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Longtemps à Hossegor, je suis partie de relatif bon matin marcher le long de la côte, au plus près de la ligne blanche et écumeuse où le déferlement des vagues s’épuise. Magnétophone en main, je marchais sans effort, mue à la fois par la beauté des lieux et une réserve d’énergie qui s’écoulait naturellement au fil de la marche/promenade.

Je marchais pour écrire, j’écrivais parce que je marchais. Dans le vent certes et de nombreuses cassettes restent sans avoir été réécoutées et traduite en vraie écriture. Aujourd’hui, la marche n’est plus si aisée mais surtout le moteur énergétique s’épuise. Je m’assois sur le lit, fenêtre ouverte aux bruits comme au vent, ordinateur ouvert sur mes jambes repliées.

J’écris, certes, mais j’écris pour ne pas rien faire. L’écriture n’a ni but, ni projet, elle occupe les lignes pour ne pas laisser l’écran sans traces.

Dépression, vieillissement, épuisement de l’imaginaire, je ne sais. Les trois sans doute se rencontrent comme des complices qui attendaient leur heure.

Premier jour de grand beau pourtant. Le monde extérieur, vagues, cris d’enfants, lumière violente, rien n’a changé de ce que je retrouvais comme un décor fidèle que rien n’a jamais décoloré. La maison, reblanchie est au mieux de ce qu’elle a jamais été. Je n’ai pas violemment vieilli, comme après une maladie grave ou une épreuve insurmontable. Je sens seulement une sorte d’usure, d’indifférence à soi et aux autres, d’indéfinissable lassitude.

La blessure d’avant l’arrivée ici a sa part. La perspective d’une rentrée sans objet aussi. Aucun livre possible, capable de trouver un écho, ne se dessine. Tout est vague et vacant.

Comments 3 commentaires

  1. 12/08/2021 at 13:39 Monier

    Sentiment bizarre bien décrit, nous les vieux (bientôt 77) on a du mal à se motiver pour un projet, en trouver un, ce vague à l’âme me semble résulter de l’absence absolue de perspective avec ce truc dont on ne voit pas la fin et ces informations désespérantes sur les résistances opposées à la vaccination qui est notre seule arme et dont ils ne veulent pas convenir. Ne peut on opposer à cela le totalitarisme du virus qui lui ne fait pas de nuances ? La liberté des uns est bien coûteuse !..

  2. 13/08/2021 at 21:56 Catherine BURGHO

    Chère Michèle
    Ton texte est à la fois magnifique et très triste. Il m’a incité à lire d’une traite … » mais la vie continue… » de Bernard Pivot. Plein d’humour et de vivacité. Je t’embrasse très affectueusement.
    Catherine Burgho

  3. 08/10/2021 at 20:42 skakni

    madame Michele Delauney je vous ai rencontre a Quebec lors de la derniere election presidentiele . je suis encore emu que vous vous rappelez de mon poeme de nazim hikmet un poete turc. je voudrais bien echanger avec vous.

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