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C’est le troisième le meilleur..

32 ème anniversaire de mariage aujourd’hui. Klaus le mentionne dans la voiture au retour du marché plus ou moins hebdomadaire que nous faisons au super marché Leclerc. C’est dire le romantisme du moment…

Je n’y avais pas pensé, ni plus ni moins que lors de tous les anniversaires précédents. Je ne raconte guère, sinon pas du tout, le fil de mon privé, simple, banal et sans intérêt véritable. Je fais exception cependant car ce mariage eût son petit événement.

C’est Jacques Chaban Delmas qui officialisa le mariage, dans la grand salle de la mairie de Bordeaux consacrée à cet usage . Selon la coutume, il se lance dans un petit discours, ici principalement consacré à son amitié pour mes parents mais, se remémorant la nationalité allemande de Klaus, ne manquant pas d’ajouter un bref couplet sur l’amitié franco-allemande et le jumelage de la ville avec Münich.

Il peinait à ajouter une touche personnelle à propos des deux tourtereaux… l’inspiration lui vient tout à coup et il conclut son propos d’un émouvant : « Michèle et Klaus, je vous le dis : le meilleur mariage, c’est le troisième… »

Légère surprise dans l’auditoire, sourire général mais très retenu. Chaban parlait avec son coeur et sa troisième épouse*, présente, en a certainement été touchée…

A nous, il reste peu de temps pour vérifier son propos.

* Micheline Chaban-Delmas

Départ (1972)

Un départ, sans doute le plus marquant du cours de ma vie. J’avais 25 ans, ce qui n’est pas tout à fait jeune, mais qui allait devenir tout à fait nouveau. Une autre vie.

Mon père, préfet de région, avait atteint l’âge limite d’éxercice. Nous habitions jusque-là (et depuis 1958)* l’hôtel préfectoral de Bordeaux. Admirable maison qui avait traversé des épreuves et des gloires dont je ferai un jour le récit.

Le jour dit, je pris le volant de ma 2CV, déjà un peu âgée et, pour la dernière fois la lourde porte s’ouvrit sur la commande d’un officier de police qui saluait chaque entrée et chaque départ, et après ce salut, se referma derrière moi. Je garde très précisément en mémoire le lourd clic qui marquait le moment où le portail rentrait dans ses ferrures..

Seule toujours, je traversai Bordeaux pour atteindre une grande maison, presque vide, en état médiocre, que mes parents avaient acheté à mon intention. Le chauffage ne fonctionnait pas, les meubles étaient rares, l’atmosphère était celle d’un immense vide, silencieux et glacé.

J’avais bien sûr la chance d’avoir un domicile à moi, mais qui était à tout l’opposé d’un domicile accueillant et protecteur. J’ai mis plus de 20 ans à le rendre un peu moins rigoureux et je ne l’ai quitté qu’en 2006. Près d’un demi-siècle plus tard…

Ce départ de l’hôtel préfectoral, fut une arrivée dans une autre vie. J’étais désormais indépendante mais plus encore seule. Découvrant que tout dépendait désormais de moi : choisir un architecte pour étayer le maison qui n’avait pas de fondation et commençait de se fissurer, l’équiper de toutes les choses ordinaires qui permettent d’y faire un minimum de cuisine, d’y dormir…. Tout, mais absolument tout pour en faire un domicile.

En 72, j’étais dans mes dernières années de médecine. J’avais passé l’internat des hôpitaux en 69 et j’avais donc un salaire. Mais avouons le, je n’avais jamais habité jusque là qu’avec mes parents et dans des maisons qui ne nous appartenaient pas et où rien n’avait été choisi par nous ni n’était à nous que le contenu de quelques valises. Trois hôtels préfectoraux et un appartement au dernier étage de l’aile Colbert du château de Versailles où habitaient le conservateur du château et quelques rares hauts fonctionnaires. furent mes domici

Prestigieux, certes, vrais lieux de culture riches en souvenirs, mais surtout qui installaient dans la tête l’idée qu’on ne faisait partout que passer. Forte leçon mais qui était finalement plus rassurante que d’investir une maison vide de longue date et où l’on n’a pas le moindre souvenir.

Ma 2 CV et mon premier berger allemand, Pénélope, avaient avec moi fait le court voyage d’un rue de Bordeaux à une autre. Ils restèrent jusqu’à leur mort mes compagnons de route au sens le plus fort. Pénélope avait fait sien le siège arrière de la voiture mais dès que j’en descendais, elle m’accompagnait, sans jamais de laisse et sans s’éloigner d’un pas. Je commençais à faire des cours à la faculté : elle descendait avec moi marches des amphithéâtres et se tenait à mes pieds toute la durée du cours. Les étudiants les premières fois l’accueillirent bruyamment puis s’y habituèrent de manière assez sympathique. Elle le leur rendit…

  • ce délai de 14 ans demeure aujourd’hui le record de durée d’exercice préfectoral dans un même poste

Concorde nationale

Deuil de Jean Paul Belmondo (mort hier). Un jour entier de concorde nationale. Même la mort du Général de Gaulle n’a pas connu une telle unanimité dans les louanges et les regrets.

Un hommage national lui sera rendu dans la cour des invalides, sans précision jusqu’alors du protocole de cet hommage national réservé en règle à de très hautes personnalités.

A peine trop… Sans la proximité des élections, le Président de la République se serait sans doute abstenu.

Lot et Garonne, terre d’accueil

Colloque champêtre, dimanche 29 aout à Agen, chef-lieu du Lot-et-Garonne. Temps estival, participants nombreux, atmosphère détendue, débats fournis, repas convivial en forme de pique-nique… Bref tous les éléments de réussite qui témoignent sans le dire d’une organisation parfaite..

Ce colloque annuel, organisé par la présidente du Département, Sophie Borderie, répond au beau nom de « nouvelles confluences ». Le mot évoque d’abord la confluence du Lot et de la Garonne, laquelle a donné son nom au département. Mais, il ne dit pas que cela…

Pour la présidente et son équipe, il s’agit aussi des confluences de la longévité avec les domaines multiples que gère son administration.

Les jeunes âgés aujourd’hui, instruits par le covid et leur prise de conscience environnementale, donnent la préférence de manière assez massive à s’installer pour leur retraite dans des territoires où ils pourront acquérir des maisons de pierre avec jardin. Les villes moyennes bien desservies, deviennent beaucoup plus attrayantes* que les appartements plantés dans un urbanisme serré et bien souvent hors de prix.

Ils ont raison : la proximité de la nature et le jardinage, sont des facteurs démontrés scientifiquement** d’une longévité heureuse. C’était l’objet de l’intervention que j’avais préparé…

Je m’interrogeais cependant : ces Agenais vont-ils être très heureux d’avoir à accueillir des colonies de boomers parisiens ou bordelais en quête d’habitations répondant à leurs nouveaux désirs et de ce fait de voir chez eux les prix de l’immobilier enchérir ? 

Mais les Lot-et-Garonnais n’ont jamais fait que cela, accueillir, et ils en sont fiers. Ils ont en effet accueilli des populations venues de partout qui cherchaient à la fois un lieu où il pourraient trouver à la fois la paix et et un travail. Polonais après la guerre, Italiens issus de régions pauvres, Espagnols voulant échapper au franquisme, Juifs pourchassés, Portugais, Alsaciens sous l’occupation allemande… , le Lot-et-Garonne est un département d’immigration et a ouvert largement ses terres à ceux qui étaient à la recherche d’un monde meilleur.

Eh bien, ce n’est pas fini… Parisiens qui ont fait l’épreuve du confinement de 4 personnes dans 40m2, Bordelais découragés par l’explosion des prix de l’immobilier dans leur ville et tant d’autres qui ont découvert qu’ils pouvaient avoir dans ce département autant de services que dans une capitale régionale, bénéficier de paysages reposants, de fleuves et de rivières, de maisons avec jardin jusqu’au cœur de la ville et même de châteaux  que l’histoire a généreusement planté sur coteaux et collines.

Ce département est ami des confluences, bien au-delà de celle de ses deux fleuves ; celles aussi de populations mêlées où l’on trouve des noms de toutes consonances … Le prédécesseur de Sophie Borderie s’appelle Pierre Camani (je le salue au passage), les personnalités qui ont illustré le département ont pour nom Mathieu Chedid, Naima Charaï, Marguerite Duras, Michel Serres, Abdelatif Benazzi, Michel Polnareff, tant d’autres et aussi ceux dont les portraits étaient hier plantés dans la pelouse pour nous accueillir.

Merci à Sophie Borderie et son équipe de m’avoir fait découvrir tout cela et de l’avoir si bien mis en valeur. 

*L’observatoire de l’immobilier témoigne de cette tendance centrifuge

**grandes études populationnelles issues de l’Isped (Paquid et trois cités)

Simone Weil,

Simone Weil avec un W ; pas l’autre Simone, celle-ci avec un V, plus connue du grand public mais toutes les deux de famille juive aisée et surtout fortement engagées. Leur destin fût pourtant tellement différent.

Je n’évoquerai que la première, morte le 24 aout 1943 (il y a 58 ans exactement). Une très beau « fil » sur twitter présente aujourd’hui sa biographie condensée*. Je ne parlerai que des quelques liens qu’elle a eu avec ma famille.

Elle fut professeur au lycée de Bourges, en même temps que mon père. L’une était professeur agrégé de philosophie, l’autre agrégé d’histoire et géographie. Ils se connaissaient assez pour que tous les deux fassent le projet de partir en Espagne pour rejoindre l’armée républicaine et participer à la guerre contre le franquisme. Mon père ne partit pas, du fait d’une « pointe de tuberculose »** et d’une probable solide réticence de ma mère.

Simone ne servit pas longtemps dans les rangs de l’armée. Elle avait été affectée à la cuisine, ce qui était certainement le domaine où elle avait à la fois le moins d’attirance et le moins de compétences. Après quelques semaines, elle renversa sur elle une marmite de soupe bouillante et fut rapatriée.

La cuisine en effet n’était pas son fort. Elle avait décidé de vivre avec 5 francs par jour et donnait la totalité de son salaire, à l’exception de cette somme modeste, aux ouvriers. Seul souvenir privé que je connaisse, elle se nourrissait à midi, dans l’intervalle des cours, d’un croissant et d’un café.

La guerre la fit exclure de l’Université du fait de sa judéité. Elle devint ouvrière agricole et se mêla aux mouvements de grève. Initialement agnostique comme sa famille, elle se rapprocha ensuite de la religion (et même des religions, sur laquelle porteront principalement ses écrits.

Je ne peux pas recopier des bribes de sa biographie. Elle est pour moi « un souvenir entrevu » par le biais de quelques rares récits de mon père. Agnostique lui-même et qui le restera toute sa vie, il disait pourtant d’elle « c’était une sainte », alors qu’il ne l’avait approchée que dans sa période militante. La « sainteté » lui apparaissait en tout cas comme sa nature profonde , quelque raison qui pût la nourrir…

  • compte twitter de Mathilde Larrere
  • Je ne sais rien de cette « pointe du tuberculose »

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