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Flop !

Ou les Bordelais sont en plein accord avec Clemenceau (« la tolérance, il y a des maisons pour ça ! »), ou ils sont plus intelligents encore et soucieux de perpétuer Montaigne et Montesquieu que ne l’espérait le Maire de Bordeaux : le fait est qu’ils ont boudé « le grand rassemblement pour la tolérance » où les invitait Alain Juppé.

Je viens de voir les images de ce monumental événement : un large éventail de conseillers municipaux et autres élus ump, quelques affidés, quelques obligés, et comme l’a dit TV7 « quelques anonymes », au total un maigre bouquet de 150 personnes (chiffre de l’AFP).

Rien, ni pluie, ni orage, pour expliquer cette absence d’affluence qui n’avait d’égale que les plus ratés de nos « parrainages républicains » dans le même lieu. Une comédienne (et sans doute sa famille, pour grossir les rangs) lisant l’introduction de la déclaration des droits de l’homme, les cameras incapables de trouver un plan faisant effet de masse, et le soleil au dessus, rond et rieur, qui avait l’air de déclamer du Valéry :

« Midi le juste (…)
Beau ciel, vrai ciel, regarde moi qui change
Après tant d’orgueil… »

Tant d’orgueil, si peu de courage et de capacité à s’interroger sur sa responsabilité.

Si le rassemblement n’a pas été silencieux comme annoncé, il a été pire : la consécration de l’omerta politique de la majorité à Bordeaux.

Au secours, Mauriac, reviens !

Lourdement plombé par l’affaire Saint Eloi – Saint Projet mais sans en dire un mot, Alain Juppé invite les Bordelais à un rassemblement pour « la tolérance » et « contre les propos haineux ». Il oublie seulement de s’interroger sur sa responsabilité d’avoir favorisé l’installation et le développement des extrémismes dans notre ville en dévoluant à une communauté intégriste, contre 3 décisions de justice, une église qui les concentre aujourd’hui.

Il convoque Montaigne et Montesquieu en soutien à son invitation. Sans doute, ces deux-là s’en passeraient-ils bien. Montaigne, avouons-le pourtant, tout Maire de Bordeaux qu’il fut , n’a pas brillé non plus pour son sens de la responsabilité, lui qui a fui sa ville victime de la peste.

Parmi les 3M bordelais, Alain Juppé oublie prudemment Mauriac. Ce grand et authentique chrétien a plus à dire pourtant que les deux autres. L’essayiste, le journaliste et le citoyen engagé qu’il était ont condamné avec courage et clartté, à toutes les périodes de notre histoire récente, les extrémismes, les positions pleutres et l’hypocrisie.

Classement 2010 députés : Michèle Delaunay 67ème sur 577

Pour la 2ème année consécutive, le site Internet lesinfos.com publie un classement des Députés en fonction de leur activité et leur assiduité.

Comme en 2009, Michèle Delaunay se situe en tête des députés UMP et socialistes de la Gironde et au niveau national, en 67ème place sur 577 députés. Elle progresse de 31 places par rapport à 2009 et son écart avec Noël Mamère se réduit à 11 places.

Le classement 2010 ne prend pas en compte le nombre de questions écrites comme en 2009, non plus que d’autres indicateurs de l’activité parlementaire. En complément d’information, voici donc quelques chiffres sur le bilan de Michèle Delaunay au 19 mai 2010 :

– 2 220 amendements déposés

– 186 questions écrites au Gouvernement (contre 103 dans le classement 2009)

– 3 questions orales au Gouvernement

– 64 propositions de loi cosignées

Classement 2010 disponible sur :

==> Le site des infos.com

==> Le site de nosdeputes.fr

Politique de contrôle de l’immigration clandestine : brouillonne, dangereuse, mal ciblée

Je sors attristée et inquiète d’une longue, très longue audition des représentants d’un syndicat de police.

Nous préparons à l’Assemblée un prochain débat autour d’un projet de loi « Immigration, intégration et nationalité » présenté par Eric Besson. Autant dire qu’il nous faut beaucoup travailler pour, au delà des positions de principe, pouvoir argumenter techniquement, sans faire d’erreurs, sans charger ceux qui ne doivent pas l’être.

Je ne sais par où commencer : tout, dans ce que nous avons appris, mériterait développement. Ces policiers que nous avons écouté et interrogé sont les premiers opposants à la politique du chiffre, sensée faire état de « résultats » mais en réalité rendant illusoire tout travail à long terme. L’impératif de devoir rendre compte régulièrement d’un nombre de reconduites à la frontière et expulsions de toutes variétés rend impossible de mener à bien ce qui serait le plus utile : remonter les filières des passeurs et -je prends leurs termes- aller jusqu’aux « gros bonnets ». Tout cela nécessiterait du temps mais éviterait qu’une branche de la filière étant identifiée et coupée, une autre se remette aussitôt en place, utilisant d’autres réseaux, la falsification de papiers différents et en réalité déplaçant le problème sans affaiblir la filière en question.

Car c’est bien là qu’est la question : l’organisation quasi-professionnelle de l’immigration clandestine et non pas les immigrés eux-mêmes, bien souvent voués à un sort aussi inhumain qu’ils passent ou qu’ils ne passent pas nos frontières.

Beaucoup, en particulier à Roissy entrent avec un vrai passeport, celui de personnes du pays d’origine auxquelles ils ressemblent grossièrement, ici en rajoutant une moustache, là en prenant quelques kilos. Une fois franchie les contrôles, les passeurs reprennent les passeports, et se font payer en plus du prix initial en mois ou en années de travail servile. Et les mêmes passeports servent à une autre « livraison » dans un autre pays.

Les policiers ont grandement insisté sur l’insuffisance de leur formation : 15 jours pour avoir quelques rudiments des « sécurités » des divers passeports européens, quelques notions pour identifier les visas des pays d’origine, aucune notion de droit, aucune remise à jour en fonction des évolutions des politiques nationales et internationales (quels pays imposent des visas ?..). Ils ont aussi regretté que les corps de police ne reconnaissent aucune spécialisation et ne leur accorde aucune valeur indicière. Tel qui avait réussi à acquérir de bonnes connaissances sur le terrain difficile et spécialisé du contrôle des frontières se voit proposer une mutation dans un champ complètement différent sans que son expertise soit prise en compte.

Deux points encore, que je n’imaginais même pas. A Roissy, à la gare du nord, les policiers travaillent sous l’autorité de fait des « partenaires » : Air France dans le premier cas, Euro star et la SNCF dans le second. L’impératif est que les voyageurs d’Air France puissent prendre leurs communications et ceux de d’Euro Star puissent arriver à heure dite à Londres. Ils ont ainsi une heure ou deux pour examiner à la chaîne les documents et les visages de deux, trois, quatre mille voyageurs. Un coup d’oeil rapide sur les uns et sur les autres et on passe au suivant : les impératifs économiques l’emportent toujours sur ceux des policiers.

Le deuxième, plus grave encore : l’absence de vraie coopération européenne. Les policiers italiens ou espagnols viennent au coup par coup contrôler à Paris ceux dont ils pensent qu’ils vont arriver chez eux (par exemple les Boliviens qui se dirigent ensuite sur l’Espagne). Les Français ne se déplacent jamais pour des raisons de restriction budgétaire et insuffisance d’éffectifs. Aussi en raison d’une gestion aberrante des ressources humaines. Un de nos interlocuteurs, bilingue maternel hispano-portugais, en plus du Français, n’a jamais contrôlé que des trains belges…

Je n’ai pas épuisé tous les points de cette audition. Tous en tout cas démontrent les méfaits d’une politique brouillonne qui, sous prétexte d’affichage et de résultats, néglige le travail de fond à l’encontre des filières de passeurs, souvent plus lucratives que celles de la drogue, quand elles n’y sont pas mélées.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel