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Mon attirance pour l’Algérie avait une raison plus souterraine : la « guerre » que l’on n’osait nommer ainsi.

Pendant la presque totalité de cette guerre, nous vivions à Pau où mon père était Préfet, et je me souviens avec une très forte précision des coups de téléphone qu’il recevait quand un jeune appelé issu des « Basses Pyrénées » * avait été tué sur le terrain. Sa voix changeait, il demandait des précisions sur le lieu du drame, les circonstances… Cela marqua dans ma mémoire le nom des villes d’Algérie, voire des rues dAlger. Ces noms étaient évidemment exotiques à mes oreilles mais ils devinrent familiers*, la radio complétant la marque faite par les appels téléphoniques.

Mon père se faisait un devoir de téléphoner personnellement aux familles qui étaient parallèlement visitées par un militaire ou un officier de police (je ne sais plus) lequel bien évidemment se déplaçait au domicile de la famille.

Sur place quelques années plus tard, j’ai découvert que chacun des noms de ces « villahias » avaient changé tout en restant pour la quelques unes reconnaissables** et les dénominations nouvelles se superposèrent presque naturellement aux anciennes sans les effacer. L’Algérie a, depuis lors, conservé dans ma mémoire quelque chose de familier. Je n’y avais eu aucun parent ni ami, si ce n’est le nom de quelques préfets ou fonctionnaires qui avaient exercé dans ce pays du temps qu’il était français. A proximité de la fin des hostilités, il avait été question que mon père soit nommé à Alger. Cela n’a pas eu lieu, et si je ne peux dire que je l’aurais souhaité, cela ne m’était pas indifférent… A la place, il a été un peu plus tard nommé directeur général de la RTF (qui ne s’appelait pas encore ORTF) et l’Algérie a continué à être fortement présente puisqu’il y eût à ce moment le putsch d’Alger et l’information (ou la censure) sur le sujet ne constituaient pas une question légère…

*Bougie, Constantine, El Golea, Montebello, Duquesne… Avouons que beaucoup de ces noms étaient ceux de militaires français ou de lieux d’anciennes victoires, ce qui sonne aujourd’hui comme quelque peu malencontreux..

** Bougie, par exemple, est devenu Bejaia

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