Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 29 août 2007

Changer de nom ? C'est non !

J'entends ici ou là que le Parti Socialiste devrait changer de nom. C'est un des sujets abordés à Frangy.

Eh bien, pour moi, c'est NON ! Non de chez non, non trois fois non, non, absolument.

C'est le nom de Parti qui a et qui garde un sens plein. C'est vrai, le mot de "communisme" a été entâché par le goulag et quelques figures peu sympathiques d'URSS ou d'ailleurs. Le Socialisme a pour l'essentiel réchappé de ces dommages, en tout cas, ils sont sans proportion avec la force de son histoire.

Mais c'est pour deux sortes de raison que je dis un non, parodiant de Gaulle, un "non ferme et massif" (lui, c'était un "oui" qu'il demandait, mais l'énergie était la même).

D'abord, le changer pour quoi ? Un sigle à la noix, comme tous ceux des partis qui nous entourent, dans le présent comme dans le passé. UMP, RPR, UDF, PR, UDC, MDC, UNR, UDSR, MRP, SFIO, PRG, CNI, CDS... L'un a bien souvent éffacé l'autre, l' "Union" a poussé le "Mouvement", ou le contraire, tout ceci ne veut rien dire qui vaille.

Juste pour sourire, j'écris quelquefois sur mes fiches de consultation, dans un petit coin, "FSLF" ; c'est un parti très représenté, mais personne n'a encore adopté le sigle. Je vous dirai plus tard...

Ajouter "démocrate" après socialiste ? Et pourquoi pas "républicain", peut-être encore plus nécessaire par les temps qui courent? Est-ce n'écessaire : le socialisme est et doit être à la fois républicain et démocrate. N'usons pas ces beaux mots inutilement en les collant partout.

Et puis "socialisme", c'est un mot qui me parait d'une grande actualité. Il s'agit simplement de revisiter sa signification à la mesure des enjeux du XXIème siècle. Non, les socialistes ne sont plus, comme au XIXe siècle, les défenseurs de la veuve et de l'orphelin. Il n'y a plus d'orphelins, et les veuves ont bien changé..

C'était bien sûr seulement une image.

Voilà, donc pour moi, c'est ferme, c'est non, j'ai signé pour un parti qui s'appelle socialiste, je ne veux pas plus de FSLF que de SDF ou de PDF ... Tiens, PDF pourtant ça ferait moderne, un peu comme "MoDem". Au passage, je veux pas de "F" (français) du tout : est-ce que le socialisme n'a pas inventé la mondialisation avant l'heure, en se déclarent internationaliste ?

mardi 28 août 2007

Une journée toute en couleurs changeantes

Une journée tout en changements de couleurs, en brusque revirements du temps, pluvieux et brumeux ce matin, caniculaire à midi, venteux, précurseur d'orage à l'instant. Revenue brièvement à Hossegor pour enregistrer des images de grand large avec Jean Luc Veyssy et Dominique Emmanuel Blanchard qui ont pris par en mains une année de blog pour en faire un livre à visages multiples : nos trois campagnes à Bordeaux, le fil intérieur de la vie, la matière multiple de la politique.

Le livre contiendra un DVD qui commence et finit, comme toute chose, au bord d'un horizon sans limites. Moment heureux où nous avons travaillé en nous sentant en vacances. Merci à tous les deux.

Maintenant, les volets tapent, l'humeur du temps se gâte sans qu'on puisse deviner si c'est un caprice après un moment d'assoupissement, ou une colère durable. La mer est moirée de grands courants contraires, bleu marine et argent, les estivants ferment les parasols en hâte et se pressent pour rentrer.

Pour quelques heures encore, l'été m'appartient.

lundi 27 août 2007

Qui a une réponse ?

Eh bien oui, on peut être socialiste et y prendre plaisir ! C'est le sentiment que nous avons eu à Melle, dans une totale liberté, sans allégeance à personne, c'est aussi celui que nous avons eu bien souvent pendant les trois campagnes de l'année passée. J'en ai un peu assez pour tout vous dire, d'entendre parler matin, midi et soir, de la déconfiture du Parti Socialiste, du combat des chefs et du désarroi des sous-chefs, des quadras qui montent, des quinquas qui ceci, des sexas qui cela...

Je vais vous dire : le parti socialiste va plutôt mieux que la société où il essaye de penser et de s'exprimer. Bien sûr, nous avons quelques bétassons, des qui s'y croient, des qui se prennent pour Fouquier-Tinville... Comment en serait-il autrement ? Je trouve même que le ratio bétassons/nombre de militants est grandement en notre faveur.

Ma jeune expérience à l'Assemblée m'a conforté dans cette idée : j'ai écouté des prises de paroles remarquables, sans effets de manches, sans caricature ni excès, basées sur un vrai travail et un vrai engagement ; cela de la part, de NOS députés ; Alain Vidalies, Jean Yves le Bouillonec, François Brotte, Jerome Cahuzac, bien d'autres, je ne veux pas faire ici un tableau d'honneur, parlant du droit du travail, de la justice, quelle leçon ! Ma jeune collègue Delphine Batho, tenant tête à la ministre de la justice et à son staff avec un calme parfait, quel encouragement !

Curieux, de tous ceux-là, la presse ne dit rien. Ils ne publient pas de livre assassin, ils travaillent, ils mettent leur énergie là où nous devons la mettre aussi : le secours -et je n'emploie pas la mot de gaieté de coeur- à une société qui va mal, à laquelle plus que jamais on présente de faux dieux et que l'on cherche plus à abêtir qu'à élever.

"Elever", voilà un mot ringard. C'était l'idéal des socialistes du début du siècle dernier. C'est celui de l'éducation populaire. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Qui cherche à élever, éduquer, instruire, qui cherche à donner à chacun les moyens de son autonomie et de son développement ?

Non, on cherche à vendre, à distraire et à faire taire.

Eh, bien, je trouve que nous sommes sur le sujet un peu meilleurs que la plupart, et c'est ce que j'avais envie de vous dire. Non, les socialistes ne sont pas en déconfiture, ils doutent, ils cherchent. Ils ont raison. Comment pourrait-il en être autrement ? Tout est question ; chaque chiffre que l'on lit dans le journal est une interrogation : sorties du système scolaire sans qualification, consommation de drogue, mal-logement, dette publique... Je m'amuse bien souvent quand quelqu'un pose dans une réunion l'habituelle question "Avez-vous des questions ?" , à répondre "Non, nous n'avons que des réponses..". Tout le monde reste médusé.

La seule question est aujourd'hui : "Qui a une réponse ?"

dimanche 26 août 2007

Melle

A Melle hier, le ciel était grand bleu, le soleil d'un or ardent... "Qu'est-ce que cela !" ont aussitôt tonné les caciques de notre parti dont je viens de découvrir les commentaires dans la presse. "Dans une réunion du parti socialiste, le ciel doit être rose et le soleil rouge ! Ségolène, décidément, n'a rien compris".

Hors de cette faute majeure, beaucoup d'entre nous pourraient signer les points essentiels de son discours (dont on trouvera un compte-rendu simple mais très juste dans l'édition de ce jour de Sud-Ouest dimanche) :

1 - La politique de Nicolas Sarkozy, toute d'agitation et de mouvement brownien, est de fait une politique d'immobilisme. Vieille recettes : allègements fiscaux à destination principale de son électorat ("donner beaucoup à ceux qui ont beaucoup, peu à ceux qui ont peu, rien à ceux qui n'ont rien"), empilement de lois à effet d'annonce, alors que les moyens d'appliquer les précédentes ne sont toujours pas données, création de commissions pour mettre les problèmes de côté, sans que les rapports des commissions précédentes n'aient été jamais lus ou, en tout cas, utilisés.

Au passage Ségolène, qui pour une fois, a su utiliser l'humour, a brocardé le rapport confié à Attali pour "lever les freins au développement économique". Les conclusions du rapport Camdessus, il y a à peine quelques mois, débouchait sur "110 propositions pour lever les freins au développement économique" !

2 - Le Parti Socialiste est empêtré dans les motions, les courants, les écuries, les synthèses que personne ne lit, et il y urgence à le remettre en phase avec les nouveaux défis du monde, les aspirations et les souffrances. Combien se sont comme moi ennuyés à périr dans des réunions de section où le problème du siècle était de répartir les postes entre les motions, minoritaires, semi-majoritaires, neo-hollandiennes, crypto-mermazienne, mélanchonistes dissidentes... Ceci pour des commissions ou des groupes de travail où, après trois mois, personne n'allait plus !

"Etre un laboratoire d'idées écrivais-je dans ce blog il y un an. "L'intelligence est la réponse nouvelle à la question nouvelle". Le parti socialiste doit être intelligent. Il l'est, disons qu'il lui reste à le rendre plus visible !

3 - Un langage, des attitudes, de responsabilité et d'éthique doivent être exigé de chacun de nous. On se doute que cela m'a ravi moi qui réclame un comité d'éthique au sein du PS, pour contrecarrer en particulier tous les manquements au respect du travail militant. Ségolène a en particulier demandé que personne ne dénonce, ne fustige ses camarades, mais se porte davantage vers l'extérieur. La débauche d'ouvrages qui se profile pour la rentrée lui donne raison. Je préfèrerais que nos leaders aient mis l'été à profit pour des titres tels que "Redonner sens à l'Europe" ou "Pour une éducation populaire" que ceux qui s'annoncent "Au revoir Royal", "La défaite en chantant".. Tout un programme, ou plutôt toute une absence de programme.

C'est dans cet esprit de modération envers nos habiles censeurs que je n'ai parlé en commençant ce billet que de la couleur du ciel et de l'ardeur du soleil.

Dans cet esprit aussi que j'écris ce billet : "Soyons unis, soyons forts, soyons libres". Tiens, j'ai déjà lu ça quelque part... Cela vaut plus que jamais au sein du PS.

vendredi 24 août 2007

Femme de ?

Femme de .. ou personne assumant son job, et au passage femme tout court ? Dans un billet lointain (j'ai la flemme de chercher), j'évoquais un problème en apparence superficiel : la place de l'épouse d'un notable, relativement à ses congénères occupant une place proche de celle du mari. Exemple pour éclairer le débat : dans le protocole, l'épouse du maire vient avant la première adjointe, l'épouse du Président avant une ministre.

Au passage, j'évoquais une question que j'avais posée à mes copines au lycée ; que préfèreriez-vous être : Présidente de la République, ou épouse du Président de la République ? Tout bien pesé, la réponse n'est pas si claire pour la plupart des femmes, dont moi.

Vous devinez où je veux en venir... Jusqu'à présent, je me suis abstenue, sans peine d'ailleurs, d'évoquer dans ce blog Cecilia Sarkozy. Les quotidiens, magazines, journaux parlés ou télévisés, nous gavaient suffisamment sans que j'ai besoin de leur apporter mon concours. Et pourtant, combien de fois m'a agacé, dans ces deux semaines de vacances où j'ai lu un grand nombre de ces journaux et magazines, que l'on qualifie Cecilia Sarkozy de "femme moderne". Elle est tout le contraire. La première caractéristique d'une "femme moderne" est de s'assumer professionnellement, financièrement, intellectuellement. Cecilia n'a pas fait ce choix, n'a jamais eu de profession, ce qui n'est pas en soi critiquable mais qui n'est pas la caractéristiqu d'une femme contemporaine, au demeurant celui de la plupart des épouses de chefs d'état "modernes".

Cecilia se situe quelque part entre Eugénie de Montijo (choisie par l'empereur pour sa beauté brune) et Elisabeth d'Autriche, dite Sissi, connue pour ses caprices, sa difficulté à se plier à son rôle de représentation, la fascination qu'elle éxerçait sur son époux et nombre de ses sujets, par sa beauté, son égocentrisme et sa neurasthénie.

Tout cela serait sans importance, et même "romantique", façon Gala, si Cecilia ne voulait aussi "jouer un rôle", et si son royal époux ne tenait à la confirmer dans ce rôle.

Un rôle politique s'entend. Car le rôle, pas méchant et même plutôt sympathique d' "épouse" charmante, elle s'y refuse. Déjeuner chez les Bush ! Quel ennui ! Pourtant, elle aurait pu y porter les robes Prada, qui ont valu à la famille "l'invitation" de la responsable de comm" de la maison Prada à Wolfeboro. Quant on connait le prix d'une page de pub dans un seul magazine, le prix n'est pas excessif.

Non, ce n'est pas cela dont il est question : Cecilia est désormais l'émissaire spécial du Président.

Et à ce propos (d'où ce billet), on apprend une chose extraordinaire : la constitutionnalité d'une mission est transmissible par mariage, et seulement par mariage !

Cecilia a emporté la décision de Kadhafi grâce à son sens exceptionnel de la psychologie du dictateur libyen ? (Nous savons qu'il n'en est rien, mais ce sont les mots mêmes de Sarkozy). Elle n'a pas pour autant à témoigner devant la commission d'enquête réunie à la demande de notre groupe au parlement. Ce serait "anti-constitutionnel" , puisque le Président lui-même ne doit pas se rendre au Parlement.

Le secrétaire de l'Elysée, lui, OK, il peut y aller, il n'a qu'une "fonction" à l'Elysée. Christine Lagarde, au troisième rang des ministres du gouvernement, elle, peut exprimer qu'elle a trouvé un moyen de contourner l'avis du Conseil Constitutionnel (voir le billet "Christine et les juges"), pas de problème, elle n'est que ministre.

Nous sommes dans l'Ancien régime, et mon évocation d'Eugénie de Montijo et de Sissi, n'était pas vaine. Les prérogatives républicaines du Président se transmettent désormais à son épouse (on pourrait parler, avec quelque licence j'en conviens, de PST, comme on parle de MST, comprenne qui veut).

En cent jours, Nicolas et Cecilia Sarkozy ont largement atteint et dépassé le principe de Peter. Cela pose une vraie question : comment restaurer la démocratie ?

jeudi 23 août 2007

Atmosphère de rentrée

Mer de bronze dense sur laquelle la pluie coule sans discontinuer. Après la tempête, l'automne s'installe, la plage redevient un lieu de solitude.

Je vais partir aussi. Le téléphone sent la rentrée et recommence à sonner comme une sorte de gendarme qui entend qu'on ne l'oublie pas. Notre année va être bien occupée. Toutes le sont, mais celle-ci nous avons un enjeu particulier. Je n'en ai pas parlé jusqu'alors car je pense que toute déclaration, d'oû qu'elle vienne, est hâtive et sans doute même fâcheuse, tant qu'elle n'est pas fermement appuyée sur une volonté et sur une possibilité réelle.

Dans cet enjeu municipal, nous ne devons avoir qu'un principe : nous pouvons gagner (le résultat des législatives a mis, si l'on peut dire, "le pied dans la porte") et nous devons gagner.

Exprimé autrement : nous ne devons pas nous rater. Liste large, crédible, union, véritable programme, mise en marche rapide.

Contrairement à beaucoup, j'ai toujours aimé la rentrée des classes. J'ai changé d'école cette année, mais cette rentrée ne va pas être la moins intéressante.

Le Président a promis

J'ai été très choquée (j'avais envie d'écrire : écoeurée) de la présentation faite hier au journal de 19 h sur France-inter de la prise en compte de l'avis du conseil constitutionnel.

A aucun moment, n'a été évoqué ce que représente cet avis : la constitutionnalité d'un texte, que tout Président devrait connaitre, même alors qu'il n'est que candidat. Le principe de non rétro-activité des lois est connu jusque dans le grand public, et il relève du bon sens.

Sarkozy aurait du, non seulement prendre acte, mais reconnaitre que sa promesse avait été faite légèrement. Tout au contraire "Si vous regrettez que je ne tienne pas mes promesses, adressez-vous au Conseil constitutionnel".

Sous-entendu : c'est lui le fautif. Et c'est cet aspect que France-Inter a mis en avant. Heureusement ce bon Président qui nous est échu a promis que ce qui serait "économisé" par cette non défiscalisation, serait mis tout entier à défiscaliser plus encore et plus longtemps ceux qui avaient acquis leur bien depuis le vote de la loi.

Cette loi, telle qu'elle est édictée, est foncièrement injuste. Le principe d'incitation à la propriété, bon en soi, était contredit par la rétroactivité, puisque elle encourageait ceux qui avaient déjà acheté, et donc qui en avaient les moyens.

Plus gravement, elle ne s'adresse pas qu'aux seuls primo-accédants à la propriété, comme ce devrait être le cas, et comme notre groupe l'a ardemment soutenu à l'assemblée. Ainsi, si vous êtes déjà propriétaire d'un petit chateau coquet dont vous avez fait votre résidence principale, et que vous ne le trouviez pas tout à fait assez grand, c'est le moment d'en acheter un second : la défiscalisation vous concernera au même titre que celui qui rame pour acquérir un trois pièces en banlieue...

C'est la justice selon Sarko. Et que dire des 70% de Bordelais qui sont locataires de leur résidence principale, et pour la plupart très loin de pouvoir l'acquérir ?

Je reviens un instant à France-Inter : à la fin de ce journal, accablant de non-objectivité, une publicité pour un livre, co-édité par France-Inter : "Le Président a promis...Une France qui change". J'ai cru avoir mal compris, mais c'est bien cela, le commentaire l'a précisé : un livre, coédité par un organisme public d'information, sur toutes les bonnes choses promises par le Président et l'avenir radieux qui va avec.

A saisir, absolument ! Cela risque d'être bientôt un document pour l'histoire.

mercredi 22 août 2007

Parole de JAP

Neuf lois contre la délinquance depuis 2002 à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Toutes inopérantes, pas encore appliquées que déjà remplacées ou plutôt superposées...

Cela a valu une très belle répartie du Président de l'Association nationale des juges de l'application des peines (JAP), Michael Janas, pointant la disproportion entre les effectifs de magistrats, de médecins et de travailleurs sociaux, et l'inflation des textes :

« On a l'impression d'être dans un immeuble qui s'effondre et qu'à chaque fait divers on ajoute un étage. Aujourd'hui, nous n'arrivons même pas à appliquer la loi sur le suivi socio-judiciaire qui date de 1998 ! »l

mardi 21 août 2007

François retoque Christine qui voulait retoquer les sages qui avaient retoqué le TEPA*

Dans une interview au "Monde", à paraître ce soir (je n'ai encore que le compte rendu radio), François Fillon annonce (j'allais dire : avoue) que le gouvernement ne contournera pas la décision du Conseil constitutionnel concernant la défiscalisation rétroactive des intérêts d'emprunt engagés pour la résidence principale. Le texte exact de sa déclaration sera très important à lire.

J'aimerais vous dire qu'il a ajouté que la lecture de mon blog l'avait grandement influencé. En réalité, c'est sans doute plutôt l'examen des comptes de la nation. La mesure coûtait à peu près autant que le budget du ministère de la justice.

Quoi qu'il en soit, je ne suis pas sûre que Christine Lagarde n'ait pas été un peu vite en besogne dans ses annonces...

  • voir billet du 19/08

Eclaircie

Il n'y a rien que j'aime autant que les rapides changements du temps. Devant ma table de travail, la mer blanche et écumante devient tout d'un coup éclatante grâce à une faille entre deux nuages. Son vacarme demeure le même, mais celui du vent faiblit d'un ton.

Les premières silhouettes apparaissent prudemment, emmitouflées malgré la vivacité de la lumière. Sur le mur, trois oiseaux tout petits picorent comme si de rien n'était ; plus bas, des mouettes en bataillon fouillent le sable humide de leur bec.

C'est comme un étau qui se désserre, la nature prend le temps de respirer. Cela s'appelle une éclaircie.

L'événement me parait de suffisante importance pour vous en informer sans délai.

A quoi sert la prison ?

"A rien", a malheureusement confirmé Nicolas Sarkozy par sa déclaration-rodomontade d'hier. Bien sûr, il ne s'est pas directement exprimé ainsi, mais c'est ce que signifie son bla-bla de conquistador de banlieue.

J'ai évoqué à plusieurs reprises le sujet dans le blog. La prison a trois missions : protéger la société, dissuader, préparer au retour dans la société.

Seul le premier de ces objectifs est assurément rempli : peu d'évasions, la prison est un coffre-fort solide.

Le deuxième est largement sujet à débat, le troisième est un échec absolu. Je rappelle au passage ce chiffre terrible : 8,4% du budget de la pénitentiaire est consacré à la réinsertion sous tous ses aspects.

Hier, nous avons entendu Nicolas Sarkozy, annoncer comme s'il venait de trouver l'oeuf de Colomb, qu'à l'issue de leur peine, les délinquants sexuels seraient "évalués" , puis soignés ; et que s'ils ne voulaient pas être soignés, on les maintiendrait dans des lieux d'enfermement. Au passage, remarquons que la sanction établie par les juges sera tenue pour du beurre.

Qu'est-ce que cela veut dire : que pendant la durée de leur incarcération, rien n'aura été fait. Ils arriveront à la date de sortie dans l'état où ils étaient à la date d'entrée, et en général dans un état pire.

D'une vision purement Sarkozienne, quand on connait le coût par journée d'un détenu, voilà qui n'est guère productif ! Mais que fait donc Mme Lagarde au lieu de ne s'occuper que des traders et des banquiers ?

La démonstration par l'exemple de cette "inutilité-inefficacité", vient d'être donnée par le cas de Francis Evrard : il venait de passer, en plusieurs séjours, 27 ans en prison.

Les cheveux se dressent sur la tête devant l'autisme de Sarkozy et de Rachida Dati : le simple bon sens amène à la conclusion qu'il faut que le temps de prison soit mis à profit pour un accompagnement social et psychologique, voire des traitements médicaux, et qu'il est indispensable par ailleurs d'accompagner la sortie d'un suivi étroit (Francis Evrard avait son premier rendez-vous avec le juge d'application des peines fin août..)

Je posais à l'occasion de la loi sur la récidive, votée en juillet, la question de la nature des traitements. Seuls ont été abordés les traitements psychiatriques dans le volet "injonction de soin" de cette loi. Le viol du petit Eunice repose la question des traitements anti-hormonaux (énanthone et androcure) ; bien sûr, administrés si le malade le veut. Les effets de ces traitements sont un amoindrissement des pulsions sexuelles pendant le temps du traitement, c'est à dire non définitif. En aucun cas, il ne s'agit de la castration chimique qui est, heureusement illégale, en dehors de la demande expresse d'un malade informé.

Tout cela demande une réflexion approfondie, et non pas comme cela vient d'être fait, le vote d'une loi hâtive et l'annonce, hier, de mesures à destination d' un public non informé dont on espère qu'il ne réfléchit pas. Ne nous lassons pas quant à nous d'expliquer et d'expliquer encore.

(Je conseille la lecture à ce sujet du commentaire de BB à la suite du billet précédent.)

lundi 20 août 2007

Hurlevent

Depuis deux jours, j'habite les hauts-de-hurlevent. La mer ne décolère pas, le vent mugit, vombrit, utilise toute la largeur de son registre pour être le plus bruyant des deux, comme les enfants qui s'entrainent l'un l'autre à hurler le plus fort.

Ce sont des circonstances très favorables à un travail paisible : essayer de reconstituer un peu mon fond d'ordinateur, toiletter le blog pour qu'il devienne un petit livre alerte dont on ait envie de tourner les pages comme celles d'un éphéméride.

Je m'émerveille au passage sur la trouvaille qu'a été la traduction de l'expression anglaise "wuthering heights" (littéralement : hauteurs hurlantes) : "les hauts de Hurlevent". Par ce temps qui isole complètement des maisons alentour et du village à un kilomètre de là, l'impression de sauvagerie et d'éloignement ramène presque de force vers le monde intérieur, la parole, l'écriture et la lecture. Le silence.

Un Islandais sur deux a publié un livre. En Islandais évidement, langue que seuls parlent sur terre les Islandais, ce qui suppose qu'ils en lisent aussi beaucoup. Les journées de hurlevent et de pénombre n'y sont certainement pas pour rien.

Help !

Je m'attelle la mort dans l'âme à la reconstitution de mon fichier et de mes groupes d'adresses. Mon ordinateur tout neuf est vide de toutes ces choses merveilleuses dont beaucoup d'heures passées devant l'écran peuvent remplir les ordis. Celui-ci est encore bien léger !

Pour mémoire : une main coupable a arraché mon bel ordi aux bras aimants de sa propriétaire, et ceci à l'Assemblée nationale. Mais que fait Sarko ?

Ceci pour vous appeler à l'aide : merci à tous ceux qui souhaitent retrouver leur place dans la vaste mémoire de mon ordi de m'adresser un message sur mon mail privé : [email protected] .

Ne vous étonnez pas de ne point recevoir de réponse, ou plutôt d'en recevoir une dans huit jours, à mon retour : mon "business everywhere", supposé me relier où que ce soit avec le monde entier refuse d'envoyer des messages à tout ce qui n'est pas "wanadoo". Même "orange" ne lui convient pas. Everywhere, peut-être, mais en tout cas pas "everybody" !

Merci à tous !

dimanche 19 août 2007

Christine et les sages

Je suis décidément bien acariâtre envers les ministres féminins du gouvernement sarkozy. Roselyne Bachelot dans le billet précédent, Christine Lagarde maintenant… Le temps sans doute, tempétueux et venteux, soulevant sur la mer de hauts murs désordonnés qui s'éboulent en grand fracas.

Le Conseil constitutionnel vient de retoquer une partie de la loi « TEPA » (Travail, Emploi, Pouvoir d’Achat) , celle qui établit la rétroactivité de la défiscalisation des intérêts d’emprunt. Inégalitaire, trop couteûse ont dit ceux qu’on appelle « les sages » que l’on ne peut guère soupçonner de partialité en faveur de la gauche, puisqu’il ne reste qu’un seul membre issu de ses rangs (l’ancien ministre Pierre Joxe).

Qu’à cela ne tienne, Christine Lagarde a déclaré sereinement aux journalistes qu’elle avait trouvé un moyen pour que cette mesure puisse s’appliquer quand même et qu’ainsi la promesse du candidat Sarkozy soit honorée.

Vous imagineriez qu'un(e) ministre soit soucieuse de constitutionnalité et qu'elle n'envisage en aucun cas d'en transgresser le principe qui prévaut sur toute autre règle et en particulier sur le vote des deux parlements ? Que nenni ! Christine Lagarde a trouvé semble-t-il la faille qui lui permet de s'exonérer du jugement du Conseil Constitutionnel.

Personne n’a semblé sourciller. Pas même les journalistes qui rapportent ses déclarations.

Reportons-nous quant à nous un peu en arrière et imaginons ce qu’aurait été le tollé si Ségolène Royal avait osé semblable déclaration…

La franchise n'est pas sincère

Dans une interview récente à notre quotidien Sud-Ouest, Roselyne Bachelot en a rajouté dans la malhonneté intellectuelle avec laquelle on essaye de faire passer la franchise médicale
- "Mais qui donc ne pourrait pas payer quatre euros par mois pour manifester sa solidarité avec les malades atteints d'Alzheimer ou de cancer, ou encore avec les malades en fin de vie ?"

Pourquoi ne pas avoir le minimum d'honneteté de dire tout simplement que cette taxe servira à renflouer -un peu- le déficit de 6,5 milliards d'euros de la sécurité sociale ? Utiliser ainsi les maladies ou les situations les plus douloureuses pour essayer d'obtenir l'adhésion est indécent, choquant. On se doute que l'argent de l'assurance sociale ne sert pas à financer les bien portants, et qu'en effet, les cancéreux, les déments, les agonisants mais aussi les dialysés, les paralytiques, les hémiplégiques, les diabétiques...en bénéficient. On pourrait faire une page entière des noms de maladies capables d'appeler la compassion et l'esprit de solidarité. C'est vrai, madame Bachelot, ce sont en priorité les malades qui ont besoin de soins, et bien souvent les malades graves coûtent plus cher que les autres. Notre ministre est formidable, elle n'est en charge de la santé que depuis quelques semaines et elle a déjà compris cela !

Oui, il faut prendre conscience du coût toujours croissant des traitements et des soins; oui, il faut que la solidarité nationale s'éxerce pleinement, d'abord dans les affections les plus graves. Oui aussi, cela ne se fera pas sans mesures difficiles, qu'il faudra faire comprendre et accepter.

Le problème de la franchise, c'est qu'elle ne pénalise que les plus modestes et risque de limiter leur accès aux soins alors qu'ils ce sont eux qui en ont le plus besoin au regard de la fracture sanitaire qui est entrain de s'installer. Le problème c'est que parallèlement on fait une remise impôt aux plus riches d'un montant égal ou supérieur à ce que pourra rapporter la franchise. Est-ce ainsi que l'on peut faire accepter une taxe ? Et c'est pour cela que l'on a recours à ces arguments émotionnels peu nets.

vendredi 17 août 2007

Quelques chiffres

Quelques chiffres, en vrac..

- La durée d'écoute moyenne par jour et par Français âgé de plus de 4 ans est de 3 heures 24 minutes. Bonne nouvelle, elle a évolué vers la baisse, en faveur de l'ordinateur : en 2005, elle était de 3 heures 26 minutes.
Par foyer, elle de 5 heures 39 minutes.

- Un grand patron français, gagne en moyenne 300 smics ; en moyenne, car aux extrèmes ou hors de France, cela peut aller à 500 ou 700 smics.

- en 1970, un patron américain gagnait 40 fois plus que le salaire moyen (salaire moyen, et non smic) de son entreprise ; c'est aujourd'hui 170 fois plus.

- 550 000 personnes en France fument du haschisch chaque jour, 1,2 millions en fument régulièrement ; 49,5% des jeunes de moins de 17 ans en ont déjà fumé.

- Le budget annuel de communication de Coca-Cola est supérieur au budget total de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Sans commentaires.

jeudi 16 août 2007

Gardienne intérimaire de phare

Temps et mer de tempête. Pluie presque continue tout au long de la journée. Par ce temps, j'habite une sorte de bocal, dont l'eau serait à l'extérieur. Entre la mer et moi, il n'y a que l'épaisseur de ma fenêtre et un invisible rideau de pluie.

Ces circonstances sont très favorables à une activité dont je suis très peu friande : la transcription des cassettes que j'enregistre en marchant. Beaucoup ont ainsi passé au travers et je les retrouve dans des tiroirs ou des fonds de sac, pour finir par les réunir dans un petit carton "cassettes d'époques diverses" qui me semble dévolu à l'oubli des générations futures.

Par moments, le ciel s'éclaircit un peu. Une barre de lumière tombe sur l'écume qu'elle rend d'une blancheur presque aveuglante. Tout autour de moi est spectacle. Cela ne pourrait sans doute durer très longtemps : l'habitude d'agir, de bouger, de m'agiter ferait de moi un piètre gardien de phare. Mais venir là comme pour des retrouvailles, y restaurer dans ce silence bruyant la force de travail (on remarquera au passage l'habile incidente marxiste !), me remplir d'air et de large, j'espère ne pas en être privée avant longtemps.

Multiple splendeur (suite)

Multiple et mobile splendeur, disais-je dans le blog* avant de partir et j’ai été aussitôt entendue. Le vent s’est levé en bourrasques, la mer s’est hérissée de crêtes blanches jusqu’à l’horizon et je marche maintenant contre vents et marées, dans le brisant tumultueux des vagues, protégeant le magnéto de mes deux mains pour tenter au retour de discerner ma voix au milieu des grondements du vent. La mer est bien belle quand elle est en colère. Un mari amoureux pourrait le dire d’une femme. Tous les amoureux sans doute et d’abord ceux qui le sont des horizons sauvages. (…)

Des roulements graves presque incessants disent mieux que tout autre signe la dangerosité de l’océan. Le mouvement régulier de la mer s’est mué en dieux wagnériens prêts à avaler promeneurs et baigneurs ne se tenant pas à respectueuse distance. Dans ce vent intense de pointe du raz, on ne peut guère se promener épaules découvertes sans être répidement glacé. Une poudre d’embruns couvre les reliefs de la plage et voilent l’horizon. Les lames montent haut et lissent le sable d’un coup, effaçant les pas qui m’ont précédée.

Des dizaines de pages de mes cahiers, des boites entières de cassettes portent ces notations. Leur date est sans importance, le temps est plus immobile ici que partout ailleurs. Il y trente cinquante ans, et même bien avant que je ne les ai perçus moi-même, la mer était toute aussi imprévisible, le vent fantasque, le soleil prompt à se cacher et à réapparaître. J’imagine souvent que Montaigne à cheval aurait pu descendre sur ces côtes et peut-être l’a-t-il fait même si les essais n’en disent rien. Montaigne n’était pas Chateaubriand, les espaces marins ne l’attiraient pas, sans doute le temps n’en était pas venu encore.

On s’inquiète beaucoup aujourd’hui que les côtes reculent, effet parmi tant d’autres du réchauffement climatique et de la fonte des glaciers ; deux cent metres en cinquante ans dans je ne sais quelle plage de la manche. Dans les mêmes cinquante ans ici, la dune a changé, elle s’est arrondie et éboulée, avalant tour à tour les trois blockhaus que les bétonneurs acharnés que nous a momentanément prêté l’armée allemande, avaient planté à sa crête de kilomètre en kilomètre. Toute enfant, mes promenades avaient pour but l’un ou l’autre de ces trois blockhaus. Le troisième, le plus lointain, n’était autorisé que sous surveillance et il représentait un peu la dernière redoute d’où les lieutenants du désert des tartares surveillaient l’horizon silencieux. C’est celui que le sable a avalé le plus tôt, donnant ainsi à mes longues marches l’absence de limites définissables qui leur convenait.

Le premier blockhaus, visible de la maison, s’est d’abord éboulé par gros pans jusqu’à mi-dune. L’un est ressorti un jour du sable, portant en Allemand l’inscription « Lebens gefahr » à laquelle sa position et son état donnaient un air de dérision. « Lebens gefahr » signifie danger de mort, mais la langue allemande utilise la formule à son contraire « danger de vie ». L’année suivante, le blockhaus a fini d’être enseveli. Le temps et l’Histoire avaient fait leur office.

  • enregistré le 15 aout sur la plage, transcrit le 16

mercredi 15 août 2007

Multiple splendeur

Journée de très grand bleu que je vais inaugurer, après un tour d'ordi et un peu de remise en état, par une longue marche en bord d'océan, magnéto en mains.

La plage est encore presque déserte, déroulée comme un tapis sans fin devant les pas des marcheurs. Ici, littéralement, la vie est belle. Il n'y a pas de jours, pas d'heure, sans un spectacle nouveau. Aujourd'hui, le contraste entre cette plage dorée et chaude et ces hautes vagues de marée bretonne, bruyantes, violentes, désordonnées.

Cela me fait souvenir d'un très beau titre d'Han Suyin "Multiple splendeur". Multiple et mobile splendeur, le spectacle de la mer, mélangeant les couleurs autant que les sentiments, la fraîcheur des vagues s'accomodant de leur force irrésistible, leurs dos arrondis et réguliers des courants souterrains et des lames profondes.

Je pars "faire le juif errant", comme on le disait quand j'étais petite. Si Dieu me prête voix, je vous raconterai.

lundi 13 août 2007

Rhinolophus hipposideros

Le livre de l'humour allemand est classé, d'après de très mauvais langues, parmi les livres les plus courts du monde, au même titre que le who's who norvégien, le Kama Sutra suisse (si du moins on peut appeler ainsi un précis d'érotisme destiné aux habitants du canton de Berne ou de Zürich)...

Quoi qu'il en soit, cette classification est certainement partiale ; les Allemands ont occasionnellement de l'humour, en règle quand ils ne le cherchent pas. A preuve cette histoire, fraichement tombée de l'édition du jour de la Suddeutsche Zeitung.

L'histoire en question mérite un détour. Dans la bataille "pour" et "contre" le pont Bacalan-Bastide, les militants de l'association Garonne-Avenir ont très justement fait valoir qu'un pont semblable avait été recalé par les experts de l'UNESCO dans la perspective du classement de la ville de Dresde au patrimoine mondial.

Jamais je n'ai pu avoir de réponse en Conseil Municipal sur l'avis qu'avaient pu exprimer les experts sur le projet bordelais. A Dresde, la politique est plus transparente, et l'on a appris que le classement risquait d'être révisé par l'UNESCO si les travaux du pont étaient entrepris. Ces travaux devaient commencer aujourd'hui même, la municipalité de Dresde ayant décidé de ne pas se laisser impressionner par quelques expertillons qui ne connaissaient rien de l'histoire allemande et n'avaient rien à faire de son avenir...

Plus fin larron a été le tribunal administratif de la dite ville. Rien de plus tatillon qu'un juriste allemand. Pas forcément rapide, mais plus malin qu'il n'y parait.

Les juristes du tribunal administratif ont ressorti d'un tiroir un arrété de la cour administrative fédérale exigeant que tout projet immobilier majeur prenne rigoureusement en considération tous les aspects écologiques pertinents.

Il n'en fallait pas tant aux juges... Et c'est là qu'intervient Rhinolophus hipposideros, dont le nom n'indiquait pas au premier regard qu'elle était citoyenne allemande. Pire encore, qu'elle risquait de ne pas le rester longtemps : Rhinolophus hipposideros est une espèce rare de petite chauve-souris. Il n'en resterait que 650 exemplaires en Allemagne, toute réunifiée qu'elle soit.

Pouvait-on commencer des travaux alors que rien n'était garanti de l'impact du pont sur la survie de Rhinolophus ? Etait-on en droit d'engager un projet sans tenir compte du principe de précaution qui veut que rien ne puisse être construit ni érigé sans que les 650 représentants connus de cette minorité de moins en moins visible soient protégés ?

Bien sûr que non. L'Allemand est prudent, surtout quand il est juriste. Le tribunal a statué pour que les travaux ne soient pas entrepris.

En codicile, les juges ont également indiqué qu'on n'avait aucune garantie sur l'impact des éclairages distribués par les lampadaires sur les insectes du lieu...

Quand je vous disais qu'il fallait au moins un chapitre au livre de l'humour allemand ?

Brève de villégiature

"Villégiature", bien de saison en ce mois d'août, compte parmi mes mots favoris. Il a un petit parfum désuet et assez chic qui me le rend, convenons-en, plus amical encore que le mot "vacances", que je préfère curieusement au singulier. La "vacance" de l'esprit qui rêve, qui fait la sourde oreille à toutes les choses vilaines et méchantes du monde, est un état très désirable, même s'il n'est pas durable. (Et, en ce moment, tout ce qui n'est pas "durable" a du soucis à se faire).

Villégiature, donc. Mot privilégié, qui désigne à la fois le lieu géographique où l'on se retire, l'habitation choisie pour cela, et la période où on a la chance de le faire. Je ne sais pourquoi, il évoque bien davantage pour moi Biarritz à l'époque où les hommes jouaient au tennis en pantalon de fine laine blanche et où les femmes se baignaient en Esther Williams, que Wolfeboro et qui vous savez.

Qu'est-ce qu'un Esther Williams ? Question importante, à laquelle il convient sans délai de trouver réponse dans le blog d'une députée socialiste. Beaucoup d'ailleurs le savent, ou s'en souviennent en revoyant l'actrice du même nom, ou encore Grace Kelly dans des films d'époque. Une ébauche de jupe couvrait le départ des cuisses, et les épaules étaient demi-cachées par de larges bretelles. Incroyablement BCBG (pour mémoire : Bon Chic, Bonne Gauche) et d'une élégance absolue.

Il y a des brèves de comptoir. Celle-ci en est une de villégiature, ma villégiature, à la fois très près et très loin.

Compil' et tubes de députés

Un livre des éditions Ramsay ("Parole de député") fait la compil' des plus savoureuses professions de foi de députés, au cours des 125 ans précédents.

Les grands noms ont la part belle : Mitterand, Bigeard, l'abbé Pierre. Le meilleure tube revient pourtant à un inconnu, Emmanuel Arène, qui se présenta en 1898 à Ajaccio avec un programme qui demeure de la plus haute actualité et pourrait reservir à beaucoup :

"Quant à toutes ces promesses dont on est si prodigue en période électorale, vous me permettrez de m'en dispenser. Mes concurrents vous les ont toutes faites. Mais c'est à moi que vous confierez le soin de les tenir."

Ce qui fut fait..

dimanche 12 août 2007

Une année de sable

Tranquillement, heureusement, dans la lumière voilée de ce dimanche d'août, je relis une année du blog (juillet 06 à juillet 07) qui va devenir, par la grâce des éditions du bord de l'eau (quel nom merveilleux !) un petit livre qui n'est pour l'instant entre mes mains qu'un "tapuscrit" assez touffu. Je cite souvent le proverbe chinois qui résume une vie réussie "planter un arbre, faire un enfant, écrire un livre". Il y a, à ces trois préceptes, bien des variantes. Du moins c'est ainsi que je me le raconte et pourqui j'adore ce proverbe.

Une année de blog, commencée et finie ici, devant cet horizon marin qui m'est si familier même si je ne le vois que quelques poignées de jours par an. J'allège, j'abrège, pour donner au texte la rapidité d'un éphéméride dont on effeuille les pages. Du moins j'essaye : l'ennui avec ce qu'on écrit, c'est qu'on s'y attache facilement, et que tout, pour moi au moins, a un sens, évoque (le plus souvent anonymement) l'un ou l'autre des amis et camarades qui ont accompagné cette année aux trois campagnes (municipale partielle de Bordeaux, présidentielle et législative). Un assez bon entrainement ma foi pour 2008.

Bien souvent, les dimanches, j'ai écrit comme aujourd'hui plusieurs mini-billets, pour partager la journée et essayer de lui donner une consistance. Le temps, c'est une poignée de sable dans la main. Plus on ferme, plus il s'écoule.

Hossegor

Hossegor, avec la ferme intention de remettre la machine en bon état de fonctionnement. Deux semaines avec un intense programme de thalassothérapie (les vagues), de massage gommant (le sable finement graveleux du bord de l'océan), d'héliothérapie (le soleil du matin et du soir, de loin le plus amical). J'écris présentement sous le regard lointain et hautain d'un rang de goélands, alignés au faîte du toit le plus haut des environs, comme les statues de notables au toit des maisons romaines.

Temps doux et mélangé ce matin, entre nuages diffus et éclaircies. Le village d'Hossegor doit être noir de monde, tout le monde se pressant aux mêmes endroits aux mêmes heures. Sur mon bord d'océan, je suis loin et proche de tout selon ma guise. L'infini est à portée de promenade sur la plage nord qui remonte d'un seul trait de sable vers la Gironde. Les Landes paisibles commencent derrière les dunes, sous un toit presque continu de pins. Autrefois, quand aucun immeuble n'avait été construit pour remplacer ceux que l'armée allemande avait fait sauter, on voyait de mes fenêtres ces deux océans, l'un à l'ouest, tout de gris, de verts et de violence, l'autre à l'est du vert sombre et uni des frondaisons des pins.

Les goélands ont trouvé bon usage des toits qui barrent l'océan des pins. En bien des années, c'est la première fois où je les vois installés ainsi, hautains, inquisiteurs, jusqu'à ce que l'un se décide à fondre en direction de l'océan, ailes grandes ouvertes, et bien souvent accompagnant son vol de ce rire vulgaire qu'ils partagent avec les mouettes.

Le blog et moi sommes en vacances, dans le lieu le plus dépaysant qui soit si on veut bien le regarder à bonnes heures, plus inquiet de la direction des vents, du changement permanent des couleurs, que de la petite agitation estivale qui est partout la même. Je voulais inscrire sur l'écran une première carte postale.

vendredi 10 août 2007

L'huitre et le port méthanier

Ce pourrait être un titre de La Fontaine, revisité par Shell ou par Total. C'est en réalité une devinette : quelle différence y a-t-il entre une port méthanier et une huitre ??

Réponse : aucune différence. L'un comme l'autre, le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, les préfère charentais plutôt que girondins.

On se souvient (en tout cas les ostréiculteurs du bassin s'en souviennent) de l'appelation donnée en priorité aux huitres Marennes-Oléron et du long feuilleton des souris qui étaient portées pâles parce qu'elles avaient suçotées une huitre du bassin. Le ministre d'alors était... . Le même est aujourd'hui aux transports : un mois avant l'ouverture du débat public sur l'implantation d'un port méthanier au Verdon, il a déclaré qu'il y était défavorable et qu'il donnait la préférence à La Rochelle plutôt qu'au port girondin.

Pourquoi ? Les responsables de "4gas" (prononcer Four Gas, il sont un peu américains sur les bords) n'ont jamais envisagé à ce jour d'aller planter leurs cuves à La Rochelle. Dominique Bussereau, si. On disait autrefois : "vérité au delà des pyrénées, mensonge en deça". Le dicton est devenu : "vérité au delà de la Gironde (l'estuaire), mensonge en deça". Le port méthanier sera donc bien mieux, écologiquement plus pur, paysagèrement plus fréquentable à La Rochelle qu'au Verdon. C'est ainsi. Cela fait partie des vérités écologiquement révélées dont les UMP' du Sud-Ouest sont coutumiers.

Je dis ça légèrement. Moins léger le fait qu'un ministre en exercice se prononce AVANT le débat public, destiné à entendre les positions de tous les partenaires et d'abord des responsables et des habitants du haut-Médoc , qui est supposé éclairer sa décision.

Moins léger le fait qu'il gomme d'un revers de sourcil (les sourcils n'ont pas de revers mais ça m'a amusé de l'écrire comme ça) la position du commissaire du gouvernement qui a donné son accord à l'avant-projet ; moins léger le fait qu'il ne connaisse pas le contrat de plan Etat-Région qui prévoit le financement de l'appontement du Verdon ; moins léger le fait que le soutien de l'activité portuaire et maritime de notre région (deuxième employeur de la-dite région) ne lui fasse pas le moindre soucis.

C'est dans ce sens que je me suis prononcée par le biais d'un communiqué à la presse, et j'ai demandé que Dominique Bussereau, élu de Saint Georges de Didonne, soit dessaisi d'un dossier où il est à la fois juge et partie ; ceci au profit de son ministre de Tutelle, M Borloo.

Je ne sais pas si le port méthanier est la solution qui puisse à la fois redonner force à notre port et satisfaire les médocains. Pour tout confesser, ma collègue et amie Pascale Got est réservée sur le dossier. Ce que j'ai voulu exprimer d'abord c'est
- que l'attitude du ministre contrevient à ses responsabilités
- que nous ne devons en aucun cas renoncer à ce projet sans un projet alternatif d'égale envergure

Ce matin dans Sud-Ouest, le ministre se plaint "qu'une fois de plus madame Delaunay a fait preuve d'un incommensurable sectarisme".

"Une fois de plus" ? Je n'ai jamais rencontré Dominique Bussereau, moins encore nous n'avons échangé une parole au sujet du port méthanier. Pas davantage, je ne le compte parmi les malades que j'ai soigné ...

Quant à "incommensurable sectarisme", pour tout dire, cela me rappelle quelqu'un qui appelle "aggressivité" tout ce qui n'est pas obédience à son égard.

En réalité c'est vrai, j'ai un très grand respect pour que ce que représente un ministre, pour ce que sa fonction suppose d'impartialité et de service du bien commun. D'où mon exigence. D'où son irritation.

mercredi 8 août 2007

L'ordinateur de Saint Expédit

J'ai reçu, depuis que mon ordinateur m'a été dérobé par un espion de l'UMP, de l'ex-KGB ou de la CIA (il faut toujours voir grand), beaucoup de témoignages de compréhension. Qui a vécu et travaillé de longs mois en bonne intelligence avec un ordi sait ce que signifie une rupture brutale qu'aucune brouille, aucune fâcherie ne rendaient prévisible.

Hier soir, un voisin m'aborde, levant les bras au ciel (on va voir que le ciel a beaucoup à faire dans cette histoire) :"Vous avez perdu votre ordinateur !".

Je confirme, le voisin compatit. Il faut dire que ce n'est pas un voisin ordinaire : très pieux, père de très nombreux enfants qui à eux seuls forment l'essentiel des convives du repas de quartier de la place Bardineau.

Désireux de m'aider, il a une brutale inspiration : - Avez vous prié Saint Expédit ?

Je reconnais que non, et je l'interroge sur ce saint, dont l'existence m'avait à vrai dire un peu échappé.

- C'est un saint très renommé (sans doute...), très efficace et surtout très rapidement efficace...

On devine qu'il y a un lien entre le nom d'Expédit et le qualificatif "expéditif". Je ne sais lequel est à l'origine de l'autre, ou plutôt, je ne savais, car c'est bien Expédit qui serait à l'origine d'expéditif. Le Saint homme était par ailleurs un légionnaire romain, prompt à pallier de manière miraculeuse aux divers aléas de la vie militaire.

Mon voisin continue : - Un de mes fils récemment, lors d'une ascencion de la dune du Pyla a perdu un chapelet auquel il tenait beaucoup. Nous avons évoqué et prié Saint Expédit, il est remonté et il l'a trouvé, dépassant à peine du sable..

J'admire tout à la fois que son fils ne grimpe pas la dune du Pyla sans son chapelet, et qu'ils aient eu tous les deux la présence d'esprit d'en appeler à Expédit. J'émets cependant des réserves sur l'engagement du Saint à trouver mon ordinateur. D'abord parce qu'il est probablement plus motivé pour un chapelet, ensuite parce qu'étant donné qu'il connaissait mieux les légions romaines que l'Assemblée nationale et la dépendance où nous sommes de notre ordi, il ne se sentira probablement pas engagé à me secourir.

Mon voisin n'a cure de mes réserves : - Mais qu'est-ce que vous pensez, ils sont plus malins que nous là-haut !

Cela, à vrai dire, je le crois. Il faut être bien avec le ciel pour maîtriser l'informatique qui est toute de magie et de maléfices. Quatre jours quasi-entiers à - trouver un ordinateur tout beau, tout semblable au précédent - convaincre le responsable, qui était seul au magasin, de le remplir de la sauvegarde que j'avais faite en octobre dernier - appeler au secours mes meilleurs copains pour qu'ils réinstallent wifi, wanadoo, flickr upload et tous ces trucs qui ont un nom charmant mais qui sont capables d'être diaboliques - échec côté copains. Robert Lamoureux aurait dit "trois jours après le canard était toujours vivant". - appel à un technicien, nouvelle demi-journée de souffrance...

.. Et voilà : j'écris ce billet aujourd'hui sur le nouvel ordi, qui semble branché à tout ce qu'il faut pour que le billet parte dans le vaste monde.

Si je pouvais faire une prière, c'est qu'en effet Saint Expédit s'occupe spécifiquement des ordinateurs et n'en démorde plus. Peut-être que, faute de les retrouver, on pourrait plus promptement les rendre opérationnels ...

dimanche 5 août 2007

Cinq août

Mon Papa est mort dans cette maison où je suis maintenant il y a neuf ans exactement. La chaleur, le vide, le silence étaient les mêmes, et c'est eux que j'écoute en ce moment, effrayée de la rapidité du temps.

C'est d'une banalité écrasante, mais ce n'est bien sûr pas le temps qui passe, mais la vie elle-même. Dans une émission de France-culture faite uniquement de témoignages de cubains, il y a quelques soirs de là, j'ai entendu revenir à plusieurs reprises ce que je dis et répète sans cesse : chacun n'a qu'une seule vie. Et c'était cela qu'exprimaient les Cubains : voir leur vie passer, avec d'un côté l'absence d'avenir, et de l'autre, s'ils s'exilent, l'impossibilité de revenir dans un endroit dont ils aiment eux-aussi chaque bruit et chaque couleur. Après onze mois d'absence, un Cubain est déclaré déserteur de son pays, perd ses biens et le droit d'y revenir.

Chacun qu'une seule vie, si vite gâchée, si vite passée.

samedi 4 août 2007

Cecilia, Saïf et les missiles

Eh bien, non, ce n'est pas un réacteur nucléaire destiné à déssaliniser l'eau pour irriguer le désert libyen (voir "la politique racontée aux enfants", en date du ). Pourtant c'est bien d'enfant qu'il s'agit puisque c'est le propre fils du numéro un libyen, Saïf Kadhafi, qui vient de dévoiler -en partie au moins- les coulisses de la libération des infirmières bulgares.

Le charme de Cecilia n'y est évidemment pour rien. Ce qui a su convaincre de chef d'état libyen, c'est un accord militaire sonnant et trébuchant comportant en particulier la livraison de quelques beaux jouets, dont des missiles antichar Milan et une manufacture d'armes clefs en mains. Au passage, on va aussi livrer un agent secret, emprisonné à vie au Royaume Uni pour son rôle dans l'attentat de Lockerbie en 88. Mais voilà qui est plus classiquement dans la tradition James bondienne.

Saïf peut se réjouir plaisamment dans "le Monde" qu'il s'agisse du "premier accord de fourniture d'armes consenti par un pays occidental. Quant à nous, on comprend que Cecilia à son retour se soit éclipsée sans répondre véritablement à aucune question : qu'aurait-elle pu ou su dire ?

Même chose pour Kouchner, resté très sur la défensive lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée. Lui aussi a été tenu en dehors des négociations et n'avait pas grand chose à dire.

Ces ratés accumulés, proches de la farce, finiront par faire leur chemin dans l'opinion publique et je suis pour ma part raisonnablement optimiste, que Nicolas et Cecilia contribueront positivement à notre campagne pour les élections municipales.

Rangs de salades et lampions de fête à neuneu

Dominique Santagne, président du port autonome, me faisait remarquer hier que ce n'est pas Bordeaux qui a été classé au patrimoine mondial mais "Bordeaux, port de la lune". Tout est dit, et en particulier notre obligation d'oeuvrer pour la conservation et pour l'avenir de ce site.

Modeste aspect de cet engagement : la décoration des quais. On ne aujourd'hui peut qu'être affligés par les dernières acquisitions des urbanistes, parisiens sans doute, qui font leurs armes sur nos quais. Les lampions de fête à neuneu qu'ils viennent d'y installer distillent à travers la passoire de grandes boites de conserves métalliques des lumières alternativement mauvasses et verdâtres, sans rime ni raison que de détruire la belle harmonie de l'illumination des façades. Abracadabrantesque, dirait Chirac si quelconque avait encore envie de demander son avis.

Ceci pour la nuit. Le jour n'est guère meilleur : les rangs de salade qui sont supposés verdir les quais sont parfaitement incongrus dans cet espace fait pour accueillir des bateaux, ou au moins parler d'eux même quand il n'y en a guère. Quel crâne d'oeuf a fait ce choix jardinier dans un site fait pour évoquer l'aventure et le grand large ?

Je fais au contraire amende honorable concernant le "miroir d'eau" qu'un de mes amis appelait avant sa réalisation "la flaque à moustiques" . Il ne sert en rien de miroir tant la foule s'y presse et en mouvemente la surface. Les enfants courrent, les chiens jouent et s'ébrouent, les bordelais s'étendent nonchalamment sur son pourtour. Tout cela n'est peut-être pas follement hygiénique, mais c'est un lieu de bonheur et de détente, détourné de son objet et finalement très réussi.

Pour les rangs de tomate et les lampions, j'aurai beaucoup plus de mal à me laisser convaincre.

vendredi 3 août 2007

Nuage

Il fait déjà nuit. Août commence à avaler par longues gorgées vespérales notre temps de lumière. J'écris ce billet d'un ordinateur ami, émerveillée malgré tout que le blog soit toujours là, comme un vaste écran blanc que personne ne pourrait effacer ni dérober. Pendant ce temps mon ordi à moi est dans une maison inconnue, pour un destin inconnu, et je me sens presque coupable de le savoir si loin et sans moi. C'est une de mes faiblesses de considérer quelques objets comme des aide-à-vivre et de leur prêter une âme, enfin quelque chose qui y ressemble de très loin.

Journée bordelaise partagée entre plusieurs rendez-vous, l'aménagement du camp de base de mes bureaux parlementaires (20 rue Saint-Laurent) et une longue visite au Grand Parc où un curieux incendie nocturne a endommagé quatre magasins du centre commercial déjà bien malmené par une réhabilitation hâtive, médiocre, ni faite ni à faire, qui n'est d'ailleurs peut-être pas totalement étrangère au court-circuit qui semble à l'origine des dommages. Résultat : quatre boutiques fermées pour un temps indéterminé alors qu'elles essayaient de maintenir vie sociale, activité et bien sûr, commerce de proximité au coeur du quartier.

Avouons-le, j'ai comme un léger nuage de cafard dont je n'arriverai pas à sauver la tonalité de ce billet. Je l'interrompt pour mon remède habituel : faire des choses nécessaires, pas grandioses, mais qui au moins seront faites. A tout de suite. Peut-être.

mercredi 1 août 2007

Avis de détresse

Coup dur pour moi : mon ordinateur portable vient de m'être volé dans mon bureau de l'Assemblée Nationale. Cette honorable instituion est en émoi : il y a peu de bâtiments aussi contrôlés, bouclés, verrouillés que celui-ci. Les limiers de la République sont sur l'affaire, mais les chances de retrouver mon ordi sont malgré tout minces.

Je suis très triste car cet ordi et moi (un Mac Book pro, beau comme une Ferrari) nous nous aimions d'amour véritable et nous vivions des jours heureux. Mais il contient aussi des heures et des heures de travail, plein de fichiers et de groupes d'adresses tellement utiles.. je suis comme qui dirait catastrophée.

Bien sûr je vais acheter immédiatement un remplaçant, mais il ne contiendra ni vos adresses, ni tant de bonnes choses.

Puis-je demander à tous les amis du blog de m'adresser leurs coordonnées pour que je puisse les réenregistrer, soit en m'adressant un mail sur mon mail privé s'ils en ont l'adresse sur leur propre fichier, soit en passant par la rubrique "contact" de ce blog ?

Merci de votre aide.

Le ciel est par dessus le toit

Le soleil est entrain d'apparaître au dessus du mur blanc auquel mon bureau fait face. C'est un événement suffisamment important pour que j'ai envie de le partager. Un grand à plat de lumière barre maintenant le mur, comme dans un tableau de Nicolas de Staël. Il ne manque que quelques mouettes dehors, une falaise, l'objectif d'une caméra pour qu'un film étrange puisse commencer.

Je viens d'entendre les chiffres du chômage à la radio. "Le chômage n'a jamais été aussi bas depuis 25 ans" titrait Le Monde hier soir. Oui mais, ces chiffres et les méthodes de calcul qui y ont amené sont hautement contestés par les organisations internationales chargées d'établir des comparatifs, en particulier Eurstat. Oui mais, l'INSEE elle-même tord le nez et le gouvernement ne reconnait pas ses propres calculs.

Et surtout, le nombre de radiations administratives a augmenté de 4,2% en un seul mois. Et surtout une nouvellle méthode de réduction se met en place, la dissuasion à s'inscrire. Plusieurs de nos collègues députés rapportent des faits concordants issus de leur région. "Vous avez cinquante ans, vous n'avez pas de permis de conduire, totalement inutile de vous inscrire. Voyez ailleurs." J'essairai d'interroger sur la situation bordelaise.

Pour une fois qu'il semblait y avoir une nouvelle favorable, elle est tout de suite contrecarrée. Le ciel pourtant est par dessus le toit, bien bleu comme un ciel grec.

31 juillet

Nicolas Sarkozy a si souvent célébré la mémoire de Jaurès pendant sa campagne (37 citations dans un seul discours..) que l'on aurait légitimement envisagé qu'en ce jour anniversaire de sa mort, il aurait demandé que l'on mît les drapeaux en berne au fronton des mairies. Que ne relit-il ce soir le volume des "Thibault" de Martin du Gard titré "juillet 14" et le récit de la trainée de poudre qui, au propre et au figuré, a suivi son assassinat ?

Au lieu de cela, nous célébrons cet anniversaire en discutant de pied ferme d'un texte qui ouvre un coin dans le droit du travail et qui, plus gravement, sera inopérant. Le projet de loi intitulé "Dialogue social et continuité du service public dans les transports terrestres publics réguliers de voyageurs" ne va nullement régler les perturbatiions des transports : 2% seulement d'entre elles sont dues à des faits de grèves ; l'immense majorité à des problèmes d'insuffisance ou de vétusté du matériel, de manque de personnel...

Il ne va pas davantage instaurer un "service minimum", comme l'avait promis le candidat Sarkozy : le texte se borne à fixer aux collectivités de fixer des objectifs sans garantie qu'ils soient tenus.

Il comporte enfin un certain nombre de dispositions, comme la déclaration personnelle de se déclarer gréviste à l'employeur 48 heures avant le début du conflit, qui enfreignent le droit de grève. D'autres dispositions, complexes à analyser dans un court billet ont mis aujourd'hui les syndicats unitairement dans la rue. Peut-être est-ce ce long défilé dans toutes les rues de nos villes qui fera finallement souvenir du peuple descendant dans la rue à l'annonce de l'assassinat de Jaurès "Ils ont tué Jaurès !"?

Aucune banderole pourtant, à ma connaissance, n'a porté trace de ce souvenir. La collusion des deux événements eût pourtant été signifiante.

Je m'aperçois en finissant d'écrire que nous sommes déjà le premier aout. La 29ème séance de cette XIIIème législature n'est pas encore achevée et va sans doute se prolonger encore tard dans la nuit. Le temps file si vite.