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Rencontre hier avec les habitants du quartier de la Benauge, et particulièrement avec ceux qui sont concernés par le plan de restructuration présenté en juillet dernier par la Municipalité de Bordeaux.

Pour cette restructuration, Alain Juppé a sollicité le concours de l’Etat à l’occasion du plan de relance, dont un des objets principaux est de couler du béton. Le Maire de Bordeaux a donc amené sur les lieux Patrick Devedjian, alors qu’il venait tout juste d’être paré du titre de « Ministre de la relance »que le monde nous envie et a désigné à la démolition 3 bâtiments. Alain Juppé lui même était alors en pleine candidature à un poste de « Ministre du rebond » et s’est beaucoup empressé autour de son futur collègue, devenu comme on sait son ex-futur collègue.

Le sujet n’est pas dans cette période qui a beaucoup diverti les bancs de l’Assemblée (« L’aura-t-il, l’aura-t-il pas ?) mais dans la situation de ce quartier. Les habitants n’avaient bien sûr nullement été interrogés, personne n’était au courant si ce n’est le locataire du plus médiocre appartement de la plus médiocre des trois barres qui devait ouvrir ses portes au Ministre. Et nous avons visité en grand équipage un appartement quasi désert de meubles où quelques coulées de salpêtre faisaient le plus affligeant effet. Plusieurs mois plus tard, l’adjointe de quartier s’est décidée à une réunion d’information (7 juillet) et la concertation débutera … dès la rentrée prochaine !

Emmanuelle Ajon, plans en mains, et moi étions hier dans ce quartier pour une visite guidée et commentée par les habitants eux-mêmes auxquels nous avons donné les explications qui leur manquaient. Moment très intéressant : les habitants de la Benauge (je ne sais les nommer) sont très attachés à leur quartier et à leur résidence. Je connaissais déjà plusieurs appartements, j’ai fait la connaissance d’un autre dans le bâtiment destiné en premier à la démolition. Appartement vaste, lumière traversante qui le rend bien éclairé a toute heure et surtout appartement parfaitement entretenu, à la fois par les bailleurs et par le couple qui m’accueillait. Les livres grimpent au mur, la salle de bain est claire et carrelée de neuf. Personne ne verrait là un appartement voué à la démolition.

Que faut-il penser ? Que ce bâtiment, comme ses voisins avant lui, peut parfaitement être réhabilité. S’il est en meilleur état, il sera aussi moins dégradé par les quelques locataires qui, ici ou là, cassent les fenêtres, font sauter les serrures des portes d’entrée, squattent les locaux à vélo. Nous avons rencontré un de ces groupes désoeuvrés. Le centre d’animation est fermé en été, alors que c’est à cette période qu’il y a le plus de jeunes désoeuvrés.

Un des motifs de la démolition est le futur passage du tram. Nous avons discuté sur plans avec les riverains : les solutions alternatives existent (boulevard Joliot-Curie ou boulevard Jules Simon), n’imposant aucune démolition. Si un financement du plan de relance arrive, ne vaut-il pas mieux construire et réhabiliter que se priver des 200 logements de ce seul bâtiment ?

On demandait au Pr Maurice Tubiana à quel titre il avait écrit un livre sur l’âge (« Bien vieillir »). « Il avait répondu simplement : il n’y a plus grand expert de l’âge qu’être vieux soi-même ! » et il avait alors plus de 80 ans. Il n’y a de même plus grand expert de son quartier que celui qui l’habite. Dommage qu’on ne le consulte à Bordeaux que quand le train des décisions est parti.

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