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C’est Thomas Sankhara qui a choisi ce nom plein de promesses pour ce qui fut la « Haute Volta » ou, quelquefois, « le pays des trois voltas ». Les promesses sont d’ailleurs mieux tenues ici que presque partout en Afrique : la corruption n’est pas inexistante mais elle ne compromet pas la vie de tous les jours des Burkinabè. Les papiers administratifs sont donnés au tarif indiqué, les soins sont éffectués sans bakchich et les médicaments distribués.

Sankhara, que l’on se plait maintenant à célébrer comme le « Che » Africain (voir la dernière édition du « Monde diplomatique »), a été assassiné après quelques années de pouvoir et c’est toujours un de ses compagnons d’arme, Blaise Compaoré, qui dirige le pays, avec plus de solidité qu’ailleurs.

La stabilité politique fait que ce pays, pauvre entre les pauvres, sans matières premières, sans accès à la côte, progresse. J’y étais allée il y a 20 ans, dans une petite mission humanitaire : le progrès est visible, alors même que des pays voisins comme le Niger, vont en sens inverse.

L’ « indice de développement humain », plus approprié que le PIB, monte doucement. La pauvreté est visible partout, mais la misère ne règne pas. Les routes sont goudronnées et entretenues, les constructions s’élèvent le long des grandes voies rectilignes qui percent la ville, l’activité est présente à chaque coin de rue. C’est un très beau spectacle le matin de voir hommes et femmes, fièrement montés sur de petites motos ou des vélo-moteurs pétaradants, partir au travail dans la lumière tangeante du soleil. Les femmes sont particulièrement fières, chevauchant très droites leurs coursiers à moteur, en robes de couleurs, cheveux natés remontés en chignons. Pas une femme n’est voilée, la religion est paisible : 50% musulmane, 50% catholique, chaque communauté vivant en bonne intelligence avec l’autre.

Quel effort que ce progrès ! Octobre n’est pas un mois très chaud : il fait dans la journée de 35 à 37°, quatre à cinq de moins le soir. Pour l’Européen homéotherme, avouons que tout déplacement et même une petite marche dans la rue trouvent vite leurs limites. Et que l’on rejoint avec plaisir les salles de conférence climatisées.

Un nombre infime de Burkinabe (quelques fonctionnaires, les employés de banques) bénéficient de la climatisation, très vorace en énergie et en coût. Les journées de travail se déroulent dans une chaleur que nous ne supporterions pas trois jours. Les nuits n’apportent aucun véritable répit.

Le progrès du Burkina est une véritable leçon. L’enjeu est maintenant, me semble-t-il de rendre possible que ce pays et ses voisins prennent à temps le tournant de l’énergie solaire. C’est un sujet que je n’attendais pas et qui va m’occuper beaucoup. C’est d’une telle évidence et rien pratiquement n’existe en ce sens.

Comments 18 commentaires

  1. 14/10/2007 at 21:36 Gérard ELOI

    Ma chère Michèle,

    Je suis heureux d’avoir lu ce billet d’une qualité exceptionnelle. En parlant d’énergie solaire en Afrique, tu rejoins parfaitement le programme de Ségolène, avec son "co-développement".

    Et ce co-développement est lancé depuis plusieurs années grâce à des ASBL locales, notamment "Solidarité au Sahel", de Leuze-en-Hainaut (Belgique, pas loin de Valenciennes), qui est jumelée avec Ouagadougou.

    Evidemment, de petites ASBL n’ont fait que de petits pas en avant. Mais on a quand même replanté des arbres, qui ont stoppé le processus de désertification, on a aussi simplement…construit des margelleds autour des puits. Pour que les enfants n’y tombent pas !

    Le travail durable qui a déjà étéréalisé là-bas (grâce à Francis Taquet, son école et son équipe, puis Thierry Normand et ses amis) a déjà été formidable.

    Un prof, puis un commerçant, ont réussi a entamer un programme de "co-développement" valable et durable. Même sans le sarkozysme (qui a pillé le terme co-développement…en ne s’inquiétant même pas de ce que çà voulait dire), la Gauche, avec les municipalités, les Régions,… pourrait peut-être lancer ce "co-développement" et bien d’autres actions.

    Nous sommes le parti de l’ Humanisme, ce que tu incarnes à merveille.

    Mes hommages, chère Michèle

  2. 15/10/2007 at 13:13 superpado

    Quand on voit le prix du matériel photo voltaïque ici, on comprend que l’Afrique soit tenue à l’écart.
    Au fait, demain notre président sera chez vous pour faire quelques images dans votre hôpital.
    Attention, les oreilles de lapin que je vous sens prête à faire dans son dos sont actuellement déconseillées, elles pourraient être prises pour autre chose.

  3. 15/10/2007 at 13:13 superpado

    Quand on voit le prix du matériel photo voltaïque ici, on comprend que l’Afrique soit tenue à l’écart.
    Au fait, demain notre président sera chez vous pour faire quelques images dans votre hôpital.
    Attention, les oreilles de lapin que je vous sens prête à faire dans son dos sont actuellement déconseillées, elles pourraient être prises pour autre chose.

  4. 15/10/2007 at 14:57 MYOS

    Je viens de lire votre billet, pour lequel je vous remercie. En le lisant, je me souviens d’un article que j’avais lu il y a environ un an: la course au panneau solaire à faible coût. Des labos américains ont investi des sommes colossales car ils ont compris que le premier à pouvoir fabriquer des panneaux solaires à bas coût pourront les vendre là où ils représenteront une source d’énergie inépuisable, cad en Afrique.

    (Je crois qu’en dehors de Nicolas Sarkozy, peu de monde croit que le nucléaire est une énergie renouvelable ou d’avenir, surtout sachant que nos réserves d’uranium exploitable seront problématiques d’ici environ 20-25 ans.)

    Les régions peuvent-elles faire quelque chose, coopérer pour créer un labo avec d’autres régions d’Europe par exemple?
    Cela conjuguerait efficacité économique, justice, innovation, humanisme, du gagnant-gagnant sur toute la ligne.

  5. 15/10/2007 at 14:57 MYOS

    Je viens de lire votre billet, pour lequel je vous remercie. En le lisant, je me souviens d’un article que j’avais lu il y a environ un an: la course au panneau solaire à faible coût. Des labos américains ont investi des sommes colossales car ils ont compris que le premier à pouvoir fabriquer des panneaux solaires à bas coût pourront les vendre là où ils représenteront une source d’énergie inépuisable, cad en Afrique.

    (Je crois qu’en dehors de Nicolas Sarkozy, peu de monde croit que le nucléaire est une énergie renouvelable ou d’avenir, surtout sachant que nos réserves d’uranium exploitable seront problématiques d’ici environ 20-25 ans.)

    Les régions peuvent-elles faire quelque chose, coopérer pour créer un labo avec d’autres régions d’Europe par exemple?
    Cela conjuguerait efficacité économique, justice, innovation, humanisme, du gagnant-gagnant sur toute la ligne.

  6. 15/10/2007 at 15:10 Dantès

    Compaoré compagnon d’armes de Sankara, dites-vous. Certes, chère Michèle, mais c’est également son assassin.
    Ne le saviez-vous pas ?

  7. 15/10/2007 at 15:23 arad

    Le "pays des hommes intègres", donc vous n’y avez pas rencontré André Santini (mis en examen), Denis Gautier-sauvagnac (enquête de police) ni les cadres dirigeants d’EADS.

    A propos d’énergie solaire, j’ai été frappé lors d’un voyage en Turquie, de voir que presque tous les immeubles étaient surmontés de panneaux solaires. Comme quoi, même les pays emergents sont en avance sur nous. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est une question d’ensoleillement car l’Allemagne est deux fois mieux équipée que la France et pourtant son climat n’est pas méditerranéen.

  8. 15/10/2007 at 15:23 arad

    Le "pays des hommes intègres", donc vous n’y avez pas rencontré André Santini (mis en examen), Denis Gautier-sauvagnac (enquête de police) ni les cadres dirigeants d’EADS.

    A propos d’énergie solaire, j’ai été frappé lors d’un voyage en Turquie, de voir que presque tous les immeubles étaient surmontés de panneaux solaires. Comme quoi, même les pays emergents sont en avance sur nous. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est une question d’ensoleillement car l’Allemagne est deux fois mieux équipée que la France et pourtant son climat n’est pas méditerranéen.

  9. 15/10/2007 at 16:20 M.V.

    Rappelez-vous, on a moqué Ségolène R. quand elle a parlé, il y a déjà longtemps, de l’opportunité pour l’Afrique de cette ressource énergétique incomparable qu’offre le soleil. Les faits vont lui donner raison, c’est la vérité par la preuve. Tout est une question de temps.
    J’aimerais bien un panneau solaire sur le toit de ma maison!
    A propos, je suis très bête, qu’est-ce qu’un Pimpin? Qu’elqu’un peut me dire?
    A lire Michèle, on aurait tendance à se laisser aller à penser que l’Afrique est un Eden (c’est mon ressenti). Malheureusement…

  10. 15/10/2007 at 16:20 M.V.

    Rappelez-vous, on a moqué Ségolène R. quand elle a parlé, il y a déjà longtemps, de l’opportunité pour l’Afrique de cette ressource énergétique incomparable qu’offre le soleil. Les faits vont lui donner raison, c’est la vérité par la preuve. Tout est une question de temps.
    J’aimerais bien un panneau solaire sur le toit de ma maison!
    A propos, je suis très bête, qu’est-ce qu’un Pimpin? Qu’elqu’un peut me dire?
    A lire Michèle, on aurait tendance à se laisser aller à penser que l’Afrique est un Eden (c’est mon ressenti). Malheureusement…

  11. 15/10/2007 at 16:31 James

    @ arad:
    L’Allemagne est sans doute moins attachée au dogme du "tout nucléaire" cultivé par des fonctionnaires, politiques, ingénieurs et journalistes provenant de la même moule des grandes écoles où on vous enseigne que c’est la condition de l’indépendance énergétique de la France. D’où une méfiance contre des énergies alternatives, d’oú un grand retard dans le développement de ces technologies, etc etc. Et c’est évidemment un leurre de croire qu’on peut aujourd’hui encore être indépendant en quoi que ce soit, quel que soit le passé glorieux d’un Etat en Europe. L’heure est à la coopération, à la diversification et pour l’instant je ne vois pas un effort digne de ce nom en France.

  12. 15/10/2007 at 16:31 James

    @ arad:
    L’Allemagne est sans doute moins attachée au dogme du "tout nucléaire" cultivé par des fonctionnaires, politiques, ingénieurs et journalistes provenant de la même moule des grandes écoles où on vous enseigne que c’est la condition de l’indépendance énergétique de la France. D’où une méfiance contre des énergies alternatives, d’oú un grand retard dans le développement de ces technologies, etc etc. Et c’est évidemment un leurre de croire qu’on peut aujourd’hui encore être indépendant en quoi que ce soit, quel que soit le passé glorieux d’un Etat en Europe. L’heure est à la coopération, à la diversification et pour l’instant je ne vois pas un effort digne de ce nom en France.

  13. 15/10/2007 at 16:46 arad

    @james
    Je pense qu’effectivement, en France, le lobby pro-nucléaire, animé par EDF et Framatome a fait beaucoup pour freiner le développement du solaire.
    Je ne suis pas anti-nucléaire, mais je soupçonne EDF, d’avoir beaucoup fait pour freiner les choses ; quand Ségolène Royal était secrétaire d’état à l’environnement, elle avait encouragé les dirigeants d’EDF à se lancer dans le nucléaire, ils l’avaient poliment écouté, c’est tout.

  14. 15/10/2007 at 16:53 arad

    J’ai écrit trop vite ; c’est évidemment dans le solaire que S Royal avait proposé à EDF d’investir qd elle était secrétaire d’état à l’environnem.

  15. 15/10/2007 at 16:53 arad

    J’ai écrit trop vite ; c’est évidemment dans le solaire que S Royal avait proposé à EDF d’investir qd elle était secrétaire d’état à l’environnem.

  16. 15/10/2007 at 17:06 michele

    A Dantes : bien sûr, je le sais. Et c’est particulièrement étrange et ambigû de voir aujourd’hui son portrait dans ouaga et les manifestations du XXième anniversaire se dérouler en évoquant son nom.

  17. 15/10/2007 at 17:08 michele

    à tous . Le problème des panneaux solaires en Afrique est complexe : 1-le coût , 2-la maintenance, 3-leur position pour éviter leur dégradation.

    Nous devons bosser sur tout cela; Mais à propos, dans la politique internationale de la ville de Bordeaux, ne serait ce pas plus opportun que quelques voyages de notables ?

  18. 15/10/2007 at 17:08 michele

    à tous . Le problème des panneaux solaires en Afrique est complexe : 1-le coût , 2-la maintenance, 3-leur position pour éviter leur dégradation.

    Nous devons bosser sur tout cela; Mais à propos, dans la politique internationale de la ville de Bordeaux, ne serait ce pas plus opportun que quelques voyages de notables ?

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