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La politique du bon plaisir

Chaque jour qui passe nous conforte dans la justesse de la décision de la gauche de ne pas voter la réforme institutionnelle au dernier Congrès de Versailles.

Celle-ci nous avait été vendue, à grands renforts de discours et de proclamations, comme destinée à augmenter les pouvoirs du Parlement. Il n’en était rien, et en particulier le mode d’élection des sénateurs n’était aucunement rendue plus démocratique. La pratique du gouvernement, et plus encore du Président, démontre depuis lors quelle était la réalité de leurs intentions.

Fiasco parlementaire du Gouvernement à l’occasion de la réforme de l’audiovisuel ? Personne n’avait compris que l’on veuille légiférer au pas de charge en décrétant l’ « Urgence » (l’absence d’aller et retour entre les deux chambres) sur un projet sensible qui porte atteinte à la liberté de la presse et coûtera 450 millions au contribuable. La raison est au demeurant simple : alimenter les caisses des groupes Bouyghes et Bolloré, mais elle n’a pas suffi à convaincre jusqu’aux parlementaires du Nouveau Centre qui ont rejoint notre opposition alors qu’ils ont voté jusqu’alors tous les textes du gouvernement.

Résultat : on va passer le texte par décret. Vous n’êtes pas sages, pas obéissants, eh bien vous allez voir !

Travail du dimanche. La fronde a gagné là jusqu’aux rangs de l’UMP. Le texte, déja repoussé une fois et qui devait nous occuper cette semaine qui s’achève a été remis, initialement « sine die ».

Qu’est-ce que c’est que ça, a dit le Président. Coup de sifflet long pour convoquer les députés de sa majorité mercredi dernier : je ne veux voir qu’une tête et le texte doit passer avant noël !

Conclusion : on redécale tout, qu’importent les emplois du temps des parlementaires que l’on bouscule d’une levée de sourcil présidentiel. Le texte passera mardi prochain, et qu’on se le dise : il passera. Tous les rendez-vous et réunions que j’avais pour ma part déplacé, je dois les repousser encore, comme un grand nombre de députés.

Les urgences parlementaires sont calquées sur les caprices présidentiels. La loi pénitentiaire que nous devions aborder cet automne pourra attendre, des jours ou des ministres meilleurs. La loi sur le Vème risque, qui nous était promise pour septembre aura de la chance si elle arrive avant septembre prochain. La réforme hospitalière en est maintenant à février au lieu de décembre. Le travail du dimanche, on en conviendra, est beaucoup plus importante pour les Français.

Cette politique du bon plaisir, ne nous est pas inconnue à Bordeaux. Elle prend ici des dimensions autocratiques qui, une fois encore, rappellent la décadence de l’empire romain. Caligula et sa petite chaussure qu’il rehaussait pour paraître plus grand.

Droits de l’homme et devoirs de la femme

C’est une de mes blagues favorites de dire qu’on a pris grand soin de rédiger les droits de l’homme, pour mieux sous entendre que la femme, elle, avait hérité des devoirs…

La blague n’en est plus tellement une depuis que l’ancienne président irlandaise, Mary Robinson a déclaré à notre Président qui l’avait invitée pour célébrer le 60ème anniversaire « Moi, je préfère « droits humains », vous ne trouvez pas que c’est plus moderne ? »

Le journal « le Monde » embraye ce soir sur le sujet qui est moins anecdotique qu’on ne croit. Les mots ont une histoire, et n’en déplaise aux maîtres grammairiens, ils ont non seulement un sens mais un sexe. Ou plutôt, ce sens est entâché de sexisme.

Reconnaissons le, les droits de l’homme les plus souvent violés sont les droits de la femme. Ce qui a conduit à traduire des textes anglais de manière passablement incongrue. « Human rights of women » sont devenus dans notre langue « les droits de l’homme de la femme » ; ça fait bizarre…

Voilà que la Ministre des affaires étrangères du Canada Micheline Calmy Rey s’en mêle aussi : « L’expression « droits de l’homme » n’est plus adaptée à la société moderne et égalitaire d’aujourd’hui. La langue se doit d’accompagner les évolutions sociales, et le terme « droits humains » se comprend comme une adaptation logique à l’égalité des sexes ».

Quant aux « devoirs de la femme », ils restent si implicitement admis, que personne n’a songé en réclamer le partage !

Droits de l’homme : en France aussi

La déclaration des Droits de l’Homme, dont nous célébrons aujourd’hui le soixantième anniversaire, est universelle. Tellement universelle, qu’on en oublie qu’elle concerne aussi la France.

Illustration aujourd’hui avec la prise de parole (assez malencontreuse au demeurant) de Bernard Kouchner qui est à ma connaissance Ministre des affaires étrangères et européennes et n’imagine pas un instant que Rama Yade pourrait, à l’occasion, être utile à l’intérieur de nos frontières. Rama Yade elle-même « défend son bilan », parfaitement extra-hexagonal.

Et pourtant ! Quelle belle collection de violations pouvons-nous afficher aux frontons de la République, en violation des trois beaux mots qui y figurent. Amnesty International, le Conseil de l’Europe avec l’accablant rapport Hammarberg, n’ont pas manqué d’en faire état

Violations dans nos prisons, où les détenus ont bien souvent des conditions de vie indignes, ne serait-ce que du fait de la surpopulation. Un jeune homme de 24 ans vient de se pendre à la maison d’arrêt de Gradignan. Un détenu tous les trois jours meurt de la même manière dans nos prisons.

Faits de violence dans les centres de rétention administrative ; traque des demandeurs d’asile autour de Calais, avec hélicoptère, projecteurs et chiens policiers ; violation délibérée des normes internationales qui protègent les mineurs devant la justice ; pressions et menaces sur les personnes et violence policières qui atteignent jusqu’aux patrons de presse …

Fichages illégitimes et irresponsables avec le fichier Edvige et toute une collection d’autres, dont le fichier STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées) qui ne réunit pas moins de 17 millions de personnes ! La majorité des lecteurs de ce blog y figurent : il suffit pour avoir cet honneur d’avoir eu la plus petite maille à partir avec une commissariat, fût-ce pour déposer plainte.

Au chapitre de ces violations aussi, les reconduites à la frontière d’étrangers, souvent depuis longtemps sur notre sol, souvent ayant un travail, parlant Français, ayant des enfants scolarisés avec les nôtres, et embarqués dans ce qu’Amnesty appelle « les charters de la honte ».

Liste bien sûr non close et que chacun pourra compléter. Je crains d’ailleurs que les mois à venir ne l’alourdissent. Comme dit Kouchner, décidément bien intégré dans le gouvernement dont il fait partie, « les Droits de l’Homme sont si souvent contraires à la politique ».

Obstiné, mais pas courageux

Eh bien, mes amis, bloguer, tracter, chatter, discuter sur le terrain, ce n’est pas tout à fait inutile ! Démonstration est faite : les Français ne sont pas malléables à merci.

Le projet de loi sur le travail du dimanche est repoussé sine die. « Sine die » n’est pas « sine arrière pensée ». Not’ Président, comme on disait autrefois not’ Maître, y tient beaucoup. Rapport à quelques gros centres commerciaux de la région de Marseille, dont l’un très opportunément appelé « plan de campagne » (suivez mon regard ou, du moins, ma pensée).

Il semble qu’il recule momentanément devant le tollé soulevé jusque dans les rangs de la majorité, mais avec l’intention de faire passer le projet, ni vu, ni connu, dans le texte « plan de relance », penaudement caché entre deux articles.

Obstiné, mais pas courageux, not’ Président. Pas de chance, de not’ côté, c’est plutôt les deux.

 »A voir :

https://www.deputes-socialistes.fr/medias//PDF/argumentairesXIII/dimanchelibre.pdf  »

Petits échos rapides en provenance de l’Assemblée

Près de sept heures de train entre Bordeaux et Paris, dont 4 en cale à Chatellerault, sous une fine pluie glacée… Encore un coup d’un vague commando nihilo-négativiste, sorti de je ne sais quel fagot connu de la seule Ministre de l’Intérieur.

Tant et si bien que j’ai commencé ma journée opérative au moment des questions d’actualité au gouvernement. L’actualité principale à l’Assemblée c’est la quasi-certain report du texte sur le travail du dimanche en janvier.

Pour mémoire, ce même texte devait passer en juin dernier. On ne peut pas ignorer qu’il constitue un caillou très irritant dans la chaussure UMP. Le prétexte assez commode est cette fois de dire que les débats autour de la réforme audiovisuelle traînent trop en longueur. Et reconnaissons que nos collègues de gauche font une très belle résistance contre ce texte dont le coeur est, en fait, de transférer au privé 800 millions d’euros de recettes publicitaires et de museler la télévision publique en vue de 2012.

Voilà, les petits échos de l’Assemblée. Je cours à une audition en vue de la loi HPST, qui vient d’ailleurs de changer de nom : « loi de réforme hospitalière » au lieu de « loi Hôpital Santé Territoires. Cela démontre qu’il n’y est pratiquement question que de gouvernance et point de santé.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel