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Circonstance exceptionnelle : la mer est démontée, des tonnes d’eau s’abattent à chaque instant, les déferlantes sont à dix mêtres de la maison, et en même temps on peut laisser grandes ouvertes baies et fenêtres : le vent se cache quelque part sans donner le moindre signe. Comme la vapeur d’une cocotte minute, il reparaitra très vite, mais pour l’heure, il laisse tout loisir aux promeneurs de venir admirer sa commère la mer, et à moi d’ouvrir tranquillement mon écran (l’écran des portables s’ouvre comme un livre placé sur la tranche) et de doubler en mots le spectacle extraordinaire de cette mer furieuse.

Elle est tout simplement en colère et elle le montre. A vrai dire, il y a de quoi, et tout à l’heure dans l’embouteillage qui me ramenait au pas du centre Leclerc, je partageais son sentiment. Non pour l’embouteillage (encore que rien ne m’agace autant), mais pour les « nouvelles » de la radio à cette heure. Pas tellement Mehdi Baala que les Russes qui bernent le monde (et d’abord nous, en raison de l’écho donné par Sarko à son cessez-le feu éclair), les soldats piégés en Afghanistan, les apprentis gendarmes explosés en Kabylie, de quoi se mettre en furie, monter des murs de dix mêtres, gronder comme la grosse Bertha en 14, se mettre dans tous ses états..

Curieusement, le vent n’a pas suivi. S’il l’avait fait, je serais seule derrière ma fenêtre à admirer autant qu’à m’inquiéter du spectacle. Mais la température est douce, les souffles mesurés, et ce qu’il reste de vacanciers sur cette côte est là, tous à la fois détendus et conscients que s’ils s’aventuraient tant soit peu dans cette mer démontée, ils ne seraient plus rien, pas davantage qu’un morceau de bois flottant ou qu’un sac de plastique, misérable, épuisé, déchiré, tel qu’on le retrouvera demain sur la grève.

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