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Cannabis, tabac, légaliser ou pas ?

Aujourd’hui, du tabac et du cannabis, lequel des deux produits légaliseriez-vous si vous en aviez le pouvoir ? Mais, zut, pour l’un, est-ce que ce n’est pas déjà fait ?

Question théorique donc mais qui DOIT être posée, alors qu’aujourd’hui les dégâts sanitaires du tabac sont universellement et unanimement établis, et que par ailleurs l’interrogation est de plus en plus fréquente sur l’opportunité d’une forme ou d’une autre de légalisation de la vente du cannabis. C’est aussi l’échec de nos politiques (la France est dans les deux cas le mauvais élève de l’Europe) qui impose de ne pas demeurer bras ballants et regard rivé au sol, sans réflexion ni réponse. On ne peut aujourd’hui examiner le dossier de l’un des deux produits sans obligatoirement s’interroger sur l’autre.

Une proposition de loi arrive en ce moment sur nos bureaux de l’Assemblée visant à un « usage encadré » et à une »légalisation contrôlée » du cannabis sous monopole d’Etat, c’est à dire s’apparentant à ce qui est aujourd’hui en France la vente du tabac. Après de nombreux articles de presse et une très belle étude du think tend terra nova, elle positionne une fois de plus cette interrogation dans l’actualité.

En ce qui concerne, le tabac, il y a en France et je crois partout un consensus : dans le contexte actuel (état des connaissances, enjeux politiques, coûts des dégâts humains et sanitaires du tabac), PERSONNE, NULLE PART, ne légaliserait le tabac. Ceux qui l’ont introduit dans nos sociétés seraient tenus pour des mafias dangereuses, motivées par de considérables intérêts financiers et des intentions politiques destructrices. Lors de la précédente législature, j’avais eu l’idée de demander un rapport en perspective d’une éventuelle légalisation du tabac. Peu avaient compris qu’il s’agissait d’un deuxième, voire troisième degré, n’ayant d’autre but que de démontrer que cette légalisation aurait relevé de la folie.

Ma réponse est donc claire : ni moi, ni personne ne légaliserait le tabac, ni dans l’absolu, ni par comparaison à n’importe quelle autre drogue.

Reste le cannabis. Après de nombreuses auditions faites sous la direction de l’ancien Ministre de l’intérieur Daniel Vaillant, j’en étais arrivée à m’interroger sérieusement sur l’intérêt d’un monopole d’Etat. Le coût de la pénalisation est considérable pour l’Etat, son résultat très peu efficace. Fallait-il évoluer ?

Entrant plus profondément dans les multiples arcanes expliquant notre manque coupable de courage concernant le tabac, j’ai radicalement évolué. Les retraits -et quelquefois les retraites en rase campagne- des gouvernements successifs, TTC (Toutes Tendances Confondues), devant le double lobby des multinationales du tabac et des buralistes n’ont pas mis longtemps à me convaincre que la situation serait pire encore en face des mafias de la drogue et des divers mouvements (intégristes, terroristes, djihadistes..) qu’elles alimentent. L’Etat serait alors menacé ou prisonnier de ces forces considérables, insaisissables et irrationnelles. Je ne suis plus, aujourd’hui, particulièrement aujourd’hui, favorable à aucune forme de légalisation du cannabis, pas plus que de toute autre drogue.

Je ne veux pas dire que le statu quo est le bon. Il faut en particulier étudier la possibilité d’un usage médical élargi. J’examine spécialement les publications scientifiques concernant l’usage antalgique et apaisant du cannabis chez les âgés. Combien de ces âgés (et/ou handicapés) n’éxercent pas d’activité physique tout simplement parce qu’ils souffrent, qu’ils sont confinés dans une prudence trop grande, un manque de confiance voire une crainte paralysante de sortir et de participer à la vie des autres ?

Je ne suis qu’au début de ce travail et pourtant j’ai déjà la conviction qu’il y a quelque chose à faire de ce côté. Dédramatiser l’usage thérapeutique du cannabis pour les adultes, déculpabiliser ceux qui osent en parler, voir le prescrire, en un mot, évoluer.

Parlons-en, discutons, réfléchissons sans tabou et en particulier en faisant tomber ce mur qui fait que fumer du tabac ne choque personne, pratiquer ou même parler de la consommation du cannabis fait lever un brouhaha irrationnel jetant les uns aux gémonies, portant les autres au pinacle de la modernité, alors qu’ils s’agit d’être rationnel toujours, scientifique le plus souvent et exempt de tout autre souci que la santé, le bien-être et l’autonomie des jeunes comme des vieux.

 

 

 

 

 

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