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Comment peut-on nommer à la tête de la MILDT (Mission Interministérielle de la Lutte contre la Drogue et les Toxicomanies) un homme qui n’a que des certitudes et parle comme un Caporal-chef ?

Pardon pour les caporaux-chefs et sous-chefs : ils ne méritent pas la comparaison. Pour tout dire le mot allemand de « feldwebel » m’était spontanément venu, mais me mettre 81 millions d’Allemands à dos d’un coup d’un seul était au dessus de mes forces.

Je reviens à l’instant de l’Assemblée après plusieurs auditions de la mission parlementaire d’étude des toxicomanies dont je fais partie. Mission deux fois mixte : gauche et droite, sénateurs et députés confondus.

Trois orateurs ce soir, dont le premier, Etienne Apaire, évoqué dans les premières lignes de ce billet. Etienne Apaire est le « Chef », j’emploie intentionnellement ce mot, de la MILDT, il représente le Gouvernement, le Gouvernement qui décide de la lutte contre les drogues et les toxicomanies. Rompez !

C’est un député de droite qui a eu cette formule « Monsieur le Président de la MILDT, je vous admire de n’avoir que des certitudes. Je travaille sur la question de la drogue depuis trente ans, et je n’en ai aucune ».

J’avais été beaucoup plus incisive. Argumentant contre sa condamnation ferme et définitive des salles d’injections protégées, contre le budget consacré à la prévention (10% du budget toxicomanies !), contre sa condamnation des experts de l’INSERM, à l’origine d’un rapport qui est une méta-analyse de la littérature scientifique sur le sujet (« ils n’y connaissent rien »). Heureusement, Etienne Apaire sait et connait, le Gouvernement décide. Circulez, y’a rien à voir.

A gauche comme à droite, nous avons été scotchés sur nos chaises, hésitant presque à auditionner après lui les experts de l’OEDT (Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies), venus pour nous de Lisbonne où siège cet organisme de l’Union européenne.

Il m’arrive d’avoir peur. En sommes-nous là ? Si proches de la fedwebelisation de la décision politique ? De l’extermination du doute, de l’inquiétude, de la recherche, de la réflexion ? Considérant comme nul et non avenu l’avis des scientifiques et des opérateurs de terrain ?

Le Chef a dit « Pas de salles d’injections protégées expérimentales dans les villes se portant candidates ». Le Chef a dit, point final. Il n’y en aura pas.

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