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Rangs de salades et lampions de fête à neuneu

Dominique Santagne, président du port autonome, me faisait remarquer hier que ce n’est pas Bordeaux qui a été classé au patrimoine mondial mais « Bordeaux, port de la lune ». Tout est dit, et en particulier notre obligation d’oeuvrer pour la conservation et pour l’avenir de ce site.

Modeste aspect de cet engagement : la décoration des quais. On ne aujourd’hui peut qu’être affligés par les dernières acquisitions des urbanistes, parisiens sans doute, qui font leurs armes sur nos quais. Les lampions de fête à neuneu qu’ils viennent d’y installer distillent à travers la passoire de grandes boites de conserves métalliques des lumières alternativement mauvasses et verdâtres, sans rime ni raison que de détruire la belle harmonie de l’illumination des façades. Abracadabrantesque, dirait Chirac si quelconque avait encore envie de demander son avis.

Ceci pour la nuit. Le jour n’est guère meilleur : les rangs de salade qui sont supposés verdir les quais sont parfaitement incongrus dans cet espace fait pour accueillir des bateaux, ou au moins parler d’eux même quand il n’y en a guère. Quel crâne d’oeuf a fait ce choix jardinier dans un site fait pour évoquer l’aventure et le grand large ?

Je fais au contraire amende honorable concernant le « miroir d’eau » qu’un de mes amis appelait avant sa réalisation « la flaque à moustiques » . Il ne sert en rien de miroir tant la foule s’y presse et en mouvemente la surface. Les enfants courrent, les chiens jouent et s’ébrouent, les bordelais s’étendent nonchalamment sur son pourtour. Tout cela n’est peut-être pas follement hygiénique, mais c’est un lieu de bonheur et de détente, détourné de son objet et finalement très réussi.

Pour les rangs de tomate et les lampions, j’aurai beaucoup plus de mal à me laisser convaincre.

Nuage

Il fait déjà nuit. Août commence à avaler par longues gorgées vespérales notre temps de lumière. J’écris ce billet d’un ordinateur ami, émerveillée malgré tout que le blog soit toujours là, comme un vaste écran blanc que personne ne pourrait effacer ni dérober. Pendant ce temps mon ordi à moi est dans une maison inconnue, pour un destin inconnu, et je me sens presque coupable de le savoir si loin et sans moi. C’est une de mes faiblesses de considérer quelques objets comme des aide-à-vivre et de leur prêter une âme, enfin quelque chose qui y ressemble de très loin.

Journée bordelaise partagée entre plusieurs rendez-vous, l’aménagement du camp de base de mes bureaux parlementaires (20 rue Saint-Laurent) et une longue visite au Grand Parc où un curieux incendie nocturne a endommagé quatre magasins du centre commercial déjà bien malmené par une réhabilitation hâtive, médiocre, ni faite ni à faire, qui n’est d’ailleurs peut-être pas totalement étrangère au court-circuit qui semble à l’origine des dommages. Résultat : quatre boutiques fermées pour un temps indéterminé alors qu’elles essayaient de maintenir vie sociale, activité et bien sûr, commerce de proximité au coeur du quartier.

Avouons-le, j’ai comme un léger nuage de cafard dont je n’arriverai pas à sauver la tonalité de ce billet. Je l’interrompt pour mon remède habituel : faire des choses nécessaires, pas grandioses, mais qui au moins seront faites. A tout de suite. Peut-être.

Avis de détresse

Coup dur pour moi : mon ordinateur portable vient de m’être volé dans mon bureau de l’Assemblée Nationale. Cette honorable instituion est en émoi : il y a peu de bâtiments aussi contrôlés, bouclés, verrouillés que celui-ci. Les limiers de la République sont sur l’affaire, mais les chances de retrouver mon ordi sont malgré tout minces.

Je suis très triste car cet ordi et moi (un Mac Book pro, beau comme une Ferrari) nous nous aimions d’amour véritable et nous vivions des jours heureux. Mais il contient aussi des heures et des heures de travail, plein de fichiers et de groupes d’adresses tellement utiles.. je suis comme qui dirait catastrophée.

Bien sûr je vais acheter immédiatement un remplaçant, mais il ne contiendra ni vos adresses, ni tant de bonnes choses.

Puis-je demander à tous les amis du blog de m’adresser leurs coordonnées pour que je puisse les réenregistrer, soit en m’adressant un mail sur mon mail privé s’ils en ont l’adresse sur leur propre fichier, soit en passant par la rubrique « contact » de ce blog ?

Merci de votre aide.

Le ciel est par dessus le toit

Le soleil est entrain d’apparaître au dessus du mur blanc auquel mon bureau fait face. C’est un événement suffisamment important pour que j’ai envie de le partager. Un grand à plat de lumière barre maintenant le mur, comme dans un tableau de Nicolas de Staël. Il ne manque que quelques mouettes dehors, une falaise, l’objectif d’une caméra pour qu’un film étrange puisse commencer.

Je viens d’entendre les chiffres du chômage à la radio. « Le chômage n’a jamais été aussi bas depuis 25 ans » titrait Le Monde hier soir. Oui mais, ces chiffres et les méthodes de calcul qui y ont amené sont hautement contestés par les organisations internationales chargées d’établir des comparatifs, en particulier Eurstat. Oui mais, l’INSEE elle-même tord le nez et le gouvernement ne reconnait pas ses propres calculs.

Et surtout, le nombre de radiations administratives a augmenté de 4,2% en un seul mois. Et surtout une nouvellle méthode de réduction se met en place, la dissuasion à s’inscrire. Plusieurs de nos collègues députés rapportent des faits concordants issus de leur région. « Vous avez cinquante ans, vous n’avez pas de permis de conduire, totalement inutile de vous inscrire. Voyez ailleurs. » J’essairai d’interroger sur la situation bordelaise.

Pour une fois qu’il semblait y avoir une nouvelle favorable, elle est tout de suite contrecarrée. Le ciel pourtant est par dessus le toit, bien bleu comme un ciel grec.

31 juillet

Nicolas Sarkozy a si souvent célébré la mémoire de Jaurès pendant sa campagne (37 citations dans un seul discours..) que l’on aurait légitimement envisagé qu’en ce jour anniversaire de sa mort, il aurait demandé que l’on mît les drapeaux en berne au fronton des mairies. Que ne relit-il ce soir le volume des « Thibault » de Martin du Gard titré « juillet 14 » et le récit de la trainée de poudre qui, au propre et au figuré, a suivi son assassinat ?

Au lieu de cela, nous célébrons cet anniversaire en discutant de pied ferme d’un texte qui ouvre un coin dans le droit du travail et qui, plus gravement, sera inopérant. Le projet de loi intitulé « Dialogue social et continuité du service public dans les transports terrestres publics réguliers de voyageurs » ne va nullement régler les perturbatiions des transports : 2% seulement d’entre elles sont dues à des faits de grèves ; l’immense majorité à des problèmes d’insuffisance ou de vétusté du matériel, de manque de personnel…

Il ne va pas davantage instaurer un « service minimum », comme l’avait promis le candidat Sarkozy : le texte se borne à fixer aux collectivités de fixer des objectifs sans garantie qu’ils soient tenus.

Il comporte enfin un certain nombre de dispositions, comme la déclaration personnelle de se déclarer gréviste à l’employeur 48 heures avant le début du conflit, qui enfreignent le droit de grève. D’autres dispositions, complexes à analyser dans un court billet ont mis aujourd’hui les syndicats unitairement dans la rue. Peut-être est-ce ce long défilé dans toutes les rues de nos villes qui fera finallement souvenir du peuple descendant dans la rue à l’annonce de l’assassinat de Jaurès « Ils ont tué Jaurès ! »?

Aucune banderole pourtant, à ma connaissance, n’a porté trace de ce souvenir. La collusion des deux événements eût pourtant été signifiante.

Je m’aperçois en finissant d’écrire que nous sommes déjà le premier aout. La 29ème séance de cette XIIIème législature n’est pas encore achevée et va sans doute se prolonger encore tard dans la nuit. Le temps file si vite.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel