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La Grèce n’est pas si loin

A cette heure, les Athéniens sont dans la rue, mobilisés contre le sévère plan de rigueur qui leur est imposé par la mauvaise gestion des années antérieures.

Sommes-nous très loin de cette situation ?

Ma crainte est bien sûr qu’elle soit plus proche que nous voulons le croire, ou plus justement qu’on ne veut nous le faire croire.

A cette cette crainte s’en ajoute une autre : que ce soit un gouvernement socialiste qui ait à affronter cet héritage.

Le baron rouge

L’invité du blog est un Bordelais bien connu et « expert », comme on dit maintenant, en matière de lois, de justice et de pouvoir.

La justice justement, mobilisée dans toute la France contre la Réforme qui avance à grand pas en direction des deux Assemblées. Laquelle va confier tous les pouvoirs au parquet dont les membres sont nommés par le Ministère ce qui n’est pas propre à garantir leur indépendance. Cette réforme contient en outre un article qui va mettre à l’abri les délinquants en col blanc en assurant une prescription de leurs crimes après six ans.

L’ennui, c’est que ces six ans ne sont bien souvent pas suffisants pour mettre à jour ces délits et que la prescription part du moment où ils sont commis.

Quel est le but de tout cela ? Protéger les affaires politiques de l’oeil de la justice et affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire, si nécessaire pourtant à la République.

Notre grand expert ne connaissait pas la République mais il s’y entendait assez bien en ordonnancement des pouvoirs :

« Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps (…) exerçait ces trois pouvoirs :
-celui de faire les lois

-celui d’exécuter les résolutions publiques

-et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers (…) »

Cet excellent homme, dont on voit poindre de plus en plus clairement la noble silhouette, ajoute :

« Lorsque, dans la même personne, dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat fasse des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement (…) »

Ce même homme, bien que peu habitué aux démonstrations de masse, serait aujourd’hui dans la rue aux côtés des juges.

Sur le terrain

Il y a quelques mois, le Président de la République s’est vanté, devant sa majorité parlementaire, d’occuper le poste de Directeur des Ressources Humaines du PS. (« Strauss-Kahn à New York, Kouchnet avec moi… ». On se souvient de la litanie.)

Aujourd’hui, il est monté en grade. Sur le terrain, on n’entend à son adresse que noms d’oiseaux, qualificatifs peu encourageants, interrogations sur sa santé mentale et son équilibre. A se demander où sont ces 30% de Français qui voteraient encore pour lui au premier tour des présidentielles.

Nicolas Sarkozy est aujourd’hui en bon rang pour occuper le poste de meilleur agent électoral du PS. Pas sûr qu’il se vante de son avancement.

Régionales : le ministère de l’intelligence nationale

Le ministère de l’intelligence nationale, ce n’est pas un quelconque Eric Besson qui en est détenteur, ce sont les Français à l’occasion du scrutin des élections régionales du 14 mars.

En plus de l’enjeu régional, le scrutin qui approche à grands pas a une portée nationale de première grandeur. Aucun sondage, aucune manifestation d’opinion, aucun mouvement de rue n’a une valeur aussi forte que les urnes. Elles sont en effet la démonstration de l’engagement des citoyens. Elles constituent également, alors que plusieurs ministres sont en lice, un référendum décisif sur la politique gouvernementale et la majorité qui la soutient.

L’engagement des citoyens. Aller voter est un acte positif, réfléchi, résolu. Il n’est pas un mouvement de colère, un caprice d’un instant. Bien des scrutins ont montré au contraire la maturité du corps électoral. C’est pour cela que l’abstention est la première ennemie de ces élections : si elle était forte, les enseignements du scrutin seraient affaiblis ou relativisés par la majorité en place.

Les résultat des sondages, presque trop beaux pour être vrai, ne sont pas en cela amis du prochain vote car ils risquent de démobiliser les uns et de créer un sursaut chez les autres. Une abstention plus forte que prévue de l’électorat de la gauche, une mobilisation de dernière heure de la droite fragiliseraient le message.

Un référendum décisif sur la politique gouvernementale et la majorité qui la soutient. Nicolas Sarkozy ne pourra traiter une déroute de son camp comme une simple péripétie à l’occasion d’une élection locale. C’est lui-même qui, initialement, a voulu faire de ce scrutin un référendum sur sa politique. Il s’en est ensuite mis un peu à l’écart, plus de force que de gré, aucun candidat ne voulant de lui sur le terrain. Une forte victoire de la gauche -et plus encore une victoire générale aboutissant à un grand chelem, ne laissera rien indemne à droite. Ni le Président, ni le gouvernement qui sera encore affaibli, ni surtout la politique approximative, allant de couacs en échecs, et de mauvais chiffres en résultats catastrophiques que l’un et l’autre imposent au pays. Les uns et les autres ne pourront plus faire comme si rien ne s’était passé et devront radicalement changer de méthodes et donner des gages sociaux aux Français.

La troisième dimension de ce scrutin réside dans le fait qu’il constitue le dernier scrutin national avant la présidentielle. Il doit être pour nous une marche qui monte et qui prépare, non seulement l’alternance, mais une véritable alternative à la politique actuelle.

Et justement, un résultat positif ne sera pas non plus sans conséquences pour le PS. Re-légitimé après les égarements qui ont entouré le congrès de Reims, il sera placé devant ses responsabilités, obligé de construire, d’avancer des propositions qui parlent à l’esprit des Français.

L' »identité nationale » n’a paru à personne un concept qu’il y avait urgence à définir. L’intelligence nationale, si. Et nous avons encore 8 jours pour y parvenir.

Maire courage

Comme on sait, on connait ses amis et la qualité des hommes dans l’épreuve. La campagne de Xavier Darcos en Aquitaine, affrontée à la dégringolade sarkozienne et aux sondages locaux, peut sans trop de discussion être considérée comme telle.

Sans doute, trouve-t-il dans cette réelle épreuve le secours, l’appui, la présence sur le terrain, de ses amis et du « meilleur d’entre eux » ?

Eh bien, justement… Hors du meeting de lancement, voyons-nous, le Maire de Bordeaux s’activer aux côtés de son cher Xavier ? Les rencontrons-nous ensemble sur le terrain ? Apprenons-nous qu’ils se portent de concert à la rencontre du secteur de l’économie, de la formation, de l’environnement, des associations, pour s’inquiéter des soucis des uns et des autres (ils en ont beaucoup à Bordeaux) et leur donner quelques raisons d’espérer ?

A ce peu d’empressement juppéen, je vois deux raisons : il n’a que faire à Bordeaux d’un Président de région de son bord qui pourrait lui porter ombrage dans sa gouvernance de l’ump et de la droite. Plus encore : il n’a guère l’envie de prendre à son compte ne serait-ce qu’une parcelle de l’échec annoncé de Darcos.

Maire courage, on le voit, ce n’est pas Brecht, mais Juppé.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel