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Le luxe de trois journées babygros d’affilée n’a d’égal que leur brièveté : deux déjà sont passées et la troisième est saisie de la même hâte. Beau ou mauvais temps, les heures courent et les minutes ressemblent à des secondes. Toutes à la fois occupées et libres, c’est à dire occupées de nulle autre urgence que celle qu’on veut bien appeler telle.

La journée babygro se définit par l’excellent vêtement qui l’accompagne : doux, mou, confortable, généralement large, souvent fatigué par un long usage, insoucieux en tout cas de bonne apparence comme de minimale séduction. Le babygro est libertaire en même temps que casanier. A défaut de plaire, il sied, il entoure, il réchauffe, il réconforte.

Les esprits fins en même temps que géomètres qui honorent ce blog de leur fréquentation auront compris que le vêtement n’est ici que l’apparence d’une disposition de l’âme (rien de moins) assez éloignée des joutes, griefs, noirs desseins et autres médiocres divertissements que méprise le philosophe. Le battement sur le parquet de la queue du chien, les premières ponctuations rouges d’une aubépine trentenaire, le « merle moqueur » et la concurrence des moineaux autour d’une colonne de graines y trouvent meilleure grâce que les échos des gazettes. Avouons pourtant qu’ils n’en sont pas absents, mais qu’ils y sont reçus avec la distance qu’ils méritent.

Le petit trottinement guilleret des touches de l’ordinateur et, derrière lui, sa respiration rassurante vont bien à la fois avec la course et le calme des journées babygros. En réalité, la magie, c’est qu’on prend le temps de les entendre et de s’en réjouir comme d’une présence familière.

On voudrait que tout cela, non pas dure toujours, mais ne s’arrête que quand on le désire.

Un soleil attendrissant de fragilité répond à ce voeu. Je le rejoins dehors.

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