Lieux de prière : proposition de Michèle Delaunay au Maire de Bordeaux
L’installation de lieux de prières est dans notre ville, comme dans beaucoup d’autres, à l’origine de difficultés et de tensions. Ces lieux de prière constituent une exigence légitime pour toutes les religions et leur installation doit se faire dans le strict respect de la loi sur la laïcité de 1905.
Des solutions doivent être trouvées, allant dans le sens de la compréhension mutuelle et respectant les droits de chacun. C’est dans cette perspective que Michèle Delaunay propose au Maire de Bordeaux la mise à disposition de locaux indépendants et à distance des zones d’habitat dense, pour les religions ne disposant pas de lieux d’exercice de leur culte.
Ci-dessous la proposition de Michèle Delaunay au Maire de Bordeaux.
Brève de camp’
Logement : les chiffres sont têtus
Treize mille demandes de logement conventionné en 2011, 3 ans d’attente, et Bordeaux scotché autour de 15% de logement sociaux alors que le minimum légal est de 20%.
Ces chiffres résument la gravité du problème dans notre ville. S’y ajoute la mauvaise répartition de ces logements sociaux aggravant la ghettoisation croissante des quartiers.
Nous en parlerons ce soir à la maison cantonale de La Bastide avec Jean Yves le Bouillonec, responsable du pôle logement dans l’équipe de François Hollande.
Jean Yves fait partie de ces députés qui m’ont rendue fière, en arrivant à l’Assemblée, de faire partie de ces élus. D’une incroyable compétence, ne parlant jamais pour ne rien dire, gros travailleur, il n’est pas dans le groupe des stars de la politique. Et si c’était une preuve de grande qualité ?
Des lieux de culte pour tous
La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, dite loi sur la laïcité, « ne reconnait ne subventionne et ne salarie aucun culte ». Si l’on entend bien le mot « reconnaitre », saluons la perfection de la formulation.
Plus grande encore la perfection de « mais elle assure la liberté de conscience et garantit le libre éxercice des cultes ».
10 décembre 1905. Cent sept ans et pas une ride. Hollande a raison de vouloir en inscrire les termes dans la Constitution.
Cette perfection, et justement parce qu’elle est telle, ouvre la porte à des développements. Rien n’interdit à cet Etat séparé de l’Eglise et des églises de mettre à leur disposition des lieux de culte afin d’en garantir le libre exercice.
Le drame pascal de Stains me sert d’autorisation pour exprimer ce dont l’expérience bordelaise depuis un certain nombre d’années m’a convaincue : la nécessité de lieux de culte qui ne soient ni improvisés, ni sources de tensions de voisinage, moins encore de dangers pour ceux qui les fréquentent.
Cette conviction vient en compléter une autre, d’un tout autre ordre on en conviendra, et que j’ai à plusieurs reprises exprimée dans ce blog : si Dieu existe, c’est sûr qu’il est unique. Je le vois mal le disputer avec un de ses collègues pour le bénéfice d’un bout de terrain ici ou là, ou tout autre sujet concernant les choses de ce bas monde.
Aristide Briand devait bien être de mon avis et rien dans sa loi n’empêche les communes de mettre à disposition des religions qui n’en ont pas, des lieux qu’ils pourront utiliser pour leur culte. Des lieux indépendants des centres commerciaux (les Bordelais du Grand Parc suivront mon regard), non attenants à des habitations privées denses (ce sont cette fois les Bastidiens qui me comprennent), suffisamment spacieux et répondant à toutes les normes de sécurité nécessaires.
Rien à ma connaissance n’interdit à nos grandes religions d’éxercer leur culte dans un lieu qui ne leur soit pas exclusivement dédié. Toutes prônent la suprématie des biens de l’esprit (au sens le plus large de ce beau mot) sur les biens matériels et nul de leurs fidèles n’a besoin de décors fastueux pour prier. Mais d’un décor paisible, décent, digne, propice au rassemblement comme au recueillement, si.
Autre preuve de la bénévolence du Dieu qui « anime » (sens étymologique) ces religions : pour l’essentiel, leur jour de grande prière n’est pas le même : vendredi pour les musulmans, samedi pour les juifs, dimanche pour les chrétiens. Voilà un argument supplémentaire pour la deuxième des convictions exposées en début de ce billet : un Dieu si prévoyant ne peut être qu’unique.
Il y a bien quelques jours de grandes fêtes où les offices risqueront de se superposer. Comme à la nourriture des oiseaux du ciel, l’intelligence (qui est une des parts de divin dont l’homme peut se targuer) y pourvoira.
Il en faudra en effet pour organiser, apaiser, expliquer, faire comprendre. Mais cela me parait fondamentalement possible et propre à aider à se connaitre et à se comprendre. Tout vaut mieux que des planchers qui s’effondrent sur des fillettes exprimant leur foi en chantant, qu’installer la tension dans des quartiers, condamner à des lieux sinistres l’exercice de la spiritualité et tant d’autres aléas qui font douter de tout, même de l’humain.