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Ouverture de la journée de travail ce matin dans mon bureau de l’Assemblée. Fenêtre ouverte, « soleil par dessus le toit » comme dit le poête. J’ai la chance d’être entourée de silence : les bruits de Paris, roulements de voiture, klaxon, en ce moment une sirène d’ambulance, paraissent très loin , confus, et sont presque réconfortants.

La loi Hôpital qui nous a tenus plus d’un mois touche à sa fin, une grande partie des nuits comprise. Bilan : pas grand chose. Je veux dire, pas grande amélioration obtenue malgré des débats de qualité, très « pro », malgré une convergence initiale lors des commissions entre de nombreux députés de droite et de gauche. La Ministre « a mouillé sa chemise » me disait hier soir le Président de séance Rudy Salles : présente en totalité à chaque séance, prenant soin de répondre à toutes les interventions, avec beaucoup de courtoisie, le plus beau sourire de l’Assemblée, mais surtout beaucoup de sens politique. Dans le fond, elle n’a rien cédé, ni à la gauche, ni à la droite. Sur 2000 amendements en effets, 1500 venaient des rangs de la majorité. Beaucoup ont été retirés sur ordre, dont ceux de Bernard Debré, attaché lui aussi au service public hospitalier, les autres ont été « repoussés » ou « rejetés ».

La nuance entre les deux termes, introduite par le rapporteur Jean Marie Rolland, échappait même aux plus chevronnés d’entre nous. C’est finalement Rudy Salles qui, avec un certain humour, difficile à transcrire, a expliqué : « A vrai dire, il n’y en a aucune ». Puis après un moment d’intense réflexion a ajouté « on peut même dire que c’est pareil ».

Cette difficulté à transcrire m’incite à parler d’un malentendu dont je tiens à m’expliquer jusque dans ce blog. Je l’ai fait auprès des intéressés de vive voix et par mail, mais comme il peut survenir à nouveau sur n’importe quel sujet, je préfère l’éclairer tout de suite.

Lors de mes interventions sur le possible transfert des missions de service public au privé, j’ai souvent pris l’exemple de deux services de chirurgie particulièrement performants, rentables et dont l’activité constitue à Bordeaux un des pôles d’excellence de notre CHU.

Mon propos avait un double but :
– démontrer que dans les conditions proposées par la loi le directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé), s’il était mal intentionné, pouvait réduire les moyens d’un de ces services et l’amener ainsi à la « carence » . Il a pour cela tout pouvoir.
– Il a tout pouvoir également pour constater cette carence et décider de transférer ce service et cette mission au secteur privé.

Le compte-rendu des débats, dans l’une des interventions, laisse croire que j’ai dit qu’à Bordeaux, la chirurgie du rachis n’était plus pratiquée. Alzheimer aurait frappé très fort de me faire croire à cette absence car je collaborais régulièrement jusqu’à il y a quelques mois avec cette équipe pour le dramatique problème des métastases du rachis.

Volée de bois vert d’un des médecins de cette équipe ; j’ai été très peinée qu’il puisse croire que j’avais oublié à ce point la réalité de la vie hospitalière et je m’en suis expliquée auprès de lui comme auprès de son chef de service.

Pourquoi j’en parle ici ? Pour rétablir la vérité, bien sûr, mais aussi parce qu’à la lecture des compte-rendus, on s’aperçoit de la distance qu’il y a entre l’expression orale, vive, allant du couroux à l’humour, et ce que la prise en sténo retranscrit. La plupart de mes collègues écrivent leurs interventions et donnent le document au service de la séance pour être sûrs d’avoir une formulation parfaite et fidèle. Pour ma part, hors les questions d’actualité, je préfère la vivacité de l’expression directe, mais j’en ai découvert à cette occasion les limites.

Merci à ceux qui lisent les compte-rendus des débats de tenir compte de cette distance entre le réel et l’écrit, la formulation plate et les mille tonalités de la parole.

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