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Je n’ai pas décoléré depuis cette nuit ; ce matin serait plus juste : la séance s’est terminée (à notre demande, la Ministre voulait poursuivre) à 3 heures 10 du matin. Avoir passé tant de temps, discuté tant d’amendements qui auraient dû s’imposer « sur l’ensemble de nos bancs » selon l’expression d’usage, nous avons assisté à une reculade en rase campagne ; cela fait lourdement douter du débat parlementaire.

Bilan concernant l’obésité : rien de chez rien. Les enfants vont pouvoir continuer à vider des sacs de chips devant la télé, et la télé continuer à leur en vanter les bienfaits. L’amendement Méhaignerie-Boyer, pourtant prudent au delà du raisonnable, si l’on peut oser cette expression paradoxale, a été penaudement retoqué (voir billet précédent). Sans Pierre Méhaignerie, auquel il tenait à coeur, il aurait d’ailleurs été retiré sans discussion.

Le comble a été qu’il serait passé aisément sans cette dérobade généralisée à l’exception d’un seul. Nous avions indiqué que nous le voterions sans exception, si les trois députés ump signataires n’avaient pas renié leur propre texte, il était accepté.

J’ai donné des exemples chiffrés de l’influence des pubs télés sur les goûts des enfants et les achats des parents. Cet amendement bien que trop prudent (il ne concernait pas les adolescents) constituait une vraie mesure de prévention. Eh bien, elle est passée par pertes et profits, sous prétexte d’une charte passée opportunément en février avec 4 « gros » de l’agro-alimentaire (dont Mac Do, qui n’a pas besoin de cela pour continuer à engraisser à la fois les jeunes et son bilan financier), tous les autres pourront continuer à remplir nos écrans de pizzas baveuses, d’acides gras trans convertis en pâtisseries collantes et autres barres chocolatées.

De la même manière, a été retoqué un amendement qui demandait que lors des visites de médecine scolaire, les enfants soient, une fois l’an, pesés et passés à la toise. Raison du refus : il ne faut pas stigmatiser les enfants qui ont tendance au surpoids ! ». Nous sommes en plein dans le principe « si non ne veut pas voir la fièvre, il faut casser le thermomêtre ». Les députés de gauche sont restés sidérés sur leur banc.

Un dernier exemple concernant un aspect très différent et non moins grave, de l’obésité. Beaucoup d’études montrent que la grande obésité est la PREMIERE cause de discrimination à l’embauche. Nous avons demandé à ce que la Halde « conduise des travaux d’études et de recherches sur les discriminations à l’égard des personnes obèses ». Révolutionnaire, n’est-il pas ? Et pourtant là aussi, refus. Motif : « j’ai rencontré le Président de la HALDE, il est tout à fait en accord avec mes préoccupations ». Mondain mais insuffisant. Quel inconvénient y avait-il à adopter cet amendement dont l’ambition était déjà trop modeste si tout le monde était d’accord sur son principe.

Le bilan de la longue soirée d’hier est donc le vote (à l’unanimité) de l’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux mineurs. Ceci sans autre mesure de prévention, sans politique d’éducation et d’information, sans aucune mesure à l’encontre des autres formes d’addiction. Un exemple supplémentaire de « la politique en kit » : on prend une pièce du puzzle, en sachant bien que si elle n’est pas encadrée d’une politique d’ensemble.

Résultats : les 15% de petits Aquitains en surpoids continueront à croître et prospérer.

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