à elle qui sont doublement d'ordre moral : la défense de l'emploi, mais aussi sa responsabilité d'actionnaire de la grande firme britannique. Voilà au moins un exemple d'actionnaires qui demandent des comptes pour une décision supposée augmenter leurs dividendes. Bel exemple. Attendons la suite.

Amorce de prise de conscience que si "l'Etat ne peut pas tout", il ne peut pas rien. Et nous non plus.

Notule

A l'instant, aux informations matinales de "France cul'" , la citation d'un responsable américain "Il ne faut pas que le conflit irakien métastase à toute la région". Alexandre Adler se félicite de la pertinence de la remarque.

Pas moi. Est-que journalistes, politiques ne pensent jamais, quand il utilisent des phrases telles que "le cancer de nos sociétés", aux centaines de milliers de français qui vivent avec un cancer et qui redoutent chaque jour, chaque heure, que ce soit leur corps qui ait à affronter le risque qu'encourt aujourd'hui le moyen orient ?

Comme on sait, une "notule" est une toute petite note. Le plus souvent, je les mets "hors ligne", le blog n'est pas tout à fait le "cahier", et il a une voix privée, hors micro, et une voix publique. Celle-là je la laisse sur l'écran. Peut-être servira-t-elle, sera-t-elle entendue et comprise par un de ceux qui ont une parole médiatique ou une parole publique.

lundi 1 janvier 2007

Premier de l'an : la campagne est grande ouverte !

Premier de l'an : cette date, toute arbitraire qu'elle soit, mérite un instant de réflexion. Des voeux, bien sûr, mais qui sont aujourd'hui d'abord des volontés. "Voeux" sonne comme "veux" , de "je veux" ou "tu veux". Les parentés de son ne sont jamais un hasard : l'amour/la mort/la mer.. Tant d'autres, dont la poésie s'est nourrie.

L'année 2006 et sa suite d'interrogations et d'erreurs, achevée par la faute majeure de la pendaison de Saddam Hussein (accrue encore, je ne l'ai découvert qu'aujourd'hui, par le choix du jour de l'Aïd el Kébir où les Musulmans fêtent, entre autres, le pardon) laissent mal augurer de lendemains qui chantent spontanément.

Je ne connais en ce cas qu'un recours, et c'est beaucoup plus qu'un recours : vouloir.

Pour nous tous, cette année est décisive. Pour nous, militants du PS, sympathisants, hommes et femmes désireux de changer nettement la direction de notre entrée dans le XXIème siècle et de porter un nouveau modèle de société, elle est plus décisive encore.

Quatre rendez-vous électoraux nous attendent. Nous ne sommes plus au temps de Churchill "nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts". Nous vaincrons si nous sommes les plus forts.

Dans les deux premières campagnes, présidentielle et législative, qui entraineront les autres, je vous invite à mettre toutes vos forces. Que la première raison de voter socialiste, de proposer une alternance crédible, ce soit vous. Mettre toutes ses forces, c'est disait Garcia Marquez "faire au mieux ce pour quoi on est le moins mal fait" . Prenons chacun une responsabilité et menons-là à bien.

Il n'y a pas de concurrence entre les deux campagnes, comme je l'entends ici ou là. Ce qui sert l'une sert l'autre. Il faut cependant veiller à ce que l'électeur, qui a souvent d'autres soucis que la politique au sens électoral de ce terme, puisse bien identifier qui mènera la bataille législative et dans quels domaines principaux d'expertise.

Beaucoup le savent, je suis candidate aux élections législatives à Bordeaux en face d'Alain Juppé. Cette circonscription, emblématique de Bordeaux puisqu'elle est la seule qui ne soit que bordelaise et qu'elle couvre harmonieusement ses deux rives, appartient à la droite depuis 1945. L'enjeu est difficile, un peu plus même, mais le gagner changera radicalement l'avenir de Bordeaux et mettra fin à ce monolitisme/monothéisme qui risque à la longue de faire de notre ville une ville obédiente et légitimiste. Nous gagnerons si nous somme les plus libres et si nous portons ce besoin de respiration et d'alternance.

Disons-le : si six cent voix ne nous avaient pas manqué aux législatives partielles en face d'Hugues Martin, Alain Juppé n'aurait pu imposer cette démission collective de sa majorité et ce retour anticipé à la mairie qu'ont plébiscité.. 25% des bordelais. Faisons mieux.

J'en rebats les oreilles de mes coéquipiers : soyons forts, soyons unis, soyons libres ! Nous gagnerons.

Ce blog va entrer plus radicalement en campagne. D'ores et déjà, il a un petit frère siamois http://www.michele-delaunay.net/campagne/* où nous nous retrouverons pour échanger tous les renseignements pratiques sur la campagne et pour débattre. Deux forums vous sont ouverts, choisis après lecture de vos commentaires et de vos contributions : l'éducation et cette écologie centrée sur l'homme qui notre urgence.

J'ai émis le souhait que celui des quatre forums départementaux participatifs qui se tiendrait à Bordeaux, soit l'éducation, au sens le plus large : recherche, formation, enseignement, carte scolaire.

Très bonne et très forte année ensemble !

  • vous pouvez me joindre directement en tapant sur "contact" ou sur mon mail privé michele.delaunay2wanadoo.fr