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Bordeaux, ville excluante, Gironde territoire souffrant

Monsieur le Maire, comme vous je pense que nous ne pouvons faire l’économie de réfléchir et de nous exprimer sur les événements survenus ces derniers samedis,

Je n’évoquerai que notre ville où elles ont été particulièrement destructrices, semant saccages, blessures  et barricades au cœur même de Bordeaux et réunissant ces derniers samedis plus de manifestants qu’à Paris. Ceci fait  de notre ville la première citée pour la mobilisation et les actes de violence après Paris.

Pourquoi Bordeaux, beaucoup plus que Lyon qui est restée paisible, Nantes … C’est une interrogation véritable et vous même vous etes posé la question.

Certes Bordeaux est une ville excluante, par le prix du foncier et des loyers d’abord, par le coût de la mobilité, qu’il s’agisse du stationnement et des parkings. J’étais vendredi dernier dans le service de soins palliatifs de l’hôpital Saint Andre. Une famille visitant un malade mesurait le temps de sa visite en heures de parkings et de ce fait l’a abrégé. Il s’agissait d’une famille rurale, sans doute modeste : cela fait mal à qui l’entend, mal certainement davantage à qui est obligé à ce calcul. Certes, celui ci ne peut éprouver qu’un sourd ressentiment envers la capitale de sa région.

Un deuxième exemple est le coût du logement** pour les étudiants venus de l’ensemble de la région. Nous savons que cela est un frein pour tous ceux issus des zones rurales ou des petites villes qui ne peuvent compter sur une aide substantielle de leur famille. A Bordeaux au coût s’ajoute la rareté, et ceci pousse les étudiants soit à renoncer soit à se rabattre sur des villes moyennes pour poursuivre leurs études. Ce caractère dissuasif fait naitre chez eux un ressentissement envers la capitale de leur région

Ce n’est sans doute pas seulement les coûts qui entrent en jeu. Nous avons tous en mémoire le titre d’un film de Charlie Chaplin « les lumières de la ville ». Nous ne pretons pas suffisamment attention au luxe qui s’étale dans les manifestations de la cité du vin ou de nombreux événements. La distance entre cette richesse concentrée et les rues et places d’une petite ville, où de modestes magasins ferment les uns après les autres et où les seules panneaux publicitaires sont des panneaux « à vendre » est si considérable qu’elle en devient douloureuse. A force de passer pour une ville attractive, Bordeaux finit par paraître comme un eldorado pour touristes, à mille lieues du réel quotidien d’une majorité de Girondins et d’Aquitains.

Mes paroles ne sont pas des paroles d’opposante. Dans les difficultés, l’unité doit toujours l’emporter. Nous cherchons à comprendre et à savoir.

(j’ajoute aujourd’hui 2 janvier 2018: un Maire ancien premier Ministre, très souvent évoqué dans la presse, élu dans cette ville depuis un quart de siècle, constitue-t-il un facteur contribuant à faire de Bordeaux un épicentre de la contestation ? Je n’ai pas de réponse mais il est vrai que nous sommes très loin du renouvellement qu’à connu Nantes avec Johanna Roland ou des initiatives économiques de Lyon pour son territoire. Tous nous devons essayer de mieux comprendre)

 

  • * Ce texte fait partie d’une de mes interventions au Conseil Municipal de Bordeaux le 17 dec 2018; Alain Juppé n’a pas eu de mots assez durs à son égard, concluant que « j’abaissais le débat ». Qu’on en juge
  • ** les chiffres publiés le 23 décembre 2018 le confirment : augmentation cette année de 13,6 % des prix à la vente dans l’ancien, et moyenne du prix au M2 de 4,400 euros

 

Intervention en Conseil municipal du 17 décembre 2018

Monsieur le Maire, comme vous je pense que nous ne pouvons faire l’économie de réfléchir et de nous exprimer sur les événements survenus ces derniers dix jours

Tout d’abord les manifestations violentes de ces deux derniers samedis. Je n’évoquerai que notre ville où elles ont été particulièrement destructrices, semant saccages, blessures  et barricades au cœur meme de Bordeaux et réunissant ce dernier samedi plus de manifestants qu’à Paris. Ceci fait  de notre ville la première citée pour la mobilisation et les actes de violence après Paris.

Pourquoi Bordeaux, beaucoup plus que Lyon qui est restée paisible, Nantes … C’est une interrogation véritable et vous même vous etes posé la question.

Certes Bordeaux est une ville excluante, par le prix du foncier et des loyers d’abord, par le coût de la mobilité, qu’il s’agisse du stationnement et des parkings. J’étais vendredi dernier dans le service de soins palliatifs de l’hôpital Saint Andre. Une famille visitant un malade mesurait le temps de sa visite en heures de parkings et de ce fait l’a abrégé. Il s’agissait d’une famille rurale, sans doute modeste : cela fait mal à qui l’entend, mal certainement davantage à qui est obligé à ce calcul. Certes, celui ci ne peut éprouver qu’un sourd ressentiment envers la capitale de sa région.

Un deuxième exemple est le coût du logement pour les étudiants venus de l’ensemble de la région. Nous savons que cela est un frein pour tous ceux issus des zones rurales ou des petites villes qui ne peuvent compter sur une aide substantielle de leur famille. A Bordeaux au coût s’ajoute la rareté, et ceci pousse les étudiants soit à renoncer soit à se rabattre sur des villes moyennes pour poursuivre leurs études. Ce caractère dissuasif fait naitre chez eux un ressentissement envers la capitale de leur région

Ce n’est sans doute pas seulement les coûts qui entrent en jeu. Nous avons tous en mémoire le titre d’un film de Charlie Chaplin « les lumières de la ville ». Nous ne pretons pas suffisamment attention au luxe qui s’étale dans les manifestations de la cité du vin ou de nombreux événements. La distance entre cette richesse concentrée et les rues et places d’une petite ville, où de modestes magasins ferment les uns après les autres et où les seules panneaux publicitaires sont des panneaux « à vendre » est si considérable qu’elle en devient douloureuse. A force de passer pour une ville attractive, Bordeaux finit par paraître comme un eldorado pour touristes, à mille lieues du réel quotidien d’une majorité d’aquitains

Mes paroles ne sont pas des paroles d’opposante. Dans les difficultés, l’unité doit toujours l’emporter. Nous cherchons seulement à comprendre.

Je  tiens aussi à évoquer le 2 ème drame qu’a subi notre région : la trahison de Ford à l’égard des salariés comme des pouvoirs publics. Vous évoquez poliment, trop poliment la possibilité d’une nouvelle démarche avec des industriels que nous pouvons tous, unanimement qualifier de voyous. Vous avez ce matin avec les présidents de grandes collectivités de notre région exprimant que la dérobade de Ford était une insulte pour nos territoires.  Mais c’est aussi une insulte aux pouvoirs publics eux-mêmes qui ont investi 25 millions dans l’appui à cette entreprise et j’aurais aimé entendre que ceux ci ne resterons pas sans réaction.

Ford se retire de la France, la France doit se retire de Ford.N’est ce pas un devoir après la fermeture du dernier site industriel de Ford dans les conditions misérables que nous venons de connaitre, d’en tirer les conséquences en annulant toutes les commandes publiques à cette entreprise et aussi, dans les limites légales, de demander remboursement au maximum des 25 millions investis.

Je crois moi aussi qu’il faut savoir être en colère. Cette colère n’a de sens que quand elle est animée par l’intérêt collectif. Il s’agit ici de retrouver la maitrise de notre destin national.

 

NB : Le Maire de Bordeaux dénature régulièrement mes propos et les noie dans la dérision ou le mépris. Ceci m’oblige à écrire mes interventions et à les lire pour ne pas en déborder, ce que je déteste, la parole libre m’étant tellement plus naturelle. Il a affirmé cette fois que cette intervention « abaissait le débat »  citant des paroles que je n’avais pas prononcées. Cette attitude m’est devenue insupportable. Elle est indigne d’un homme d’Etat et je ne peux plus demeurer sans l’exprimer.

 

Stationnement à Bordeaux : intervention en conseil municipal 26-02-2018

« Il n’est pas de l’intention de notre groupe* de dénier tant soit peu  l’importance des enjeux environnementaux d’une métropole et en particulier l’objectif d’y réduire l’usage de la voiture. Au contraire nous y souscrivons. Pas davantage nous ne pensons qu’il est facile de parvenir à des solutions équilibrées, mais nous rejettons la méthode brutale, insoucieuse de vos propres engagements de campagne en 2014**  comme de la moindre concertation, que vous appliquez sur la question du stationnement. Aucune préoccupation de l’impact sur le travail et l’emploi à Bordeaux, aucune préoccupation sociale ou simplement humaine, aucune prise en compte des caractéristiques des quartiers en matière de densité urbaine et d’installations publiques. Nous sommes précédemment intervenus à plusieurs reprises sur ces sujets et ceci ,sans effet. Il faut la colère de deux quartiers considérés comme « bien votants »*** et traditionnellement favorisés par vos politiques pour retenir votre attention. A Bordeaux sud comme à la Bastide, vous avez ignoré l’expression populaire

Impact en effet sur l’emploi et en particulier sur les ménages bordelais comportant au moins deux actifs. Et comme d’habitude, dans la pratique, c’est souvent le travail des femmes et leur usage de la voiture, qui est le plus pénalisé. Soyons concrets, nous demandons que ces ménages disposent de deux macarons s’ils n’ont aucune facilité personnelle de stationnement (garage, cour..) et j’y ajoute personnellement un macaron gratuit si le 2ème véhicule est électrique

Impact sur l’emploi des professionnels dont l’activité leur impose des déplacements en des lieux multiples chaque jour et je suis tombée de ma chaise en découvrant que les médecins en cabinet de groupe ne disposaient que d’un macaron par adresse professionnelle ! Résultat : ils renoncent aux visites à domicile.

Après plusieurs de mes interventions, chiffrées, vous avez accordé la disposition d’un macaron pour les aides à domicile agrémentées qui ont de multiples postes de travail et dont il n’était pas supportable de penser qu’elles mettaient dans l’horodateur une part non négligeable de leur smic horaire. Mais qu’en est il de tous les autres salariés relevant de particuliers employeurs qui aujourd’hui sont contraints d ‘abandonner leurs « heures » auprès de ceux qui résident en centre ville.

Impact sur l’emploi à Bordeaux des travailleurs métropolitains : un exemple concret d’une habitante de la périphérie, exilée avec sa famille par le prix du foncier : 2 et demi pour venir travailler en transport en commun, trois quarts d’heure à une heure en voiture, y compris en déposant ses enfants à l’école. Que choisiriez vous M le Maire ?

Injustice aussi pour les artisans dont le siège est hors Bordeaux, ce qui est le cas le plus fréquent car leurs locaux demandent une surface que le centre ville ne leur permet plus. Pourquoi un charpentier de Bègles ou un maçon de Mérignac devrait il payer une facture de stationnement très lourde en venant travailler à Bordeaux, facture qu’il répercuterait sur ses clients et qui le défavoriserait par rapport à un homologue bordelais

Impact sur l’artisanat et le commerce bordelais. Je sais vous me répondrez régulièrement « le commerce ne s’est jamais aussi bien porté ». C’est faux : nombre d’enseignes ferment au bénéfice des supermarchés qui offrent une heure et demi gratuite et du commerce en ligne. Nombre de Bordelais en effet renoncent à aller faire leurs emplettes en ville.

Impact social et surtout injustice sociale très lourde. Quinze euros par mois dans un quartier politique de la ville, c’est trois repas, l’expression est de ma collègue emmanuelle ajon, parce que c’est qu’on nous dit à la Benauge ou au Grand parc. Même chose sur une petite retraite qui voit en ce moment ses modestes revenus attaqués de toutes parts.

Impact humain, sur les âgés qui ne viennent plus en ville alors que les sorties et les déplacements sont pour eux un outil contre l’isolement et le déclin cognitif. Pour les personnes en suivi thérapeutique ou en traitement qui doivent interrompre les consultations pour aller nourrir le paramètre,  qui payent un lourd forfait de dépassement d’horaire si la chimiothérapie n’est pas terminée… Et finissent pas renoncer à utiliser leur véhicule et commandent un transport médical qui sera facturé à la sécurité sociale dix fois le prix de la consultation.

Injustice d’un territoire à l’autre.la généralisation se fait sans analyse et sans réflexion. Les territoires sont différents autant en densité urbaine qu’en densité –et souvent en absence- d’équipements collectifs. C’est irréaliste de dire : au dessus de 2 heures de stationnement, il faut stationner en parking souterrain, mais savez vous bien qu’il y a de nombreux quartiers qui n’en disposent pas ? Et pourtant l’amende de dépassement des 2 heures de stationnement en surface est la meme et elle n’est pas financierement accessible à la majorité des portefeuilles bordelais

Alors, il faut rebattre les cartes avec les Bordelais qui aujourd’hui rejettent le jeu tout entier parce qu’ils perçoivent aujourd’hui que l’enjeu est aujourd’hui financier bien plus qu’environnemental et ils rejettent cet impôt supplémentaire.

Rebattre les cartes et élargir la table au niveau métropolitain, pour les habitants comme pour les territoires. je l’ai dit, un plombier de Bègles, un couvreur de Mérignac, ou un maçon lormontais doivent pouvoir venir travailler à Bordeaux, comme bien sûr l’inverse. Rebattre les cartes en s’instruisant de la cartographie d’usage qu’objective le stationnement payant. Et pendant cette période de concertation, un moratoire tout de suite sur la réduction à 17 euros de l’amende de la troisième heure »

* le groupe des élus socialistes au nom duquel je parlais (c’est pour bien rester dans le cadre dont nous avions convenu que j’ai écrit et lu mon intervention, ce qui me permet de la reproduire)

** le candidat Alain Juppé avait promis des parkings de proximité dans les quartiers, il n’en a fait aucun ; il avait annoncé le stationnement résidentiel payant uniquement à l’intérieur des cours : il l’a généralisé

*** Saint Augustin et Cauderan

 

 

 

 

 

 

 

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