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Longue journée. Sans gloire et sans reproche. Cette parodie du regretté chevalier Bayard pour dire que j’ai fait au moins mal ce que je devais, mais que je n’ai pas pu faire au mieux ce que je voulais. J’ouvre à l’instant le blog comme je l’ai fait tant d’années du « cahier » : un bon et brave cahier (devenu des dizaines de bons et braves cahiers), puis un ordinateur à partir du jour où ils ont été aisément portables, plus pesants que des cahiers, mais capables de m’accompagner dans ma vie de pierre qui roule.

Je finis donc la journée avec le blog comme je le faisais (comme j’essayais de le faire) avec mon cahier. Les journées trop remplies de trop peu au regard du temps investi, ont ce redoutable pouvoir de se retourner contre vous dès que la lumière est éteinte. Ce n’est pas « D’où viens-je, où vais-je et qu’est-ce qu’on mange à midi ?  » mais une variante « Que fis-je, où allai-je, et comment dormir cette nuit pour recommencer les mêmes conneries demain ? » . On pardonnera la familiarité du propos : comme l’humour, les mots dits grossiers sont quelquefois « l’impolitesse du désespoir ».

Un des problèmes de nos journées est le temps passé dans les déplacements. Un écrivain oublié (Jacques Peret) disait que « la navigation de plaisance était le moyen le plus sûr pour aller d’un endroit où on s’ennuie à un endroit où on n’a rien à faire ». Les déplacements dans les villes (Bordeaux porte cet art à son comble), sont le moyen le plus catastrophique pour aller d’un endroit où l’on a beaucoup à faire à un autre où on s’ennuie malgré le même nombre de choses à faire. J’ai beau calculer, organiser, aller de l’hosto au Conseil Général aux heures de moindre trafic, il y a toujours la réunion qu’un organisateur inspiré a mis dans un quartier paumé ou dépourvu de toute chance de stationnement, qui ruine les meilleurs plans. J’en arrive présentement, plutôt grognon comme on se doute.

Voilà. J’ai raconté tout ça à titre thérapeutique. J’ai la chance d’écrire comme je parle, ou plutôt d’avoir deux langues maternelles : la parole et l’écriture. Pas tout le temps, mais la plupart du temps. Je raconte ma journée ce soir un peu comme une histoire, avec l’impression de la proximité ; un peu à la manière des enfants quand, eux, réclament d’écouter un histoire : pour la familiarité, la chaleur de l’échange, la démonstration souterraine de la liberté de l’imagination et de sa supériorité relativement aux contraintes de la vie.

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