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Nous sommes déjà le 28 et je n’ai encore rien fait. En outre cette espèce de poème qui me lancinait l’esprit maintenant s’éparpille et m’échappe. Je me réveille le matin, j’y pense et puis tout se dilue dans la pâleur blafarde de ces jours de pluie. Je peine, je peine pour regagner le chemin perdu, je crie au pied de la montée « Attendez ! Arrêtez ! Attendez! », mais les pages lentement s’effeuillent, très lentement il faut bien le reconnaître, mais elles ne se posent jamais. Jamais comme nous autres hommes. On s’arrête pour regarder autour de soi, pour allumer une cigarette, pour bavarder un peu. (..) Mais alors que nous sommes arrêtés sur le bord du chemin, rêvant à des choses étranges, les heures, les jours, les mois et les années nous rejoignent un à un et avec leur abominable lenteur, ils nous dépassent, disparaissent au coin de la rue, Et puis le matin, nous nous apercevons que nous sommes restés en arrière et nous nous lançons à leur poursuite.

A ce moment précis, pour parler simplement, finit la jeunesse.

Oui, je sais, nous ne sommes pas le 28 ou du moins je ne crois pas. Et pourtant il pleut, et surtout, c’est de peu d’importance. Les jours passent et depuis ce moment précis me saisissent de la même manière inquiète. Ces lignes que je sais à peu près par coeur, leur accélération finale, vertigineuse et leur conclusion, simple, linéaire comme un couperet, ont marqué ma vie depuis un âge que l’on pouvait considérer comme « jeune ».

Beaucoup les auront reconnues : Buzzati, 1950.

Comments 8 commentaires

  1. 27/01/2013 at 15:25 Peguy

    Merci pour cette humanité non polémique… La politique doit rester dans l’amélioration du « vivre ensemble » et laisser chacun vivre sa vie, ses passions, exprimer ses opinions et ses convictions en respectant les autres. Vivre entre ses parents le reste de son âge…

  2. 27/01/2013 at 17:24 FRedde

    Le livre le plus personnel de Buzzati. Il m’a frappée aussi

  3. 27/01/2013 at 20:01 Alain

    « A ce moment précis, pour parler simplement, finit la jeunesse. »

    A qui a conscience de ce moment précis (quelle qu’en soit la réalité, ou plutôt le ressenti), je conseille de ne surtout pas se retourner pour s’essouffler, à rebours de sa marche, à tenter de rattraper sa jeunesse par la chemise, mais de poursuivre son chemin à la recherche du nouveau, parce que c’est dans ce sens-là qu’il le retrouvera.

    • 28/01/2013 at 20:36 gfgautheron@aliceadsl.fr

      Il vous reste cinq ans…déjà un peu moins

  4. 28/01/2013 at 16:23 luce

    merci Alain de ce commentaire pertinent et encourageant…un petit coup de blues Michele? çà se comprend, la tâche est rude,et l’avenir que vous scrutez pour nous n’est pas rose….mais très utile…courage…

  5. 29/01/2013 at 20:28 sylvie

    Allez Madame Delaunay, courage !
    bientôt le festival de cannes !
    Vous en avez de la chance…

  6. 29/01/2013 at 21:39 sylvie

    Au fait, un slogan pour votre ministère ?

     » Yes we canne ! « 

  7. 04/02/2013 at 19:17 fan club

    blog inaccessible :

    Sie haben uns gefehlt Madame

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