m

J’ai fait deux séjours en Algérie, dont le premier en solitaire sur les traces de Camus, les maisons qu’il avait habité, les lieux qu’il avait aimé et décrit … Ce qui m’a amené en Kabylie. On ne peut pas oublier le texte poignant « Misère de la Kabylie » qui est d’une grande force malgré le jeune âge de celui qui l’a écrit alors comme journaliste.

Si je n’utilise pas aujourd’hui ce titre, c’est évidemment parce que la situation est toute différente et que ce rappel pourrait blesser les Kabyles eux-mêmes, légitimement très fiers de leur identité.

Lors de mon séjour, deux amis de rencontre, l’un qui avait servi dans l’armée française pendant la 2ème guerre mondiale où il avait médaillé, l’autre qui avait participé aux « événements » comme Moudjahid. Tous les deux m’ont chaperonnés, me faisant par exemple découvrir des cachettes de Moudjahidin, en effet non identifiables par qui ne les connaissait pas, arpenter des chemins de fortune mais aussi visiter Tizi Ouzou, en insistant sur une grande librairie, remarquablement achalandée et où l’on trouvait toute l’oeuvre de Camus ** et la quasi totalité des journaux nationaux français. Accueil partout comme une visiteuse que l’on respectait et que l’on informait avec plaisir, je dirais même avec fierté.

Aujourd’hui, la Kabylie brûle et j’ai été frappée que le Gouvernement d’Alger refuse initialement l’aide française et j’ai cru percevoir (via des abonnés de twitter et des journalistes algériens en France) que les kabyles eux-mêmes le regrettaient tellement leurs besoins sont grands.

Aujourd’hui, heureusement l’envoi de deux canadairs a été officialisé et ils seront très utiles, tous les villages n’étant pas accessibles par route. Localement, des appels sont faits pour la venue de… vétérinaires. On ne comprend pas initialement que ce soit une priorité, mais la réponse est vite venue : une grande partie du cheptel, ressource majeure du pays, a été brûlée et l’enjeu est de soigner et sauver tous les animaux qui peuvent l’être…

Je pense à mes deux amis (de l’un, je ne sais rien, l’autre*, gros fumeur, est mort d’un cancer du poumon). Je pense à ce pays rude et fier où je ne retournerai sans doute jamais..

* Il est venu à Bordeaux et je lui ai fait rencontrer selon son souhait des amis qui avaient fait leur service militaire en Algérie pendant les événements, des pieds noirs … Des conversations passionnantes et passionnées, mais toujours très respectueuse et presque fraternelles ont eu lieu..)

** et aussi tous les livres des écrivains algériens en langue française

*** Mon 2 ème séjour a été pour me mêler à l’atmosphère incroyable de l’enterrement de Boumédienne. Je n’ai rien compris au discours du pdt Bouteflika mais la diction et le chant de la langue étaient remarquables de grandeur. J’avoue avoir obtenu de la direction d’alors de « Sud Ouest », une mission qui ne faisait pas de moi une porteuse de carte de presse mais qui m’a permis de nombreux contacts

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel