Rangs de salades et lampions de fête à neuneu
Dominique Santagne, président du port autonome, me faisait remarquer hier que ce n’est pas Bordeaux qui a été classé au patrimoine mondial mais « Bordeaux, port de la lune ». Tout est dit, et en particulier notre obligation d’oeuvrer pour la conservation et pour l’avenir de ce site.
Modeste aspect de cet engagement : la décoration des quais. On ne aujourd’hui peut qu’être affligés par les dernières acquisitions des urbanistes, parisiens sans doute, qui font leurs armes sur nos quais. Les lampions de fête à neuneu qu’ils viennent d’y installer distillent à travers la passoire de grandes boites de conserves métalliques des lumières alternativement mauvasses et verdâtres, sans rime ni raison que de détruire la belle harmonie de l’illumination des façades. Abracadabrantesque, dirait Chirac si quelconque avait encore envie de demander son avis.
Ceci pour la nuit. Le jour n’est guère meilleur : les rangs de salade qui sont supposés verdir les quais sont parfaitement incongrus dans cet espace fait pour accueillir des bateaux, ou au moins parler d’eux même quand il n’y en a guère. Quel crâne d’oeuf a fait ce choix jardinier dans un site fait pour évoquer l’aventure et le grand large ?
Je fais au contraire amende honorable concernant le « miroir d’eau » qu’un de mes amis appelait avant sa réalisation « la flaque à moustiques » . Il ne sert en rien de miroir tant la foule s’y presse et en mouvemente la surface. Les enfants courrent, les chiens jouent et s’ébrouent, les bordelais s’étendent nonchalamment sur son pourtour. Tout cela n’est peut-être pas follement hygiénique, mais c’est un lieu de bonheur et de détente, détourné de son objet et finalement très réussi.
Pour les rangs de tomate et les lampions, j’aurai beaucoup plus de mal à me laisser convaincre.