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Villiers-le-bel, Cergy, Ermont, Goussainville… Comment ne comprend-on pas que la question essentielle est la ghettoisation de notre société et de notre pays. Ghettos de pauvres, ghettos d’étrangers, ghettos de sans-emploi, et là-bas, plus loin, quelque part, ghettos de riches, « hauts-quartiers », codes d’accès, au propre et au figuré…

Je n’ai jamais compris pourquoi les gosses des banlieues n’allaient pas casser à Neuilly, plutôt que d’attaquer leur école, leur bibliothèque, la voiture de leurs parents. Mais c’est une autre histoire.

La première réponse aux problèmes des banlieues, c’est celle-là : arrêter de mettre de l’habitat social là où il n’y a que cela, créer des emplois sur tout le territoire et ne pas laisser s’élargir comme des flaques d’huile prêtes à s’enflammer la périphérie des grandes villes.

Un autre problème, et je suis sidérée de ne pas en entendre parler, c’est la drogue. Volonté (louable) de ne pas stigmatiser ? Crainte ? Sentiment d’impuissance ? Le fait est qu’on n’évoque pas son rôle à la fois dans la crise fondamentale des banlieues et dans leur capacité d’embrasement soudain.

On glisse quelque fois le mot « économie souterraine », sans dire même laquelle. Cette économie souterraine, ce sont les dealers, et d’abord ceux qui fournissent la drogue aux quartiers et qui embauchent des gamins pour la revendre et pour « contaminer » toute leur génération. Ces dealers vivent de la désespérance, de la vulnérabilité, de l’inactivité des enfants des banlieues. Ils n’ont aucunement intéret à ce que leur situation soit meilleure. Le malheur et la haine sont leur fond de commerce : la drogue les entretient et les démultiplie.

Le rôle de la drogue dans l’éclatement des violences est également évident. Tous les psychiatres, et en particulier ceux qui s’occupent d’enfants et d’adolescents, le savent et le disent sans être entendus : la consommation de drogue éxacerbe cette « perte de contrôle » qui est sans doute la marque de notre temps et génère la quasi-totalité des actes de violence des jeunes.

Nous avons bien sûr débattu hier à l’Assemblée des événements de Villiers le bel. La violence a changé de nature. Ce n’est plus un grand jeu vidéo, mais la volonté de tuer que les policiers ont rencontré. Il y a un niveau de désordre, dans les groupes comme dans la tête des individus, que n’atteint plus aucun résonnement.

Notre groupe a insisté sur deux points
-ouvrir tout de suite une enquête judiciaire sur la mort des deux jeunes gens
-remettre en place une police de proximité
Je reviendrai sur ces points.

Comments 18 commentaires

  1. 28/11/2007 at 13:56 Gérard ELOI

    Bonjour Michèle,

    Comme toujours, ton analyse est remarquable et complète.

    Et je crois que peu de personnes avant toi avaient pensé au rapprochement "drogue-violence".

    J’ai parlé il y a quelques mois dans mes billets blogs "d’une violence qui est quelquefois celle du désespoir". Et le désespoir de toute une génération paraît soigneusement entretenu par le pouvoir en place.

    Tu accuses, avec clairvoyance et raison, la drogue. Comment lutter contre ce fléau envahissant ?

    D’abord, il faut comprendre : se droguent ceux qui n’ont comme vision d’avenir qu’un horizon bouché. Et ils tombent dans ce sinistre échappatoire artificiel à une époque où le sarkozysme a confirmé depuis six mois sa politique de "prendre aux pauvres pour donner aux riches" (derniers exemples : les franchises médicales, puis l’abrogation de l’exonération de la taxe TV pour les plus de 65 ans).

    Ensuite, il faut savoir pourquoi, à une époque où les RG sont aussi compétitifs que la CIA (cf. la récente campagne présidentielle), on n’arrive pas à éradiquer ce fléau, simplement en arrêtant tous les dealers. "Tolérance zéro", qu’il avait dit…Sauf pour la drogue, si utile à abrutir le pauvre peuple ?

    A moins que cette "économie souterraine" soit nécessaire à une certaine mafia protégée par la CIA…et donc par nos RG, qui en sont si proches ?

    A moins que les efforts de la police doivent se consacrer exclusivement à la traque aux Etrangers, de manière à aider les préfets débordés à atteindre leurs précieux quotas d’expulsions ?

    Sinistres hypothèses, et trame d’un bien sombre roman…Mais qui pourrait écrire un roman optimiste à l’heure actuelle ?

    Amicalement

    GE

  2. 28/11/2007 at 13:56 Gérard ELOI

    Bonjour Michèle,

    Comme toujours, ton analyse est remarquable et complète.

    Et je crois que peu de personnes avant toi avaient pensé au rapprochement "drogue-violence".

    J’ai parlé il y a quelques mois dans mes billets blogs "d’une violence qui est quelquefois celle du désespoir". Et le désespoir de toute une génération paraît soigneusement entretenu par le pouvoir en place.

    Tu accuses, avec clairvoyance et raison, la drogue. Comment lutter contre ce fléau envahissant ?

    D’abord, il faut comprendre : se droguent ceux qui n’ont comme vision d’avenir qu’un horizon bouché. Et ils tombent dans ce sinistre échappatoire artificiel à une époque où le sarkozysme a confirmé depuis six mois sa politique de "prendre aux pauvres pour donner aux riches" (derniers exemples : les franchises médicales, puis l’abrogation de l’exonération de la taxe TV pour les plus de 65 ans).

    Ensuite, il faut savoir pourquoi, à une époque où les RG sont aussi compétitifs que la CIA (cf. la récente campagne présidentielle), on n’arrive pas à éradiquer ce fléau, simplement en arrêtant tous les dealers. "Tolérance zéro", qu’il avait dit…Sauf pour la drogue, si utile à abrutir le pauvre peuple ?

    A moins que cette "économie souterraine" soit nécessaire à une certaine mafia protégée par la CIA…et donc par nos RG, qui en sont si proches ?

    A moins que les efforts de la police doivent se consacrer exclusivement à la traque aux Etrangers, de manière à aider les préfets débordés à atteindre leurs précieux quotas d’expulsions ?

    Sinistres hypothèses, et trame d’un bien sombre roman…Mais qui pourrait écrire un roman optimiste à l’heure actuelle ?

    Amicalement

    GE

  3. 28/11/2007 at 14:12 NR

    ll ne faut pas négliger un aspect bien connu de l’Afghanistan ou de la Colombie: là-bas planter pavot ou coca servant à produire de la drogue, juste pour gagner sa vie, est la seule solution pour des millions de paysans. Dans nos banlieues beaucoup de jeunes ont recours à la vente de la drogue pour la même raison: ils n’ont pas d’autres ressources. Aussi longtemps qu’on n’offre pas à ces paysans et à ces jeunes d’autres possibilités pour gagner correctement leur vie, cela continuera. Que la drogue est "mauvaise" (beaucoup de ces jeunes dealers des banlieues n’en consomment pas du tout) – c’est pas leur problème; elle est leur gagne-pain.

  4. 28/11/2007 at 14:36 Charlotte

    Merci à la femme politique et au médecin que vous êtes de parler de cette question de fond qui est pudiquement ou hypocritement toujours évacuée. Les rondes de police dans ces quartiers avaient en vue – si on lit bien entre les lignes – justement trafic de drogue et – nouveauté à cette échelle – trafic d’armes. L’accident des malheureux gamins, et malheureusement qui n’a pas eu l’occasion d’échapper in extremis à un tel accident causé par ces petites mopettes que l’on ne voit guère et qui se faufilent partout, enfants boucles au vent sans casque, provocants et inconscients – l’accident donc a permis de jeter un écran de fumée sur tout cela.
    Chère madame, vous êtes député, faites en sorte que soit traitée avec fermeté cette question au Parlement. La banalisation de l’usage de la drogue, qu’on dit douce, est partout, milieux défavorisés comme privilégiés. Le médecin que vous êtes sait bien les ravages que cela cause, avec des effets divers certes, mais qui peuvent être très marqués sur des personnalités fragiles, car nous ne sommes pas égaux dans ce domaine non plus. S’y ajoute le désintérêt de plus en plus accentué pour les études, les comportements à risque, les accidents de voiture, les morts d’homme, etc.
    Je ne me résoud pas à considérer que puisque tout le monde s’y met, c’est un fait de société avec lequel il faut faire.
    Et si vous avez besoin de soutien pour tenter de faire appeler un chat un chat, "just whistle"….

  5. 28/11/2007 at 14:53 Gérard ELOI

    @ NR

    Je suis bien d’accord avec toi : les champs de pavots et autres sont la seule ressource de personnes en situation précaire dans des pays pauvres.
    Mais ce que je voulais dire, c’est : à qui profite le crime ?

    Car, enfin, si on peut faire pousser du pavot où je sais même pas tout quoi, on pourrait aussi faire pousser autre chose, et peut-être d’autres choses rentables pour la région, le pays,…(alimentation, énergies renouvelables,…revoir le point "co-développement" du programme de Ségolène).

    J’accuse une mafia internationale de maintenir de pauvres gens en quasi esclavage pour le seul profit d’une poignée de bandits. (La drogue se vend plus cher que le blé ou le colza !). Et, quand je souhaitais que la police "arrête les dealers", je ne parlais pas des gamins qui se sont laissés manipuler par la vraie et dangereuse truandaille. Par "dealers", je désignais les organisateurs, fortunés donc protégés, voire intouchables, des grands trafics internationaux, les vrais "marchands de mort".
    C’est vrai, il y a de temps en temps un "coup de filet". Et si c’était u niquement pour calmer l’opinion publique ?

    Amicalement

    GE

  6. 28/11/2007 at 14:59 manou2

    et voilà, la mort violente, et voilà le cortège des excès en tout genre, échec de cette société qui marginalise, beaucoup d’entre nous parle de cette économie parallèle, mais lorsqu’il sagit d’élus cela devient un sujet tabou, pourtant nos enfants et petits enfants ont été ou seront confrontés à ce lourd problème. Merci Madame de mettre l’accent là ou personne ne ponctue …… amitiés

  7. 28/11/2007 at 16:11 NR

    @ Gérard Eloi:
    bien sûr, la situation est exploitée par des mafias qui restent à l’ombre et font fortune tandisque les petits dealers portent le risque.
    Quantaux possibilités de remplacer pavot ou coca par d’autres plantes ou d’autres activités: on a essayé beaucoup avec des sommes importantes surtout dans le cadre de la "war on drugs" des Etats-Unis – rien à faire: les profits à tirer des plantes de remplacement sont trop faibles pour présenter aux yeux de ces pauvres une alternative viable. Il faut aussi voir qu’à partir du moment où leur profit se rapprocherait de celui obtenu par les drogues, les mafias leur offriront de meilleures conditions. C’est une spirale sans fin où les mafias seront toujours gagnantes.
    La situation me semble tout de même un peu différente dans nos banlieues: je pense si on donnait enfin à ces jeunes des véritables perspectives de gagner leur vie par un emploi décemment rémunéré
    on aurait des chances d’endiguer cette économie souterraine basée sur la drogue. Jeter toute une génération de jeunes consommateurs de cannabis en prison – c’est peut-être ce que pensent Sarko, Dati et la majorité de l’UMP, en ruinant dès le début les chances de vie de ces "délinquants", mais cela ne peut être le moyen à privilégier par des gens raisonnables et responsables.

  8. 28/11/2007 at 16:18 Fred

    médecin psychiatre, j’ajoute que le hasch, à tort considéré comme une "drogue douce" favorise l’apparition des maladies mentales, et la rend plus précoce.
    En effet, un nombre non négligeable d’actes de violence sont perpétrés dans un contexte pathologique. Je ne connais pas les armes contre le commerce des drogues. Beaucoup d’Etats semble t il baissent les bras. C’est pourtant comme vous le dites un élément d’importance dans les divers désordres de nos sociétés. Je m’étonne comme vous qu’on en parle finallement assez peu.

  9. 28/11/2007 at 17:36 Alain

    Mais Michèle, déjà, faites un gros effort, essayez de vous mettre un peu dans la peau de ces jeunes qui n’ont pas votre vision du monde, ni vos capacités à agir : leur univers se limite au secteur géographique qu’ils connaissent, qu’ils fréquentent, à leur territoire. "on reste pas mal dans le coin entre le lycée Condorcet, le city stade du Lac, le ping-pong du centre d’animation" fait dire Sud-ouest, le 19 novembre, à un ado de 16 ans que le journalise interroge à propos de la nouvelle ligne du tram. Rien de génétique évidemment là-dedans, mais, au long de l’enfance puis de l’adolescence un apprentissage en négatif de ce auquel ils n’ont et n’auront pas accès, que ce soit une réalité ou que ce soit dans leur tête. Il faut de la vie, de l’envie pour aller vers ailleurs, vers le différent. Il faut un minimum d’estime de soi, de solidité, pour aller vers l’autre. Ces jeunes qui brûlent ont déjà perdu leur capacité d’ouverture, de curiosité, d’appétence. Ils brûlent là où ils sont ! Sauraient-ils en outre où sont les Neuilly locaux ?

    Et pourtant… J’ai été écœuré de voir, dans un reportage T.V. un peu provoc et caricatural, les deux ghettos opposés : l’un dans une banlieue de région parisienne, jeunes silhouettes masculines standardisées à la démarche courbée, les épaules en dedans, tête enfouie sous la capuche, parlant comme on le devine, sans surprise ni expression personnelle. Et, en face, Neuilly, le Neuilly de Sarko, l’un de ses fils était d’ailleurs filmé avec ses amis, réseau de "fils de" reliés par Internet : club assez privé où les jeunes filles sont admises, à l’aise entre eux, anglais de rigueur sur le net, upper class et top niveau obligent. Sélection qui fait que ces jeunes gens très soignés, mais plus vulgaires qu’ils ne le croient, sottement vaniteux malgré leur banalité de jeunes n’ayant pas encore apporté grand chose au monde, crachent sur les logements sociaux qu’ils rejettent de leur ville autant que leurs parents : "Fuck off H.L.M." pouvait-on lire sur leur messagerie. Le journaliste s’est peut-être fait plaisir en filmant cette séquence, mais n’empêche.

  10. 28/11/2007 at 19:56 michele

    à Gerard
    merci tout d’abord de vos commentaires réguliers, toujours indulgents mais toujours compétents. Comme vous je crois que tout n’est pas fait contre la mafia de la drogue.
    Je ne méconnais pas la difficulté d’une lutte contre ses multiples réseaux (le film "traffic", sorti il y a quatre ou cinq ans, nous l’a appris), mais il me semble qu’en y mettant les moyens on pourrait faire mieux que quelques coups de filet de temps en temps.

    c’est un problème si grave que j’ai le coeur serré rien qu’à penser aux dégats qu’il fait sur les enfants et les jeunes : cerveaux abimés à jamais, comportements et maladies psychiatriques facilités, liberté limitée pour le reste de la vie.

  11. 28/11/2007 at 20:01 michele

    à Alain. Je ne suis qu’à demi d’accord : ils savent ce qu’est l’univers des riches et ils savent où le trouver ; tout simplement parce qu’ils regardent comme vous la télé.
    Alors pourquoi cette révolte est elle tournée à ce point contre eux memes. Bien sûr, ils cantonnent, restent le plus souvent dans leur bande, dans leur quartier, dans leurs repères. Mais cela ne suffit pas tout à fait. En tout cas, cela constitue au moins une raison majeure d’essayer de casser ces ghettos.

  12. 28/11/2007 at 20:33 poirier dominique

    ces jeunes sont désespérés et bientôt il n’auront vraiment plus rien à perdre sinon leur vie.
    D’aucun l’ont compris en les embrigadant dans des mouvements religieux extrémistes,d’autres en leur vendant de la drogue ou en les embauchant pour la vendre .
    Est ce en mettant 27 policiers par habitants que cela va changer les choses?
    il vaudrait sûrement mieux renforcer les éducateurs de rue et redonner des moyens aux associations qui font un travail énorme dans les quartiers.
    Les jeunes victimes ne sont pas différentes dans leur comportement que dans les quartiers aisés,c’est la provocation de la jeunesse qui se donne des défis et ça passe ou ça casse mais cela n’a rien à voir avec le lieu où ils vivent ni qu’ils soient petits beurs ou africains.
    C’est en cela que la prévention des risques est importante pour la jeunesse, éduquer toujours et encore!!
    Mais ou sont les crédits promis en 2005?
    A l’approche des fêtes de fin d’année la débauche de victuailles s’étalent dans les magasins, les rayons de jouets se remplissent mais pour qui?

    Je pense à la seule illumination de Noêl du Grand Parc une seule et unique étoile,alors que les rues du centre ville brillent de toutes leurs ampoules, les habitants du Grand Parc n’ont ils pas le droit comme tous les bordelais de bénéficier de plus de déco? Ne payent ils pas leurs impôts locaux comme tous le monde? C’est un petit détail peut être mais l’injustice commence là et la révolte naît d’addition de ces petites choses qui serait si simple à changer.
    Souvenons nous de" la petite marchande d’allumette" un soir de Noêl, rien ne change les riches font réveillon ,les pauvres et les sans abris ont le nez collé à la vitrine mais l’honneur est sauf on va se dédouanner à la messe de minuit!!!!!

    il faut vite renverser la vapeur, la consommation à outrance n’est pas la vraie vie, le lien social et la solidarité doivent prendre le pas .

    "JE NE CONNAIS QU ‘UN SEUL DEVOIR ET C’EST CELUI D’AIMER " Albert CAMUS

  13. 29/11/2007 at 10:28 douce-amère

    Pourqoi faut-il toujours que ce soit quand l’évènement est à la une qu’il semble normal d’en parler alors qu’il n’y a pas si longtemps, quelqu’un (et non qu’une) m’accusait d’auto flagellation parceque je dérangeais ses petits matins café crème et feu de cheminée en parlant des malheurs du monde. Michèle, vous dites "ne pas comprendre pourquoi ils cassent dans leur quartier et non chez Sarkozy à Neuilly", je l’ai dit moi aussi et maintenant je dis "comment obliger les responsables de Neuilly et autres lieux intouchables à respecter enfin la loi et intégrer du logement social. Pour l’instant ce sont les municipalités socialistes et communistes qui doivent faire face à cette violence et c’est injuste. Vous avez raison de dénoncer la mafia de la drogue et du fric facile. Politiques de gauche et de bonne volonté engageons-nous à construire ensemble un projet de vie plus humain pour la france…l’Europe… et le monde.

  14. 29/11/2007 at 11:27 Canard joyeux

    Fonds de commerce
    Raisonnement

    😉

  15. 29/11/2007 at 13:02 Angie

    Bravo Dominique (Poirier),
    Vous citez Albert Camus : "je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer". Albert Camus illumine ce ciel gris de novembre 2007.
    Si l’on regarde l’histoire avec attention, on ne peut oublier les estaminets où le pauvre noyait sa vie dans les vapeurs d’absinthe.
    C’était sa drogue à lui…L’histoire n’a pas changé et ne changera pas. Certains naissent où il faut, d’autres où il ne faut surtout pas.
    Quel fatalisme, direz vous, oui, c’est ainsi…
    Mais nul fatalisme ne saura empêcher les meilleurs de lutter pour améliorer cette réalité qui dit que "l’homme est un loup pour l’homme".

  16. 01/12/2007 at 16:17 Eric 2 ou 3

    Pourquoi ne pas vouloir comprendre, Douce Amère, ce que je vous ai répondu ? Vous si fine habituellement. Je suis désolé que vous ayez si mal pris mes propos, que vous ne vouliez pas convenir de remarques pourtant claires ; je disais juste, en gros "laissez-nous reprendre souffle, et accordez-vous la même chose".
    Je crois aussi qu’il y a parfois, chez nombre d’entre nous, un ressenti de culpabilité qui peut finir par être une fin en soi, et en tout cas est contre productif, ou mal productif, vieux fonds culturel bien connu. C’est aussi le risque d’une culpabilité qui est déjà assez lourde en soi, comme ça on "paye" et tout pourrait s’arrêter là. C’est aussi ce sentiment d’une gauche qui a parfois manqué de mesure : les jeunes casseurs sont d’abord des victimes. On pourrait développer sur tout cela.

    Que ce soit clair : Je ne pense pas du tout à vous en écrivant cela, vous qui me semblez beaucoup agir, faire, concrètement et utilement.

    Comprenez que nous sommes sans doute très nombreux à avoir besoin de garder la tête hors de l’eau, très nombreux à avoir besoin de respirer, de rire. Pour avancer, pour faire peut-être.

    Vous me surprenez par cette idée toute faite, me classant d’office en petit bourgeois qui veut rester dans sa bulle de confort, au coin du feu, charentaises au pied, journal dans une main, café crème dans l’autre. Pourquoi n’avoir pas pensé que tout au contraire j’étais peut-être dans une situation d’inconfort, avec des moyens qui baissent et une grande, très grande crainte pour l’avenir ? Le mien, et celui de toute notre société si malade, si tordue ?

  17. 03/12/2007 at 21:49 Alain

    à Michèle

    Je ne suis qu’à un quart d’accord avec vous : les jeunes , et aussi les moins jeunes, voient la T.V., ce qui ne veut pas dire qu’ils décryptent l’info, loin de là. Même sur un plan terre à terre : demandez-leur ce que peut coûter, par exemple, la robe portée par Cécilia Sarkozy le jour de l’investiture (ou les vêtements de Nicolas ou de Jean S) ils ne sauront pas.
    Je passe devant des vitrines dont je trouve les produits "chers" quand d’autres me les disent pas chers, ou carrément inabordables etc… c’est lié à nos revenus, nos lunettes font la jauge.
    On peste en voyant le même N.S. emmener le même fils , et sa mère aussi, trois générations de Sarkozy, en voyage officiel en Chine. C’est forcément coûteux, un voyage officiel. Mais après ?? ? Si l’on veut calculer on va bêtement prendre un catalogue, on retiendra le côut le plus cher, quand même, on pondérera et on restera cependant bien en deça de la réalité… Justement, ça coûte quoi, le voyage de Sarko Junior et de sa grand mère ? et qui paye ? Papa, sur son salaire revu à la hausse ?

    Pourquoi les 15 milliards de paquet fiscal n’ont ils pas créé plus que le reste une émeute publique ? parce que ces chiffres là, comme vous dîtes parfois, "c’est beaucoup", et ça ne parle plus guère… Cela commence à devenir parlant quand on apprend qu’a été remboursé, "en moyenne" 50.000 euros par imposé concerné.

    Les scandales liés aux disparités parlent lorsqu’on permet les comparaison du type : le revenu annuel des 10% des français les plus riches, soit tant de familles de 4 personnes permettraient de nourrir la population du Kosovo pendant 50 ans, etc… Il faudrait beaucoup plus utiliser ces repères-là.

    Et la télé, en permanence, mêle le réel au virtuel. Quelle différence entre l’actrice fétiche dans telle série T.V., telle télé réalité bien concoctée et tel reportage ? il y a un léger flou, nombre de jeunes s’emmêlent les pattes.

    Leurs valeurs sont en outre faussées à la base puisque pour beaucoup, il est normal d’acheter des baskets -des baskets, sans avoir de super compétition sportive à assumer- à 80 ou 100 euros, et que pour eux, un salaire au smic est de ce fait par définition inacceptable, même s’ils n’ont aucun diplôme, aucun métier, aucune compétence. D’où colère ou mépris pour leurs parents qui acceptent à peine mieux. Colère à la fois compréhensible (accoutumés, addictés, ils acceptent tout à la fait la société de consommation comme but, et en sont rejetés, frustrés) et également excessive, injuste (ils ne construisent pas, ne justifient pas d’un labeur, d’un apport, ils se contentent d’exiger tout, tout de suite). Difficile alors d’avoir le bon regard. Leur colère ne sait plus où et sur quoi se tourner.

  18. 17/12/2007 at 11:18 Jean-François

    Bonjour,
    D’abord, je voudrais poser un peu le décor de mon commentaire. J’habite Ermont, l’une des villes citées dans l’article de Mme Delaunay et je suis l’une des victimes des faits qui se sont produits. Mon véhicule a été incendié dans la soirée du 26 novembre, m’occasionnant au passage une perte financière importante, puisque ma compagne a vu s’envoler en fumée son équipement professionnel resté dans le coffre le temps d’une réunion. Je pourrais, et Sylvie avec moi, m’en prendre à ces jeunes, qui… enfin bref, comme je l’ai trop souvent entendu de la part de connaissances proches, qui après m’avoir plaint, s’en prenaient à ces jeunes de banlieue. Et bien non, les 7 véhicules qui ont été incendiés sur la commune, pendant ces deux soirées, l’ont été par deux individus, circulant dans une automobile, le visage masqué, jetant par ci, par là, des cocktails molotov, sans aucune logique de territoire. Sur toute la semaine, il n’y a eu aucun heurt, aucun affrontement entre des jeunes et les forces de l’ordre. On a donc tort finalement, d’accuser indistinctement des catégories entières de nos citoyens, alors que manifestement, quelques jeunes désoeuvrés se sont donné le frisson d’exister, provenant même des quartiers favorisés. A Eaubonne, la ville voisine et jumelle d’Ermont, le même phénomène s’est produit, mais cette fois-là, ils ont été arrétés, trahis par une caméra de vidéo-surveillance. Les voyous arrivaient en direct de Soisy-sous-Montmorency, une ville où les quartiers difficiles ne font pas florès.
    En conclusion, je voudrais dire que je souhaite qu’on arrête d’alimenter la boîte à fantasmes, d’en rajouter sur les quartiers difficiles ou sensibles (difficiles pour qui, sensibles à quoi?), et surtout je refuse tous les amalgames qui mêlent, drogue, jeunesse, immigration, délinquance, économie souterraine, etc… Après tout, l’économie souterraine, c’est aussi et surtout cet artisan qui bosse au noir, c’est ce garagiste qui triche avec les impôts, ce sont ces entrepreneurs qui ne payent pas leurs charges sociales ou qui embauchent des salariés non déclarés. Sans oublier tous ces charognards du grand capital, pour qui l’intéret général n’a pas de sens.

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