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Une jolie histoire

Une jolie histoire de députée rentrant sagement de l’Assemblée. Dans cette belle enceinte, à l’entrée de la bibliothèque il y a un tableau monumental représentant une séance dans l’hémicycle. Il est signé d’un peintre fort peu connu, curieusement une femme, Rosalie Decelle et daté de 1907.

Le sujet a attiré mon regard « Jaurès à la tribune, face à Clémenceau ». Voyant mon intérêt, un des merveilleux huissiers de l’Assemblée s’est approchée de moi
-« C’est un tableau qui voyage beaucoup… »
Ses voyages ont été nombreux depuis 1907 mais de courte distance. Quant la gauche est majoritaire, elle l’installe dans le salon Colbert, salle prestigieuse où ont lieu les réunions du groupe majoritaire. Quand, au contraire, comme c’est malheureusement le cas en ce moment, la droite est majoritaire, elle le fait aussitôt porter dans l’antichambre de la bibliothèque, où il attend des jours meilleurs…

Comme nous.

Immigration : le leurre de Brice Hortefeux

Après avoir entendu le ministre Brice Hortefeux et Thierry Mariani, rapporteur de la loi « immigration maîtrisée », je suis de plus en plus convaincue que la loi qui nous est aujourd’hui proposée est en grande partie un leurre à visée électorale.

La loi comporte ce qu’il faut de provocant (l’amendement Mariani sur les tests ADN) pour enflammer la presse et faire très justement se soulever l’opposition. En réalité, cette loi n’a pas d’utilité nouvelle ; trois l’ont précédée depuis 2003, régissant à peu près les mêmes sujets et en particulier le problème des mariages de sujets français avec des étrangers. La pratique quotidienne nous montre que malheureusement l’arsenal législatif permet de durcir l’attidude de l’Etat au gré des gouvernements sans qu’il soit nécessaire de changer la loi. Les quotas fixés actuellement aux préfets le démontrent.

Le problème est me semble-t-il d’occuper l’opposition, en balançant devant elle ce chiffon rouge, comme le matador le fait devant les yeux du toro. Et plus encore de satisfaire l’opinion, en la divertissant là aussi des problèmes et des échecs réels de Sarkozy et des gouvernements précédents. Nous avons écouté aujourd’hui à plusieurs reprises ce leit motiv : 74 % des Français sont favorables à la limitation de l’immigration et donc favorables à cette loi.

Qui peut n’être pas favorable à la régulation, au contrôle de l’immigration, non plus que souhaiter que les personnes accueillies le soient dans des conditions décentes qui leur permettent de trouver leur place socialement et professionnellement ? C’est à cela que les Français répondent quand la question leur est posée.

Une autre raison m’amenant à croire que cette loi n’est qu’un leurre destiné à donner du grain à moudre à l’opinion, c’est le nombre relativement réduit des personnes concernées : les époux ou épouses étrangers de Français, les enfants de résidents légaux ou de Français d’origine étrangère. Il est difficile de donner un chiffre précis : probablement quelques milliers au regard des 300 à 400 000 étrangers irréguliers sur le territoire.

J’ai quitté la séance, qui reprend ce soir en nocturne, pour aller à une autre réunion. Je suis un peu mal assurée dans ce que je viens d’écrire mais il me semble que cette impression que la loi est utilisée à des fins autres que législatives gagne du terrain dans nos rangs.

Rentrée des classes

Je me mets au travail avec un vrai plaisir dans mon bureau tout blanc. Preuve s’il en était besoin que ce dont je rebats les oreilles de tout ce qui m’entoure est vrai: les conditions de travail sont aussi importantes que le temps de travail. Une école qui n’est pas claire, propre, bien éclairée, gaie ne donnera aux enfants « le goût de l’étude » (même l’expression « goût de l’étude » est maintenant un peu désuète quand elle serait si opportune dans ces temps où la finalité du travail est si durement mise en question).

Tout à l’heure je vais rejoindre le bureau des vice-présidents, puis la première séance du groupe socialiste. A quinze heures, ouverture de la nouvelle session extraordinaire avec la loi « Maîtrise de l’immigration, intégration, asile ». L’intitulé des lois n’est jamais innocent et il n’est pas mauvais d’en analyser chaque mot.

Pour moi, cette loi a été bien introduite par le rappel à l’ordre que m’a adressé M le Préfet apprenant (par un courrier de ma part) que je m’appretais à célébrer un parrainage républicain. Savons-nous assez en effet que tout citoyen français qui « facilite l’entrée ou le séjour » d’un étranger en situation irrégulière » est passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans ? La simple aide, l’accompagnement d’un immigré dans cette épreuve qu’est de vivre, souvent de survivre, dans un pays qui n’est pas le sien et dont il a à apprendre la langue relèvera-t-elle bientôt dans les faits de la justice ?

J’ai fait trois parrainages républicains de personnes étrangères (les deux précédents, il s’agissait de fratries d’enfants). Jamais je n’avais reçu semblable rappel. La convocation des préfets par Sarkozy n’est sans doute pas pour rien dans ce durcissement.

Mesure d’intimidation sans doute pour les prochains élus, ou non élus, qui souhaiteraient parrainer. Quant à nous, nous demeurerons dans l’attitude de responsabilité et de mesure qui est la nôtre. Accompagner, soutenir, aider, ceux qui par leur travail, leur apprentissage du français, leur situation familiale ou leur santé, méritent qu’on les reçoive dans notre communauté de citoyens et de frères humains.

Fin de journée parlementaire

Fin de la journée parlementaire à la maison de la chimie. François Hollande au top pour son discours de clôture, très construit, très maîtrisé, limpide.

En première partie, le bilan des cinq mois de pouvoir sarkozien : croissance à plat, pouvoir d’achat amputé, crise financière, commerce extérieur en déficit de 35 milliards (allemagne : excédent de 125 milliards), isolement de plus en plus manifeste de la France sur la scène européenne. Tout cela exprimé sans excès ni caricature.

Ensuite une analyse de la situation politique proprement dite : un président omni-présent, pour qui gouverner c’est annoncer, et nommer un problème c’est déjà paraître le régler. Le gouvernement et le premier ministre effacés, alors qu’eux sont responsables devant le parlement. Tout affaiblissement du gouvernement est, de fait, un affaiblissement du parlement.

Enfin, ce que doit être notre attitude. Je me suis amusée de trouver dans les mots de Hollande, deux des trois parties de mon slogan législatif : soyons unis, soyons forts. Les municipales vont marquer toute la suite du quinquennat Sarkozy et nous devons montrer à cette occasion aux Français que nous sommes utiles : utiles localement, mais aussi utiles par notre volonté et de capacité de contenir les erreurs et les errements.

Pour finir et avec gravité, quelques mots sur les paroles mystérieuses de Kouchner laissant craindre une possible guerre avec l’Iran. Ou le ministre a des renseignements qui doivent être communiquées au Parlement, ou il doit s’expliquer sur ses paroles particulièrement hasardeuses, en considération de la guerre qui évolue comme on sait à la frontière même de l’Iran.

On peut juger de la qualité d’un discours à ce qu’on en a gardé, une fois qu’il est achevé. Celui là était précis et net, et il me semble que je pourrais le réécrire tout entier. Le sommet de la journée a pourtant été une courte intervention de Robert Badinter. Trois minutes de limpidité pour expliquer que le parti socialiste en tant que tel n’avait en aucun cas à aller plancher devant la commission Balladur sur les institutions. La tribune du Parti Socialiste, ce sont les Français et l’opinion publique, non une commission dont la finalité est de faire paraître consensuelles des modifications visant à permettre en particulier au Président de se rendre devant le parlement sans avoir à répondre devant lui. Paroles magistrales, sobres, prononcées sans aucun effet de voix ni de manches.

Puissions-nous comme vous en exprimez tous le souhait, retrouver une voix solide, signifiante et tournée vers cette réalité à laquelle nul ne peut échapper.

Clavardage

Le bonheur… Grâce à mon wifi volant, m’éclipser d’un déjeuner un peu longuet juste pour aller clavarder un brin et parler de tout et de rien. Journée parlementaire de rentrée. Sénateurs et députés PS de tout poil, ou plutôt de toutes régions, qui parlent entre eux … des prochaines élections municipales dans leur fief, tant il est vrai que nous sommes tous impliqués dans cette prochaine échéance qui peut être l’occasion de sonner l’état de grâce sarkozien et de réussir localement ce que nous n’avons pas réussi trois fois de suite globalement.

Discussion sur les municipales donc pendant le déjeuner. J’étais à une table nantaise où mon implication n’est pas directe, d’où ce petit « délit de fuite » pour aller consulter mes mails et déposer une carte postale sur l’écran du blog.

Le brouhaha des salles où plusieurs centaines de personnes mangent ensemble est à la fois rassurant et inquiétant. Je ne l’ai jamais aimé à la folie. Pour tout vous dire, je crois que je suis une vieille ourse sauvage et quelques uns des aspects de la vie parlementaire me demandent un léger effort d’urbanité. Mais tout cela n’est pas très dur et ne mérite pas une compassion excessive.

Juppé dans Sud Ouest ce matin parle de « reconquête » électorale. A vrai dire, nous aussi. Vous ai-je dit que nous avions dénommé ma permanence parlementaire « la maison de la reconquête socialiste » ? …

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel