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En ce moment précis

Nous sommes déjà le 28 et je n’ai encore rien fait. En outre cette espèce de poème qui me lancinait l’esprit maintenant s’éparpille et m’échappe. Je me réveille le matin, j’y pense et puis tout se dilue dans la pâleur blafarde de ces jours de pluie. Je peine, je peine pour regagner le chemin perdu, je crie au pied de la montée « Attendez ! Arrêtez ! Attendez! », mais les pages lentement s’effeuillent, très lentement il faut bien le reconnaître, mais elles ne se posent jamais. Jamais comme nous autres hommes. On s’arrête pour regarder autour de soi, pour allumer une cigarette, pour bavarder un peu. (..) Mais alors que nous sommes arrêtés sur le bord du chemin, rêvant à des choses étranges, les heures, les jours, les mois et les années nous rejoignent un à un et avec leur abominable lenteur, ils nous dépassent, disparaissent au coin de la rue, Et puis le matin, nous nous apercevons que nous sommes restés en arrière et nous nous lançons à leur poursuite.

A ce moment précis, pour parler simplement, finit la jeunesse.

Oui, je sais, nous ne sommes pas le 28 ou du moins je ne crois pas. Et pourtant il pleut, et surtout, c’est de peu d’importance. Les jours passent et depuis ce moment précis me saisissent de la même manière inquiète. Ces lignes que je sais à peu près par coeur, leur accélération finale, vertigineuse et leur conclusion, simple, linéaire comme un couperet, ont marqué ma vie depuis un âge que l’on pouvait considérer comme « jeune ».

Beaucoup les auront reconnues : Buzzati, 1950.

Merle teigneux

Je viens de m’abonner à un « twitto » pour le plaisir de son pseudo : « merle teigneux » . Voilà qui fleure bon le scoutisme d’antan. Plus encore qui me rapproche de tous ses congénères dans mon jardin, trouant de leur bec jaune les colonnes de graines mises obligeamment à la disposition de toute la gente volante, piquant le sol, dialoguant et disputant comme débatteurs politique à la télé.

Mon jardin, lui encore, dont paradoxalement la « campagne » me tient presque constamment éloignée alors qu’il était un invité régulier du blog et moi une invitée permanente de ses multiples tâches, dont on sait qu’entre autres bienfaits elles retardent la maladie qui s’appelle du nom de ce médecin prénommé Aloïs. Le jardin est en mauvais état, moi de mauvaise humeur, Hollande a raison  : le changement est urgent.

J’ai à vrai dire un autre grief à moi même : ce new blog, relooké campagne, ne fonctionne pas comme son grand frère et chacun sait que l’écriture ne coule de source que si elle coule avec plaisir. C’est pour cela que la plume gratte délicieusement sur le papier, que les ordinateurs doivent être beaux et leur clavier faire un petit bruit agréable sous les doigts. Pour cela aussi que quand une phrase vient, elle doit s’inscrire sur l’écran sans intermédiaires désobligeants qui en font perdre ces bribes qui faisaient d’elle une phrase dont on ne pouvait rien changer sans l’abîmer. Un de mes commentateurs/contempteurs a saisi ce désagrément dans le billet précédent. Au moins comprendra-t-il j’espère que je fais effort pour m’accoutumer à mon nouveau cahier. La merlesse est teigneuse plus encore que le merle.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel