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Bouturage et planturage

Comme Tolstoï, je ne résiste pas à l’appel de la terre. La terre n’est pas pour moi les quelques centaines d’hectares, harmonieusement plantées de maisons de moujiks et de blés dorés qui entouraient Iasnaïa Poliana, mais il ne faut jamais craindre les grandes comparaisons, ni en surface, ni en talent.

Tolstoï, quand il voyait le soleil monter sur ses terres et qu’il entendait le bruit des faux que l’on aiguise ne pouvait demeurer un instant de plus à sa table de travail et rejoignait ses paysans pour couper, lier, battre avec eux jusqu’au soir.

Sous l’autel de ce grand exemple, je ne me suis pas encore mise au travail… Il est 15 heures, deux questions orales, un communiqué à rédiger et deux bonnes centaines de mail qui exigent réponse, sont restés en rade sur le bureau.

Heureusement, il y a le blog. Moment de transition, moment heureux entre le jardin et le vrai travail. L’ordi, le dimanche, attend toujours de pied ferme sur le bureau, sachant que le temps finira bien par tourner, ou la nuit par tomber, et que bouturage et planturage (ça, ça n’existe pas mais c’est dommage, car c’est ce que j’ai fait tout ce demi-dimanche) finiront bien par me ramener à la maison.

1er mai

On oublie bien souvent la dénomination de ce 1er mai : la fête du travail. Je me suis à plusieurs reprise rendue coupable de louer dans ce blog et le mot et la chose. Le travail. Le juste salaire en face de la juste tache et tant d’autres déclinaisons du mot, dénaturé à force de vouloir le revaloriser.

Nicolas Sarkozy qui, à plusieurs reprises, lors de sa dernière intervention poly-télévisée, a rappelé qu’il avait été élu pour cela, revaloriser le travail, a-t-il pensé à se manifester ou à manifester tout court ? Où était-il, ce jour, où ce lien, ou du moins ce qui devrait être un lien entre nous, était fêté ?

Peut-on, en réalité, imaginer pire dévalorisation du travail que le slogan « travailler plus pour gagner plus » ? On travaille bien sûr pour ce juste salaire dont je parlais plus haut, on travaille pour échanger (« tu me donnes de ta boulange, je te donne de ma chasse »), participer, faire partie de cette communauté d’humains qui ne fonctionnerait pas sans cet échange de capacités, d’effort, de création ; on travaille pour progresser, pour faire, pour fabriquer, pour inventer, pour innover. Pour être, pour devenir. Pour vivre.

A Bordeaux, disons-le, manifestation un peu maigre, sans souffle suffisant, sans cette espèce de force qui peut se dégager de l’être ensemble et du faire ensemble. La possibilité d’un « pont » avait clairsemé dans la ville même les vendeurs de muguet.

Les chiffres du mois

Nouvelle édition de cette rubrique mensuelle : les chiffres tombés ce mois d’avril ; n’hésitez pas à ajouter en commentaire ceux qui vous ont frappé à condition qu’il s’agisse de chiffres issus de sources sûres.

2,9%du PIB, le déficité de la France, lanterne rouge de l’Union Européenne

10 euros le gain mensuel moyen pour un salarié réalisant 32 heures supplémentaires sur l’année

38%le taux d’emploi des « seniors » (55-65) en France, contre 69,6 % en Suède ; seul pays qui fait moins bien, l’Italie (32,5%)

1,5 millions __ de personnes touchant aujourd’hui la prime pour l’emploi, que le gouvernement vient de décider de « recentrer »

1,4 smic le salaire maximal permettant à ce jour de toucher une minime prime pour l’emploi ; ce sont ces couches « supérieures » qui vont en être privées

5 millions de personnes en France au dessous du seuil de pauvreté

820 eurospar mois revenu qualifié de le seuil de pauvreté ; en réalité 50% des cinq millions de personnes qualifiées de « pauvres » touchent moins de 670 euros (les pauvres ne sont pas plus nombreux qu’il y a dix ans, mais ils sont plus pauvres)

+15% l’augmentation moyenne entre 98 et 2005 des salaires les plus élevés. Pendant que les plus pauvres s’appauvrissent, les riches deviennent plus riches et plus nombreux

La bande des quatre

Quand quatre députées dînent ensemble d’une soupe méditerranéenne et d’une assiette d’asperges, de quoi se parlent-elles ? De leur circonscription ! Et ceci pour découvrir combien leurs problèmes sont différents, leur manière d’exister dans leur nouveau métier (toutes 4 sont des nouvelles députées), leur manière d’exercer leur mandat et d’arpenter leur territoire

Les unes ont trop de communes et de maires de toutes tendances, l’autre (devinez…) n’a qu’une commune et qu’un seul maire, mais sa tâche n’est pas plus facile pour autant, ce maire étant difficile à inviter à l’Assemblée pour un pot amical et difficile à convaincre que ce serait quand même bien de travailler ensemble.

Celle-ci fait des permanences tournantes, cette autre n’a pas encore tout à fait fini de s’installer… Enfin, aucune des quatres n’a vraiment fini, toutes cherchent encore comment faire le mieux, accomplir les taches pour lesquelles elles ont été élues et où elles espèrent ne pas décevoir. Toutes aussi sont dans l’opposition à l’Assemblée, voudraient pouvoir amender les textes qui ne leur disent rien de bon, et malheureusement c’est le langage de presque tous les textes qui se suivent et qui s’empilent sur leur bureau.

Un moment amical. Les quatre ont décidées de reconstituer l’arc atlantique des députées PS entre Finistère et Gironde. Et puis elles sont rentrées dans leur bureau préparer la journée de demain.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel