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Mais nous rendons-nous compte ?

Mais nous rendons-nous compte contre quoi nous nous battons ? La décadence de l’Europe, économique, industrielle, et bien au-delà. La décadence de l’Europe, c’est-à-dire la nôtre.

A l’extérieur, contre le terrorisme. Ce mot à plusieurs faces où se rejoignent toutes les formes d’intégrisme et de violence. Ce mot qui littéralement nous terrorise et qui, avec l’argent de la drogue, le fanatisme religieux et politique, brûle et détruit chaque parcelle de territoire où il s’implante.

Et j’entends parler ici d’élections, là de rancoeurs, ailleurs encore de petites manoeuvres pour de microscopiques pouvoirs. J’écoute les clameurs de petites haines de quartier, les déchaînements infimes de twitter, les pulsions vengeresses de tribuns de bars.

Il n’y a qu’un mot, qu’un objet : solidariser notre pays, donner envie de le porter, de faire effort, de dépasser le bout de son nez, toujours en avance je sais, mais justement, pourquoi pas ?

Je sais aussi : c’est ringard. Je sais aussi : ce sont peut-être les jeunes ringards, les nouveaux âgés de ma génération, qui vont trouver les mots, l’élan, le courage, pour dire.

 

 

 

On achève bien les chevaux

Trop cher à nourrir vivant, pas assez à vendre mort, le cheval finit sa course aujourd’hui dans nos assiettes. Assez piteusement, c’est à dire sous un faux nom.

La Fontaine lui-même n’aurait pas imaginé que pour être moins mal vendu, le cheval, animal élégant et aristocratique, aurait à se faire passer pour le boeuf. La grenouille, à la rigueur, mais le cheval !

Les aristos britanniques eux-mêmes, victimes de la crise, les dirigent en rangs serrés vers l’abattoir. En Irlande, pays du cheval noble et libre, ils étaient 2000 hier à faire chaque année le chemin qui mène des vertes prairies aux couloirs gris des abattoirs, ils ont été l’année passée 25000.

Plus dramatique encore, la destinée du cheval roumain. Combien d’images nous ont montré les charrettes trainées par ces nobles serviteurs sur les chemins précaires de ce pays malmené par l’histoire autant que par lui-même. Des paysannes en fichu suivaient l’attelage et l’on devinait que l’âge de l’animal était en proportion de celle de la charrette. Malgré tout, le tableau d’ensemble avait quelque chose de bucolique et d’intemporel.

La charrette devenue trop encombrante sur les routes et source d’accidents vient d’y être interdite. Les nobles animaux qui en assuraient le trait les ont empruntées une dernière fois, destination viande.

Et le cours de ladite viande, maigre et roborative, a chuté plus bas encore que son étiage ordinaire. Une aubaine pour les traders de viande dont l’existence ne nous était pas connue jusqu’alors. Mis en charpie, les muscles longs, élégants et forts, des chevaux ont farci lasagnes, raviolis et autres moussakas, arborant comme une grâce le nom de l’animal qui leur est le plus opposé. Pesant, peu rapide, fort certes mais n’invitant ni à monte, ni à courre : le boeuf.

Paul Valéry disait à sa fille qui avait utilisé à des fins ménagères les droits d’un de ses poèmes les plus faneux: « Vous avez transformé « La Jeune Parque »en foie de veau ». La cupidité des marchands a fait de Pégase une farce indigeste et honteuse.

 

 

 

 

Lancement du groupe de travail sur les personnes handicapées vieillissante

Ministère délégué chargé des Personnes âgées et de l’Autonomie

Ministère délégué chargé des Personnes handicapées et de la lutte contre l’Exclusion

 

 Communiqué de presse

 

Paris, le 06 février 2013

Marie-Arlette Carlotti et Michèle Delaunay annoncent le lancement d’un groupe de travail sur le vieillissement des personnes en situation de handicap

 

Lors de leur visite du foyer d’accueil médicalisé « Jean FAVERIS » de l’association « Les jours heureux » à Paris, Marie-Arlette CARLOTTI et Michèle DELAUNAY ont annoncé le lancement d’un groupe de travail sur les personnes handicapées vieillissantes, de plus en plus nombreuses quelque soit leur handicap.

Ce groupe de travail a pour vocation d’évaluer les besoins de ces personnes et les difficultés que cela pose pour leur accompagnement. Cette réflexion a également pour objet d’identifier les bonnes pratiques et de proposer les évolutions à mettre en œuvre.

Pour Michèle DELAUNAY, « le but premier de ce groupe de travail est de répondre aux besoins et aux attentes de la personne handicapée vieillissante, notamment le maintien dans son milieu de vie aussi longtemps qu’elle le peut et le veut. Il est aussi  d’anticiper et d’accompagner tout changement nécessaire en évitant qu’il ne se transforme en rupture pour elle et pour son environnement. ». De son côté, Marie-Arlette CARLOTTI a rappelé que « l’enjeu de ce groupe de travail est de fédérer les énergies, de rassembler les connaissances, et de diffuser les bonnes pratiques, dans le cadre d’un plan cohérent pour que ces personnes vivent leur vieillesse dans de bonnes conditions » tout en insistant sur « l’obligation morale que s’est fixé le Gouvernement : ne laisser personne sur le bord du chemin, réhabiliter la solidarité dans un souci de justice et de cohésion ».

Cela commence par mettre tous les acteurs compétents autour de la table.

Ce groupe de travail est animé par Patrick GOHET, inspecteur général des affaires sociales qui a présidé le Conseil national consultatif des personnes handicapées de 2009 à 2012.

Il sera composé de représentants des personnes handicapées, des instances consultatives concernées, des fédérations de gestionnaires, des administrations, des organismes financeurs, des collectivités territoriales et de personnalités qualifiées.

Le groupe de travail doit rendre ses conclusions en juin 2013, avec un point d’étape fin avril.

 

(C)/DICOM/SIPA

(C)/DICOM/SIPA

Les vieux doivent-ils se dépêcher de mourir ?

Un Ministre japonais, ancien Premier Ministre, a invité lors d’une intervention publique les « vieux » à se dépêcher de mourir, vu qu’ils n’étaient plus utiles et coûtaient cher. Âme compatissante, il a d’ailleurs ajouté qu’il avait pris des dispositions pour lui-même.

Au pays du seputu et du harakiri , l’invitation relayée par la presse, a malgré tout ému et le Ministre a dû s’excuser. Rappelons que le Japon est le pays où l’on devient le plus vieux, ce qui n’est apparemment pas un motif de réjouissance partagé par tous.

Sommes-nous si loin de cette interrogation ? Des propos récents de Jacques Attali vont dans le même sens. Une enquête vient d’être lancée sur twitter où l’on doit répondre « oui » ou « non » mais où l’on peut aussi s’exprimer sans voter. Lors de ma dernière visite au site, la réponse « oui » l’emportait. Précisons que la question ne précise pas si l’on donne cet avis pour les autres ou pour soi même, non plus que le délai d’exécution de la sentence.

Cette interrogation qui entre dans le champ de mon Ministère ne m’est pas indifférente. La perspective, l’approche et l’inquiétude de la mort constituent même le fil rouge de cette période de plus en plus longue de l’avancée en âge. Ce n’est pas un scoop, la conscience de sa finitude étant « le propre de l’homme », comme  le rire ou le langage.

Pour autant, je crois qu’il faut l’examiner tout au contraire et pour ma part je pense que la bonne question est: « Qu’y pouvons-nous ? ». C’est aussi le propre de l’homme de combattre la loi de la nature qui fait que l’on vit et que l’on meurt, que l’on souffre en accouchant… Juste en passant, le fait que l’on se marie ou non, non plus qu’avec qui, n’entre nullement dans cette loi de la nature, évoquée en ce moment en boucle à l’Assemblée.

Pour ce qui est de la mort elle-même, nous n’avons d’autre pouvoir que de l’anticiper ou de la combattre. Pour ma part et pour les »vieux », présents et futurs, qui émargent à mon Ministère, je choisis la seconde option et je propose de remplacer la question par: « Que faire pour vivre jusqu’au bout en demeurant présent au monde, utiles fût-ce par cette seule présence à mes proches et en coûtant le moins possible à la société ? »

C’est tout l’objet de ma mission de démontrer que cette question n’est pas sans objet, que nous pouvons quelque chose nous-mêmes à notre vieillissement jusqu’au moment ultime, que la dépendance n’est pas dans l’immense majorité des cas inéluctable, que nous pouvons anticiper, adapter, aménager, faire évoluer nos conditions de vie pour en améliorer à la fois le confort et en diminuer le coût social.  En un mot et une formule, le Général de Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage : à notre Ministère de fournir les rames et le canot.

Car enfin ceux qui entrent dans le champ de l’âge, sont ces baby-boomers qui ont fait la révolution de 68 et ont pris le monde à pleins bras. La révolution de l’âge est d’un autre ordre, mais ils ne sont pas sans moyens pour la saisir de même façon. Les âgés de demain ne doivent pas se dépêcher à mourir mais à tout faire pour vivre en dignité et en liberté.

 

 

 

En ce moment précis

Nous sommes déjà le 28 et je n’ai encore rien fait. En outre cette espèce de poème qui me lancinait l’esprit maintenant s’éparpille et m’échappe. Je me réveille le matin, j’y pense et puis tout se dilue dans la pâleur blafarde de ces jours de pluie. Je peine, je peine pour regagner le chemin perdu, je crie au pied de la montée « Attendez ! Arrêtez ! Attendez! », mais les pages lentement s’effeuillent, très lentement il faut bien le reconnaître, mais elles ne se posent jamais. Jamais comme nous autres hommes. On s’arrête pour regarder autour de soi, pour allumer une cigarette, pour bavarder un peu. (..) Mais alors que nous sommes arrêtés sur le bord du chemin, rêvant à des choses étranges, les heures, les jours, les mois et les années nous rejoignent un à un et avec leur abominable lenteur, ils nous dépassent, disparaissent au coin de la rue, Et puis le matin, nous nous apercevons que nous sommes restés en arrière et nous nous lançons à leur poursuite.

A ce moment précis, pour parler simplement, finit la jeunesse.

Oui, je sais, nous ne sommes pas le 28 ou du moins je ne crois pas. Et pourtant il pleut, et surtout, c’est de peu d’importance. Les jours passent et depuis ce moment précis me saisissent de la même manière inquiète. Ces lignes que je sais à peu près par coeur, leur accélération finale, vertigineuse et leur conclusion, simple, linéaire comme un couperet, ont marqué ma vie depuis un âge que l’on pouvait considérer comme « jeune ».

Beaucoup les auront reconnues : Buzzati, 1950.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel