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J’ai gagné mon pari : ressusciter Chaban !

Chaban. Pas n’importe lequel, celui de la « Nouvelle société » et du Grand Parc, le grand Chaban des années 60-70.

J’avais parié, j’ai gagné. Celui dont ordre avait été donné, depuis 95, de ne pas même prononcer le nom a aujourd’hui deux photos sur le « programme » d’Anne-Marie Cazalet, une vitrine dans la librairie de la conseillère municipale Constance Mollat. Bref, il revit ! Alain Juppé lui-même, dans un des documents n’est désigné que comme « le successeur de Chaban ».

J’ai fait ce pari le jour où j’ai proposé à la communauté enseignante du collège du Grand Parc le nom de Jacques Chaban Delmas qui est à l’origine de ce quartier. J’ai seulement proposé, avec bien sûr l’autorisation de Philippe Madrelle et de Micheline Chaban Delmas (un peu lasse, avouons-le, des noms de stade). Les enseignants travaillent sur le projet qui est en parfaite harmonie avec l’identité du collège : divers, novateur et avec une forte option sportive.

Résultat : celui qu’une omerta municipale condamnait au silence pour ne pas faire ombre au réveilleur auto-déclaré de belle endormie a bientôt retrouvé des couleurs. On lui attribuerait sous peu une plaque de rue au Grand Parc que cela ne m’étonnerait guère. Je dirais même que je l’attendais au programme de ma concurrente. Allez,camarades ump, encore un effort ! Ca va venir !

Comme on voit, les campagnes électorales ont (heureusement) leurs moments de détente.

Grand Parc-Jardin Public privé de débat démocratique

Notre canton, qui n’est pas tout à fait dénué d’enjeux pour l’ensemble des Bordelais, sera donc le seul privé de débat d’avant-premier tour.

La candidate ump a refusé de débattre avec la Conseillère générale sortante. J’allais dire : elle est la seule de son espèce, mais ce n’est pas tout à fait vrai puisque le canton de Pujols est soumis au même régime. Les 29 autres auront droit à un débat démocratique entre le sortant et son premier concurrent qui est dans la quasi totalité des cas un candidat ump, du fait de l’accord imposé par Alain Juppé au Modem et au nouveau centre.

TV7 a ainsi programmé les 27 débats d’ici le 20 mars. Nous, n’aurons pas droit à cette confrontation démocratique capable d’éveiller l’intérêt pour ce scrutin et surtout d’instruire les électeurs sur les programmes respectifs des candidats.

Etrange. Si tous les candidats ump avaient refusé, on comprendrait les raisons avancées. Mais une seule, on est en droit de s’interroger.

Rue de la Sardine

Cette rue est à la fois le titre et le décor d’un roman peu connu de John Steinbeck. On ne le sait pas assez, mais un peu de ce décor et de cette rue existe dans le canton Grand Parc-Jardin public dont j’ai l’honneur d’être l’élue. Et l’ambition de le rester.

Rencontre charmante et forte tout à la fois, il y a une heure dans ce canton. Je sonne à la porte d’une vieille dame. A vrai dire, je ne savais pas encore qu’il y avait derrière cette sonnette une vielle dame, et cette porte ne ressemblait pas vraiment à une porte.

C’était une porte de garage, gentiment peinte, bien que de manière un peu artisanale. Une vieille, vieille dame, apparait, sortant d’une toute petite issue contigüe à la porte de garage.

Elle me prie d’entrer, je reste selon l’usage juste sur le pas de cette toute petite porte qui ouvre sur un univers, tout petit lui aussi, mais émouvant de confort, de chaleur humaine et de bon goût.

Le garage a été transformé par la main de fée de la vieille dame en un microscopique appartement. On ne dirait même pas un « studio » mais sa petite soeur, la studette. Cuisine à la dimension d’une plaque de gaz et d’un petit four électrique, canapé-lit douillet recouvert d’un grand châle, petite table faite d’une caisse renversée bien peinte, petite lumière d’ambiance ne risquant pas d’aggraver le réchauffement climatique.

La vieille dame ne m’a pas pour autant parlé de décoration. Pas davantage parlé d’elle-même, non plus que de santé dont je partirai sans rien savoir (ce qui est rare) mais de la situation de notre pays.

Cette vieille dame n’est d’accord avec rien de « ce qui se passe ». Disons plutôt, avec pas grand chose, juste comme moi. Elle s’inquiète, elle ne comprend pas les gens qui ne se bougent pas, qui ne vont pas voir leurs voisins pour leur expliquer, qui ne font pas quelque chose pour que ça aille mieux à leur niveau, qui sont « enclins au déclin » (cette fois, la formule est de moi). Bref, elle a la contestation active en même temps que chaleureuse.

Les lecteurs de Steinbeck comprendront. Dans la rue de la Sardine, une femme, beaucoup plus jeune et accorte, a transformé un vieille citerne en un appartement de rêve, où tous les rêveurs de la rue de la Sardine viennent trouver des forces pour refaire le monde.

Et ma foi, ils en refont tout un morceau : la rue de la Sardine.

Elections cantonales : d’abord un message de liberté

C’est aussi un message de liberté que porte notre campagne cantonale.

Voilà la quatrième campagne « uninominale » qu’il m’est donné de faire. Pour les oublieux du fond de la classe, les campagnes uninominales (un seul pimpin et, éventuellement son suppléant) s’opposent aux scrutins de liste où l’on vote, non pour une personne, mais pour une liste (municipale, régionale, européenne…). Cette campagne est la première où je ressens, presque physiquement, que l’inapparent est plus important que l’apparent.

Elire une conseillère générale de gauche, c’est desserrer la main mise municipale qui s’alourdit sur notre ville. Soixante quatre ans de pouvoir ininterrompu ne sont jamais bien bons pour une ville mais, hors de cela, tous les signes nous montrent qu’à Bordeaux comme au plan national, les contre-pouvoirs ne sont pas les bienvenus ; les réseaux, les connivences d’intérêt gagnent en force et en poids.

Le découpage des « quartiers » selon le strict ordonnancement des cantons en a été une première preuve. Pour certains « quartiers » comme le 4ième qui s’étend du fleuve jusqu’à Merignac comme un longue écharpe, il défie la raison : il n’y a entre les quartiers déroulés le long de cette écharpe aucune cohérence, aucun lien, que le lien électoraliste de coller aux cantons et de les flanquer d’un « Maire » qui n’est en réalité qu’un adjoint au Maire (il n’y a de « Maires » autre que LE Maire que dans les villes comportant des arrondissements) susceptible de mettre tout son monde en fichiers et en ordre de marche.

Hors de ce signe évident, il n’y en a que trop d’autres. Je fais des permanences d’élue dans quatre lieux différents à Bordeaux. Nombreux sont ceux qui habitant au Grand Parc ou à Saint Augustin, téléphonent à ma permanence personnelle: « Nous préférons venir vous voir là, car à la mairie de quartier, Monsieur David (pour St Aug’) ou Mme Cazalet (pour le Grand Parc) risquerait de nous voir… »

De même dans mes soutiens. Tel ou tel qui appartient à une association, à un groupe ayant quelque lien que ce soit avec la Mairie (subvention, contact, aide quelconque..) me dit: : « Je ne viendrai pas personnellement sur le terrain pour ne pas risquer d’être reconnu, mais j’enverrai ma femme (ou mon fils, ma belle soeur)… »

Elire une conseillère générale de droite (bien qu’elle fasse profil très, très bas de ce point de vue), c’est se priver de ce champ de liberté, de capacité de proposition, de critique, d’aiguillon qui doit être la base de toute démocratie. C’est aussi se priver de l’efficacité de cet aiguillon pour faire sortir des tiroirs les dossiers négligés depuis des années. Nous l’avons montré dans notre canton avec la réouverture de la piscine qui n’aurait jamais eu lieu sans l’élection de 2004. Nous le montrerons de même avec la salle des fêtes, abandonnée aux tags et aux friches depuis 20 ans.

Plus que jamais, à Bordeaux comme dans tout notre pays, cette démocratie – « le plus mauvais système à l’exception de tous les autres » – doit être défendue bec et ongles, et surtout bulletin de vote en mains.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel