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Une vie riche et diverse comme un roman qui dure 107 ans

Madame DAURAT est née en 1908 et réside à la maison de retraite La Tour du Pin à Saint André de Cubzac.

Un âge aussi avancé suppose une grande volonté de combattre. Sa vie ne fait que le confirmer : femme engagée dès son jeune âge, Madame Daurat a été militante communiste puis résistante, travaillant avec son mari à des activités incroyablement innovantes. L’une a été en 1941 d’acheter et d’utiliser les bois brûlés des Landes (après un vaste incendie), d’obtenir un brevet pour la fabrication de gazogènes et d’utiliser ces pins comme bois de gazogènes. On imagine l’utilité de cette entreprise en temps de guerre.

Elle devient ensuite agent de liaison de la résistance, traversant en vélo la Gironde et les Landes avec son nourrisson à l’avant du vélo dans une caisse ovale où l’on rangeait les tomates. Quand le bébé a poussé, les planchettes situées à l’avant du cageot ont été coupées pour que l’enfant puisse y faire passer ses petites jambes. Sa maman a continué à pédaler de maquis en maquis, les messages cachés dans sa selle. Personne ne l’a jamais arrêtée.

Plus tard, Madame Daurat, désormais seule avec son petit garçon, reprend l’exploitation familiale et devient agricultrice dans une période de lourde concurrence avec les productions espagnoles et méditerranéennes. C’est d’abord à ce titre qu’au nom du Ministre Stephane le Foll, je lui ai remis le mérite agricole au sein même de la maison de retraite.

L’agriculture fut aussi élue municipale à Castillon, pour plusieurs mandats successifs affrontant les difficultés d’une vie d’exploitante.

Madame Daurat hier 19 février était dans son lit, physiquement très fatiguée. Quand je lui ai parlé de la reconnaissance de la République et de l’honneur que j’éprouvais à la décorer, elle s’est redressée dans son lit et m’a gratifiée de son lumineux sourire.

 

Le petit garçon est maintenant un homme de près de 75 ans, racontant à merveille l’histoire de sa maman et de son père militant et résistant qui devint sénateur en Belgique. J’ai accroché la médaille à son veston devant la quasi totalité des résidents et du personnel de cette EHPAD publique. Tous étaient très fiers de la distinction de Mme Daurat.

La Maire de St André de Cubzac Célia Monseigne a rendu hommage à la force et à la générosité qui se dégageait de cette EHPAD et de l’engagement du Directeur et des équipes.

Nous avons ensuite remis le diplôme et la médaille en petit comité à Mme Daurat, assise droite sur son lit, tenant dans ses mains le bouquet de fleurs que je lui avais apporté, la médaille elle même et le ruban tricolore qui accompagnait le tout. Fière et heureuse avec un regard lumineux qui accompagnera longtemps ceux qui l’entouraient.

« Terres de Jim »

Les agriculteurs ne constituent plus que 4% de la population française quand ils étaient 10 millions en 1945. Cette diminution de nombre ne signifie pas une perte d’importance en proportion de l’agriculture française.

Manuel Valls était aujourd’hui en visite à « terres de Jim », sorte de salon de l’agriculture en plein air, développé sur 300 ha, où avait lieu le championnat du monde de labour. L’événement a réuni 300 000 personnes en 4 jours, à St Jean d’Illac près de Bordeaux sous un soleil de plein été et dans une poussière collante à la peau.

La poussière tient à la qualité du sol, très sableux et choisi pour cela : il faisait partie des critères de ce championnat du monde. Les chemises blanches ne l’ont été que très brièvement, visages, bras et jambes ont gagné très rapidement en bronzage d’un gris poudreux et quelquefois empêché les prises de vue télévisées.

Comme une grande majorité de Français je suis d’origine paysanne et au contact dans ma vie médicale de ceux qu’on appelle maintenant « les ruraux ». J’en ai grandement apprécié les qualités où je retrouvais les valeurs portées par mes parents, au premier desquelles le travail. Commencer et finir sa journée à « pas d’heure » demeure une caractéristique de l’activité agricole, non soumise à des horaires hebdomadaires mais aux réalités des cultures.

Les jeunes agriculteurs à l’origine de cette manifestation ont exprimé avec brio sur l’estrade les plus marquantes de leurs difficultés et de leurs attentes, au premier rang desquelles l’accès au foncier, la simplification des normes et la concurrence des pays où justement existent beaucoup moins de règlements et de normes.

Nous serons bientôt 8 puis 9 milliards d’humains. La France et l’Europe doivent pouvoir compter sur une agriculture de qualité, suffisamment productive pour être rentable pour ceux qui s’y engagent, suffisamment responsable pour demeurer un atout pour le pays.

Ma circonscription de députée est sans aucun doute une des moins agricoles de France; elle est pourtant bien sûr concernée et les « AMAP » s’y développent dans tous les quartiers. L’engagement et le professionnalisme des jeunes agriculteurs est une raison d’espérer.

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel