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Une ville qui sent le rousset

Bien sûr, c’est une blague, un petit jeu de mots pas méchant, au crépuscule d’un après-midi passé à bosser sur notre projet municipal et cette « envie de ville » qui nous anime un peu tous et que nous essayons de formaliser dans plein de groupes de travail très sérieux, avec obligation de rendre un document du même métal, dans les quinze jours à venir.

Envie de ville donc, envie d’une ville qui fait envie, envie d’une ville qui aide à vivre. C’est ce double moteur (« sexy », « solidaire ») que je trouve dans les contributions au groupe de travail que j’anime « Qualité de vie, santé sociale, santé durable, âge ». Pourquoi alors « une ville qui sent le rousset ? ». Parce que tout simplement, dans le domaine de la qualité de vie, du bien être, du grand large, de la mer et de la montagne à deux pas, comme dans tous les autres domaines, nous devons faire de Bordeaux la capitale de l’Aquitaine, région bénie entre toutes sur tous ces points. Ce qu’Alain Rousset fait de l’Aquitaine (« science, ski et surf »), nous le ferons de Bordeaux.

Bon, à vrai dire aussi, parce que le jeu de mot m’a amusée. Les mots sont le plus beau des jeux. Mais pas toujours le plus innocent..

Pouvoir d’achat (2) : Sarkozy ou le père noël qui choisit ses cheminées

L’intervention hier de Nicolas Sarkozy, précédée d’habiles coup-de-mentonnades sécuritaires, n’a apporté aucune éclaircie véritable à ce double échec politique : notre pays se paupérise, et cette paupérisation est supportée en premier lieu par les plus pauvres.

Notre pays se paupérise : la politique de retour à la croissance, ce « choc de confiance » dont Christine Lagarde a entouré la promotion de loi TEPA (« travail, emploi, pouvoir d’achat »), est un échec complet. Six mois après l’ « avènement » de Nicolas Sarkozy, mais aussi après 66 mois de pouvoir de la majorité qui le porte et de lui même comme ministre, tous les indices, tous les paramètres économiques sont au rouge. Non, ce n’est pas une fatalité de notre Europe. Ce n’est le cas, ni en Allemagne, ni en Espagne, nos plus proches voisins.

Cette paupérisation est supportée en premier lieu par les plus pauvres : les plus riches ont reçu au contraire dès le mois de juillet le paiement de leur soutien et de leur concours dans la campagne passée comme dans la campagne permanente qu’est devenue notre vie politique. Pour exemple : un chèque d’une valeur moyenne de 50 000 euros aux propriétaires des plus gros patrimoines au titre du bouclier fiscal. Ce chèque n’a attendu ni l’année suivante, ni la fin de l’année, alors que la modestissime revalorisation des petites retraites a été reportée à 2008.

Quand il s’agit du pouvoir d’achat de l’immense majorité des Français, Nicolas Sarkozy dit : « Je ne suis pas le père noêl ». Avec un peu d’esprit polémique, j’ajoute : « en tout cas, je connais mes cheminées ».

Quelles mesures donc ont été annoncées hier ?

Deux bonnes mesures, issues du programme socialiste (voir billet précédent), concernant toutes deux le logement : l’indexation du prix des loyers sur le coût de la vie, et non sur celui de la construction ; la réduction à un mois du loyer « d’avance » et la mutualisation de la caution.

Une mesure inexistante, ou plutôt qui existait déjà : la « monétisation » (voilà un mot affreux, qui évoque la monnaie, et même la petite monnaie, plus que le salaire) des heures de RTT ou du crédit d’heures. Médecin hospitalier, je pouvais déjà en bénéficier : soit accumuler ce crédit d’heures en prévision de la retraite, soit le « monétiser ». Les réactions des syndicalistes me montrent que c’était déjà le cas dans de nombreuses branches.

Une mesure incroyablement choquante, presque méprisante : le travail du dimanche. « Que vous plaignez vous, vous qui gagnez peu, qui ne pouvez finir le mois, et qui devez rogner sur les petits plaisirs de la vie, quand ce n’est pas sur l’essentiel !!! Vous pouvez non seulement faire des heures supplémentaires (pour ceux qui ont un boulot et un boulot qui le permet… soit quelques petits pour cent de ceux qui ont un problème de pouvoir d’achat), mais vous pouvez travailler le dimanche ! » . Merci, Nicolas, de rendre possible que si j’ai un boulot idiot dans la grande distribution (car c’est principalement de cela qu’il s’agit), je puisse, en plus, renoncer à voir mon gamin jouer au foot le dimanche, ou aller en famille faire une balade en vélo, ou faire une visite archéologique avec les amis de la société savante qui me passionne. Oui, vraiment, merci, Nicolas !

Je vais vous dire ce qui me choque plus que tout : à chaque intervention de Nicolas comme des députés UMP à l’Assemblée, un seul mot d’ordre : tous nos malheurs viennent des trente cinq heures. Si la France plonge, ce sont les trente cinq heures; si on a été battus au rugby, ce sont les 35 heures… Mais s’ils le pensent, que n’ont-ils le courage de les abolir au lieu de les utiliser comme alibi permanent ?

Je dis cela d’autant plus à l’aise que, médecin hospitalier, je n’ai jamais été une fanatique des 35 heures. Mais je suis par contre une fanatique du courage en politique. Ou les 35 heures ont apporté du positif et on le dit, ou elles sont synonymes d’enfer et damnation, et on les supprime au lieu de les utiliser comme paravent!

Tout à l’heure, ce samedi après-midi, j’étais dans le hall de l’Opéra (que j’appelle toujours le Grand Théâtre) à une manifestation de sensibilisation au VIH-Sida. Une femme, entre cinquante et soixante, séro-positive, est venue me parler. Elle vit avec 300 euros par mois. Les franchises médicales qui s’ajoutent à ses soins pour tout ce qui ne touche pas directement sa séro-positivité ont fini de ruiner son budget.

Décidément, elle n’a pas bien écouté Nicolas : que ne travaille-t-elle pas le dimanche ?

Pouvoir d’achat : les propositions socialistes (1)

Premier billet sur ce sujet essentiel : le pouvoir d’achat des Français.

Essentiel en effet. Se rendre compte que malgré ses efforts, malgré le fait que l’on travaille, on doit toujours restreindre son budget, limiter l’un ou l’autre poste d’achat, et bien souvent les petites choses qui font l’agrément de la vie, est une épreuve réelle et va à l’inverse de ce qu’avait promis le candidat Sarkozy lors de l’élection présidentielle : être le Président du pouvoir d’achat.

Hier, une personne de la rue, lucide, m’a fait la remarque : « Remarquons qu’il n’avait pas dit s’il s’agissait d’être le Président de la hausse ou de la chute du pouvoir d’achat ». Celui-là a compris. Il n’est pas le seul.

La droite prétend que ce n’est qu’une « impression » de baisse du pouvoir d’achat. Les chiffres sont malheureusement là : depuis deux mois la consommation des ménages a baissé chaque mois de deux points ; les dépenses « contraintes » (nourriture, logement, transports) représentent désormais 70% du revenu moyen. En dehors même des chiffres, toutes les conversations, tous les témoignages vont dans le même sens : l’un ne sort plus la voiture, l’autre ne chauffe plus toutes les pièces de sa maison, une autre s’interdit d’aller « en ville » et de regarder les boutiques ou les rayons modes des grands magasins car elle ne se permet désormais aucun achat dans ce domaine …

Les propositions des parlementaires socialistes ont fait l’objet d’une proposition de loi, présentée hier 29 novembre à l’Assemblée et rejetée de parti pris par la majorité sans que ses différents points soient même examinés.

Voici l’essentiel de ces propositions parlementaires ; la précision « parlementaire » est importante : elle signifie que ne figurent que des mesures d’ordre législatif. D’autres, comme la revalorisation des petites pensions, l’augmentation du SMIC ou la convocation d’une conférence salariale avec les partenaires sociaux sont d’ordre réglementaire.

– Majorer la Prime pour l’emploi de 50% dès 2007 Ce complément de revenu est perçu par 9 millions de contribuables modestes. La majoration proposée représenterait l’équivalent d’un treizième mois, dont on mesure combien il serait bienvenu. Notons au passage que le coût de cette mesure d’équité est six fois inférieur à celui du « paquet fiscal » voté en juillet.

– Conditionner les exonération de cotisation sociale octroyées aux entreprises à l’augmentation des salaires Notre groupe aborde ici un pan d’un sujet souvent abordé ici : la responsabilité sociale des entreprises et le conditionnement des aides publiques à des avancées sociales.

Dans le même sens : instaurer un malus sur les entreprises qui abusent du travail à temps partiel et des emplois précaires

– indexer les loyers sur le taux d’inflation (et non sur le coût de la construction) On verra que cette mesure, balayée d’un revers de main le matin, a été reprise le soir même dans le discours de Sarkozy)

– Créer un véritable chèque transport pour les salariés. Ce dispositif, financé par les entrerpises, est bâti sur le principe de la contribution des employeurs à la carte orange en Ile de France. Le « chèque » transport apparaîtra sur le bulletin de salaire . La contribution sera exonérée de cotisations sociales pour les entreprises et d’impôt sur le revenu pour les bénéficiaires; il sera financé par un prélèvement sur les profits des compagnies pétrolières.

Voici les messures essentielles de ce projet parlementaire. On verra que l’une d’elle a été reprise, comme s’il en était l’auteur, par Nicolas Sarkozy. Comme il a repris deux mesures en faveur des nouveaux locataires (un mois d’avance, service public de la caution) qui étaient présentes dans le programme de Ségolène Royal. Président « coucou » qui fait un peu de son nid dans le nôtre : tant mieux, cela au moins est favorable, mais que n’en rend-il la paternité aux socialistes !

Levy-Strauss ! Books or pants ?

Pour célébrer l’anniversaire de Claude Levy-Srauss (99 ans aujourd’hui), cette histoire qu’il raconte dans un de ses livres en louant la concision de la langue anglaise autant que le niveau culturel des serveurs aux Etats-Unis.

Il est à New-York dans le bar d’un hôtel et commande je ne sais quelle boisson. Au moment de régler l’addition, il présente sa carte bleue que le serveur examine :
– Levy-Strauss ! Books or pants ? (« Les livres ou les pantalons ? »)

Ce raccourci en effet fulgurant entre un de nos intellectuels les plus remarquables mais dont les livres ne se disputent pas sur les plages et le fabricant de blue-jeans m’a toujours beaucoup amusé.

Je m’en sers de prétexte pour parler de Claude, et lui souhaiter comme à l’écrivain Allemand Ernst Jünger, mort à 103 ans, d’écrire, de publier, de donner des interviews sans la moindre altération de son état de conscience et d’intelligence pendant beaucoup d’années encore.

Double vie…

Dans le train de nouveau, celui du retour de Paris, où j’atteris toujours un peu comme une bienheureuse après des journées remplies à ras bord. Trois heures devant moi avec dossiers et journaux, et bien sûr mon ordi, aussitôt déployé devant moi.

Moment de halte, malgré la vitesse qui en ce moment fait vibrer le train. Je ne rebranche pas le téléphone pour bien préserver la parenthèse entre vie parisienne et retour à Bordeaux. Je dis « vie parisienne », c’est un bien grand mot, je ne parviens jamais à sortir de l’Assemblée qui est un microcosme protégé, et certainement lui aussi un « ghetto » où parlementaires, assistants, personnel de l’Assemblée vivent au rythme des séances, des commissions et des groupes de travail. On marche à pas précipité dans les couloirs, échangeant sourires et signes de tête, tout le monde est toujours plus ou moins en retard pour arriver au point où à lieu sa réunion ou sa séance.

Mes assistantes, qui sont plutôt (heureusement) joyeuses et taquines parlent de « garde alternée » de la députée. Et comme les enfants en effet, je prépare mon cartable et mon gros sac avant de passer d’un domicile dans l’autre. Vaillament, comme les gamins.

Une vie un peu agitée au total, mais sans conteste pleine d’intérêt et que j’espère matérialiser positivement pour ceux qui m’en ont confié le mandat.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel