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Drôle de séance jeudi soir à l’Assemblée. Il était tard déjà et nous approchions de l’article 24 qui, en Bordelais comme dans toutes les régions vinicoles, a soulevé beaucoup d’émotion : il interdit les offres d’alcool gratuites ou au forfait.

En ligne de mire, les « open bars » et les soirées promotionnelles des alcooliers où l’on peut consommer à volonté et souvent, massivement ; mais, de facto, l’interdiction touchait les dégustations telles qu’on peut les faire dans les caves et lors des fêtes traditionnelles.

Les députés girondins étaient bien sûr en première ligne pour montrer qu’il s’agissait de deux problèmes radicalement différents. Je parle des députés girondins, en réalité seuls étaient présents les députés PS. Heureusement, il sont largement représentés dans notre département.

L’heure était tardive et de manière très malencontreuse, le Président de séance a décidé de réduire nos interventions de 5 minutes à 2 minutes. Pour ma part, je m’étais portée candidate pour laisser mon temps de parole à mes collègues de territoire directement viticoles. Mais non, la consigne a été de tous parler, en rang serré et à rythme soutenu.

Résultat : tout le monde a dû parler très vite. Venant presque en dernier, j’ai abrégé ce que je voulais dire, qui avait d’ailleurs été très bien exprimé par mes prédécesseurs girondins, mais j’ai attiré l’attention du Président sur le fait que ce « binge speaking », en toute hâte, allait bien mal avec ce que nous souhaitions soutenir : une tradition viti-vinicole multi-séculaire et une civilisation du vin qui est à l’inverse du « binge drinking » que nous condamnons.

Qu’est-ce en effet que le binge-drinking ? Je me permets de l’expliquer, pensant que les lecteurs du blog, comme son auteur, n’en sont pas coutumiers. C’est l’absorption rapide d’une grande quantité d’alcool fort, généralement d’un mélange d’alcools blancs avec prédominance de vodka. Le but du jeu, est d’obtenir une « cuite express », pour parvenir brutalement à un état quasi-comateux. On voit que le terme de « jeu » est d’ailleurs mal choisi et il arrive que « mort s’en suive » quand l’absorption a été trop importante, trop brutale et quelquefois accompagnée d’autres toxiques.

C’est un substitut de drogue, ou plutôt c’est bien affectivement une drogue. Le but recherché, le moyen, le risque sont les mêmes que pour les autres addictions chimiques. Le succès de ces pratiques vient de ce qu’il est plus facile de se procurer de la vodka que des drogues, moins cher, et il faut lutter contre ce nouveau drame avec tous moyens. Regrettons au passage, qu’à l’exception de l’alcool, aucune autre forme d’addiction ne soit envisagée dans la loi de mme Bachelot. C’est bien démontrer la force des lobbies qui sont derrière.

La culture du vin, telle que Bordeaux la représente et la promeut, est à l’opposé : consommation modérée, absorption lente, savourée avec des mets, recherche de partage et de convivialité. Les régions viti-vinicoles comme la nôtre ne sont pas des régions d’alcoolisme. Quant aux jeunes, ils consomment très peu de vin (moins de 5% de la consommation nationale). Avouons qu’ils ne « binge-drinkent » guère au château Margaux !

Je crois que nous avons bien soutenu le dossier : le gouvernement a présenté un amendement revu, faisant bien la part des choses et autorisant l’offre gratuite dans « les fêtes et foires traditionnelles » ainsi que lors des stages d’oenologie. Nous l’avons évidemment voté.

La bataille continue à partir de lundi 16 heures sur les autres articles sur le sujet.

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