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mardi 27 février 2007

L'interrogation majeure de la décennie

L'interrogation majeure de la décennie, sans doute aussi, dans nos sociétés, des suivantes, c'est l' âge de la retraite. Ce cruel dialogue qui se pose à l'occident entre l'allongement de la durée de la vie et le bouleversement des données économiques, avec en premier lieu la raréfaction de l'emploi. A la fois magnifique : qui aurait pu imaginer que nous gagnions un quart de siècle de vie en moins d'un siècle, et cruel, très cruel, car ce temps de vie supplémentaire, nous devons le financer et, plus gravement encore, savoir à quoi il sert, à la fois au plan individuel et au plan de la société.

C'est une interpellation à laquelle aucun pays, aucune société, aucun groupe, aucun individu dans le secret de sa réflexion, ne peut échapper.

Il n'est pas bien sûr question de l'évoquer en un billet, mais de poser des jalons à cette réflexion à dimensions multiples.

Premier jalon. La position de l'Allemagne, qui a été votée après de longues négociations au sein du gouvernement de coalition d'Angela Merkel. Je suis demeurée figée de surprise en entendant à la radio annoncer "l'Allemagne vient de porter l'âge de la retraite de 65 à 67 ans" sans pratiquement de commentaire. Les informations des media non écrits sont souvent hâtives. Je ne sais ce qu'elles ont été sur le sujet à la télé que je ne regarde que quand les événements m'y forcent. Mais quand même, écouter cela sans interrogation ni commentaire, m'a laissée punaisée de stupéfaction ...

L'Allemagne, où l'âge légal de retraite est de 65 ans a donc prorogé jusqu'à 67 ans... en 2020. Voilà le point capital : une évolution progressive, comme l'est le gain d'espérance de vie (un trimestre chaque année). L'Allemagne a voté que l'on travaillerait chaque année un mois de plus.

Un mois de plus pour un trimestre de plus, est-ce insensé ? A fortiori dans un pays où le taux de natalité est faible et le taux de reproduction est de 1,3 (contre 1,9 en France) ; ce qui veut dire que les générations sont très loin de se remplacer et que la population vieillit inéluctablement.

Je reviendrai bien sûr sur ce sujet capital, dont je veux qu'il occupe une part non négligeable de ma campagne législative, si elle n'est pas obscurcie par quelque déclaration fracassante d'Alain Juppé sur l'écologie ou quelque autre sujet qu'il découvre à l'occasion d'un déplacement ou d'une oportunité médiatique.

Je voulais ce soir seulement poser un premier jalon de réflexion

6+4+1 = ?

Décidément les sous-marins nucléaires ne valent rien aux candidats à l'élection présidentielle. On a fait grand cas de l'erreur de Ségolène Royal en Janvier, qui n'en dénombrait qu'un seul. Michele Alliot-Marie, bonne copine, avait jugé bon de dénoncer par voie de presse les lacunes de la candidate..

Espérons qu'elle aura la même exigence pour Nicolas Sarkozy auquel on posait hier la même question et qui, tout fier, a répondu "quatre !" . La petite déconvenue, très médiatisée, de Ségolène aurait pourtant du l'inciter à s'informer...

"Cinq !" , a redressé le journaliste ... Eh bien, non, le juste nombre c'est six ! "Libé'" donne leur nom : le Rubis, le Saphir, le Casablanca, l'améthyste et la Perle. En plus de ces six sous-marins d'attaque, il y en a quatre lanceurs d'engins. Un seul porte avion est armé de missiles dotés d'armes atomiques, le Charles de Gaulle.

Donc 6+4+1 = 11 . Des fois que vous voudriez, in extremis, vous lancer dans la course présidentielle...

lundi 26 février 2007

Petit plaisir du matin (26)

Petit plaisir du matin, je l'espère, ne fera pas comme le rossignol et chantera jusqu'au soir... Sur France-inter ce matin, Ségolène Royal plaide pour la recherche et l'entrée des femmes dans les carrières scientifiques. Son analyse n'est pas différente de la mienne (cf billet 23) sur les freins qui limitent presque inconsciemment à la fois les jeunes filles et leur famille : l'idée confuse qu'une scientifique est une binoclarde sans grâce et sans féminité. Une fois encore les stéréotypes. Faisons les résolument bouger !

Un plaisir ne vient jamais seul : dans mon bureau, une orchidée blanche d'une grâce infinie entame sa troisième floraison. La malade qui me l'a offerte est aujourd'hui très loin et cette orchidée obstinée est là pour dire que tout vit, meurt et renait, et que nous devons laisser trace.

Bonne journée à tous. On ne fait plus assez attention au sens de "bonjour !" quand on le prononce. Ni sans doute (tant mieux ?) au sens de bon-heur, qui n'est le plus souvent rien d'autre qu'une bonne heure.

dimanche 25 février 2007

Brève

Je m'inquiète de la santé de l'ancien ministre Pierre Joxe. Si je connaissais son médecin, je lui adresserais des encouragements à le maintenir en bon état.

Pierre Joxe, en effet, est le dernier membre du conseil constitutionnel nommé par la gauche. Après la fournée de nominations faites avant départ par Jacques Chirac, cette honorable institution est désormais dans des mains peu partagées.

Au premier rang, le fidèle Jean-Louis Debré qui a désormais "la république en héritage". Son père Michel Debré n'avait pas accepté le job, pour n'avoir pas à se contraindre à un "devoir de réserve". C'est maintenant au tour de Jean-Louis. La République, comme la médecine, n'est pas indépendante des lois de la génétique.

Logement : Bordeaux a à rougir ! (24)

Chaque fois que le problème du logement est abordé, en Conseil Municipal comme en Conseil de CUB, Hugues Martin reprend son antienne favorite "Bordeaux n'a pas à rougir !"

Outre que c'est du plus pur style Hugues Martin (imagé, souvent un peu simpliste), il assène régulièrement cette belle parole à titre quasi-préventif, façon méthode coué. Car en effet, Bordeaux a à rougir, particulièrement dans ce domaine.

Hier en Conseil de CUB, nous avons voté plusieurs rapports propres à faire évoluer la situation, y compris de Bordeaux. Précédemment, nous avions voté un "Plan d'urgence pour l'habitat" fixant à 25% le seuil minimum de logements sociaux et très sociaux (PLUS et PLAI) sur toutes les opérations sous maîtrise d'ouvrage communautaire. La séance d'hier a marqué un pas supplémentaire en permettant la production de logements intermédiaires dans des opérations immobilières privéees. La convention comprend la possibilité de réserver une part des logements ainsi construits aux salariés des entreprises venant s'implanter dans l'agglomération. Ceci a un double effet : créer des logements accessibles et favoriser l'attractivité de Bordeaux-agglo auprès des entreprises.

A l'occasion de ces rapports, les élus UMP ont fait de grands efforts pour essayer de mettre Bordeaux dans la roue de la CUB. Force est pourtant de reconnaitre la faiblesse des efforts de la municipalité de Bordeaux, jusqu'à ce qu'elle soit tirée par les décisions de la CUB sous présidence d'Alain Rousset.

Quelques chiffres :

- entre 2001 et 2006, le pourcentage des logements sociaux à Bordeaux a baissé : de 15, 2% à 14,7% Ceci alors qu'il augmente partout sous la contrainte de la loi SRU qui, rappelons-le, fixe le pourcentage exigible à 20% pour toutes les communes

- dans la même période, le nombre de résidences principales a augmenté de 9% (atteindre 129 200) - le nombre de logements conventionnés n'a augmenté que de 6% (+ 23 logements entre 2005 et 2006 !)

- la part de logements socialux construits dans le total est de 9,7%

Exprimé autrement : dans les 5 années précédentes, plus de 90 % des logements construits à Bordeaux ont concerné le secteur spéculatif !

Cela impose quelques remarques concernant la loi Robien, qui est à l'origine pour une très grande part de l'explosion des prix du logement. Elle consiste en la défiscalisation sous conditions du logement spéculatif et fait qu'actuellement le secteur spéculatif est quatre fois plus aidé que le logement social.

Cette explosion des prix, s'accompagne d'un accroissement de la construction dans le secteur spéculatif et d'une raréfaction du foncier qui amplifie encore le phénomène. Les investissements sociaux ne trouvent plus de foncier et à des prix considérables.

Voilà de vrais sujets, même s'ils sont austères à exprimer. Si, comme le dit Hugues Martin, Bordeaux n'a pas à rougir, c'est que ses ambitions sociales sont bien maigres.

vendredi 23 février 2007

Les femmes et la science (23)

Les femmes demeurent très mal représentées dans le secteur de la science. Ce n’est peut-être pas le meilleur critère mais il est spectaculaire : sur 516 prix Nobel scientifiques… 12 seulement ont été attribués à des femmes ! Et encore, l’une –qui nous est particulièrement chère, puisqu’il s’agit de Marie Curie- en a reçu deux. Un quart seulement des chercheurs en France sont des chercheuses. Pourquoi ?

Il ne s’agit pas d’une compétence insuffisante, d’une différence naturelle entre les cerveaux masculins et les cerveaux féminins qui prédisposeraient les uns et handicaperaient les autres. La montée exponentielle des femmes dans le secteur de la médecine, alors que les études et la pratique deviennent toujours plus scientifiques, le démontre. Il ne s'agit aucunement non plus d'une ségrégation au sein des mêtiers scientifiques qui sont très ouverts à la mixité.

C’est au contraire une différence d’habitudes culturelles qui s’éxerce dès le très jeune âge sur collégiennes et lycéennes. Il est encore de bon ton de considérer que les femmes doivent éxercer leurs talents dans le domaine des belles lettres, de l’histoire, des arts… Une "matheuse" fait un peu peur. Elle ne répond pas aux canons féminins traditionnels. Les jeunes filles sont donc orientées, ou s'orientent elles-mêmes inconsciemment, dans d'autres voies que les "sciences dures".

Beaucoup d’initiatives, à tous les échelons, se mettent en place pour combattre ce handicap culturel. Parmi elles, la création d’un prix Unesco « Les femmes et la science » récompensant une femme dans chaque continent pour le niveau exceptionnel de ses travaux. L’originalité de ce projet tient non seulement au choix de récompenser des femmes mais au choix de le faire dans chaque continent. Une femme mauricienne est, cette année, au nombre des lauréates. Ceci est particulièrement propre à créer dans chacun de ces continents des « modèles féminins » qui pourront entrainer les jeunes filles dans leur voie.

La parité, la vraie, passe d'abord par le fait de surmonter les stéréotypes. D'autant que les professions scientifiques sont actuellement celles qui ont le plus de débouchés. Si les femmes n'y entrent pas de plein pied, nous ne dépasserons pas l'image de "mêtiers féminins", bien souvent vécus comme secondaires, et bien souvent en pratique moins bien rémunérés. Imaginez un film où la femme soit astro-physicienne, et l'homme décorateur d'intérieur ... Eh bien, ce film n'existe pas ! Celui qui dépeint la situation inverse, si !

Bougeons, faisons bouger, ça aussi, c'est de la vraie politique !

mercredi 21 février 2007

Suicide, l'envers de notre société

Trois suicides en 4 mois au technocentre de Renault. Trois employés reconnus comme particulièrement investis dans leur travail. Il n'est pas question de s'engouffrer dans des conclusions hâtives, et très probablement, comme dans tout suicide un faisceau de facteurs entre en jeu. Facteurs personnels, familiaux, mais il semble qu'on puisse dire sans conteste que dans cette multiplicité de facteurs, le stress professionnel a joué pour ces trois personnes un rôle important.

L'occasion de s'attarder un moment sur le suicide et son évolution en France.

Chaque année près de 11000 personnes se suicident en France. Il ne s'agit bien sûr pas des tentatives de suicides mais des suicides que l'on appelle, très mal à propos, "réussis". Le chiffre est de beaucoup plus élevé que celui des morts sur la route. Il interroge l'état de notre société.

Son évolution est instructive. Contrairement à ce que l'on pourrait craindre, le suicide des jeunes diminue, et ceci grâce à une politique de prévention réussie, à des réseaux d'écoute et de vigilance qui fonctionnent. A l'inverse, et c'est là que se situe l'interrogation majeure, le suicide des adultes entre 30 et 59 ans augmente régulièrement.

30-59 ans, c'est le coeur de la vie professionnelle. En effet, et nous rejoignons le problème posé par nos trois salariés de Renault, toutes les études montrent, que dans la conjonction de facteurs qui amène au suicide, les conditions de travail ou le non-travail ont désormais une place prépondérante. C'est d'abord pour cela que le suicide constitue un problème politique et social. Nous devons y être attentifs parce qu'il est le miroir de la marche et des errements de la société.

Ce suicide miroir d'étain de la société constitue l'idée dominante d'une très belle analyse publiée cette année par Chr.Baudelot et R.Establet*. Ils montrent que selon les pays, ce ne sont ni les mêmes groupes d'âge, ni quelquefois le même sexe qui constituent les groupes "cibles" où le taux de suicide est le plus élevé. Ainsi, en Chine, où les femmes sont encore mariées contre leur gré, et souvent utilisées comme une sorte de personnel ménager subalterne dans les belles familles, le suicide des jeunes femmes est particulièrement élevé et constitue une sorte de mode dramatique de revendication sociale.

En France, comme dans les autres pays européens, les femmes se suicident trois fois moins que les hommes. Plus qu'eux, elles ont la capacité à la fois d'exprimer leur détresse et de se rattacher à la concrétude de la vie et à ce qui marque sa transmission ou sa continuité.

Au chapitre de l'interrogation de la société, la place "privilégiée" de la France parmi les pays européens mérite que l'on s'y arrête. Les taux de suicide les plus faibles (inférieures à 10 pour 100 000 habitants)sont enregistrés en Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal, pays où le lien social est mieux conservé qu'en France. Tous les spécialistes s'accordent sur ce point simple : la meilleure prévention du suicide passe par le rétablissement du lien social. Un lien social simple, non discriminant comme peuvent l'être certains clubs ou certains groupes qui font au contraire ressentir leur faiblesse aux plus faibles.

Voilà qui nous concerne tous, tous les jours : se battre sur les conditions de travail, promouvoir une société plus simple, moins engoncée dans le jeu des apparences et des appartenances. Tout cela est malaisé à exprimer : je me suis faite un jour ramasser par mes coéquipiers de campagne électorale parce que je voulais écrire cette formule "une société plus simple" dans un document. "Qu'est-ce que ça signifie ?" m'ont-ils dit.. Pourtant c'est profondément ce que je ressens : une société où la prise de conscience de l'unicité de notre condition soit plus clairement ressentie et partagée.

Bon, d'accord, c'est peut-être pas évident à formuler dans un tract ! Je crois pourtant que, jusque dans la prévention de ce paroxysme de souffrance qu'est le suicide, cela peut constituer à la fois un moyen et un but. Tous les jours, pour nous tous.

  • "Suicide, l'envers de notre monde", éd. Seuil

lundi 19 février 2007

Où sont les journalistes ?

Je suis catastrophée par le principe de l'émission à laquelle vient d'être affrontée Ségolène Royal. Cette suite de questions ânonnées, interrompues par un Patrick Poivre d'Arvor lugubre dès qu' elles n'étaient pas énoncées assez vite, empilées, passant du coq à l'âne et à la basse cour entière dans le plus grand désordre, à laquelle il fallait répondre en hâte, obligatoirement de manière incomplète et convenue, tout cela dans un décor rouge, agressif, résumant toute la violence de l'éxercice...

Est-ce cela le débat politique ? Une suite de pièges, de questions empilées, qui chacune mériterait discussion, explication, réflexion, et qui du fait de ce empilement ne sont plus que des questions convenues, des titres de journaux à grand tirage (les OGM, l'euthanasie...Il n'y a guère que le mariage homosexuele qui ait échappé à l'inventaire). Je ne veux pas céder à l'immédiateté qui nous est imposée par un commentaire hâtif. J'ai dû m'éloigner du poste pour, au moins, n'avoir plus que le son et pouvoir me concentrer sur ce que j'entendais. Ma détestation de la télévision et de sa dérive en est renforcée pour les vingt prochaines années .

Je revenais ce soir d'une suite de rencontre de terrain cours Victor Hugo. Pas un échange qui n'ait eu son intérêt, pas un problème qui n'ait eu un sens. Pourtant des rencontres courtes, mais dans la vérité d'un échange direct. Et maintenant, ce travesti de débat.

Nous marchons sur la tête, la politique ne se fait pas où elle doit se faire. Sans doute attend-t-on déjà les sondages, les commentaires, les petites phrases... Je suis malade de cette déviance de ce qui est pourtant si essentiel : nos choix de sociétés, la manière dont nous voulons que notre pays entre dans ce monde bousculé et violent.

Lequel des deux est incompétent ?

La part faite par les media aux difficultés des campagnes de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy est lourdement inéquitable . Un bœuf ici, un œuf là ! Qu’aurait-on entendu si le groupe des économistes de Ségolène lui avait imposé de revoir sa copie dans les termes où l’on fait Pierre Méhaignerie, Gilles Carrez et Christian Blanc pour les promesses du candidat de l’UMP.

Sarkozy a promis de baisser de quatre points les prélèvements obligatoires. « Impossible ! », ont dit les « budgétaires ». « On peut espérer baisser d’un point d’ici la fin de la mandature… » ont-ils ajouté dubitativement. Tout le monde sait que quand on dit « on peut espérer », c’est que justement on n’a guère de chance d'obtenir...

Imaginez que François Hollande ait avancé « Non, ce qu’a dit Ségolène doit être revu au quart des chiffres indiqués… ». Les tonnerres médiatiques se seraient déchaînés. Dans le cas de Sarkozy, on a seulement indiqué une « révision des promesses du candidat pour lui permettre de tenir son chiffrage ». Tout est dans la formulation. On révise mais… c’est pour qu’il soit plus fidèle à sa parole ! Cela me fait irrésistiblement penser à Alain Juppé et à son retour anticipé à la mairie. « Je tiens ma parole… ». Quelle parole ? Il avait seulement dit « Adichats » à la fin d’une réunion, mais aucunement parlé d’anticipation ».

Même chose pour le « bouclier fiscal », remis aux calendes grecques, par les trois « budgétaires ». Même chose pour les droits de succession.. « On verra… » . S’il s’était agi de Ségolène, on aurait dit « quelle incompétence, vous voyez, elle ne sait même pas la durée de la mandature…

Ne nous laissons pas abuser. L’apprentissage de l’esprit critique devrait être inscrit dans les savoirs fondamentaux de l’école.

dimanche 18 février 2007

Studieux silence du dimanche

Après avoir fait la fée du logis, puis le déménageur breton, je me mets (je dirais presque : enfin !) au travail, dans une pièce calme, remplie de livres du sol au plafond, en accord parfait avec ce que je me suis promise de faire. En face de moi, un tout petit feu de cheminée, qui est là davantage pour donner prétexte à s'interrompre, aller souffler ou tisonner, que pour chauffer.

Une fois encore, il s'agit seulement d'exprimer que les conditions de travail sont tellement importantes. Dans un appartement où deux télés marcheraient en concurrence, je serais incapable de faire quoi que ce soit. Je pense aux enfants qui doivent avoir un lieu calme, des livres rangés, un petit bureau pour qu' "étudier" leur paraisse une activité belle et valorisante, qui ne fait pas toujours envie (faut pas éxagérer !) mais qu'on est satisfait d'avoir accompli. Bon dimanche à tous.

samedi 17 février 2007

Dimanche à Orly ou dimanche à Auchan ?

Dans son discours de réception du prix Nobel, Albert Camus a eu cette réflexion prémonitoire "Les générations avant nous ont eu le privilège de construire un monde, la nôtre a la charge de l'empêcher de se détruire". Je cite de mémoire et assez approximativement. C'est le charme du blog : il est une conversation, pas une dissertation, et l'on parle comme il vient.

Réflexion prémonitoire en effet, plus vraie encore aujourd'hui qu'en 1957 quand elle a été prononcée. Souvent, je me demande "que faut-il sauver absolument de ce monde que nous avons reçu ?" Et beaucoup de réponses viennent, sur des plans très différents. Il m'étonnerait que je ne vous en reparle pas ...

Pourquoi aujourd'hui ? Les commerçants viennent de prendre une initiative que je crois importante : faire une campagne d'information et d'interrogation sur l' ouverture des commerces le dimanche.

Ce n'est certainement pas un petit sujet, mais au contraire un de ceux qui remettent en cause la marche quotidienne de notre société. Cela mérite qu'on ne laisse pas cette ouverture s'imposer ici, puis là, sans une vraie réflexion .

De quoi s'agit-il en effet ?
- de proposer "la consommation" comme distraction principale à ceux qui auront conservé le repos dominical
- de faire qu'une partie non négligeable de la population ne connaitra plus ce repos dominical.
- de déséquilibrer une fois encore le commerce en faveur des grosses structures

Chacun de ces points me paraissent délétères, même si il ne faut pas être à 100% dogmatique et que l'on doive envisager quelques aménagements.

Parmi mes réponses à l'interrogation de Camus "que devons-nous préserver absolument ?", vient toujours en premier lieu "le silence dans la tête des enfants" ; cela signifie : des moments de pause, de jeux calmes, de lecture où ils puissent se construire. Une société où le dimanche des enfants sera occupé à trainer entre les rayons d'Auchan sera définitivement mal en point. C'est valable bien sûr pour les adultes. La consommation ne doit, ne peut pas être la distraction principale des familles. J'avoue que la télévision n'est pas un meilleur choix, ne serait-ce que par ce qu'elle de plus en plus une promotion de la consommation. Plus profondément, je crois qu'admettre achats et consommation au rang de "loisir" , en tout cas de loisir régulier et non occasionnel, marque une vraie démission dans notre conception de l'homme. Le "roseau pensant" ne sera-t-il un jour qu'un "roseau consommant" ?

La référence à Blaise Pascal n'est peut-être pas le meilleur moyen de me disculper : non, je n'ai pas une vision élitiste de l'homme. J'ai simplement la conviction que nous avons tous un cerveau, tous la capacité et l'envie qu'il fonctionne son train, tous la possibilité de trouver plaisir et force à ce fonctionnement. Mais je n'ai pas moins la conviction que le cerveau est un muscle et qu'à force de le gorger de conneries, de l'entrainer -si l'on peut dire- à une passivité stupide, nous plongeons notre société dans un désarroi où elle se sent mal et qu'elle occupe en s'anesthésiant et en doublant la dose de ces mêmes conneries : achats, télé, jeux et autres drogues.

Pardon, pour le vilan gros mot : il est venu comme ça, je l'ai gardé. Le premier mot qui vient naturellement à l'esprit est presque toujours le plus juste.

J'ai un poil divergé de mes commerces du dimanche, mais pas tant que ça. Je reviens à la surconsommation: bien que l'on dise qu'elle soit génératrice de croissance, je suis persuadée qu'elle est nocive et que nous en prendrons conscience. Cela commence maintenant avec la dénonciation de la surconsommation d'énergie, des emballages inutiles, des tennis vendus (et jetés) par millions... Une autre remarque simple est de dire que le pouvoir d'achat global n'augmentera pas : le répartir sur 7 jours au lieu de 6 n'améliorera ni la condition des acheteurs ni celui des vendeurs. Et pourtant, c'est ce qu'on espère : que l'on achète plus et encore moins bien, pour que le profit final soit plus grand.

Faire qu'une partie non négligeable de la société soit exclue du repos dominical n'est pas une responsabilité sociale moins grande. J'en parlais hier avec quelqu'un qui a tenu une de ces épiceries ouvertes 24 h sur 24, et qui disait simplement : quand tous les gens partent pour le réveillon et qu'on part bosser, on se sent drôle... Tout est dit. Notre société n'est pas si riche de repères et de rassurements qu'il faille ajouter aux risques de désocialisation et d'altération des liens familiaux et amicaux. Il n'y a pas besoin d'être un grand "psy" pour savoir qu'une autre des causes du mal être de notre société est la perte des liens sociaux. Les parents doivent être disponibles pour aller marcher le dimanche à la campagne, prendre le vélo tous ensemble. Parents ou pas parents doivent pouvoir faire un match de foot, une sortie botanique (beaucoup trop oubliée !).. où rester paisiblement à la maison, chacun vacant à ses occupations, ses lectures et même son travail. Et au passage, interrogeons-nous sur ceux qui seront privés du repos dominical : les petits commerçants, les vendeuses, ceux qui ont besoin d'un supplément de salaire pour boucler leur budget ou ceux qui devront eux mêmes tenir leur magasin, faute de pouvoir endosser une embauche. En aucun cas les PDG..

Le troisième point n'est que trop évident et la phrase précédente l'introduit : généraliser l'ouverture du dimanche, c'est une fois de plus, favoriser le commerce de masse. Le boucher qui intervenait hier après le billet précédent et qui est dans son magasin chaque matin à cinq heures ne pourra pas assurer, la parfumeuse indépendante non plus (il n'y en a plus qu'une à Bordeaux, et elle est au Grand Parc, j'y tiens !), la marchande, si talentueuse, de produits Italiens place Charles Gruet pas davantage... Les quartiers ne seront pas plus animés le dimanche, ils seront au contraire de plus en plus désertifiés le reste du temps. La viande, l'huile d'olive et les pâtes seront achetés plus souvent encore dans les super marchés, ces repaires de vie, de luxes abordables que sont ces petits magasins finiront de disparaitre.

Ne soyons pourtant pas dogmatiques. Un adulte sur deux, en ville, vit seul. On peut légitimement avoir le dimanche envie de se promener dans un endroit vivant, de voir du monde, d'entendre du bruit.. Je serais pour ma part assez favorable à ce qu'un quartier puis l'autre offre un pôle de vie. Un dimanche matin à Pessac, un autre à Saint Augustin, un autre encore cours Portal (ce qui correspondrait pour chaque quartier à un ou deux dimanches par an) pour que l'on puisse découvrir un nouveau quartier, trouver éventuellement des étalages inattendus.. Cela favoriserait le commerce de proximité, ferait connaître les quartiers, et permettrait qu'il y ait dans la ville un lieu de chaleur et d'animation sans obliger les commerçants à une astreinte régulière. J'aimerais aussi que le premier dimanche du mois à Bordeaux soit un vrai dimanche populaire et que par exemple musées et expositions soient ouverts et gratuits pour tous. Je l'ai proposé en Conseil municipal : horreur, que n'avais-je dit !!.. Seules, comme on sait, les collections permanentes sont accessibles gratuitement).

Il y a tant de propositions meilleures à faire, tant d'idées à creuser.. "Dimanche à Auchan" ou "Dimanche à Orly", voilà en tout cas un vrai sujet de débat, un vrai choix de société qui concerne chacun de nous

  • on se souvient de Gilbert Becaud chantant :

''"Moi, j'irai dimanche à Orly,
Le dimanche, il y a des oiseaux
Qui s'envolent pour tous les pays..."

Même si ce n'est plus tout à fait vrai, si le rêve n'est plus le même dans les aéroports, l'image est belle...

jeudi 15 février 2007

Porter la campagne au coeur des villes

Non, ce titre paradoxal n'est pas un mini-manifeste de soixante-huitarde qui veut tardivement répudier la géniale réclamation des étudiants de l'époque "Mettre les villes à la campagne!". Des soixante-huitards attardés, ou plus justement, dévoyés, il y en a quelques-uns en ce moment dans les média. Ce n'est pas mon propos de ce soir.

Il s'agit tout simplement de réaliser dans le concret, dans la simplicité des contacts de tous les jours, ce que nous souhaitons tous : partager un véritable débat, prendre conscience ensemble des enjeux des semaines et des mois qui viennent, s'enrichir mutuellement, et porter sur le terrain la campagne des candidats à la formidable entreprise de changement que va constituer, j'espère, la longue suite des élections prochaines.

Tous les jours, nous allons ainsi à la rencontre de ceux que j'appelle "les acteurs de la cité". Commerçants et artisans en premier lieu. Cette rencontre n'est pas toujours aisée : combien d'entre-eux souffrent de la difficulté de travailler au centre d'une ville où ceux qui travaillent n'ont pas la priorité, ni dans la conception des plans et des moyens de circulation, ni dans les aides qui sont apportées. Combien d'entre-eux aussi travaillent au delà de leurs limites parce qu'ils n'ont pas la capacité d'embaucher un employé ?

Les deux problèmes se situent à des niveaux différents. La politique de la majorité municipale à l'égard du commerce bordelais est sans commune mesure, d'une part avec ce qui a été supporté du fait des travaux du tramway, d'autre part avec l'importance de l'enjeu pour Bordeaux. Ce coeur de ville sera-t-il un jour réservé aux passants oisifs et aux touristes faute d'une véritable politique économique ?

Je ne vais prendre qu'un exemple de cette insuffissance de la politique municipale. Les fonds européens FISAC (Fonds d'Intervention pour les Services de l'Artisanat et du Commerce) ne servent aucunement à la création ou soutien de petites entreprises innovantes. Ils sont dilués dans des fêtes ou des animations qui, dans l'immense majorité des cas, n'apportent pas la moindre bouffée d'oxygène aux professionnels en difficulté. Résultat : les artisans et les commerçants souffrent, beaucoup d'enseignes ferment sans trouver de repreneurs. Il suffit de se promener dans Bordeaux et de compter les vitrines obturées pour en avoir la démonstration.

Le problème de l'embauche d'un employé par un artisan ou un commerçant est incontestablement plus difficile encore. Beaucoup me disent : je n'y parviens pas à cause des charges. Ce patron de bar, très proche de ses employés (qui confirment ses dires), a calculé ce que représente un employé supplémentaire : 45 clients par jour. Il ne les trouvera évidemment pas aisément, surtout dans les conditions actuelles où, tout au contraire, la ville lui impose chaque jour une charge de plus ("vous avez changé votre enseigne", "vous devez payer une taxe pour l'enlèvement des cartons"...). Le problème qui est posé aujourd'hui sur le terrain aux politiques est celui d'une exonération ou d'une modulation des cotisations sociales pour l'embauche d'un employé supplémentaire dans les TPE (Très Petites Entreprises) ou les petites PME.

Cette question est majeure. Le plus grand gisement d'emplois réside en effet dans ces PME et TPE, et ces emplois sont pour la quasi-totalité d'entre eux non délocalisables.

Voilà une des questions ancrées dans la réalité de nos villes que nous devons porter au jour et résoudre. Je m'engage pour ma part à la porter au plan national si je suis élue députée.

Les micocouliers du cours d' Albret

Brutalement, cours d'Albret, sur un fond de ciel lavé et frais de lendemain de grand vent, les toutes petites feuilles serrées, tassées, des micocouliers qui apparaissent au bout des branches... Hier, il n'y avait rien, le printemps pointe aujourd'hui aux arbres ! Il y avait longtemps que j'avais envie de vous parler des micocouliers. On les regarde le plus souvent sans les voir, le long des rues et des avenues de Bordeaux. Leurs petites feuilles aux ongles longs ne sont pas spectaculaires mais ils ont un port élégant qui sied bien à en faire un arbre des villes et la nôtre ne s'en prive pas.

Comme on voit, le micocoulier est téméraire et il n'hésite pas à mettre ses feuilles bien avant ses voisins de jardin. Mais là il devance toutes les prévisions. Clairement, il part en campagne avant les autres.

mardi 13 février 2007

Tour de force

Personne, personne au monde, ne pourra enlever à Nicolas Sarkozy le mérite d'un tour de force qui marquera l'histoire de la médecine et celle d'une des plus belles de ses spécialités. La presse n'en a pas suffisamment rendu compte : reconnaissons qu'elle passe quelquefois à côté de faits décisifs pour s'attacher à l'écume de l'actualité !

Au cours des semaines précédentes, le ministre de l'intérieur a réussi ce que personne, je dis bien personne, n'avait réussi jusqu'à ce jour. A l'hôpital Charles Perrens, lors de la réunion du Conseil d'administration, comme lors de la visite de François Bayrou dans cet établissement, nous avons dû, toutes tendances confondues, lui rendre cet hommage. Depuis des décennies, lui seul est parvenu à soulever en un mouvement unanime et solidaire toute la psychiatrie ! Je dis bien toute: psychiatres, psychanalystes, Jasperiens, Jungiens, néo-lacaniens, cognitivistes, comportementalistes, ceux qui pensent que c'est la société qui est malade comme ceux qui croient à la génétique ou aux neuro-médiateurs, tous pour la première fois de leur histoire se sont retrouvés, parlant d'une même voix. Il suffit de connaitre deux psychiatres pour mesurer l'importance du phénomène...

Cette union sacrée, unique en son genre, s'est faite à propos du volet santé mentale de la loi sur la prévention de la délinquance qui propose de faire du maire le pivot d'un dispositif répressif concernant en particulier les mineur délinquants. Il prévoit de plus la création d'un fichier des malades ayant fait l'objet d'une hospitalisation d'office (les "H.O."). Ce qui assimile de facto les malades aux délinquants. Pas un psychiatre, pas un médecin de n'importe quelle spécialité qui pourrait accepter cette confusion et se ranger ainsi dans le rang non de ceux qui soignent mais de ceux qui fichent et qui répriment.

Les 3500 médecins psychiatres hospitaliers ont décidé de faire grève et de manifester contre cet amalgame inacceptable entre troubles mentaux et délinquance. Le ministre s'est plaint à la tribune de l'assemblée, nul ne sait sous quel prétexte, de "manoeuvres politiciennes" mais il a retiré ce soir les articles incriminés de son texte.

Disons le simplement : je suis doublement satisfaite. Un article indigne est retiré et il l'est sous la pression des médecins, qui démontrent une nouvelle fois* qu'ils ont pris la mesure de leur responsabilité dans la marche de la société.

  • voir aussi le billet du 15 novembre 2006

lundi 12 février 2007

Petit billet du soir

Je rentre d'une réunion où étaient présents de nombreux blogueurs. Des élus qui ont presque tous aujourd'hui "leur" blog, des communiquants dont c'est le mêtier, mais aussi des citoyens et des personnes individuelles. Je fais une nuance entre les deux, car il me semble que certains ont une démarche politique au sens le plus fondamental de ce terme (s'exprimer sur la vie de la Cité) et d'autres une démarche personnelle (s'exprimer sur leur vie et leur vision de la vie). Plusieurs parmi les blogueurs de ce soir, plusieurs alimentent plusieurs blogs..

Quel prodige étonnant ! Ce nouveau mode de communication est apparu à un moment où il semblait tout à fait improbable : les conversations téléphoniques étaient entrain de remplacer définitivement la correspondance, les media du son et de l'image s'imposaient en maîtres. Et cette nouvelle forme est apparue, plus fluide, plus rapide que l'écriture sur papier, et pourtant une écriture véritable, que l'on peut reproduire et retrouver, qui a ses petits bruits (comme autrefois la plume sur le papier), que l'on voit avancer devant soi au gré des touches..

La très grande différence entre le mail ou le blog et l'écriture sur papier, 0 combien plus ascétique, c'est le temps. Le temps d'expédier la lettre, d'imaginer qu'elle parvienne, le temps de composer un manuscrit avant de l'ouvrir à un éventuel lecteur... Tout ce silence et cette attente qui séparent l'écriture de la lecture , que la correspondance électronique réduit à un instant.

Les bons comptes...

Le ministre Thierry Breton a du écouter hier l'excellente entrée en matière du discours de Ségolène Royal sur la dette publique. Il l'annonce aujourd'hui ramenée à 1100 milliards d'euros, alors que l'an dernier il reconnaissait qu'elle atteignait 2000 milliards d'euros. A ce point d'imprécision, on peut s'interroger et d'ailleurs, la cour des comptes épingle ses modalités de calcul. Les bons comptes devraient pourtant faire les bons ministres, surtout les ministres des finances.

Le taux de 64 % du PIB, qui fait de nous des champions toutes catégories,n'est pas remis en question. Les mesures annoncées hier devront se faire dans un contexte d'économies, de croissance et de redistribution. Nous le savons, nous devons le savoir et nous devons le dire.

dimanche 11 février 2007

Dimanche encore

Dans ma maison, un tout petit bouquet fait d'une vingtaine de violettes minuscules et de quelques feuilles trouées par je ne sais quels insectes. Leur parfum délicat se répand partout. Prodige que je n'ai pas pu résister à partager. Ce dimanche particulier s'assombrit, sa fin menace déjà. Une chanson de Greco disait "Je hais les dimanches". Pas moi, ils sont (le plus souvent) ma chance de remettre pied à terre.

"Plus juste, la France sera plus forte"

Exercice difficile qu'un commentaire en temps réel du discours de Ségolène ; obligatoirement des impressions rapides, des oublis ou au contraire des choix particulièrement en phase avec ce que je veux défendre. Je m'étais promis cet exercice en entrant dans ce dimanche particulier. Essayons.

J'ai souffert les premières minutes d'un abus de généralités. Le discours n'est vraiment entré de plein pied dans la politique réelle qu'avec l'évocation de la dette publique (64% du PIB, 18000 euros par Français). Y a-t-il meilleur bilan du gouvernement en place ? Une place très importante donnée à l'économie sociale, couple étrange mais indissociable. Et une place encore plus importante donnée à la jeunesse, très présente dans la salle, très réactive, très en phase avec la candidate. Avec la proposition majeure de l'allocation d'autonomie pour les jeunes. Avec l'obligation d'un premier emploi pour les jeunes après 6 mois de chômage, et pour cela la création de chantiers d'intérêt national.

La politique de l'âge et les personnes âgées n'ont été abordées que par le biais des petites retraites, revalorisées de 5%. Avec une mesure simple, souvent demandée : le versement mensuel et non trimestriel.

Gros chapitre sur le travail et l'attention aux conditions de travail. Ségolène a en particulier mentionné que 25% des salariés travaillent debout en permanence et que chaque jour, surviennent 2000 accidents du travail. La sécurité sociale professionnelle permettant en particulier de ne pas passer par "la case chômage" si l'on veut par exemple créer une entreprise après avoir perdu son emploi.

Le chapitre de la santé a été surtout abordé pour la jeunesse, avec une très belle mesure qui est la gratuité des soins avant 16 ans. J'y aurais presque ajouté l'obligation des soins (en particulier des soins dentaires). Excellent mention aussi du renforcement de la médecine scolaire.

Dialogue social. Une mesure que nous avons demandé en forum (comme plusieurs de celles que je viens de citer) : l'exonération des cotisations syndicales et la création d'un crédit d'impôt pour les travailleurs syndiqués ne payant pas l'impôt. Plusieurs mentions de la "responsabilité sociale et environnementale des entreprises", dont j'ai parlé ici à plusieurs occasions, et qui doit être prise en compte autant pour nos achats que pour les aides publiques.

J'ai trouvé très forte et très juste la montée du discours vers la position et l'ambition internationale de la France et la grande place accordée aux relations Europe-Afrique. Quel candidat accorde autant de place à un continent "oublié" que seuls les Chinois investissent ?

Pardon de ces notes hâtives. Ségolène Royal comme François Hollande ont terminé en disant que c'était maintenant à nous de porter la campagne. Nous avons matière à être nous mêmes.

Tout commence aujourd'hui

"Tout commence aujourd'hui...". François Hollande, très offensif, très vigoureux, tendu même en début de discours, vient de donner le grand départ d'une campagne entre le candidat du pouvoir sortant et la candidate du changement. La campagne, ce dont je suis persuadée, est entre les mains de tous. Parler, incarner, expliquer, démontrer.

On a retrouvé l'humour de Hollande dans sa démonstration du droit opposable. "Vous cherchez une place de crèche pour votre enfant, mais malheureusement, aucune n'est disponible. Pas de problème : vous allez voir votre avocat, qui saisit une commission, laquelle saisit un tribunal... Et cinq ans après, quand votre enfant est déjà à l'école, vous pouvez le remettre à la crèche."

Tout un dimanche

Tout un dimanche, non pas inoccupé mais libre, où mettre les occupations dans l'ordre que l'on choisit et surtout sans courir d'un point à un autre comme un automate. Tout un dimanche que je vais accompagner d'écriture. C'est aussi une forme de privilège : laisser l'ordinateur ou le cahier à portée, revenir vers lui, déposer une phrase qui passe, être accompagnée.

Ségolène tient meeting au Parc des expositions et je le suivrai avec beaucoup d'entre vous sur la chaine parlementaire. Beaucoup aussi sont à Paris. J'ai pensé que j'avais trop à préparer pour aller avec Lionel, Pascale... A un point d'activité, toute décision est un choix. Bon dimanche à tous ; à tout de suite.

vendredi 9 février 2007

Inauguration de la maison cantonale de La Bastide

Inauguration ce soir de la maison cantonale de La Bastide. Magnifiquement rénovée, remise à ce goût si spectaculaire entre art déco et art nouveau avec beaucoup de justesse et nous avons manifesté notre admiration pour la qualité des travaux à l'architecte qui les a dirigés. Les municipalités de l'époque ont mis 23 ans à construire la maison cantonale(1903-1926), la municipalité actuelle a mis 7 ans à la réhabiliter depuis la mise en route du projet. Douze depuis le début des mandatures d'Alain Jupppé.

Et combien de mois pour tout simplement l'inaugurer ? Car Alain Juppé ne voulait pas que ce soit Hugues Martin qui fasse cette inauguration pour être sûr d'en engranger le bénéfice pendant la période électorale actuelle. On a donc attendu plusieurs mois après la fin des travaux. Hugues Martin est brièvement apparu sur le parvis, mais il a disparu aussitôt. Pas même invité à être sur la tribune alors qu'il est le député de la circonscription. Seul le préfet Francis Idrac et Alain Juppé ont célébré cette inauguration différée, entourés d'un orchestre de cuivres.

Premier manque d'élégance. Pourquoi Hugues Martin a-t-il été évincé de la sorte ? Et un deuxième : Daniel Jault, conseiller général du canton de la Bastide et représentant du Président du Conseil Général a lui aussi été relégué dans les rangs du public. C'est incorrect pour l'élu local, c'est une faute politique à l'égard du Conseil Général qui a contribué à financer le projet. Le Président, ou son représentant, devaient prendre la parole.

Pourquoi ces "inélégances" sont-elles importantes ? Tout d'abord -et ce n'est pas rien- parce qu'elles mesurent les qualités humaines de celui qui en a décidé, Alain Juppé évidemment. Mais aussi, parce qu'elles témoignent d'une pratique politique que nous ne pouvons plus accepter. Cette ville est gérée comme un fief de l'ancien régime. Les règles républicaines ne s'y appliquent plus. La place protocolaire des élus et des institutions quand ils n'appartiennent pas à la majorité municipale n'y est plus respectée.

Il est immensément temps que Bordeaux redevienne une ville d'équilibre des pouvoirs et de respiration démocratique.

Signe

Ce jour (9 février) est consacré par France-Inter à la maladie mentale et à la psychiatrie. Signe d'intérêt et de prise de conscience de la souffrance psychique montante dans notre société. Pas une famille, ou du moins pas un cerle d'amis, où on ne rencontre l'un ou l'autre de ses modes d'expression.

Mon souhait est que l'on ne s'en tienne pas à s'interroger "comment soigner ?" "Quels moyens pour la psychiatrie?" mais aussi que l'on interroge les causes de ce mal être croissant et que l'on cherche à identifier celles sur lesquelles on peut agir.

Cette interrogation est/sera une vraie révolution. L'écologie environnementale a ouvert la voie, il faut aller au delà. La mal-bouffe cérébrale et psychique est au moins aussi dommageable que la mal bouffe de Mac'Do. Je m'inscris volontiers faucheuse volontaire des postes de télé dans les chambres des tout petits ou des machines à sous à disposition dès 9 heures du matin.

Bien sûr, le "désenchantement du monde", la perte des solidarités traditionnelles, l'affaiblissement du sens du collectif, sont plus difficiles à combattre encore que les intérets commerciaux cachés derrière les jeux stupides, l'impact accéléré des images de la télé ... Avec la même honneteté qui nous fait nous demander "qu'est ce qui est mauvais pour la planète?", il faut que nous cherchions "qu'est ce qui est mauvais pour la société ?"Il faut que nous cherchions avec la même honneté "qu'est ce qui est mauvais pour la société" ?

jeudi 8 février 2007

La santé, marqueur d'inégalité sociale

Une confirmation, une de plus, d'un thême qui nous occupe beaucoup sur ce blog. La santé, ce que j'appelle bien souvent "l'état de la machine", est de plus en plus un marqueur d'inégalité sociale. On pouvait espérer autre chose après des décennies tout à la fois de luttes sociales et de progrès médicaux.

Une étude conjointe de l'Inserm et des instituts de santé et de veille sanitaire démontre sur un "échantillon représentatif" de 1042 collégiens et lycéens du Val de Marne que les jeunes ne sont pas égaux face à l'obésité et que l'écart s'accentue régulièrement entre pauvres et riches : la prévalence du surpoids augmente chez les uns, diminue chez les autres. C'est d'abord cette aggravation des faits que l'on doit retenir. Dans une société avancée, ce recul sur des sujets si décisifs doit nous mobiliser.

En chiffres, car j'aime bien que ce blog donne des éléments précis auxquel on puisse se référer.

Le département du Val de Marne est engagé depuis 2001 dans un programme de prévention de l'obésité . Grâce à cela, la prévalence du surpoids est restée stable chez les jeunes : 17% des adolescents en excès de poids, 3,1 % d'obèses. Remarquons que globalement dans notre pays, les chiffres montent, le programme de prévention n'est donc pas inutile.

Pas inutile, mais très différemment : le surpoids a considérablement augmenté chez les enfants d'ouvriers, passant de 16,4% à 31,1% , alors qu'il a diminué chez ceux dont les parents occupent une profession intermédiaire (de 19,1% à 10,9%) ; en clair : trois fois plus d'enfants trop gros chez les enfants de milieux modestes !

L'origine géographique du père aggrave les différences : le surpoids passe de 18 à 30,1% si le père est originaire du Maghreb, ou d'un pays non européen ou africain (13,1 à 23,3%)

Le type de quartier joue un rôle et le surpoids concerne 1/4 des jeunes des cités (dont 6,3% d'obèses) contre 11% de ceux qui habitent dans des quartiers pavillonnaires.

Un chiffre encore, lié au surpoids : 69% des jeunes disposent d'un écran dans leur chambre (télé, ordinateur ou console de jeux). Ce chiffre atteint 75% pour les enfants d'ouvriers.

Il est urgentissime que nous prenions ces données à bras le corps, dans toutes leurs implications. Causes et conséquences. Pour ces dernières, mesurons combien un enfant obèse perd en capacité d'épanouissement scolaire, social et sportif ; perd en estime de soi et en ardeur à être ; et se sentira avec l'augmentation des chiffres que l'on vient d'examiner, ce plus en plus en état de ségrégation.

mardi 6 février 2007

Plus c'est gros.. (5)

Pour quelques décisions positives, pour quelques évolutions favorables (le tabac, la peine de mort..), combien de fausses routes, de mauvais choix qui sont comme des pas en avant vers cette "aberration durable" où s'installe notre société ?

Un exemple, un exemple de plus, de ceux qui me gâtent l'humeur pour un bon moment : l'ouverture de la publicité télévisée à la grande distribution.

Hier au forum participatif de la Bastide, nous avons regretté que les référentiels de prix soient maintenant dictés par la grande distribution. Qui y trouve bien évidemment son compte, car pour un produit étiqueté "le moins cher", une "gondole" entière de produits inutiles, médiocres ou coûteux sont proposés autour de lui. Les participants du forum ont souligné la nécessité de prix conventionnés (par l'Etat) pour les produits de première nécessité, y compris ceux de nécessité sociale (pouvoir prendre un crême dans un café, dans n'importe quel quartier..).

La décision d'ouvrir la publicité télévisée aux grandes enseignes alimentaires a, exclusivement, des effets délétères

- cette publicité est très coûteuse, et c'est bien sûr le consommateur qui la payera (pour le seul mois de janvier intermarché a investi 4,3 millions d'euros, Auchan 3,6 et Leclerc 3,4)

- la forte audience de la tévision, et l'impact de cette publicité, vont renforcer la position dominante de la grande distribution. Que l'on ne prétende pas ensuite soutenir le petit commerce, les commerçants bio, les petits producteurs ..

- les distributeurs s'adressent d'abord aux chaines commerciales à forte audience, et cela renforce naturellement la position de TF1 qui a d'ores et déjà engrangé 52,6% des parts de marché. Quant on connait l'engagement culturel et éducatif de TF1, c'est incontestablement le bon choix de renforcer sa position.

- l'effet "produit phare" est accentué : Carrefour vante ses couches, Système U ses steaks, qui seront bien évidemment entourés de mille autres produits inutiles dont le consommateur repartira chargé

- la presse quotidienne, qui n'a pas réellement besoin de cela, est lourdement pénalisée et dès janvier a connu une réduction des investissements publicitaires de la grande distribution (part importante de ses ressouces) (réduction de 50% pour la presse nationale et de 28% pour la presse régionale).

J'ai parlé d'effets exclusivement délétères. C'est faux. Ce formidable cadeau fait par le gouvernement aux chaînes de télévision quand s'ouvre une période de campagne électorale de 18 mois n'est pas délétère pour tout le monde.

C'est tellement gros, tellement méprisant de l'intérêt public au profit de l'intérêt particulier, qu'on voudrait avoir une possibilité d'action immédiate. Et nous en avons une en réalité : c'est notre bulletin de vote.

dimanche 4 février 2007

Le travail : à Taniwha et quelques autres, dont moi

J’ai été à plusieurs reprises interpellée sur le travail « Quoi, vous en parlez tout le temps, n’y a-t-il pas autre chose dans la vie ? »

Je résume comme il me vient à l’esprit : le sens est « pourquoi mettre le travail au cœur de nos sociétés, n’est-il pas temps de passer à autre chose ? »

« Vaste sujet.. » aurait dit le général de Gaulle. Sujet fondamental pour moi, qui m’est chevillé au corps et à l’esprit sans que j’aie toujours pris le temps d’en mettre en forme les raisons. Donc, pourquoi j’aime plutôt le travail (encore que je sois tout aussi paresseuse que la moyenne, mais passons…) et pourquoi je crois qu’il est une pierre angulaire d’une société qui marche. Et ajoutons : d’un système éducatif en mal de sens.

Les raisons qui me viennent se situent à des niveaux très différents. Débarrassons-nous, si l’on peut dire, de celles que l’on peut qualifier de philosophiques. Elles sont en réalité très simples et tout un chacun en a fait l’expérience, peut-être les femmes encore plus que les hommes, je ne sais pas. Une amie un jour m’a frappée en me disant : « Je suis de celles qui, quand elles sont angoissées la nuit, vont nettoyer à fond sous l’évier ». Dit plus savamment, je crois que la condition de l’homme est fondamentalement source de ce mélange anxiété-dépression qui nous accompagne journée après journée comme un gros chien encombrant.

Il y a sûrement d’autres moyens de tenir le gros chien dans son rôle d’animal de compagnie, de ne pas le laisser prendre toute la place, mais le moyen le plus humain, c’est de faire quelque chose. On choisira le mot qu’on veut : agir, réaliser, se bouger… C’est vrai à l’échelon d’un moment d’inquiétude, c’est vrai à l’échelon d’une vie. Oui, globalement, je crois qu’il vaut mieux nettoyer sous l’évier que prendre du hasch ou tout simplement rester à broyer du noir dans son coin.

La deuxième raison est en lien direct avec la société et on ne l’explique jamais, en particulier aux enfants. Je me permets une parenthèse, qui est très importante pour moi : dans une lettre de ma mère à une dame qui lui demandait des conseils d’éducation pour son jeune enfant, j’ai trouvé au premier rang de quelques avis simples : "Ne lui présentez jamais le travail comme quelque chose de négatif. Même en rentrant d’une lourde journée, ne dites jamais que vous avez assez… ».

Ceci seulement pour introduire ma deuxième raison : le travail est notre contribution réciproque à la société. Et pour cela, il est fondamentalement positif. Etre soigné, recevoir du courrier, avoir de l’électricité, tout cela dépend du travail de l’un ou de l’autre . Et moi, qu’ est-ce que j’apporte ? Et pourquoi ne pas essayer de le faire le moins mal possible ?

Tout cela est élémentaire, mais je crois que nous avons fondamentalement perdu le sens de notre interdépendance, de l’équilibre nécessaire entre donner et prendre, entre contribuer et bénéficier.

Je me souviens d’une phrase anodine du film « La femme du boulanger » : « Puisque tu me donnes de ta boulange, je te donnerai de ma chasse.» Mon couvreur répare mon toit, je suis bien contente de soigner sa fille …

La troisième raison, c’est que le travail, c’est la construction de l’être. Je dois avoir dit déjà plusieurs fois dans ce blog que le thème de ma campagne législative en 2004 était « le travail, une valeur de gauche ». C’est le travail et encore le travail qui fait que nous avons quelque chose dans la tête (rien n’y rentre tout seul), que nous savons exercer des activités, réaliser des gestes qui nous rendent contents et qui font partie de nous (Taniwha, un de mes contradicteurs anti-travail, est un sportif parce qu’il a travaillé, c’est tout, pas parce qu’il a regardé le sport à la télé !) ; c’est le travail et encore le travail qui a permis où que ce soit dans le monde aux petits, aux modestes de « s’en sortir » ; c’est le travail qui a permis l’émancipation des femmes, et combien elles ont bossé (et combien elles bossent) pour cela !

Apprendre, quel bonheur ! Qui a le courage de le dire ? Qui dit aux gamins qui rament sur leurs devoirs : « Quelle chance tu as de savoir à ton âge faire des équations du deuxième degré, d’accéder à ce drôle de monde des mathématiques qui a permis d’aller se promener sur la lune ! »

Ai-je besoin d’exprimer la quatrième raison : le travail, c’est le lien social. Une des phrases que je rabâche c’est : « Le logement c’est notre place sur cette terre, le travail, c’est notre place dans la société » .

J’entends déjà toutes les contestations à ces beaux discours, et en particulier la plus importante : « A quoi ça sert d’apprendre aux enfants à travailler et même de leur en donner le goût puisque le travail ne les met plus à l’abri du chômage ? »

C’est vrai ; une réponse un peu dure tout d’abord : le travail ne met pas à l’abri du chômage mais le non travail le garantit. Avoir le goût de travailler et de se bouger est une arme incroyable pour la vie. Je dirais même que c’est la première.

Une deuxième contestation tombe aussitôt, plus dure encore : comment un enfant peut apprendre à travailler et à aimer travailler quand ses deux parents sont au chômage et à la dérive ?

Je sais tout ça, mais je m’accroche. Bien sûr, il me semble que j’arriverais à montrer à ce petit loulou qu’il est très bon dans une matière, qu’il a des facilités, que j’essaierais de lui donner l’estime de soi et le désir. Pour ça, il faut des enseignants dont on met le travail en valeur. Toujours pareil.

La société a besoin de changer de valeurs et de pratiques. Une de ces valeurs est le travail, et non l’argent. François Hollande a dit, je crois : « Je n’aime pas les riches ». Pour ma part, je n’aime pas les riches qui ne vivent pas de leur travail et au niveau de leur travail. Le pouvoir de l’argent, cette espèce de respect et de révérence imbécile qu’il entraîne partout (là encore, parce que c’est l’exemple le plus facile : les émissions sur le plus riche, l’hôtel le plus cher, la bouteille de vin la plus coûteuse), tout cela est générateur d’un incroyable malaise.

Comment en effet faire aimer le travail à un petit employé si une paire de chaussures de Berlutti représente deux mois de son salaire ou si son PDG gagne 500 fois plus que lui. Rien n’a dévalorisé autant le travail que ce hiatus. Je crois que Nicolas Sarkozy devrait réfléchir à cette idée simple avant de dire sans se poser d’interrogation : « Il faut qu’on puisse travailler plus pour gagner plus ». Mais il faut d’abord que le revenu du travail ne soit pas complètement dévalorisé. Et que, tout simplement, les gens soient estimés pour ce qu’ils font, pas seulement pour ce qu’ils gagnent ou ce qu’ils possèdent.

Plein d’autres contestations. « Comment une caissière qui travaille deux heures le matin et deux heures le soir, avec deux heures de transport pour aller chez elle, peut-elle croire, je dis bien croire, au travail ? » C’est une évidence et nous devons nous interroger (je parle de la gauche) : nous ne nous sommes pas assez battus sur les conditions de travail, au moins aussi importantes que le temps de travail. Je crois que nous ne savons pas encore parler simplement et positivement du travail.

J’ai essayé.

samedi 3 février 2007

"La seconde mort de la peine de mort" (3)

Sous ce titre qui, au premier abord a l'air plutôt sinistre et que j'emprunte au journal "Le Monde", des nouvelles que l'on peut considérer comme assez favorables. Ce n'est pas, par les temps qui courent, denrée si abondante que l'on doive s'en priver !

Premier élément, à la fois secondaire et significatif, Jacques Chirac veut que l'on porte au crédit de ses maigres mandats l'inscription de l'abolition dans le marbre constitutionnel. Au passage, saluons la belle carrière de l'expression "graver dans le marbre" que l'on entend sur toutes les ondes depuis le débat constitutionnel européen. Les graveurs de marbre, résignés à ne plus graver depuis longtemps que le nom des défunts et leurs dates doivent se réjouir ...

C'était une digression, ne m'en veuillez pas. Je suis très, et sans doute trop, sensible aux évolutions de la langue, à tout ce qu'elle livre d'inconscient à la fois pour les personnes et pour les sociétés ; je ne résiste pas toujours à les noter.

Je reviens à mon sujet : Jacques Chirac ne désirerait pas graver cette inscription dans le texte de la constitution si l'opinion publique n'avait pas évolué. Et c'est ça la bonne nouvelle : l'évolution des mentalités. Soyons prudents : il suffirait d'un crime atroce pour que l'opinion se retourne. Mais actuellement, et au contraire de la période où Badinter a plaidé et où Mitterrand a décidé, la prise de conscience du caractère indigne de la peine de mort l'a emporté sur les réflexes émotionnels ou (faussement) sécuritaires.

Signalons en douce, pour le plaisir (c'est pas vraiment le mot) qu'en 1981, Jacques Chirac était favorable à un référendum sur le sujet de la peine de mort . Le référendum aurait à l'époque été largement contraire à l'abolition (plus de 60 % étaient contre). Ce qui ne manque pas d'interroger sur les rapports adultères entre la Démocratie et la République, toutes les deux avec une belle majuscule, mais pas toujours d'accord entre elles !

Deuxième bonne nouvelle : la peine de mort recule dans le monde. Avec une grosse épine dans le pied de ceux qui rêvent d'une "abolition mondiale" et qui pensent, comme Robert Badinter que "la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde". Cette grosse épine, ce sont les Etats-Unis où la peine de mort reste pratiquée par la majorité des Etats, et soutenue par la majorité des citoyens. Mais, même là, l'abolitionnisme gagne du terrain.

Un point m'a interpellé (là, comme pour le tabac, rien n'est tout à fait monolithique, sans critique, sans faille et sans interrogation) : la position de Singapour. La peine de mort y subsiste pour les trafiquants de drogue. Ce pays veut éradiquer la drogue. Ce que je veux exprimer, c'est que devant un problème aussi décisif pour l'avenir de nos sociétés (j'allais dire "capital"), devant l'énormité des enjeux financiers qui sont derrière le commerce de la drogue, je ne sais quelle réponse apporter.

C'est un problème incroyablement angoissant, devant lequel nous restons sans force et sans proposition réelle. Quand j'entends Sarkozy "rouler des mécaniques", j'ai envie de l'interpeller, pas sur les petits loubards voleurs de vélo moteurs, mais sur le commerce de la drogue. Qui en parle véritablement ?

Débat participatif à la Bastide le 5 février

Comme une grande, je vous convie au débat participatif organisé les bastidiens (PS la Bastide et comités désirs d'avenir)

Vie chère, pouvoir d'achat, petites retraites, dialogue social"


Lundi 5 Février 2007 – 18h30


Maison Cantonale – Rue des Nuits – Bordeaux Bastide (Tramway ligne A – Station Jardin Botanique)


En présence de


- Gilles SAVARY, Député Européen, Porte parole de Ségolène ROYAL. - Michèle DELAUNAY - Conseillère Municipale de Bordeaux.

jeudi 1 février 2007

Tabac, jour zéro

Oui, je crois que c'est vraiment important. L'évolution des réglements, des lois et plus encore des mentalités concernant le tabac. Aujourd'hui, premier jour de l'interdiction du tabac dans tous les lieux publics. Un sacré "encouragement" pour tous les fumeurs à tenter d'arrêter !

Plusieurs points. Cette interdiction est un mélange assez juste, quand sont en jeu des intérêts commerciaux considérables et des enjeux de santé qui le sont encore plus,entre l'incitation et la contrainte. Ce débat a eu lieu à plusieurs reprises dans le blog : "faut-il interdire ? Faut-il informer, éduquer, conseiller...?"

Une partie de la réponse est dans la prise en compte des "forces adverses" à l'information, à l'éducation, au conseil. Dans le cas du tabac, elles sont doubles :
- la puissance des intérêts commerciaux, Etat y compris, qui a mis très longtemps à réaliser que les dégats du tabagisme coûtaient beaucoup plus que ne rapporte l'impôt déguisé que constitue la vente des cigarettes.
- la force de l'addiction. Le tabac est une drogue puissante, aux effets complexes (y compris des effets bénéfiques). Le cerveau devient vite dépendant, les vaisseaux et le poumon vite malades. Il ne faut pas méconnaitre la difficulté du sevrage, en termes physiques comme en terme psychologiques et sociétaux. Les gestes du tabac sont de beaux gestes, des médiateurs sociaux et familiaux, tout cela est très fort.

Un point essentiel de la situation que nous constatons aujourd'hui : la grande majorité des Français estt favorable aux mesures d'interdiction dans les lieux publics . Il a fallu un long chemin jusque-là. La prise de conscience du risque a eu lieu, et, plus difficile encore, la prise de conscience de la nécessité de l'intervention de la loi.

Aujourd'hui, ce n'est pas "la prohibition", comme osent à peine le dire certains ; ce sont en effet des mesures contraignantes qui étaient indispensables, mais ce n'est pas une interdiction du tabac.

J'espère tout simplement que beaucoup d'autres problèmes de santé publique seront compris de la même manière, et que "le politique" saura prendre les mesures nécessaires. Je souhaite seulement que la maturation soit un peu plus rapide (combien de morts et de malades dans les décennies précédentes ?)

Tout n'est pas réglé. D'abord bien sûr sur le tabagisme, mais on peut espérer qu'il sera, mais on peut espérer qu'il sera notablement amoindri.

Mais aussi parce que tout réglement génère des difficultés et des interrogations.

J'étais ce matin à l'hôpital Charles Perrens . Le Conseil d'Administration a la charge de voter le réglement intérieur et nous devions donc le modifier au regard de la loi.

Le problème n'est pas tout à fait simple. Quatre-ving dix pour cent des schizophrènes sont des fumeurs importants. La raison n'est pas démontrée mais il n'est pas exclu qu'il y ait une corrélation entre leur maladie et les troubles cérébraux qui la sous-tendent et le "besoin" de tabac. En tout cas, les effets cérébraux du tabac ne sont pas indifférents dans le cas de cette maladie.

Certains schizophrènes sont hospitalisés d'un jour à l'autre, du fait de la gravité de leurs troubles. Certains sont dans un régime de contrainte, voire même sous un régime pénitentiaire (du fait de fautes pénales) ne leur permettant pas de sortir à l'extérieur des bâtiments.

Faut-il les sevrer brutalement ? Comment organiser les "pauses tabac" de ceux qui peuvent sortir ?

Une autre question : devons-nous appliquer la loi dans les services de soins palliatifs ? L'image à forte charge symbolique de la "dernière cigarette" est en cause.

A ces questions, je crois que l'intelligence et la sollicitude répondront. Mais je voulais les poser pour montrer que la meilleure loi est imparfaite. Et que la meilleure définition de l'éthique, qui ne connait pas véritablement de définition, c'est : savoir se poser des questions, n'avoir jamais de certitude absolue.