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Jubilé royal

Ce matin diffusion télévisé du jubilé de la reine d’Angleterre. L’expression d’un peuple uni autour d’un pouvoir séculaire qui n’est qu’apparat et images.

capo d’anno

Début d’année, vide absolu, silence partout, gris d’hiver, inexistence.

Le covid s’est étendu sur la suite des journées sans permettre d’échappée extérieures. A l’intérieur, rien d’autres que de petits rangements, des boules d’angoisse, le réconfort du chien sous mon coude.

En cause aussi, peut être surtout l’éviction du gérontopole, me laissant sans rien à faire, sans rien à mettre sur la carte de visite virtuelle de mes comptes numériques. Il faudrait à ce nouvel ordinateur, une vertu. magique comme certains l’ont eu, celle de la page blanche qui appelle les mots ou même seulement l’écriture; laisser la trace des instants, remplir le silence de mots, de lettres, de dates, d’impressions, de sensations.

Mais rien. La chaleur du pelage du chien qui acquiesce à chaque geste, immobile et lui aussi silencieux.

La maison dans un vague désordre. L’absence de tout bruit extérieur marquant l’atonie générale. Les deux rues qui se croisent devant le portail d’entrée, elles aussi abandonnées, désertées, inutiles.

Le chien IKA, la tête sur l’oreiller, le corps adossé au traversin, totalement immobile, éveillé pourtant mais gagné par la langueur générale. Y en a t il quelque part qui fêtent, qui disputent sur la gestion de la pandémie ou l’élection prochaine. Pas une lumière, pas un bruit qui puisse en témoigner. Cette langueur mortelle, partout, comme si un gaz étrange avait éteint la journée, celle ci comme celles d’hier, et sans doute de demain.

Tu n’as rien à poursuivre parce que tu n’as rien commencé. Nul soupçon de révolte, de réaction, un acquiescement silencieux au néant.


Caryl Chessman

Il y a 40 ans, Robert Badinter obtenait l’abolition de la peine de mort en France. En Il y a 60 ans, aux Etats Unis, Caryl Chessman, était exécuté.

Je m’en souviens avec précision. Dans mon lycée, j’avais soulevé les élèves de ma classe, peut-être un peu au delà, en faveur de Caryl Chessman qui se battait pour que sa peine ne soit pas exécutée. L’affaire, qui se discutait essentiellement dans les couloirs et les escaliers du lycée, parvint aux oreilles de la proviseure, honorable personne qui me paraissait très âgée et très revèche…

Convocation dans son bureau, semonce, menace de renvoi… Je pense d’ailleurs qui si mon père n’avais pas été préfet, le renvoi eût-il été rapidement exécutoire. Coup de téléphone sans doute de la directrice ou de la proviseure à ma famille pour l’informer de l’activisme politique de son rejeton. La réponse fût sans doute de l’ordre de « elle a raison » ou « c’est une juste cause ». Je suis en tout cas restée dans la place qui était le lycée Camille Jullian, qui poursuit aujourd’hui encore sous ce nom sa mission éducatrice.

L’attitude des autorités enseignantes serait-elle la même aujourd’hui si l’abolition n’avait pas eu lieu ? Le sujet préoccupe-t-il toujours les lycéen ?…  De tout cela, je ne sais rien…

Caryl Chessman fut exécuté, par chaise électrique, après plusieurs années de combat. La certitude de sa culpabilité n’est toujours pas établie. Et écrire son nom, m’émeut toujours. C’est aujourd’hui, l’abolition universelle de la peine de mort qu’il faut soutenir. De nombreux pays ont aboli, en particulier en Europe. Mais, en plus du Texas, une série de dictatures continuent de pratiquer ce « meurtre d’Etat ».

Fierté enfantine

Les médias s’émeuvent avec raison du malaise et de la honte d’un enfant dont la mère ne payait pas la cantine et qui en fut extrait et ramené à son domicile. Rien que de l’écrire j’en suis aussi émue.

Émue aussi de voir rappelé à mon souvenir, un sentiment semblable de ma mère enfant, dont je ne l’ai entendu parler qu’une seule fois.

Ma mère était pupille de la nation**. Son père avait été tué pendant la guerre de 14, alors qu’il était à la tête d’un régiment d’Annamites qui lui avait été confié parce qu’ayant fait en Annam 4 ans de service militaire, il parlait leur langue.

Elle avait 7 ans et connu assez peu son père pour les raisons précédemment évoquées. A ce titre de « pupille de la Nation », sa mère recevait des paquets de vêtements d’enfant déjà portés. Ma mère en conçut un sentiment de honte, d’être ainsi classée parmi les pauvres, ce qu’elle était. Je ne le sais pas assurément, mais je crois qu’elle n’a jamais voulu porter ces vêtements et sa maman, habile brodeuse et couturière s’arrangea en tout cas pour qu’ils paraissent des vêtements faits pour elle à la maison, comme c’était le cas pour tous les autres enfants.

Je suis sûre en tout cas que ce sentiment douloureux a beaucoup joué dans sa volonté de « s’en sortir ». Première à l’école, puis première à l’école normale d’instituteurs qui était la seule issue des bons élèves sans moyens financiers, elle y parvint tout au long de son chemin.

Je souhaite à cet enfant d’avoir au même point ce qu’on l’on appelle maintenant la « résilience ». Je préfère pourtant et de beaucoup, la simple expression de force de caractère.

·  Hugo : « la détresse est nourrice de fierté »

**à cause de ce souvenir, j’ai réagi négativement à la proposition du Président de la République de faire « pupilles de la nation » les enfants de victimes du terrorisme. c’est une aide significative mais ceci peut être le cas sans cette connotation qui marqua si fort ma maman. A l’époque que j’ai évoquée, tous les enfants des veuves de guerre devenaient « pupilles de la nation ».

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel