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Du commerce du dimanche et de l’apôtre Luc

C’est devant deux parlementaires ump que nous menons ce matin bataille contre le travail du dimanche. Ils n’étaient guère plus nombreux hier lors de la séance de nuit qui s’est terminée à une heure du matin.

Le sérieux des débats n’en est pas moins grand, de notre part au moins. Jean-François Copée a réclamé hier « un vrai débat » lors d’une courte intervention pour s’éclipser peu après et ne plus revenir. Même chose pour Xavier Bertrand qui nous a exhorté à un « débat serein » –ce qu’il était- mais malheureusement, juste arrivé et aussitôt parti, il n’a pu il venait d’arriver et il est reparti aussitôt.

Pourquoi cette désertion ? Une partie de la droite est incontestablement très mal à l’aise ; et tout particulièrement les 56 qui, en décembre, avaient signé dans la presse une tribune pour exposer leur refus du texte. Ils ont été rappelé à l’ordre (une seule tête au dessus de dos courbés), mais se rendent bien compte que la nouvelle version n’est en rien plus bénigne.

Un des deux vaillants présents (le député Jacques Rémiller) est entrain de s’exprimer, je devrais dire de se contorsionner, pour expliquer que le principe du repos dominical persiste et que c’est seulement la pratique que la loi altère !…

Voilà qui fait une belle jambe, si j’ose m’exprimer ainsi, à toutes les femmes qui vont travailler sans en avoir le choix pour vendre des crèmes solaires, des calicots médiocres, des jouets fabriqués en Chine et des vélos au Vietnam, pendant que leurs enfants regarderont la télé dans un appartement trop exigu.

Car ce sont très majoritairement des femmes qui vont travailler le dimanche. Des femmes à salaire médiocre, souvent à temps partiel, qui n’auront d’autres choix que de vendre, ou de tenter de le faire, des produits toujours plus médiocres.

Car, il est probable que la consommation augmente un peu, mais sa qualité fléchira encore car le pouvoir d’achat, lui, n’augmentera pas d’un centime d’euro.

Nous allons, chaque jour un peu plus, au contraire du nouveau modèle de société dont tout le monde comprend la nécessité, ne serait-ce qu’en traversant les rayons de chiffons, objets médiocres, destinés à un usage d’un jour, fabriqués à vil prix, transportés sur de longue distance, que l’on solde et que l’on jette pour les remplacer par d’autres et recommencer, nourrir sans fin cette machine avillissante.

Le deuxième vaillant orateur, l’honorable député Jean Bardet, qui est à l’UMP ce que le nez de Cyrano est à celui de Cléopatre, s’exprime maintenant. A défaut d’argument, il cite l’évangile de Luc « si ton fils ou ton bœuf tombe dans un puits le jour de shabbath, sort le du puits malgré le shabbath ».

Irréfutable !

La seule légère difficulté, c’est qu’aujourd’hui, c’est la société toute entière que le puits engouffre, et il n’y aura bientôt plus grand monde sur la margelle pour l’en sortir.

Intervention sur le travail le dimanche, hier soir dans l’Hémicycle

Il y a une sorte de non sens, une incohérence parfaite à prétendre avoir compris les enjeux écologiques et le message des Français lors du scrutin européen et à s’arc-bouter, avec une impatience infantile de parvenir à ses fins, sur l’extension du commerce du dimanche.

Car, et je veux commencer par là, c’est bien d’ouvrir les commerces qu’il s’agit, et cette confusion implicite entre le travail et l’acte de vendre ou d’acheter est pour beaucoup d’entre nous une première raison de gêne, de malaise, voire même de révolte, car travailler et vendre, travailler et commercer, ne sont pas synonymes…pour l’instant, mais nous sommes sans doute en bonne voie pour y parvenir.

Je reviens à ce non sens dont je voudrais vous faire partager le refus. Nous entendons dans l’atmosphère de mercato de ces dernières semaines que le ministère de l’écologie va être renforcé, que l’on nous prépare quelque nouvel éclat. Monsieur Borloo lui même nous dit qu’il veut donner à son ministère un caractère social et sociétal, pour tout dire qu’il veut qu’il soit un ministère du développement durable, mais alors comment réagit-il en Cnseil des ministres ? S’il devait voter, voterait-il ce texte ?

Nous entendons de la bouche de tous ceux qui pensent un peu que nous devons revenir à une société moins matérialiste, moins consommatrice, qui promeut des valeurs d’équilibre, de culture, de liens entre les personnes.

Et ici une fois encore nous faisons le contraire.

Tout dans ce qui définit le développement durable est contradictoire à ce texte :

1- Le développent durable, permettez-moi de la citer en premier lieu, c’est d’abord la santé durable ; c’est une culture de prévention, une culture de la santé comme instrument d’autonomie.

Le Président de la République lui-même affirmait le 18 septembre dernier qu’il voulait passer d’une culture curative à une culture de la prévention.

Nous faisons avec ce texte exactement le contraire. Selon l’Agence européenne, la probabilité que surviennent des problèmes de maladie ou d’absentéisme est 1,3 fois plus grande dans les entreprises où l’on travaille le samedi ou le dimanche que dans les entreprises fermées le week-end.

Le travail du dimanche qu’il soit occasionnel ou permanent est tout simplement contre -productif. Les études chronobiologiques montrent qu’il va à l’encontre du cycle régulier qui fait alterner activité et repos.

2- C’est l’inéluctable augmentation du travail subi, du travail que l’on ne fait pas sien.

D’abord parce que le volontariat que vous évoquez est un leurre.

Qui dans la période que nous connaissons actuellement,

Qui sous la pression d’une grande enseigne,

Qui pourra dire qu’il refuse de travailler le dimanche ?

Ensuite parce que vendre à des gens qui sont eux-mêmes en congé n’aide pas à faire sien un travail. La gratification morale du travail soignant n’existe pas ici.

3 – C’est l’inéluctable mort à terme du commerce de proximité et du commerce indépendant.

Un emploi créé en grande surface, c’est trois emplois supprimés dans le petit commerce.

C’est la mise à mal de l’ensemble du secteur associatif, culturel, sportif.

4- C’est une dépense environnementale inutile

Ce sont des voitures sur les routes, des magasins que l’on éclaire, que l’on chauffe un jour de plus par semaine.

5- Enfin, c’est un manque absolu de bon sens qui est malgré son air un peu vieux jeu, la base de l’écologie.

Augmentera-t-on d’un euro le pouvoir d’achat ?

Consommera-t-on plus et surtout consommera-t-on mieux ?

6- Et puis c’est aussi une escroquerie quand tous les maires pourront déclarer leur commune touristique

Quand il y aura deux régimes de salaires?

M. le Ministre, je vous interroge sur le rôle du politique aujourd’hui :

Est-il donc de modifier la loi en réaction à des situations illégales pour qu’elles deviennent légales, et de mettre ainsi le doigt dans un

engrenage infernal,

n’est-il pas plutôt de proposer une organisation de la société en fonction du bien commun ?

Le bien commun n’est-il pas celui du plus grand nombre, celui des familles, celui des enfants ?

Le progrès n’est-il pas l’augmentation du nombre d’emplois et des salaires plutôt que du nombre de jours travaillés par salarié ?

Cette proposition de loi, c’est, contre les salariés, la technique toujours inefficace de l’appât empoisonné et de la sanction pour qui le refuse.

Aujourd’hui entendez les Français et retirez ce texte.

Il s’agit là de bon sens, simplement de bon sens.

Travail du dimanche : rebelotte, en pire

Obstination et déloyauté au menu des jours à venir à l’Assemblée. Début, ce matin même.

Le travail du dimanche (en réalité, le commerce du dimanche) est de retour. Là aussi, les intérêts financiers évoqués dans le billet précédent, sont pressants. Pas ceux des Français, ceux-ci ne gagneront pas un centime d’euro dans l’affaire, mais ceux des grandes enseignes qui depuis des mois ouvrent leurs magasins à l’encontre de la loi. Il est de ce point de vue éloquent que l’obstiné rapporteur du texte, Richard Maillé, soit le député du territoire de Plan de Campagne. Richard Maillé, et avec lui l’UMP, est pressé de légaliser l’illégalité.

Déloyauté parce que le texte que l’on nous présente aujourd’hui comme « technique », « a minima », sans péril ni gravité, est en réalité plus lourd de danger potentiels que les trois versions qui l’ont précédé, dont la dernière, piteusement retirée en décembre dernier.

Premier de ces dangers, le périmètre d’applicationde l’extension d’autorisation d’ouverture des commerces aux « zones et communes touristiques » sans autre forme de définition. Mauvaise chance, en commission, notre groupe a essayé d’en savoir plus. S’agissait-il des « communes touristiques » au sens du code du travail (500 communes) ou au sens du code du tourisme (3500 communes et potentiellement, 6000 qui satisfont aux critères) ?

Au passage, ces 6000 communes, correspondent à la moitié de la population de la France, car les plus grosses –dont Paris- y sont incluses.

Deuxième danger, à la fois lié au précédent et plus grave encore. Dans ces zones touristiques, l’ouverture du dimanche est de droit. Ce qui signifie en clair : sans aucune contrepartie pour les salariés (repos compensateur, doublement des salaires) et sans l’obligation du volontariat.

Ainsi, si ce texte est voté, dans toutes les communes touristiques, tous les commerces pourront ouvrir tous les dimanches sans aucun bénéfice pour leurs salariés et sans qu’ils aient besoin d’être volontaires.

Voilà pourquoi, nous avons demandé le temps global maximum de débat, correspondant à des textes d’intérêt exceptionnel, et nous sommes en nombre décidés à une résistance maximale en face d’une droite à la fois divisée mais sévèrement tenue par le Président de la République (qui a convoqué « ses députés » aujourd’hui même à 13 h pour un dernier resserement de boulons).

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel