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Déplacement à Wattrelos (59) le vendredi 08 février 2013


Michèle Delaunay s’est rendue à Wattrelos le vendredi 08 février 2013 pour visiter deux pavillons de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

Elle a annoncé à cette occasion le déblocage exceptionnel de crédits qui permettront le lancement des travaux de rénovation du pavillon Saphir.


Elle a échangé par la suite avec les professionnels de Domasanté qui offre un service polyvalent d’aide à domicile et de soin infirmier à domicile.

Les EHPAD sont-ils des lieux restrictifs de liberté ?

J’ai eu le privilège au cours de ces dernières semaines d’un long entretien avec Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, qui rend public aujourd’hui son rapport d’activité 2013.

Lors de cet entretien comme à l’occasion de la remise de son rapport, cette personnalité éminente et unanimement respectée pour la pertinence de ses recommandations (la dernière à propos de l’état des Baumettes à Marseille) a évoqué avec moi la possibilité d’intervenir dans les EHPAD (Etablissements d’Hébergement des Personnes âgées Dépendantes) dont on sait que certaines, nombreuses, comportent des unités fermées pour les malades d’Alzheimer.

Il conçoit cet éventuel élargissement de son champ d’action dans une perspective de prévention. Des inspections administratives sont possibles en EHPAD (diligentées par les Agences Régionales de Santé (ARS) et/ou les Conseils généraux) mais reconnaissons qu’elles surviennent souvent à la suite d’incidents ou d’accidents et d’événements considérés comme relevant de la maltraitance. La possibilité d’une visite inopinée du contrôleur général constituerait en effet un message de vigilance susceptible de prévenir et d’éviter des comportements non adaptés ou de voir perdurer des locaux inadéquats.

Pourtant, cette proposition qui a d’ores et déjà le mérite de poser des questions essentielles sur la liberté et les droits des résidents, se heurte à la fois à des difficultés concrètes et à des questions que je qualifierais de déontologiques.

Tout d’abord les lieux « privatifs » de liberté constituent par définition des lieux où l’on entre contre sa volonté. Une révision de cette définition imposerait un recours à la loi et il faudrait sans doute compléter par « lieux privatifs » par « lieux privatifs ou limitatifs de liberté ».

Mais une première question est tout de suite posée : le consentement d’entrer des âgés est-il toujours plein et entier ? Les conditions du recueil de ce consentement sont-elles bien celles dans lesquelles on reçoit le « consentement éclairé » des personnes entrant dans des essais de recherche clinique et ce consentement répond-il à sa pleine définition? Ma réponse est : nous pouvons et nous devons améliorer les unes et l’autre. Je compte beaucoup sur notre loi d’adaptation de la société au vieillissement pour avancer dans ce domaine. Les droits des âgés sont les droits de toute personne humaine mais ils doivent être explicités pour toutes les circonstances spécifiques qu’elles sont amenées à connaître. Celle-ci en est une et pas la moindre.

Par ailleurs, et c’est un point majeur au regard de la diversité des EHPAD mais plus encore de la diversité des résidents et de leur état cognitif, est-il plus adéquat d’assimiler ces établissements à des lieux limitatifs de liberté ou seulement considérer  individuellement les droits des personnes, sans considération du lieu ?

Dans l’état de nos règlements et de notre perception du grand âge, ma faveur va à la deuxième proposition. Considérer le lieu en soi comme limitatif de liberté aurait deux conséquences fâcheuses.

Il s’agirait d’un signe peu encourageant pour les âgés eux-mêmes de penser qu’ils sont susceptibles d’entrer dans un tel lieu ainsi défini, eux qui ont vécu jusqu’à un âge avancé avec leur pleine autonomie, dans un domicile qui leur était propre et qui, bien souvent, ont eu à traverser des moments (je pense en particulier aux guerres) où ils ont été amenés à défendre leur liberté.

De plus, comment le vivraient les personnels de ces EHPAD ? Ils ont, à tous les niveaux, un métier difficile, exigeant où le dénominateur commun de leur engagement est de conserver aussi longtemps que possible, voire d’améliorer l’autonomie des résidents ? Ne serait-ce pas là aussi un mauvais signe que d’assimiler le lieu de leur exercice comme un lieu limitatif de liberté et non comme un lieu où tout est tenté pour la préserver ?

Mon échange avec M. Delarue a été parfaitement positif. Il n’a méconnu aucune de ces réserves et n’en a écarté aucune. Nous avons parlé des portes fermées, des unités fermées, des digicodes, de la possibilité de dispositifs de géolocalisation pour retrouver des résidents égarés. Sans tabou. Pour ma part la liberté de chaque résident, à tout instant et quel que soit son degré de perte d’autonomie, doit être l’astre supérieur qui commande chacune des décisions et des pratiques (portes fermées, dispositifs de géolocalisation…) en EHPAD. Comme partout.

 

 

 

 

 

 

 

Scène de la vie ordinaire à Bordeaux

Moment joyeux hier au Parc Rivière de Bordeaux. Le Maire avait invité par voie de presse les seniors à partager avec lui une « marche active » et rendez-vous avait été donné à 10 heures dans ce bel endroit.

Pour une fois dès le samedi matin dans ma ville,  je rejoins le jardin à 10 heures pile. Marche et éxercice physique sont la clef de la prévention non seulement de la fonte musculaire mais du maintien du capital cognitif. Oui, et c’est une des découvertes essentielles des recherches sur le vieillissement, les informations montant des muscles et de l’intention même du mouvement sont capables de reconnecter des neurones qui se laissaient un peu aller… Je ne manque donc aucune occasion d’en parler et d’illustrer cette thérapeutique somme toute assez simple et sympathique.

A la porte, je croise mon Maire qui repartait déjà, les journalistes sur ses talons. Cet excellent homme (je parle du Maire) avait devancé l’horaire pour être bien sûr qu’aucun dangereux gauchiste ne serait sur la photo du top départ. Vieille habituée de ces pratiques, j’en avais fait le pari : je l’ai une fois de plus gagné !

Il n’empêche, je salue ce sportif de petit fond  et l’invite à poursuivre la marche avec moi. Sans autre explication car les bienfaits en sont précieux dès son âge et le mien.

Je rejoins donc le groupe. Très réduit et à forte dominante des militants ump over-sexagénaires du canton dont j’ai été pendant 8 années l’élue. Les commentaires ne tardent pas :

– « Mais qu’est-ce qu’elle fait ici, celle-là ? A-t-elle même reçu l’invitation de not’ Maire ? »

Je me retourne et ferme le caquet de la dame, réputée pour son tempérament particulièrement acariâtre mais faisant toujours bon office au premier rang des conseils de quartier.

– Vous pensez bien, Madame, que le Maire de Bordeaux qui est un homme d’Etat ne ferait pas une telle faute de méconnaitre les usages républicains et d’omettre de m’inviter à toutes occasions !

La voilà dans la difficulté de douter de la qualité d’homme d’Etat de son hérault. Elle continue pour autant de grogner et d’invectiver ces socialos de grand chemin qui tels de vulgaires torchons se mêlaient aux nobles serviettes du quartier Tivoli.

Lasse de ses grognements, je me retourne avec un avis médical, tout aussi exact et approprié que les bénéfices de la marche nordique:

– Savez-vous bien, Madame, que tous les travaux actuels démontrent que l’irascibilité, la médisance, la rancoeur abrègent de dix années l’espérance de vie ?

Le ton était docte et sérieux. Pas assez sans doute pour convaincre ma mégère. Je décidai de mettre aussitôt une dernière couche :

– D’ailleurs, avez-vous fait depuis longtemps un scanner ?

Le petit groupe, qui n’était guère que d’une douzaine, finit de passer de la marche active à la marche trainante puis à la dispersion pure et simple.

 

 

La couleur de l’âge

La couleur de l’âge n’est pas le noir, tout au contraire. Le noir, c’est le deuil, le soir ou la nuit. L’âge et surtout le grand âge, c’est la vie, la vie qu’on a défendue, pour laquelle on se bat, qu’on met au-dessus de toutes les contingences.

La couleur de l’âge et même du grand âge, c’est le rouge. Et Emmanuelle Riva  ne l’a pas choisie par hasard, même si ce n’est pas obligatoirement dans cette intention. Hier, pour recevoir son « César », elle portait le rouge comme une toge.

Couleur de victoire jamais aussi méritée. Couleur d’éclat et de volonté. Quelque part dans « Out of Africa », Karen Blixen fait porter un toast à son héroïne accueillie pour la première dans un club sélect réservé aux hommes au moment même où elle doit quitter l’Afrique. Elle lève son verre et lance ces mots :

– A la robe de pourpre !

Pour mes « Elders », ces grands âgés qui ont fait le XXe siècle et ne baissent  aucunement la rame pour le XXIe, c’est cette couleur, ce toast-là que j’ai toujours envie de porter.

 

Back to the black

Back to the black of the night and the privacy of my flat.. Trois mots en anglais par contagion avec un chanteur country sur France inter qui m’accompagne dans ce moment de transition entre le rôle joué le jour et la solitude de la nuit.

Dans mon appartement d’étudiante (très) améliorée, une grande table toute blanche, dessus une radio, des pots à crayons, des sacs prêts à repartir, mes deux ordis, un set de table pour le petit déjeuner demain. Pas loin, des vestes sur le dossier des chaises, prêtes elles aussi pour le lendemain, un tas de courriers et de cartes de voeux pas encore traités. A côté, un meuble, blanc aussi, tout lisse, tout brillant et surtout toujours vide depuis huit jours qu’il est arrivé. Une atmosphère de passage, une odeur d’éphémère, pas totalement désagréable mais un peu étrange au regard de « la vie des autres ».

L’écriture est le fil rouge de ma vie. Très ténu, souvent, trop souvent absent, mais dont je retrouve toujours quelque trace dans les interstices de l’agitation des jours. L’écriture qui donne le sens, qui trouve la solution parce que, sans crier gare, elle pose les problèmes qu’on avait recalés dans un coin et qui s’invitent sur la table, blanche ou pas blanche, à n’importe quelle heure et de préférence la nuit. L’écriture en miettes  quand, du fond de la voiture, ou entre deux rendez-vous, je risque un tweet qui ramasse dans une forme littéraire nouvelle, ramassée comme un précepte latin, un instant, une question, une bribe de conversation ou une image.

Nougaro chantait (je crois) « sur l’écran noir de mes nuits blanches ». J’écris, un mot, dix ou cent, sur l’écran blanc de mes nuits noires. Quelle qu’en soit la couleur, l’important c’est ce petit morceau d’espace qui a la forme de l’écran, de la page ou de la pause qui, comme en musique, donne le sens de toute la partition.

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel