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Initiative et responsabilité sociale des citoyens : le logement (4)

Je le reconnais, voilà un titre façon « le Monde » il y a une vingtaine d’années : austère et descriptif. Cette notion d’initiative et de responsabilité sociale des citoyens fait partie des quelques idées auxquelles je m’accroche. Les lecteurs du blog en ont déjà eu de nombreux échos.

L’actualité des mois précédents illustre grandement cette notion : de la réévaluation des pensions des « tirailleurs sénégalais » après le film « Indigène » à l’activisme de ces dernières 48 heures en faveur du logement, l’actualité politique est boostée par des initiatives et des actions citoyennes. Pour dire mieux, le gouvernement actuel ne fait d’avancées que sous la pression des citoyens et le relais de media. Un autre exemple est la conversion rapide des élus UMP -jusque dans notre ville- à un écologisme militant après le livre de Nicolas Hulot et le film d’Al Gore. Au passage : quand les politiques redeviendront-ils des montreurs de chemin plutôt que des suiveurs de media ?

Je m’éloigne de mon objet principal : le logement. Facteur numéro 1 de la « santé sociale », concrétisation de notre place sur terre, comme le métier concrétise notre place dans la société, le logement est entrain de devenir le facteur numéro 1 de la discrimination et de la souffrance sociale. Les villes, qui ont des été des lieux de rassemblement et de mélange se « ghettoisent ». Autrefois la ségrégation sociale se manifestait principalement par l’étage d’habitation. L’étage « noble » était le premier, voir le second, le rez de chaussée était réservé aux services et aux commerces, les derniers étages aux « chambres de bonne ». On était malgré tout proches. Où est maintenant la proximité entre des quartiers à 100% d’habitat social et des quartiers à 0% ; des villes entières comme Neuilly à 2,5% quand Nicolas Sarkozy en était le maire ?

Comment se sentir bien, se développer et s’instruire bien si l’on est un enfant, dans un appartement de 60 ou 80 m2 où l’on est cinq ou six personnes, avec une télé qui marche en permanence et un canapé devant faisant office de lieu de repas ???

Mais la discrimination majuscule, c’est bien sûr l’absence de logement. Une des visiteuses de ma permanence, en grande difficulté malgré sa formation et son intelligence, me disait il y a très peu : « je ne vais pas pouvoir maintenir mon appartement ? Mon fils est à l’école, que ferons-nous ? ». L’expression « maintenir mon appartement » m’a marquée. C’est le dernier bastion permettant où s’accrocher.

La bataille du « droit opposable », si rondement menée sous l’effet de la concurrence Chirac-Villepin ne me laisse pas sans interrogations. Je ne parle pas de la concurrence en question : pour elle, je n’ai que des réponses.

Mon interrogation tient au mot « opposable » et à ce qu’il recouvre ou parait recouvrir, car je ne suis pas sûre qu’il soit clairement défini. Faire une procédure contre l’Etat, est-ce bien la clef du problème, ou plutôt est-ce la meilleure manière de le résoudre ? Le moyen de pression sur les pouvoirs publics est positif, nous en avons la preuve -et c’est pour cela que je suis partagée dans ma position-, mais son application n’est pas obligatoirement positive (quel logement ? quel hébergement? Où cela ?), ni rapide. Droit au logement n’est pas synonyme de droit à la procédure.

Il me semble que des mesures concrêtes telles que celles que vient de proposer Ségolène Royal dans ses voeux (service public de la caution, surtaxation des logements inoccupés, établissements immobiliers d’Etat…) constituent une réponse plus posée, plus réfléchie et somme toute plus positive . J’en appelle à vos avis, et à ceux qui autour de moi ont bien voulu constituer un groupe de travail et de propositions sur le sujet. Cette réflexion pragmatique est aussi de notre responsabilité sociale.

Responsabilité sociale des entreprises… au Royaume Uni

Burberry’s, marque de grande tradition britannique même si elle est passée par bien des mains, délocalise en Chine. C’est son usine d’Ecosse -un comble pour la marque au tartan- qui fait les frais de cette délocalisation.

Jusqu’à nouvel ordre tout au moins. Le gouvernement britannique a convoqué les dirigeants au rapport. Pas en catimini, mais en séance publique devant le parlement. Ils ont à mon avis un peu de soucis à se faire pour préparer leurs arguments. L’église anglicane fait de même, et avec des arguments quant à elle qui sont doublement d’ordre moral : la défense de l’emploi, mais aussi sa responsabilité d’actionnaire de la grande firme britannique. Voilà au moins un exemple d’actionnaires qui demandent des comptes pour une décision supposée augmenter leurs dividendes. Bel exemple. Attendons la suite.

Amorce de prise de conscience que si « l’Etat ne peut pas tout », il ne peut pas rien. Et nous non plus.

Notule

A l’instant, aux informations matinales de « France cul' » , la citation d’un responsable américain « Il ne faut pas que le conflit irakien métastase à toute la région ». Alexandre Adler se félicite de la pertinence de la remarque.

Pas moi. Est-que journalistes, politiques ne pensent jamais, quand il utilisent des phrases telles que « le cancer de nos sociétés », aux centaines de milliers de français qui vivent avec un cancer et qui redoutent chaque jour, chaque heure, que ce soit leur corps qui ait à affronter le risque qu’encourt aujourd’hui le moyen orient ?

Comme on sait, une « notule » est une toute petite note. Le plus souvent, je les mets « hors ligne », le blog n’est pas tout à fait le « cahier », et il a une voix privée, hors micro, et une voix publique. Celle-là je la laisse sur l’écran. Peut-être servira-t-elle, sera-t-elle entendue et comprise par un de ceux qui ont une parole médiatique ou une parole publique.

Premier de l’an : la campagne est grande ouverte !

Premier de l’an : cette date, toute arbitraire qu’elle soit, mérite un instant de réflexion. Des voeux, bien sûr, mais qui sont aujourd’hui d’abord des volontés. « Voeux » sonne comme « veux » , de « je veux » ou « tu veux ». Les parentés de son ne sont jamais un hasard : l’amour/la mort/la mer.. Tant d’autres, dont la poésie s’est nourrie.

L’année 2006 et sa suite d’interrogations et d’erreurs, achevée par la faute majeure de la pendaison de Saddam Hussein (accrue encore, je ne l’ai découvert qu’aujourd’hui, par le choix du jour de l’Aïd el Kébir où les Musulmans fêtent, entre autres, le pardon) laissent mal augurer de lendemains qui chantent spontanément.

Je ne connais en ce cas qu’un recours, et c’est beaucoup plus qu’un recours : vouloir.

Pour nous tous, cette année est décisive. Pour nous, militants du PS, sympathisants, hommes et femmes désireux de changer nettement la direction de notre entrée dans le XXIème siècle et de porter un nouveau modèle de société, elle est plus décisive encore.

Quatre rendez-vous électoraux nous attendent. Nous ne sommes plus au temps de Churchill « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Nous vaincrons si nous sommes les plus forts.

Dans les deux premières campagnes, présidentielle et législative, qui entraineront les autres, je vous invite à mettre toutes vos forces. Que la première raison de voter socialiste, de proposer une alternance crédible, ce soit vous. Mettre toutes ses forces, c’est disait Garcia Marquez « faire au mieux ce pour quoi on est le moins mal fait » . Prenons chacun une responsabilité et menons-là à bien.

Il n’y a pas de concurrence entre les deux campagnes, comme je l’entends ici ou là. Ce qui sert l’une sert l’autre. Il faut cependant veiller à ce que l’électeur, qui a souvent d’autres soucis que la politique au sens électoral de ce terme, puisse bien identifier qui mènera la bataille législative et dans quels domaines principaux d’expertise.

Beaucoup le savent, je suis candidate aux élections législatives à Bordeaux en face d’Alain Juppé. Cette circonscription, emblématique de Bordeaux puisqu’elle est la seule qui ne soit que bordelaise et qu’elle couvre harmonieusement ses deux rives, appartient à la droite depuis 1945. L’enjeu est difficile, un peu plus même, mais le gagner changera radicalement l’avenir de Bordeaux et mettra fin à ce monolitisme/monothéisme qui risque à la longue de faire de notre ville une ville obédiente et légitimiste. Nous gagnerons si nous somme les plus libres et si nous portons ce besoin de respiration et d’alternance.

Disons-le : si six cent voix ne nous avaient pas manqué aux législatives partielles en face d’Hugues Martin, Alain Juppé n’aurait pu imposer cette démission collective de sa majorité et ce retour anticipé à la mairie qu’ont plébiscité.. 25% des bordelais. Faisons mieux.

J’en rebats les oreilles de mes coéquipiers : soyons forts, soyons unis, soyons libres ! Nous gagnerons.

Ce blog va entrer plus radicalement en campagne. D’ores et déjà, il a un petit frère siamois https://www.michele-delaunay.net/campagne/* où nous nous retrouverons pour échanger tous les renseignements pratiques sur la campagne et pour débattre. Deux forums vous sont ouverts, choisis après lecture de vos commentaires et de vos contributions : l’éducation et cette écologie centrée sur l’homme qui notre urgence.

J’ai émis le souhait que celui des quatre forums départementaux participatifs qui se tiendrait à Bordeaux, soit l’éducation, au sens le plus large : recherche, formation, enseignement, carte scolaire.

Très bonne et très forte année ensemble !

  • vous pouvez me joindre directement en tapant sur « contact » ou sur mon mail privé michele.delaunay2wanadoo.fr

Les lapins blancs

Je connais beaucoup de belles histoires, et ce soir parce que c’est un soir merveilleux (il n’est pas merveilleux parce qu’il est merveilleux, mais parce que nous avons le pouvoir de rendre merveilleux ce que nous voulons ou presque), je ne sais quelle histoire raconter…

Il y a celle de Scheherazade, que le prince avait fait venir le soir, pour lui raconter une histoire justement, mais qui savait (est-ce qu’elle savait ? comment avait-elle deviné ?) que le prince était cruel et qu’il la tuerait au matin dès qu’il connaitrait la fin de l’histoire .

Alors Scheherazade commença une histoire qui n’a jamais fini, et peut-être est-ce cette histoire que je continue de vous raconter..

Il y a l’histoire de Sniegorotchka, la princesse russe dont Rimsky-Korsakov a fait un opéra. Ou celle de Neigeline, le petit flocon de neige (c’était « une » flocon de neige) qui était tombée amoureuse du soleil. En fait, c’est la même histoire, c’est un de mes mythes préférés parmi les histoires faites pour raconter le soir : Neigeline, comme Sniegorotchka, s’est approchée de plus en plus du soleil, et elle s’est évanouie et quand on voit un peu de brume autour du soleil, ce sont toutes les neigelines du monde que l’on voit.

Il y a une histoire quand même un peu plus sérieuse, c’est celle des lapins. Parce que je suis non pas « un homme sérieux » comme celui du « Petit Prince » qui compte des chiffres du soir au matin mais quand même une femme sérieuse..

A vrai dire, même des histoires de lapin, il y en a plusieurs. Il y en a une très belle et très triste, dans un très petit et très beau livre qui s’appelle « Des souris et des hommes ». Des souris, il n’y en a qu’une, mais des hommes, il y en a deux et c’est toute l’affaire. Et un de ces hommes, le plus fort, Lennie, tue la souris, et l’autre est obligé de le tuer à son tour parce qu’il sera trop malheureux s’il est mis dans une prison très laide où il n’y a pas de lapins à soigner et à nourrir. Car toute la vie qu’ils ont partagée, et cette vie était dure et pleine d’épreuves, le colosse innocent et très fort a demandé à son ami « Promets-moi qu’un jour on aura une maison..  » . Et chaque jour l’ami a promis. « Et que dans cette maison, il y aura des lapins, des tout petits lapins.. ». Et ce jour-là, parce qu’il va le tuer, il lui promet une fois encore : « Il y aura des lapins, et c’est toi qui t’en occuperas, qui les nourriras et qui les protègeras.. ».

Comme on voit, cette histoire n’est pas gaie. Toutes les belles histoires ne sont pas gaies, et peut-être que c’est même le contraire. Mais en tout cas, ce n’est pas une histoire pour attendre le premier de l’an.

La deuxième histoire des lapins est beaucoup plus contemporaine et c’est une histoire qu’on peut raconter quand on est une femme sérieuse, ce qui ne va pas sans obligations dans le monde des grandes personnes. Je la tiens d’un archevèque roumain, à vrai dire surtout connu pour avoir écrit un très beau livre avec un très beau titre « La vingt-cinquième heure ».

C’était dans le civil (le civil, c’est pour les gens sérieux, le monde où on n’écrit pas de livres et où on ne raconte pas d’histoires), un homme très important qui représentait son pays dans le monde entier. Pour cette raison, on l’invite dans un pays étranger, je crois bien que c’était l’Amérique, mais pas l’Amérique de GWB, mais l’Amérique avec une grande belle majuscule, comme quand on dit « c’est son Amérique à lui ».

Dans ce pays, en avance sur tous les autres pays, il visite un sous-marin atomique. Il examine les unes après les autres les salles de machines, les formidables computers, les écrans qui font des lumières partout, les manettes, les boutons rouges et secrets, le téléphone en liaison directe avec la Maison blanche et des tas d’autres maisons encore.. Il pose des questions savantes, on lui répond savamment, mais il n’écoute qu’à moitié, juste pour avoir l’air de tout comprendre et d’être impressionné.

A un moment, un officier, plus petit mais plus galonné que les autres et qui, sans ce détail, ne payerait pas de mine, l’attire dans son bureau. Le bureau est très grand, confirmation que l’officier à sa manière l’est aussi ; l’officier a compris que, malgré sa grande robe d’archevèque qu’il porte jusque dans les sous-marins, Virghil s’intéresse à des choses plus importantes que les téléphones rouges et les écrans de toutes les couleurs…

– « Venez, je vais vous montrer quelque chose que nous ne montrons à personne… »

Ils prennent tous les deux une petite cursive dérobée, une toute petite cursive, comme dans le sous-marin d’un tout petit pays. Au fond, un petit espace bien éclairé, et dedans une jolie petite cage avec dedans trois petits lapins blancs. Des lapins blancs comme dans les contes pour enfants, avec un poil doux et soyeux, des oreilles ourlées et doublées d’un fin velours rose, un petit nez rose aussi, sans cesse en mouvement, comme font les nez des lapins…

L’intérêt de Virghil Georghiu se ranime aussitôt

– « Mais que font-ils là ? A quoi servent-ils, dans un espace si étroitement compté ?? »

Alors l’officier l’attire près de lui, pour que vraiment personne ne puisse les entendre, ni les micros secrets du KGB, ni de la Guépéou, ni de tous ces trucs méchants, ni même l’écouteur rouge du téléphone rouge avec la Maison blanche..

– Vous savez, bien avant que les hommes ou les machines perçoivent que l’air est vicié, que quelque chose de mauvais risque d’arriver dans l’atmosphère, les lapins sentent tout cela, et ils s’agitent… Il suffit de venir les voir; sans eux, nous ne saurions rien ou nous le saurions trop tard..

Et Virghil Georghiu a ajouté : « Les artistes sont comme les lapins blancs. C’est pour cela qu’ils sont sur terre… » .

J’aurais voulu qu’il ajoute, lui qui était poète et politique à la fois, que nous sommes tous, que nous devons être comme les lapins blancs ; c’est mon souhait pour nous tous ce soir.

Ainsi pourrons-nous déjouer la cruauté des princes et écrire notre propre histoire.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel